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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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, été

I

176 LE TOUR DU MONDE.

Pendant la durée de ce jour de liesse, la coutume

sévère qui défend aux femmes de s'associer aux divertissements

des hommes et de prendre part à leurs danses,

se relâche de sa rigueur et tandis que ceux-ci gambadent

d"un coté au son de la flûte à cinq trous, du

tambour et du coutoucoutou ,

petite calebasse creuse

dans laquelle sonnent des cailloux ou des graines , les

femmes se trémoussent à qui mieux mieux. La danse

des Gonibos consiste en un enlacement de trois ou

quatre individus qui, se donnant le bras, avancent et

reculent tous à la fois avec des poses de tèle et des

langueurs de corps assez semblables aux oscillations

d'une personne ivre ;

puis les danseurs se séparent et

les contorsions de leur individu deviennent alors incompréhensibles

; ou croirait que leurs articulations ont

rompues. Ils vont et viennent, traînant le pied,

se heurtant mollement, se joignent, s'évitent et finissent

par s'appréhender au corps en tournant sur euxmêmes,

jusqu'à ce qu'ils tombent à terre haletants et

épuisés.

Quand la danse et l'ivresse, car ta coupe de mazato

ou chicha, n'a pas cessé de circuler à la ronde, ont atteint

leur dernier degré d'exaltation , l'héroïne de la

léte, coilTée d'une couronne de plumes de toucan, entièrement

nue et parée de ses plus beaux colliers, est

introduite dans la hutte, où deux matrones la prennent

chacune par un bras, taudis qu'une troisième matrone

porte aux lèvres de la jeune lille une coupe de liqueur

Jeu de la balle chez les

Conibos.

fermentée que celle-ci doit vider jusqu'à la dernière

goutte.

Cette première coupe est bientôt suivie d'une seconde,

puis d'un nombre indéfini. Pendant ce temps,

les matrones accompagneresses ont obligé la vierge

il danser violemment avec elles. Quand ces matrones

sont lasses, d'autres les remplacent; vraies sorcières,

menant la ronde d'un sabbat sans uom.

Avant l'expiration des vingt -quatre heures, terme

fixé à cette étrange fùte, la jeune fille n'a plus conscience

d'elle-même; sa tête roule à l'aventure; ses

jambes ploient sous elle ; un sommeil de plomb clôt ses

originalité ou par coquetterie et pour se distiuguer de leurs voisines,

mais pour repousser l'accusation d'anthropophagie portée

contre elles par d'autres tribus de leur nation.

yeux. Bientôt l'estomac révolté par la boisson qu'on ne

cesse d'y introduire en desserrant les dents de la malheureuse

fille , se débarrasse de son superflu et donne

à la squalide orgie un dernier cachet de dégradation

animale.

Malgré ces effrayants symptômes, bientôt suivis de

contractions et de spasmes nerveux, l'être humain ou

plutôt la masse inerte, n'en continue pas moins de

sautiller au bras des matrones. La coutume est inexorable

et veut que la solennité se poursuive jusqu'à

ce que le soleil levant trouve la jeune fille endormie ou

plutôt plongée dans un évanouissement profond....

(I.a

suite à la i>rocliaine Uvraùon.)

Paul Marcoy.

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