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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE

TOUR DU MONDE.

et les admettait tous sans distinction de castes aux fonctions

sacerdotales et civiles ainsi qu'aux récompenses de la

vie future. Celte religion de douceur et de fraternité était

trop en opposition avec les tradiiions aristocratiques des

bralimanes pour qu'ils pussent l'accepter sans résistance.

Ils lui opposèrent toutes les armes dont ils pouvaient

disposer, spirituelles , temporelles , même les invasions

barbares, et finirent par en triompher après une lutte de

mille ans. Refoulé au nord et à l'est de l'Himalaya,

le bouddhisme est encore aujourd'hui la religion qui

compte le plus de sectateurs sur la surface du globe.

Il commença à pénétrer en Chine vers le premier siècle

de notre ère, et y fit bientôt de grands progrès parmi

le

peuple dont ses pompes religieuses séduisirent l'imagination.

Les Chinois, par une mutilation du nom de

Bouddha, ont appelé le bouddhisme la religion de Fô.

Mais une nouvelle réforme se produisit, il y a quehjues

siècles, au sein même du bouddhisme, dans la Tartarie

Chinoise. Vers 1400, un prophète appelé Tsong-Kaba

changea l'ancienne liturgie et introduisit dan.s les cérémonies

du culte des innovations qui présentent une analogie

frappante avec certains rites du catholicisme. La

réforme de Tsong-Kaba triompha rapidement dans tous

les pays compris entre les monts Hiraaiayas, les frontières

russes et la Grande Muraille ; la Chine, le Japon

et toute rindo-Chine restèrent attachés au culte primitif.

Les lapas ou prêtres réformés adoptèrent le bonnet et

les vêtements jaunes, les bonzes gardèrent le bonnet

rouge et les habits gris. Les deux sectes, d'abord rivales,

vivent aujourd'hui dans un parfait accord, et se regardent

comme étant de la même famille. Cependant elles

ont des temples ditVérents, et ne confondent pas leurs

rites.

Les Mongols et les Mandchoux, étant tous du cuite

réformé, ont plusieurs temples à Pékin, entre autres le

célèbre couvent des Mille-Lamas, mais on compte dans

cette ville un plus grand nombre d'établissements religieux

appartenant aux bonzes. Nous laisserons raconter

à Mme de Bourboulon la visite qu'elle fit au commencement

de l'anuée 1861 au temple des Mille-Lamas :

I L'entrée de la lamasserie est remarquable par la

profusion de statues qui entourent le péristyle du temple

principal : on y voit des lions, des tigres et des éléphants

accroupis sur des blocs de granit. Les grandes

rampes qui bordent les escaliers sont également ornées

de mille figures bizarres représentant des dragons, des

cliimères, des licornes et autres animaux fabuleux. Dès

qu'on a monté les degrés qui mènent à la porte d'honneur,

on arrive sur un vaste perron, et on a devant soi

une des façades du temple bâtie tout entière en bois

verni et sculpté. D'énormes charpentes soutiennent le

bâtiment dont l'intérieur est éclairé par des châssis de

papier. Chaque poutre, chaque panneau, chaque morceau

de bois a été ciselé, taillé, fouillé à jour. C'est un

entrelacement inouï de feuilles, de fruits, de fleurs, de

branches mortes, de papillons, d'oiseaux, de serpents!

Au milieu de celte végétation luxuriante en bois sculpté

et pour former repoussoir, un monstre à tête humaine

apparaît parfois ouvrant une large bouche et laissan

voir avec une affreuse grimace ses longues dents

pointues.

eûmes « Lorsque nous pénétré dans l'intérieur du

sanctuaire, nos yeux furent quelque temps à s'habituer

à l'obscurité mystérieuse qui nous enveloppait. Les

châssis de papier éclairent encore moins que les fenêtres

à vitraux coloriés de nos églises. La cérémonie religieuse

avait commencé, et le coup d'oeil était vraiment imposant.

.-\u fond, en face de nous, sur une espèce d'autel

qui a la forme d'un cône renversé est assise la trinité

bouddhique, environnée d'une foule de demi-dieux et

de génies, ses satellites ordinaires. La statue du Bouddha,

en bois doré, est gigantesque : elle a, dit-on,

soixante-dix pieds de haut. La figure du dieu est belle et

régulière, et, à part la longueur démesurée des oreilles,

rappelle bien le tyjie caucasique. Les lamas mongols, à

qui appartient ce temple, ont mieux conservé les traditions

religieuses que leurs rivaux les bonzes, et savent

bien que le prophète Bouddha venait des pays d'Occident.

« Devant les statues des dieux, est une table sur laquelle

sont des vases, des chandeliers, et des brûle-parfums

en bronze doré. L'intérieur du temple est orné de

sculptures et de tableaux ayant rapport à la vie du

Bouddha et aux transmigrations de ses plus fameux disciples.

Dans les chapelles latérales, formées par des pilastres

carrés sans corniches ni moulures, sont les images

des dieux inférieurs : des gradins, ornés de vases de

cuixTe en forme de coupe pour les offrandes, et decassolettes

où brûlent sans cesse des parfums, et conduisent

jusqu'aux pieds des idoles. De riches étoffes en soie chargées

de broderies d'or forment sur la tête de tous les

dieux comme de grands pavillons d'où pendent des banderoles

couvertes d'inscriptions et des lanternes en papier

peint ou en corne fondue.

1 Sur un siège doré, en face de l'autel, est assis le

grand lama, chef de la communauté; son costume touche

de très-près à celui des évoques catholiques : il

porte dans la main droite un long bâton en forme de

crosse, sur sa tète est une espèce de mitre jaune, et ses

épaules sont couvertes d'une chape violette retenue sur

la poitrine par une agrafe. Les simples lamas sont accroupis

symétriquement dix par dix sur des nattes qui

recouvrent de larges planches presque au niveau du sol ;

entre chaque rang de ces divans est ménagé un espace

vide pour qu'on puisse circuler librement. Les prêtres

sont tous coiffés d'un chapeau en peluche jaune orné

d'une chenille de la même couleur, chapeau qui ressemble

beaucoup à un casque de carabinier. Ils ont tous la

longue robe jaune, la ceinture de soie rouge, et les pieds

nus, car, en signe d'humilité, ils ont laissé leurs bottes

de velours écarlate sous le vestibule. Chacun d'eux est

tourné vers le chœur, assis les jambes croisées au rang

que lui assigne sa dignité.

Mais voici que résonne le gong, qui appelle au recueillement

et il la prière ! Le grand lama s'agenouille

sur le coussin de crin qui lui a été préparé devant son

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