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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LF TOUR nu MOVOF.

Un de ces logis, édifié

sur le côté gauche de la

grande rivière et dans

lequel nous nous arrêtâmes

pour déjeuner, était

pourvu d'une machine

de forme singulière, dont

le modèle, nous dit-on,

avait été fourni par des

néophytes de Sarayacu.

Cette machine servait à

broyer les cannes à sucre

; curieux de savoir

quelle boisson locale on

pouvait fabriquer avec

le jus des cannes, nous

questionnâmes à ce sujet

le propriétaire de la machine.

Ron , nous dit-ii

en souriant et faisant le

geste d'ingurgiter

un liquide

quelconque. Nous

comprimes sans peine

qu'il s'agissait de rhum

ou de tafia ;

mais ce qui

nous parut incompréhensible,

ce fut la façon

dont l'indigène accentua

cette simple syllabe et le

geste enthousiaste par lequel

il la commenta. Ce

Sipibo qui trafiquait de

cire, d'huile de lamentin

et de graisse de tortue

avec les Missions de Sarayacu

,

comprenait un

peu de quechua. Avec

l'aide d'un interprète et

nos propres ressources,

nous pûmes obtenir de

lui des explications sur

le goût décidé qu'il manifestait

pour les liqueurs

fortes. Ce goût, qu'il

nous dit avoir puisé dans

la fréquentation des néophytes

auxquels il vendait

ses denrées, était

passé chez lui à l'état

d'habitude. Or l'habitude,

comme on sait,

est

une seconde nature, et le

Sipibo ne pouvant vivre

désormais sans boire du

rhum, s'était mis à planter

des cannes à sucre et

à fabriquer im Trapiche

pour les broyer. Les néophytes,

après l'avoir aidé

à monter la machine, venaient

de temps en temps

lui demander un coup de

rhum en témoignage de

sincère amitié.

L'Indien

paraissait enchanté de

lui-même et de son aptitude

à distiller une liqueur

qui lui procurait

dans la même journée,

et selon la dose qu'il en

prenait, des rêves couleur

de rose ou des accès

d'humeur noire. Nous

quittâmes cet homme, assez

scandalisé de ses propos

et tout surpris en

même temps, que le voisinage

des Missions et

des missionnaires, n'eût

éveillé chez lui d'autre

besoin que celui de boire

du rhum.

C'est à Gosiabatay que

s'achève le territoire des

Indiens Sipibos , et que

commence celui de leurs

frères et alliés les Schétibos.

Les trois Missions

de Sarayacu, de Belen,

et de Tierra-Blanca qui

s'élèvent sur les possessions

de ces derniers indigènes,

ont étendu leur

inliuence sur les lieux et

les hommes, non pas en

sanctifiant les uns et en

civilisant les autres, comme

on pourrait le croire,

mais en reléguant la plupart

des Schétibos dans

l'intérieur des affluents

et des canau.\ de gauche

de l'Ucayali, et en faisant

du pays de ces naturels,

une manière de territoire

neutre, où l'on trouve,

alternant avec des habitations

de Schétibos, des

demeures de Conibos, de

Chontaquiros et même de

Cocamas de la grande lagune

du Huallaga. Pour

expliquer convenablement

la chose au lecteur

qui pourrait attribuer ce

pêle-mêle à une fusion

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