LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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44 LE TOIR DU MONDE.diteurs. Aussi peut-on dire que les bibliotiièques sontclans les rues ; non-seulement les façades des tribunaux,les pagodes, les temples , les enseignes des marchands,les portes des maisons, l'intérieur des appartements, lescorridors sont remplis de maximes de toute sorte, maisencore les tasses à thé , les assiettes, les vases, les éventailssont autant de recueils de poésie. Dans les pluspauvres villages, où les choses les plus nécessaires à lavie manquent, on est sûr de trouver des affiches.« En attendant, la foule ne faisait que s'accroître : nosTing-trhai nous assurèrent que nous pouvions gagner laGrande Avenue par un passage couvert, qui s'ouvrait surnotre droite comme la gueule d'un four.« Nous étions curieux de voir ce que pouvait être unpassage de Pékin, et nous mîmes pied à terre, en recommandantaux domesticpies de nous ramener nosmontures de l'autre côté à la sortie.Ce passage, affecté au commerce du bric-à-brac, oudu Kou-toung, qui est le nom que lui donnent les Chinois,est tout simplement une ruelle obscure, où l'on peut hpeine passer deux de front , couverte en mauvaisesplanches, pavée en terre, et à demi éclairée en pleinjour par des lampes fumeuses.« Il a environ cinq à six cents pas de long, autant quej'ai pu le calculer, et si l'impatience d'en sortir ne m'apas fait compter double.« Ce ne sont plus des boutiques qu'on entrevoit dansce couloir, ce sont d'informes amas de vieilles planches,provenant de démolitions, dressées au hasard les unescontre les autres, et soutenues par des piles de marchandisesde tout genre, des vases, des porcelaines, desbronzes, des armes, des vieux habits, des pipes, desoutils, des bonnets, des fourrures, des bottes, des engin*de pêche et de chasse.« Des objets sans nom, et qui n'ont plus de forme,tous les reliquats, tous les résidus de la fabrication sontLnceinti. tl ] oïli lues du toi pie de 1 Afc, culture — Dess i de Ib rond 1 près uni- phologr ph eentassés là ! On ne comprend pas où peut se tenir lepropriétaire de la boutique; mais, pour peu cfue vosyeux se portent sur quelques-unes de ses marchandises,vous voyez sa tête hâve et .son front chauve sortircomme une végétation maladive de cette moisissurehumaine.•t II paraît cependant qu'il y a des objets de grandevaleur au milieu de toutes ces vieilleries ! Voici un amateurde bric-à-brac, le nez armé de formidal)lcs lunettes,([ni examine en connaisseur, avec la moue caractéristitpiede la lèvre inférieure, des porcelaines anticpies et devieux bronzes.« On m'assure que les marchands d'antitiuailies sontici d'une habileté à faire pâmer leurs confrères européens: au moyen d'une argile roussàtre, à laquelleils font subir des préparations particulières et qu'ilsenterrent pendant ([uelquos mois, ils obtiennent descontrefaçons remanjuables des vieilles porcelaines dela dynastie des Yuen si recherchées par les amateurs.L'imitation e.st si parfaite que les plus malins y sonttrompes.ï En Chine, comme ailleurs, les magasins de bric-àbracont le privilège de la plus grande malpropreté; s'iln'en était ainsi, les acheteurs ne croiraient pas sansdoute à l'antiquité des objets qui sont otferls à leur convoitise;seulement, qui dit malpropreté chinoise, exprimece dont nous ne pouvons avoir l'idée, et ce que je n'entreprendraipas de décrive.et Qu'il me suffise de dire que ,dans ce passageoù nous étions, la terre battue du sol était une bouilliede débris sans nom ,que les planches de la toitureet des boutiques .suintaient une humidité verdâtreet nauséabonde, que des enfants et des femmesen guenilles étaient vautrés dans tous les coins, etqu'il s'exhalait de tout cela une odeur fétide et insupportableque tempérait heureusement pour nous

LE TOUR DU MONDE. 45la fumée acre et épaisse des lampes éclairées à l'huilede ricin.« Qu'on juge avec quel plaisir nous avons retrouvél'air pur, le ciel bleu, et tout le confortable de nos aptementsdu Tsing-Kong-Fou ! »La Ville Chinoise de Pékin contient à son e.xtrémité méridionaledeux temples des plus célèbres de la Chine, tantpar leur architecture, que par les souvenirs historiquesauxquels ils se rattachent. Ce sont les temples du Ciel etde l'Agriculture, placés au centre de parcs très-vastes quiconstituent une des plus belles promenades de la ville.J'emprunterai la relation suivante à M. Trêves, qui,pendant son séjour à Pékin, avait fait de ces parcs, dontl'entrée est interdite au public, le but habituel de sespromenades quotidiennes.« Il faut convenir, quelque habitué qu'on soit à laChine et au.K mœurs de ses habitants, que l'Avenue ducathédrale catholique, a Petin — Dessin de fherond d ipiune photographie.Centre de la Ville Chinoise présente le spectacle le plusanimé, le plus bruyant, qu'il m'ait encore été donné devoir dans aucun pays du monde." Les larges chaussées en sont couvertes de baraquesde toute grandeur,de toute forme, de toute couleur: c'est l'aspect d'une foire en permanence, maisavec ce caractère spécial que tous les métiers sont pratiquéspar des opérateurs ambulants qui transportentavec eux les outils de leur profession, et poussent chacunà leur manière un cri particulier.« Je me rappelle avoir eu sous les yeux à la fois unforgeron ambulant, un barbier en plein vent et un restaurateurde rencontre : tous trois e.xerçaient leur industrie,entourés-ide leurs chalands, dans le même coinde la rue.« Le forgeron, placé devant son établi, ressemblantassez à celui d'un tonnelier, faisait mouvoir son souftletavec son pied, et, comme il n'avait pas d'étau, il tenaitle fer de sa main gauche enveloppée dans un morceaude cuir, tandis que de la droite il maniait avec dextérité

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diteurs. Aussi peut-on dire que les bibliotiièques sont

clans les rues ; non-seulement les façades des tribunaux,

les pagodes, les temples , les enseignes des marchands,

les portes des maisons, l'intérieur des appartements, les

corridors sont remplis de maximes de toute sorte, mais

encore les tasses à thé , les assiettes, les vases, les éventails

sont autant de recueils de poésie. Dans les plus

pauvres villages, où les choses les plus nécessaires à la

vie manquent, on est sûr de trouver des affiches.

« En attendant, la foule ne faisait que s'accroître : nos

Ting-trhai nous assurèrent que nous pouvions gagner la

Grande Avenue par un passage couvert, qui s'ouvrait sur

notre droite comme la gueule d'un four.

« Nous étions curieux de voir ce que pouvait être un

passage de Pékin, et nous mîmes pied à terre, en recommandant

aux domesticpies de nous ramener nos

montures de l'autre côté à la sortie.

Ce passage, affecté au commerce du bric-à-brac, ou

du Kou-toung, qui est le nom que lui donnent les Chinois,

est tout simplement une ruelle obscure, où l'on peut h

peine passer deux de front , couverte en mauvaises

planches, pavée en terre, et à demi éclairée en plein

jour par des lampes fumeuses.

« Il a environ cinq à six cents pas de long, autant que

j'ai pu le calculer, et si l'impatience d'en sortir ne m'a

pas fait compter double.

« Ce ne sont plus des boutiques qu'on entrevoit dans

ce couloir, ce sont d'informes amas de vieilles planches,

provenant de démolitions, dressées au hasard les unes

contre les autres, et soutenues par des piles de marchandises

de tout genre, des vases, des porcelaines, des

bronzes, des armes, des vieux habits, des pipes, des

outils, des bonnets, des fourrures, des bottes, des engin*

de pêche et de chasse.

« Des objets sans nom, et qui n'ont plus de forme,

tous les reliquats, tous les résidus de la fabrication sont

Lnceinti. tl ] oïli lues du toi pie de 1 Afc, culture — Dess i de Ib rond 1 près uni- phologr ph e

entassés là ! On ne comprend pas où peut se tenir le

propriétaire de la boutique; mais, pour peu cfue vos

yeux se portent sur quelques-unes de ses marchandises,

vous voyez sa tête hâve et .son front chauve sortir

comme une végétation maladive de cette moisissure

humaine.

•t II paraît cependant qu'il y a des objets de grande

valeur au milieu de toutes ces vieilleries ! Voici un amateur

de bric-à-brac, le nez armé de formidal)lcs lunettes,

([ni examine en connaisseur, avec la moue caractéristitpie

de la lèvre inférieure, des porcelaines anticpies et de

vieux bronzes.

« On m'assure que les marchands d'antitiuailies sont

ici d'une habileté à faire pâmer leurs confrères européens

: au moyen d'une argile roussàtre, à laquelle

ils font subir des préparations particulières et qu'ils

enterrent pendant ([uelquos mois, ils obtiennent des

contrefaçons remanjuables des vieilles porcelaines de

la dynastie des Yuen si recherchées par les amateurs.

L'imitation e.st si parfaite que les plus malins y sont

trompes.

ï En Chine, comme ailleurs, les magasins de bric-àbrac

ont le privilège de la plus grande malpropreté; s'il

n'en était ainsi, les acheteurs ne croiraient pas sans

doute à l'antiquité des objets qui sont otferls à leur convoitise;

seulement, qui dit malpropreté chinoise, exprime

ce dont nous ne pouvons avoir l'idée, et ce que je n'entreprendrai

pas de décrive.

et Qu'il me suffise de dire que ,

dans ce passage

où nous étions, la terre battue du sol était une bouillie

de débris sans nom ,

que les planches de la toiture

et des boutiques .suintaient une humidité verdâtre

et nauséabonde, que des enfants et des femmes

en guenilles étaient vautrés dans tous les coins, et

qu'il s'exhalait de tout cela une odeur fétide et insupportable

que tempérait heureusement pour nous

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