LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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376 LE TOUR DU MONDE.vaisseaux à ceux qui, ne voulant plus rester à GrenaJe,préféraient passer en Afrique; — toutes les armes devaientêtre remises aux vainqueurs; quant à Abdallah,ou lui assigna une ville et quelques places voisines dansles Alpujarras, avec trois mille vassaux et un revenu desix millions de maravédis.- Abdallah, ou Boabdil, comme l'appellent les E'spagnols,s'était engagé à remettre les clefs de la ville etdes forts soixante jours après la date de la capitulation ;mais les bruits de pourparlers avaient commencé à circulerparmi la population, et les conseillers de Boabdil,craignant une révolte, l'engagèrent à devancer l'époquefixée pour la reddition de la ville. Il fut en conséquencedécidé que les Rois Catholiques feraient leurentrée dans Grenade le 2 janvier 1492.Dans la matinée de ce jour à jamais mémorable, toutle camp espagnol présentait l'aspect de la plus grandeallégresse ; le cardinal Gonzalez de Mendoza fut envoyéen avant à la tète d'un fort détachement composé destroupes de sa maison et d'un corps de vétérans d'infanterieblanchis dans les batailles contre les Mores;ces troupes prirent possession de la citadelle de l'Alhambra;Ferdinand et Isabelle se placèrent à quelque distanceen arrière, près d'une mosquée arabe, consacréedepuis à saint Sébastien. Bientôt la grande croix d'argentportée par saint Ferdinand dans ses campagnescontre les Mores, brilla au sommet de la Torre de laVêla, et les étendards de Castille et de San-Yago flottèrentsur les hautes tours de l'Alhambra. A ce glorieuxspectacle, le chœur de la chapelle royale entonna le TeDeum, et toute l'armée, pleurant d'émotion, se prosternaà genoux.Le 2 janvier de chaque année, Grenade est en fêtepour célébrer l'anniversaire de l'entrée des Rois Catholiques.Il y a ce jour-là une foule énorme à l'Alhambra,et on peut y voir beaucoup d'habitants des montagnesvoisines dans leurs costumes les plus pittoresques.Les jeunes filles ne manquent jamais de monter à latour de la Xah, car, suivant une croyance très-ancienne,celles qui frappent un coup sur la cloclie doivent êtremariées dans l'année; on ajoute même que celles quifrappent très-fort auront un meilleur' mari....On peutimaginer facilement quel vacarme il y a ce jour-là ansommet de la tour.Sur un des piliers qui supportent la cloche placée ausommet de la tour, nous lûmes une inscription gravéeen espagnol sur une plaque de bronze, et dontnous donnons la traduction à cause du grand événementqu'elle rappelle.« Le deuxième jour de janvier l'i92 de l'ère chrétienne,après sept cent soixante dix-sept ans de dominalionarabe, la victoire étant déclarée, et cette ville étantlivrée aux S. S. rois catholiques, ou plaça sur celle toui',comme une des plus hautes de la forteresse , les troisétendards, insignes de l'armée castillane ;et les saintesbannières étant arborées par le cardinal Gonzalez deMendoza et par don Gutierre de Gardenas, le comte deTendilla agita l'étendard royal, tandis que les rois d'armesdisaient à haute voix : Granada qanadn (Grenadegagnée) par les illustres rois de Castille don Fernandoet dofialsabel. »Les auteurs ne sont pas d'accord sur la disposition d'espritdes habitants de Grenade pendant les joure qui suivirentla prise de possession de leur ville par les troupesespagnoles. Suivant quelques-uns, ils se trouvèrent siheureux de cet événement, que tous en pleuraient dejoie ; le son des trompettes guerrières et de mille instrumentsde musique résonna dans l'enceinte de r.\lhambra.Les Mores partisans du roi Boabdil, qui s'étaientdéclarés pour les chrétiens, et à la tête desquels était levaleroso Muça, se promenèrent par toutes les rues de laville au son des tambours, des trompettes et des dulzaynas; les cavaliers mores passèrent toute la nuit à exécuterle jeu des lances et toutes sortes d'exercices équestresauxquels les rois catholiques assistèrent avec le plusgrand plaisir. Cette nuit-là Grenade devint folle degaieté, et les illuminations étaient si brillantes qu'onaurait cru que la terre était en feu.Suivant le récit d'autres écrivains, récit beaucoupplus vraisemblable, Grenade était loin de présenter cetair de fête ; la ville avait un aspect triste et morne ; lesrues étaient silencieuses et désertes, car les habitantss'étaient renfermés dans leurs maisons pour pleurer laperte de leur ville.La reddition de Grenade excita dans tous les payschrétiens une sensation immense, comme peu de tempsauparavant parmi les musulmans la prise de Gonstantinople.A Rome, la chute de la cité moresque fut célébréepar une messe solennelle, par des processions etdes fêtes publiques. A Naples, on représenta à cette occasionune espèce de drame, Farsa, mélange allégoriquedans lequel la Foi, l'Allégresse et le faux prophètede Mahomet remplissaient les principaiLx rôles.Les Mores d'Afrique apprirent avec consternation latriste fin du royaume de Boabdil ; pendant plusieurs années,ils continuèrent à prier tous les vendredis dans lesmosquées pour que Dieu rendît Grenade aux musulmans;et aujourd'hui encore, lorsqu'ils voient un des leursmélancolicjue et pensif, ils disent : // pense à Grenade !Il ne nous reste que peu k voir avant d'entrer dans lepalais des rois mores ; l'église de Santa-Maria de laAlhambra, bâtie vers la fin du seizième siècle, n'a rienqui puisse nous arrêter, et nous en dirions autant del'ancien couvent des moines Franciscains, si leur églisen'avait ve^n, le 18 septembre 1504, la dépouille mortelled'Isabelle la Catholique, qui resta \h juscju'à ce qu'ellefut transportée dans la cathédrale de Grenade, après lamort de Ferdinand, son époux.Ces églises et bieu d'autres constructions occupent laplace de divers édifices moresques, de la grande Mezquita,du harem; l'aspect primitif est bien changé, hélas!et si un des rois de Grenade revenait, il pourraitdemander à Abenamar, Moro de la Moreria, comme onlui demandait dans le célèbre romance morisco :Quelles sont ces hautes forteressesQui brillent devant moi ?

fglio de lo3 Arrayanes (cour Jes Myrtes), — Dessin Jç Gustave PQi«,

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