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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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,

I

même

d'une main parcimonieuse et défiante, tant que notre

système administratif continuera de verser sur nos communes

une sorte d'assoupissement, aucun homnib un

peu éclairé ne pourra vivre heureux dans nos villages, à

moins d'être très-riche ou très-dévoué. Après tout, on

n'a pas le droit de blâmer ceux qui cherchent à échapper

à l'ilotisme intellectuel : nous prenons trop facilement

notre parti de l'ignorance des autres : nous n'avons

pas assez de pitié pour les misères de l'esprit : nous devrions

ne jamais oublier du moins combien elles peuvent

devenir redoutables.

Note sur les

Edouard Charton.

bains de Pfàfers.

Le nom de Pfâfers est d'une forme assez singulière ' .

a préoccupé longtemps les étymologistes du pays. Il résulte

vraisemblablement de la transposition en allemand

d'un nom primitif qui devait appartenir à la langue romanche.

La population celtique, rejetée aujourd'hui par

la population germanique dans le canton des Grisons,

s'étendait autrefois sur ces vallées, comme le prouve le

nom même de Tamina, ainsi que les noms de Calanda,

Sardona, Pizoluna, donnés aux cimes qui les dominent,

et ceux de lasa, calvina, vadura, vason, portés encore

aujourd'hui par les pâturages alpestres d'alentour. Il en

était sans doute de même du nom du couvent, qui, dans

les anciens manuscrits, figure sous les formes variées de

favures, faviera, fabaria, papharia : c'est de cette forme

douce et harmonieuse qu'est sortie, conformément au

génie de l'allemand, la forme dure et rude de Pfiifers

ou Pfeffers.

Quant au nom même de fabaria, on a prétendu le

rattacher à l'origine du monastère. Ce monastère fut

fondé au commencement du huitième siècle par Pirminien,

évêque de Meaux, qui vint dans la contrée pour y

réveiller le christianisme, annoncé déjà depuis un siècle

par Gallus. La tradition rapporte que l'évêque s'était

d'abord décidé à établir l'édifice sur la rive droite du

Rhin, mais que pendant que l'on y travaillait, un charpentier

s'étant blessé, une colombe descendit du ciel,

prit dans son bec un éclat de bois teint du sang de l'ouvrier,

et alla se poser sur les pentes de la rive gauche

au lieu où se voit aujourd'hui le couvent : de là le nom

de fabaria, dérivé de faber, ouvrier. Mais cette tradition

ne parait être qu'une assez maladroite légende inventée

en vue des armes de l'abbaye, qui représentent en efl'et

une colombe, les ailes ouvertes, tenant dans son bec un

éclat de bois taché de sang. L'on ne peut guère douter

que ces armes ne cachent un symbole d'une plus haute

valeur, et je ne crois pas me tromper en y voyant le

Saint-Esprit transportant, jusque dans ces sauvages montagnes,

un fragment du bois ensanglanté de la croix.

Quant à l'étymologie, si on en voulait une absolument,

rien n'empêchait de la tirer tout simplement, comme on

l'a depuis longtemps proposé, du mot de faba, fève, et

1. A Ragaz on écrit indifféremment Pfafer, Pfefer , Pfàffer et

Pfai-ffers.

LE TOUR DU MONDE. 123

Il

de supposer que ce légume, qui joue un si grand rôle

dans la culture des hautes vallées, fut jadis importé dans

la Rhéiie par les bénédictins de Pirminien, qui devaient

en faire aussi grand usage.

Les trois branches qui forment le Rhin trouvent devant

elles , au sortir des vallées étroites des Alpes, une large

plaine courant du sud au nord, où elles se réunissent.

Cette plaine, à son extrémité septentrionale, offre deux

grandes dépressions, qui senties larsde Vallenstadt et de

Zurich; mais le Rhin, dans l'état actuel des choses, ne va

pas jusque-là. Arrivé à quelques lieues du lac de Vallenstadt,

il trouve, sur sa droite, une plaine analogue à celle

dans laquelle il avait coulé jusque-là, mais qui croise

celle-ci obliquement, et il se détourne tout ù coup pour

s'y jeter et gagner par là le lac de Constance. Il y a toute

apparence qu'à d'autres époques, il suivait la première

voie, peut-être toutes deux à la fois, et dans ses grandes

crues il menace d'y revenir, car il n'est rejeté dans la

vallée de droite que par une espèce de barrage formé de

ses propres dépôts, et qui ne s'élève pas au-dessus de

six à sept mètres. C'est précisément en face de cette coupure

transversale si importante, et dans la même direction,

que s'ouvre la vallée de la Tamina. Elle en est la

continuation sur la rive gauche. Son trait caractéristique

consiste en ce que la fissure à laquelle elle doit naissance

est encore apparente dans toute sa fraîcheur. Cette fente,

comprise entre deux murailles à pic d'une centaine de

mètres de hauteur en moyenne, est remplie, jusqu'au

niveau de la plaine du Rhin, par des blocs éboulés, sur

lesquels se précipitent en bouillonnant les eaux de la

Tamina, mais il est sensible qu'elle ne s'interrompt pas

à ce niveau, et qu'elle ne peut manquer de se prolonger

au-dessous du sol. Dans la commotion qui a produit ces

grands accidents orographiques, les formations minérales

qui composent l'enveloppe du globe ont nécessairement

dtî se crevasser jusqu'à une certaine profondeur,

et les eaux qui résultent de la fusion des neiges et des

glaciers qui couronnent les hauteurs, au lieu de couler

simplement à la surface , doivent prendre en partie leur

cours par les canaux souterrains. La source de Pfâfers

est le produit d'un de ces canaux, qui remonte accidentellement

à la surface.

Il n'est pas difficile de se faire idée de la profondeur à

laquelle descend ce canal. On sait, en effet, que la chaleur

centrale augmente de 1° par trente-deuxmèlres: or,

la température de l'eau de la source à sa sortie est de 37°

centigrades. En évaluant à 9" la température moyenne du

sol à la superficie, il y a donc un excès de 28°; ce qui

représente une diff'érence de niveau de neuf cents mètres

environ. Quant à l'origine de ces eaux thermales, il n'est

pas difficile non plus de s'en rendre compte : si elles proviennent

de la fusion des neiges et des glaces, elles doivent

naturellement s'arrêter quand cette fusion s'arrête,

et c'est en effet ce qui a lieu. Pendant l'hiver, la source se

dessèche, et elle ne renait qu'au printemps. On a remarqué

aussi que lorsqu'il tombe peu de neige en hiver

, la source est moins abondante au printemps ou

ne réapparaît que plus tardivement; et, au cou-

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