LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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264 LE TOUR DU MONDE.Après eux le bourreau (orang-Uam) venait seul;celui-là était un superbe noir velu d'un costume rougecollant. Enfin le cortège se terminait par les deuxautres condamnés et deux nouveaux détachements decavalerie et d'artillerie européennes. L'atrocité des supplicesauxquels j'allais assister devait me prouver encorel'utilité de tout ce déploiement de forces.Le procureur du roi donna lecture du jugement auxcondamnés amenés devant le pondok : la emme souriaittoujours.On commença par river à Iroid un anneau de Ter autourdu cou d'un des moindres acteurs de cette horriblescène. Agenouillé à terre, la tète posée sur une enclume,il reçut le choc d'une dizaine de coups de marteau. Unmouvement de sa part, une maladresse du forgeron, etil était !mort ; mais l'opération eut lieu sans accident.L'empereur tic solo (Jâia de Bida.On procéda alors à la fustigation. Le second condamné,la face tournée contre le poteau, les mains attachéesà la corde de la poulie, fut hissé par quatre vigoureuxopazes jusqu'à ce que la pointe de ses piedstouchât seule la terre. Deux autres opazes, armés derotings de deux mètres de long sur trois centimètres dediamètre et d'une flexibilité efirayante, vinrent se placerà droite et à gauche du poteau, à une distance mesuréede manière à ce que les cin'(uante derniers centimètresdu roting vinssent Irapper en plein sur le dos du patient.Alors après avoir posé son rotmg sur l'endroit où il allaitfrapper, le premier opaze lui lit décrire une courbeterrible et le laissa retomber de toutes ses forces; levêtement fut entamé. Une demi-minute s'écoula et lesecond opaze frappa le second coup; le sang jaillit violemment.C'étaient vingt-cinq coups de roting que cethomme était condamné à recevoir ; un Européen n'yeût pas résisté, mais lui, quoique son dos ne fût bientôt

LE TOUR DU MONDE. 265plus qu'une plaie, ne poussa pas une seule plainte, neperdit pas connaissance, ne changea même pas de physionomie'.Ordinairement, après une fustigation, le malheureuxcondamné met du poivre frais sur ses blessures et prévientainsi la gangrène par l'activité que ce remèdehéroïque donne à la circulation du sang : on m'assuradu moins ce fait que je n'ai pu vérifier par mes yeux.Mais abrégeons ce pénible récit.Il ne restait donc plus que les deux condamnés àmort. L'homme, dans un état complet d'insensibilité,fut amené à reculons jusqu'au pied de l'échelle, sur lepremier échelon de laquelle était déjà le bourreau, tenantà la main une corde terminée d'un bout par unesimple boucle et de l'autre par un nœud coulant : lebouri'eau gravit alors les degrés, suivi par quatre opazesLe sultan de Djokojokkarta (Java; en petit costume.— Dessin de Bida.C[ui portaient le condamné et il l'accrocha à l'une deschevilles, afin que fût exécuté à la lettre le texte du jugementqui ordonnait que le coupable fût pendu haut etopazes qui s'exerçaient à couper, en trois coups de roting, destroncs de bananiers de vingt-cinq à trente centimètres de diamècourt,jusqu'à ce que mort s'ensuivît. Le malheureuxmourut immédiatement. Quant à la femme, qui jusquelàavait fait bonne contenance, dès qu'elle fut au pied1. A propos de ce supplice, je veux citer un fait que le moindrecommentaire affaiblirait certainement.Je vis une fois, dans le jardin d'une prison préventive, deuxtre. Je demandai à un de ces hommrs ce que lui avaient fait cespauvres arbres pour leur faire subir un pareil traitement.<> Rien, me répondit-il; mais M. le commissaire nous donne uneroupie chaque fois que nous coupons un bananier en trois coups...,et c'est demain jour de fustigation, v

264 LE TOUR DU MONDE.

Après eux le bourreau (orang-Uam) venait seul;

celui-là était un superbe noir velu d'un costume rouge

collant. Enfin le cortège se terminait par les deux

autres condamnés et deux nouveaux détachements de

cavalerie et d'artillerie européennes. L'atrocité des supplices

auxquels j'allais assister devait me prouver encore

l'utilité de tout ce déploiement de forces.

Le procureur du roi donna lecture du jugement aux

condamnés amenés devant le pondok : la emme souriait

toujours.

On commença par river à Iroid un anneau de Ter autour

du cou d'un des moindres acteurs de cette horrible

scène. Agenouillé à terre, la tète posée sur une enclume,

il reçut le choc d'une dizaine de coups de marteau. Un

mouvement de sa part, une maladresse du forgeron, et

il était !mort ; mais l'opération eut lieu sans accident.

L'empereur tic solo (J<ivaj en grund cuàlume. — De:>âia de Bida.

On procéda alors à la fustigation. Le second condamné,

la face tournée contre le poteau, les mains attachées

à la corde de la poulie, fut hissé par quatre vigoureux

opazes jusqu'à ce que la pointe de ses pieds

touchât seule la terre. Deux autres opazes, armés de

rotings de deux mètres de long sur trois centimètres de

diamètre et d'une flexibilité efirayante, vinrent se placer

à droite et à gauche du poteau, à une distance mesurée

de manière à ce que les cin'(uante derniers centimètres

du roting vinssent Irapper en plein sur le dos du patient.

Alors après avoir posé son rotmg sur l'endroit où il allait

frapper, le premier opaze lui lit décrire une courbe

terrible et le laissa retomber de toutes ses forces; le

vêtement fut entamé. Une demi-minute s'écoula et le

second opaze frappa le second coup; le sang jaillit violemment.

C'étaient vingt-cinq coups de roting que cet

homme était condamné à recevoir ; un Européen n'y

eût pas résisté, mais lui, quoique son dos ne fût bientôt

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