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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE.

défendue là par un petit poste de tigres impériaux, et

on entra dans le faubourg du nord.

Sauf cette manifestation inopportune des serviteurs

chinois de la légation de France (pour les Chinois, il n'y

a pas de fête possible sans feux d'artifices), aucun honneur

officiel ne fut rendu aux voyageurs, et ils quittèrent

la ville comme de simples particulieis.

Cet incident moitié tragique, moitié comique, quiavait

signalé le moment du départ, eût été d'un sinistre présage

pour les superstitieux Chinois; il n'en aurait pas

fallu tant pour arrêter un mandarin.

La gi'ande route de Mongolie qu'où suit au sortir de

la Porte de la Victoire est bordée de chaque côté de

deux rangées de maisons et de petites pagodes où des

bonzes sollicitent les aumônes des fidèles, à grand renfort

de cloches et.de tamtams.

Des robiuiers, des saules et des jujubiers sont plantés

entourent Pékin et dont le sol, composé d'un tuf calcaire

recouvert à peine d'une légère couche de terre végétale,

est peu favorable à la culture.

La chaussée, assez bien entretenue au sortir de la

ville, devenait très-mauvaise : de grandes dalles de granit

oolithique usées par les eaux et par le frottement des

lourdes voitures de pierre qui viennent à Pékin, y forment

des escaliers abrupts qui font trébucher les chevaux

à chaque pas.

Du reste, le temps était magnifique, l'air frais, l'atmosphère

très-pure, et peu après on retrou\a un sol

bien cultivé , comme il l'est en général dans toute la

province du Pe-lche-li. Ici l'agriculture, comme dans

tout le Céleste-Empire, est la profession la plus honorable.

Les Européens ont pu voir le prince Kong, régent

de l'empire, se rendre en grande pompe ,

vers la fin de

mars 1861, au temple de l'Agriculture situé à l'extrémité

de la vdle chinoise à Pékin, et là, après avoir offert

des deux côtés, une foule de petites guinguettes bariolées

en rouge, en vert et en bleu et surmontées des afliches

les plus engageantes y débitent aux passants le thé,

un sacrifice au dieu protecteur des hommes, qui les encourage

au travail en leur donnant tous les

biens de la

l'eau-de-vie de sorgho, les œufs durs, les poissons frits et

fumés, les gâteaux à la graisse, les fruits confits au sucre

et au sel, et surtout des tranches de pastèques. On y

rencontre aussi, comme partout, des preneurs de rats.

Des caravanes de chameaux dirigées par des Mongols

et des Turcomans, des Thibétains aux figures sauvages,

aux accoutrements bizarres y campent , entourés de

curieux et d'une foule de petits marchands ambulants

qui cherchent à faire quelques bonnes affaires aux dépens

de la naïveté des barbares; ceux-ci y étalent leurs

ballots de marchandises ausoleil pour les faire sécher, et

y l'éparent leurs vêtements avariés par leur longue route

dans le désert, afin de faire bonne mine à leur prochaine

entrée dans la capitale.

Des troupes de mulets avec leurs clochettes y apportent

les denrées des provinces du sud-ouest, le sel du

Tle-choueii, le ihé de Hou-pc.

Quelquefois d'immenses troupeaux de bêtes à cornes,

de chevaux et de moutons envahissent les larges avenues

sous la conduite des habiles cavaliers du Tchakar qui les

rassemblent en poussant des cris gutturaux et à grands

coups de lanière; ces cavaliers, qui portent un uniforme

bleu, font partie de la grande organisation militaire

appelée le Tchakar, qui relève directement du domaine

privé de l'empereur, dont ils surveillent les pâturages et

les troupeaux sur celte lisière de la Terre des Herbes,

comprise entre la grande muraille, le grand coude du

Hoang-ho et la Mandchourie. Les cavaliers du désert,

Mandchoux ou Mongols, forment la force la plus réelle

et la plus dévouée sur laquelle puisse compter le Fils

du ciel; au nombre de vingt ou trente mille braves,

mais mal armés et indisciplinés, ils soutinrent, à la

bataille de Pali-kiao, tout le choc de l'armée anglofrançaise,

alors qu'aux premiers coups de canon les milices

chinoises avaient déjà pris la fuite.

Peu à peu, à mesure que les voyageurs traversaient les

faubourgs, la fuule diminuait, les maisons devenaient

plus rares, et ou entrait dans ces immenses plaines qui

terre, diriger lui-même la charrue et tracer plusieurs sillons;

une fuule de grands personnages, les ministres, les

maîtres de cérémonie, les grands officiers de la couronne,

et enfin trois princes de la famille impériale, ainsi qu'une

députation de laboureurs, accompagnaient le représentant

de l'empereur. Aussitôt que le prince Kong eut terminé le

labourage de la parcelle réservée qui était désignée par

une étiquette jaune, et qu'on eut replacé dans leur fourreau

les outils destinés au chef de l'Etat, les trois princes

de la famille impériale, puis les neuf premiers dignitaires

de l'empire conduisirent successivement la charrue

jusqu'à ce que le champ fût labouré en son entier; derrière

eux des mandarins inférieurs ensemencèrent les

sillons ouverts , tandis que les laboureurs recouvraient

avec des râteaux et des rouleaux les germes sacrés confiés

à la terre. Pendant toute la cérémonie, des chœurs

de musique et de symphonie ne cessèrent de se faire

entendre.

Cette inlelhgente protection, cet anoblissement de

l'agriculture ont eu d'immenses résultats : aucun pays

du monde n'est cultivé avec tant de soins et peut-être

avec plus de perfection que la Chine. 11 n'y a pas un

pouce de terrain perdu.

Dans le Pe-tche-li la propriété territoriale étant trèsdlvisée,

les exploitations agricoles se font sur une petite

échelle, mais l'intelligence avec laquelle elles sont dirigées

remédie aux graves inconvénients du morcellement.

On rencontre peu de villages ; en revanche un

grand nombre de petites fermes et de métairies s'élèvent

çà et là ombragées par quelques grands arbres. Les

bâtiments tiennent peu de place, et les paysans sont si

économes du sol qu'ils établissent leurs meules et leurs

gerbes sur les toits de leurs maisons disposés en plateforme.

S'ils ménagent le terrain, Lis ne se ménagent pas la

peine; grâce à l'abondance des bras et au bon marché

de la main-d'œuvre, ils ont pu adopter le mode de culture

par rangées alternatives qui leur permet de ne ja-

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