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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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158 LE TOUR DU MONDE.

versait sur le paysage des torrents de lumière. Ou eût

dit que le sable des plages (f-tait chaufl'é à blanc.

L'arrivée d'une douzaine de Conibos occasionnait tout

ce tapage, ^'enus de l'intérieur des terres par la rivière

Apujau qui coulait k peu de distance du campement,

ils avaient trouvé la plage occupée, et leconnaissant à

la clarté de la lune les moustiquaires brunes de leurs

compagnons, ils s'étaient mis à brailler à tue-létc pour

les avertir de leur arrivée.

En un clin d'œil tous les dormeurs lurent sur pird.

Les nouveaux venus racontèrent leur histoire. Ils revenaient

d'une chasse h l'homme sur le territoire des Indiens

Reraos qu'ils accusaient de leur avoir volé une

pirogue, munie de ses agrès et apparau.x, c'est-h-dire

de deux rames et d'une pagaye. Pour châtier l'audace

de ces indigènes et reprendre leur bien, les Conibos

s'étaient embarqués à la nuit tombante et avaient remonté

la rivière Apujau jusqu'à la première habitation

des Remos. Les chasseurs se flallaieut de prendre le

lièvre au gîte. Mais le choc des rames, le remou de

l'eau, le frôlement de la pirogue contre les roseaux, ces

bruits inappiéciables pour l'Européen, avaient donné

l'alarme aux sauvages. Pendant que les Gouibos manœuvraient

de façon h prendre les Remos par devant, ceux-ci

s'enfuyaient par derrière : leur cabane avait deux issues.

En attendant qu'une vengeance plus complète leur fût

offerte, les Conibos avaient pillé la demeure de l'ennemi

et l'avaient incendiée.

Bientôt finit le territoire de la nation Conibo et commença

celui des Indiens Sipibos. La rivière Capoucinia,

issue des contre-forts occidentaux de la Sierra de Cuntamana

et que l'Ucayali reçoit par la droite, est la limite

qui marque sans les séparer, les possessions des deux

pays. Conibos et Sipibos, sortis du même tronc, parlent

Les moustiquaires.

la même langue, ont le même farks et les mêmes coutumes

et quoique séparés depuis des siècles, vivent en

assez bonne intelligence.

Avant de passer outre et bien que nos rameurs Conibos

dont nous apprécions de plus en plus les qualités privées,

doivent nous accompagner jusqu'à Sarayacu, nous allons

régler avec eux nos comptes ethnologiques : les bons

comptes font les bons amis, comme disait notre ancien

compagnon de voyage, le géographe ; donc, pour donner

à chacun ce qui lui revient, autant que pour mettre un

peu d'ordre dans notre nomenclature des Indiens Conibos,

Sipibos, Schelibos, et autres naturels en os, nous

tracerons séparément la monographie de leurs tribus.

C'est le seul moyen d'éviter l'écueil contre lequel est

venu se heurter un voyageur moderne qui trouve —

« difficile de ne pas faire de confusion, quand on parle

des sauvages de l'Ucayali. » — Il est vrai que ce voyageur

n'en a parlé que par ouï-dire et sans les avoir

jamais vus; or, chacun sait, pour l'avoir expérimenté

par lui-même ou avoir In, dans Horatius Flaccus, un vers

relatif à la chose, qu'il est difficile, en effet, d'énoncer

clairement ce que l'on n'a pas bien compris. Ceci dit,

sans penser à mal, nous entrons en matière.

Quand des religieux Franciscains venus de Lima', e.\-

plorèrent pour la première fois la partie du Pérou comprise

entre les rivières Huallaga, Maranon , Ucayali et

Paihitea, ils trouvèrent établie sur les bords de la petite

1. c'est aux rolipieiix des couveiiLs de Lima qii'im doit la fondation

des Missions du liant et du bas Huallaga , les pins anciennes

du Pérou, comme celles de Maynas et du liant-Amazone, furent

l'œuvre des Jésuites de C'iiito. Le collège apostolique d'Ocopa,

dans la province de Jauja, d'oi'ï devaient sortir un jour tant de missionnaires,

n'était pas encore fondé au dix-septième siècle, et ne

le fut qu'en n3S, pai le P. Francisco de San-José. C'est à ce religieux

et .'i ceux qui lui succédèrent, qu'est due la fondation des

Missions du Ccrro de la Sal, du Pajonal , du Pozuzo, et enfin

celles de l'Ucayali. Do toutes les Missions du Pérou, qui, .iu milien

du dix-huitième siècle, s'élevaient à près de cent cinquante,

il en reste huit aujourd'hui : deux sur la rivière Huallaga, \ine

sur celle de Santa-Calalina, voisine de Sarayacu .

et deux sur l'Amazone.

trois sur l'Ucayali

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