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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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170 LE TOUR DU MONDE.

composition, et que plus tard uous verrons préparer par

les Ticunas et par les Yaliuas, sert au chasseur pour

abattre les quadrupèdes et le gibier dont il se nourrit.

L'introduction de ce poison dans les voies digestives ne

présente aucun danger; il n'agit sur l'animal qu'après

avoir été mis en contact avec le sang, et porté par celuici

dans le torrent de la circulation ; son effet est stupéfiant.

L'oiseau atteint d'une de ces flèches, quelque inperceptible

d'ailleurs que soit la piqûre, se roidit sur ses

pattes, hérisse ses plumes, vacille et tombe au bout de

deux minutes. Les singes ont une agonie de sept à huit

minutes. Les grands rongeurs, les pécaris, qui ne tombent

qu'après douze ou quinze minutes, ont le temps de

s'enfuir, et d'aller mourir dans quelque fourré ;

aussi

chasse-t-on généralement ces derniers avec l'arc et les

flèches.

Les Conibos en particulier, et les indigènes de l'Ucayali

en général, ne se servent de ce poison que pour

les animaux. Leur loyauté, ou tel autre sentiment qu'on

imaginera, se refuse à l'employer contre les hommes,

qu'ils combattent avec leurs armes habituelles ; mais ces

scrupules n'existent pas chez la plupart des naturels de

l'Amazone, dont les lances de guerre sont presque toujours

empoisonnées'.

C'est en vain que les forêts et les eaux offrent au Gonibo

une nourriture abondante e' variée, il n'a faim que

de tortues, et cette prédilection poussée jusqu'à la manie,

a fait de lui le plus rude exterminateur de ces animaux.

Essentiellement chélonéphage, il passe de longues

heures à étudier, au bord des rivières, les mœurs de ce

morne amphibie, depuis l'époque de sa ponte jusqu'à

celle de ses migrations. Si jamais nous avions à écrire un

traité spécial des genres Emys, Chelys, Mnlamnla ou

Testudo, c'est à la nation conibo que nous irions demander

les renseignements nécessaires.

Entre le 15 août et le 1" septembre, époque de la

de la rivière, selon que le caprice les pousse ou que l'instinct

sucre eu poudre y est

ponte des tortues dans l'Ucayali, — ne pas confondre

ment le sel est assez rare dans le pays et le

les guide. Ces voyages sont de dix, vingt ou qua-

avec les affluents de ce tronc de l'Amazone, où cette

même ponte a lieu trois semaines ou un mois après, — rante lieues.

la neige en cessant de tomber sur le sommet des Andes

Quand les pêcheurs ont découvert .sur une plage ces

a ralenti le cours du fleuve, baissé son niveau et mis lignes incohérentes, sillon onguiculé que trace en mar-

a nu ses vastes plages de sable. L'éliage des eaux donne chant la tortue, ils s'arrêtent, édifient à deux cents

aux Conibos le signal de la pêche. A un jour fixé ils pas de l'eau des ajotqias provisoires, et cachés sous ces

s'embarquent avec leurs familles, munis des ustensiles abris, ils attendent patiemment l'arrivée des amphibies.

qui leur sont nécessaires, et voguent en aval ou en amont L'instinct de ces pêcheurs est tel, que leur iustallation

peu connu, que, chez les Péruviens de l'Ucayali et du Maranon,

font commerce de poisons Taliriqiiés par eux pour la chasse à la si

sarbacane; mais leurs toxiques sont loin de valoir le poison des comme chez les Brésiliens du Haut et du Bas-Amazone, on édulcore

Ticunas, dont >m pot de la grosseur d'un œuf de poule représente,

le café, les tisanes et généralement toutes les boissons avec

sur les marchés do l'Amazone, une valeur commerciale de quinze du sirop noir ou mélasse. La prompte application d'un de ces

francs (3 piastres), tandis que les produits des autres fahricants ne deux remèdes, devenant par le fait difficile sinon impossible, le

sont cotés qu'à huit ou dix réaux. Au dire des riverains et des blessé, quel qu'il soit, n'a rien de mieux à faire qu'à se résigner à

missionnaires, le sel et le sucre sont les seuls antidotes qui arrêtent

et neutraUsent reffet de ce poison. Il suffit, pour rappeler à la vie

mourir.

1. Des lances de guerre de Ticunas, à.'Orejones, de Mirahnas,

l'animal blessé, d'emplir, aussitôt la blessure reçue, sa bouche,

que nous avons en notre possession, ont leur pointe em-

sa gueule ou son bec de sel ou de sucre en poudre. Malheureusepoisoimée

et incisée de façon à .se rompre et à rester dans la blessure.

I

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