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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE. 167

porté (le leurs excursions en pays chrétien, l'usage des

chapeaux de paille. Ces couvre-chefs pointus de forme,

assez larges d'ailes et un peu retroussés en toit de ]:agode,

sont fabriqués par eux avec des folioles de palmier.

Quelquefois le tissu en est si lâche, que le soleil en passant

au travers, dessine sur le visage de celui qui le perle

un damier lumineux.

Pendant que le Conibo passe la moitié de son temps

à s'ajuster, à causer ou à boire avec ses amis, la femme

s'occupe du ménage et vaque aux travaux pénibles; elle

surveille le défrichement, quand par hasard il s'en trouve

un; sarcle le sol; récolte les fruits ou les racines, qu'elle

rapporte an logis, dans sa hotte à frontal d'écorce ;

charrie

le bois et l'eau ;

prépare les aliments et le mazato,

chicha de manioc ou de bananes fermentées; façonne les

tissus ;

recueille la cire et le miel ;

pétrit la glaise nécessaire

aux poteries, cuit ces dernières, les peint et les

vernisse, ou suit les pas de son époux et maître, portant

sur ses reins ployés, le produit de la chasse ou de la

pêche, les avirons et la pagaie. Au désert, la femme

est la bête de somme de l'homme, plutôt que sa compagne.

Le talent de ces pauvres ilotes pour la fabrication des

poteries, leur décoration extérieure et leur vernissage,

mérite une mention spéciale.

Sans autre ébauchoir que leurs doigts, et une valve de

ces grandes moules qu'on trouve dans les lacs de l'intérieur,

elles façonnent des amphores, des cruches, des

coupes et des aiguières, dont le galbe rappelle le meilleur

temps de la céramique ando- péruvienne. Elles

roulent leur argile en menus boudins, qu'elles vont superposant

et mêlant les uns aux autres, et la justesse de

leur coup d'œil est telle, que vous ne relevez jamais dans

ces œuvres, une ligne équivoque ou une courbe douteuse.

Le tour du potier n'atteint pas à une précision plus

mathématique.

C'est dans une clairière de la forêt, toujours située à

quelques pas de leur demeure

et qui sert aux hommes

de chantier de construction pour leurs pirogues, que les

femmes établissent leur atelier de poterie et de peinture.

Pour cuire et vernisser leurs œuvres, elles descendent

sur le rivage où un feu clair est allumé. Là, taudis

qu'elles surveillent les progrès de l'opération, une vieille

matrone chante et danseàl'entour du bûcher, afin d'empêcher

le malin esprit de toucher aux argiles incandescentes

que le contact de sa main fêlerait aussitôt. Quand

ces poteries sont refroidies, les femmes en vernissent

l'intérieur avec la résine de l'arbre sempa (copal), et

procèdent à leur décoration extérieure.

La palette de ces artistes naturels, ne possède que

cinq couleurs pures. La science des mélanges et les

nuances transitoires sont ignorées d'eux ou ne sont pas

admises. Le noir de fumée, un jaune extrait d'unguttifère,

un bleu violàtre, tiié du faux indigo, un vert sale

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