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308 LE TOUR DU MONDE.
Jusqu'à Ây-mi-Hy, on remonte la vallée de So-?f /)<«.
A'j/-«ii-;ij/qui est épaleraent une petite ville de quatre
mille âmes, constiiiite dans les mêmes proportions et
fortifiée, ne présente rien de remarquable, sinon qu'elle
est bâtie sur les bords du fleuve Wen ho, qui y vient de
Suan-hoa-fou, et qui après avoir arrosé le nord de la
pronnce de Pe-tche-li, va se réunir près de Tien-lsin
au Pci-ho dont il est l'affluent le plus considérable.
L'auberge de Ky-mi-ny est en dehors de la ville, entourée
de beaux arbres, et bien aménagée; l'intérieur de
la cour y était couvert d'une grande tente en nattes qui
donnait une délicieuse fraîcheur.
En sortant de Ky-mi-ny, on traverse une nouvelle
chaîne de montagnes moins âpres et moins élevées que
celles de Tclia-tao.
De grands arbres verts en garnissent toutes les arêtes,
tandis que dans les gorges le vent du nord a accumulé
jusqu'à plusieurs pieds d'épaisseur les sables blancs du
désert de Goli : de loin,
les collines semblent couvertes
de grandes plaque^
de neige.
Plus on avance ,
plus le
chemin devient accidenté :
la vallée se resserre, et on
entre daus undéfllé à gauclie
duquel coule le fleuve
]yeii-lio profondément encaissé,
tandis qu'à droite
s'élève une colline à pic ;
en ccriains endroits , la
route est taillée en plein
rocher , très - étroite , et
presque impraticable pour
les voitures.
Toutes ces collines et
tous ces rochers qui encombrent
le cours du
Wcn-lio sont couverts de
belles fleurs écloses aux
premiers soùflles du printemps : les primevères blanches
et pourpres, les pivoines sauvages, les althieas, et
les saxifrages dont les hampes de fleurs roses s'élèvent
comme des cierges dans les anfractuosités.
Dès qu'on a franchi ces défilés, l'étroit chemin se
change en une large chaussée empierrée, plantée de
grands arbres, et la plaine environnante est couverte
d'une riche culture.
On y voit peu de villages, miis de toute part s'élèvenl
des fermes, dont les bâtiments sont entourés de vastes
champs de céréales.
On y cultive le sorgho dont les tiges semblables à de
gran Is roseaux s'élèvent à deux ou trois mètres de haut,
le tabac, le millet, le lin, le chanvre, le sésame, le blé
et surtout beaucoup d'orge; l'avoine pnrait y être inconnue.
Portî du d.Mlle U; l'OQ l-UO
Les champs sont encadrés de bordures de ricin dont
riiiiile est d'un si grand usage en Chine et morne de
plantes de coton herbacé; ce coton qui paraît appartenir
aune espèce particulière est cultivé en grand beaucoup
plus au nord dans la Mandchourie, jusque par quaraniecinq
degrés de latitude, et son introduction rendrait
sans doute un grand service à l'industrie agricole de
l'Europe tempérée.
Toutefois la sécheresse dont souffrent ordinairement
les campagnes aux environs de Suan-hoa-fou les rend
bien moins riches que celles situées au nord-est de
Pékin dont nous avons déjà eu l'occasion de parler.
Les Chinois, ces patients et merveilleux agriculteuis,
ont creusé à une grande profondeur dans les plaines de
Suan-/ioa une multitude de puits dont l'eau, amenée au
moyen d'un système de leviers dans de vastes réservoirs,
se déverse ensuite dans des rigoles qui sillonnent les
champs dans toute leur étendue ;
malheureusement,
dans les grandes chaleurs les puits se dessèchent, ce
qui n'a jamais lieu dans les vallées des fleuves, comme
le Pei-ho, le Hoang-ho ou
le Yang-tse-kiang.
Une heure çnviron
avant d'arriver à Suanhoa-fou
, deux cavaliers
accoururent à toute bride
à la rencontre des voyageurs;
ils descendirent de
cheval et mirent le genou
en terre en signe de respect
: c'étaient deux chrétiens
chinois envoyés pr
les missionnaires pour
laire honneur au ministre
de France.
Cependant tout annonçait
l'approche d'une grande
ville, des maisons de
campagne , des pagodes
des temples; sur la roulé
des muleis chargés de marde
.
rneroiid (l'iiurèâ "^ uae phoco^rauuie. r o r
i i-
cnandises;
-
puis
i
de temps
en temps des citenies autour desquelles s'élevaient des
tentes occupées par des colporljurs ambulants, ou des
huttes en torchis dans lesquelles de vieilles femmes
vendaient des rafraîchissements.
DE SUAN-HOA-FOU A LA GRANDE MURAILLE.
Entrée h Siian-hoa-ron. — Curiosité excessive dn la population. —
Bâtiments de la mission des lazaristes. — Hospitalité oiïcrte pai
les missionnaires. — Les musulmans hoeî-hoeî. — Le parc impérial.
— Enormes chiens mongols à la station de Sulia. —
Dunes de sable. — Là ville de Kalgan. — Héunion ;\ l'hûtelleri^'
des ministres de France, d'Angleterre et de Russie. — Réception
splendide. — Promenade dans la
ville. — Tartares. — llii-
— Tuicomans. — Marchands d'habits chinois. — Gran.l
béiains.
cora.nerce. — Description de Kalgan.
•1 \ l'entrée de Suan-hoa-fou, nous avons été reçus
par le chef des lazaristes et le pro-vicaire de la mission
(le Mongolie, venu exprès de Tsiii-houang-lseu, vilU de
la frontière.