LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa
»2Wi LE TOUR DTl MONDE.découverlc, dit à Ilieu : « Tiiemoi, mais laisse vivre« mon enfant, i« Alors Dieu, pour l'éprouver, brandit le contenu qn'iltenait à la main et lui dit tu vas mourir; réfléchis doncavant cjue je ne frappe. « Frappe, "- répondit l'iiomnie.Dieu fit briller le poignard sans que l'homme murmurâtni ne frémit, mais il ne lui fit qu'une légèreblessure au cou que tachèrent ((uelques gouttes desang.'< Dieu prit ce sang et le répandit sur la terre qui engendrale riz. 11 dit à l'homme de le sarcler trois foisavant sa maturité, de n'en récolter que les épis, de lessécher au soleil et de les conserver en grenier ; de lesbattre pour détacher les grains; de les piler pour en séparerle son ; de ne manger que le grain et de livrer leson aux animaux domestiques.« Puis il lui appiit à le cuire et à le manger.• Puis Dieu dit à b femme : •' L'homme sera le maître« de l'enfant parce qu'il a préféré la vie de l'enfant à la" sienne, et tu lui seras soumise. »C'est depuis ce temps que le père est le chef de lafamille et que l'homme connaît le riz et le mange. »Dans cette fable on croit reconnaître l'influence arabeet un souvenir du sacrifice d'Abraham; le nom deNossi-Ibrahim ou île d'Abraham, donné h la petite îlede Sainte - Marie, prête quelque fondement à cettesupposition.Voici uue autre fable.LE SANGLIER ET LE C.'iÏMAN.» Un sanglier en maraude suivait les bords escarpésd'une rinère où s'ébattait un énorme ca'iman en— Attends, nous allons voir. »« En disant ces mots le sanglier donne un coup deboutoir et fait écrouler une énorme moite de terre sur latète du caïman, qui reste étourdi sur le couj).• Tu es fort, dit-il après s'être remis; mais à ton fourattrape cela. »« Et lançant au sanglier surjiris toute une trombed'eau, il l'envoya rouler loin de la rive.iJe te reconnais pour mon aîné, s'écrie le sanglier ense relevant, et je brûle d'impatience de mesurer ma forceavec toi.— Descends donc, dit le caïman.— Monte un peu, je descendrai.— Soit. .« D'un commun accord ils se dirigent sur uue pointede sable où lecaïman n'avait de l'eau qu'à mi-corps.« Le sanglier bondit alors, tourne autour de lui, évitesa gueule formidable, et saisissant l'instant favorable, illui ouvre d'un coup de ses défenses, le ventre, de latête il la queue.< Lecaïmanrassemble ses dernières forces, et profitantdu moment où le sanglier passe devant sa gueulebéante, il le saisit par le cou, le rive entre ses dents etl'étrangle.a Ils moururent tous deux laissant indécise la questionde savoir quelétait le plus fort.« On tient ces détails d'une chauve-souris présente aucombat. »Au dire des lettrés, cette fable dans la bouche d'unMalgache connaissant bien sa langue et doué d'une imaginationbrillante, a beaucoup de mouvement et prendle ton élevé de l'ode et de l'épopée.Un autre apologue rappelle de loin « le renard el lecorbeau.quête d'une proie. Averti par les grognements du sanglier,le caïman se dirige vivement de son côté :le« Salut, lui dit -il.— Finaritria!.... finaritria, répond le sanglier.— Est-ce toi dont on parle tant sur la terre ? demandecaïman.— C'est moi-même.... el toi, serais-tu celui quidésole ces rives paisibles? répond à son tour le sanglier.C'est moi-même, dit le caïman.Je voudrais bien essayer ta force....A ton aise, de suite si tu veux.Tu ne brilleras guère au bout de mes défenses.Prends garde à mes longues dents.— Mais, ditle caïman, dis-moi donc un peu commentl'on t'appelle.— Je m'ajipelle le père coupe lianes sanslnirhe, fouillesonges sans bvche, prince ilc la dvsiruvtion, et toi, peux-tume dire ton nom?— Je m'appelle celui qui ne gonfle pas dans l'eau;dormez, il mange ; ne donnez pas , il mange quandmême.— C'est bien, mais quel est l'aîné de nous deux'.'— C'est moi, dit le caïman : car je suis le jilus gros etle plus fort.LA COULEUVRE ET LA GRENOUILLE.Une grenouille fut surprise en ses ébats par la couleuvre,son ennemie ; la couleuvre la retenait par sesjambes de derrière.n Es-tu contenir, demanda la grenouille'?— Contente , réjiondit la couleuvre en serrant lesdents.— Mais quand on est contente on ouvre la boucheet l'on jnonouce ainsi : contente ! (en malgache kavo).— Contente, » dit la couleuvre en ouvrant la bouche.« La grenouille se voyant dégagée lui donna des deuxpattes sur le nez et s'enfuit. »La morale est que l'on jieut se tirer de danger avec dela présence d'esprit.Nous avons dit que le village de Nossi-Malaza, placé endehors de la roule de Tananarive et moins à ])orlée dela griffe ova, jouissait d'une prospérité relative. Leshommes avaient un air de bien-être qui me charma etlorsque je pénétrai dans la case du chef je fus étonnéde l'abondance qui semblait y régner.La case contenait un lit garni de nattes fines. D'uncôté se trouvaient empilés des vêtements, des pièces
.,de rabanes et d'étoffes pour les renouveler; de Tautieun grand approvisionnement de riz devait fournir à laconsommation de la famille. Le foyer et les divers ustensilesse trouvaient dans un coin.Je vécus trois jours au milieu de ces gens si doux,entouré de soins et d'égards; je leur avais accordé uneaffection vraie, comme j'avais conquis la leur et lorsqueje partis, tous m'accompagnèrent au rivage. 3j'aïeulede la tribu, la femme du vieux chef voulut me bénir; elcomme les flots soulevés menaçaientma pauvTe pirogue,elle étendit ses bras commeune prophétesse, priant le cield'apaiser les vents, afin cfuele Vasa put sans péril regagnersa demeure et revoir sapatrieIl n'y avait point là decérémonie de commande. L'impromptude cette scène d'adieu,l'invocation touchante del'aïeule, ces vœux, cette prièreprouvaient que le cœur parlait;le mien y répondit. J'avouenaïvement mon émotionet ce charmant souvenir nes'effacera point de ma mémoire.La tirelire du géant d'Arafif. —Soamandrakisai. — FerdinandFiche et les Ovas. — Souper. —Une nuit à l'tiabitation. — Le<escla\e3.En quittant Nossi-Malazanous suivîmes d'autres canauxdont quelques-uns étaient tellementétroits qu'à peine notrepirogue pouvait y passer. D'autresétaient larges comme unlleuve, et, tous également barrésau moyen de claies deroseaux, formaient autant depêcheries destinées à nourriileshabitants. Nous visitâmesles îles éparses çà et là. Quelques-unes,plantées de manguiersd'une verdure éternelle,servent de retraite aux riches habitants de Tamatave.Dans l'une d'elle.=, Ferdinand nous montra latirelire du géant d'Arafif.Cette tirelire est une sphère de quatre-vingt-dix cenlimètres de diamètre, munie d'une petite ouverture ,qui fut selon la légende, laissée en cet endroit par legéant d'Arafif, puissant roi du nord, auquel on prêteune foule de hauts faits. Une autre version prétendqu'elle fut apportée par Benyouski lorsqu'il vint conquérirle sud de Madagascar. Ce ne pourrait être enLK TOUR DU MONDE. ilôAndriar.-Mandrcasso, gouverneur de Tamatave (voy. p. Mo)Dessin de G. Staal.ettout cas que l'un de ses lieutenants, car il ne fitjamais en personne d'expédition dans ces parages;l'urne me parut être d'origine arabe; elle est fortancienne et quelques forbans durent la laisser sur cesrivages.Quoi qu'd en soit, la crédulité malgache en fît unobjet de sainteté, une relirpie vénérable, et le lieu oùelle gît est devenu le but d'un pèlerinage. ChaqueMalgache passant dans les environs se détournait dei-a route et venait selon sesmoyens déposer une offrandedans la tirelire sacrée ;le trésors'accrut avec le temps,et lorsf£ue le fétiche contintdans ses flancs une sommeassez considérable, des Ovassacrilèges portèrent la mainsur le dieu ventru : ils brisèrentla tirelire et s'emparèrentdu contenu.Aujourd'hui l'ancienne idolegît éventrée comme une citrouilledesséchée; les fidèlesnéanmoins viennent encore enpèlerinage, prodiguer à leurfétiche profané de nouvellesmais plus innocentes offrandes: le sol tout alentourest jonché de pattes de poulets,de cornes de bœufs, depetits morceaux de rabaneset de nœuds de roseaux pleinsde betza-betza. D'une valeurtrop minime pour tenter lacupidité des incrédules, cespauvres hommages restentépars auprès de la tirelireet jettent sur ce coin deterre un voile de désolationrecouvert de sauvage poésie.Nous ramassâmes religieusementun morceau de ce dieutombé et nous le gardonscomme souvenir de l'inconstancedes hommes et de lafragilité de leurs croyances.De l'île de Papay où setrouvait la tirelire, nous allâmesdéboucher dans la rivière d'Ivondrou que nousavions quittée quelques jours auparavant et qu'il nousfallut remonter pour atteindre Sûamacdrakisai.Les bords de la rivière sont plats et dénués de végétation;la chaleur était accablante; cinq journéesd'excursions nous avaient abattus, et nous arrivâmesavides de repos.Soaniandrakisaï est une vaste distillerie montée jadispar M. Delastelle et dont Ferdinand Fiche est anjour-J'hui le directeur. Comme d'après le code ova et lu vo-
- Page 171 and 172: .excellenceLE TOUR DU MONDE. 163la
- Page 173 and 174: LE TOUR DU MONDE. 165comme une peau
- Page 175 and 176: LE TOUR DU MONDE. 167porté (le leu
- Page 177 and 178: LE TOUR DU MONDE. ie9projet ou au p
- Page 179 and 180: LE TOUR DU MONDE. 171sur cette plag
- Page 181 and 182: .,rapace d'une tortue. Parfois plus
- Page 183 and 184: ,LE TOUR DU MONDE. 175la duuleui',
- Page 185 and 186: LE TOUR DU M UN DU 177VOYAGE DE L'O
- Page 187 and 188: LE TOUR DU MONDE. 179façon que leu
- Page 190 and 191: 182 LE TOUR DU MONDE.niveau du mép
- Page 192 and 193: 184 LE TOUR DU MONDE.j'avais pris m
- Page 194 and 195: 186 LE TOUR DU MONDE.viiraius de la
- Page 196 and 197: 188 LK TOUR D[J MONDElard un voNafr
- Page 198 and 199: 190des tribus précitées, nous ajo
- Page 200 and 201: 192LEsortit tout il coup d'entre le
- Page 202 and 203: 194 LE TOUR DU MONDE.largeur aiaxim
- Page 204 and 205: ,ig^îLE TOUR DU MONDE.lui ont valu
- Page 206 and 207: 198 LE TOUR DU MONDE.blanche agité
- Page 208 and 209: 200 LE TOUR DU MONDE.hauteur de deu
- Page 210 and 211: 202 LE TOUR DU MONDE.dessus de leur
- Page 212 and 213: 204 LE TOUR DU MONDE.Belanimènes,
- Page 214 and 215: I206 LE TOUR DU MONDE.Madagascar sa
- Page 216 and 217: 208 LE TOUR DU MONDE.el malgré sa
- Page 218 and 219: ,210 LE TOUR DU MONDE.place et dans
- Page 220 and 221: .212 LK T(»Un Dr MONDE.Pour son ch
- Page 224 and 225: ,216LE TOUR DU MONDE.lonté de Raii
- Page 226 and 227: 218 LE TOUR DU MOXDK.mie intellit;i
- Page 228 and 229: 220 LE TOUR BU MONDE.ser Juliette,
- Page 230 and 231: ,222 LE TOUR DU MONDE.lui semble, e
- Page 232 and 233: Grand lalauicr. — Dessin de Cdlen
- Page 234 and 235: lorsque226 LE TOUR DU MONDEOccupero
- Page 236 and 237: 228 LK TOUR DU AIOXDE.malheureuses,
- Page 238 and 239: ,230 LE TOL'R DU MONDE.terrain caiL
- Page 240: 232 LE TOUR DU MONDE.tueux torrent.
- Page 243 and 244: " *^ '
- Page 246 and 247: £38 LE TOUR DU MONDE.des Indiens,
- Page 248 and 249: 240 LE TOUR DU MOXDE.ne dépassasse
- Page 250 and 251: !242 LE TOUR DU MONDE.Thouann— Ti
- Page 252 and 253: 244 LE TOUR DU MONDE.indigènes, co
- Page 254 and 255: 246 LE TOUR DU MONDE.moi portant de
- Page 256 and 257: 248 LE TOUR DU MONDE.ces dames fran
- Page 258 and 259: 250 LE TOUR DU MONDE.ville, et auss
- Page 260: 2Ô2Avant de passer du kamjjOng chi
- Page 263 and 264: I''par'épouse'gentI'!l'alimentatio
- Page 265 and 266: LE TOUR DU MONDE. 257VOYAGE A JAVA,
- Page 267 and 268: Tout rentre alors dans l'ordre prim
- Page 269 and 270: LE TOUR DU MONDE.celle de l'opium,
- Page 271 and 272: LE TOUR DU MONDE. 263sait de surmon
.
,
de rabanes et d'étoffes pour les renouveler; de Tautie
un grand approvisionnement de riz devait fournir à la
consommation de la famille. Le foyer et les divers ustensiles
se trouvaient dans un coin.
Je vécus trois jours au milieu de ces gens si doux,
entouré de soins et d'égards; je leur avais accordé une
affection vraie, comme j'avais conquis la leur et lorsque
je partis, tous m'accompagnèrent au rivage. 3j'aïeule
de la tribu, la femme du vieux chef voulut me bénir; el
comme les flots soulevés menaçaient
ma pauvTe pirogue,
elle étendit ses bras comme
une prophétesse, priant le ciel
d'apaiser les vents, afin cfue
le Vasa put sans péril regagner
sa demeure et revoir sa
patrie
Il n'y avait point là de
cérémonie de commande. L'impromptu
de cette scène d'adieu,
l'invocation touchante de
l'aïeule, ces vœux, cette prière
prouvaient que le cœur parlait;
le mien y répondit. J'avoue
naïvement mon émotion
et ce charmant souvenir ne
s'effacera point de ma mémoire.
La tirelire du géant d'Arafif. —
Soamandrakisai. — Ferdinand
Fiche et les Ovas. — Souper. —
Une nuit à l'tiabitation. — Le<
escla\e3.
En quittant Nossi-Malaza
nous suivîmes d'autres canaux
dont quelques-uns étaient tellement
étroits qu'à peine notre
pirogue pouvait y passer. D'autres
étaient larges comme un
lleuve, et, tous également barrés
au moyen de claies de
roseaux, formaient autant de
pêcheries destinées à nourriiles
habitants. Nous visitâmes
les îles éparses çà et là. Quelques-unes,
plantées de manguiers
d'une verdure éternelle,
servent de retraite aux riches habitants de Tamatave.
Dans l'une d'elle.=, Ferdinand nous montra la
tirelire du géant d'Arafif.
Cette tirelire est une sphère de quatre-vingt-dix cen
limètres de diamètre, munie d'une petite ouverture ,
qui fut selon la légende, laissée en cet endroit par le
géant d'Arafif, puissant roi du nord, auquel on prête
une foule de hauts faits. Une autre version prétend
qu'elle fut apportée par Benyouski lorsqu'il vint conquérir
le sud de Madagascar. Ce ne pourrait être en
LK TOUR DU MONDE. ilô
Andriar.-Mandrcasso, gouverneur de Tamatave (voy. p. Mo)
Dessin de G. Staal.
et
tout cas que l'un de ses lieutenants, car il ne fit
jamais en personne d'expédition dans ces parages;
l'urne me parut être d'origine arabe; elle est fort
ancienne et quelques forbans durent la laisser sur ces
rivages.
Quoi qu'd en soit, la crédulité malgache en fît un
objet de sainteté, une relirpie vénérable, et le lieu où
elle gît est devenu le but d'un pèlerinage. Chaque
Malgache passant dans les environs se détournait de
i-a route et venait selon ses
moyens déposer une offrande
dans la tirelire sacrée ;
le trésor
s'accrut avec le temps,
et lorsf£ue le fétiche contint
dans ses flancs une somme
assez considérable, des Ovas
sacrilèges portèrent la main
sur le dieu ventru : ils brisèrent
la tirelire et s'emparèrent
du contenu.
Aujourd'hui l'ancienne idole
gît éventrée comme une citrouille
desséchée; les fidèles
néanmoins viennent encore en
pèlerinage, prodiguer à leur
fétiche profané de nouvelles
mais plus innocentes offrandes
: le sol tout alentour
est jonché de pattes de poulets,
de cornes de bœufs, de
petits morceaux de rabanes
et de nœuds de roseaux pleins
de betza-betza. D'une valeur
trop minime pour tenter la
cupidité des incrédules, ces
pauvres hommages restent
épars auprès de la tirelire
et jettent sur ce coin de
terre un voile de désolation
recouvert de sauvage poésie.
Nous ramassâmes religieusement
un morceau de ce dieu
tombé et nous le gardons
comme souvenir de l'inconstance
des hommes et de la
fragilité de leurs croyances.
De l'île de Papay où se
trouvait la tirelire, nous allâmes
déboucher dans la rivière d'Ivondrou que nous
avions quittée quelques jours auparavant et qu'il nous
fallut remonter pour atteindre Sûamacdrakisai.
Les bords de la rivière sont plats et dénués de végétation;
la chaleur était accablante; cinq journées
d'excursions nous avaient abattus, et nous arrivâmes
avides de repos.
Soaniandrakisaï est une vaste distillerie montée jadis
par M. Delastelle et dont Ferdinand Fiche est anjour-
J'hui le directeur. Comme d'après le code ova et lu vo-