Spectrum_03_2021
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L’importance de l’histoire de l’art
À une époque où le discours artistique a pris
tellement d’importance, le rôle de l’histoire
de l’art est d’autant plus crucial. Comme le
rappelle le spécialiste, « l’histoire de l’art a
pour but de contextualiser et de questionner
les œuvres d’art. Les objets et les artistes qui
ont marqué cette discipline et qui restent
accrochés aux cimaises des plus prestigieux
musées conservent leur valeur historique et
commerciale. » En effet, si des œuvres qui tirent
leur succès du concept qu’elles mettent
en avant venaient à être perdues et oubliées
dans les méandres du temps, elles perdraient
complètement leur valeur. D’autres œuvres,
dans des formats plus performatifs ou éphémères,
sont également plus susceptibles de
disparaître avec les années. La postérité des
œuvres est donc entre les mains de l’historien
de l’art qui, en les contextualisant, leur
permet de conserver leur valeur et d’être
préservées de l’oubli.
L’art contemporain, entre émerveillement et scepticisme
Finalement, l’art contemporain c’est un peu
l’enfant rebelle qui refuse de se plier aux
exigences de ses aînés. Mais il n’en est pas
appauvri pour autant. Au contraire, notre
époque s’est enrichie d’une dimension conceptuelle
et discursive qui jette un vent frais
sur des siècles d’un art du beau qui avait
peut-être besoin de renouveau. Il ne nous
reste donc plus qu’à nous débarrasser de nos
critères esthétiques poussiéreux et à aller
baver d’admiration devant l’urinoir de Duchamp
et les tableaux blancs de Malevitch. P
liés, iels seraient trop vite démasqués. « S’il
est évident que certains d’entre eux profitent
parfois d’acheteurs inexpérimentés, il
est rare que ceux-ci conservent une bonne
réputation et soient prospères sur le long
terme. »
L’importance du discours artistique
À partir de la Renaissance, les artistes obtiennent
un statut supérieur à celui de
simples artisans ou artisanes. À partir de
ce moment, explique l’historien de l’art, « le
coût des matériaux ainsi que le temps nécessaire
à la réalisation d’une œuvre ne sont
plus les critères principaux pour définir son
prix. L’invention et l’originalité artistique
sont alors déterminants pour une carrière
réussie. »
À chaque époque, le contexte de vie des artistes
se répercute sur leur travail. Au 20ème
siècle, ils et elles sont donc influencé∙e∙s par
la crise politique, économique et sociale
qui secoue l’ensemble de la planète et leurs
œuvres prennent une tournure plus politisée.
La focale se désintéresse donc peu à peu
des critères esthétiques et, explique Nicolas
Galley, dès les années 1960, l’institution de
l’art donne une importance grandissante à
la démarche conceptuelle de
l’artiste. « Les notions d’harmonie,
d’élégance ou de beauté
ne sont plus des outils adaptés
à la compréhension de la création
artistique. Cependant, il
y a d’autres critères, tels que
la pertinence du discours artistique
qui permettent d’appréhender
ces artefacts et de
les juger. » Un chef-d’œuvre
n’est évidemment pas reconnu
comme tel de manière aléatoire
et illogique. Pour être compris,
l’art contemporain est à analyser
sous le prisme du message
que l’artiste a voulu transmettre
et de la démarche qu’il a
engagée dans son processus
artistique, et non pas de l’esthétique.
Fontaine (1917). Ready-made de Marcel Duchamp.
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