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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE. ie9

projet ou au plan qui leur est soumis, et jusqu'à la certitude

de sa réussite. Ce tic bizarre est appliqué à une

foule de choses. Le sujet le reproduit en s'assurant de

l'élasticité de son arc fraîchement bandé, de la bonté

d'une flèche qu'il a roulée entre ses doigts, soupesée et

mirée par ses extrémités avant de s'en servir ;

de l'aliment

et de la boisson qu'il préfère ;

enfin, de l'objet

qu'il convoite et de la '"'^ose qu'il admire.

Les armes des Gonibos sont l'arc, les flèches, la massue

et la sarbacane. Le bouclier de peau de tapir et les

lances de palmier, dont il est fait mention dans les récits

des premiers missionnaires, ont disparu depuis longtemps

de leur panoplie. C'est du palmier chonta {oreocloxa)

qu'ils tirent le bois nécessaire à la fabrication des

arcs et des massues. La corde de l'arc est tressée par les

femmes avec les folioles du palmier maurilia. Les vieillards

des deux se.xes sont chargés de confectionner les

flèches et de récolter chaque année les hampes florales

du (jyneriuin saccliaroides qu'ils emploient à cet

usage, après les avoir bottelées et fait sécher six mois

à l'ombre. Lès rectrices d'un hocco , d'un pénélope

ou d'un vautour-harpie, leur servent ensuite à les empenner.

La sarbacane, dont se servent les Conibos, ainsi que

la plupart des indigènes de l'Ucayali et du Maranor,

est fabriquée par les Indiens Xéberos qui habitent la

rive gauche du Tunguragua-Maranon, dans l'intérieur

des terres, entre ses deux affluents, les rivières Zamora

et Morona. Les Conibos l'obtiennent des Xéberos, en

échange de cire qu'ils recueillent dans le tronc creux des

cécropias. La valeur commerciale de cette arme est d'environ

dix francs. Son utilité pour lâchasse en a répandu

l'usage parmi les néoph;^tes des ^Missions de i'Ucayali et

les riverains sauvages et civilisés du Haut-Amazone'.

Les flèches affectées à ces sarbacanes sont de véritables

aiguilles à tricoter. On les fabrique avec le pétiole des

Famille conibu en voyage

palmiers. La tête de ces flèches est empennée d'un flocon

de soie végétale empruntée au bombax, et leur pointe

aiguë, incisée de façon h se rompre dans la blessure de

l'animal, est trempée à l'avance dans le poison des

Ticunas^.

Ce toxique, dont on n'a décrit qu'imparfaitement la

1 . I.cs xéberos ne .sont pas les seuls indigènes qui fabriquent (les

sarbacanes ou pupunas. Les Ticunas, les Yahuas et quelques autres

tribus du Haut-Amazone en fabriquent également. Le mode de fabrication

de ces tubes est trop peu connu pour que nous ne lui

consacrions pas ici quelques lignes. Deux listels ou baguettes,

d'une longueur qui varie de deux mètres à quatre, sur une largeur

en carré de deux à trois pouces, sont prises dans le stipe d'un palmier

chonta et forment le corps brut de la sarbacane. Sur une face

de ces baguettes, l'ouvrier ébauche au couteau un canal ou gouttière

dont les deux moitiés de cercle, en les ajustant l'ime à l'autre,

lui donneront une circonférence. Pour obtenir une concavité parfaite,

l'opérateur, après avoir ébauché sa gouttière, en saupoudre

l'intérieur de sable grenu, et s'aidant d'une forte courroie de cuir

de lamentin durcie à l'air et dont un de ses compagnons tient

l'extrémité, manœuvre avec celui-ci à la façon de nos scieurs de

long, tirant à lui et lâchant tour à tour, et sans s'en douter mettant

eu pratique l'axiome de physique qui veut que, de deux corps

soumis à un frottement continu, le plus dur des deux use l'autre.

Deux jours de ce travail ont suffi an sable pour user le palmier.

Les deux gouttières, convenablement creusées, reçoivent un dernier

poli à l'aide d'un astic emprunté à l'humérus d'un lamentin

et par le même procédé qu'emploient nos cordonniers pour Usser

les semelles. Reste f nsuite à les ajuster avec le plus grand soin, i

abattre les angles extérieurs et à arrondir le tout, qu'une ligature

en fil relie solidement du haut en bas. Cette ligature est dissimulée

au moyen d'un mastic composé de cire, de résine de copal et de

noir de fumée. Comme aucune suture ou solution de continuité

n'apparaît sur ces longs tubes, il est facile de les prendre, comme

l'a fait le savant Humboldt, pour la tige creuse d'une bambusacée

ou le stipe fistuleux de quelque palmier nain. A l'extrémité inférieure

de la sarbacane, sont soudées deux défenses de pécari qui

emboîtent en forme de parenthèse les lèvres du chasseur et empêchent

le tube de vaciller. Enfin un point de mire est placé sur le

dos de la sarbacane, à l'endroit où nous le plaçons sur nos armes

à feu.

2. Les Indiens Combazas, néophytes des Missions du Huallaga;

les habitants de Lamas, de Tarapote et de Balzapuerto, sur la

même rivière, enfin les Xéberos et les Yahuas du Haut Amazoue,

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