Journal asmac No 2 - avril 2021
Erreur - Hallucinations, erreurs et méprises Hypertension - L’hypertension chez les enfants Epigénétique - Méthodes de pathologie moléculaire actuelles Politique - Loi sur le travail controversée
Erreur - Hallucinations, erreurs et méprises
Hypertension - L’hypertension chez les enfants
Epigénétique - Méthodes de pathologie moléculaire actuelles
Politique - Loi sur le travail controversée
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<strong>Journal</strong><br />
N o 2, <strong>avril</strong> <strong>2021</strong><br />
<strong>asmac</strong><br />
Le journal de l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />
Erreur<br />
Hallucinations,<br />
erreurs et méprises<br />
Page 19<br />
Hypertension<br />
L’hypertension<br />
chez les enfants<br />
Page 38<br />
Epigénétique<br />
Méthodes de pathologie<br />
moléculaire actuelles<br />
Page 41<br />
Politique<br />
Loi sur le travail controversée<br />
Page 6
AS<br />
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Sommaire<br />
Editorial<br />
5 La logique n’est pas humaine<br />
Politique<br />
6 Trop de problèmes avec la LTr<br />
9 L’essentiel en bref<br />
Perspectives<br />
38 Actualités sur l’hypertension –<br />
l’hypertension artérielle dans<br />
l’enfance: La souris ou l’éléphant?<br />
41 Aus der «Therapeutischen Umschau» –<br />
Übersichtsarbeit: Aktuelle<br />
molekular pathologische Methoden<br />
47 Les artistes de la médecine<br />
Erreur<br />
Hallucinations, erreurs et<br />
méprises<br />
Illustration de la page<br />
de couverture: Till Lauer<br />
Formation postgraduée/<br />
Conditions de travail<br />
10 C’est le ton qui fait la musique<br />
13 Apprendre à chercher<br />
15 Le regard d’une sous-assistante<br />
mediservice<br />
49 Boîte aux lettres<br />
51 Une structure pour sortir de la crise<br />
53 Vivre consciemment l’instant présent<br />
<strong>asmac</strong><br />
17 <strong>No</strong>uvelles des sections<br />
18 Conseil juridique de l’<strong>asmac</strong><br />
54 Impressum<br />
Point de mire: Erreur<br />
19 L’évolution se trompe-t-elle parfois?<br />
22 Des machines intelligentes et saines<br />
25 La schizophrénie et les erreurs de<br />
prédiction<br />
29 Tomber, se relever, continuer<br />
32 Une erreur lourde de conséquences<br />
35 Petit aperçu historique sur le délire<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 3
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Editorial<br />
La logique n’est<br />
pas humaine<br />
Catherine Aeschbacher<br />
Rédactrice en chef<br />
du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
L’erreur est humaine. <strong>No</strong>us le savons déjà depuis l’Antiquité.<br />
Dans son livre «Système 1 / Système 2. Les deux vitesses de la<br />
pensée», le lauréat du Prix <strong>No</strong>bel Daniel Kahnemann a montré<br />
de manière très amusante où nos faux jugements et erreurs<br />
de raisonnement trouvent leur origine. La pensée rapide nous<br />
permet de gérer le quotidien. Hélas, elle est souvent employée là où la<br />
lenteur de réflexion serait mieux appropriée: dans la politique, dans<br />
l’économie, etc. Vous voulez des exemples? L’association des traits<br />
physiques aux traits de caractère: un menton anguleux chez les<br />
hommes est un signe de compétence. Fausse estimation de la valeur<br />
d’objets: dès que nous possédons quelque chose, nous surestimons sa<br />
valeur. Même les objets improvisés nous semblent d’une qualité supérieure<br />
à ceux que l’on achète. Pourtant le meilleur reste à venir: la<br />
pensée lente nous convainc rétrospectivement que nos décisions ont<br />
été prises sur la base de la logique et de solides connaissances. La<br />
chercheuse britannique Susan Greenfield en conclut donc: «Pour notre<br />
cerveau, la logique vient en dernier.»<br />
<strong>No</strong>tre Point de mire va bien au-delà des erreurs humaines communes.<br />
<strong>No</strong>us nous demandons si l’évolution peut se tromper ou comment on<br />
tente d’éliminer les erreurs mécaniques dans les systèmes complexes.<br />
Pourquoi malgré tous les échecs, les enfants n’abandonnent-ils pas<br />
l’apprentissage de la marche? Et à partir de quel âge un enfant peut-il<br />
reconnaître une erreur comme telle? Quant à la schizophrénie, elle<br />
constitue un thème à part: nous expliquons d’une part comment la<br />
société et la médecine ont appris à gérer cette maladie au fil des<br />
siècles. Dans un deuxième article, nous abordons les hallucinations et<br />
les possibilités actuelles pour les traiter. On les trouve dans la forêt et<br />
dans les champs, ils ont tous l’air inoffensifs. Pourtant, une erreur<br />
peut, dans le pire des cas, être mortelle. Une experte nous explique à<br />
quoi il faut veiller lorsque l’on récolte des champignons et ce qui ne<br />
doit pas finir dans votre panier et en aucun cas dans votre assiette.<br />
Tout le monde sait que la loi sur le travail s’applique aussi aux médecins-assistant(e)s<br />
et chef(fe)s de clinique. On sait hélas aussi depuis<br />
longtemps qu’elle fixe la durée maximale de travail à 50 heures par<br />
semaine – et que cette limite est constamment dépassée en Suisse.<br />
L’<strong>asmac</strong> réalise régulièrement des sondages parmi ses membres sur<br />
leur situation de travail. Il n’est alors pas seulement question du respect<br />
des dispositions légales, mais aussi de leur situation personnelle<br />
et de la question de savoir quelle serait la durée de travail idéale. Vous<br />
trouverez l’analyse des études dans la rubrique Politique. Vous y lirez<br />
aussi quelles conclusions l’association en tire.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 5
Tel devrait être l’équilibre<br />
entre profession de<br />
médecin et vie privée.<br />
Pourtant, le déséquilibre<br />
reste trop fortement<br />
marqué à gauche.<br />
Trop de<br />
problèmes avec<br />
la LTr<br />
La plupart des membres de l’<strong>asmac</strong> aimeraient travailler moins.<br />
Pourtant, ils sont souvent obligés de travailler plus que ce que la loi sur<br />
le travail (LTr) et le contrat prévoient. L’association envisage<br />
d’y répondre par de nouvelles mesures. Le Comité central prendra une<br />
décision à la fin <strong>avril</strong>.<br />
Marcel Marti, responsable politique et communication/directeur adjoint de l’<strong>asmac</strong><br />
Photo: wladimir1804/Adobe Stock<br />
6<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Politique<br />
Trois fois la même question,<br />
trois fois une réponse claire:<br />
80 à 90% des jeunes médecins<br />
ne sont plus disposés à porter<br />
leur blouse blanche plus de 42 heures par<br />
semaine pour un plein temps. C’est le résultat<br />
de trois enquêtes réalisées l’année<br />
dernière. Deux de l’<strong>asmac</strong> et une troisième<br />
d’un groupe de médecins-assistant(e)s<br />
de la région de Bâle.<br />
Un des deux sondages de l’association<br />
avait par ailleurs confirmé au début 2020<br />
que les problèmes restent très répandus<br />
dans les hôpitaux. Ainsi, le temps de travail<br />
n’était toujours pas conforme à la loi<br />
pour 62% des personnes interrogées. «Une<br />
personne sur deux était en moyenne hebdomadaire<br />
en service plus longtemps que<br />
les 50 heures autorisées», explique <strong>No</strong>ra<br />
Bienz, co-vice-présidente de l’<strong>asmac</strong>. Calculé<br />
sur un plein temps, cela correspondait<br />
en moyenne encore à près de<br />
56 heures. «Et 69% des environ 3000 participants<br />
au sondage travaillaient plus que<br />
ce qui est convenu, avec une tendance à la<br />
hausse.» En moyenne, on comptait<br />
2,5 heures de travail accomplies chaque<br />
semaine qui n’étaient pas saisies, notamment<br />
celles qui dépassent la durée maximale<br />
de travail.<br />
«Je n’en peux plus»<br />
Le désir de travailler moins est probablement<br />
aussi lié à la contrainte physique et<br />
psychique. «Entre-temps, près de sept<br />
membres sur dix se sentent au moins parfois<br />
harassés et/ou émotionnellement<br />
épuisés», poursuit <strong>No</strong>ra Bienz en citant<br />
l’étude mentionnée. 39% pensent même<br />
parfois «je n’en peux plus». Les conditions<br />
de travail ne sont pas sans conséquence<br />
pour les patientes et les patients: d’après<br />
les observations, les mises en danger par<br />
des médecins épuisés ont augmenté de<br />
14% depuis 2014.<br />
Certes, de nombreuses sections de<br />
l’<strong>asmac</strong> ont obtenu des avancées au niveau<br />
cantonal au cours des dernières années,<br />
comme p. ex. une réduction de la<br />
durée hebdomadaire de travail. «Néanmoins,<br />
nous sommes tous d’avis qu’il<br />
faut en faire davantage», explique la<br />
co-vice-présidente. C’est pourquoi les délégués<br />
des sections au Comité central ont<br />
décidé à la fin novembre de mettre en<br />
place un groupe de travail élargi. Son<br />
mandat: proposer des solutions montrant<br />
comment l’<strong>asmac</strong> pourrait davantage<br />
s’engager pour le respect de la loi sur le<br />
travail (LTr) et une formation postgraduée<br />
de haute qualité.<br />
Un groupe judicieusement composé<br />
Lors du choix des douze personnes qui<br />
constituent le groupe de travail, le Comité<br />
directeur de l’<strong>asmac</strong> a veillé à une représentation<br />
appropriée des sections selon<br />
leur taille et les régions linguistiques pour<br />
tenir compte des différentes expériences<br />
et attentes. Les sections Grisons, Valais,<br />
Vaud et Tessin sont représentées par un<br />
membre de la présidence. Quant aux sections<br />
David, Zurich, Genève et Neuchâtel,<br />
elles sont représentées par leur juriste.<br />
Deux membres du groupe des médecins-assistant(e)s<br />
de la région de Bâle qui<br />
ont lancé un sondage pour une semaine<br />
de 42 heures ainsi que Philipp Rahm,<br />
principal responsable du conseil en matière<br />
de planification des services à l’association<br />
complètent l’équipe. La direction<br />
incombe à <strong>No</strong>ra Bienz qui peut compter<br />
sur le soutien administratif du secrétariat<br />
central.<br />
Selon les informations de <strong>No</strong>ra Bienz,<br />
les rencontres qui ont eu lieu depuis le début<br />
mars avaient pour but de «fixer avec les<br />
participants les priorités concernant les<br />
objectifs et les mesures sur la base d’une<br />
compréhension commune du problème».<br />
Le groupe de travail ne veut cependant pas<br />
encore dévoiler ses plans, car: «La balle est<br />
La campagne<br />
La stratégie de l’<strong>asmac</strong> traite des<br />
priorités et objectifs du travail de<br />
l’association. Elle veut notamment que<br />
tous les médecins-assistant(e)s et<br />
chef(fe)s de clinique en Suisse soient<br />
membres de l’<strong>asmac</strong>. Pour cela, il faut<br />
disposer d’informations sur les besoins<br />
des deux groupes cibles et sur<br />
leur regard sur l’<strong>asmac</strong> et ses prestations.<br />
Un sondage relatif au jubilé des 75 ans<br />
auquel plus de 7500 personnes ont<br />
participé a apporté des résultats<br />
intéressants. Comme le montre l’analyse,<br />
le potentiel inexploité parmi les<br />
non-membres est relativement important.<br />
Pour mieux le mobiliser, le Comité<br />
directeur a décidé de réaliser une<br />
campagne. Plusieurs agences publicitaires<br />
ont été sollicitées à la mi-février.<br />
Une présélection a eu lieu à la mi-mars<br />
et le mandat sera octroyé dans les<br />
jours à venir. Comme d’habitude, nous<br />
vous tiendrons au courant des prochaines<br />
étapes sur nos canaux (site<br />
web, newsletter, médias sociaux).<br />
à nouveau dans le camp du Comité central.<br />
Il décidera de la marche à suivre le 24<br />
<strong>avril</strong>.»<br />
Vous trouverez plus d’informations sur<br />
les sondages mentionnés sur <strong>asmac</strong>.ch/<br />
médias et publications/études et sondages.<br />
La brochure<br />
55 ans après son entrée en vigueur, la<br />
loi fédérale sur le travail n’a rien perdu<br />
de son importance, pour les médecins<br />
non plus. En effet, compte tenu des<br />
problèmes rencontrés dans les hôpitaux,<br />
il est impératif d’avoir des dispositions<br />
claires concernant la durée du<br />
travail et du repos ainsi que la protection<br />
de la santé. L’<strong>asmac</strong> propose déjà<br />
depuis longtemps toutes les informations<br />
importantes dans une brochure.<br />
Celle-ci a été mise à jour et mise en<br />
page conformément à la nouvelle<br />
identité visuelle de l’association. Elle<br />
est disponible sur le site web sur<br />
<strong>asmac</strong>.ch/médias et publications/<br />
brochures et flyers. Vous pouvez aussi<br />
l’obtenir par e-mail auprès du secrétariat<br />
central de l’association faîtière<br />
(secretariat@<strong>asmac</strong>.ch).<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2 /21 7
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Politique<br />
A propos de la vérité<br />
Taux de reproduction, incidence, croissance exponentielle,<br />
test PCR, aérosols – etc.<br />
Vous médecins, savez de quoi il s’agit, même sans le<br />
nommer. La population est par contre exposée depuis<br />
plus d’une année à de nombreux termes techniques qui se<br />
répercutent profondément sur son existence. Et ce n’est pas tout:<br />
la réponse à la question de savoir quels chiffres et valeurs concernant<br />
le virus sont encore valables ou à nouveau valables ou tout<br />
de même mauvais ou le seront prochainement change parfois<br />
aussi souvent que la météo. Et comme les conditions météorologiques,<br />
les interprétations peuvent aussi varier suivant le pays.<br />
Voire même suivant le Land ou le canton.<br />
Cela doit-il nous surprendre?<br />
<strong>No</strong>n. Il est compréhensible qu’une telle<br />
pandémie nous dépasse tous. En effet,<br />
ce n’est qu’une toute petite minorité<br />
qui se souvient encore de la dernière<br />
d’il y a plus de cent ans, la grippe<br />
espagnole. L’expérience n’est pas<br />
d’une grande utilité en ces temps,<br />
parce que le coronavirus nous tient<br />
constamment en haleine. Ce qui<br />
semblait encore plus ou moins sûr<br />
ou au moins probable s’avère<br />
soudain faux. Et nous tous apprenons<br />
à quel point le savoir et la vérité<br />
résistent mal à l’épreuve du temps.<br />
Cela nous pose-t-il problème?<br />
<strong>No</strong>n. Et oui. <strong>No</strong>n, car personne ne le sait vraiment<br />
mieux que nous et ne veut nous dissimuler la seule<br />
vérité qui pourrait nous montrer le chemin pour sortir de cette<br />
pagaille. Ce qui est aussi une vérité. Et oui, parce que personne<br />
n’ose l’assumer. Au lieu de cela, nous assistons à la transformation<br />
de virologues en politiciens et vice versa. Chacun(e) sait<br />
quelque chose et le sait mieux, ce qui a pour conséquence qu’à<br />
chaque nouvelle vague, les tensions augmentent. Mais aussi que<br />
nous avons dû régulièrement nous habituer à de nouvelles<br />
absurdités qui ne veulent toutes que le meilleur pour nous.<br />
Oui, on peut en rire quand le magasin n’a pas le droit de<br />
vendre des fleurs artificielles, mais qu’il peut vendre de vraies<br />
fleurs. Ou que l’accès aux lampes de chevet reste interdit et qu’il<br />
faut se contenter d’une lampe murale. Ou que le Conseil fédéral<br />
et les cantons se crêpent le chignon à cause des terrasses de<br />
restaurant dans la neige. Pourtant, en entravant la liberté de<br />
mouvement et de décision de chacun avec des mesures que les<br />
L’essentiel<br />
en bref<br />
citoyennes et citoyens ne comprennent pas parce qu’elles<br />
échappent à toute logique ou que la seule chose que l’on comprend,<br />
c’est leur caractère contradictoire, la politique joue son<br />
principal atout: sa crédibilité.<br />
Il faut notamment s’en plaindre parce que cela entraîne la<br />
perte de toute légitimité pour les interventions dans les droits<br />
fondamentaux de la population et de l’acceptabilité de toutes les<br />
(bonnes) mesures. De plus, c’est déprimant parce qu’il est<br />
apparemment plus important d’avoir raison que de veiller au<br />
bien-être des gens qui sont concernés. C’est-à-dire de nous tous<br />
et pas seulement de ceux qui sont gravement malades ou<br />
meurent du COVID-19. Rien d’étonnant donc que la<br />
politique ait tant de difficultés à admettre ses<br />
erreurs dans la lutte contre la pandémie. Et<br />
qu’elle n’ose pas porter le regard sur les<br />
dommages collatéraux résultant de la<br />
restriction des droits fondamentaux.<br />
Car tout aveu n’équivaudrait-il pas à<br />
une victoire pour la partie adverse?<br />
Le virus nous montre pourtant<br />
comment nous pouvons avancer.<br />
Chacune de ses modifications<br />
exige une falsification des théories<br />
actuelles sur son fonctionnement.<br />
La même chose devrait aussi<br />
s’appliquer pour les mesures au lieu<br />
de les ajuster constamment en<br />
fonction de chaque variation. Cela<br />
donnerait une nouvelle impulsion au<br />
discours sociétal sclérosé sur ce sujet qui<br />
concerne chacune et chacun et sur lequel chacune<br />
et chacun peut et doit s’exprimer. Sachant qu’il n’y<br />
a pas seulement plus d’une vérité en matière de mesures, mais<br />
aussi en matière d’opinions et que seule la diffusion de ces<br />
opinions peut conduire à un large consensus pour l’avenir.<br />
Evidemment avec de nouveaux risques et de nouvelles erreurs.<br />
Mais surtout avec de nouvelles opportunités.<br />
Marcel Marti<br />
Responsable<br />
politique et communication/directeur<br />
adjoint de l’<strong>asmac</strong><br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2 /21 9
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
C’est le ton qui<br />
fait la musique<br />
Comment peut-on augmenter la satisfaction des jeunes médecins<br />
au travail? La réponse est simple: par une communication respectueuse.<br />
C’est ce que démontre une nouvelle étude soutenue par l’<strong>asmac</strong>.<br />
Marcel Marti, responsable politique et communication/directeur adjoint de l’<strong>asmac</strong><br />
Chaque génération de médecins a des attentes différentes en ce qui concerne la communication des supérieurs hiérarchiques.<br />
Le respect et la transparence contribuent cependant toujours fortement au bien-être.<br />
Plus de 1500 médecins hospitaliers<br />
ont participé à l’enquête<br />
de la Haute Ecole Spécialisée<br />
de la Suisse du <strong>No</strong>rd-Ouest<br />
(FHNW). Ils peuvent être divisés en trois<br />
groupes: les baby-boomers (nés avant<br />
1965), la génération X (nés entre 1965 et<br />
1980) et la génération Y (1981 à 2000).<br />
«<strong>No</strong>us voulions savoir comment se répercute<br />
la communication dans l’équipe et<br />
de la part de la hiérarchie sur la satisfaction<br />
au travail», explique Sabina Heuss,<br />
responsable de l’étude à l’«Institute for<br />
Competitiveness and Communication» de<br />
la FHNW. Le principal constat: «L’effet est<br />
considérable. Une communication positive<br />
de la hiérarchie mène à une satisfaction<br />
et à un bien-être nettement supérieurs.»<br />
Les trois points essentiels<br />
Trois éléments qui se répercutent directement<br />
sur la satisfaction au travail sont apparus.<br />
«Le ton a le plus grand impact. Il<br />
doit être respectueux, amical, transparent,<br />
obligeant et juste», souligne Sabina Heuss.<br />
La satisfaction au travail augmente ainsi<br />
nettement: «Les médecins se sentent<br />
moins stressés, peuvent plus facilement<br />
distinguer entre le domaine privé et le travail<br />
et craignent moins d’exprimer leur<br />
opinion.»<br />
Le comportement informatif et la<br />
qualité des informations des supérieurs<br />
produisent le même effet. «Le comportement<br />
informatif doit être sincère, proactif<br />
et inspirer confiance. De plus, la qualité<br />
des informations doit être considérée<br />
comme utile par les destinataires», explique<br />
la responsable de l’étude. En troisième<br />
position vient s’ajouter le style de<br />
conduite. Il se fonde de préférence sur la<br />
confiance mutuelle et encourage la motivation<br />
intrinsèque. Et plus le feed-back est<br />
fréquent, plus la satisfaction est élevée.<br />
Photo: Iryna/Adobe Stock<br />
10<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Qui réagit comment?<br />
L’étude met aussi en évidence d’autres aspects<br />
importants. En effet, les résultats<br />
présentent des différences suivant les personnes<br />
interrogées. Les femmes et médecins-assistant(e)s<br />
ainsi que les représentants<br />
de la génération Y sont particulièrement<br />
sensibles. «Cette génération attache<br />
une grande importance à un ton respectueux<br />
et une communication transparente»,<br />
constate Sabina Heuss. «Elle apprécie<br />
et demande une bonne communication<br />
dans l’équipe et de la part de la hiérarchie<br />
et apprécie le feed-back, ce qui se<br />
répercute positivement sur la satisfaction<br />
professionnelle et privée.»<br />
Il est important de souligner ce point,<br />
car la génération Y est particulièrement<br />
mécontente, souvent résignée et nettement<br />
plus stressée que les collègues plus<br />
âgés. Souvent, elle se sent fortement mise<br />
à contribution et manque de temps pour<br />
accomplir soigneusement ses tâches. Les<br />
sondages réalisés au cours des dernières<br />
années par l’<strong>asmac</strong> – par exemple au printemps<br />
2020 – auprès de ses membres l’ont<br />
très clairement montré. La problématique<br />
décrite concerne notamment les femmes.<br />
Inversement, les médecins de la génération<br />
des baby-boomers, les médecins-chef(fe)s<br />
et les médecins qui travaillent<br />
dans les cliniques de réadaptation<br />
sont les plus satisfaits.<br />
Pas destinée à dormir dans un tiroir<br />
D’une part, l’<strong>asmac</strong> a soutenu financièrement<br />
l’étude et, d’autre part, avec un représentant<br />
dans le conseil scientifique. La<br />
co-vice-présidente Patrizia Kündig se réjouit<br />
des résultats, «parce qu’ils confirment<br />
ce que nous pensions compte tenu<br />
des nombreux retours de nos membres».<br />
Elle constitue donc une bonne base pour<br />
argumenter vis-à-vis des supérieurs hiérarchiques<br />
dans les hôpitaux – «notamment<br />
pour nos sections». Le document<br />
d’environ 40 pages n’ira pas simplement<br />
dormir dans un tiroir, rassure Patrizia<br />
Kündig: «<strong>No</strong>us allons aborder les résultats<br />
auprès de l’Institut suisse pour la formation<br />
médicale postgraduée et continue (IS-<br />
FM) et voir quelles conclusions on peut en<br />
tirer pour la pratique en matière de<br />
conduite.»<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 11
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anonyme votre ancien employeur.<br />
Vous aidez ainsi les autres et profitez<br />
de leurs expériences.<br />
Quelle est la qualité de la formation<br />
postgraduée dans les cliniques?<br />
Les visites se penchent en détail<br />
sur cette question. Il y a toujours un<br />
membre de l’<strong>asmac</strong> qui fait partie<br />
de l’équipe d’experts. Les visites<br />
sur place permettent d’identifier les<br />
possibilités d’amélioration. Car en<br />
tant que membre, nous voulons que<br />
vous puissiez profiter d’une formation<br />
postgraduée de qualité.<br />
Si vous souhaitez accompagner<br />
des visites, envoyez un e-mail<br />
à ribeaud@<strong>asmac</strong>.ch et vous en<br />
saurez plus!<br />
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Feedback-<br />
Pool<br />
Pour vous en tant que membre,<br />
elle est fondamentale: la formation<br />
postgraduée. C’est pourquoi nous<br />
réalisons régulièrement des sondages<br />
à ce sujet auprès de notre<br />
base. Grâce au Feedback-Pool,<br />
nous pouvons orienter notre travail<br />
de manière ciblée sur vos attentes.<br />
Vous voulez y participer? Alors écrivez<br />
un e-mail à ribeaud@<strong>asmac</strong>.ch.<br />
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Profession de<br />
médecin et famille<br />
• Comment puis-je concilier famille, loisirs et<br />
profession?<br />
• Comment puis-je reprendre mon travail<br />
après mon congé maternité?<br />
• Comment puis-je surmonter les défis<br />
quotidiens?<br />
En tant que membre de l’<strong>asmac</strong>, vous obtiendrez<br />
des réponses à ces questions avec notre<br />
coaching gratuit. Le conseil téléphonique est<br />
assuré par le Bureau UND.<br />
044 462 71 23<br />
info@und-online.ch<br />
www.<strong>asmac</strong>.ch/coaching-telephonique
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Apprendre à chercher<br />
Au commencement<br />
est la question<br />
Lorsqu’au début de ma carrière,<br />
j’ai demandé à un chercheur<br />
expérimenté quel pourrait être<br />
un sujet de recherche, il m’a<br />
donné ce brillant conseil: «Va regarder sur<br />
MEDLINE et cherche ce qui n’existe pas<br />
encore sur le sujet.» Je n’ai rien trouvé.<br />
Les projets scientifiques réussis se<br />
caractérisent par une bonne question de<br />
recherche. Elle doit d’une part être<br />
novatrice, mais aussi pouvoir être<br />
résolue. Comment les futurs chercheurs<br />
peuvent-ils trouver une question de<br />
recherche pertinente? Eventuellement<br />
que les conseils suivants, que j’ai rassemblés<br />
depuis ma première recherche sur<br />
MEDLINE, vous seront utiles.<br />
• Devez-vous ou voulez-vous faire de la<br />
recherche? Si vous devez rédiger un<br />
travail scientifique en prévision de votre<br />
titre de spécialiste, ne soyez pas trop<br />
pointilleux pour choisir un thème. Le<br />
plus simple est de vous renseigner<br />
auprès d’un institut de recherche si vous<br />
pouvez participer à un projet en cours.<br />
Cela garantit généralement un encadrement<br />
structuré et un calendrier contraignant,<br />
étant donné que l’institut<br />
responsable veut faire avancer le projet<br />
dans son ensemble.<br />
• Si vous voulez faire des recherches parce<br />
que cela vous intéresse et que vous visez<br />
une carrière de chercheur, vous aurez<br />
probablement déjà défini un domaine<br />
d’intérêt. Vous trouverez de l’inspiration<br />
sur des questions intéressantes dans<br />
votre réseau que vous devez établir dès<br />
le début de votre carrière.<br />
• Suivez des collègues expérimentés dans<br />
le domaine clinique qui remettent les<br />
choses en question et qui parlent<br />
volontiers de leur recherche. Discutez<br />
des problèmes actuels dans votre<br />
discipline et des thèmes qui seront<br />
importants à l’avenir. Et demandez<br />
directement à la personne si vous<br />
pourriez développer ensemble un projet<br />
de recherche.<br />
• Evitez les questions générales. Cherchez<br />
un problème clairement délimité qui<br />
exige une réponse claire.<br />
• Une revue systématique peut constituer<br />
une bonne base pour les publications<br />
futures. Vous publierez de la littérature<br />
existante sur un thème tout en connaissant<br />
bien le domaine de recherche.<br />
Lukas Staub<br />
spécialiste en<br />
épidémiologie<br />
clinique, membre<br />
de la rédaction du<br />
<strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 13
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Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Le regard d’une sous-assistante<br />
Celui qui sauve<br />
des vies grossit<br />
C’est avec impatience qu’à 6h du<br />
matin je suis entrée dans le<br />
pavillon bureau du service de<br />
secours le dernier jour de la<br />
semaine interdisciplinaire pour les<br />
sous-assistant(e)s. Après avoir regardé au<br />
fil des derniers jours les cardiologues, les<br />
médecins ORL et les urologues pratiquer<br />
des examens ultrasonographiques du<br />
cœur et de la prostate, des nettoyages<br />
d’oreilles et des contrôles de septoplasties,<br />
je me réjouis d’avoir une journée<br />
davantage orientée sur la pratique et plus<br />
mouvementée.<br />
Au bureau, je rencontre un ambulancier<br />
fatigué, qui, après avoir brièvement<br />
fait les présentations, m’envoie dans<br />
l’arrière-chambre chercher des vêtements<br />
de travail adaptés. La seule chose que je<br />
trouve, ce sont des vêtements pour<br />
hommes de taille M ou plus grande. Les<br />
ambulanciers et leurs collègues femmes<br />
doivent donc probablement répondre aux<br />
exigences de la tâche, c’est-à-dire être<br />
robustes et solidement bâtis.<br />
«Tu fais quelle taille, jeune fille?», me<br />
lance le nouvel arrivé qui mesure 1m85.<br />
Je lui réponds du haut de mes 1m64: «S<br />
ou XS normalement». Des rires éclatent<br />
dans tous les locaux du pavillon.<br />
L’essentiel, c’est que le pantalon ne<br />
soit pas trop long, me dis-je. En effet, si je<br />
trébuche sur mes propres pantalons, je ne<br />
vais pas faire bonne impression chez les<br />
patients. Grâce à une ceinture, le t-shirt et<br />
le pull-over dans les pantalons, ils<br />
tiennent finalement. Ensuite, on me<br />
propose de mettre mon repas de midi au<br />
frigo. «Fais attention à ne pas trop<br />
manger, sinon tu risques d’avoir besoin<br />
de la taille 34!» Une fois de plus, les rires<br />
éclatent. «Tu connais le dicton ‹Celui qui<br />
sauve des vies grossit›?»<br />
Entre-temps, l’ambulancière de<br />
service est aussi arrivée. S’ensuit la<br />
procédure habituelle du matin: compléter<br />
le matériel dans l’ambulance, tester le<br />
défibrillateur, charger les radios, etc.<br />
Ensuite, nous attendons la première<br />
mission. A 9h, nous mangeons du pain et<br />
buvons le café. A 12h, nous dînons.<br />
Ensuite, une petite sieste, et lorsqu’à 16h,<br />
il n’y a toujours pas de mission en<br />
perspective, la journée mouvementée au<br />
service de secours se termine. S’agit-il là<br />
d’un signe qu’il vaut mieux rester en<br />
dehors de cet univers des secours lorsqu’on<br />
est une fille, que l’on porte la taille<br />
S et que l’on ne mesure que 1m64? Au<br />
moins, j’ai pu tester l’uniforme et il y a eu<br />
de quoi rire. Et le dicton amusant, je le<br />
connais et le comprends depuis lors.<br />
Camille Bertossa<br />
étudiante en médecine<br />
de 5 e année<br />
Lettre<br />
de lecteur<br />
Les expériences des<br />
sous-assistant(e)s<br />
En tant que médecin-chef, je lis avec grand<br />
intérêt les retours de la part des médecins<br />
en formation et sous-assistant(e)s dans les<br />
canaux officiels des associations de médecins.<br />
Je constate cependant que les retours<br />
des sous-assistant(e)s sont souvent négatifs.<br />
Cela concerne notamment la collaboration<br />
dans l’équipe médicale. Les principales<br />
plaintes sont résumées dans le<br />
compte rendu de Mme C. Bertossa, candidat<br />
médecin (publié dans le BMS et le<br />
<strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>): accueil irrespectueux au<br />
travail, engagement avant tout comme auxiliaire<br />
administratif et mépris ou manque<br />
d’implication dans le travail clinique. Ces<br />
comptes rendus ne sont pas motivants<br />
pour nos futurs médecins, au contraire. Je<br />
me permets donc de rappeler que dans de<br />
nombreux services, les choses se passent<br />
différemment, et que les sous-assistant(e)<br />
s y sont traités avec le plus grand respect.<br />
Cela comprend notamment l’accueil et la<br />
présentation lors du rapport, une attribution<br />
claire des responsabilités et compétences,<br />
un teaching pratique et théorique,<br />
et surtout l’implication active lors des visites<br />
du médecin-chef(fe), des rapports et<br />
des discussions de cas interdisciplinaires.<br />
Une récente étude a confirmé la pertinence<br />
de ces facteurs. GMS | GMS <strong>Journal</strong><br />
for Medical Education | Wie der Einstieg<br />
ins Wahlstudienjahr verbessert werden<br />
kann: Qualitative Ergebnisse und Empfehlungen<br />
aus Sicht der Studierenden<br />
(egms.de). GMS J Med Educ 2018; 35(1):<br />
Doc14. Les sous-assistant(e)s («juniors»)<br />
sont notre avenir. L’objectif de chaque médecin-chef(fe)<br />
doit donc être de motiver<br />
les étudiant(e)s suivant l’enseignement<br />
par bloc ou l’année d’étude à option à postuler<br />
ensuite pour un poste de formation<br />
postgraduée dans le service respectif.<br />
Prof. Dr méd. Thomas J. Neuhaus<br />
Chef de département à l’hôpital<br />
pédiatrique<br />
Médecin-chef du service de pédiatrie<br />
Hôpital pédiatrique Lucerne<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 15
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gain en cas de maladie ou d’accident et profitez d’un revenu garanti. <strong>No</strong>tre solution associative vous<br />
propose une assurance adaptée à vos besoins tout au long de votre carrière – de votre formation<br />
jusqu’à votre éventuelle installation à votre compte.<br />
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<strong>asmac</strong><br />
<strong>No</strong>uvelles<br />
des sections<br />
Berne<br />
Mesures salariales<br />
au 1 er <strong>avril</strong> <strong>2021</strong><br />
Conjointement avec les autres associations<br />
du personnel ASI et SSP, nous avons durement<br />
négocié et sommes finalement parvenus<br />
à nous mettre d’accord sur les mesures<br />
salariales avec tous les hôpitaux et cliniques<br />
soumis à la CCT. Les discussions ont hélas<br />
été fortement marquées par les défis économiques<br />
résultant de la pandémie de coronavirus<br />
pour les établissements. Malgré<br />
tout, nous avons pu montrer les contraintes<br />
subies par les collaboratrices et collaborateurs<br />
pour lesquelles les employeurs ont finalement<br />
fait preuve de compréhension et<br />
d’estime sur le plan monétaire.<br />
Le 1 er janvier <strong>2021</strong>, le congé paternité a<br />
été prolongé à trois semaines à plein salaire<br />
dans tous les hôpitaux et cliniques.<br />
De plus, le Centre hospitalier Bienne paie<br />
depuis le 1er <strong>avril</strong> des suppléments du<br />
week-end le samedi matin. Tant au sein de<br />
l’Inselgruppe (0,5%) que du Centre hospitalier<br />
Bienne (0,4%), le salaire augmente<br />
avant tout parmi le personnel soignant.<br />
L’Inselgruppe ainsi que les centres<br />
hospitaliers régionaux et cliniques psychiatriques<br />
accordent en sus des mesures<br />
salariales individuelles. A l’Inselgruppe,<br />
elles se montent à 0,8%, dans les centres<br />
hospitaliers régionaux et cliniques psychiatriques<br />
à 0,3%.<br />
Une prime sera accordée dans tous les<br />
établissements au début 2022, à condition<br />
que l’exercice <strong>2021</strong> soit bon. <strong>No</strong>us constatons<br />
avec satisfaction qu’un grand nombre<br />
d’hôpitaux ont versé à la fin de l’année une<br />
prime spéciale en raison du coronavirus.<br />
Assemblée générale <strong>2021</strong><br />
Jeudi 22 <strong>avril</strong> <strong>2021</strong>, 19h à 20h, en ligne (par<br />
Zoom).<br />
Ordre du jour<br />
1. Procès-verbal de l’assemblée générale<br />
ordinaire 2020<br />
2. Rapport annuel de la présidence<br />
3. Comptes annuels 2020<br />
4. Budget <strong>2021</strong><br />
5. Cotisations 2022<br />
6. Elections (présidence, comité)<br />
7. Election de l’organe de révision<br />
8. Négociations salariales <strong>2021</strong><br />
9. Formation postgraduée et continue<br />
pendant la pandémie de coronavirus<br />
10. Questions et discussion<br />
L’invitation sera envoyée par courrier.<br />
Elle est aussi disponible sur le site web,<br />
avec le rapport annuel de la présidence. La<br />
fenêtre de connexion (délai jusqu’au 15<br />
<strong>avril</strong> <strong>2021</strong>) figure également sur vsao-bern.<br />
ch.<br />
Fête du jubilé <strong>2021</strong><br />
C’est avec regret que nous avons annulé la<br />
fête du jubilé prévue le 12 juin <strong>2021</strong>. <strong>No</strong>us<br />
nous réjouissons de faire à nouveau la fête<br />
lorsque la situation se sera normalisée.<br />
Janine Junker<br />
Directrice de l’ASMAC Berne<br />
Zurich /<br />
Schaffhouse<br />
La priorité du printemps:<br />
encourager la relève!<br />
En particulier en temps de coronavirus,<br />
nous attachons une grande importance à<br />
la formation postgraduée et à l’encouragement<br />
de la relève.<br />
<strong>No</strong>us avons commencé cette action le<br />
20 mars avec le grand séminaire CoachMy-<br />
Career pour les étudiantes et étudiants.<br />
Cette fois-ci, la manifestation sera évidemment<br />
virtuelle.<br />
Avec Anna Wang, notre nouvelle présidente,<br />
la chirurgie occupe une place<br />
de premier plan. Au sein du comité de<br />
l’ASMAC Zurich, nous comptons également<br />
un nombre croissant de membres<br />
issus des disciplines chirurgicales. Cela a<br />
même permis de créer le ressort chirurgie<br />
l’année dernière. Son premier projet sous<br />
forme d’un sondage pour identifier les défis<br />
spécifiques à la discipline a été lancé en<br />
mars. A l’heure actuelle, le ressort chirurgie<br />
compte sept jeunes médecins motivés<br />
qui se trouvent à différents stades de leur<br />
formation postgraduée. «La chirurgie est<br />
une discipline magnifique qui propose<br />
une théorie intéressante et requiert des<br />
aptitudes manuelles. C’est une discipline<br />
pratique. <strong>No</strong>us avons besoin de jeunes collègues<br />
qui suivent ce parcours avec plaisir<br />
sans avoir l’impression d’être usés. Pour<br />
transmettre le plaisir et l’enthousiasme<br />
pour les disciplines chirurgicales, nous<br />
devons adapter notre formation postgraduée<br />
et notre attitude», déclare Alexandra<br />
Filips, responsable de projet du ressort<br />
chirurgie de l’ASMAC Zurich. C’est dans<br />
cette perspective que nous avons discuté<br />
du thème «La chirurgie et les femmes»<br />
avec le «Tages-Anzeiger» et saluons la sensibilisation<br />
du public sur ce sujet.<br />
<strong>No</strong>us avons prévu d’initier avec l’Université<br />
de St-Gall, l’Hôpital universitaire<br />
de Zurich et l’Hôpital universitaire de Bâle<br />
un programme d’encouragement pour les<br />
médecins-assistantes. <strong>No</strong>us vous tenons<br />
au courant sur Instagram @vsaozh et sur<br />
notre site web.<br />
Et vous, que faites-vous pour encourager<br />
et motiver votre relève?<br />
Viktoria Stanojevic<br />
Social Media Manager et assistante de<br />
communication ASMAC Zurich / Schaffhouse<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 17
<strong>asmac</strong><br />
Conseil juridique de l’<strong>asmac</strong><br />
Quarantaine et isolement:<br />
qui paye quoi?<br />
Je suis en quarantaine pour dix<br />
jours suite à un contact que<br />
j’ai eu le vendredi avec un ami<br />
testé positif au COVID-19<br />
durant le week-end. Le mercredi, je<br />
commence à ressentir des symptômes<br />
et me fais tester: je suis aussi positif.<br />
Dès lors, je dois me mettre en isolement.<br />
Aurai-je toujours droit à mon<br />
salaire? Qui va me le payer?<br />
Si vous êtes salarié, en cas d’empêchement<br />
de travailler pour une raison<br />
inhérente à la personne du travailleur<br />
telle qu’une maladie, l’art. 324a CO<br />
prévoit une obligation pour l’employeur<br />
de payer le salaire pendant une période<br />
déterminée, à certaines conditions.<br />
Dans la pratique, l’employeur conclut<br />
généralement une assurance perte de<br />
gain maladie qui couvre le versement du<br />
salaire à 80%. Les indemnités journalières<br />
versées par l’assureur libèrent<br />
l’employeur du versement du salaire. Ces<br />
contrats peuvent prévoir un délai de<br />
carence pendant lequel l’assurance<br />
n’intervient pas. Pour les courtes maladies,<br />
l’employeur assume ainsi durant<br />
cette période le salaire de ses collaborateurs,<br />
qu’il est autorisé à payer à 80%. Un<br />
délai de carence d’un à trois jours sans<br />
salaire est cependant licite.<br />
Parfois, le contrat prévoit le versement<br />
du salaire en plein en cas de<br />
maladie. C’est alors l’employeur qui<br />
assume la différence avec le montant<br />
payé par l’assurance.<br />
Dans la fonction publique, la réglementation<br />
est différente, le Code des<br />
obligations ne s’appliquant pas. Les lois<br />
sur le personnel de l’Etat prévoient<br />
généralement le versement de l’entier du<br />
salaire.<br />
S’agissant du coronavirus, toutes les<br />
personnes testées positives sont considérées<br />
comme malades, même si elles sont<br />
asymptomatiques. Elles bénéficient ainsi<br />
de ce régime et sont payées selon ce que<br />
prévoit leur contrat ou la loi, qu’il y a lieu<br />
de consulter en cas de doute.<br />
La situation de la quarantaine est<br />
différente puisque la personne n’est pas<br />
malade mais doit rester à la maison pour<br />
des questions sanitaires, de façon à éviter<br />
la propagation de la maladie.<br />
La nouvelle loi COVID-19 prévoit le<br />
droit à une allocation pour perte de gain<br />
en cas de coronavirus pour les personnes<br />
mises en quarantaine qui ne peuvent<br />
effectuer du télétravail, si elles sont<br />
salariées ou indépendantes et qu’elles<br />
sont assurées à l’AVS. Il faut pour cela que<br />
la quarantaine ait été prescrite par un<br />
service cantonal ou un médecin. Une<br />
alerte de l’application SwissCovid ne<br />
suffit pas. Le droit à l’allocation débute<br />
dès le premier jour de la quarantaine et<br />
dure au maximum dix jours. Il est aussi<br />
garanti pour le parent dont un enfant est<br />
en quarantaine.<br />
Cette allocation est versée par les<br />
caisses de compensation AVS. L’indemnité<br />
se monte à 80% du revenu moyen<br />
soumis à l’AVS obtenu avant le début du<br />
droit, mais au plus à 196 francs par jour<br />
pour les salariés.<br />
Dans votre cas, le droit à l’allocation<br />
est donné pour les premiers jours de<br />
quarantaine. Par contre, dès le résultat du<br />
test positif et votre mise en isolement, le<br />
droit aux APG tombe et le cas relève<br />
exclusivement de la maladie.<br />
Les indemnités étant versées via<br />
l’employeur, le salarié n’aura pas de<br />
démarche à faire pour recevoir son<br />
salaire, si ce n’est lui remettre son<br />
certificat médical ou de quarantaine. Une<br />
bonne connaissance de ces règles lui sera<br />
tout de même utile pour comprendre une<br />
éventuelle diminution de son salaire et en<br />
vérifier la légalité.<br />
Le médecin indépendant devra faire<br />
une demande à sa caisse pour bénéficier<br />
des APG. Elles sont calculées sur la base<br />
du revenu annuel converti en gain<br />
journalier qui a servi pour fixer sa<br />
dernière cotisation personnelle AVS.<br />
Ainsi, différents mécanismes et<br />
instances entrent en œuvre pour combler,<br />
en partie, les pertes de gain subies durant<br />
la pandémie. Les règles du droit du travail<br />
servent à garantir les droits des travailleurs<br />
alors que les compléments instaurés<br />
par les mesures et par la loi COVID-19 ont<br />
pour but d’alléger les charges qui pèsent<br />
sur les épaules de l’employeur ou de<br />
l’indépendant.<br />
Véronique Aeby<br />
avocate, section Fribourg<br />
18<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
L’évolution<br />
se trompe-t-elle<br />
parfois?<br />
Des yeux qui ne voient pas, des jambes qui ne marchent pas – s’agit-il<br />
d’erreurs évolutionnaires ou même d’exemples de succès?<br />
D r Julia M. I. Barth et Prof. Walter Salzburger, Institut zoologique, Université de Bâle<br />
Photo: màd<br />
Le scénario est bien connu: le<br />
diagnostic d’une appendicite<br />
est posé chez un patient souffrant<br />
de fortes douleurs abdominales.<br />
S’ensuit une appendicectomie –<br />
l’élimination chirurgicale de l’appendice<br />
du cæcum. La même chose peut nous arriver<br />
en cas de mal de dents: une dent de<br />
sagesse partiellement incluse ou enflammée<br />
est généralement immédiatement<br />
extraite. Mais pourquoi de telles structures<br />
apparemment inutiles, qui causent<br />
plus de problèmes qu’elles ne sont bénéfiques<br />
à la santé, existent-elles? L’évolution<br />
s’est-elle trompée?<br />
Dans le monde animal, il existe de<br />
nombreux autres exemples de telles caractéristiques<br />
(pour l’essentiel) sans fonction.<br />
L’expression «myope comme une taupe»<br />
se réfère ainsi à l’absence d’acuité visuelle<br />
des yeux de cet insectivore. Quant à l’orvet,<br />
il possède des restes d’os de la ceinture<br />
scapulaire et pelvienne, même si ce reptile<br />
qui ressemble à un serpent n’a pas de<br />
jambes. Ces structures s’appellent «structures<br />
vestigiales». Sont-elles donc des vestiges<br />
de tentatives ratées de l’évolution?<br />
Sélection et adaptation<br />
Pour répondre à cette question, il vaut la<br />
peine de passer en revue les principes fondamentaux<br />
de l’évolution. D’un point de<br />
vue biologique, le terme «évolution» désigne<br />
la modification de caractéristiques<br />
qui peuvent être transmises de génération<br />
en génération sur la base de l’adaptation à<br />
l’environnement. «Héréditaire» se réfère<br />
ici à l’information génétique qui code en<br />
quelque sorte le plan de construction pour<br />
les propriétés de chaque organisme, mais<br />
qui peut être modifié par des mutations qui<br />
surviennent de manière aléatoire. L’«adaptation»<br />
se produit par la sélection naturelle<br />
des individus dont la combinaison des caractéristiques<br />
mène à une meilleure vitalité<br />
génétique – ces individus produisent<br />
proportionnellement une plus grande progéniture<br />
qui se multiplie également.<br />
Comme l’avait déjà reconnu à juste titre<br />
Charles Darwin (1809–1882), le fondateur<br />
de la théorie de l’évolution, ce sont donc les<br />
caractéristiques qui conduisent à une<br />
meilleure vitalité génétique qui s’imposent<br />
dans une population au fil du temps.<br />
Cette modification progressive de caractéristiques<br />
d’origine commune («homologues»)<br />
peut souvent être reconstituée<br />
sur plusieurs lignes de descendance. Traditionnellement,<br />
ce sont les caractéristiques<br />
extérieures qui ont été utilisées<br />
pour déterminer les liens de parenté et<br />
l’évolution phylogénétique. Dans les livres<br />
de biologie, on emploie pour cela fréquemment<br />
l’exemple des membres antérieurs<br />
de différents animaux vertébrés qui présentent<br />
tous le même plan de base, mais<br />
qui est cependant adapté aux environnements<br />
respectifs dans les différents<br />
groupes (cf. illustration). Aujourd’hui, les<br />
biologistes de l’évolution utilisent davantage<br />
des données génétiques homologues,<br />
c’est-à-dire l’information génétique, pour<br />
reconstruire des arbres généalogiques. Ce<br />
faisant, on tient compte de la séquence des<br />
«lettres» de l’ADN (les bases) pour constater<br />
les points communs et les différences<br />
résultant des mutations (cf. illustration).<br />
Sur la base de tels arbres généalogiques,<br />
on peut alors documenter les modifications<br />
des caractéristiques survenues au fil<br />
de l’évolution.<br />
Seulement en apparence<br />
un inconvénient<br />
Comment les biologistes de l’évolution<br />
s’expliquent-ils alors l’apparition de structures<br />
«inutiles»?<br />
En établissant l’hypothèse, plusieurs<br />
fois vérifiée, selon laquelle les caractéristiques<br />
rudimentaires n’ont pas toujours<br />
été inutiles, mais qu’elles ont rempli une<br />
fonction («adaptative») importante à un<br />
moment donné de l’évolution phylogénétique,<br />
qui n’a ensuite plus constitué un<br />
avantage, p. ex. à cause d’un changement<br />
de l’environnement. Il s’agit donc moins<br />
d’une «genèse», mais plutôt d’une variante<br />
ou altération de structures autrefois importantes<br />
qui ont conduit aux structures<br />
vestigiales.<br />
Dans le cas de la taupe aveugle, la<br />
perte de l’acuité visuelle est une adapta-<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 19
Point de mire<br />
tion à une vie sous terre sans lumière du<br />
jour. Les taupes aveugles avaient probablement<br />
un avantage en termes de vitalité<br />
par rapport à leurs congénères voyants.<br />
Un tel avantage pourrait avoir été un besoin<br />
en énergie réduit des taupes aveugles.<br />
Chez les primates par exemple, près de la<br />
moitié du cerveau sert à la vision. On suppose<br />
donc que la perte de l’acuité visuelle<br />
a libéré des capacités dans le cerveau de la<br />
taupe qui pouvaient être utilisées ailleurs,<br />
par exemple pour des sens permettant à la<br />
taupe de trouver facilement de la nourriture,<br />
même dans un environnement<br />
sombre. Une autre explication serait que<br />
la vision n’était plus nécessaire dans un<br />
environnement sans lumière du jour, que<br />
la perte de l’acuité visuelle ne s’est pas<br />
traduite par un inconvénient (ou éventuellement<br />
même par un avantage énergétique).<br />
Il se peut donc qu’une accumulation<br />
de mutations se soit produite au fil<br />
du temps en raison de l’absence de pression<br />
de sélection qui a finalement eu pour<br />
con séquence une perte de fonction sans<br />
inconvénients. La même chose a aussi pu<br />
être démontrée chez le tétra aveugle<br />
(Astyanax).<br />
Tout comme la taupe sous la terre et<br />
les tétras dans les grottes mexicaines qui<br />
n’avaient plus besoin de leur acuité visuelle,<br />
nous n’avons plus besoin, compte<br />
tenu de changements des sources et habitudes<br />
alimentaires, de mâchoires aussi<br />
puissantes, puisque nous sommes capables<br />
de réduire ou cuire les aliments au<br />
lieu de les broyer. La réduction de la longueur<br />
de la mâchoire a eu pour conséquence<br />
que nos 32 dents n’avaient plus<br />
assez de place. Les dents sont devenues<br />
plus petites et chez de nombreuses personnes,<br />
les dents de sagesse ne sont même<br />
plus présentes – elles sont des structures<br />
vestigiales inutiles qui disparaissent progressivement.<br />
Caractéristiques homologues<br />
Adapté<br />
à la nage<br />
ATAGT-AT-<br />
AAAGT-AT-<br />
Les structures vestigiales ne sont donc pas<br />
des pièces expérimentales ou erreurs de<br />
l’évolution, mais un résidu de caractéristiques<br />
qui ont progressivement perdu leur<br />
fonction initiale importante. La véritable<br />
erreur ne se situe donc pas dans l’évolution,<br />
mais dans la considération isolée de<br />
telles structures. Si l’on remonte aux an-<br />
ATAGT-ATT<br />
ATTGT-ATT<br />
Séquences d’ADN homologues<br />
Ces arbres généalogiques montrent les liens de parenté des différents tétrapodes sur la base de<br />
caractéristiques homologues des membres antérieurs (en haut) et des séquences d’ADN (en bas).<br />
Toutes ces espèces possèdent quatre membres qui se sont modifiés et adaptés à leur habitat au<br />
cours de l’évolution. L’information génétique responsable du codage de ce plan de construction a<br />
également été modifiée en conséquence.<br />
Adapté<br />
à la marche<br />
Baleine Chien Homme Oiseaux<br />
ATTGTCATT<br />
Ancêtre commun<br />
cêtres phylogénétiques de ces caractéristiques,<br />
on découvrira fréquemment que<br />
les structures «totalement inutiles» possédaient<br />
une fois une fonction. Ces structures<br />
sont donc un phénomène intéressant<br />
qui nous permet de reconstituer<br />
l’évolution et cela même sur notre propre<br />
corps.<br />
20<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 21
Point de mire<br />
Des machines<br />
intelligentes et<br />
saines<br />
L’erreur humaine est humaine. Mais comment peut-on empêcher l’erreur<br />
mécanique? Et si possible avant qu’elle ne survienne?<br />
Et comment la médecine peut-elle profiter des réponses à ces questions?<br />
Prof. Olga Fink, professeur en systèmes de maintenance intelligents, EPF Zurich<br />
La notion du «patient transparent»<br />
suscite de nombreuses<br />
craintes dans la population.<br />
Mais que se passerait-il si l’on<br />
pouvait surveiller les patients en temps<br />
réel avec des capteurs et appareils de mesure<br />
adaptés? Et cela pas seulement<br />
quand ils présentent des symptômes de<br />
maladie, mais aussi lorsqu’ils sont en<br />
bonne santé. Un grand nombre de maladies<br />
pourraient ainsi être décelées à un<br />
stade précoce et traitées à temps. Les médecins<br />
établiraient alors des prescriptions<br />
non pas pour guérir la maladie ou en combattre<br />
les symptômes, mais plutôt des<br />
prescriptions qui empêcheraient la maladie<br />
de se déclencher et cela d’une manière<br />
adaptée à chaque patient et à ses particularités.<br />
La médecine personnalisée serait<br />
donc seulement l’étape préliminaire d’un<br />
tel traitement préventif individualisé.<br />
L’historien Yuval <strong>No</strong>ah Harari n’est qu’un<br />
visionnaire parmi de nombreux autres à<br />
avoir prédit dans ses livres des développements<br />
révolutionnaires grâce à la symbiose<br />
entre la biotechnologie et l’intelligence<br />
artificielle (IA).<br />
Surveillance de l’état en temps réel<br />
Ce qui n’est actuellement que de la musique<br />
d’avenir dans la médecine est depuis<br />
longtemps une réalité dans le domaine des<br />
installations techniques complexes. La réduction<br />
des coûts et l’amélioration de la<br />
fiabilité des capteurs et systèmes de mesure,<br />
de la transmission et de la sauvegarde<br />
de données ont fait de la surveillance de<br />
l’état en temps réel quasiment la norme<br />
pour de nombreux systèmes techniques<br />
complexes. Aujourd’hui, l’état de systèmes<br />
complexes est généralement surveillé par<br />
d’innombrables types de capteurs qui saisissent<br />
p. ex. la température, la pression, le<br />
débit, la vibration, les images ou même le<br />
streaming vidéo de l’état des systèmes. Il<br />
en résulte des données de surveillance de<br />
l’état très hétérogènes dans une résolution<br />
temporelle différente. Les centrales, les éoliennes<br />
et les avions sont souvent étroitement<br />
surveillés par des centaines ou des<br />
milliers de capteurs.<br />
Même si quelques techniciens expérimentés<br />
sont capables de déceler des défaillances<br />
dans certaines installations grâce à<br />
leurs impressions sensorielles: notamment<br />
par l’ouïe, l’odorat ou la perception<br />
tactile, l’identification de schémas dans<br />
des séries temporelles multidimensionnelles<br />
des signaux de mesure ne compte<br />
pas parmi les forces des experts humains.<br />
C’est toutefois précisément dans ce<br />
domaine que les forces de l’intelligence<br />
artificielle pourraient être exploitées. La<br />
tâche des algorithmes intelligents est alors<br />
de déceler, sur la base des mesures hétérogènes,<br />
à partir de quel instant un système<br />
commence à être «malade» ou à présenter<br />
un état défaillant. Cela serait d’ailleurs<br />
une tâche classique de la reconnaissance<br />
de formes, tâche à laquelle les algorithmes<br />
de l’intelligence artificielle sont particulièrement<br />
bien adaptés. L’une des caractéristiques<br />
fondamentales des algorithmes<br />
de l’apprentissage supervisé est cependant<br />
qu’ils apprennent les modèles caractéristiques<br />
sur la base d’exemples et qu’ils<br />
sont souvent de très grands consommateurs<br />
de données.<br />
Une autre similitude entre les installations<br />
complexes et les patients humains<br />
vient ici entraver les algorithmes: les<br />
pannes, c’est-à-dire les états «malsains»,<br />
ne surviennent que rarement dans des installations<br />
critiques. Les types de panne et<br />
leur manifestation peuvent de plus être<br />
très divers. Sans compter que des pannes<br />
jusqu’ici inconnues peuvent survenir. Les<br />
schémas de panne ne constituent donc pas<br />
une base suffisante pour assurer aux algorithmes<br />
un apprentissage approprié. Bien<br />
évidemment, on pourrait aussi attendre<br />
jusqu’à ce qu’un nombre suffisant<br />
d’exemples représentatifs soient survenus.<br />
Cela pourrait toutefois durer très<br />
longtemps pour certains systèmes et ne<br />
conviendrait donc pas à n’importe quelle<br />
application pratique.<br />
Reconnaître les erreurs,<br />
diagnostiquer les causes<br />
Dans cette situation, on peut cependant se<br />
servir d’une astuce: au lieu d’apprendre<br />
Photo: ©Adobe<br />
22<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
explicitement les défaillances, les algorithmes<br />
sont entraînés à apprendre la<br />
bonne représentation de l’état «sain». En<br />
effet, on dispose généralement de suffisamment<br />
de «données saines». Ensuite,<br />
dans l’application pratique, les algorithmes<br />
distinguent entre l’état «sain» et<br />
les anomalies qui surviennent et déclenchent<br />
alors l’alarme correspondante.<br />
<strong>No</strong>us avons ainsi p. ex. pu déceler dans le<br />
cadre d’une étude la défaillance d’un générateur<br />
d’une centrale environ 100 jours<br />
avant que l’état critique ne survienne.<br />
Même si l’alarme peut déjà être d’une<br />
grande utilité, cette information à elle<br />
seule ne serait pas d’un grand secours<br />
pour le technicien, car il devrait vérifier<br />
tous les sous-systèmes pour trouver la<br />
cause de la défaillance. C’est ici qu’entre<br />
en jeu le diagnostic qui cherche à distinguer<br />
les différentes défaillances, mais aussi<br />
à localiser la défaillance dans le système<br />
complexe. Pour le diagnostic, l’intelligence<br />
artificielle peut aider à faire la distinction<br />
entre les différents types de défaillances<br />
et cela même lorsque les modèles<br />
caractéristiques ne peuvent pas être<br />
acquis sur la base d’exemples. Pour<br />
l’exemple du générateur cité plus haut,<br />
nous avons pu identifier la cause de la défaillance<br />
en réduisant les environ 300 signaux<br />
de surveillance de l’état de fonctionnement<br />
à quelques-uns. Ceux-ci ont<br />
ensuite été présentés à l’expert qui a rapidement<br />
pu déterminer le type de défaillance.<br />
Le diagnostic des défaillances présente<br />
régulièrement des parallèles avec le<br />
travail de détective des médecins qui<br />
tentent de trouver la cause des symptômes<br />
en vérifiant différentes hypothèses.<br />
Atteindre la longévité<br />
Au final, le dernier maillon de la chaîne est<br />
le pronostic relatif à la durée d’utilisation<br />
restante. Il s’agit là en fait de l’information<br />
la plus précieuse pour pouvoir planifier à<br />
temps (ni trop tôt ni trop tard) les mesures<br />
de maintenance. C’est aussi la tâche la<br />
plus ardue, étant donné que la dynamique<br />
de l’usure et le développement de la défaillance<br />
sont souvent très complexes et insuffisamment<br />
compris, mais qu’ils dépendent<br />
aussi des conditions d’utilisation<br />
et des facteurs externes. Si l’on ne dispose<br />
pas d’un nombre suffisant de trajectoires<br />
connues jusqu’à la défaillance, les algorithmes<br />
de l’intelligence artificielle<br />
échouent lamentablement. En effet,<br />
comme déjà indiqué plus haut, il n’y a normalement<br />
qu’un très petit nombre de ces<br />
Même un technicien expérimenté atteint ses limites s’il doit déceler les défaillances d’installations<br />
techniques complexes sur la seule base de son expérience. L’intelligence artificielle n’anticipe pas<br />
seulement les défaillances, mais décèle aussi leur source.<br />
trajectoires, vu que les installations complexes<br />
ne sont que rarement défaillantes.<br />
On peut remédier à cela en soutenant les<br />
algorithmes par des modèles et lois physiques.<br />
Ces symbioses hybrides entre les<br />
modèles physiques et les algorithmes de<br />
l’intelligence artificielle permettent non<br />
seulement de réduire le volume de données,<br />
mais délivrent également une meilleure<br />
performance. Et ce qui compte aussi,<br />
c’est qu’elles renforcent la confiance des<br />
utilisateurs dans les algorithmes et améliorent<br />
considérablement l’interprétabilité<br />
des résultats. <strong>No</strong>us avons pu employer<br />
cette méthode hybride dans une étude<br />
avec la NASA pour établir un pronostic sur<br />
la durée d’utilisation restante des réacteurs,<br />
et sommes parvenus à de très<br />
bonnes prévisions.<br />
Alors quelle est l’étape suivante? Si<br />
nous sommes capables d’établir des prévisions<br />
sur la manière dont évoluera l’état<br />
du système à l’avenir, nous devons aussi<br />
avoir appris les facteurs d’influence nécessaires<br />
à cela. Dans ces circonstances, ça n’a<br />
donc pas de sens de rester passif jusqu’à ce<br />
que l’installation tombe en panne. Une démarche<br />
proactive serait de prescrire au<br />
système de quelle manière il doit être exploité<br />
pour prolonger sa durée de vie. <strong>No</strong>us<br />
en arrivons donc à l’exploitation normative<br />
des installations qui tient aussi<br />
compte de l’état de l’installation. Actuellement,<br />
nous travaillons sur le développement<br />
de cette méthode pour les sources<br />
d’électricité hybride. Les premiers résultats<br />
sont très prometteurs.<br />
Les principes d’une exploitation normative<br />
sont comparables à une recommandation<br />
préventive d’un médecin lorsqu’il<br />
conseille à son patient d’adapter son<br />
alimentation et de faire davantage d’exercice<br />
physique pour augmenter son espérance<br />
de vie.<br />
Qu’est-ce que la médecine peut apprendre<br />
de la maintenance intelligente<br />
d’installations techniques complexes et<br />
inversement? En premier lieu qu’il existe<br />
énormément de parallèles et qu’il pourrait<br />
s’avérer utile de regarder chez les autres,<br />
de profiter des développements et expériences<br />
et même de se laisser inspirer par<br />
les principes, méthodes et approches. Dernièrement,<br />
nous avons ainsi constaté avec<br />
une collègue de l’EPF qui effectue des travaux<br />
de recherche sur les cellules cancéreuses<br />
à quel point nos questions et les<br />
méthodes que nous développons sont similaires.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 23
Point de mire<br />
La schizophrénie<br />
et les erreurs<br />
de prédiction<br />
Comment comprendre les hallucinations et les idées délirantes que<br />
peuvent présenter les personnes souffrant de schizophrénie? Des études<br />
récentes ont mis en évidence que ces personnes présentaient<br />
une difficulté à prédire les conséquences de leur actes, en raison d’une<br />
mauvaise signalisation des erreurs de prédiction. Elles tenteraient<br />
alors de réduire ces erreurs en construisant des représentations<br />
délirantes du monde et en ajustant les données sensorielles. Ces<br />
découvertes ouvrent de nouvelles voies dans l’étude de la schizophrénie.<br />
D r Pierre Progin – médecin associé, responsable de la section «E. Minkowski»,<br />
Service de psychiatrie générale – DP/CHUV Lausanne<br />
Photo: Adobe<br />
La schizophrénie est un trouble<br />
neurodéveloppemental sévère<br />
qui affecte environ 1% de la population.<br />
Responsable d’une<br />
importante souffrance, tant des patients<br />
que de leurs proches, elle est considérée<br />
comme la huitième cause d’invalidité<br />
dans le monde par l’OMS. Bien que de<br />
plus en plus de travaux scientifiques<br />
mettent en évidence une base biologique<br />
à ce trouble, le diagnostic repose encore à<br />
l’heure actuelle sur la présence de symptômes<br />
psychotiques caractéristiques, tels<br />
que les troubles perceptifs (hallucinations),<br />
les idées délirantes (fausses<br />
croyances) et la désorganisation de la<br />
pensée et du comportement. Selon le manuel<br />
de classification diagnostique CIM-<br />
10 [1], ces symptômes, qui sont en général<br />
accompagnés d’une symptomatologie négative<br />
(anhédonie, diminution de l’intensité<br />
émotionnelle, retrait social …) et de<br />
troubles cognitifs (attention, mémoire,<br />
fonctions exécutives …) doivent être présents<br />
durant une période d’au moins un<br />
mois afin de retenir le diagnostic de schizophrénie.<br />
Etant donné le nombre important<br />
de symptômes qui peuvent mener à<br />
ce diagnostic, il existe une grande hétérogénéité<br />
dans les manifestations cliniques<br />
entre deux personnes qui présentent ce<br />
diagnostic et également chez un même<br />
individu en fonction des différents stades<br />
du trouble. Cette hétérogénéité rend difficiles<br />
la compréhension de l’expérience<br />
des patients et l’appréhension d’un mécanisme<br />
physiopathologique commun.<br />
L’expérience vécue des patients:<br />
l’approche phénoménologique<br />
L’approche phénoménologique, qui s’intéresse<br />
à l’expérience vécue des patients,<br />
propose de définir la schizophrénie<br />
comme un trouble d’un niveau fondamental<br />
de la conscience de soi, appelé ipséité<br />
ou soi minimal. L’ipséité décrit la coexistence<br />
indissociable de l’expérience et de<br />
l’auteur de cette expérience: le sujet sait<br />
immédiatement et de façon implicite que<br />
l’expérience est vécue par lui-même, qu’il<br />
est lui-même l’agent et l’auteur de son vécu,<br />
sans avoir besoin de le thématiser. Il<br />
est proposé qu’un défaut à ce niveau basique<br />
de la conscience de soi s’accompagne<br />
d’une «hyperréflexivité» (c’est-àdire<br />
d’une prise de conscience d’aspects<br />
normalement non conscients dans l’expérience<br />
vécue), ainsi que d’une diminution<br />
du sentiment basique d’être soi [2]. Du fait<br />
d’une perte de délimitation entre soi et le<br />
monde externe, une confusion s’installe:<br />
le patient a par exemple l’impression que<br />
des pensées lui sont imposées, qu’une voix<br />
commente ses actions ou qu’une force externe<br />
cause ses propres actions (syndrome<br />
d’influence). Comment expliquer une telle<br />
confusion entre le soi et le non-soi?<br />
Le modèle prédictif<br />
Sur le plan neurobiologique, plusieurs<br />
modèles ont été proposés afin d’expliquer<br />
les troubles du sens de l’agentivité, terme<br />
qui décrit la faculté de pouvoir distinguer<br />
si une action est produite par le sujet ou<br />
un agent externe. Il a d’abord été proposé<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 25
Point de mire<br />
Délire ou réalité? De nouveaux biomarqueurs, mais aussi de nouvelles méthodes d’entraînement pourraient permettre de réduire les erreurs de<br />
prédiction et donc les idées délirantes.<br />
qu’il s’agissait d’un problème d’autocontrôle<br />
[3]. Le sujet n’a pas conscience de<br />
ses intentions en raison d’une défaillance,<br />
au niveau neuronal, de la décharge corollaire<br />
chargée d’indiquer qu’un mouvement<br />
est sur le point de se produire. L’action<br />
est ainsi perçue comme provoquée<br />
par des forces externes. Cela a ensuite été<br />
exprimé sous forme d’un modèle prédictif<br />
appelé forward model [4, 5]. Dans ce modèle,<br />
lors de la commande d’une action, le<br />
sujet va en prédire les conséquences. Si<br />
cette prédiction correspond aux conséquences<br />
réelles de cette action, le sujet va<br />
s’en attribuer l’origine, alors qu’il va l’attribuer<br />
à une cause externe si les conséquences<br />
ne correspondent pas aux résultats<br />
attendus. De nombreuses expériences<br />
ont montré que les patients psychotiques<br />
présentent un déficit dans la capacité<br />
d’établir ces prédictions, ainsi qu’un dysfonctionnement<br />
du mécanisme chargé<br />
d’atténuer l’activité neuronale induite par<br />
les mouvements autogénérés [4]. Un mouvement<br />
actif, dont les conséquences n’ont<br />
pas été atténuées comme elles auraient dû<br />
l’être, est ainsi ressenti comme un mouvement<br />
passif. Actuellement, ces modèles<br />
sont intégrés dans un modèle plus large<br />
d’inférence bayésienne (fondé sur le théorème<br />
de Bayes) [6]. Selon cette approche,<br />
les représentations ne sont pas que le fruit<br />
de perceptions sensorielles, mais plutôt<br />
de l’intégration de ces perceptions et d’un<br />
savoir sur le monde. C’est la combinaison<br />
d’informations sensorielles multiples et<br />
d’un savoir a priori (acquis lors d’expériences<br />
passées) qui permet au cerveau<br />
d’inférer une probabilité qu’il s’agisse de<br />
telle ou telle représentation [7]. Si cette représentation<br />
est incorrecte et ne correspond<br />
pas à ce qui était prévu (erreur de<br />
prédiction), le système va corriger le savoir<br />
a priori pour augmenter la précision<br />
de la prédiction, mieux l’ajuster à la réalité<br />
et ainsi tendre à minimiser les erreurs de<br />
prédictions. Selon P. Fletcher et C. Frith,<br />
une altération de ce mécanisme d’inférence<br />
serait à l’origine de fausses perceptions<br />
et de fausses croyances (idées délirantes)<br />
dans la schizophrénie [8]. En effet,<br />
en cas de signalisation erronée d’erreurs<br />
de prédiction, la révision des perceptions<br />
et des croyances ne conduirait plus à une<br />
représentation du monde mieux ajustée à<br />
la réalité, mais augmenterait les divergences<br />
et mènerait à des reconceptualisations<br />
du monde de plus en plus radicales,<br />
comme on peut le voir lors des épisodes<br />
délirants.<br />
Il a ainsi été montré que les patients<br />
psychotiques tendent à prêter attention à<br />
des stimuli normalement sans importance,<br />
phénomène appelé saillance aberrante<br />
[9], qui serait en lien avec une dysrégulation<br />
dopaminergique. Cette attention<br />
26<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
portée sur des stimuli non pertinents induit<br />
des erreurs de prédiction que le système<br />
va tenter de diminuer en ajustant sa<br />
représentation du monde. Cependant,<br />
comme ce signal d’erreur est erroné, le système<br />
ne pourra pas complètement les résoudre<br />
et va réajuster son modèle jusqu’à<br />
élaborer des représentations délirantes du<br />
monde.<br />
Vers de nouveaux biomarqueurs et<br />
pistes de traitement<br />
Cette conceptualisation neurobiologique<br />
ouvre des portes pour expérimenter de<br />
nouvelles techniques d’investigation des<br />
symptômes psychotiques. L’équipe du Laboratoire<br />
de Neurosciences Cognitives du<br />
Prof. Blanke de l’EPFL a mis au point un<br />
dispositif robotisé permettant de manipuler<br />
de façon contrôlée les erreurs de<br />
prédictions. Le participant manipule un<br />
dispositif robotisé placé devant lui. Un<br />
second robot, placé derrière lui, reproduit<br />
ses mouvements en touchant le participant<br />
dans son dos. Lorsqu’un retard de<br />
500 ms est introduit entre les mouvements<br />
effectués par le participant et ceux<br />
qu’il ressent dans son dos, le participant<br />
rapporte avoir l’impression que quelqu’un<br />
d’autre le touche dans son dos (expérience<br />
de passivité) et que quelqu’un d’autre se<br />
trouve derrière lui (hallucination de<br />
présence) [10]. Lors d’une étude avec des<br />
patients psychotiques, nous avons montré<br />
que cette manipulation leur induisait<br />
également ces hallucinations de présence.<br />
De plus, lorsqu’il leur était demandé d’effectuer<br />
une tâche de reconnaissance de<br />
leur voix durant la manipulation, les<br />
patients qui avaient déjà présenté des<br />
expériences de passivité (pensées imposées,<br />
syndrome d’influence …) attribuaient<br />
plus facilement leur propre voix à<br />
quelqu’un d’autre [11]. Ces expériences<br />
montrent qu’il est possible d’utiliser un<br />
tel dispositif pour induire, de façon<br />
contrôlée, des erreurs de prédiction [12].<br />
<strong>No</strong>us planifions de pouvoir mesurer la<br />
sensibilité des patients à ces manipulations<br />
et d’étudier si ces mesures peuvent<br />
être utilisées comme biomarqueurs dans<br />
la schizophrénie et dans le développement<br />
de certains symptômes psychotiques<br />
(expériences de passivité). De plus,<br />
la mise en place d’autres tâches impliquant<br />
un processus d’inférence bayésienne<br />
durant la manipulation permettrait<br />
d’investiguer les mécanismes<br />
d’apparition de fausses croyances et des<br />
troubles de la perception. Ceci ouvrirait<br />
ensuite la voie à une possible utilisation<br />
du dispositif robotisé à des fins thérapeutiques:<br />
des manipulations permettraient-elles<br />
de s’entraîner à réduire les<br />
erreurs de prédiction et diminuer l’intensité<br />
de certains symptômes psychotiques?<br />
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Psychosis. Biological Psychiatry 84,<br />
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7. Gaillard, R. & Jardri, R. Les<br />
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8. Fletcher, P. C. & Frith, C. D.<br />
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Yamamoto, A., Higuchi, T.,<br />
Salomon, R., Seeck, M., Landis, T.,<br />
Arzy, S., Herbelin, B., Bleuler, H., &<br />
Rognini, G. Neurological and<br />
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12. Serino A., Pozeg P.,<br />
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and source monitoring depend on<br />
robotically-controlled sensorimotor<br />
conflicts and illusory states.<br />
iScience 101955 (2020).<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 27
Point de mire<br />
Tomber, se<br />
relever, continuer<br />
Les erreurs et les échecs font forcément partie des processus<br />
d’apprentissage les plus élémentaires comme l’apprentissage de la<br />
marche ou de la parole. Sans erreurs, les améliorations sont impossibles.<br />
Dr Lisa Wagner et Prof. Moritz Daum,<br />
Institut de psychologie et Jacobs Center for Productive Youth Development, Université de Zurich<br />
Pas à pas et étape par étape vers le succès: les enfants en bas âge ne se laissent pas décourager par des revers,<br />
mais savent intuitivement que l’erreur fait partie du processus d’apprentissage.<br />
Photo: ©Adobe<br />
L’apprentissage de nombreuses<br />
compétences élémentaires présuppose<br />
de toute évidence de<br />
constamment commettre des<br />
erreurs. La psychologue américaine du<br />
développement Karen Adolph montre<br />
dans ses études que les enfants âgés de 12<br />
à 19 mois qui commencent à marcher<br />
tombent en moyenne toutes les trois minutes<br />
et demie, c’est-à-dire 17 fois par<br />
heure [Adolph et al., 2012]. Apprendre à<br />
marcher exige beaucoup de pratique, et<br />
commettre des erreurs – ou plus précisément<br />
comment les enfants et leurs personnes<br />
de référence les gèrent – joue un<br />
rôle essentiel dans ce contexte. Si l’on observe<br />
les petits débutants, on constate que<br />
les chutes sont généralement sans aucune<br />
conséquence. Dans une étude [Han &<br />
Adolph, 2020], il a été observé en laboratoire<br />
que 96% des petits enfants se relevaient<br />
et poursuivaient leur occupation<br />
en l’espace de quelques secondes. Dans<br />
92% des cas, les personnes de référence<br />
ne manifestaient aucune inquiétude particulière.<br />
Le corps d’un petit enfant<br />
semble fait pour tomber. A cause de leur<br />
petite taille, la probabilité de se blesser est<br />
nettement réduite par rapport aux<br />
adultes. Les réactions que les enfants et<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 29
Point de mire<br />
leurs personnes de référence manifestent<br />
soutiennent la thèse selon laquelle les erreurs<br />
n’entravent pas la volonté d’apprendre.<br />
On peut observer la même chose<br />
pour l’apprentissage de la parole. Ici aussi,<br />
on n’attache dans un premier temps<br />
pas grande importance aux erreurs dans<br />
le développement de la parole. Le sujet<br />
continue de parler. Les erreurs que l’on<br />
entend soi-même ne conduisent (généralement)<br />
pas à un moins bon apprentissage<br />
de la parole, étant donné que les erreurs<br />
de langage ne sont souvent pas systématiques,<br />
alors que la langue est systématique.<br />
Ne pas faire grand cas des erreurs<br />
semble être un mécanisme très fonctionnel<br />
qui fait en sorte que les enfants<br />
peuvent suffisamment s’exercer pour acquérir<br />
ces compétences.<br />
L’écart par rapport à ce qui est<br />
attendu<br />
Les nourrissons sont déjà capables de reconnaître<br />
ce qui est une erreur. Un phénomène<br />
dont la recherche s’est servie pour<br />
comprendre ce qui se passe chez les jeunes<br />
enfants. Les «erreurs» sont des évènements<br />
inattendus. Si les nourrissons<br />
montrent pour ces évènements une autre<br />
réaction que par rapport à des évènements<br />
attendus, on peut en conclure qu’ils ont<br />
déjà des attentes sur la manière dont fonctionne<br />
le monde. Chez les nourrissons<br />
âgés de 9 mois, on a constaté la même réaction<br />
que chez les adultes à l’EEG (composant<br />
N400 dans l’EEG) qui est déclenchée<br />
lorsqu’un stimulus (p. ex. un symbole)<br />
a une signification connue que nous<br />
associons avec l’évènement précédent<br />
(Reid et al., 2009). L’autre possibilité pour<br />
constater à quel moment les nourrissons<br />
reconnaissent une «erreur» est d’observer<br />
quand leurs pupilles se dilatent ou pendant<br />
combien de temps ils regardent<br />
quelque chose.<br />
La capacité de consciemment déduire<br />
du savoir sur la base d’erreurs et de les utiliser<br />
pour l’apprentissage ne se développe<br />
que plus tard. Si l’on présente à des enfants<br />
de 3 ans d’abord la mauvaise manière et<br />
ensuite la bonne manière d’utiliser un outil,<br />
l’erreur qui a été corrigée leur permet<br />
d’apprendre la bonne utilisation – alors<br />
que chez les enfants de 2 ans, cela ne réussit<br />
que partiellement et que les deux variantes<br />
sèment plus le trouble [Want &<br />
Harris, 2001]. Quant aux enfants de 5 ans,<br />
ils sont déjà nettement mieux à même<br />
d’anticiper le niveau de connaissance du<br />
camarade de jeu sur la base des erreurs<br />
qu’il commet que les enfants de 3 ans. Ils<br />
peuvent donc aborder les erreurs de manière<br />
plus ciblée en expliquant à leur interlocuteur<br />
ce qui n’était pas juste dans son<br />
comportement et ce qu’il aurait dû faire à<br />
la place [Ronfard & Corriveay, 2016].<br />
Le bénéfice d’une attitude<br />
constructive<br />
Si l’on consulte la recherche sur l’apprentissage<br />
à partir des erreurs tout au long de<br />
la vie [voir Metcalfe, 2017], les enfants<br />
semblent appliquer la bonne stratégie.<br />
Dans les expériences de laboratoire, on<br />
constate régulièrement que l’apprentissage<br />
est particulièrement efficace lorsqu’on<br />
commet des erreurs et reçoit un<br />
feed-back. <strong>No</strong>us apprenons mieux si nous<br />
étions auparavant convaincus que ce que<br />
nous faisions était juste, mais s’est ensuite<br />
avéré faux. Bien sûr, commettre des erreurs<br />
peut provoquer des réactions émotionnelles<br />
négatives. Il est donc judicieux<br />
d’adopter une attitude constructive vis-àvis<br />
des erreurs et de les considérer comme<br />
une opportunité d’apprentissage importante.<br />
Cette méthode s’applique aussi pour<br />
les programmes d’entraînement, p. ex.<br />
Bibliographie<br />
Adolph, K. E., Cole, W. G., Komati, M.,<br />
Garciaguirre, J. S., Badaly, D., Lingeman, J. M.,<br />
Chan, G. L. Y., & Sotsky, R. B. (2012). How do<br />
you learn to walk? Thousands of steps and<br />
dozens of falls per day. Psychological Science,<br />
23(11), 1387–1394. https://doi.<br />
org/10.1177/0956797612446346<br />
Han, D., & Adolph, K. E. (2020). The<br />
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Falling like a baby. Developmental Science.<br />
Advance online publication. https://doi.<br />
org/10.1111/desc.13069<br />
Keith, N., & Frese, M. (2008). Effectiveness<br />
of error management training: A<br />
meta-analysis. <strong>Journal</strong> of Applied Psychology,<br />
93(1), 59–69. https://doi.org/10.1037/0021-<br />
9010.93.1.59<br />
Metcalfe, J. (2017). Learning from errors.<br />
Annual Review of Psychology, 68(1), 465–489.<br />
https://doi.org/10.1146/annurev-psych-010416-044022<br />
Reid, V. M., Hoehl, S., Grigutsch, M.,<br />
Groendahl, A., Parise, E., & Striano, T. (2009).<br />
dans le domaine des logiciels. Les apprentis<br />
sont même expressément priés de commettre<br />
des erreurs et de s’en servir ensuite<br />
pour apprendre. Ces méthodes d’apprentissage<br />
sont particulièrement efficaces si<br />
les aptitudes ainsi acquises doivent ensuite<br />
être transférées sur d’autres types de<br />
tâches, ce qui prouve alors qu’elles ont<br />
particulièrement bien été apprises [Keith<br />
& Frese, 2008]. Outre ce genre d’interventions<br />
directes, la capacité d’apprendre à<br />
partir des erreurs peut aussi être influencée<br />
par le comportement parental: les adolescents<br />
qui se sentaient soutenus par leur<br />
mère dans leur autonomie, parlaient plus<br />
souvent de leurs expériences à l’école et<br />
montraient une attitude plutôt constructive<br />
pour gérer les erreurs en essayant d’en<br />
tirer profit pour la suite de leur apprentissage<br />
[Roth et al., 2009].<br />
Cependant, il y a certaines aptitudes<br />
pour lesquelles l’attitude par rapport aux<br />
erreurs ne semble pas être aussi naturelle<br />
que lors de l’apprentissage de la marche –<br />
mais les enfants en bas âge nous donnent<br />
l’exemple que l’erreur fait tout simplement<br />
partie de l’apprentissage.<br />
The neural correlates of infant and adult goal<br />
prediction: Evidence for semantic processing<br />
systems. Developmental Psychology, 45(3),<br />
620–629. https://doi.org/10.1037/a0015209<br />
Ronfard, S., & Corriveau, K. H. (2016).<br />
Teaching and preschoolers’ ability to infer<br />
knowledge from mistakes. <strong>Journal</strong> of<br />
Experimental Child Psychology, 150, 87–98.<br />
https://doi.org/10.1016/j.jecp.2016.05.006<br />
Roth, G., Ron, T., & Benita, M. (2009).<br />
Mothers’ parenting practices and adolescents’<br />
learning from their mistakes in class: The<br />
mediating role of adolescent’s self-disclosure.<br />
Learning and Instruction, 19(6), 506–512.<br />
https://doi.org/10.1016/j.learninstruc.2008.10.001<br />
Want, S. C., & Harris, P. L. (2001).<br />
Learning from other people’s mistakes: Causal<br />
understanding in learning to use a tool. Child<br />
Development, 72(2), 431–443. https://doi.<br />
org/10.1111/1467-8624.00288<br />
30<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 31
Point de mire<br />
Une erreur lourde<br />
de conséquences<br />
La cueillette des champignons est un plaisir. Mais pas tout ce<br />
qui finit dans le panier peut être consommé. Les mauvais champignons<br />
ou ceux qui sont mal préparés peuvent causer bien des maux.<br />
Dans le pire de cas, l’erreur peut être mortelle.<br />
Eva Grosjean-Sommer, présidente de l’Association suisse des organes officiels de contrôle des champignons<br />
(VAPKO Groupement alémanique)<br />
Chacun sait que l’on peut trouver<br />
les champignons dans la forêt,<br />
qu’ils poussent en automne<br />
et que l’on peut les manger. Erreur<br />
et cela à plus d’un titre: il existe de<br />
nombreuses espèces de champignons qui<br />
poussent sur les pâturages et dans l’herbe,<br />
voire même sous l’eau. On en trouve à<br />
toutes les saisons, certaines même en hiver.<br />
Par contre, seule une minorité des<br />
près de 7000 espèces connues en Suisse<br />
sont propres à la consommation.<br />
Les champignons figurent depuis<br />
longtemps sur nos menus et au fil des dernières<br />
années, la recherche et la cueillette<br />
des espèces comestibles connaissent un<br />
engouement croissant. La pandémie de<br />
coronavirus a fait redécouvrir aux jeunes<br />
et moins jeunes la forêt comme zone de<br />
loisirs. Lors de leurs promenades en forêt,<br />
nombreux ont été ceux qui s’adonnent à la<br />
chasse aux champignons. Même le profane<br />
qui ne s’intéresse qu’accessoirement<br />
aux champignons sait qu’il y a les bonnes<br />
sortes, mais aussi les mauvaises et même<br />
celles qui sont toxiques. Pour savoir les<br />
distinguer, les débutants aiment se servir<br />
d’applications qui peuvent être installées<br />
sur le smartphone. Ce qui fonctionne déjà<br />
relativement bien avec les plantes reste à<br />
l’heure actuelle encore une opération hasardeuse<br />
pour les champignons. En effet,<br />
c’est une particularité des champignons<br />
de pousser sous des formes et couleurs très<br />
différentes. Celui qui ne connaît pas les<br />
traits distinctifs importants risque vite de<br />
consommer le mauvais champignon, ce<br />
qui peut être lourd de conséquences. Ac-<br />
tuellement, il n’existe pas encore d’application<br />
permettant d’identifier sans faute<br />
les champignons.<br />
Même les champignonneurs chevronnés<br />
commettent des erreurs<br />
Dimanche soir, quelque part en Suisse<br />
dans un service de contrôle des champignons.<br />
Un homme plus âgé présente fièrement<br />
un panier de champignons bien rempli.<br />
La contrôleuse lui demande ce qu’il<br />
apporte de bon. «Des kuehneromyces, de<br />
très jolis exemplaires tout frais.» Ce sont<br />
effectivement de très beaux champignons<br />
frais. Il ne s’agit cependant pas de pholiotes<br />
changeantes comestibles (Kuehneromyces<br />
mutabilis), mais de pholiotes<br />
écailleuses (Pholiota squarrosa). L’homme<br />
regarde incrédule la contrôleuse jeter la<br />
totalité du contenu de son panier à la poubelle.<br />
Il était pourtant sûr d’avoir correctement<br />
identifié le champignon. Grâce à ce<br />
contrôle, le champignonneur s’est évité<br />
bien des ennuis. S’il avait mangé ces<br />
champignons, il aurait probablement<br />
souffert de maux de ventre, de diarrhée et<br />
de vomissements.<br />
Même si cet homme cueille des champignons<br />
depuis de nombreuses années et<br />
qu’il arrive à identifier certaines sortes, il<br />
s’est trompé avec les pholiotes changeantes<br />
(Kuehneromyces mutabilis). Il faut<br />
une solide expérience pour savoir identifier<br />
correctement les champignons. On<br />
doit très bien observer et connaître les caractéristiques<br />
des différentes espèces, sinon<br />
on risque vite de se tromper avec des<br />
conséquences désagréables à la clé.<br />
Chaque année, il y a des cas d’intoxication<br />
par des champignons. Tox Info Suisse tient<br />
une statistique sur les cas d’intoxication<br />
qui doivent être traités par les médecins de<br />
famille ou même à l’hôpital. Dans les<br />
bonnes années riches en champignons, les<br />
intoxications surviennent plus fréquemment.<br />
Suivant la récolte, Tox Info Suisse<br />
enregistre entre 350 et 800 cas d’intoxication<br />
par année. On craint notamment les<br />
intoxications par des amanites phalloïdes.<br />
Elles sont rares, mais peuvent être mortelles<br />
si elles ne sont pas traitées à temps.<br />
Cependant, les intoxications alimentaires<br />
provoquées par des champignons<br />
comestibles avariés sont plus fréquentes<br />
que les intoxications par des champignons<br />
vénéneux. Les champignons sont des aliments<br />
facilement périssables qui sont vite<br />
impropres à la consommation lorsqu’ils ne<br />
sont pas manipulés correctement. En particulier<br />
les débutants sont enthousiastes<br />
au point de ramasser tous les champignons<br />
qu’ils trouvent. Ils ne tiennent alors<br />
pas compte de la qualité et récoltent des<br />
spécimens vieux, pourris ou véreux. Celui<br />
qui se préparera un plat avec ces champignons<br />
ne s’étonnera pas s’il a mal au<br />
ventre. Une gastroentérite sévère peut en<br />
être la conséquence. Souvent, les champignons<br />
sont simplement mal apprêtés, ce<br />
qui peut avoir des conséquences fâcheuses<br />
pour les personnes sensibles, car les champignons<br />
sont en grande partie composés<br />
de chitine que l’homme ne peut digérer.<br />
C’est pourquoi il ne faut pas manger les<br />
champignons crus, mais les cuire au moins<br />
20 minutes.<br />
Photos: Erich Herzig<br />
32<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
Les experts d’urgence à la<br />
recherche de traces<br />
Celui qui ramasse des champignons fait<br />
examiner sa récolte par un contrôleur de<br />
champignons. Cela devrait aller de soi, car<br />
d’après les informations de Tox Info<br />
Suisse, les cas d’intoxication par des<br />
champignons comestibles non contrôlés<br />
ont fortement augmenté au cours des dernières<br />
années. En Suisse, il existe plus de<br />
300 services de contrôle des champignons<br />
où chacun peut faire, généralement gratuitement,<br />
contrôler les champignons récoltés.<br />
L’Association suisse des organes<br />
officiels de contrôle des champignons (VA-<br />
PKO) forme chaque année une vingtaine<br />
de contrôleurs. Les contrôleurs disposent<br />
non seulement de bonnes connaissances<br />
des espèces, mais aussi de larges connaissances<br />
en mycologie. La principale tâche<br />
d’une contrôleuse ou d’un contrôleur est<br />
de pouvoir identifier et distinguer correctement<br />
les champignons comestibles et<br />
vénéneux, mais aussi de détecter et d’éliminer<br />
d’infimes fragments dans un panier.<br />
Seuls les champignons contrôlés<br />
peuvent être consommés sans crainte.<br />
Les experts d’urgence ont suivi une formation<br />
complémentaire après celle de<br />
contrôleur. Chaque minute compte lorsqu’on<br />
soupçonne une intoxication par des<br />
champignons. Il faut rapidement déterminer<br />
l’espèce de champignon pour qu’un<br />
traitement puisse immédiatement être entrepris.<br />
Les experts d’urgence peuvent déterminer<br />
à l’aide de procédés macroscopiques<br />
et microscopiques sur la base d’épluchures,<br />
de restes alimentaires ou même de<br />
vomi quelle espèce de champignon a été<br />
consommée. Les experts d’urgence assistent<br />
et conseillent le personnel médical.<br />
Vous trouverez de plus amples informations<br />
sur les services de contrôle des<br />
champignons, des conseils pour la cueillette<br />
des champignons et encore d’autres<br />
astuces sur le site Internet VAPKO (www.<br />
vapko.ch). Les informations sur les intoxications<br />
par des champignons sont aussi<br />
disponibles chez Tox Info Suisse (www.<br />
toxinfo.ch). Les températures printanières<br />
vont bientôt faire apparaître les<br />
Erreurs populaires:<br />
Les champignons de printemps sont tous<br />
comestibles.<br />
Faux: L’inocybe de Patouillard (Inocybe<br />
erubescens) est mortel. Les<br />
jeunes spécimens peuvent facilement<br />
être confondus avec le tricholome de<br />
la Saint-Georges (Calocybe gambosa).<br />
Les jeunes champignons frais sont tous<br />
comestibles.<br />
Faux: Les jeunes spécimens de champignons<br />
vénéneux sont tout aussi<br />
toxiques que leur forme adulte.<br />
Les champignons qui présentent des<br />
traces de rongement d’animaux ne sont<br />
pas toxiques.<br />
Faux: Les gastéropodes adorent manger<br />
les amanites phalloïdes. Pour eux,<br />
ils ne présentent aucun danger, pour<br />
l’homme, l’amanite phalloïde est<br />
mortelle.<br />
Si à la cuisson des champignons, on y<br />
ajoute une cuillère en argent et que<br />
celle-ci ne change pas de couleur, les<br />
champignons ne sont pas toxiques.<br />
Faux: Ni les amanites phalloïdes ni<br />
d’autres champignons vénéneux ne<br />
colorent l’argent en noir.<br />
Si on pare bien les champignons, ils ne<br />
sont plus toxiques.<br />
Faux: Toutes les parties d’un champignon<br />
contiennent du poison. Parer ne<br />
sert à rien.<br />
premières morilles. Mais attention, la<br />
fausse morille (Gyromitra esculenta) va<br />
aussi bientôt sortir de terre. Elle peut facilement<br />
se confondre avec la morille commune<br />
et est vénéneuse. L’erreur est humaine,<br />
mais quand il s’agit de champignons,<br />
elle peut avoir de lourdes conséquences.<br />
Points à observer<br />
pour la cueillette des<br />
champignons::<br />
• Les champignons récoltés doivent si<br />
possible être déposés dans un panier<br />
bien ventilé. Il ne faut jamais les<br />
mettre dans un sac en plastique où ils<br />
risquent de se détériorer rapidement<br />
et devenir impropres à la consommation.<br />
• Ne cueillir que des champignons sans<br />
défauts. Les champignons vieux,<br />
véreux ou rongés ne peuvent plus<br />
être consommés.<br />
• Soigneusement sortir le champignon<br />
de la terre en le tournant ou le coupant<br />
avec un couteau.<br />
• Conserver séparément chaque sorte<br />
de champignon. Si l’on ne connaît<br />
pas une espèce, emporter un ou deux<br />
beaux spécimens et les identifier<br />
chez soi. On peut ensuite faire vérifier<br />
son résultat par le contrôle des<br />
champignons.<br />
• Toujours faire contrôler les champignons<br />
récoltés par un contrôleur de<br />
champignons.<br />
• Ne manger que des champignons qui<br />
ont été contrôlés et cuits suffisamment<br />
longtemps.<br />
Même si l’apparence et le nom sont similaires, la consommation peut avoir des conséquences très différentes. Par exemple pour la morille commune<br />
(à gauche) et la fausse morille (à droite).<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 33
Point de mire<br />
Petit aperçu<br />
historique sur<br />
le délire<br />
Des possédés aux malades psychiques:<br />
l’histoire du délire passe par de nombreuses étapes jusqu’à<br />
une certaine dépathologisation du symptôme.<br />
Dominique Friard, ISP, Association Serpsy, superviseur d’équipes,<br />
rédacteur en chef adjoint de la revue Santé Mentale<br />
Photo: © Shutterstock<br />
Le dictionnaire historique de la<br />
langue française 1 nous rappelle<br />
que le mot «délire» est emprunté<br />
au latin impérial delirium<br />
(transport au cerveau) dérivé de delirare<br />
pris avec le sens figuré de «perdre la raison,<br />
extravaguer». Au sens propre, delirare<br />
signifie «sortir du sillon». Ce n’est<br />
qu’à partir du XIX e siècle que le délire, introduit<br />
en français par les médecins, est<br />
défini comme objet d’étude scientifique.<br />
Un phénomène surnaturel<br />
Jusqu’à l’avènement de la médecine occidentale,<br />
à l’exception des tentatives<br />
grecques, romaines et arabes, la folie est<br />
définie comme un phénomène surnaturel,<br />
la prise de possession d’une personne par<br />
une entité démoniaque ou divine. Le<br />
Moyen Age considère les malades mentaux<br />
comme des sorciers et parfois comme<br />
des hérétiques qu’il convient de brûler.<br />
Cette conception prévalut jusqu’à la fin du<br />
XVII e siècle. Le Siècle des lumières et la<br />
Révolution française, en mettant l’accent<br />
sur la liberté individuelle, vont permettre<br />
de redéfinir la folie en donnant un sens<br />
psychiatrique à l’atteinte du libre arbitre.<br />
On passe ainsi de l’insensé (dépourvu de<br />
sens commun) à l’aliéné (autre à luimême).<br />
G. Lantéri-Laura nous invite à garder<br />
présent à l’esprit que l’explication médicale<br />
présuppose une représentation so-<br />
ciale de la folie remplaçant la vision du<br />
possédé par celle du malade. Le discours<br />
savant ne peut faire oublier: «Qu’il existe<br />
des cultures sans psychiatrie, alors qu’il<br />
n’existe guère de culture sans représentation<br />
de la folie.» 2 Trois paradigmes lui<br />
semblent caractériser la psychiatrie moderne:<br />
l’aliénation mentale, les maladies<br />
mentales et les grandes structures psychopathologiques,<br />
toutes trois battues en<br />
brèche aujourd’hui. <strong>No</strong>us allons tenter de<br />
faire histoire des idées sur les idées délirantes<br />
à partir de ces trois temps de l’histoire<br />
de la psychiatrie.<br />
L’aliénation mentale<br />
Disciple de Philippe Pinel, qui, en s’appuyant<br />
sur le savoir-faire de l’infirmier<br />
Pussin, fut le premier à ôter les chaînes aux<br />
aliénés et à proposer un mode de traitement,<br />
le traitement moral, Jean-Etienne<br />
Esquirol, dans la 1re partie du XIX e siècle<br />
définit le délire: «L’état de délire est celui de<br />
l’homme dont les sensations, les sentiments,<br />
les jugements et les déterminations sont incohérents<br />
les uns par rapport aux autres.» Il<br />
individualise les notions de délire global et<br />
de délire partiel (monomanie). Cette période<br />
de la psychiatrie coïncide avec la promulgation<br />
de la loi du 30 juin 1838 qui garantit<br />
les soins aux aliénés, y compris<br />
contre leur volonté. Avant la promulgation<br />
de l’article 64 du Code pénal de 1810, les<br />
malades mentaux devaient être traités de<br />
la même façon que les autres criminels,<br />
voire plus sévèrement. L’article 64 qui dit<br />
qu’il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu<br />
était en état de démence au moment où<br />
il accomplit son geste, abroge sa responsabilité,<br />
interdit toute sanction pénale et lui<br />
substitue un internement en psychiatrie.<br />
Les maladies mentales<br />
Les grands cliniciens de l’époque s’attachent<br />
à décrire des tableaux cliniques, à<br />
construire des modèles explicatifs de la<br />
maladie mentale selon une perspective organique<br />
et anatomopathologique. L’évolution<br />
de la maladie est le critère central de<br />
la classification. Bénédict Augustin Morel<br />
défend la «théorie de la dégénérescence»<br />
qui reconnaît des causes exogènes<br />
(toxiques et morales) à l’aliénation mentale<br />
et pense que le trouble ainsi constitué<br />
se transmet de génération en génération et<br />
s’aggrave à chaque transmission. Valentin<br />
Magnan oppose les troubles qui sur-<br />
1<br />
Rey (A), Délire, in: Dictionnaire historique de la<br />
langue française, t. I, Paris, 2016, p. 650.<br />
2<br />
Lanteri-Laura (G), Essai sur les paradigmes de la<br />
psychiatrie moderne, Editions du Temps, Paris,<br />
1998, p. 12.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 35
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Point de mire<br />
Du point de vue actuel, les traitements du délire pratiqués autrefois semblent dissuasifs, comme le montre cette illustration contemporaine de<br />
l’hydrothérapie dans l’hôpital Sainte Anne à Paris. (Jules Gaildrau 1868)<br />
viennent chez des sujets fragilisés par un<br />
«déséquilibre mental» et ceux qui apparaissent<br />
en l’absence de tout terrain héréditaire<br />
qu’il nomme «délire chronique à<br />
évolution systématique», comportant une<br />
phase d’incubation, une période d’idées<br />
délirantes de persécution, puis d’idées de<br />
grandeur et enfin une démence terminale.<br />
J.-P. Falret individualise une des premières<br />
entités cliniques sous le nom de<br />
«folie circulaire» qui décrit la PMD et une<br />
partie du trouble bipolaire.<br />
A la fin du XIX e siècle, le délire occupe<br />
une place centrale en psychiatrie. L’évolution<br />
passe au second plan au profit de la<br />
description du délire (thématiques, mécanismes<br />
–interprétation, hallucinations,<br />
intuition, fabulations –, degré de systématisation,<br />
de conviction, participation thymique,<br />
troubles du comportement).<br />
Les grandes structures<br />
psychopathologiques<br />
Sur fond de revanche de la guerre de 1870,<br />
écoles françaises et allemandes se lancent<br />
dans une compétition stimulante pour<br />
élaborer une classification à laquelle se réfèrent<br />
encore nombre de psychiatres malgré<br />
la classification américaine (DSM).<br />
Emil Kraepelin définit le délire d’interprétation<br />
(paranoïa). Gaëtan Gatian de Clérambault<br />
isole les psychoses passionnelles.<br />
Ernst Kretschmer individualise le délire<br />
sensitif de relation. Eugen Bleuler, à partir<br />
des avancées de Kraepelin, crée le terme<br />
de «schizophrénie» et y inclut un critère<br />
clinique majeur: la dissociation. Cette psychiatrie<br />
du regard atteint vite ses limites.<br />
L’approche psychodynamique de Sigmund<br />
Freud, basée sur l’écoute, redéfinit le<br />
délire comme une tentative de rendre le<br />
monde habitable et le présente comme<br />
une solution plus que comme un symptôme.<br />
Cette approche permet de supprimer<br />
les contentions. La psychiatrie de secteur<br />
vise à soigner chacun au plus près de<br />
son domicile, l’hospitalisation correspond<br />
à un moment aigu marqué par des troubles<br />
du comportement induit par l’invasion délirante.<br />
Différents types de neuroleptiques<br />
permettent de la réguler mais majorent<br />
souvent la dissociation.<br />
Aujourd’hui<br />
Le déclin de la psychanalyse et la montée<br />
en puissance des neurosciences entraînent<br />
une certaine dépathologisation<br />
du trouble et incitent à décrire le délire<br />
comme un trouble cognitif qui peut être<br />
rééduqué via des modules d’entraînement.<br />
Les personnes concernées,<br />
membres du réseau d’entendeurs de voix<br />
(REV), proposent ainsi une lecture «profane»<br />
des hallucinations auditives, définies<br />
comme un message que la personne<br />
s’adresse à elle-même et qu’elle doit décrypter<br />
(comme un rêve éveillé). A rebours<br />
de cette lecture compréhensive, la psychiatrie<br />
contemporaine, en France, tend à<br />
isoler voire à attacher le patient débordé<br />
par son délire.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 37
Perspectives<br />
Actualités sur l’hypertension – l’hypertension artérielle dans l’enfance<br />
La souris<br />
ou l’éléphant?<br />
L’hypertension dans l’enfance n’est pas un phénomène hémodynamique<br />
isolé. Pour réduire le risque d’affections cardiovasculaires<br />
à l’âge adulte, les enfants concernés doivent faire l’objet d’un dépistage<br />
et traitement précoces.<br />
D r méd. Sibylle Tschumi, Unité de néphrologie pédiatrique,<br />
Clinique universitaire pédiatrique, Hôpital de l’île Bern<br />
La prévalence de l’hypertension<br />
artérielle dans l’enfance a fortement<br />
augmenté au cours des 20<br />
à 25 dernières années dans différentes<br />
régions du monde. Actuellement,<br />
la prévalence est de 3 à 5%, celle-ci dépendant<br />
toutefois fortement de l’âge. Chez les<br />
nourrissons, elle est nettement plus basse<br />
avec 0,2 à 0,8%. Elle augmente ensuite au<br />
fil des années pour atteindre 11% chez les<br />
adolescents [1, 2, 3].<br />
Groupe d’âge<br />
38<br />
Principale cause<br />
Perspectives<br />
d’une distribution normale d’enfants en<br />
bonne santé et pas comme chez les adultes<br />
sur des valeurs de tension artérielle associées<br />
à une morbidité et mortalité cardiovasculaire<br />
[9, 10].<br />
Le fait qu’une hypertension artérielle<br />
dans l’enfance représente aussi un risque<br />
pour une maladie cardiovasculaire à l’âge<br />
adulte, et donc un risque pertinent de<br />
mortalité, semble être une conclusion logique.<br />
Chez les enfants, on a constaté que<br />
l’hypertension artérielle dans l’enfance<br />
était associée à une hypertrophie ventriculaire<br />
gauche, une dysfonction diastolique<br />
du ventricule gauche et une calcification<br />
coronarienne à l’âge adulte [11, 12,<br />
13].<br />
L’hypertension primaire est une<br />
maladie complexe<br />
Pour la plupart des formes de l’hypertension<br />
secondaire, notamment en cas d’affection<br />
rénale chronique, le bénéfice d’un<br />
traitement de l’hypertension dans l’enfance<br />
a pu être clairement démontré. Pour<br />
l’hypertension primaire, on ne dispose cependant<br />
pas de bonnes données chez les<br />
enfants qui montrent que le traitement<br />
précoce réduit le risque cardiovasculaire<br />
ou la mortalité cardiovasculaire [14, 15]. Le<br />
traitement précoce permet toutefois de réduire<br />
les lésions dans les organes cibles et<br />
de normaliser les anomalies métaboliques.<br />
Les experts de l’hypertensiologie<br />
pédiatrique soutiennent l’approche selon<br />
laquelle on dispose de preuves suffisantes<br />
montrant qu’une tension artérielle trop<br />
élevée et une hypertension primaire dans<br />
l’enfance représentent un risque cardiovasculaire<br />
significatif et favorisent les lésions<br />
cardiovasculaires précoces. Les<br />
causes résident par exemple dans le fait<br />
que les enfants souffrant d’hypertension<br />
artérielle présentent des modifications<br />
vasculaires qui sont toutes caractéristiques<br />
du vieillissement vasculaire (précoce).<br />
P. ex. la lésion vasculaire artérielle<br />
subclinique (mesurée par l’épaisseur intima-média),<br />
la raideur vasculaire accrue<br />
(mesurée par la vitesse de l’onde de pouls)<br />
et la dysfonction endothéliale (mesurée<br />
par la flow mediated dilatation) [16, 17].<br />
L’hypertension dans l’enfance ne doit<br />
donc plus être considérée comme un phénomène<br />
hémodynamique isolé, mais<br />
comme une maladie neuro-immunologique<br />
et métabolique complexe. Elle se<br />
caractérise par des modifications métaboliques<br />
telles que l’hyperlipidémie, la résistance<br />
à l’insuline et l’hyperuricémie [18,<br />
19, 20]. De plus, on a constaté une maturation<br />
biologique accélérée avec un âge osseux<br />
avancé chez les adolescents hypertendus<br />
comparativement aux adolescents<br />
non hypertendus du même âge [21,<br />
22]. Par ailleurs, une ménarche précoce est<br />
corrélée à une tension artérielle élevée,<br />
une adiposité viscérale et un syndrome<br />
métabolique à l’âge adulte [23]. D’autre<br />
part, on observe des modifications dans le<br />
système immunitaire dans le sens d’une<br />
activation [24, 25, 26] et il se produit une<br />
dysrégulation du système nerveux autonome<br />
avec une hyperactivité sympathique<br />
[27, 28].<br />
Pour résumer, on constate que les enfants<br />
sont aujourd’hui exposés à un risque<br />
cardiovasculaire plus élevé que pendant<br />
les décennies précédentes. Il est donc important<br />
d’anticiper le diagnostic et le traitement<br />
de l’hypertension artérielle dans<br />
l’enfance et, partant, d’influencer le plus<br />
tôt possible positivement les facteurs de<br />
risque cardiovasculaires à l’âge adulte.<br />
Bibliographie<br />
1. McNiece, K. L., et al. (2007).<br />
Prevalence of hypertension and<br />
pre-hypertension among adolescents.<br />
J Pediatr 150(6): 640–644,<br />
644 e641.<br />
2. Koebnick, C., et al. (2013).<br />
The prevalence of primary pediatric<br />
prehypertension and hypertension<br />
in a real-world managed care<br />
system. J Clin Hypertens (Greenwich)<br />
15(11): 784–792.<br />
3. Friedman, A. L. and V. A.<br />
Hustead (1987). Hypertension in<br />
babies following discharge from a<br />
neonatal intensive care unit. A<br />
3-year follow-up. Pediatr Nephrol<br />
1(1): 30–34.<br />
4. Gupta-Malhotra, M., et al.<br />
(2015). Essential hypertension vs.<br />
secondary hypertension among<br />
children. Am J Hypertens 28(1):<br />
73–80.<br />
5. Arar, M. Y., et al. (1994).<br />
Etiology of sustained hypertension<br />
in children in the southwestern<br />
United States. Pediatr Nephrol 8(2):<br />
186–189.<br />
6. Gomes, R. S., et al. (2011).<br />
Primary versus secondary<br />
hypertension in children followed<br />
up at an outpatient tertiary unit.<br />
Pediatr Nephrol 26(3): 441–447.<br />
7. Flynn, J., et al. (2012). Clinical<br />
and demographic characteristics of<br />
children with hypertension.<br />
Hypertension 60(4): 1047–1054.<br />
8. World Health Organization.<br />
[Accessed 25.01.<strong>2021</strong>] Top 10 causes<br />
of death. 2019. Available at: https://<br />
www.who.int/news-room/<br />
fact-sheets/detail/the-top-10-causes-of-death<br />
9. Lurbe, E., et al. (2009).<br />
Management of high blood pressure<br />
in children and adolescents:<br />
recommendations of the European<br />
Society of Hypertension. J<br />
Hypertens 27(9): 1719–1742.<br />
10. National High Blood<br />
Pressure Education Program<br />
Working Group on High Blood<br />
Pressure in C. and Adolescents<br />
(2004). The fourth report on the<br />
diagnosis, evaluation, and<br />
treatment of high blood pressure in<br />
children and adolescents. Pediatrics<br />
114(2 Suppl 4th Report): 555–576.<br />
11. Lai, C. C., et al. (2014).<br />
Impact of long-term burden of<br />
excessive adiposity and elevated<br />
blood pressure from childhood on<br />
adulthood left ventricular<br />
remodeling patterns: the Bogalusa<br />
Heart Study. J Am Coll Cardiol<br />
64(15): 1580–1587.<br />
12. Kishi, S., et al. (2015).<br />
Cumulative Blood Pressure in Early<br />
Adulthood and Cardiac Dysfunction<br />
in Middle Age: The CARDIA Study. J<br />
Am Coll Cardiol 65(25): 2679–2687.<br />
13. Hartiala, O., et al. (2012).<br />
Adolescence risk factors are<br />
predictive of coronary artery<br />
calcification at middle age: the<br />
cardiovascular risk in young Finns<br />
study. J Am Coll Cardiol 60(15):<br />
1364–1370.<br />
14. Group, E. T., et al. (2009).<br />
Strict blood-pressure control and<br />
progression of renal failure in child -<br />
ren. N Engl J Med 361(17): 1639–1650.<br />
15. Matteucci, M. C., et al.<br />
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and function in CKD children<br />
during strict BP control: a<br />
randomized study. Clin J Am Soc<br />
Nephrol 8(2): 203–210.<br />
16. Nilsson, P. M., et al. (2008).<br />
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EVA syndrome. J Hypertens 26(6):<br />
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17. Kotsis, V., et al. (2011). Early<br />
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central blood pressure. J Hypertens<br />
29(10): 1847–1853.<br />
18. Litwin, M., et al. (2016).<br />
Primary hypertension is a disease of<br />
premature vascular aging associated<br />
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abnormalities. Pediatr Nephrol<br />
31(2): 185–194.<br />
19. Srinivasan, S. R., et al.<br />
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syndrome variables since childhood<br />
in prehypertensive and hypertensive<br />
subjects: the Bogalusa Heart<br />
Study. Hypertension 48(1): 33–39.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 39
Perspectives<br />
Bibliographie (suite)<br />
20. Feig, D. I. and R. J. Johnson<br />
(2003). Hyperuricemia in childhood<br />
primary hypertension. Hypertension<br />
42(3): 247–252.<br />
21. Katz, S. H., et al. (1980).<br />
Blood pressure, growth and<br />
maturation from childhood through<br />
adolescence. Mixed longitudinal<br />
analyses of the Philadelphia Blood<br />
Pressure Project. Hypertension 2(4<br />
Pt 2): 55–69.<br />
22. Cho, S. D., et al. (2001).<br />
Blood pressure and sexual maturity<br />
in adolescents: the Heartfelt Study.<br />
Am J Hum Biol 13(2): 227–234.<br />
23. Kivimaki, M., et al. (2008).<br />
Association of age at menarche with<br />
cardiovascular risk factors, vascular<br />
structure, and function in<br />
adulthood: the Cardiovascular Risk<br />
in Young Finns study. Am J Clin<br />
Nutr 87(6): 1876–1882.<br />
24. Svendsen, U. G. (1976). The<br />
role of thymus for the development<br />
and prognosis of hypertension and<br />
hypertensive vascular disease in<br />
mice following renal infarction.<br />
Acta Pathol Microbiol Scand A<br />
84(3): 235–243.<br />
25. Lande, M. B., et al. (2008).<br />
Elevated blood pressure, race/<br />
ethnicity, and C-reactive protein<br />
levels in children and adolescents.<br />
Pediatrics 122(6): 1252–1257.<br />
26. Coppo, M., et al. (2011). Ang<br />
II Upregulation of the T-lymphocyte<br />
renin-angiotensin system is<br />
amplified by low-grade inflammation<br />
in human hypertension. Am J<br />
Hypertens 24(6): 716–723.<br />
27. Greenfield, J. R., et al. (2009).<br />
Modulation of blood pressure by<br />
central melanocortinergic pathways.<br />
N Engl J Med 360(1): 44–52.<br />
28. Litwin, M., et al. (2010).<br />
Altered cardiovascular rhythmicity<br />
in children with white coat and<br />
ambulatory hypertension. Pediatr<br />
Res 67(4): 419–423.<br />
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Jürgen Hench, Philip M. Jermann, Ilaria Alborelli, Ivana Bratic Hench und Matthias S. Matter,<br />
Institut für Pathologie, Universitätsspital Basel, Basel<br />
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* Dies ist eine aktualisierte Version eines Artikels,<br />
der ursprünglich in der «Therapeutischen<br />
Umschau» erschien (2019), 76(4), 173–178.<br />
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Makroskopie und Histologie<br />
waren über viele Jahre die<br />
zentralen Elemente der<br />
Beurteilung von Tumoren<br />
in der Pathologie. Dank technischem<br />
Fortschritt erlangten wir in den letzten<br />
Jahren jedoch einen enormen Wissenszuwachs<br />
in genetischen und epigenetischen<br />
Veränderungen von Tumoren. Diese<br />
Kenntnisse fliessen nun zunehmend in<br />
die Beurteilung von Tumoren ein, und<br />
der Nachweis von Veränderungen im Tumorgewebe<br />
mittels molekularpathologischer<br />
Methoden erlangt einen<br />
immer höheren Stellenwert. Die Methoden<br />
dienen insbesondere dem Nachweis<br />
von Nukleinsäure-Veränderungen auf genomischer<br />
Sequenzebene und erfassen<br />
Mutationen, Genamp lifikationen, Deletionen<br />
und Translokationen. Weitere Anwendungen<br />
sind die Messung von<br />
DNA-Methylierung und Veränderungen<br />
auf RNA-Expressionsebene. Der Übergang<br />
zur Immunhistochemie, welche die<br />
Proteinexpression visualisiert, ist fliessend.<br />
Der Nachweis molekularer Veränderungen<br />
in Tumoren kann vielfältig genutzt<br />
werden:<br />
1. Diagnostik: Hirntumor-Entitäten können<br />
zum Beispiel mittlerweile genauer<br />
anhand des Methylierungsprofils als mit<br />
konventioneller Histologie bestimmt<br />
werden.<br />
2. Therapie: Spezifische molekulare Veränderungen<br />
können die Therapiewahl<br />
beeinflussen, wie zum Beispiel eine<br />
BRAF-Mutation, die als prädiktiver Marker<br />
für die Anwendung von BRAF-Inhibitoren<br />
[beim Melanom] entscheidet<br />
oder eine RAS-Mutation, die eine Resistenz<br />
gegenüber EGFR-Inhibitoren beim<br />
metastasierten Kolonkarzinom vorhersagt.<br />
Immer wichtiger wird auch die Bestimmung<br />
der Tumormutationslast,<br />
Mikrosatelliteninstabilität oder PD-L1<br />
Expression als Voraussage für ein Ansprechen<br />
auf eine Immuncheckpoint-<br />
Inhibitor-Therapie.<br />
3. Prognose: Beispielsweise ist der Nachweis<br />
einer MYC-, BCL2- oder BCL6-<br />
Translokation mit einer schlechten Prognose<br />
beim diffus grosszelligen B-Zell<br />
Lymphom assoziiert.<br />
4. Früherkennung / Prävention: Zum Beispiel<br />
der Nachweis einer BRCA1 / 2-<br />
Mutation oder einer Mikrosatelliteninsta<br />
bi lität. Diese können mit hereditären<br />
Tumorsyndromen assoziiert sein,<br />
die ein Risiko für die Entstehung von<br />
Tumoren darstellen und entsprechende<br />
Vorsorge untersuchungen oder prophylaktische<br />
Massnahmen erfordern.<br />
Neben der Beantwortung der soeben<br />
genannten klinischen Fragestellungen ist<br />
entscheidend, dass die entsprechenden<br />
molekularpathologischen Methoden gut<br />
in den Ablauf der pathologischen Gewebeuntersuchung<br />
integriert werden können.<br />
Nachfolgend werden aktuelle molekularpathologische<br />
Methoden vorgestellt<br />
und diskutiert. Wir erheben keinen Anspruch<br />
auf Vollständigkeit und gehen ferner<br />
nicht näher auf die Bestimmung von<br />
Biomarkern mittels Immunhistochemie<br />
ein.<br />
Nachweis von Mutationen<br />
Sanger-Sequenzierung<br />
Die Sanger-Sequenzierung mag vielleicht<br />
als veraltet gelten, ist aber nach wie vor<br />
das Richtmass zur Bestimmung von<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 41
Perspectives<br />
DNA-Sequenzveränderungen. Sie bildet<br />
den Grundstein der molekularpathologischen<br />
Diagnostik, und praktisch jedes molekularpathologische<br />
Labor verfügt auch<br />
heute noch über eine entsprechende Ausrüstung.<br />
Bei der Sanger-Sequenzierung<br />
wird ein fest definierter Genomabschnitt<br />
untersucht. Dieser Abschnitt wird zunächst<br />
mittels einer Polymerase-Kettenreaktion<br />
(PCR) vervielfältigt und anschliessend<br />
nach dem Strangabbruch-Prinzip<br />
analysiert. Durch den Einbau Synthese-terminierender<br />
farbkodierter Basen<br />
(Nukleotide) in die neu erstellte DNA, liest<br />
man mittels Laser-Optik die Abfolge der<br />
Basen (Sequenz) und kann so Veränderungen<br />
wie z. B. Mutationen oder Deletionen<br />
nachweisen.<br />
Eine Limitation der Sanger-Methode<br />
bei der Unter suchung von Patientengewebe<br />
ist die Tatsache, dass neben den Tumorzellen<br />
typischerweise reichlich nicht-tumo<br />
rale Zellen vorhanden sind, die keine<br />
patholo gischen Genveränderungen tragen.<br />
Liegt der Gehalt an Tumorzellen unter<br />
ca. 15 %, ist die unmodifizierte Sanger-Methode<br />
unzuverlässig. Zur Suche bekannter,<br />
spezifischer Sequenzalterationen, kann jedoch<br />
z. B. das genetische Material gesunder<br />
Zellen mittels bakterieller Restriktionsendonukleasen<br />
verdaut und somit quantitativ<br />
herausgefiltert werden, was die Sensitivität<br />
erhöht. Weiter limitierend ist, dass<br />
man mittels Sanger-Sequenzierung jeweils<br />
lediglich einen Genomabschnitt pro Reaktion<br />
ablesen kann. Aufgrund der starken<br />
Zunahme der Anzahl genetischer Biomarker<br />
in den letzten Jahren bedeutet dies,<br />
dass pro Probe jeweils mehrere separate<br />
Reaktionen laufen müssen, was zu erhöhtem<br />
Arbeitsaufwand führt.<br />
Massive Parallelsequenzierung<br />
(next-generation sequencing, NGS)<br />
Im Unterschied zur Sanger-Sequenzierung,<br />
bei der ein einzelner DNA-Abschnitt<br />
pro Reaktion analysiert wird, können bei<br />
den diversen Formen der Parallelsequenzierung<br />
zahlreiche Genomabschnitte<br />
gleichzeitig qualitativ und quantitativ erfasst<br />
werden. Dafür werden in der<br />
molekularpathologischen Diagnostik derzeit<br />
vorrangig Sequenziergeräte von Illumina<br />
oder Thermo Fisher verwendet, welche<br />
für die Bestimmung der Gen-Sequenz<br />
unterschiedliche Prinzipien verwenden.<br />
Bei Illumina werden Fluoreszenz-Signale<br />
generiert, während bei Thermo Fisher ein<br />
Halbleiterchip die Freisetzung von Protonen<br />
registriert. Die Anreicherung der zu<br />
untersuchenden Genom-Abschnitte ge-<br />
schieht dabei entweder durch Einfangen<br />
der Sequenzen mittels spezifischer Sonden<br />
oder mittels PCR [1].<br />
Es werden verschiedene NGS-Strategien<br />
unterschieden: Die Analyse des gesamten<br />
Genoms wird als whole genome sequencing<br />
(WGS) bezeichnet, diejenige aller<br />
kodierenden Regionen als whole exome<br />
sequencing (WES) und das gezielte Ablesen<br />
vordefinierter, kleiner z. B. onkologisch<br />
relevanter Abschnitte des Genoms,<br />
als targeted sequencing. Die Durchführung<br />
genomweiter Untersuchungen (WGS oder<br />
WES) an Tumorgewebe wird zurzeit nur in<br />
seltensten Fällen zu diagnostischen Zwecken<br />
durchgeführt. Diese Untersuchung<br />
erfordert eine komplexe Auswertung, die<br />
durch Formalinfixierungs-Artefakte zusätzlich<br />
erschwert wird. Idealerweise untersucht<br />
man auch eine Referenzprobe<br />
aus nicht- tumoralem Gewebe vom Patient<br />
/-in, was den ohnehin schon hohen<br />
Ressourcenbedarf verdoppelt. Schliesslich<br />
werden dabei viele Gene untersucht,<br />
welche für die Tumorerkrankung nicht<br />
relevant sind, was nicht kosten effektiv ist.<br />
Aus diesen Gründen bevorzugt man in der<br />
molekularpathologischen Routinediagnostik<br />
eine ziel gerichtete Sequenzierung<br />
definierter Gene. Hierfür sind kommerzielle<br />
«Panels» erhältlich, welche Gene von<br />
diag nostischem, prädiktivem oder prognostischem<br />
Wert untersuchen wie Onkogene<br />
und Protoonkogene. Diese angereicherten<br />
Gene, auch als Library bezeichnet,<br />
werden in sogenannten flow cells geladen.<br />
Anschliessend werden in mehreren<br />
hundert Zyklen die vier verschie denen<br />
Basen (Nukleo tide) der DNA durch die<br />
flow cells gepumpt; vierfarbig markiert<br />
und gemischt bei Illumina, jeweils einzeln<br />
nacheinander bei Thermo Fisher. Da<br />
Nukleotide nur komplementär an einen<br />
bestehenden DNA-Strang ansetzen können<br />
– hier die Kopie des zu untersuchenden<br />
Tumor-DNA-Abschnitts – wird nur<br />
dann ein Signal erzeugt, wenn gerade das<br />
passende Nukleotid eingesetzt wird. Der<br />
Vorgang resultiert in einer sequenzspezifischen<br />
Lichtsignal- bzw. Protonenfluss-<br />
Signal folge, die von einem Computersystem<br />
registriert wird. So entstehen typischerweise<br />
mehrere Millionen Sequenz-Datensätze<br />
parallel.<br />
Die Analyse von NGS-Daten erfolgt<br />
mithilfe von Computerprogrammen und<br />
Abgleich mit Referenz-Sequenzen. Dabei<br />
werden die genetischen Veränderungen<br />
detektiert und aufgrund bestimmter Qualitätskriterien<br />
selektioniert. Eine manuelle<br />
Verifizierung der detektierten Mutationen<br />
ist jedoch oft notwendig. Ebenso sind<br />
regelmässige Kontrollen unerlässlich, wie<br />
z. B. die Teilnahme an Ringver suchen zur<br />
Qualitätssicherung. Ein zentraler Vorteil<br />
der Parallelsequenzierung gegenüber der<br />
Sanger-Sequenzierung ist die Quantifizierung<br />
der entdeckten Veränderungen. So<br />
ergibt sich aus dem Verhältnis mutierter<br />
zu nicht-mutierter DNA die Allelfrequenz:<br />
Eine heterozygote Punktmutation hat<br />
eine Allelfrequenz von 50 % wenn das Gewebe<br />
ausschliesslich aus Tumorzellen besteht.<br />
Eine Biopsie mit einem Tumorzellgehalt<br />
von 60 % und einer heterozygot in<br />
den Tumorzellen vorhandenen BRAF-<br />
Punktmutation hat demnach eine erwartete<br />
Allelfrequenz von 30 %. Somit ist im<br />
Rahmen der Befundung eine Plausibilitätsprüfung<br />
möglich. Für fixierte Gewebeproben<br />
liegt das Detektionslimit bei ca.<br />
5 % Allelfrequenz.<br />
Andere Methoden zum Nachweis<br />
von Mutationen<br />
Neben der Sanger-Sequenzierung und<br />
NGS stehen zum Nachweis von Mutationen<br />
noch weitere Methoden zur Verfügung.<br />
Dazu zählen Tests von cobas® (Roche<br />
Diagnostics) und Idylla®, mit denen sich<br />
die gängigsten Mutationen z. B. im BRAF,<br />
EGFR oder KRAS Gen nachweisen lassen.<br />
Insbesondere Idylla zeigt eine einfache<br />
Hand habung. Diesen meist vollautomatischen<br />
Systemen liegt typischerweise eine<br />
quantitative, allelspezifische PCR zugrunde.<br />
Flüssigkeits-Biopsie, liquid biopsy und<br />
digital droplet PCR<br />
Unter Flüssigkeits-Biopsie, auch liquid<br />
biopsy genannt, versteht man den Nachweis<br />
von pathologischen Veränderungen<br />
in Körperflüssigkeiten. Die wohl am besten<br />
etablierte Form einer liquid biopsy ist<br />
der Nachweis des Protein-Biomarkers PSA<br />
(prostate-specific antigen) im peripheren<br />
Blut zur Vorhersage oder Verlaufskontrolle<br />
eines Prostatakarzinoms. Mit der Einführung<br />
von NGS und anderer Methoden<br />
ist es inzwischen möglich, Spuren von veränderter,<br />
z. B. mutierter, DNA im Blut zu<br />
detektieren. Diese kann bei Tumorpatienten<br />
als zellfreie DNA (cell-free DNA, cfD-<br />
NA) vorliegen oder in zirkulierenden Tumorzellen<br />
(circulating tumor cells, CTCs)<br />
vorhanden sein. Da die Isolation zirkulierender<br />
Tumorzellen zusätzliche Geräte<br />
benötigt und oft nur wenige Tumorzellen<br />
isoliert werden können, wird zurzeit routinemässig<br />
häufiger die zellfreie DNA untersucht.<br />
42<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Die liquid biopsy hat den Vorteil, dass keine<br />
invasive Biopsie entnommen werden<br />
muss. Mittels Blutentnahme verfolgt man<br />
die Tumorerkrankung und je nach Resultat<br />
kann die Therapie angepasst werden.<br />
Ein Anwendungsbeispiel ist die Detektion<br />
der EGFR-Resistenzmutation p.T790M bei<br />
Patienten mit einem Lungenkarzinom.<br />
Für die liquid biopsy kommt oft das sogenannte<br />
tag sequencing zum Einsatz, bei<br />
dem die vorhandenen DNA-Moleküle mit<br />
Identifikations-Sequenzen (sogenannten<br />
tags) einzeln markiert werden. So können<br />
niedrige Allelfrequenzen präziser ermittelt<br />
werden. Entsprechende kommerziell<br />
erhältliche NGS-Panels stehen für die<br />
Durchführung einer liquid biopsy zur Verfügung.<br />
<strong>No</strong>ch sensitiver ist die ebenfalls als<br />
gebrauchsfertiges Produkt verfügbare digitale<br />
Polymerase-Kettenreaktion (z. B. digital<br />
droplet PCR, ddPCR; BioRad). Bei der<br />
ddPCR wird die DNA-Probe in viele (bis<br />
20 000) Tropfen (droplets) aufgeteilt. Anschliessend<br />
wird in jedem dieser einzelnen<br />
Tropfen eine unabhängige PCR<br />
durchgeführt und alle Tropfen werden auf<br />
das Vorhandensein einer Mutation untersucht.<br />
Dabei beginnen jene zu leuchten, in<br />
denen eine Reaktion stattgefunden hat.<br />
Die digitale Auszählung findet in einem<br />
modifizierten Durchflusszytometer statt.<br />
Meistens werden zwei verschiedene<br />
Farbstoffe verwendet, um mutierte Genabschnitte<br />
von nicht-mutierten Genabschnitten<br />
zu unterscheiden. Das Verhältnis<br />
der beiden Farbsignale entspricht wiederum<br />
der Allelfrequenz der Mutation<br />
(Anzahl mutierte Moleküle innerhalb der<br />
totalen Anzahl). Zwar ist die Sensitivität<br />
und Handhabung dem NGS-Verfahren<br />
überlegen, allerdings kann pro ddPCR-Ansatz<br />
nur nach einer bestimmten Anzahl an<br />
Veränderungen gesucht werden. Ein ähnliches<br />
Verfahren wird bei der digitalen<br />
PCR nach der BEAMing Methode (Sysmex)<br />
verwendet. Diese Technik kommt momentan<br />
etwas weniger häufig zur Anwendung.<br />
Die ddPCR kann selbstverständlich<br />
auch an Gewebeproben angewandt werden.<br />
Die hohe Sensitivität wird interessant,<br />
wenn der Gehalt läsionaler Zellen<br />
unter 10 % liegt und man mit konventioneller<br />
NGS in den nicht mehr auswertbaren<br />
Bereich von Allelfrequenzen < 5 % gerät.<br />
Zur Suche nach Einzelgen-Veränderungen<br />
ist die ddPCR eine sehr robuste<br />
und wirtschaftlich interessante Methode,<br />
da sie im Gegensatz zur Sanger-Sequenzierung<br />
die Allelfrequenz ermittelt und so<br />
die Befundinterpretation vereinfacht.<br />
Aufgrund der quantitativen Resultate<br />
kann die ddPCR unter anderem auch zur<br />
Bestimmung von Genamplifikationen,<br />
Deletionen und DNA-Methylierung eingesetzt<br />
werden.<br />
Tests für molekulare Signaturen:<br />
Tumormutationslast (TMB), Mikro -<br />
satelliteninstabilität (MSI) und<br />
Homologe Rekombination (HR)<br />
Tests, welche zahlreiche molekulare Veränderungen<br />
auf einmal untersuchen, halten<br />
ebenfalls Einzug in die Praxis. Die Tumormutationslast<br />
(engl. tumor mutational<br />
burden, TMB) wurde mit dem Ansprechen<br />
auf eine Immuncheckpoint<br />
Inhibitor -Therapie korreliert. Allerdings<br />
konnten in einer kürzlich durchgeführten<br />
prospektiven Studie (KEYNOTE-158), die<br />
ursprünglichen Hoffnungen in diesen prädiktiven<br />
Marker nur teilweise erfüllt werden.<br />
Die Tumormutationslast wird meistens<br />
durch die Verwendung eines zielgerichteten<br />
NGS-Panels bestimmt, welches<br />
mehrere hundert Gene untersucht und<br />
anschliessend die Anzahl der Mutationen<br />
pro Megabasenpaar (Mbp) berechnet. Patienten<br />
mit hoher Tumor mutationslast<br />
sprechen eher auf eine Immuncheckpoint-<br />
Inhibitor Therapie an, als solche mit<br />
niedriger Tumormuta tionslast. Ebenfalls<br />
zeigen Tumoren mit einer Mikrosatelliteninstabilität<br />
eine hohe Ansprechrate bei<br />
Immuncheckpoint -Inhibitor-Therapie, da<br />
diese Tumoren automatisch eine hohe Tumormutationslast<br />
aufweisen. Aus diesem<br />
Grund wird bei vielen Tumoren die Bestimmung<br />
der Mikrosatelliteninstabilität<br />
nicht nur als Hinweis für das Vorliegen<br />
eines Lynch-Syndroms durchgeführt, sondern<br />
auch als prädiktiver Marker. Dies<br />
kann immunhistochemisch oder mittels<br />
einer PCR (z.B. Bethesda Panel) erfolgen.<br />
In Zukunft wird es wohl auch möglich sein<br />
die Mikrosatelliteninstabilität mittels eines<br />
zielgerichteten NGS-Panels zu bestimmen.<br />
Erwähnt sei ebenfalls die immunhistochemische<br />
Messung der PD- L1 Expression<br />
als weite ren Biomarker für die<br />
Vorhersage auf ein Ansprechen auf eine<br />
Immuncheckpoint-Inhibitor-Therapie.<br />
Ebenfalls an Aktualität gewonnen haben<br />
Untersuchungen bezüglich des Status<br />
der homologen Rekombinations-Reparatur<br />
(HRR). Zellen mit einer fehlerhaften<br />
HRR sind empfindlich auf DNA-schädigende<br />
Medikamente, wie PARP-Inhibitoren.<br />
Diese Untersuchung wird insbesondere<br />
beim Ovarialkarzinom angefordert und<br />
zunehmend auch beim Brust-, Pankreas-<br />
und Prostatakrebs. Eine prädiktive Aussage<br />
auf ein mögliches Ansprechen auf<br />
PARP-Inhibitoren erhält man durch den<br />
Nachweis von Mutationen in den BRCA1/2<br />
Genen, welche mittels NGS untersucht<br />
werden können. Möglicherweise werden<br />
als prädiktive Marker für das Ansprechen<br />
auf PARP-Inhibitoren in Zukunft zusätzliche<br />
Gene untersucht, die in der HRR eine<br />
Rolle spielen, sogenannte BRCAness Gene<br />
wie z.B. RAD51, RAD51C oder ATM. Dafür<br />
sind aber weitere bestätigende Studien<br />
notwendig. Patienten können aber auch<br />
auf PARP-Inhibitoren ansprechen ohne<br />
Mutationen in den BRCA1/2 oder BRCAness<br />
Genen. Es wird deshalb nach Biomarkern<br />
für das Ansprechen auf PARP-Inhibitoren<br />
gesucht, welche die sogenannte homologe<br />
Rekombinationsdefizienz (HRD)<br />
messen. Es gibt bereits kommerzielle Anbieter,<br />
deren Tests die HRD-bedingte genomische<br />
Instabilität bestimmen. Es laufen<br />
ausserdem mehrere Untersuchungen<br />
und Entwicklungen zur Bestimmung eines<br />
HRD-Score mittels z.B. NGS oder eines<br />
Array-Verfahrens.<br />
Nachweis von Genamplifikationen,<br />
Gendeletionen und Translokationen<br />
Zur Bestimmung von Genamplifikationen,<br />
Gendeletionen und Translokationen<br />
wird ein immunhistochemisches Verfahren<br />
bevorzugt, wenn immer dies möglich<br />
ist. Eine Immunhistochemie wird z.B. bei<br />
der Bestimmung der HER2-Amplifikation<br />
im Mammakarzinom oder der ALK-Translokation<br />
beim Lungenkarzinom durchgeführt.<br />
Ein zuverlässiger Antikörper ist jedoch<br />
in vielen Fällen nicht verfügbar und<br />
man verwendet daher Methoden wie die<br />
Fluoreszenz in situ Hybridisierung (FISH),<br />
NGS oder Multiplex ligation-dependent<br />
probe amplification (MLPA).<br />
Fluoreszenz in situ<br />
Hybridisierung (FISH)<br />
Das Prinzip dieser Methode basiert auf einer<br />
Bindung (Hybridisierung) von Sonden<br />
an bestimmten Genabschnitten. Die Sonden<br />
sind mit Fluoreszenzfarbstoffen markiert<br />
und können mittels Fluoreszenz-Mikroskop<br />
sichtbar gemacht werden. Liegt<br />
eine Vermehrung (Amplifikation) eines<br />
Genabschnitts vor, führt dies zu einer<br />
Zunahme an Signalen einer Sonde. Ein typisches<br />
Beispiel ist die HER-2 Gen-Amplifikation.<br />
Dabei zeigt sich eine Vermehrung<br />
des HER-2 Signals im Verhältnis zum Kontrollsignal<br />
des Zentromers auf dem gleichen<br />
Chromosom (Abbildung 1 links).<br />
Ähnlich verhält es sich mit Deletionen, bei<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 43
Perspectives<br />
Abbildung 1. Links: Fluoreszenz in situ Hybridisierung (FISH) für HER-2 zeigt eine Vermehrung des HER-2-Gens mit zahlreichen roten Signalen im<br />
Unterschied zur Zentromer 17 Sonde (grünes Signal). Rechts: Translokation für BCL6. Nachweis eines fusionierten Signals (Doppelpfeile) und eines<br />
getrennten Signals (Einzelpfeil) mittels break apart probe. Die break apart probe besteht aus zwei verschiedenfarbigen Sonden, die um den Translokations-Bruchpunkt<br />
arrangiert sind. Nach stattgehabter Translokation erscheinen die Sonden als räumlich getrennte Signale.<br />
denen sich ein Verlust eines Signals im<br />
Verhältnis zum Kontrollsignal findet.<br />
Häufige Anwendung findet die<br />
FISH-Untersuchung auch beim Nachweis<br />
von Verschiebungen von Genen, sogenannten<br />
Translokationen. Dabei können<br />
die translozierten Genabschnitte ebenfalls<br />
mit einer fluoreszenzmarkierten Sonde<br />
sichtbar gemacht werden (Abbildung 1,<br />
rechts). Der Nachweis von Translokationen<br />
hilft in der Diagnostik, der Therapie<br />
und der Prognose von Tumoren. So sind<br />
beispielsweise Ewing-Sarkome durch eine<br />
Translokation des EWS-Gens gekennzeichnet,<br />
während eine ALK-Translokation<br />
beim Lungenkarzinom die Therapie<br />
mit ALK-Inhibitoren ermöglicht. Weiter<br />
lässt sich die Prognose von diffus grosszelligen<br />
B-Zell Lymphomen anhand einer<br />
MYC-, BCL2- und BCL6-Translokationen<br />
einschätzen.<br />
NGS- und Microarray-basierte<br />
Messung von Genamplifikationen<br />
und -deletionen<br />
Genamplifikationen können ebenfalls<br />
mittels NGS-Untersuchung und einem<br />
entsprechenden Panel nachgewiesen werden.<br />
Das vermehrte Vorhandensein einer<br />
bestimmten Zielsequenz im Vergleich zu<br />
den übrigen Sequenzen führt zu mehr Sequenzierungsprodukten.<br />
Dabei gelingt<br />
der Nachweis vor allem bei starken<br />
Genamplifikationen zuverlässig (z. B.<br />
HER-2, EGFR, MYC), während kleinere Abweichungen<br />
schwieriger zu detektieren<br />
sind. Gleiches gilt für den Nachweis eines<br />
Verlustes einer Kopie (loss of heterozygosity,<br />
LOH), die derzeit mittels NGS noch<br />
nicht mit optimaler Sensitivität und Spezifität<br />
detektiert werden kann. Alternativ<br />
zur FISH kommt oft auch die Multiplex<br />
ligation-dependent probe amplification<br />
(MLPA) oder eine Microarray-Technik<br />
zum Einsatz. Beide Methoden können im<br />
Bereich von ca. + 3 bzw. -1 Kopien sehr exakte<br />
Bestimmungen liefern.<br />
Messungen von Translokationen<br />
Für Translokationen kommen neben der<br />
Immunhistochemie und FISH-Untersuchung<br />
auch DNA- und RNA-basierte<br />
NGS-Verfahren zum Einsatz, oder auch<br />
die «multiplex digitale color-coded barcode»<br />
Technologie. Alle diese Methoden<br />
haben ihre Vor- und Nachteile, welche bei<br />
der Interpretation der Befunde in Betracht<br />
gezogen werden müssen.<br />
DNA-Methylierung<br />
DNA-Methylierung ist ein wesentlicher<br />
Bestandteil der epigenetischen Regulation<br />
von Genen. Ein klassischer prädiktiver<br />
Marker bei höhergradigen Gliomen ist der<br />
Methylierungsstatus des MGMT-Gens,<br />
welches für ein DNA-Reparaturenzym kodiert.<br />
Ist der MGMT-Promotor hypermethyliert,<br />
wird das Gen herunterreguliert<br />
und das Ansprechen auf eine Temozolomid-Therapie<br />
ist verbessert. Dieser<br />
Marker wird klassischerweise durch Bisulfit-Sequenzierung,<br />
alternativ durch<br />
quantitative Bisulfit-PCR oder methylierungsspezifische<br />
MLPA (MS-MLPA) bestimmt.<br />
Genomweite DNA-Methylierungsprofile<br />
können mittels Microarrays (z. B. Illumina<br />
Infinium Methylation Array) erfasst<br />
werden. Interessanterweise haben unterschiedliche<br />
Zelltypen des Körpers ein jeweils<br />
für sie spezifisches Methylierungsprofil.<br />
Dies ermöglicht einen direkten<br />
Rückschluss auf die Art des Gewebes auch<br />
ohne Kenntnis der Morphologie. Dies gilt<br />
auch für verschiedene Tumor typen, die<br />
entitätsspezifische DNA-Methylierungsprofile<br />
aufweisen. Mittels grosser Referenzkollektive<br />
und maschinellem Lernen<br />
ist es daher möglich, die Tumorklassifikation<br />
und damit die primäre Entitätsdiagnostik<br />
direkt anhand des DNA-Methylierungsprofils<br />
zu bestimmen. Dies wird routinemässig<br />
bereits für die Hirntumore<br />
angewendet und ist in die aktuelle Hirntumorklassifikation<br />
der WHO eingeflossen<br />
[2] (Abbildung 2). Weiter erlaubte dies die<br />
Definition sehr seltener Hirntumorentitäten<br />
und die Präzisierung diagnostisch unscharfer<br />
Kategorien. Möglicherweise wird<br />
44<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Ähnliches auch für Tumoren anderer Organsysteme<br />
stattfinden. Beispielsweise<br />
wird momentan eine auf DNA-Methylierung<br />
basierte Klassifikation von Weichteil-<br />
und peripheren Nervenscheidentumoren<br />
entwickelt (neue Referenz: PMID:<br />
33479225 DOI: 10.1038/s41467-020-20603-<br />
4), und ein internationales Konsortium<br />
hat mit der Erstellung einer methylierungsbasierten<br />
Lymphom-Klassifikation<br />
begonnen. Analog dazu gibt es vielversprechende<br />
Resultate für die Zuordnung<br />
von Tumoren mit unbekannter Primärlokalisation,<br />
dem sogenannten CUP (cancer<br />
of unknown primary) Syndrom (neue Referenz:<br />
www.epidip.org). Da die zugrundeliegende<br />
Technik für die Bestimmung<br />
des Methylierungsprofils ein DNA-Microarray<br />
ist, lässt sich aus den Rohdaten neben<br />
der DNA-Methylierung ein Genom-weites<br />
Kopienzahlprofil errechnen,<br />
das Amplifikationen, LOH, Deletionen<br />
und auch Surrogat-Parameter für Translokationen<br />
liefert. Im Vergleich zur NGSoder<br />
Sanger-Sequenzierung werden jedoch<br />
höhere Mengen an DNA benötigt;<br />
pro Probe sind es ca. 500 ng DNA. Nach<br />
Möglichkeit ist Frischgewebe zu bevorzugen.<br />
Beispielsweise kann solches direkt<br />
im Rahmen der intraoperativen Schnellschnittuntersuchung<br />
asserviert werden.<br />
Für zeitkritische Diagnosen, z.B. von<br />
Hirntumoren, kann direkt innerhalb des<br />
Tages der Entnahme (
Perspectives<br />
Zusammenfassung<br />
PCR mit anschliessender Fragmentlängenanalyse<br />
Multiple Polymerase-Kettenreaktionen<br />
(PCR) werden eingesetzt, um Rearrangements<br />
von Immunglobulin-Genen und<br />
T-Zell-Rezeptoren zu quantifizieren. Diese<br />
Methode kommt in der Diagnostik von<br />
Lymphomen zum Zug, insbesondere auch<br />
in der Abgrenzung zu nicht-neoplastischen<br />
lymphatischen Entzündungsinfiltraten.<br />
Dabei werden PCR-Primers so gewählt,<br />
dass verschiedene Rearrangements<br />
jeweils zu unterschiedlich langen Produkten<br />
führen. Diese werden nach der PCR<br />
mittels Kapillarelektrophorese aufgetrennt,<br />
so dass sich Fragmentlängenprofile<br />
ergeben. Im Falle neoplastischer Zellen<br />
dominiert meist eine einzelne Variante<br />
eines solchen Rearrangements, da es sich<br />
um ein klonales Ereignis handelt. Demzufolge<br />
erscheint ein sehr starkes singuläres<br />
Produkt auf dem Gel, während ein<br />
nicht-neoplastisches Entzündungsinfiltrat<br />
zu einem Gemisch verschiedener unterschiedlich<br />
grosser Produkte führt.<br />
Ein ähnlicher Ansatz wird verwendet,<br />
um Mikrosatelliteninstabilität in Tumoren<br />
nachzuweisen. Karzinome mit defektem<br />
DNA-Reparatursystem haben multiple<br />
Muta tionen in DNA-Regionen mit<br />
repetitiven Nukleotid- Regionen, den sogenannten<br />
Mikrosatelliten. Anhand von<br />
Längenunterschieden dieser Mikrosatelliten<br />
zwischen Tumorgewebe und <strong>No</strong>rmalgewebe<br />
lässt sich voraussagen, ob ein Gendefekt<br />
im DNA-Reparatursystem vorliegt.<br />
Folglich haben die mikrosatelliteninstabilen<br />
Tumoren eine erhöhte Anzahl an<br />
Mutationen und sprechen besser auf eine<br />
Immuncheckpoint-Inhibitor-Therapie an.<br />
Weiter kann ein Gendefekt im DNA-Reparatursystem<br />
mit einem hereditären Syndrom<br />
assoziiert sein, wie dem Lynch-<br />
Syndrom. Diese Patienten haben ein generell<br />
erhöhtes Risiko für eine Reihe verschiedener<br />
Tumoren, so dass hier eine<br />
genetische Beratung und allenfalls Untersuchung<br />
der Familienangehörigen zu<br />
empfehlen ist.<br />
Ausblick<br />
Unser Wissen über genetische und epigenetische<br />
Veränderungen in Tumoren wird<br />
auch in den kommenden Jahren zunehmen.<br />
Gleichzeitig werden uns immer<br />
mehr zielgerichtete Krebsmedikamente<br />
zur Verfügung stehen, welche nur bei bestimmten<br />
genomischen Veränderungen<br />
wirksam sind. Molekularpathologische<br />
Untersuchungen werden demzufolge immer<br />
häufiger an Tumoren durchgeführt.<br />
Ziel bleibt es, über entsprechende Methoden<br />
zu verfügen, mit denen diese Veränderungen<br />
zuverlässig, einfach in der<br />
Handhabung und kosteneffektiv nachgewiesen<br />
werden können.<br />
Die Pathologie beurteilte Tumoren während vieler Jahre fast ausschliesslich mittels<br />
makroskopischer und mikroskopischer Untersuchungen. In den letzten Jahren erlebten<br />
wir allerdings einen enormen Wissenszuwachs über genetische und epigenetische<br />
Veränderungen in Tumoren wie zum Beispiel Mutationen, Translokationen oder dem<br />
Methylierungsprofil. Der Nachweis dieser Veränderungen im Rahmen der pathologischen<br />
Untersuchung gewinnt stetig an Bedeutung und hat Auswirkungen auf Diagnose,<br />
Prognose, Therapie, und Prävention von Tumorleiden. Es ist daher entscheidend, dass<br />
wir über geeignete Methoden verfügen, zum Nachweis dieser Veränderungen. In der<br />
folgenden Übersichtsarbeit stellen wir daher aktuelle Methoden vor, die in der Molekularpathologie<br />
eingesetzt werden, zum Nachweis genetischer und epigenetischer<br />
Veränderungen.<br />
Dr. med. Jürgen Hench<br />
Facharzt für Neuropathologie SSNPath.<br />
Institut für Pathologie<br />
Universitätsspital Basel<br />
Schönbeinstrasse 40<br />
4031 Basel<br />
juergen.hench@usb.ch<br />
PD Dr. med. et Dr. phil. nat.<br />
Matthias S. Matter<br />
Facharzt für Pathologie<br />
und Molekularpathologie FMH<br />
Institut für Pathologie<br />
Universitätsspital Basel<br />
Schönbeinstrasse 40<br />
4031 Basel<br />
matthias.matter@usb.ch<br />
Literatur<br />
1. Jennings LJ, Arcila ME, Corless C,<br />
Kamel-Reid S, Lubin IM, Pfeifer J, et al. Guidelines<br />
for Validation of Next-Generation<br />
Sequencing-Based Oncology Panels: A Joint<br />
Consensus Recommendation of the<br />
Association for Molecular Pathology and<br />
College of American Pathologists. The<br />
<strong>Journal</strong> of molecular diagnostics : JMD.<br />
2017; 19: 341 – 65.<br />
2. Capper D, Jones DTW, Sill M,<br />
Hovestadt V, Schrimpf D, Sturm D, et al.<br />
DNA methylation-based classification of<br />
central nervous system tumours. Nature.<br />
2018; 555: 469 – 74.<br />
3. Sestak I, Buus R, Cuzick J, Dubsky P,<br />
Kronenwett R, Denkert C, et al. Comparison<br />
of the Performance of 6 Prognostic<br />
Signatures for Estrogen Receptor-Positive<br />
Breast Cancer: A Secondary Analysis of a<br />
Randomized Clinical Trial. JAMA Oncol.<br />
2018; 4: 545 – 53.<br />
Current methods in molecular pathology<br />
Abstract: Macroscopy and microscopy were the cornerstones of tumor analysis in<br />
pathology for many years. Recently, we have witnessed an enormous increase in<br />
knowledge of genetic and epigenetic alterations occurring in tumors. The detection of<br />
these alterations is becoming increasingly important during pathological work-up<br />
because they have an important impact on the diagnosis, prognosis, therapy, and<br />
prevention of tumors. It is therefore crucial to have appropriate methods available to<br />
detect these genetic alterations, such as mutations, translocations or changes in the<br />
methylation profile. In the following review article, we will present current methods<br />
that are being applied in molecular pathology.<br />
46<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Les artistes de la médecine<br />
Prof. D r méd.<br />
Nicole Lindenblatt<br />
Nicole Lindenblatt me fascine.<br />
Elle ne me fascine pas parce<br />
qu’elle est professeure mais<br />
parce qu’elle a fait son chemin<br />
jusqu’à devenir directrice suppléante de<br />
la clinique. Tout cela n’est pas le fruit du<br />
hasard. En effet, tous les matins à 7h00,<br />
elle est à la clinique et le soir à 21h00 ou<br />
même plus tard, elle est encore assise à<br />
son bureau avec trois bouteilles de coca<br />
sur la table. Ce n’est pas cela qui me<br />
fascine, car il n’y a rien de particulier au<br />
fait que le capitaine quitte le bateau en<br />
dernier. On n’a rien sans rien.<br />
Ce qui me fascine, c’est son humanité.<br />
Dans l’environnement exigeant et<br />
empreint de professionnalisme d’un<br />
hôpital universitaire, elle prend le temps<br />
d’écouter les autres, pour l’entretien de<br />
planification de carrière des sous-assistants.<br />
Elle prend le temps de rendre<br />
chaque jour visite à ses patients. Même si<br />
ceux-ci ne relèvent plus de sa responsabilité<br />
depuis des mois. Se renseigne sur<br />
leurs plaies et procède elle-même au<br />
changement de pansement dans un autre<br />
service. Elle est là et colle à une vitesse<br />
incroyable et avec une grande précision<br />
20 à 25 rubans stériles, jusqu’à ce qu’elle<br />
soit satisfaite du résultat. Elle découpe,<br />
colle – comme un maître.<br />
Même après avoir passé huit heures<br />
au bloc opératoire, Nicole Lindenblatt<br />
longe silencieusement le couloir comme<br />
une fée, elle plane. Elle plane même si<br />
après de fatigantes discussions dans les<br />
organes dirigeants, elle devrait s’effondrer<br />
auprès des collaborateurs et patients.<br />
Elle ne le fait pas, elle reste<br />
impassible. Si elle était un mot, son mot<br />
serait «allure».<br />
«Lindenblatt» (feuille de tilleul) est<br />
un joli nom. La feuille du tilleul a la<br />
forme d’un cœur, l’écorce est lisse, le bois<br />
est tendre et résistant, la structure est<br />
claire, fine et dense et le tilleul se tient<br />
droit. C’est très caractéristique. Autrefois,<br />
sa famille élevait des chevaux en Prusse<br />
orientale. Elle a gagné ses galons à Zurich<br />
et vit comme une artiste qui reconstruit<br />
des ailes du nez symétriques sur la base<br />
du cartilage de l’oreille pour des patients<br />
brûlés, un peu comme une magicienne.<br />
Elle reste toujours humble. Les sous-assistant(e)s<br />
appellent M me la Professeure<br />
Lindenblatt par son prénom, Nicole, et la<br />
prennent pour une médecin-assistante,<br />
comme ils pensent qu’elle a tout juste la<br />
trentaine. Sa ressemblance avec un elfe<br />
s’illustre aussi par le fait que personne ne<br />
se sent mal à l’aise en sa présence, elle<br />
qui a une personnalité à la fois équilibrée<br />
et douce.<br />
J’ai peint l’impression qu’elle m’a laissée.<br />
J’ai aussi utilisé beaucoup de couleur,<br />
comme je le fais toujours, tout en veillant<br />
à trouver la bonne tonalité. Sa couleur est<br />
or. C’est ainsi, tout simplement. De plus,<br />
j’ai révélé sa tendresse et son caractère<br />
féerique par du rose dans un bleu clair. Le<br />
portrait paraît ainsi à la fois très léger et<br />
fin. Je trouve que je l’ai bien réussi. Je la<br />
perçois comme je l’ai peinte, c’est-à-dire<br />
comme être humain et artiste. Tendre et<br />
féerique.<br />
Bettina Reichl, peintre et gestionnaire des<br />
hospitalisations à la clinique de chirurgie<br />
plastique de l’Hôpital universitaire de Zurich<br />
(La version intégrale du texte [en allemand] est<br />
disponible sur www.bettinareichl.com)<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 47
Du rire et du rêve pour nos<br />
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chaque semaine la visite des docteurs Rêves.<br />
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48<br />
2/20 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
mediservice<br />
Boîte aux lettres<br />
Armé contre les<br />
cyberattaques<br />
<strong>No</strong>us entendons sans cesse<br />
parler de cyberattaques et<br />
de cas d'utilisation abusive<br />
de données. Justement, en<br />
tant que cabinet médical, nous avons<br />
notamment stocké des données sensibles<br />
sur les patients. Comment<br />
puis-je protéger les données numériques<br />
des patients contre les abus?<br />
Les cyberattaques sont en effet en<br />
augmentation – surtout à l’époque<br />
actuelle. Si la numérisation augmente<br />
Assurance Cyber<br />
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d'assurance? Avec l’assurance Cyber<br />
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être couverts et grâce au réseau d’experts<br />
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conseils complets en cas de sinistre et<br />
êtes soutenus par une sensibilisation<br />
à la sécurité et des conseils sur les<br />
stratégies de sauvegarde des données.<br />
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l’efficacité du travail et facilite l’établissement<br />
de contacts, elle offre également<br />
une plus grande plate-forme pour les<br />
cyberattaques. Il est donc important de<br />
reconnaître les pièges potentiels et de<br />
prendre des mesures de précaution.<br />
Les astuces des arnaqueurs<br />
Les criminels utilisent souvent de fausses<br />
identités en piratant des comptes de<br />
courrier électronique. Les entreprises<br />
reçoivent alors des instructions de<br />
paiement de partenaires supposés dignes<br />
de confiance tels que les clients, les<br />
fournisseurs ou même «leur» directeur<br />
financier. Cependant, l’argent atterrit sur<br />
des comptes frauduleux.<br />
Les courriers électroniques contenant<br />
des pièces jointes douteuses ou des<br />
liens vers de faux sites web sont également<br />
très répandus. Le malware actuellement<br />
très souvent utilisé, appelé «ransomware»,<br />
accède aux systèmes<br />
informatiques internes via des liens ou<br />
des fichiers téléchargés et peut crypter ou<br />
détruire les données sensibles des<br />
patients ou des cartes de crédit.<br />
Des données sensibles en échange<br />
d’argent<br />
Les cybercriminels utilisent de plus en<br />
plus les logiciels de rançon pour extorquer<br />
de l’argent. Les attaques les plus<br />
modernes copient les données sensibles<br />
et cryptent les données de base, puis<br />
exigent une rançon pour le décryptage.<br />
En outre, des menaces sont proférées<br />
pour la publication des données copiées.<br />
De plus en plus, les données sont vendues<br />
aux enchères sur le Darknet – une<br />
nouvelle source de profit pour les<br />
criminels.<br />
Comment protéger votre cabinet?<br />
1. Mettez à jour votre système d’exploitation<br />
avec des mises à jour et des patchs<br />
de sécurité.<br />
2. Créez des sauvegardes régulières qui<br />
sont conservées séparément du<br />
système du réseau.<br />
3. Installez des mesures de protection<br />
techniques telles que des scanners de<br />
virus, des pare-feu, etc.<br />
4. Modifiez les mots de passe par défaut<br />
de vos appareils.<br />
5. Segmentez le réseau (réseaux distincts<br />
de clients/serveurs/contrôleurs de<br />
domaine et dispositifs de diagnostic<br />
connectés au réseau, chacun ayant une<br />
administration isolée).<br />
6. N’accordez l’accès aux données que si<br />
les utilisateurs en ont réellement<br />
besoin.<br />
Il est très important de sensibiliser et<br />
de former vos employés. Car lorsque les<br />
cyberattaques réussissent, c’est généralement<br />
grâce à l’erreur humaine. Inversement,<br />
ce sont vos employés qui, en fin de<br />
compte, décèlent les agresseurs et<br />
protègent l’entreprise.<br />
Si des cyberattaques devaient<br />
néanmoins se produire, l’assurance cyber<br />
prévoit une indemnisation pour les pertes<br />
financières résultant de la perte de<br />
données, de la manipulation de données<br />
ou de violations de la protection des<br />
données.<br />
Tobias Seitz<br />
Helvetia Assurances,<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 49
<strong>No</strong>us conseillons les médecins, parce que nous les comprenons bien.<br />
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Une structure<br />
pour sortir de la<br />
crise<br />
Personne n’est invulnérable, pas même les médecins. Un Case Management<br />
structuré permet de surmonter une crise et de se réinsérer.<br />
Silvia Läderach, communication marketing d’innova Versicherungen AG<br />
cle, et le Dr A. ne parvenait pas à quitter<br />
son domicile.<br />
La psychiatre a pu s’ouvrir à la Case<br />
Manager et exprimer librement ses pensées.<br />
Grâce aux entretiens, elle a accepté<br />
d’être mise en contact avec l’organisation<br />
de soins psychiatriques à domicile. Rapidement,<br />
elle a également pu entamer une thérapie<br />
spécialisée. Grâce à l’intervention de<br />
la Case Manager d’innova, l’assurance-invalidité<br />
lui a permis de profiter des prestations<br />
de l’intervention rapide (maintien du<br />
poste de travail) au sein d’un espace sécurisé.<br />
Par la suite, les entretiens réguliers avec<br />
la Case Manager ont permis de discuter de<br />
la possibilité d’une reprise progressive du<br />
travail. Dans une première phase, le Dr A. a<br />
traité les aspects administratifs de son cabinet<br />
en télétravail, dans le cadre d’un taux<br />
d’occupation limité. Elle s’est occupée de<br />
sa correspondance et s’est progressivement<br />
consacrée à la correction de rapports médicaux.<br />
Le taux d’occupation et les tâches à<br />
effectuer ont été régulièrement réévalués<br />
dans le cadre du Case Management. La<br />
bienveillance et la compréhension de<br />
l’équipe du cabinet ont redonné de la force<br />
au Dr A., au point qu’au bout de quelques<br />
semaines, elle a pu à nouveau reprendre de<br />
petits entretiens thérapeutiques par Skype.<br />
Ce faisant, le Dr A. a pu replonger dans son<br />
rôle de psychiatre et s’est sentie à nouveau<br />
perçue comme une professionnelle. Cette<br />
expérience a traduit le besoin de solutions<br />
de ce type. L’offre de séances de thérapie en<br />
ligne a ensuite été développée, ce qui a permis<br />
de soutenir l’activité, en particulier durant<br />
la deuxième vague.<br />
Pendant près de six mois, la psychiatre a<br />
exercé à 70% en télétravail. Elle a conservé<br />
les rendez-vous avec sa propre psychiatre<br />
et a à nouveau fait ses courses elle-même.<br />
Retrouver son autonomie, c’est aussi retrouver<br />
l’espoir. Bien que le quotidien ne<br />
soit pas à 100% le même qu’il ne l’était, le<br />
Dr A. se sent bien mieux et parvient à nouveau<br />
à gérer elle-même ses journées.<br />
Le personnel de santé est particulièrement<br />
éprouvé par la pandémie<br />
actuelle. Le Case Management<br />
d’innova permet de<br />
soulager celles et ceux qui se trouvent<br />
dans une situation devenue insupportable.<br />
Sous la forme d’un accompagnement<br />
psychosocial, un espace est proposé<br />
afin d’aborder des thèmes difficiles et de<br />
trouver ensemble des solutions flexibles<br />
pour surmonter les défis personnels. Un<br />
exemple concret montre l’aide que nous<br />
pouvons apporter dans le cadre de la sévère<br />
crise actuelle.<br />
Depuis plusieurs années, le Dr A. est à<br />
la tête d’un cabinet de psychiatrie renommé.<br />
Malheureusement, elle a subi une dépression<br />
nerveuse lors du premier confinement.<br />
Sa phobie spécifique se traduisait<br />
par des états d’anxiété face à une contamination<br />
possible par le coronavirus. Cette<br />
crainte s’est exprimée par un isolement<br />
social complet. Lorsque le Case Management<br />
d’innova a été informé au printemps<br />
2020 de l’incapacité de travail qui en a résulté,<br />
nous avons contacté le Dr A. et lui<br />
avons proposé notre aide. Cependant,<br />
étant donné qu’à ce stade, le Dr A. n’avait<br />
pas quitté sa maison depuis deux mois, la<br />
visite d’une Case Manager à son domicile<br />
n’était pas envisageable. C’est pourquoi<br />
nous avons progressivement instauré une<br />
relation de confiance au travers d’entretiens<br />
téléphoniques. Au fil de ces derniers,<br />
il s’est avéré que le Dr A. n’avait pas eu recours<br />
à un accompagnement professionnel.<br />
Contacter un confrère ou une consœur<br />
constituait pour elle un immense obstainnova<br />
mediservice vsao-<strong>asmac</strong> et innova Versicherungen<br />
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gain unique en son genre, qui s’adapte<br />
au maintien du salaire de l’employeur/l’hôpital<br />
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du salaire durant les deux premières<br />
années d’une incapacité de<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 51
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nous nous sommes engagés sous le nom<br />
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Vivre<br />
consciemment<br />
l’instant présent<br />
Comment être plus léger et serein au quotidien? Angelika von der<br />
Assen, instructrice de pleine conscience, est convaincue que la<br />
méditation et la présence attentive sont les clés d’une vie épanouie.<br />
Julie Freudiger<br />
Lorsque l’on recherche des<br />
moyens pour faire face au<br />
stress, les mots-clés «méditation»<br />
et «pleine conscience» apparaissent<br />
de plus en plus souvent. La<br />
pleine conscience a même fait son entrée<br />
au sein des entreprises. L’un des premiers<br />
coachs en Suisse à avoir appliqué la pleine<br />
conscience au monde du travail est Angelika<br />
von der Assen. Psychologue d’entreprise<br />
et organisationnelle, formatrice de<br />
pleine conscience, elle sait comment gérer<br />
le stress au quotidien.<br />
Madame von der Assen, quelles<br />
sont les principales sources de stress<br />
dans notre quotidien?<br />
<strong>No</strong>us en voulons trop: un travail épanouissant,<br />
une forme éblouissante, des vacances<br />
inoubliables. Pour répondre à ces<br />
exigences, nous devons dépenser des<br />
quantités d’énergie. Force est de constater<br />
que nous sommes les artisans de notre<br />
propre stress. Il naît toujours de la manière<br />
dont je réagis à une situation, de ma façon<br />
de penser. A titre d’exemple: au lieu de<br />
m’inquiéter de la réorganisation à venir, je<br />
peux la considérer comme une chance qui<br />
se traduira par une nouvelle évolution.<br />
Comment sortir de cet actionnisme?<br />
<strong>No</strong>us devons rétablir l’équilibre entre le<br />
fait d’agir et d’être, utiliser les phases de<br />
repos et de farniente pour entrer en<br />
contact avec nous-mêmes. Beaucoup de<br />
gens ne savent pas comment fonctionne<br />
leur cerveau, d’où viennent les pensées<br />
qui les mettent sous pression et les privent<br />
de sommeil. Pour le savoir, il faut marquer<br />
un temps d’arrêt et observer ses pensées et<br />
sa respiration. C’est là que la pratique de la<br />
pleine conscience peut aider.<br />
La pleine conscience permet d’accroître<br />
la concentration et l’efficacité. Est-ce<br />
pour cela que de plus en plus d’entreprises<br />
misent sur cette pratique?<br />
Les cours de pleine conscience voient le<br />
jour pour plusieurs raisons. La principale<br />
en est l’envie de vouloir restreindre son niveau<br />
de stress. Des situations stressantes<br />
et des tensions bien gérées permettent de<br />
réduire considérablement l’absentéisme<br />
et même d’éviter les burn-out. De nombreux<br />
employés sont aujourd’hui surmenés.<br />
Ils n’arrivent pas à lever le pied. <strong>No</strong>us<br />
avons besoin de nouveaux outils pour faire<br />
face à ce mal du siècle.<br />
Comment surmonter le stress<br />
par la pleine conscience?<br />
La pleine conscience nous rend plus résistants<br />
aux situations stressantes. Peu importe<br />
que la tempête fasse rage, nous restons<br />
calmes intérieurement, car nous savons<br />
que rien ne dure éternellement. Toute<br />
crise s’achève à un moment donné. La méditation<br />
nous apprend aussi à gérer les émotions<br />
fortes et à les accepter. La troisième<br />
étape consiste à devenir plus optimiste.<br />
Quels exercices de pleine conscience<br />
pouvez-vous recommander pour mieux<br />
venir à bout du stress quotidien?<br />
Par exemple, respirez trois fois profondément<br />
avant de passer d’une chose à l’autre.<br />
Cela détend et aide à y voir plus clair. Si le<br />
repas avec les enfants est turbulent, faites<br />
une petite pause, prenez trois longues inspirations,<br />
acceptez la situation et réfléchissez<br />
à ce que vous allez faire pour calmer<br />
le jeu. Le principe est toujours le<br />
même: percevoir le stimulus, faire une<br />
pause, décider consciemment. Cela demande<br />
de la pratique, mais reste à la portée<br />
de tous. Comprendre les mécanismes<br />
aide déjà beaucoup.<br />
La méditation ne signifie donc pas<br />
nécessairement rester assis pendant<br />
des heures?<br />
Le fait de s’asseoir et de méditer régulièrement<br />
favorise l’entraînement mental. Mais<br />
il existe aussi de nombreuses méditations<br />
intégrées. Par exemple, se concentrer complètement<br />
sur la vaisselle, comme si vous<br />
vous concentriez sur votre respiration. Ou<br />
encore se brosser les dents de manière méditative,<br />
écouter attentivement les autres,<br />
écrire des e-mails avec attention. Comme<br />
si vous faisiez ces choses pour la première<br />
fois. Il s’agit d’observer et d’apprendre à<br />
connaître son propre mental.<br />
Sanitas est un partenaire de coopération<br />
de mediservice vsao-<strong>asmac</strong>. Vous<br />
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santé numérique à l’adresse suivante:<br />
www.sanitas.com/onlinemagazin/fr.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/21 53
Impressum<br />
Adresses de contact des sections<br />
N o 2 • 40 e année • Avril <strong>2021</strong><br />
Editeur<br />
AG<br />
VSAO Sektion Aargau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier, Auf der<br />
Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch, tél. 044 250 43 23,<br />
fax 044 250 43 20<br />
mediservice vsao-<strong>asmac</strong><br />
Bollwerk 10, case postale, 3001 Berne<br />
Téléphone 031 350 44 88<br />
journal@<strong>asmac</strong>.ch, journal@vsao.ch<br />
www.<strong>asmac</strong>.ch, www.vsao.ch<br />
Sur mandat de l’<strong>asmac</strong><br />
Rédaction<br />
Catherine Aeschbacher (rédactrice en chef),<br />
Giacomo Branger, Franziska Holzner- Arnold,<br />
Kerstin Jost, Fabian Kraxner, Léo Pavlopoulos,<br />
Lukas Staub, Anna Wang, Sophie Yammine<br />
Comité directeur <strong>asmac</strong><br />
Angelo Barrile ( président), <strong>No</strong>ra Bienz<br />
(co-vice- présidente), Patrizia Kündig<br />
(co-vice- présidente), Christoph Bosshard<br />
(invité permanent), Marius Grädel, Dina-<br />
Maria Jakob (invitée permanente), Helen<br />
Manser, Gert Printzen, Svenja Ravioli,<br />
Patrizia Rölli, Martin Sailer, Miodrag Savic<br />
(invité permanent), Jana Siroka, Michael<br />
Burkhardt (swimsa)<br />
Impression et expédition<br />
Stämpfli AG, Wölflistrasse 1, CH-3001 Bern<br />
Téléphone +41 31 300 66 66,<br />
info@staempfli.com, www.staempfli.com<br />
Maquette<br />
Tom Wegner<br />
Illustration de la page de couverture<br />
Till Lauer<br />
Annonces<br />
Zürichsee Werbe AG, Fachmedien,<br />
Markus Haas, Laubisrütistrasse 44, 8712 Stäfa<br />
Telefon 044 928 56 53<br />
E-Mail vsao@fachmedien.ch<br />
Tirage<br />
Exemplaires imprimés: 22 200<br />
Certification des tirages par la REMP/FRP<br />
2020: 21 829 exemplaires<br />
Fréquence de parution: 6 numéros par année<br />
L’abonnement est inclus dans la contribution<br />
annuelle pour les membres de l’<strong>asmac</strong><br />
ISSN 1422-2086<br />
L’édition n o 3/<strong>2021</strong> paraîtra en juin <strong>2021</strong>.<br />
Sujet: Ennui<br />
© <strong>2021</strong> by <strong>asmac</strong>, 3001 Berne<br />
Printed in Switzerland<br />
BL/BS<br />
VSAO Sektion beider Basel, Geschäftsleiterin und Sekretariat:<br />
lic. iur. Claudia von Wartburg, Advokatin, Hauptstrasse 104,<br />
4102 Binningen, tél. 061 421 05 95, fax 061 421 25 60,<br />
sekretariat@vsao-basel.ch, www.vsao-basel.ch<br />
BE VSAO Sektion Bern, Schwarztorstrasse 7, 3007 Berne, tél. 031 381 39 39,<br />
info@vsao-bern.ch, www.vsao-bern.ch<br />
FR<br />
ASMAC section fribourgeoise, Gabriela Kaufmann-Hostettler,<br />
Wattenwylweg 21, 3006 Berne, tél. 031 332 41 10, fax 031 332 41 12,<br />
info@gkaufmann.ch<br />
GE Associations des Médecins d’Institutions de Genève, case postale 23,<br />
Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, 1211 Genève 14, amig@amig.ch, www.amig.ch<br />
GR<br />
JU<br />
NE<br />
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RA Geschäftsführer/Sektionsjurist, tél. 078 880 81 64, info@vsao-gr.ch,<br />
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marie.maulini@h-ju.ch<br />
ASMAC section neuchâteloise, Joël Vuilleumier,<br />
avocat, Rue du Musée 6, case postale 2247, 2001 Neuchâtel,<br />
tél. 032 725 10 11, vuilleumier@valegal.ch<br />
SG/AI/AR VSAO Sektion St. Gallen-Appenzell, Bettina Surber, Oberer Graben 44,<br />
9000 St. Gallen, tél. 071 228 41 11, fax 071 228 41 12,<br />
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ASMAVal, p.a. Maître Valentine Gétaz Kunz,<br />
Ruelle du Temple 4, CP 20, 1096 Cully, contact@asmaval.ch<br />
Suisse centrale (LU, ZG, SZ, GL, OW, NW, UR)<br />
VSAO Sektion Zentralschweiz, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
tél. 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />
ZH/SH<br />
VSAO ZH/SH, RA lic. iur. Susanne Hasse,<br />
Geschäftsführerin, <strong>No</strong>rdstrasse 15, 8006 Zurich, tél. 044 941 46 78,<br />
susanne.hasse@vsao-zh.ch, www.vsao.zh.ch<br />
Label de qualité Q-publication<br />
de l’association média suisses<br />
54<br />
2/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
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