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424 LE TOUR DU MONDE.
était revenue au Nil dès que les pluies moins violentes
avaient permis de se remettre en route, et le courajreux
vovagreur avait regagné Kharloum. La moisson scientifique
ne laisse pas d'avoir été abondante. L'histoire naturelle
a fourni une riche moisson d'observations toutes
nouvelles; et la géographie aura gagné à cette excursion
des rectifications importantes, de nombreuses additions,
et des déterminations qui paraissent devoir modifier
notablement le tracé des cartes aciiiclles.
Ce sont d'heureuses conquêtes; mais à quel prix elles
sont achetées 1
Reporlons-nous, avant de finir, vers l'autre extrémité
du continent, aux lieux où le Soudan confine au Sénégal,
où le Sahara se rapproche de l'Atlantique. Là aussi des
entreprises se poursuivent, qui, sans avoir actuellement
le caractère de
découvertes au même degré que les explorations
du liaut bassin du Nil , n'en ont pas moins
un grand et sérieux intérêt au triple point de vue de
l'avenir politique, du développement commercial et du
progrès de nos connaissances géographiques. Il suffit de
jeter les yeux sur la carte pour comprendre de quelle
importance il serait de relier nos deux grandes possessions
du Sénégal et de r.\lgérie, non par des conquêtes
et des occupations de territoires, mais par une chaîne de
rapports réguliers avec les populations intermédiaires.
Comme toujours, c'est aux voyageurs, intelligents et
hardis pionniers, à frayer la voie.
Déjà plus d'une tentative a été faite, et il y en a deux
en ce moment qui donneront peut-être de meilleurs
résultats. De ces deux tentatives, l'une part de l'Algérie,
l'autre du Sénégal.
La première a pour auteur un jeune Allemand, M. Gérard
Rohlf, qui dc-jà, il y a deux ans, a elVectué, déguisé
en musulman, la traversée du Sahara marocain que nul
Européen n'avait faite avant lui. M. Rohlf réussira-t-il
à gagner Timbouktou et le Sénégal en traversant les
grandes oasis du Touât, et qu'en rapportera-t-il? c'est
ce qu'on ne saurait dire encore. La seconde tentative,
celle du Sénégal, est, nous le croyons, de nature à donner
des fruits plus sérieux. Conçue et ordonnée par le
général Faidherbe, l'énergique gouverneur de notre
colonie sénégalaise, elle a été confiée à deux de nos officiers
de marine, M. Mage et M. Quentin. M. Mage,
a déjà fait ses preuves dans une mission analogue. Les
deux officiers, remontant le Sénégal, ont dû relever plusieurs
parties imparfaitement connues du haut bassin
du fleuve ; et franchissant de là, sur les traces de Mungo-
Park, le haut pays qui sépare le Séni'gal du Dhioli-bâ,
ils essayeront de descendre ce dernier fleuve, qui conduit
à Timbouktou en passant à Ségou, afin de jeter les bases
de futurs rapports d'amitié entre notre colonie du S.énégal
elle cheikh Sidi-.Ahmed el-Bakaî. C'est du moins
ce que l'on peut présumer des instructions des voyageurs
d'après de ce que l'on connaît de leur itinéraire.
Leurs dernières lettres, datées du 23aM-il 1864, les laissent
à Ségou, où ils étaient depuis le 28 février.
Les journaux du Sénégal ont annoncé qu'une indigènes
caravane de voyageurs, composée de Si'li-Mohammed,
neveu du cheikh .\hmed el-Bakaï, de Tirabouctou
et de plusieurs chefs kountahs, ses parents, était arrivée
du Tagant à Saint-Louis au mois de mai dernier
Une communication particuhère, adressée de Saint-
Louis au Tour du monde, nous met à même de
placer
sous les yeux de nos lecteurs le portrait du jeune Sidi
Mohammed, et en même temps de consigner ici quelques
détails sur cette famille des fiakaï à laquelle le
docteur Barth a fait une renommée européenne. Les
Kountahs, tribu puissante des oasis du Sahara occidental
à laquelle appartiennent les Bakaï, se donnent pour
ancêtres les Béni Oumeyata, tribu khoreichite à laquelle
appartenait le KhaUfe Moawiah. Ils se rattacheraient
ainsi à Sidi-Okba, le conquérant arabe de
l'Afrique.
Un marabout fameux dans le Sahara, el-Rountah el-
Moklitar, fut appelé, en 1826, de l'oasis d'el Mabrouk
à Timbouktou par les négociants maures (la plupart
originaires de Gh'adamès) qui résident dans celle ville,
pour les aider de son immense influence religieuse
contre les violences des Foullàns ou Peuls du Maeina.
A Timbouktou, el-Mokhtar devint bientôt tout-puissant,
et l'on raconte sérieusement de lui une foule de
laits merveilleux.
Son fils Mohammed El-Khalifa lui succéda , et après
celui-ci son petit fils Ahraed-el-Bakaï, le généreux protecteur
du docteur Barth. Mohammed, son neveu, étant
veau du Tagant rendre visite au gouverneur du Sénégal,
on voulut profiter de cette circonstance heureuse pour
essayer de lier des rapports directs, appuyés par cet
utile intermédiaire, avec Ahmed-el-Bakaï. Une seconde
expédition fut organisée, dont un de nos officiei*s devait
faire partie. Nous apprenons qu'elle a été décommandée.
Il est bon de rappeler qu'Ahmed-el-Bakaï soutient
aujourd'hui, à la tête des Touareg, des Maures sahariens
et d'une partie des Foullàns du Maeina, une formidable
lutte contre notre ancien ennemi el-Hadj Omar,
qui cherche à fonder un vaste empire noir musulman
sur le haut Niger '
VmEN DE Saint-Martin.
I. Le.s dernières nouvelles venues de Saint-Louis confirment la
mort d'el-Hadji , déjà annoncée plusieurs fois dans le courani de
l'année.
FIN nu DIXIf:.\IF. VOLUME.