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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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168 LE TOUR DU MONDE.

obtenu par la maci-ration des feuilles d'uu capsicus, un

roufre terne emprunté au rocou, forment l'échelle des

teintes employées dans leurs œuvres.

Leurs pinceaux sont façonnés avec trois ou quatre brins

d'herbe sèche, attachés par le milieu ou même par une

simple mèche de coton roulée à la façon de ces grêles

estompes appelées torlillons, que le dessinateur fabrique

lui-même, au fur et à mesure de ses besoins. Le peu

de consistance de ces outils, ne permet pas à l'artiste

d'étendre sa peinture dans tous les sens, et son procédé

mécanique consiste à traîner horizontalement le pinceau

de pauclie à droite.

Avec les grecques, les losanges, les entrelacs et autres

motifs d'ornementation qu'ils emploient dans la décoration

de leurs poteries, ils ont des hiéroglyphes bizarres

et charmants empruntés au plumage de la grue Gaurale

(ardea lielias). Les fantastiques zébrures de cet oiseau,

assez rare et presque toujours solitaire, que les naturalistes

ont surnommé le petit paon des roses, ont donné

aux femmes conibos l'idée d'un genre spécial d'arabesques

pour leurs vases et leurs tissus, comme la spatule

caudale du lamentin parait avoir fourni aux hommes

le modèle de leurs pagaies.

Avant d'entreprendre une excursion sur la grande

rivière, et tandis (|ue la femme s'occupe de l'équipement

et de l'approvisionnement de la pirogue, ou entasse

au fond de l'embarcation les mottes de terre

mouillées sur lesquelles sera placé le foyer destiné à cuire

les aliments pendant la traversée , le Conibo, assis sur

la berge, inspecte gravement son picha, ou sac de nuit,

afin de s'assurer qu'aucun des objets nécessaires à sa

toilette ne lui fera défaut durant le voyage. Le sac de

nuit d'un Conibo, espèce de cabas en coton tissé qu'il

porte toujours en sautoir et qu'il n'abandonne jamais,

renferme habituellement, comme celui des .\ntis, des

amandes de rocou et une pomme de genipa pour les

Femme conibo jjeignant des poteries.

peintures, un débris de miroir, un peigne fabriqué

avec les épines du palmier chonta, un morceau de cire

vierge, un peloton de fil, une ))ince à épiler, une tabatière

et un appareil à priser.

La pince à épiler (isanou) est formée par deux

valves de iiiulilus reliées à leur extrémité par une charnière

en fil, et dont l'opi'rateur se sert avec beaucoup

d'adresse.

Nous n'avons rien vu de plus comique que la grimsice

d'un de tes Conibos, le nez collé sur sou miroir, et en

train d'arracher la demi-douzaine de poils semés sur

son visage.

La taliatière (chicapouln) est empruntée au test d'un

bulime. Son possesseur l'emplit jusqu'à l'orifice, d'un

tabac récolté; vert, séch(' à l'ombre et réduit en une

poudre presipie impalpable.

L'usago du tabac (chica) n'est pas considéré par ces

indigènes comme une distraction ou comme une habitude,

mais seulement comme un remède. Lorsqu'ils se

sentent la tête lourde, ou qu'un coryza irrite leur membrane

pituilaire, ils prennent, comme les Antis et les

Chontaquiros, leur appareil à priser {chicachaouh)

construit de la même façon que ceux de leurs voisins,

et prient un camarade de souffler dans le tube vide, et

d'envoyer au fond de leurs cavités cérébrales la poudre

à Nicotdont l'autre tube est plein. Cette opération terminée,

le Conibo, les yeux hors de la tête, soufflant,

renâclant, élernuant, remet dans sou cabas sa tabatière

et son a|)pareil ;i priser, et traduit alors sa satisfaction

par un chqipement de lèvres et de langue très-singulier.

Ce clappement labial et lingual du Conibo a maiiilc

analogie avec le geste européen de se frotter les mains

pour témoigner d'une jubilation quelconque. Chez ces

indigènes, il exprime en outre, le plaisir ou l'orgueil à

propos d'une difficulté vaincue, l'adhésion formelle au

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