LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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388 LE TOUR DU MONDE.des Lions, le bas-relief de l'Alcazaba, et les curieusespeintures que nous verrons tout à l'heure dans la salledu Jugement.Nous ajouterons ici une observation : c'est que lesazulejos sont toujours en faïence, et non pas en porcelaine,comme on l'a imprimé si souvent ; il faut en direautant du beau vase de l'Alhambra, qu'on présente aussiquelquefois comme une porcelaine, bien qu'il soit antérieurde plusieurs siècles à la fabrication de ce genre depoterie en Europe.Les inscriptions de la salle des Ambassadeurs sontnombreuses ; nous n'en citerons que quelques-unes :< Gloire à) notre sultan, le roi guerrier Abou-1-hadjadj,— que Dieu rende victorieux ! i>On lit encore, au-dessus d'un soubassement en azulejos,dans le cabinet ou alcoba qui fait face à la ported'entrée :« Ici tu es accueilli matin et soir par des paroles debénédiction, de paix et de prospérité.« Voici le dôme élevé et nous sommes ses filles (cecifait allusion aux alcobas, qui forment dans la sallecomme autant de pièces plus petites).« Pourtant, je possède une excellence et une dignitéau-dessus de toutes celles de ma race. »La salle des Ambassadeurs était, comme l'indique sonnom, la pièce d'honneur du palais, celle où avaient lieules réceptions solennelles ; c'est là que les rois de Grenaderecevaient les envoyés des princes africains, porteursquelquefois de présents perfides, témom la tuniqueempoisonnée, offerte par Ahmed, roi de Fez. àYousouf II, qui mourut, dit-on, peu de temps après l'avoirportée ; c'est là que le sultan Aboul-Hasen faisait,à l'époque de la splendeur de Grenade, cette fière réponseà l'envoyé du roi de Gastille, qui exigeait un tributen argent : « Allez dire à votre maître que dans monhôtel des Monnaies, on ne frappe pour lui que des fersde lance ! »Plus d'une fois aussi, ces murs si élégants urent témoinsde drames sanglants : Mohammed-Ibn-Ismaelayant, dans une cérémonie publique, essuyé une insultede son souverain, qui lui reprochait de s'être conduitlâchement dans une attaque contre les chrétiens, jurade s'en venger, et le frappa d'un coup de poignard danscette salle, ainsi que son grand-vizir.G'est encore dans la salle des Ambassadeurs queBoabdil, le dernier roi de Grenade, reçut la nouvellede la mort de trente cavaliers zégris, massacrés dans la^'ega par les Abencerrages, qui avaient embrassé lechristianisme, et étaient devenus les vassaux du roiFerdinand ; scène que rapporte ainsi un romancetiidrisco :« Devant le roi Cliico, de Grenade, sont arrivés desmessagers entrés par la puerta de Elvira, qui se sontrendus à l'Alhambra. Gukii qui est arrivé le premier estun Zégri de renom, coiiïé en signe de deuil d'un capuchiinnoir; après avoir mis les genoux à terre, il s'estexprimé ainsi : « Je l'apporte, soigneur, les nouvelles lesplus douloureuses: sur les fraîches rives du Xenil s'étendune nombreuse armée; elle y a déployé ses enseignesde guerre, un étendard doré sur lequel est brodéeune magnifique croix, plus brillante que l'argent. Et legénéral de ces troupes s'appelle le roi Ferdinand : tousont fait le serment de ne pas quitter la Yega avant des'être rendus maîtres de Grenade. Et cette armée estaussi commandée par une reine très-aimée des soldats,appelée dona Isabel, reine de haute noblesse et de grandrenom. Tu me vois ici blessé dans un combat qui vientd'avoir lieu dans la Vega entre les chrétiens et les Mores :trente Zégris sont restés sur le terrain, ])assés au fil del'épée ; les Abencerrages chrétiens, accompagnés d'autreschevaliers de la même religion, ont montré un courageincroyable, et ont fait ce massacre des gens deGrenade.(1 Pardonnez-moi, ]iour Dieu, 6 roi ! Affaibli par laperte de mon sang, je sens que la voix me manque.« En disant ces mots, le Zégri s'évanouit, et le roien fut tellement attristé qu'il ne put prononcer uneparole, dSi la salle des Ambassadeurs fut le théâtre de cesévénements dramatiques, quelquefois aussi des scènescharmantes venaient l'égayer : c'était la belle Galianaqui, assise dans le cuarlo de Comarcs (autre nom qu'ondonnait à cette salle), achevait, de ses doigts délicats,une riche broderie d'or et d'argent, émaillée de perles,de rubis et d'émeraudes ; merveille destinée au vaillantMore qui rompait en sa faveur des lances dans lestournois; « le More vit content d'une pareille faveurde la dame qui règne sur sou cœur, et qu'il adore detoute son âme ; si le More l'aime beaucoup, la dame lechérit plus tendrement encore, car il n'y a pas de plusvaillant chevalier dans tout le royaume de Grenade. >.En el cuarto de ComarèsLa Hermosa Galiana,Con estudio y gran destreza ,Labrava una rica mangaPara el fuerte SarrazinoQue por clla juega caûas;De aljofar y perlas fînasLa manga yva esmaltada .Con muchos recamos de oioY lazos fînos de plata;De esmeraldas y rubiesPor todas partes sembrada.Contente vive el MoroTon el favor de tal damaLa tiene en el CorazonY la adora con su aima :Si cl Moro mucho la quiereElla mucho mas le ama,Y no le hay mas csfuerçoEn el reyno de Granada.La salle des Ambassadeurs reçoit le jour sur cuacur.de ses côtés par trois fenêtres surmontées d'un doublecintre; ré|iaisseur des murs do la tour est telle, que cesembrasures forment comme autant d'alcôves de près dedix pieds de profondeur. De la fenêtre qui fait face à laporte d'entrée la vue est splendide : on domine, à vol

Le Mirador Je Lin^larajai — Dessin Je OuslâVê Doré

Le Mirador Je Lin^larajai — Dessin Je OuslâVê Doré

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