LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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274 LE TOUR DU MOxNDE.Jburnit les chevaux. Il se désole du malentendu qui nousa fait faire la route à pied, nous donne deux belles jumentsornées de leurs poulains et renforce notre escortede deux hommes.La petite caravane reprend alors sa marche. Le wandourde notre Chinois ouvre la colonne, M. Abels vientensuite, moi après, et derrière moi les poulains, suivisde nos coolies. Nous marchons comme les Indiens lefont en pareille circonstance, l'un derrière l'autre, surune seule ligne. Après avoir franchi un torrent où nosmeilleurs chevau.x de France auraient laissé leurs jambes,nous gravissons une croupe de montagnes si escarpée,que j'avais toutes les peines du monde à ne pas passerpar dessus le troussequin de ma selle, et que je devaisde temps en temps me coucher sur le cou de ma bêtepour ne pas glisser de dessus son dos au bas de la côte.Enfin nous atteignons le sommet , où nous laissons uninstant reposer nos chevaux dont le soufûe haletant nenous dit que trop la fatigue.La magnificence de la vue m'aurait bien retenu là unpeu plus longtemps, mais il fallait avancer. Nous traversonsdes pays impossibles, des champs de rochers danslesquels nos chevaux disparaissent tout entiers et où jesuis forcé de ramener mes pieds sur ma selle pour n'avoirpas les jambes broyées par les pierres entre lesquellespasse ma monture.Mais nous voici maintenant lancés sur une descente sirapide et si longue, qu'à chaque instant je me voyais])assant par dessus le cou de mon cheval et roulant Dieusait où. Nous traversons une nouvelle rivière, et, aprèsbien des efforts pour remonter de l'autre côté, nous joignonsles plantations de muscades de Tcliien-Panas, oùun joli chemin couvert de gazon nous remet un peu denos émotions.La muscade mûre ressemble beaucoup à l'abricot :elle a la même couleur, la même grosseur; sa pulpe, lebrou, si je puis m'exprimer ainsi, s'ouvre à l'époque dela maturité et laisse voir à l'intérieur sa noix enveloppéede filaments d'un beau rouge. Les arbres, de forme pylamidaleet de la hauteur de nos grands pommiers, sontd'un vert foncé et plient sous l'abondance des fruits. Larécolte que j'ai sous les yeux doit représenter une fortune,car chaque noix se vend deux duils (quatre centimesenviron), et aussi loin que la vue peut s'étendre,je ne vois que des muscadiers.Mais les plantations de muscades et les sentiers gazonnésprennent fin, et nous voilà en face d'une muraillede verdure, vers laquelle notre inandour s'avance résolument.— Mais c'est notre chemin, me répondit-il.— Notre chemin, bonté divine! Ce mur? ce rempart? »En efl'et, qu'on se figure une sorte de gigantesquechamp de blé dont les tiges, plus grosses que le doigt,« Que fait notre guide? demandai-je h. M. Abels.auraient de six à sept mètres de hauteur et seraient reliéesentre elles par d'innombrables plantes grimpantes.Ce passage impraticable n'émeut pourtant nullementnotre mandour; appelant un des coolies à son aide ets'armant de son golok, il s'avance en sabrant à droite età gauche, sui\i du coolie qui abat ce qu'il a laissé debout,et nos chevaux s'engagent dans la tranchée que l'onouvre ainsi devant nous.Nous sommes dans les jungles (glagali).Au bout de quelques minutes nous ne voyons plusni ciel ni terre, et je me demande comment font nos Indienspour s'orienter; j'ai dans les coudes et dans les genouxdes milliers d'épines. De temps en temps noustraversons de vastes percées dont le sol foulé me donneà réfléchir.« N'y a-t-il pas des tigres dans ces parages? » dis-jeà mon compagnon.M. Abels appelle un de nos Malais et lui répète laquestion :« Apa-ada 7natlian s'ini? »Le Malais pàht sous sa peau dorée, répond que non etprie M. Abels de ne pas parler de cela.« J'ai manqué mon affaire, me dit alors celui-ci enfrançais; j'aurais voulu vous faire juger jusqu'à quelpoint les indigènes craignent le tigre; ils ne parlent jamaisde lui qu'à la troisième personne et ne prononcentjamais le mot mattian. »Cependant la végétation nous presse et nous enveloppe; nous traversons des fourrés de plantes arborescentes,fougères, glagas, bananiers sauvages, tellementrapprochées les unes des autres que je ne conçois pascomment nous pouvons avancer; les épines nous entrentplus que jamais dans les bras, daus les jambes, dans lafigure; les feuilles de glagas, tranchantes comme desrasoirs, nous coupent les mains : mais, pour consolation,nous voyons de temps en temps de jolis serpentsenroulés aux hautes herbes qui nous regardent passer.Après deux heures de cette pénible marche , nous atteignîmesune clairière où nous nous arrêtâmes. Hommeset chevaux étaient littéralement en sang, et nous avionsleplus grand besoin de quelques instants de repos. D'ailleursle temps était précieux. Le Salak est complètementinnaccessible du côté de Buitenzoorg; pour le gravir, ilfaut le tourner du côté du nord, et la journée s'avançait.Nous avions fait les trois qriarts de notre route, mais c'étaitle plus facile, et il nous restait ù franchir le dernierpic de la montagne.Après avoir pris des chevaux frais, expédiés à l'avancepar notre Chinois, nous nous remettons en route, et enune heure d'une marche accélérée au travers d'obstaclesinouïs, nous atteignons la base du cône du volcan. Noussommes dans ce que je puis appeler de bonne foi uneforêt vierge, car bien peu nombreux sont ceux qui ontfait l'ascension du Salak. Les arbres sont immenses; onpeut en juger surtout aux effrayants débris de ceux qui,tombés de vieillesse, forment des montagnes qu'il fautescalader au risque de se rompre le cou ;ces amas debois, rendus glissants par la chaleur humide des régionsélevées, constituent, avec les jungles, les endroits lesplus pénibles à parcourir que je connaisse : à chaquepas, on trébuche, on tombe sur ce sol mobile et roulant,et, de temps eu temps, on disparait dans des cavités moi-

LE TOUR DU MONDE. 275tes où un naturaliste enragé , à la recherche de reptiles,pourrait seul se plaire. Et puis les arbres debout sontpar endroits si serrés qu'ils laissent à peine place pourle passage et que l'on sent à la pression que leurs piedsvous font subir, les balancements que le vent imprime àleurs cimes.Rien ne saurait exprimer le calme grandiose des forêtsde l'Inde, interrompu seulement par le chant dequelques oiseaux, et spécialement de celui qui jette auxéchos une gamme chromatique très-prolongée et parfaitementexécutée. D'ailleurs tous les bruits qu'on entendici,au sein de cette nature vierge et vivace, font surl'Européen un effet étrange et nouveau; c'est parfoisune dispute de singes dans le lointain, ou le cri rauqued'un perroquet; c'est constamment et partout le douxroucoulement des tourterelles. Ici les harmonies du ventdans les arbres sont toutes différentes des chuchotementsde nos peupliers souslabrisedu soir ou des puissantséclats de voix de nos chênes sous les âpres soufflesde l'orage. C'est un bruit métallique, produit par lefrottement de feuilles luisantes et seulement dans lehaut des arbres, car ce n'est presque toujours que versla cime que les arbres des tropiques ont des feuilles Onentend très-peu de bourdonnements d'insectes. Parfoiscependant passent auprès du visage du voyageur, avecle ronflement d'une pierre lancée avec force, un gros insectenoir aux élytres luisants; parfois aussi d'énormespapillons, couleur de bois ou d'un noir irisé, dont le volpesant et silencieux a quelque chose d'effrayant ; ou bienencore, voisinage plus agréable, de longues demoiselles,au corsage rouge ou bleu de ciel, qui se croisent danstous les sens. Les troncs de certains arbres sont aussitapissés de nombreuses familles de petits écureuils gris,qui charment le voyageur par leurs mouvements vifs etleur mine éveillée.Dans les jungles règne un silence absolu, imposant,et qui cause comme une impression d'abandon et de solitude; à peine entend-on de temps en temps de rarescoassements de grenouilles.Arrivés à une portée de fusil du sommet de la montagne,nous sommes encore obligés de nous arrêter, épuisésde fatigue, de chaleur et de soif. Nos coolies se mettentalors à couper autour de nous tous les arbres qui gênentla vue et nous font de larges percées s'ouvrant d'uncôté sur le Bantan, en face sur Bata\ia, et de l'autrecôté, sur la chaîne du Pangrangho. Le panorama estmagnifique. Nous voyons le détroit de la Sonde, la merde Java et les navires en rade de Batavia, semblables àdes points noirs sur un ruban bleu. Les plaines qui sedéroulent à nos pieds offrent une splendide carte d'échantillonsde toutes les nuances du vert, depuis les grisargentés des caféiers jusqu'au vert tendre du riz naissant.Les routes serpentent, blanches et dorées, au milieude cet océan de verdure et se perdent au loin danscette brume opaline qui enveloppe la terre et le ciel,sans atténuer toutefois l'incandescente lumière dont lespremiers plans comme les fonds les plus reculés sontinondes à flots.Après avoir admiré tout à mon aise ce spectacle enchanteur,je voulus compléter mes jouissances en allumantun cigare; mais l'humidité avait tout à fait mishors de service nos allumettes et notre amadou. L'unde nos coolies, témoin de mon désappointement, disparutpendant quelques moments dans le fourré qui nousentourait et en sortit bientôt après tenant à la main unmorceau de bambou sec. Il s'en servit alors pour exécuterl'appareil appelé en malais mérodh ', si précieuxpour se procurer du feu dans n'importe quelle situation,et,au bout de quelques minutes, nos cigares étaient allumés.Cependant de gros nuages venant du sud-ouest s'avancentrapidement vers nous; le temps, beau jusqu'à remoment, se couvre, et une pluie, fine d'abord, puis torrentielle,nous force à renoncer à l'ascension complèteduSalak.Nous avons toutes les peines du monde à regagnerl'endroit où nous avonslaissé nos chevaux; le terrain,mouillé, détrempé, est plus glissant que la glace vive, etnos chutes sont plus fréquentes encore qu'à la montée.Bref nous nous demandons si nous rentrerons à Boghorsains et saufs.Nos habits sont en lambeaux, nos chaussures déchiréeset mon chapeau à l'air d'une monstrueuse peloteoù les épines remplacent les aiguilles.Sur Yaxis de nos coolies, et malgré l'horrible état dusol nous enfourchons de confiance nos moutures, et nousfaisons bien ;car nous fussions tombés dix fois là où noschevaux ne trébuchaient même pas. Rien de plus merveilleuxque l'instinct du cheval des montagnes de Java!Dans des pentes qu'un chien aurait de la peine à descendre,il s'assied sur ses jambes de derrière, s'en sertcomme d'un frein, et marche seulement des pieds dedevant. Attentif, la tête rassemblée, l'œil et l'oreilleconstamment tendus, il sonde du pied le terrain, il enteavec une incroyable adresse les racines glissantes, lesplantes rampantes, les plac[ues d'argile et semble con-1 . Le méroàh est certainement un des plus curieux instrumentsinventés par les peuples sauvages pour faire du feu. 11 se composede quatre pièces distinctes, dont une passive et trois actives.La première est un morceau de bambou de 40 centimètres delong sur 4 de large; l'une des extrémités est taillée en pointe, etl'un des côtés doit offrir un tranchant très-vif. — Les trois autrespièces sont d'abord deux morceaux de bambou se rapportant eiactementl'un à l'autre dans toute leur longueur et par leur tranche.Dans chaque tranche sont pratiquées de petites entailles qui vonten s' évasant vers l'intérieur du bambou et qui correspondent entreelles quand on rapproche les deux morceaux. Un dernier morceaude bambou, portant à sa surface convexe une entaille peu profondeet de la superficie d'une pièce de dix sous, s'adapte dans la concavitéque présentent les deux autres morceaux réunis.Pour obtenir du feu, on commence par planter solidement enterre le premier morceau de bambou en lui donnant une inclinaisonde 45° environ. On réunit alors, à l'aide des deux mains, les troisdernières pièces, après avoir placé, sous l'une des entailles évasées,un petit morceau de copeau de bambou, et il suffit de frotter lestrois pièces ainsi disposées et qui, pour ainsi dire, n'en formentplus qu'une, sur le tranchant du morceau de bambou planté enterre, en ayant soin que le fil de ce couteau improvisé passe aucentre de l'un des petits trous.Après quelques secondes de cet exercice, qui ressemble beaucoupà celui d'un homme qui scie du bois, la fumée parait, accompagnéed'une odeur très-sensible, et le feu ne tarde pas à se communiquerau petit tampon de copeau que l'on place alors sur un tamponplus gros : puis on active le' feu avec le souffle.

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tes où un naturaliste enragé , à la recherche de reptiles,

pourrait seul se plaire. Et puis les arbres debout sont

par endroits si serrés qu'ils laissent à peine place pour

le passage et que l'on sent à la pression que leurs pieds

vous font subir, les balancements que le vent imprime à

leurs cimes.

Rien ne saurait exprimer le calme grandiose des forêts

de l'Inde, interrompu seulement par le chant de

quelques oiseaux, et spécialement de celui qui jette aux

échos une gamme chromatique très-prolongée et parfaitement

exécutée. D'ailleurs tous les bruits qu'on entend

ici,

au sein de cette nature vierge et vivace, font sur

l'Européen un effet étrange et nouveau; c'est parfois

une dispute de singes dans le lointain, ou le cri rauque

d'un perroquet; c'est constamment et partout le doux

roucoulement des tourterelles. Ici les harmonies du vent

dans les arbres sont toutes différentes des chuchotements

de nos peupliers souslabrisedu soir ou des puissants

éclats de voix de nos chênes sous les âpres souffles

de l'orage. C'est un bruit métallique, produit par le

frottement de feuilles luisantes et seulement dans le

haut des arbres, car ce n'est presque toujours que vers

la cime que les arbres des tropiques ont des feuilles On

entend très-peu de bourdonnements d'insectes. Parfois

cependant passent auprès du visage du voyageur, avec

le ronflement d'une pierre lancée avec force, un gros insecte

noir aux élytres luisants; parfois aussi d'énormes

papillons, couleur de bois ou d'un noir irisé, dont le vol

pesant et silencieux a quelque chose d'effrayant ; ou bien

encore, voisinage plus agréable, de longues demoiselles,

au corsage rouge ou bleu de ciel, qui se croisent dans

tous les sens. Les troncs de certains arbres sont aussi

tapissés de nombreuses familles de petits écureuils gris,

qui charment le voyageur par leurs mouvements vifs et

leur mine éveillée.

Dans les jungles règne un silence absolu, imposant,

et qui cause comme une impression d'abandon et de solitude

; à peine entend-on de temps en temps de rares

coassements de grenouilles.

Arrivés à une portée de fusil du sommet de la montagne,

nous sommes encore obligés de nous arrêter, épuisés

de fatigue, de chaleur et de soif. Nos coolies se mettent

alors à couper autour de nous tous les arbres qui gênent

la vue et nous font de larges percées s'ouvrant d'un

côté sur le Bantan, en face sur Bata\ia, et de l'autre

côté, sur la chaîne du Pangrangho. Le panorama est

magnifique. Nous voyons le détroit de la Sonde, la mer

de Java et les navires en rade de Batavia, semblables à

des points noirs sur un ruban bleu. Les plaines qui se

déroulent à nos pieds offrent une splendide carte d'échantillons

de toutes les nuances du vert, depuis les gris

argentés des caféiers jusqu'au vert tendre du riz naissant.

Les routes serpentent, blanches et dorées, au milieu

de cet océan de verdure et se perdent au loin dans

cette brume opaline qui enveloppe la terre et le ciel,

sans atténuer toutefois l'incandescente lumière dont les

premiers plans comme les fonds les plus reculés sont

inondes à flots.

Après avoir admiré tout à mon aise ce spectacle enchanteur,

je voulus compléter mes jouissances en allumant

un cigare; mais l'humidité avait tout à fait mis

hors de service nos allumettes et notre amadou. L'un

de nos coolies, témoin de mon désappointement, disparut

pendant quelques moments dans le fourré qui nous

entourait et en sortit bientôt après tenant à la main un

morceau de bambou sec. Il s'en servit alors pour exécuter

l'appareil appelé en malais mérodh ', si précieux

pour se procurer du feu dans n'importe quelle situation,

et,

au bout de quelques minutes, nos cigares étaient allumés.

Cependant de gros nuages venant du sud-ouest s'avancent

rapidement vers nous; le temps, beau jusqu'à re

moment, se couvre, et une pluie, fine d'abord, puis torrentielle,

nous force à renoncer à l'ascension complète

duSalak.Nous avons toutes les peines du monde à regagner

l'endroit où nous avonslaissé nos chevaux; le terrain,

mouillé, détrempé, est plus glissant que la glace vive, et

nos chutes sont plus fréquentes encore qu'à la montée.

Bref nous nous demandons si nous rentrerons à Boghor

sains et saufs.

Nos habits sont en lambeaux, nos chaussures déchirées

et mon chapeau à l'air d'une monstrueuse pelote

où les épines remplacent les aiguilles.

Sur Yaxis de nos coolies, et malgré l'horrible état du

sol nous enfourchons de confiance nos moutures, et nous

faisons bien ;

car nous fussions tombés dix fois là où nos

chevaux ne trébuchaient même pas. Rien de plus merveilleux

que l'instinct du cheval des montagnes de Java!

Dans des pentes qu'un chien aurait de la peine à descendre,

il s'assied sur ses jambes de derrière, s'en sert

comme d'un frein, et marche seulement des pieds de

devant. Attentif, la tête rassemblée, l'œil et l'oreille

constamment tendus, il sonde du pied le terrain, il ente

avec une incroyable adresse les racines glissantes, les

plantes rampantes, les plac[ues d'argile et semble con-

1 . Le méroàh est certainement un des plus curieux instruments

inventés par les peuples sauvages pour faire du feu. 11 se compose

de quatre pièces distinctes, dont une passive et trois actives.

La première est un morceau de bambou de 40 centimètres de

long sur 4 de large; l'une des extrémités est taillée en pointe, et

l'un des côtés doit offrir un tranchant très-vif. — Les trois autres

pièces sont d'abord deux morceaux de bambou se rapportant eiactement

l'un à l'autre dans toute leur longueur et par leur tranche.

Dans chaque tranche sont pratiquées de petites entailles qui vont

en s' évasant vers l'intérieur du bambou et qui correspondent entre

elles quand on rapproche les deux morceaux. Un dernier morceau

de bambou, portant à sa surface convexe une entaille peu profonde

et de la superficie d'une pièce de dix sous, s'adapte dans la concavité

que présentent les deux autres morceaux réunis.

Pour obtenir du feu, on commence par planter solidement en

terre le premier morceau de bambou en lui donnant une inclinaison

de 45° environ. On réunit alors, à l'aide des deux mains, les trois

dernières pièces, après avoir placé, sous l'une des entailles évasées,

un petit morceau de copeau de bambou, et il suffit de frotter les

trois pièces ainsi disposées et qui, pour ainsi dire, n'en forment

plus qu'une, sur le tranchant du morceau de bambou planté en

terre, en ayant soin que le fil de ce couteau improvisé passe au

centre de l'un des petits trous.

Après quelques secondes de cet exercice, qui ressemble beaucoup

à celui d'un homme qui scie du bois, la fumée parait, accompagnée

d'une odeur très-sensible, et le feu ne tarde pas à se communiquer

au petit tampon de copeau que l'on place alors sur un tampon

plus gros : puis on active le' feu avec le souffle.

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