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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE. 175

la duuleui', l'époux, accroupi au seuil de sa demeure,

attend dans une immobililé complète et l'observation

du jeûne le plus rigoureux, que sa compagne soit délivrée

et lui ait annoncé le sexe de l'enfant. Si cet enfant

est une fille, il crache sur la moustiquaire avant d'en

soulever les plis ; si c'est un garçon , il frappe la terre

de son arc et adresse des félicitations à la mère. Cependant

la malheureuse, pâle et brisée, s'avance au bord de

la rivière pour y laver son nouveau-né et se purifier de

ses souillures ;

quand elle rentre sous le toit conjugal

elle félicite à son tour le père de l'enfant, si cet enfant

est un garçon, et baisse la tête sans rien dire, en passant

devant lui, si c'est une fille.

L'usage de comprimer la tête des nouveau-nés entre

deux planchettes rembourrées de coton, pour leur donner

une forme aplatie, fut autrefois en honneur chez les

Gonibos; mais depuis un siècle environ , ils ont dû renoncer

à cette étrange mode, adoptée jadis par plusieurs

de leurs congénères des sierras du Pérou et des rives

de l'Amazone, car parmi les octogénaires de la tribu

conibo que nous avons pu voir , aucun n'ofî'rait de dépression

ou d'aplatissement de la boite crânienne

,

qui

rappelât une pareille coutume'.

Ce n'est qu'à l'âge de dix ans que les enfants mâles

abandonnent l'aile maternelle pour accompagner leur

père sur la rivière ou dans le bois. Jusque-là, ils s'ébattent

en liberté avec des compagnons de leur taille, font

voguer de petites pirogues sur les flaques d'eau, lancent

Mère et nourrice.

la balle de feuilles de palmier, jouent au bilboquet

avec une tête de tortue qu'ils lancent en l'air et qu'ils

rattrapent au bout d'un épieu , s'essayent au tir de

l'arc et se prennent aux cheveux pour un oui ou pour

un non.

En général ,

chez ces Indiens, l'enfance est aussi

turbulente que l'âge mùr y est grave et la vieillesse taciturne.

L'époque de l'adolescence des jeunes filles est pour

la tribu tout entière l'occasion d'une grande fête. Des

boissons fermentées sont préparées h l'avance; on fabrique

des flûtes neuves; on resserre la peau dilatée

des tambourins; des couronnes de plumes sont tres-

Fillette conibo.

sées pour ces jeunes vierges et chacun, de son côté, se

dispose à célébrer joyeusement la fête du Chébianabiqui.

1. En pai'couraut le compte rendu d'un voyageur qui mentionne,

sous la rubrique des gens du pays et en l'an de grftce ISlil,

cette coutume des Coaibos d'aplatir la tète de leurs nouveau-nés,

nous avons cru un moment être tombé sur une relation de voyage

du siècle passé.

Il serait temps que certaines appréciations et certains lieux

communs ethnologiques ,

qui appartiennent depuis longtemps

aux erreurs jugées aussi bien que certaines nations, éteintes depuis

plus d'un siècle et qu'on s'obstine i faire vivre, disparussent

enfin des recueils sérieux destinés ;i donner au public une idée

exacte de l'état actuel de la science. Nous aurons plus tard l'occasion

de revenir sur cette coutume de s'aplatir la tête, que des tribus

de l'Amazone antérieures aux Conibos, avaient adoptée, non par

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