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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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de me rendre aussi populaire que possible. Arbitre suprême

de leurs diflerends, je n'épargnais aucune peine

pour connaître à fond les causes qui m'étaient déférées;

mais je ne m'en laissais pas moins invariablement guider

dans mes décisions par un conseil composé de leurs anciens.

Aussi, ne contrai-iant jamais leurs idées de droit et

n'appliquant que les lois du pays, j'avais fini par acquérir

une influence considérable. Les chefs, que j'évitais soigneusement

de compromettre vis-à-vis de leurs subordonnés,

et qui trouvaient en moi, dans toute occasion,

un appui fidèle, me prêtaient en revanche un concours

zélé. Il va bien sans dire que la persuasion et les moyensconciliatoires

n'eussent pas suffi pour amènera mes fins

cette race indomptable et guerrière; je dus leur prouver

en mainte et mainte occasion, sans en venir aux dernières

extrémités, que j'avais en main, s'ils se montraient

sourds à la raison, de quoi faire prévaloir ma volonté.

Mais je n'avais recours qnen dernière analyse aux mesures

comminatoires, et, généralement porté à leur faire

en toute autre matière les plus amples concessions, je ne

me montrais inflexible que lorsque le grand objet de ma

mission revenait sur le tapis; il y revenait souvent et je

ne man([uais guère une occasion de flétrir devant eux

l'absurde et odieuse coutume à l'abolition de laquelle je

m'étais voué corps et âme.

Pendant quatre années consécutives je ne cessai d'avoir

l'œil sur eux et bien qu'établi dans les plaines,

j'allais au moins une fois l'an faire une tournée dans

leurs montagnes pour maintenir et accroître mon influence.

Tous leurs démêlés un peu essentiels m'étaient

soumis et je réglais jusqu'à leurs querelles de mé"age

où je dois dire que le sexe le plus faible, — impossible

ici de dire le beau sexe, — jouait presque toujours un

rôle fort actif. Je me mêlais aussi et avec un véritable

plaisir à leurs parties de chasse, condescendance bien

simple sans doute, mais qui m'établissait dans leur intimité

plus avant que des services tout autrement importants.

Il faut connaître ces tribus sauvages pour se

rendre compte de ce que je pus ajouter ainsi à mon autorité

siu" elles. Quand je n'étais pas chez les Khonds,

ils

affluaient à ma résidence dont je leur ouvrais librement

l'accès pour les mettre en contact le plus fréquemment

possible avec leurs voisins des basses terres. Je

tâchais aussi de les attirer aux foires du plat pays en

prenant toutes sortes de précautions pour les protéger

dans le principe contre les fraudes dont ils auraient pu

être victimes. Il ne se passa pas longtemps toutefois

sans que ces mesures de prudence devinssent parfaitement

superflues ; nos montagnards bientôt passés maîtres

en fait de négoce se tiraient d'affaire tout seuls.

J'instituai des poursuites sévères contre les misérables

qui faisaient métier d'enlèvements et de rapts. Trois

d'entre eux qui m'étaient particulièrement signalés, passèrent

en jugement et furent condamnés à la prison.

Une grande route pénétrant au cœur du Khondistan fut

signalée par moi comme le meilleur moyen d'y porter

les premiers germes de la civilisation et je fis

.LE TOUR DU MONDE. 343

valoir auprès

du gouvernement l'impérieuse nécessité d'étendre

les mesures prises pour la suppression du rite mériah

aux principautés voisines, leBoad et le Chinna-Kimedy;

dans le Goomsur même, l'accomplissement public des

sacrifices humains avait cessé tout à fait. De plus j'étais

parvenu à constituer une espèce d'état civil pour les

Possia-Poes ou serfs dont j'ai déjà eu occasion de parler.

On les traitait en général assez bien et leur vie ne courait

aucun danger immédiat Mais il suffisait qu'ils

pussent souffrir, à un moment donné, de quelque violente

réaction religieuse, pour qu'il fût sage d'ouvrir un

registre où ils étaient tous nominativement inscrits, avec

désignation d'âge, de sexe, etc. .\près l'accomplissement

de cette formalité on ne les rendait à leurs propriétaires

respectifs que sous la garantie personnelle de quelque

chef influent et bien placé, lequel s'obhgeait à les représenter

soit devant moi, soit devant un agent que je déléguerais

à cet effet toutes les fois que je jugerais convenable

de requérir cette comparution.

Pendant les quatre années dont je viens de parler et

qui constituent ce que j'appellerais volontiers ma première

campagne, j'avais mené une existence matériellement

très-pénible et cela dans un pays malsain, marécageux,

qui mine parmi nous autres Européens les

constitutions les plus robustes. Aussi ma santé se trouvait-elle

fortement ébranlée , lorsque dans les premiers

mois de 1842, mon régiment fut désigné pour prendre

part aux opérations militaires dont la Chine était alors le

théâtre Je sollicitai, j'obtins l'honneur de rentrer sous

les drapeaux et le capitaine Macpherson me remplaça

chez les Khonds. Son administration, qui dura deux ans,

fut marquée par une mesure déplorable : la destitution

de Sam Bissoi que des intrigants subalternes étaient

parvenus à noircir dans son esprit. Notre fidèle allié fut

remplacé par un prêtre de Tentilghur nommé Ootan

Singh. Mais les Khonds qu'on avait faussement représentés

comme hostiles à Sam Bissoi, se mirent presque

aussitôt en révolte contre leur nouveau chef que son

avarice, sa couardise et sa mauvaise foi signalaient à

leur mépris. Le capitaine Macpherson lui-même fut

contraint, après l'avoir porté au pouvoir, de solliciter sa

destitution.

IV

Revenu de Chine en janvier 1847, j'étais moi-même

occupé à réprimer une insurrection survenue du côté de

Golconde, lorsque je me vis rappelé sur le théâtre de

mes anciens travaux en remplacement du capitaine

Macpherson qui retournait à Calcutta.

Je retrouvai les tribus du Goomsur dans un état d'agitation

fiévreuse. Nos marches et contre-marches continuelles

les inquiétaient au plus haut point et leur faisaient

soupçonner de la part du gouvernement quelques

desseins hostiles. Il fallait avant tout les rassurer et j'v

parvins avec l'aide de Sam Bissoi que, sous ma responsabilité

propre, je me hâtai de replacer au pouvoir. Ma

satisfaction fut grande lorsque j'appris que pendant ma

longue absence aucun sacrifice humain n'avait eu lieu.

Je ne pus du moins constater aucune contravention à

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