KACHEN #27 (Été 2021) Édition française

BILLET
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LES TESTS
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D’ALLERGIE ALIMENTAIRE
Depuis un an, un minuscule virus
nous préoccupe tout particulièrement
en ce qui concerne notre santé.
Mais cela ne signifie pas que tous nos
autres soucis, ont disparu. Les intolérances
et les allergies alimentaires ont
même tendance à progresser dans nos
DR. MARC KEIPES régions. Et si je précise «nos régions»,
c’est que dans d’autres parties du
Directeur monde, comme en Afrique, par
ZithaGesondheetsZentrum exemple, ces soucis sont inexistants.
Avons-nous tendance à prendre
gesondheetszentrum.lu/blog nos ballonnements ou la consistance
de nos selles, un peu trop au
sérieux au regard de toutes les maladies
graves?
Loin de moi l’intention de nier
l’existence de l’intolérance au gluten
ou au lactose. Les cas sévères ne
sont d’ailleurs pas anodins avec une fatigue inhabituelle,
associée à des douleurs abdominales et des diarrhées de
type malabsorption avec stéatorrhée (selles 100m graisseuses), 2
amaigrissement et dénutrition. Les symptômes peuvent
être très divers, tout comme l’intensité des maux. Aussi
est-il parfois compliqué de savoir si une personne souffre
d’intolérance lorsqu’elle a des douleurs abdominales mais
SANS que cela s’accompagne d’une stéatorrhée ou d’une
perte de poids. Du coup, que faire?
Faut-il faire un test coûteux, disponible sans prescription
médicale, non remboursé, non validé scientifiquement,
dès lors que l’on se sent un peu ballonné après
un plat de fèves ou que l’on a des crampes abdominales
après un excès de mirabelles? La recherche des allergies
alimentaires liées aux immunoglobulines de type G (IgG)
sanguins (versus les classiques anticorps IgE de l’allergie)
peut-elle d’ailleurs identifier des réactions spécifiques
contre des protéines alimentaires?
Ces tests vous promettent de vous fournir des recommandations
personnalisées qui vous aideront à classer
les aliments qui sont bons pour vous et à identifier «vos»
aliments déclencheurs. En évitant ces derniers, les processus
inflammatoires pourraient être réduits et le bien-être
amélioré. Voilà pour les belles promesses. Et on comprend
Marc Keipes
TEXTE
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KACHEN No.27 | ÉTÉ 21
que les personnes en souffrance, veulent effectivement
connaître l’origine de leurs maux et se sentir mieux.
Est-ce le cas? Dans un premier temps, ces tests font
généralement leur petit effet. Les tests effectués, le client
reçoit un document complexe qui lui précise ce qu’il lui
faut éviter de consommer. Il se lance alors dans un régime
«auto-prescrit». Et il se sent mieux un certain temps. Mais
souvent, parfois avant même la réintroduction de certains
aliments à éviter, les symptômes se manifestent à nouveau.
Étonnant? Pas vraiment. Il faut savoir que ces tests
sont très contestés par les sociétés d’allergologie européennes.
Certains, au-delà de vider votre porte-monnaie,
pourraient même s’avérer dangereux pour votre santé.
Des études ont mis en lumière des carences chez les
personnes appliquant les règles d’éviction avec trop de
zèle ainsi que des néophobies alimentaires et des troubles
du comportement alimentaire.
Selon les spécialistes du microbiome (cf. Kachen N°3
2017), le fait d’appauvrir l’alimentation en réduisant la
variété des aliments, impacte négativement la diversité
des milliers de souches bactériennes de notre intestin,
dont la plupart sont bénéfiques pour notre santé.
Les restrictions préconisées écartent également, bien
souvent, de nombreux aliments qui sont bons pour l’organisme
et parfois même des aliments que la personne
testée n’a même jamais consommés. Comment savoir dès
lors quel impact ils peuvent avoir?
Personnellement, je n’ai jamais prescrit ce genre de
tests à l’un ou l’autre de mes patients. Mais certains d’entre
eux y ont eu recours et ils m’ont apporté leurs résultats. Et
aussi surprenant que cela puisse être, dans 80% des cas,
j’ai noté des réactions similaires. Autrement dit, une majorité
d’utilisateurs affichent les mêmes allergies.
Pour résumer, ces tests ne sont guère fiables et créent
plus de problèmes qu’ils n’en règlent. Ils laissent généralement
les personnes qui les ont utilisés totalement désemparées,
ne sachant même plus quoi manger.
Alors, voici mon conseil. Si vous avez des problèmes
digestifs inexpliqués, parlez-en à votre généraliste ou à
votre gastro-entérologue plutôt que de vous lancer dans
de l’autodiagnostic et un régime auto-prescrit. Votre
médecin saura vous guider et cela vous évitera de passer
à côté d’une pathologie sérieuse à traiter, le cas échéant.