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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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56 LE TOUR DU MONDE.

qui vont quelquefois consulter les sorts ou brûler du papier

peint et des bâtons de parfums aux pieds des idoles.

Ces rares aumônes ne pourraient suffire à leur entretien,

s'ils

n'y joignaient la mendicité qu'ils exercent en grand

et de la manière la plus importune. Pour le Chinois,

travailleur par excellence ,

tout prêtre est un paresseux,

un frelon qui vit dans la ruche aux dépens des abeilles;

aussi le tao-ssc en est-il réduit , dans sa vieillesse , à

louer pour quelques sapègucs l'enfant d'une famille

pauvre dont il fait son disciple ou plutôt son domestique,

et qui plus tard devient son successeur.

La religion, ou plutôt la doctrine de Confucius, est

suivie par les lettrés : l'empereur lui-même s'en est déclaré

le patriarche. Elle a

pour base

un panthéisme

philosophique diversement ;

inte!"prété suivant les épo- '

ques.

Quoique l'existence

d'un Dieu tout-puissant,

punissant le crime et récompensant

la vertu, ait

été admise par ce grand

philosophe, le peu de soin

qu'il a pris de baser ses

principes de morale sur

l'idée divine, a amené peu

à peu ses disciples au matérialisme.

Pour Confucius,

le bien et la justice

parmi les hommes sont en

conformité avec l'ordre

éternel de la nature; ce

qui est mal au point de vue

de la morale, pêche contre

l'harmonie du Grand Tout.

11 ne s'est, dans aucun de

ses ouvrages, livré aux

spéculations

philosophiques

sur l'origine, la création

ou la fin du monde

;

il n'est jamais religieux,

mais il enseigne admirablement

la piété filiale,

l'amour de l'humanité, la

charité, la renonciation de

soi-même; enfin c'est un grand moraliste qUi a donné le»

préceptes du beau et du bien, mais qui n"a voulu préjuger

en rien les destinées de l'homme et la nature de la Divinité.

Confucius, né l'an 551 avant Jésus-Christ, et mort

en 474, était donc contemporain des ])remiers philosophes

grecs, de Cyrus et d'Eschyle. Voltaire a dit de lui :

De la seule raison salutaire interprète,

Sans éblouir le monde éclairant les esprits,

Il

ne parla qu'en sage et jamais en prophète;

Cependant on le crut, et même en son piiys.

Jamais il n'a été donné à un homme d'exercer, pendant

tant de siècles, un aussi grand prestige sur ses sera-

blables. Depuis deux mille quatre cents ans, trois cents

millions d'hommes rendent un culte à la fois civil

^1.

et religieux

à ce grand citoyen. Il n'est pas une ville qui n'ait

un temple élevé en son honneur; son image se trouve

dans toutes les académies , dans les pagodes des lettrés,

dans les yamouns destinés aux examens littéraires ;

dans

les plus humbles écoles des villages les plus reculés,

maîtres et élèves se prosternent devant sa tablette au

commencement et à la fin des classes.

La religion de Confucius n'a ni images ni prêtres :

chacun la pratiquant comme il l'entend, les mandarins

ont ajouté à cette pure doctrine des cérémonies officielles

telles que le culte rendu aux ancêtres, aux astres et aux

génies du ciel et de la

terre ;

mais eux - mêmes

tournent en l'idicule ces

vieilles croyances conservées

pour garder un prestige

vis-à-vis du peuple, et

sont les premiers à se moquer

des jours fastes 'et

néfastes,

des horoscopes,

de l'astrologie et de la divination

par les sorts publiés

tous les ans par l'Almanach

impérial.

Le ])rincipal temple de

Confucius à Pékin est situé

au nord de la ville ;

nous

avons déjà parlé de ce monument;

à l'intérieur, l'œil

ne trouve rien de remarquable

que sa vaste étendue,

la grandeur des salles,

la décoration et la dorure

des plafonds, et surtout la

quantité de tablettes contenant

des maximes du philosophe

gravées en caractères

dorés qui sont suspendues

de toute part aux

murailles. Sur un piédestal

est un cadre plus grand que

les autres qui porte l'inscription

.suivante : Au trèssamt

maître Coulucius. Malheureusement les pratirpes

superstitieuses se sont glissées dans le culte, et les offrandes

déposées par les gens simples telles que les pièces

d'étoiles de soie, les vases consacrés remplis de riz, de

fruits secs et d'autres aliments servent à entretenir la

paresse des desservants, (pii balayent le temple, entretiennent

les lumières, époussètenl les tablcites, et qui

se sont constitués d'eux-mêmes les prêtres de Confucius.

La troisième religion de la Chine est le bouddhisme,

qui, on le sait, prit naissance dans l'Inde plusieurs siècles

avant Jésu.s-Christ. Son fondateur se disait appelé à réformer

l'antique religion des Indous, le brahmanisme;

il considérait tous les hommes comme égaux devant Dieu,

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