01.07.2021 Views

LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

204 LE TOUR DU MONDE.

Belanimènes, tril)u révoltoc qui gagna celle épilliète par

sa honteuse défaite sur la langue de terre que nous

avons doublée. Belanimènes vient debe (beaucoup), lani

(terre) et mène (rouge), parce que la tribu en question,

battue et acculée sur celte pointe, se rendit aux vain-

([ueurs qui, par dérision, se bornèrent à lui lancer des

boulettes de terre rouge avec leurs sarbacane;^, les couvrant

ainsi de fange et de honte. "

Cette petite anecdote me fit comprendre pourquoi il y

avait si peu de Belanimènes et tant de Bctzimisaracks ;

nous ne sommes pas les seuls à n'accepter d'héritage que

sous bénéfice d'inventaire.

Cependant nous avions laissé derrière nous la livière

d'Yvondrou pour entrer dans les canaux qui mènent

aux lacs; la végétation de ces terres marécageuses

ne se compose que de ravenals, de raflias el de

sauges gigantesques qui forment le long du rivage

une ligne continue de sombre verdure ; sur la gauche,

la mer brise avec violence, et, sur la droite, les

terres plus élevées du second plan sont couvertes de

forêts magnifiques.

Effrayés par les chants de nos rameurs, des canards

de toutes nuances s'élèvent à l'avant des pirogues; des

poules d'eau glissent dans les joncs, et des couples

criards de pcrrocpiets noirs passent rapides, se dirigeant

vers les bois. 11 n'y a dans celle nature rien du grandiose

qui saisit l'âme, et les rivages américains ont plus de

grandeur et de majesté. Cependant, la nouveauté de cette

pileuses de riz. — Dessin de G. Staal.

végétation iiizarrc, prfs(pie toute herbacée, excite une

sorte d'admiration curieuse ; les chants uiadécasses de nos

pagayeurs, le frôlement de la pirogue au milieu des

champs de tantamo (nénufar), les larges fleurs jaunes et

blanches émaillant les eaux, les cris joyeux et le vol léger

du vorontsaranony, petit martin-pècheur de la taille du

colibri, et, comme lui, émeraudc et saphir, jetient sur

ce paysage monotone un voile de poésie sauvage ipii

s'étend jusqu'à nous.

Nous devions bienlôL arriver à Anibavarano (bouche

de l'eau); c'est un j)etit village placé sur une éminence,

à l'entrée du lac de Nossi-Be (lac des lies), de nossi (ile)

et bc (beaucoup).

L'une des pirogues nous avait précédés et devait

annoncer notre arrivée; aussi trouvâmes-nous le village

tout en mouvement; on déménageait à la hâte une case

pour nous la donner. Elle fut prête on peu d'instants, el

nous nous y installâmes.

Les chefs du village vinrent alors nous souhaiter la

bienvenue; deux ou trois femmes les accompagnaient,

et chacune d'elles portait, sur des feuilles de raveiial, du

riz blanc comme la neige et quelques douzaines de poissons.

Tout le monde s'assit, la petite cabane était

pleine, et nous allions assister à notre premier kabar.

(On appelle kabar toute réunion quelconque ayant pour

but de causer, délibérer ou recevoir; rien ne se l'ail à

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!