LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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LE TOUR DU MONDE. 1&3d'ajoupas, comme en couslruisent à la hâte les indigènespour leurs haltes de nuit, servaient d'avant-poste à unvillage ou projet de mission, que les Gonibos élaleni entrain d édifier sur la colline, et auquel ils avaient donnéle nom de Santa-Rita. C'était comme un pendant à lamission en herbe de Santa-Rosa chez les Chontaquiros.Ce village sur lequel tombaient d'k-plomb les rayonsd'un soleil de feu, offrait tant bien que mal, la dispositiond'un parallélogramme. Nous y comptâmes dix habitations,dont trois grandes, et sept moyennes. Chacunede ces dernières pouvait recevoir trois familles. Toutesn'étaient pas achevées, mais léseraient bientôt, au direde leurs constructeurs. L'habitation du centre devait servird'église. Rien ne la distinguait de ses voisines, si cen'est un segment formé par une rangée de pieux fichésdans le sable, et figurant tant bien que mal une abside.Une croix de bois, grossièrement équarrie à coups dehache et peinte avec du rocou, s'élevait à quelques pasde cette église. Le style de ces constructions était lemême que nous avions observé dans les habitations desChontaquiros et des Conibos. Quelques toitures étaienten roseaux ;d'autres en palmes.Derrière l'église, le long d'uue ceinture de ces roseauxgéants qui, pendant longtemps nous avaient tenu fidèlecompagnie, s'étendaient pareils à des pièces d'étofl'e cousuesbout à bout, de petits morceaux de terrain, soigneu-Âchat (1 un jeuneIndien Impetii msèment défrichés, sarclés même, et plantés de manioc,de coton, de pastèques, dont les premières feuilles vertestranchaient agréablement sur la fauve couleur du sable.Ces jardinets, s'ils témoignaient des intentions agricolesdes néophytes, n'étaient pas en état d'assurer leuralimentation quotidienne; un homme de ijon appétit eûtpu manger à lui seul en huit jours, tous les produits decette agriculture.Cent vingt Conibos touchés de la grâce, s'étaient réunisen ce lieu. La plupart vaguaient en ce moment dansles forêts voisines et sur les plages, occupés de chasse etde pêche ;trente individus des deux sexes étaient restésà la mission. Ces indigènes, une fois leurs constructionsachevées, se proposaient d'aller à Saïayacu, demander auPréfet Apostolique des Missions de TUcayali, un religieuxpour les baptiser et les instruire dans la foi chrétienne.Ils promettaient d'avoir grand soin de lui, et s'engageaientà ne pas le garder au delà de trois mois, si l'airde la rivière Pachitea lui était contiaire, ou que l'endroitne fût pas de son goût. Ces détails que j'écrivis sous la dictéed'undenos interprètes, luifurent donnés par un grosConibo à figure joviale, barbouillée de rocou, qui le promenaà travers la mission, et lui fit part des embellissementsprojetés par les siens, pour en rendre au futurpapa^ le séjour aussi agréable que sain.Ce vent de civilisation qui soufflait du nord et du sud,1. Papa ou tayta (père). C'est le nom donné par ces peupladesà mus les [irêtres, moines et missionnaires.

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d'ajoupas, comme en couslruisent à la hâte les indigènes

pour leurs haltes de nuit, servaient d'avant-poste à un

village ou projet de mission, que les Gonibos élaleni en

train d édifier sur la colline, et auquel ils avaient donné

le nom de Santa-Rita. C'était comme un pendant à la

mission en herbe de Santa-Rosa chez les Chontaquiros.

Ce village sur lequel tombaient d'k-plomb les rayons

d'un soleil de feu, offrait tant bien que mal, la disposition

d'un parallélogramme. Nous y comptâmes dix habitations,

dont trois grandes, et sept moyennes. Chacune

de ces dernières pouvait recevoir trois familles. Toutes

n'étaient pas achevées, mais léseraient bientôt, au dire

de leurs constructeurs. L'habitation du centre devait servir

d'église. Rien ne la distinguait de ses voisines, si ce

n'est un segment formé par une rangée de pieux fichés

dans le sable, et figurant tant bien que mal une abside.

Une croix de bois, grossièrement équarrie à coups de

hache et peinte avec du rocou, s'élevait à quelques pas

de cette église. Le style de ces constructions était le

même que nous avions observé dans les habitations des

Chontaquiros et des Conibos. Quelques toitures étaient

en roseaux ;

d'autres en palmes.

Derrière l'église, le long d'uue ceinture de ces roseaux

géants qui, pendant longtemps nous avaient tenu fidèle

compagnie, s'étendaient pareils à des pièces d'étofl'e cousues

bout à bout, de petits morceaux de terrain, soigneu-

Âchat (1 un jeune

Indien Impetii m

sèment défrichés, sarclés même, et plantés de manioc,

de coton, de pastèques, dont les premières feuilles vertes

tranchaient agréablement sur la fauve couleur du sable.

Ces jardinets, s'ils témoignaient des intentions agricoles

des néophytes, n'étaient pas en état d'assurer leur

alimentation quotidienne; un homme de ijon appétit eût

pu manger à lui seul en huit jours, tous les produits de

cette agriculture.

Cent vingt Conibos touchés de la grâce, s'étaient réunis

en ce lieu. La plupart vaguaient en ce moment dans

les forêts voisines et sur les plages, occupés de chasse et

de pêche ;

trente individus des deux sexes étaient restés

à la mission. Ces indigènes, une fois leurs constructions

achevées, se proposaient d'aller à Saïayacu, demander au

Préfet Apostolique des Missions de TUcayali, un religieux

pour les baptiser et les instruire dans la foi chrétienne.

Ils promettaient d'avoir grand soin de lui, et s'engageaient

à ne pas le garder au delà de trois mois, si l'air

de la rivière Pachitea lui était contiaire, ou que l'endroit

ne fût pas de son goût. Ces détails que j'écrivis sous la dictéed'un

denos interprètes, luifurent donnés par un gros

Conibo à figure joviale, barbouillée de rocou, qui le promena

à travers la mission, et lui fit part des embellissements

projetés par les siens, pour en rendre au futur

papa^ le séjour aussi agréable que sain.

Ce vent de civilisation qui soufflait du nord et du sud,

1. Papa ou tayta (père). C'est le nom donné par ces peuplades

à mus les [irêtres, moines et missionnaires.

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