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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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180 LE TOUR DU MONDE.

tandis qu'une portion de l'enfant reçoit pour la seconde

fois l'hospitalité dans les entrmlles paternelles ; k peine

est-il mort que les femmes coupent sa chevelure et la

remettent à la mère qui en fait deux parts égales. Pendant

ce temps, le père est allé pêcher au bord de la

rinère où sa flèche, dédaigneuse de gros poissous, n'a

frappé que le fretin. Après s'être baigué, puis roulé dans

le sable , il rentre sous son toit et remet à la mère le

produit de sa pèche, que celle-ci fait bouillir sur-lechamp.

Une moitié des cheveux de l'enfant est brûlée

et mêlée à cet aliment, que les parents et l'assistance

dévorent avidement. L'autre moitié est brûlée aussi et

absorbée avec le breuvage. Cette dernière formalité remplie,

on enterre le cadavre, et, pendant trois mois, quand

gronde le tonnerre, le père et la mère viennent trépigner

sur la fosse en hurlant tour à tour. Quand le sol

d'ime hutte est tellement couvert de sépultures que la

place manque pour les nouveaux décédés, on en construit

une autre à quelques pas, laissant le vieux toit

s'effondrer de lui-même.

Pour compléter cette monographie des Indiens Conibos,

autant que pau" respect pour la vérité sainte et par

amour de la couleur locale, nous relaterons en passant

le goût décidé de ces indigènes pour leur propre vermine

et celle du prochain. Un Conibo mâle ou femelle,

assis la tête à l'ombre et les pieds au soleil, égarant ses

harponnant un lamentin.

doigts dans] la chevelure d'un de ses semblables et y

trouvant pâture à son étrange faim, est plus heureux

qu'un Tériaki emporté par l'opium dans le septième ciel

des voluptés.

Au goût des parasites, le Conibo ajoute la passion des

diptères. Un moustique gorgé de sang lui parait bouchée

si friande, qu'il ne manque jamais en sentant le

suçoir de l'insecte s'enfoncer dans sa chair, de l'observer

d'un air narquois. A mesure que l'abdomen flasque

et diaphane du buveur, s'emplit de la liqueur vermeille,

le visage du Conibo s'épanouit. Au moment où le moustique

tourne au sphéroïde , l'homme l'écrase et s'en

repail.

La tribu Conibo, déchue du rang qu'elle occupait au

dix-septième siècle parmi les peuplades de la Pampa

del Sacramento, est divisée à cette heure comme nous

l'avons vu, eu clans de deux à trois familles qui ne relèvent

que de leurs chefs naturels et vivent éparses sur

les bords de l'Ucayali et de deux affluents de sa rive

gauche. Les luttes sanglantes de cette tribu avec les tribus

rivales, ont cessé de guerre lasse, ou comme si

un armistice indéfini avait été conclu entre les parties

belligérantes. La haine du Conibo contre ses voisins les

Cacibos {liodié Cachibos) de la rivière Pachitea , le?

Remos et les Amahuacas de la rive droite de l'Ucayali

a même perdu de son intensité et semble descendue au

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