KACHEN #27 (Été 2021) Édition française
Bienvenue chez KACHEN, le magazine premium luxembourgeois "food & lifestyle". Ici, vous pouvez avoir un premier regard sur le magazine. Si vous êtes intéressé vous pouvez le commander sur notre boutique en ligne (www.luxetastestyle.com/shop) KACHEN est également disponible dans les kiosques.
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HISTOIRE DE RESTAURANT<br />
PAVILLON EDEN ROSE<br />
CAROLINE ESCH: LE COURAGE DE LA JEUNESSE<br />
102<br />
Dieter Ebeling<br />
Ramunas Astrauskas<br />
TEXTE<br />
PHOTOS<br />
C<br />
aroline Esch ne manque pas de courage. Elle<br />
n’avait que 24 ans quand elle a ouvert le «Pavillon<br />
Eden Rose» à Kayl près d’Esch-sur-Alzette en juin<br />
2019. Dans la bâtisse d’acier où Lea Linster a tenu les rênes<br />
du bistrot haut de gamme «Pavillon Madeleine» pendant<br />
neuf ans. Histoire de corser l’affaire, cet établissement<br />
devait être le premier au Luxembourg à proposer uniquement<br />
des plats sans gluten. Une véritable gageure.<br />
Quand elle a reçu de la commune l’autorisation d’exploiter<br />
le pavillon d’acier du parc Ouerbett, Caroline<br />
Esch n’avait aucune société, aucune équipe et aucun<br />
investisseur derrière elle. «Ouvrir un restaurant au<br />
Luxembourg à 24 ans, c’était très stressant.» Elle a<br />
profité du coup d’arrêt imposé par la pandémie pour<br />
améliorer son concept: «C’est un nouveau<br />
départ.» Avec un nouveau logo en forme<br />
de rose, mais surtout un nouveau souffle<br />
et de nouvelles idées.<br />
Cette Franco-luxembourgeoise est<br />
chez elle dans la région. À 13 ans, elle<br />
n’a plus supporté le gluten contenu dans<br />
la farine de blé. «J’ai développé une très<br />
forte intolérance. Mes parents ont dû se<br />
donner du mal pour cuisiner pour moi.»<br />
La jeune fille était alors «très frustrée de<br />
ne pas pouvoir manger la même chose que les autres.» À<br />
l’époque déjà, elle rêvait de devenir cheffe: «Cette frustration<br />
m’a donné envie de prouver qu’on peut préparer<br />
de bons petits plats sans gluten.»<br />
À 14 ans, elle est entrée à l’école hôtelière EHTL de<br />
Diekirch, a travaillé dans différents restaurants étoilés<br />
comme l’Auberge de l’Ill et Mosconi à Luxembourg, a<br />
ensuite étudié les arts culinaires et le management de<br />
la restauration à l’Institut Paul Bocuse, avant de travailler<br />
chez Cyril Molard, Ma Langue Sourit. Caroline Esch<br />
se remémore avec gratitude l’attitude très respectueuse<br />
des chefs qui l’ont formée. «La femme en cuisine n’est<br />
encore pas forcément très bien vue», ajoute-t-elle. Pour<br />
affronter les machistes des fourneaux, une seule attitude<br />
s’impose: «Il ne faut pas se laisser faire.»<br />
Lorsqu’elle a dû choisir sa spécialité, elle a pris son<br />
temps. La pâtisserie l’a finalement emportée sur la<br />
restauration. En effet, en restauration «classique»,<br />
le gluten n’est pas prépondérant. Mais les choses se<br />
compliquent quand on doit utiliser beaucoup de farine.<br />
«Le but est de<br />
rendre le client<br />
heureux. Je<br />
veux montrer<br />
qu’un restaurant<br />
sans gluten peut<br />
fonctionner.»<br />
Aujourd’hui, elle ne confectionne pas seulement son<br />
propre pain. Elle utilise des mélanges de farines de riz,<br />
de pomme de terre et de maïs, mais aussi de tapioca<br />
(manioc) et de châtaigne qu’elle a elle-même mis au<br />
point («On trouve une large gamme de mélanges de<br />
farines sans gluten sur le marché, mais toutes ne sont<br />
pas bonnes»). Pour lier le liquide de la pâte, elle utilise<br />
également du psyllium, l’enveloppe de la graine de plantain,<br />
plus connue sous le nom de graine de puce.<br />
L’objectif de Caroline Esch et de son compagnon<br />
Valérian Prade: faire en sorte que les clients ne<br />
remarquent même pas qu’ils mangent des plats sans<br />
gluten. C’est pourquoi, par exemple, vous ne trouverez<br />
pas de bouchées à la reine sur la carte: «Pour la pâte<br />
feuilletée, le résultat n’est pas encore<br />
probant.» Environ la moitié de ses clients<br />
ne présentent aucune intolérance au<br />
gluten et viennent avant tout pour la<br />
qualité gustative de ses créations.<br />
Les choses ne sont pas simples pour<br />
la jeune restauratrice du «Pavillon Eden<br />
Rose». Midi et soir, les clients sont très<br />
différents. Entre les deux, il faut également<br />
satisfaire la clientèle de l’aprèsmidi<br />
composée des parents de l’aire de<br />
jeux qui, selon le cahier des charges de la commune,<br />
doivent pouvoir déguster du café, du thé, des pâtisseries<br />
et des glaces. En cette période post-Corona, le<br />
restaurant propose deux menus: un menu du midi à<br />
trois plats avec mise en bouche pour 29 euros et un<br />
menu à cinq plats pour 59 euros.<br />
Avec un menu exceptionnel et un restaurant fabuleux,<br />
la priorité reste toujours à ses clients, et pas seulement<br />
à la notoriété. «Ce n’est pas dans les valeurs qu’on<br />
apprend à l’école. Le but est de rendre le client heureux.<br />
Je veux montrer qu’un restaurant sans gluten peut fonctionner.<br />
Étoilé? Bien sûr, tout le monde rêve de ça.»<br />
PAVILLON EDEN ROSE<br />
30, Rue du Moulin — L-3660 Kayl<br />
Tél. +352 / 26 56 00 35<br />
edenrose.lu<br />
<strong>KACHEN</strong> No.27 | ÉTÉ 21