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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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Les provinces sont administrées par un gouverneur

général qui représente l'empereur; après lui viennent

le gouverneur civil et le gouverneur militaire, puis une

foule de mandarins dont le pouvoir et les attributions

dépendent du chef civil ou du chef militaire. Pour empêcher

les conspirations, les empereurs mandchous ont

décrété que nul ne serait fonctionnaire dans son pays

natal, et ne pourrait exercer de charges dans la même

province pendant plus de trois ans. Le Code chinois interdisait

déjà aux fonctionnaires d'acquérir des biens ou

de se marier dans leur juridiction territoriale. Ces mutations

perpétuelles ont beaucoup contribué à afiaiblir

le lien gouvernemental, et ont moiivé en parlie les dernières

insurrections. L'empire tout enlier est divisé en

communes, composées théoriquement de cent familles,

dont le chef, nommé à l'élection, est responsable des

impôts, de l'entretien des routes et de l'accomplissement

des corvées publiques.

Il est inutile d'entrer dans des détails plus circonstanciés

sur le gouvernement chinois, sujet cp:i a été

supérieurement traité par Abel de Rémusat, dans ses

Mélanges asiatiques, plus récemment dans l'ouvrage de

M. Pauthier, intitulé : Chine moderne, et enfin dans

les livres si populaires du P. Hue; cependant il nous

a paru utile de mettre sous les yeux du lecteur un

aperçu concis de cet antique gouvernement, qui a été

trop décrié peut-être après avoir été trop admiré. Qui

pourrait nier d'ailleurs que la forme adminislralive

adoptée par une nation n'ait un rapport direct avec

ses mœurs et ses coutumes?

LA RELIGION.

Indifférence religieuse des Chinois. — Musulmans, ctirétiens el

juifs. — Religion de Lao-tse. — Idoles du temple de Fà-quà. — Abjection où vivent les prêtres. — Doctrine de Confucius. —

Le bouddhisme. — Réforme de Tsong-Kaba. — Lamas et bonzes.

— Mme de Bourboulon dans le temple des Mille-Lamas. — Visite

à la bonzerie de Ho-kien. — Magnifiques jardins. — Martyrs

volontaires. — Moulins i prières. — Singulière mode de sépulture.

— Repas de la communauté.

La religion joue un moins grand rôle en Chine que

dans tout autre pays. Le fond du caractère chinois, c'est

le scepticisme. Le Chinois ne poursuit avec ardeur que

les richesses et les jouissances matérieilles ; les choses

spirituelles ayant rapport à l'âme, à Dieu, à une vie futm-e,

il

y croit peu, ou plutôt il ne veutpas s'en occuper.

Cette indifférence qui fait le désespoir de nos missionnaires

est confirmée par un fait récent assez concluant.

Lors de l'enterrement d'un prince de la famille impériale,

qui eut lieu à Pékin en 1861 , on convoqua,

pour augmenter la pompe de la cérémonie funèbre, des

prêtres de toutes les religions qui existent dans la ville.

11 y avait là, pêle-mêle, des docteurs de la raison, des

lamas jaunes du culte réformé, des bonzes et des imans

hoei hoei ou musulmans chinois. Est-ce le signe d'une

sage tolérance? Non. C'est seulement la preuve du mépris

qu'affichent en Chine les hautes classes de la société

pour les formes religieuses.

On compte, dans ce pays, trois religions principales :

LE TOOR DU MONDE. 55

la religion de Lao-lse, celle de Confucius, et celle de Fù

ou le bouddhisme, qui est la plus répandue. On y rencontre

, en outre , un assez grand nombre de mahoniétans

qui habitent différentes provinces et dont nous

parlerons plus tard en décrivant la ville de Luan-Hoafou;

des chrétiens, dont le décret sur la liberté de conscience

a beaucoup amélioré la position, et enfin quelques

juifs dont il n'existe plus qu'un petit nombre de

familles et une synagogue dans la province de Ho-nan.

La religion de Lao-tse passe pour être la religion primitive

de la Chine. Ses sectateurs admettent beaucoup

de dogmes qui leur sont communs avec ceux de Confucius,

mais ils croient à l'existence des dieux intermédiaires,

des génies et des démons. Ce culte a dégénéré

en idolâtrie. Les prêtres et prêtresses, voués au célibat,

se livrent à la magie , à la nécromancie et à une foule

d'autres superstitions. On les appelle lao-sse ou docteurs

de la raison, parce qu'un dogme de leur croyance, enseigné

par Lao-tse, leur fondateur, admet l'existence de

la raison primordiale qui a créé le monde. Lao-ise vivait

il y a deux mille quatre cents ans, à la même époque

que Confucius, avec qui il eut de fréquentes disputes

sur le dogme; ces disputes se continuèrent après leur

mort, et les annales chinoises sont remplies du récit des

querelles des tao-ssc avec les disciples de Confucius. Les

superstitions extravagantes des premiers, leur prétention

de connaître l'élixir qui donne l'immortalité, donnèreiil

de puissantes armes à leurs adversaires qui les couvrirent

de ridicule. Actuellement, la religion de Lao-tse n'est

plus pratiquée que dans la plus basse classe du peuple.

La pagode de Fà-rpâ, dont nous avons parlé et qui

est située dans une île de la mer du Nord, à Pékin, appartient

aux prêtres lao-sse. Les vastes salles en sont

occupées par une armée de dieux et de génies monstrueux

en bois peint et sculpté; dans les galeries latérales,

une foule d'autres figures représentent des héros

ou des saints canonisés de cette secte populaire. Au

centre de l'édifice se trouvent cinq statues gigantesques ;

celle du milieu, assise sur un coussin, la poitrine et le

ventre découverts, est une représentation du dieu qui

doit venir sauver les hommes; les quatre autres, tpii lui

servent d'acolytes, sont des dieux inférieurs; le premier

tient un long serpent enroulé autour de son corps; le

second porte un parasol sur la pointe duquel sont attachés

des nuages en papier ; le troisième, qui a une figure

effroyable, brandit un sabre à deux tranchants; le quatrième,

enfin, joue de la mandoline.

Les prêtres de ce temple, au nombre d'une quinzaine

au plus, n'ont pas de costume particulier, ou plutôt ils

sont couverts de guenilles sordides. Leur tête est rasée,

mais non pas complètement comme celle des bonzes,

car ils se laissent croître sur le sommet du crâne une

épaisse touffe de cheveux qu'ils maintiennent avec une

épingle de métal. C'est leur seul signe distinctif. La misère

de ces malheureux et le mépris dont ils sont poursuivis

sont tels, que le nombre en va toujours diminuant.

On les laisse vivre dans l'abjection au fond de

leur temple sans s'occuper d'eux, sauf quelques adeptes

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