LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa
394 LE TOUR nu MONDE.sa lance un diri'tit'n (|ni senihle sur k- point de tomberde cheval; du côté opposé deux personnages jouent auxdames (le dcimch des Arabes); enfin la partie la plus intéressantedu tableau représente une dame tenant enchaînéun lion couché à ses pieds; à sa droite un hommevelu et barbu, tel qu'on représente les hommes sauvagesdans les anciennes armoiries espagnoles, est percé d'uncoup de lauce par un cavalier qui fond sur lui au galop.On a fait beaucoup de suppositions au sujet de ces dernierspersonnages, sans avoir jamais donné une explicationsatisfaisante : nous croyons avoir trouvé le mot del'énigme dans les anciens romances moriscos, où il es'question de la devise df s Zégris : une femme tenant unlion enchaîné, pour montrer que l'amour triomphe desplus forts; celle des Abencrrrages était un homme saurar/eterrassant vu lion; il parait donc incontestable,après ce rapprochement, que celte p.nrtie du tableau doiirenfermer une iillusion aux deux célèbres familles ennemies.A quelle époque ont élé faites ces curieuses peintures?on a prétendu qu'elles étaient postérieures à la priselie Grenade ; mais pourquoi, si elles dataient de la dominaiion chrétienne, atirail-on représenté les chrétiensvaincus dans le combat? En outre, le costume des chrétiensest celui de la première moitié du quinzième siècle ;l'architecture, le paysage très-naïf, et d'autres détailsannoncent aussi la même époque. Quant à l'auteur, ilest tout à fait inconnu , mais on peut supposer quec'était quelque chrétien renégat fixé depuis longtempsà Grenade. Quoi qu'il en soit, les peintures de l'Alliambrasont du plus grand intérêt, et uniques en leurgenre.Avant de quitter l'enceinte du palais moresque, n'oublionspas de mentionner comme très-digne d'admiration,même après tant de merveilles, la porte de la torre de lasInfantas, d'une richesse d'ornementation extraordinaire;cette tour, après avoir été du temps des Mores habitéepar des princesses de la famille royale, ou par les sultanesfavorites, sert aujourd'hui d'asile h quelques famillespauvres, dont la misère conîraste étrangementavec le luxe d'autrefois.Tel est cet admirable palais de l'.Vlbambra, si riche etsi somptueux qu'on peut encore, malgré les nombreusesdégradations qu'il a subies, l'appeVr avec PierreMartyr un palais unique au monde : il faudrait, pourle bien connaître, y passer des semaines entières ; etencore trouverait-on, à chaipie visite nouvelle, des détailsrestés inajierçus d'abord. La jjremière fois que l'on(piitte ces salles féeriques, ces patios si élégants et fivoluptueux, mille images délicieuses, mais confuses, seprésentent à l'esprit; il semble qu'on vient de faire unrêve, et on se plaît à répéter avec Victor Hugo :L'Alhambra ! l'Alhambra ! palais que les géniesOnt doré comme un rêve et rempli d'harmonies;Forteresse aux créneaux festonnés etcroulans,Où l'on entend la nuit de magiques syllates,Quand la lune, à travers les mille arceaux arabes,Sème les murs de trèfles blancs!Le r.c'ni^riilifc; les cvpi's fie l;i siill.ini!. — la Si'lt;i l'rt Mom. -Les Carmeiies dd Uarro. — La Fuenle del Ateliann ; les villasmoresques en 15Î4. — Le Darro et son or. — La PInsa Nueraet le Znrniin. — La cathédrale rie Grenade; Alonzo Cano. — Lareal Cnpilta ; la tteja ; les lonibeaux de i'iiilippe le Beau et deJeanne la Folle, et ce'ui des rois catholiques.Le Gcncralife n'est éli igné de l'Alhambra que dequelques centaines de pas; nous passerons pour nous yrendre sous la Puerta Jiidiciaria, et laissant derrièrenous la fontaine de Charles-Quint, nous suivrons unedes allées ombreuses du Basque de la Alhamhra, quidescend en suivant l'ancienne enceinte de la citadellemoresque. Après avoir traversé un raNin sombre et encombréde broussailles, la Cvcsta de los Molinos, qui."=é, are la colline de r.\lhambra du crrro del sol, nousgravirons de nouveau un chemin ombragé par la végétationla plus charmante et la plus plantureuse : ce sontdes lauriers-roses chargés de fleurs, des figuiers aufeui'lage sombre, des vignes séculaires, et d'énormesgrenadiers dont les fruits, entr'ouverts par le soleil, laissentvoir leurs grains transj arents comme des' rubis.Telle est l'entrée du Généralife , ancienne maison deplai'-ance mores:;ue, dont le nom arabe, .Tennatu-l'-arif,signifie le Jardin de l'architrcte. On raconte qu'un architectedu pa'ais en était d'abord propriétaire, et qu'undes rois de Grenade, Ismail-Ibn-Jaiaj , étant venu levisiter, fut si émerveillé de la position qu'il acheta lejardin, et y fit con.^truire un palais, en 1320. On pa.sse,en entrant dans le Gén''ralife, sous des galeries k cintresurbaissé dontles ornemerts en stuc, semblables à ceuxdes salles de l'Alhambra, sont malheureusement cachésen partie sous de nombreuses couches de badigeon. Lemilieu du vaste palais qui forme l'entrée est occupé parun long bassin plein d'une eau transparente, dans laquellese reflètent des lauriers-roses et des ifs touffusqui se courbent pour former une arcade de verdure.Parallèlement au bassin nous suivons une autre galerie,d'où la vue s'étend sur l'Alhambra; on domine de liitoute l'enceinte fortifiée et le palais moresque; envoyant ces murailles épaisses et ces tours carrées etmassives, on ne devinerait jamais qu'elles renfermentdos chefs-d'œuvre aussi délicats.A l'extrémité opposée à l'entrée se trouve le palaisproprement dit du Généralife; bien que d'une architectureet d'ime décoration très-élégantes, il u'oIVre rienqui puisse surprendre après qu'on a visité l'Albanibra.L'extérieur est de la plus grande sinqdicité ; les salles,peu nombreuses, du reste, sont à peine meublé-es ; dansl'une d'elles, nous vîmes quelqties portraits parfaitementridicules représentant, avec toutes sortes d'anachronismesdans les costumes , différents personnages telsque Boabdil (el rey Chico), Gonzalve de Cordoue, etun arbre généalogique de la famille génoise de Palavicini,à laquelle appartient le marquis de Campotejar,projjriétaire actuel du Généralife, ([ui ne l'habite jamais,et le laisse sous la garde d'un administrador. Suivartl'arbre en (piestion, celte famille descendrait d'un princemore renégat nommé Sidi-.\ya, qui se serait fait chré-
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sa lance un diri'tit'n (|ni senihle sur k- point de tomber
de cheval; du côté opposé deux personnages jouent aux
dames (le dcimch des Arabes); enfin la partie la plus intéressante
du tableau représente une dame tenant enchaîné
un lion couché à ses pieds; à sa droite un homme
velu et barbu, tel qu'on représente les hommes sauvages
dans les anciennes armoiries espagnoles, est percé d'un
coup de lauce par un cavalier qui fond sur lui au galop.
On a fait beaucoup de suppositions au sujet de ces derniers
personnages, sans avoir jamais donné une explication
satisfaisante : nous croyons avoir trouvé le mot de
l'énigme dans les anciens romances moriscos, où il es'
question de la devise df s Zégris : une femme tenant un
lion enchaîné, pour montrer que l'amour triomphe des
plus forts; celle des Abencrrrages était un homme saurar/e
terrassant vu lion; il parait donc incontestable,
après ce rapprochement, que celte p.nrtie du tableau doii
renfermer une iillusion aux deux célèbres familles ennemies.
A quelle époque ont élé faites ces curieuses peintures?
on a prétendu qu'elles étaient postérieures à la prise
lie Grenade ; mais pourquoi, si elles dataient de la do
minaiion chrétienne, atirail-on représenté les chrétiens
vaincus dans le combat? En outre, le costume des chrétiens
est celui de la première moitié du quinzième siècle ;
l'architecture, le paysage très-naïf, et d'autres détails
annoncent aussi la même époque. Quant à l'auteur, il
est tout à fait inconnu , mais on peut supposer que
c'était quelque chrétien renégat fixé depuis longtemps
à Grenade. Quoi qu'il en soit, les peintures de l'Alliambra
sont du plus grand intérêt, et uniques en leur
genre.
Avant de quitter l'enceinte du palais moresque, n'oublions
pas de mentionner comme très-digne d'admiration,
même après tant de merveilles, la porte de la torre de las
Infantas, d'une richesse d'ornementation extraordinaire;
cette tour, après avoir été du temps des Mores habitée
par des princesses de la famille royale, ou par les sultanes
favorites, sert aujourd'hui d'asile h quelques familles
pauvres, dont la misère conîraste étrangement
avec le luxe d'autrefois.
Tel est cet admirable palais de l'.Vlbambra, si riche et
si somptueux qu'on peut encore, malgré les nombreuses
dégradations qu'il a subies, l'appeVr avec Pierre
Martyr un palais unique au monde : il faudrait, pour
le bien connaître, y passer des semaines entières ; et
encore trouverait-on, à chaipie visite nouvelle, des détails
restés inajierçus d'abord. La jjremière fois que l'on
(piitte ces salles féeriques, ces patios si élégants et fi
voluptueux, mille images délicieuses, mais confuses, se
présentent à l'esprit; il semble qu'on vient de faire un
rêve, et on se plaît à répéter avec Victor Hugo :
L'Alhambra ! l'Alhambra ! palais que les génies
Ont doré comme un rêve et rempli d'harmonies;
Forteresse aux créneaux festonnés etcroulans,
Où l'on entend la nuit de magiques syllates,
Quand la lune, à travers les mille arceaux arabes,
Sème les murs de trèfles blancs!
Le r.c'ni^riilifc; les cvpi's fie l;i siill.ini!. — la Si'lt;i l'rt Mom. -
Les Carmeiies dd Uarro. — La Fuenle del Ateliann ; les villas
moresques en 15Î4. — Le Darro et son or. — La PInsa Nuera
et le Znrniin. — La cathédrale rie Grenade; Alonzo Cano. — La
real Cnpilta ; la tteja ; les lonibeaux de i'iiilippe le Beau et de
Jeanne la Folle, et ce'ui des rois catholiques.
Le Gcncralife n'est éli igné de l'Alhambra que de
quelques centaines de pas; nous passerons pour nous y
rendre sous la Puerta Jiidiciaria, et laissant derrière
nous la fontaine de Charles-Quint, nous suivrons une
des allées ombreuses du Basque de la Alhamhra, qui
descend en suivant l'ancienne enceinte de la citadelle
moresque. Après avoir traversé un raNin sombre et encombré
de broussailles, la Cvcsta de los Molinos, qui
."=é, are la colline de r.\lhambra du crrro del sol, nous
gravirons de nouveau un chemin ombragé par la végétation
la plus charmante et la plus plantureuse : ce sont
des lauriers-roses chargés de fleurs, des figuiers au
feui'lage sombre, des vignes séculaires, et d'énormes
grenadiers dont les fruits, entr'ouverts par le soleil, laissent
voir leurs grains transj arents comme des' rubis.
Telle est l'entrée du Généralife , ancienne maison de
plai'-ance mores:;ue, dont le nom arabe, .Tennatu-l'-arif,
signifie le Jardin de l'architrcte. On raconte qu'un architecte
du pa'ais en était d'abord propriétaire, et qu'un
des rois de Grenade, Ismail-Ibn-Jaiaj , étant venu le
visiter, fut si émerveillé de la position qu'il acheta le
jardin, et y fit con.^truire un palais, en 1320. On pa.sse,
en entrant dans le Gén''ralife, sous des galeries k cintre
surbaissé dontles ornemerts en stuc, semblables à ceux
des salles de l'Alhambra, sont malheureusement cachés
en partie sous de nombreuses couches de badigeon. Le
milieu du vaste palais qui forme l'entrée est occupé par
un long bassin plein d'une eau transparente, dans laquelle
se reflètent des lauriers-roses et des ifs touffus
qui se courbent pour former une arcade de verdure.
Parallèlement au bassin nous suivons une autre galerie,
d'où la vue s'étend sur l'Alhambra; on domine de lii
toute l'enceinte fortifiée et le palais moresque; en
voyant ces murailles épaisses et ces tours carrées et
massives, on ne devinerait jamais qu'elles renferment
dos chefs-d'œuvre aussi délicats.
A l'extrémité opposée à l'entrée se trouve le palais
proprement dit du Généralife; bien que d'une architecture
et d'ime décoration très-élégantes, il u'oIVre rien
qui puisse surprendre après qu'on a visité l'Albanibra.
L'extérieur est de la plus grande sinqdicité ; les salles,
peu nombreuses, du reste, sont à peine meublé-es ; dans
l'une d'elles, nous vîmes quelqties portraits parfaitement
ridicules représentant, avec toutes sortes d'anachronismes
dans les costumes , différents personnages tels
que Boabdil (el rey Chico), Gonzalve de Cordoue, et
un arbre généalogique de la famille génoise de Palavicini,
à laquelle appartient le marquis de Campotejar,
projjriétaire actuel du Généralife, ([ui ne l'habite jamais,
et le laisse sous la garde d'un administrador. Suivart
l'arbre en (piestion, celte famille descendrait d'un prince
more renégat nommé Sidi-.\ya, qui se serait fait chré-