Spectrum_03_2021
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née à attirer l’attention sur cette journée qui
incite « à la surconsommation irresponsable
au regard du réchauffement climatique ».
Les motifs du mouvement XR Fribourg
n’étaient, selon les activistes, que purement
informatifs. Cette mise en scène n’avait pour
finalité que d’attirer l'attention sur les effets
néfastes de la surconsommation irresponsable
au regard du réchauffement climatique.
Les militant·e·s n’ont cessé de répéter ce
jour-là que les autres entrées étaient libres
d’accès. Il fallait juste se dégourdir un petit
peu les jambes, certes embarassé·e·s avec ses
achats pour certain·e·s. Les commerçant·e·s
ont porté plainte contre cette action et le
Tribunal pénal de la Sarine a convoqué 32
prévenu·e·s, âgé·e·s de 19 à 62 ans à la fin de
ce mois de mai pour un procès de 4 jours.
Extinction Rebellion contre Fribourg
Centre
Pour obtenir un aperçu plus personnel sur
cet événement, nous avons pu recueillir
différents témoignages d’activistes et nous
leur avons posé la question de leur ressenti
quant à leurs actes et à leur sentiment en
vue du procès. Dans un esprit de partialité,
la rédaction s’est également enquise de l’avis
de Fribourg Centre sur cette affaire. Dans
un premier temps, nous avons contacté son
gérant, mais celui-ci n’a pas souhaité répondre
à nos questions malgré nos nombreuses
relances en précisant qu’il n’avait rien à ajouter
d’autre que ce qui avait déjà été reporté
par les médias. Pour rappel, les faits reprochés
par le gérant du centre commercial
sont de l’ordre de la violation de domicile et
de la contrainte.
Colette Bugnon-Weber, enseignante et formatrice
à la HEP/FR ressent principalement
de la motivation et de la joie face à cet engagement.
Elle nous explique : « En effet, le
procès permet une onde de choc garantissant
une publicité à notre cause et de nos
idéaux. Néanmoins, on ne peut écarter une
certaine crainte, quoique le mouvement s’est
vu épaulé par un nombre important d’avocat·e·s
soutenant leurs engagements. » Mme
Bugnon-Weber avoue ressentir également
une tristesse profonde sur le constat qu’il
est devenu obligatoire d’utiliser des moyens
forts pour faire basculer les prises de
conscience alors que les signes et alarmes
climatiques ne datent pas d’hier.
Notre deuxième source, d’une vingtaine
d’année, a désiré rester anonyme : « Concernant
la procédure, je n'ai pas suivi assidûment
l'arrivée de chaque nouvelle, et globalement
je suis content·e que nous ayons un
procès groupé. Il tombe malheureusement
durant les derniers cours du semestre et
j'espère que le nombre d'audiences correspond
réellement à la grande considération
du Tribunal pour cette affaire. En ce qui
concerne mes actes, j'estime ne pas avoir
fait une chose immorale en tentant de mettre
en lumière l'absurdité de cette journée de
sur-consumérisme et de surproduction. De
plus, certaines personnes se sont emportées
mais nous n'avons rien empêché, seulement
crié une vérité absurde et ridicule. Je trouve
aussi qu’une telle plainte est exagérée et que
nous obtiendrons gain de cause, ce qui fera
date du point de vue sociétal et judiciaire.
Pour sobrement résumer, on peut dire que
c’est une grosse machinerie pour un acte anodin
et j’espère que l'avancée sur le plan de
la justice climatique sera à la hauteur de la
grandeur de ce procès. »
À problème mondiale, procès national
Ce procès, qui promet d’être spectaculaire,
reçoit en plus pléthore d’intervenant·e·s. Les
activistes sont représenté·e·s par une armada
d’avocat·e·s provenant de toute la Suisse
romande, dont notamment quatre avocat·e·s
fribourgeois·e·s ainsi que deux avocates vaudoises
membres de l’équipe qui avait obtenu
l’acquittement en première instance pour
les joueur·euse·s du match de tennis au Crédit
Suisse à Lausanne. La défense plaidera
l’État de nécessité pour acquitter les activistes
fribourgeois·e·s. De plus, bon nombre de
personnalités politiques, des professeur·e·s
d’université, des scientifiques et même le
prix Nobel Jacques Dubochet se sont rallié·e·s
à la cause du collectif et ont accepté
d’être témoins. « Chaque fois qu’un tribunal
a accepté d’entendre des scientifiques,
il a acquitté les activistes mis en cause », a
soulevé un des défenseurs fribourgeois, Me
Arnaud Nussbaumer.
Cette histoire a ceci d’intéressant qu’elle
permet de réfléchir à deux problématiques
essentielles : premièrement, est-ce qu’une
manifestation pacifique, informative et qui a
pour but de soulever et mettre en lumière un
problème bien réel peut-elle être répréhensible
et deuxièmement, est-il devenu trop
frigide, en état d’urgence climatique, de se
limiter aux armes de la démocratie et de ses
longues démarches ? Voici en quelques sortes
les questions cornéliennes que les juges
auront à trancher en ce début d’été 2021.P
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