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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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276 LE TOUR DU MONDE.

naître les endioils où il passe comme s'ils étaient son

trajet journalier.

La pluie tombait par torrents; nous étions transpercés

et nous avions en peispective les fièvres que l'on gagne

presque toujours à Java, quand on a le malheur de se

laisser mouiller. Aussi prîmes-nous notre roule en plein

nord pour rejoindre au plus vite une maison où nous

abriter.

Ce détour me procura l'occasion de voir en pleine forêt

un mullipliaut gigantesque, vivant en liberté et étalant

tout à son aise ses puissants rameaux. Je donne le

dessin d'un des endroits les plus pittoresques de cet arbre,

car, à vrai dire, je n'ai pas pu savoir ni où il commençait,

ni où il finissait. Les coolies nous dirent qu'il

s'étendait loin dans la forêt; mais qu'ils n'\' étaient point

allés voir.

« Il y en a souvent ici, ajouta celui qui parlait, en

jetant des regards obliques sur les endroits les plus

touflus.

— Avez-vous entendu? me dit M. Abels. Il paraît que

nous sommes ici en dangereuse société.

Quelques pas plus loin, nous entendîmes les cris d'une

compagnie de paons, signe certain que l'Indien avait dit

vrai : car tigres et paons habitent toujours les mêmes

localités.

Nous ne vîmes rien cependant; mais le surveillant des

plantations de café chez lequel nous nous arrêtâmes,

nous assura que, la dernière nuit, un tigre était venu

rôder si près de sa maison, qu'il avait pu entendre sa

respiration à travers les cloisons de bambou, et que la

bête avait stationné plusieurs heures tout auprès de sa

chambre à coucher.

Enfin, ainsi que cela a toujours lieu au.\ Indes, la

pluie cessa brusquement comme elle était venue, et

Le palanqu.ri j<ivauais. — Dessin de M. de MuliOb

nous pûmes reprendre notre route vers Roghor, où nous

arrivâmes exténués de fatigue, vers sept heures du soir

et après quatorze heures de marche sous l'accablant

soleil de l'équateur.

Pendant les quelques jours de repos que je me donnai

|)Our me remettre de mes fatigues, j'assistai à une danse

de bayadères, donnée sous un banian des environs de

Eoghor.

L'arbre majestueux abritait sous ses nombreux rameaux

une foule accourue de tous les points du voisinage.

Au pied de l'arbre, se tenait l'orchestre {gamelliang)

principalement composé de sonneries, de gongs et

de tamtams, dans le bruit desquels se perdait le grincement

du violon indigène, fait d'une peau de serpent,

il'une carapace de tortue ou d'un coco évidé et dont l'archet

frotte alternativement les cordes par dessus et par

dessous.

Quelques instruments de bois h pavillons de cuivre

lançaient de lumps en temps des notes aiguës et stridentes

dans cet eflroyable vacarme, dont quelques petites

cymbales en étain accusaient le rhylhme. Toute

cette musique se résolvait toujours en d'épouvantables

coups de tamtam qui ébranlaient l'air de leurs formidables

vibrations.

Au centre des musiciens, une femme, debout sur une

natte, se livrait aux exercices de dislocation qui forment

la danse indigène. Le costume de la bayadère se compose

de l'inévitable sarhong, mais, ù la ceinture, pendent,

accrochés ]jar un de leurs coins, des mouchoirs de

toutes les couleurs, présents des nombreux admirateurs

de la Taglioni javanaise. La ceinture, en argent doré, et

quelquefois même en or, est agrafée sur le creux de

l'estomac par une belle plaque en orfèvrerie, de chaque

côté de laquelle pendent de jolies breloques malaises,

boîtes à pommade pour rehlanchir les dents, cassolettes,

clefs ciselées, etc. La taille est prise dans un corsage

blanc très-juste et sans manches, par dessus lequel se

croisent deux bandes pailletées d'or, l'une rouge et l'au-

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