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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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Avant de passer du kamjjOng chinois dans le kampong

javanais, je dois visiter le grand marché couvert,

ainsi nommé par opposition aux

LE TOUR DU MONDE.

marchés en plein vent

que l'on rencontre partout dans les villes de l'Inde.

Ce bâtiment se compose de trois longues galeries

parallèles, formées par d'énormes piliers soutenant un

toit qui s'abaisse de chaque côté jusqu'à hauteur

d'homme ; à l'intérieur, dans des magasins de diverses

grandeurs séparés par des cloisons de bambou, les

marchandises sont étalées, les unes sur la terre nue,

les autres sur le bali-bali. Dans cette vaste halle, tous

les produits du pays sont réunis pêle-mêle ; les légumes

s'y vendent à côté des étoffes, l'arme tout près de la

batterie de cuisine. Ici, un boucher détaille la viande

d'un buffle qui vient d'être abattu, côte à côte avec un

marchand de poisson qui dépèce un requin ou vend

Vikanquuc, le poisson le meilleur et le plus fin de la

mer de Java.

Les odeurs les plus repoussantes mêlées aux parfums

les plus exquis, le jasmin et la marée, l'œillet, le benjoin,

l'horrible puanteur qu'exhale le dourian, le plus gros

de tous les fruits ; l'ùcre saveur des mèches de fibres

de coco, qui brûlent constamment h l'intention des fumeurs,

viennent tour à tour frapper mon odorat : mais,

chose singulière, ce qui, à lialavia, avait naguère failli

m'asphyxier, n'est plus pour moi qu'une sensation

Marché en [jlein

— Dessin de M. de Molins.

superficielle, et je prévois que je m'y habituerai, aussi

bien ([u'à l'atmosphère torride du pays, dont je me surprends

déjà souvent à goûter avec délices les brûlantes

caresses.

Le quartier javanais est lui aussi une ville, mais une

ville de bambou et d'atap ', où l'on ne rencontre que

trois ou quatre bâtiments en maçonnerie : la mosquée

javanaise avec ses portes, son enceinle sacrée et le tombeau

des Radhcn', et le grand cimetière javanais, entouré

de murs percés de portes monumentales.

1. Feuilles lancéolées de nipah ou de bambou sirap.

2. Voy. le Magasin pittoresque d'octobre 1863, qui a donné de

ce monument un dessin et une description détaillée.

Ce cimetière constitue une des différences essentielles

entre les nationalités malaise et javanaise. Les Malais

enterrent leurs morts n'importe où, aussi bien à la

porte de leurs cabanes qu'au milieu de leurs champs,

tandis que les Javanais, anciens maîtres du pays, organisés

en société, réunissent les leurs dans une enceinte

consacrée à cet effet, et dans laquelle des enclos spéciaux

destinés aux diverses classes, essayent de rappeler,

même après la mort, la vanité des distinctions sociales.

C'est dans ce cimetière que je vis pour la première

fois le prince indigène de Soêrabaïja : il venait d'accomplir

des prières sur le tombeau de ses pères. Son costume,

d'une extrême Bim])licilé, ne se distinguait du

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