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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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306 LE TOUR DU MONDE.

En approchant des montagnes qu'on voit (b'jà ?e dessiner

à l'horizon, la route devient de plus en plus aride

et pierreuse.

Une demi-heure avant d'arriver à .\aii-kao, les voyageurs

furent assaillis par des coups de vent et une pluie

glaciale d'autant j)lus incommodes que la route, encombrée

de pierres roulées par les torrents, est presque

impraticaible.

Naii-kao, où on arriva à quatre heures de l'aprèsmidi,

est située au pied des montagnes, au milieu d'un

terrain excessivement tourmenté : c'est un amoncellement

de pierres d'obsidienne et de talc, violettes, vertes,

oranges, formant un elïet extraordinaire; çà et là quelques

touffes de hoiLx et de genévrier percent seules au

milieu des rochers.

La ville, peu peuplée et très-pauvre, se compose d'une

rue principale, entourée de maisons éparses ; la campagne,

d'une aridité extrême, n'est pas cultivée.

Les habitants de Nan-kao ne subsistent que du trafic

qu'ils peuvent faire avec les voyageurs venant du Nord

qui s'y arrêtent généralement au sortir des défilés de la

montagne.

On n'y trouve que très-peu de ressources et de misérables

auberges ; cependant, les voyageurs y passèrent

une nuit tranquille.

Le lendemain 19 mai, à sept heures et demie du matin,

on s'engagea dans les montagnes, par une gorge

naturelle qui est un lit de torrent à sec rempli de rochers.

A première vue il semble imjiossible qu'on puisse

passer au milieu de ce chaos naturel, portant partout

l'empreinte du feu volcanique (jui souleva cette région

dans les premiers âges du monde.

On y remarque les débris d'une ancienne chaussée

vallée, qui a été détruite sous la dynastie des Mini/s pour

rendre plus difficile aux cavaliers nomades du désert

mongols et mandchoux le passage du défilé.

La natui-e avait merveilleusement disposé ces gorges

pour servir de défense aux grandes plaines du nord de

la Chine.

Mme de Bourboulon était en litière; mais, malgré la

sûreté du pied des mules qui la ]iortaient, elle avait à subir

d'aflVeux cahots.

Dans un des passages les plus étroits, où on rencontra

une charrette chinoise qui barrait le chemin, elle mil

heureusement pied à terre, car une des mules cassa im

brancard de la litière et s'emporta.

Elle dût continuer la route à cheval.

A mesure qu'on s'élevait dans la montagne, le vent du

nord soufflait avec violence, balayant devant lui des tourbillons

de poussière d'un sable lin apporté du désert.

Le défilé se rétrécissait de ])lus en plus : dans une

gorge étroite, bordée de chaque oôlé de rochers énormes

et h pic, le typhon s'engouiïrant avec une impétuosité irrésistible,

tout le monde descendit de cheval, et il fallut

pousser en avant et à force de bras les animaux (jui ne

voulaient plus avancer.

On était aveuglé p;ir la poussière et on marchait ii

l'aventure, au lisquc de se jeter dans les précipices.

Enfin la gorge s'élargit, et on arriva sans accident à

la station de Sin-ijoung-anian, située au milieu des montagnes.

C'est un \illagc comjiosé de ijiielques maisons, avec un

peu de végétation, dis granr's arbres et de l'eau.

On y déjeuna et on s'y repoia dans une petite auberge

très-propre, avec une jolie cour plantée d'arbres

verts.

Les hauteurs qui dominent Sm-yoi; ^ij-fOHon présentent

un phénomène digne d'admiration : lu montagne

est percée d'une série de portails naturels avec des

voûtes, des arceaux et des colonnades, imitant, à s'y méprendre,

l'architecture d'un palais de géants.

On ne peut attribuer qu'à un caprice de la nature cette

œuvre grandiose, car aucune main humaine n'aurait pu

travailler le granit indestructible de ces masses primitives.

A partir de Sin-young-couan, le défilé s'élève sensiblement,

et on arrive au point culminant de la montagne

par une chaussée presque à pic formée de dalles de

blocs granitiques taillés dans le roc vif.

Celte partie de la roule, qui parait plus moderne quicelle

qu'on avait traversée avant Sin-young-couan , est

moins mauvaise et moins encombrée de rochers.

Sur cette crête est une porte fortifiée défendant le passage,

el reliée des deux côtés par une muraille de six

mètres de haut qui couronne les hauteurs; deux autres

remjiarts rejoignent celui-ci et commandent tous les

points culminants du défilé.

Ces murailles sont en pierres brutes, crénelées et percées

de meurtrières; de distance en distance des tours

carrées, dont la plupart sont en ruine, s'élèvent au-dessus

des remparts.

C'étaient, avant l'invasion des IMandchoux. des posio;-

militaires se reliant les uns aux autres et surveillant tous

les passages.

Ce système de fortifications qui commence au sortir de

Nan-kao, se continue jusqu'aux abords de la grande

muraille, dont les remparts et les tours du défilé de

Tcha-lao ne sont qu'une ramification.

Toutes ces constructions, maintenant en ruine et akindonnées,

étaient regardées par les empereurs des dynasties

chinoises comme la meilleure barrière à opposer aux

invasions des Barbares.

Cependant, au treizième siècle, elles avaient laissi^

passer les Mongols sous la conduite des fils de Gengis-

Khan; elles ne protégèrent pas mieux, au dix-huitième

siècle, les empereurs Mings contre l'invasion des Mandchoux,

et les soldats du génie, qui accompagnaient le

ministre de France, s'amusèrent à escalader ces vieux

remparts, prouvant ainsi qu'ils ne défendraient j)as non

plus la Chine contre les Russes s'ils venaient l'attaquer

par le nord.

Pi-ès de la porte du défilé, (pii

est ornée de statues de

lions ailés, quelques-uns des voyageurs jiurent monter,

par un escalier formé de fragments de rochers énormes,

jusqu'à la cime de la montagne. De ce point , la vue est

magnifique : elle plane de cinq cents mètres de haut sur

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