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LE TOUR DU MONDE 1864 viaje a españa

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Il y a une force mystérieuse dans ces eaux venant de la

terre qui défie tous les efforts des chimistes : c'est l'his-

ce mal cruel, dont il igiioraif, ainsi que nous, l'affreux

progrès! Ah! si j'avais pu pressentir que, moins d'une

parti depuis quatre jours. Je voulus du moins loger

comme lui dans la jolie petite maison à persiennes

consentirait à décrire ici Ragaz. 11 n'a eu le temps que

de me laisser une note courte, mais précieuse, qui, du

LE TOUR DU MONDE. 115

— Je n'ai pas à me plaindre.

— Quels ouvrages vendez-vous le plus ?

— Des livres religieux et des livres d'histoire.

— Vous avez sans doute de bonnes écoles?

— Deux. L'une, d'instruction primaire; l'autre, d'in-

versatiou. Viens; le repos t'est nécessaire. Allons, arrive, — ^'ous achète-t-on des livres?

arrive. Vingt-deux heures de Paris! Qu'est-ce que cela?

toire d'Ântée, reprenant vie en touchant la terre, mais

le sein même de la terre. »

Hélas ! que n'ont-elles eu la puissance de le délivrer de struction secondaire.

année après!... Les liens du travail m'avaient trop

longtemps arrêté. Quand j'arrivai à Ragaz, il en était

cements, u

vertes de la bonne famille J..., à l'angle du pont, en

face de Hof-Ragaz; et je fus assez heureux pour trouver

vacante la chambre où il avait vécu un mois entier.

Aujourd'hui, quels amers regrets mêlés à ces souvenirs !

J'espérais alors, et c'était chose convenue, que lui-même

moins, sera l'honneur de cette feuille (voy. p. 219].

belle chute d'eau ,

Les maisons de la grande rue qui avoisinent les hôtels,

neuves, bien construites, sont sans caractère : mais dès l'eau de la

l'entrée des ruelles, à droite et à gauche, on est dans chers de l'autre rive,

le vieux village qui est resté agricole; les habitations y

sont de bois ,

quelques-unes à gcJeries couvertes, suspendues

au-dessus des traîneaux et des provisions d'hiver;

plusieurs sont revêtues extérieurement d'une sorte

de cotte de mailles faite de minces lamelles de sapin arrondies

et imbriquetées comme des écailles de poissons. quatre places ,

Les paysans ont l'air grave et doux. Je note avec

plaisir, en relisant ces lignes, qu'en trois semaines je

n'ai pas rencontré un homme ivre ! je n'ai pas vu frapper

un enfant, signe de bonté et de bon sens qui me touche

plus profondément qu'aucun autre ! Sur mon passage,

on n'a jamais manqué de me souhaiter poliment, sans

humilité comme sans fierté, le bonjour ou le bonsoir.

En traversant la place, pour aller à la poste, j'ai remarqué

au-dessus d'une porte l'enseigne d'une imprimerie

et d'un journal. J'ai monté quelques marches de

pierre qui mènent à une petite librairie.

<t Vous avez dans ce village, lui dis-je, un journal?

Oui, monsieur.

Que contient-il?

— Les faits qui intéressent la commune, son administration,

ses cultures; les actes officiels du canton et de

la Suisse; les événements les plus considérables du reste

du monde; des nouvelles de l'agriculture, de l'industrie

et de la science ;

quelques articles de morale, des anecdotes.

Et ce journal a-t-il beaucoup d'abonnés?

A peu près tous les habitants.

— Us savent donc lire?

— L'enseignement est libre?

— Non, monsieur, il est obligatoire

— A quoi bon, puisque l'instruction est si générale?

— En effet, je crois que l'obligation n'est plus guère

utile aujourd'hui, mais elle l'a été dans les commen-

Je me promets de regarder d'un peu plus près à ce

sujet de l'instruction primaire qui m'émeut toujours;

mais demain je dois visiter la source.

On remonte le cours de la Tamina vers la montagne,

on dépasse Hof-Ragaz, une scierie de planches, une

et on entre dans une gorge de rochers

qui ne laissent place entre eux que pour le torrent et

une petite route sinueuse bordée d'une longue suite de

troncs creusés, juxtaposés à fleur du sol, et conduisant

source de Pfâfers à Ragaz. La paroi des ro-

abrupte, grise, hérissée d'un fouillis

d'arbres et d'arbustes, suinte, surplombe, est en

harmonie parfaite avec les bonds irrités, l'écume, les

rumeurs sauvages de la Tamina. On marche pendant

trois quarts d'heure environ, en se collant quelquefois

contre le roc pour éviter les chariots à un cheval et à

qui descendent au grand trot et peuvent

vous surprendre aux détours. De temps à autre passent

des paysans avec de lourds parapluies bleus ou rouges

dont ils ne se séparent jamais, et murmurant un salut,

en patois ou en français , sans sourire niais et sans curiosité

ridicule ;

des musiciens ambulants, chargés de

contre-basses et d'instruments de cuivre; des familles

bourgeoises de touristes, mères et jeunes filles suisses

ou allemandes, aux figures épanouies et qu'on sent

heureuses de respirer cet air vif et frais. Après une

arche de pierre naturelle, on rencontre quelques pauvres

gens à béquilles, qui annoncent qu'on approche de

l'ancien couvent des bénédictins de Pfâfers. Rien de

plus mélancolique, de près comme de loin ,

que l'aspect

de ces trois ou quatre bâtiments, sans art, qui se glissent

en longueur dans la gorge de plus en plus étroite

de Pfâfers et l'obstruent entièrement. D faut, si l'on

veut suivTe plus loin le cours de la Tamina sans entrer

dans le couvent, gravir assez haut sur la montagne vers

les villages de Valens et de Vaettis. Ces constructions

insignifiantes datent du dix-septième siècle. Devenues

la propriété du canton depuis la clôture des couvents

suisses, c'est-à-dire vers 1840, on les a affermées

comme établissement thermal. En réalité, c'est un hospice

plutôt qu'une maison de bains ordinaire. Le fermier

ne s'est pas mis en frais pour en égayer l'apparence,

et il a eu raison : c'eilt été la chose impossible.

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