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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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chet spécial et vraiment romanesque à cet épisode de mes

campagnes.

Le devoir m'avait conduit à mainte et mainte reprise

parmi ces tribus où prévaut l'odieuse coutume de l'infanticide.

Cet usage de mettre à mort les filles nouvellement

nées, bien qu'on ait pu le rattacher à quelque absurde

légende, est en réalité une conséquence de l'état

de misère où croupissent certaines populations. Les mères

l'acceptent avec une apathie surprenante ; elles en

parlent sans le moindre remords : « Nos maris l'exigent,

disent-elles, et au fait comment nourriraient-ils

un si grand nombre d'enfants? » D'un autre côté, lorsque

je demandais aux célibataires mâles pourquoi ils ne

s'étaient pas mariés, ils s'excusaient sur la i cherté des

femmes. » Je cherchai alors à leur démontrer que les

femmes seraient beaucoup meilleur marché si on élevait

les petites filles. Mais, malgré cette irrésistible logique,

je ne pense pas les avoir souvent convaincus, et ce fut

seulement par de solennelles menaces ainsi que par des

récompenses adroitement semées çà et là que je suis

parvenu à diminuer sensiblement le nombre de ces infanticides

traditionnels.

Ma dernière expédition chez les Khonds date du mois

de novembre 1853. J'avais précédemment parcouru

presque tous les districts que je visitai à cette époque,

et j eus le plaisir de trouver à peu près partout une

adhésion sans réserve aux principes que nous avions fait

prévaloir. Soit conviction sincère, soit obéissance passive,

le Mériah Poujah n'avait plus un seul champion

avoué. Dans deux ou trois localités cependant les chefs

me demandèrent : « Gomment nous excuser envers nos

dieux? ï Et voyant que je leur laissais à cet égard toute

liberté, un d'eus adopta la formule suivante qui me

mettait en cause avec une naïveté singulière : oc Xe vous

irritez pas, ù déesse, de ce que nous vous offrons le sang

des animaux au lieu de celui des hommes: si cependant

vous nous en voulez, déchargez votre colère sur le ijenlleman

d'Europe plus en état que nous de la supporter.

C'est à lui, non pas à nous, que le crime est imputable. »

Je citerai encore comme incident remarquable la

fuite d'un jeune Mériah qui, disait-il, aimait mieux

êti-e sacrifié chez les siens et pour leur faire plaisir plutôt

que de vivre dans la plaine , chez des étrangers aux

yeux desquels il n'avait aucune importance. Le chef de

Ryabiji auquel il appartenait me le ramena quelque

temps après en me reprochant de l'avoir laissé fuir :

1 Songez, me disait ce montagnard, un des plus beaux

et des plus intelligents que j'aie connus, songez qu'il a

déjà passé par toutes les cérémonies préliminaires et que

sa présence est pour nous une tentation continuelle.

Veuillez le garder un peu mieux. »

Il n'est donc pas vrai, comme on l'a dit à plusieurs reprises,

que la simple capture d'une victime, sa présentation

devant un agent de l'Etat lui ôte la valeur expiatoire,

profane son carai:tère sacré, lametpar conséquentàl'abri

de tout danger ultérieur. Je pourrais citer contre cette

théorie périlleuse trois exemples concluants de Mériahs

qui ont été immolées après avoir passé par nos mains.

LE TOUR DV :M0XPE. 351

.

Les tableaux suivants compléteront cette rapide esquisse

des efforts accomplis pendant di.x-sept ans (1837

à 1

854) pour en finir avec cet abominable débris des antiques

superstitions de l'Inde. Pendant ce laps de temps

nous avions sauvé :

Hommes- Femmes. Total.

Dans le Goomsur

101 122 223

BoatI

181 164 345

Chinnali Kimetly. 313 3.=)3 666

Jeypoie

77 116 193

Kalaliundy. . . . .

— 43 34 77

Patna

Pendant la même période nous avions fait enregistrer

mille cent cinquante-quatre Possiahs Poes, qui rendus

à leurs propriétaires sous la garantie des chefs de village

ne couraient plus aucuns risques d'être immolés.

On va voir ce que sont devenues les mille cinq cent six

Mériahs de tout âge et de tout sexe qui ont dû la vie au

développement de l'influence britannique dans le Khoudistan.

ReudiLs à leur lamille ou ailoptés dans la

plaine par des personnes dignes de toute

confiance

Mariées à des Khonds ou à des habitants

du plat pays

Entrés au service de l'État ou des particulieis

Moils depuis leur délivrance

Déserteurs ...

Élevés chez les missionnaires à Cuttack,

Berhampore et Balalora

Etablis comme cultivateurs dans diRérents

villages

Placés à l'asile

de Sooradah

Tntal.

mmes

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