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syndicom magazine No.22

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 22 mars-avril 2021<br />

<strong>magazine</strong><br />

Travailler<br />

moins<br />

pour vivre<br />

mieux


Gaoussou Diakité, gynécologue<br />

Nous ne fournissons<br />

pas de médicaments.<br />

Mais l’expertise<br />

médicale.<br />

Actuellement, avec la formation des médecins<br />

au Mozambique. Aidez-nous : solidarmed.ch<br />

Partnerships for Health


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : Et si on<br />

travaillait moins ?<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 Le travail dans le<br />

contexte de l’Agenda 2030<br />

24 Mobiliser à l’ère COVID<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 social media<br />

Les efforts des syndicats visant à humaniser le<br />

travail – c’est-à-dire à séparer « travail et vie<br />

privée » – se concentrent dans les revendications<br />

historiques d’une réduction du temps de<br />

travail. Dans les années 1850 émerge déjà le<br />

slogan « Huit heures de travail, huit heures de<br />

sommeil et huit heures de loisirs et détente ».<br />

Si les revendications sur le temps de travail<br />

ont dès lors toujours fait partie de nos engagements,<br />

elles ont considérablement disparu de<br />

l’agenda syndical dès les années 1990 face notamment<br />

à d’importants combats sur les questions<br />

salariales. Aujourd’hui, un changement de<br />

paradigme s’opère et elles retrouvent une actualité<br />

dans le contexte de la digitalisation et du<br />

débat sur l’égalité, se développant également<br />

autour d’une flexibilisation encadrée du travail.<br />

Dans le contexte de la numérisation, de nouvelles<br />

possibilités s’ouvrent en effet aux entreprises<br />

pour flexibiliser le travail et réduire les<br />

horaires de travail. La flexibilisation densifie le<br />

travail à large échelle et les nouvelles technologies<br />

permettent en outre de transférer le<br />

travail partout et en tout temps. Par la volonté<br />

de réduire le temps de travail via des modèles<br />

mieux adaptés aux différentes étapes de la vie,<br />

nous renouons ici avec la revendication de séparer<br />

le travail et la vie privée. Depuis quelques<br />

mois, des centaines de collègues de la branche<br />

TIC participent d’ailleurs activement à ce débat<br />

passionnant pour le futur du travail.<br />

8<br />

22<br />

30<br />

Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC et<br />

membre du comité directeur


4<br />

Une fine équipe<br />

« Sans garde-fous, la flexibilisation<br />

menace d’accroître la pression »<br />

Yvan Bianchini (45 ans) remédie aux<br />

pannes des centres d’appel de<br />

Swisscom. Il travaille à Bellinzone et a<br />

rejoint l’entreprise il y a plus de dix<br />

ans. En tant que membre de <strong>syndicom</strong>,<br />

il est actif au sein du groupe stratégique<br />

CCT et comme représentant du<br />

personnel au Tessin. Il a déjà recruté<br />

de nombreux membres pour <strong>syndicom</strong>.<br />

Fabienne Roduit (32 ans) travaille chez<br />

Swisscom à Sion en tant qu’Operative<br />

Process Manager. En parallèle, elle étudie<br />

la gestion d’entreprise à la Haute<br />

école spécialisée du Valais. Elle a adhéré<br />

à <strong>syndicom</strong> il y a six ans et s’engage<br />

actuellement au sein du groupe<br />

stratégique qui accompagne le développement<br />

de la CCT Swisscom.<br />

Thomas Wälti (49 ans) fait partie du<br />

groupe stratégique CCT ainsi que du<br />

comité d’entreprise Swisscom Group<br />

de <strong>syndicom</strong>, qui vérifie le bon respect<br />

de la CCT. De plus, il siège au comité de<br />

la section bernoise de <strong>syndicom</strong> où il<br />

officie comme responsable des finances.<br />

Chez Swisscom, il travaille en<br />

tant que TIC Service Manager à Ittigen<br />

dans le canton de Berne.<br />

Texte : Basil Weingartner<br />

Illustration : Illunauten<br />

« Le personnel touche<br />

à ses limites »<br />

« Nous nous engageons pour de nouveaux<br />

modèles de temps de travail<br />

chez Swisscom. Ils sont nécessaires<br />

pour plusieurs raisons. Quantité de<br />

processus ont été automatisés ces<br />

dernières années. Il subsiste néanmoins<br />

des tâches intellectuelles<br />

complexes. La correction de processus,<br />

ainsi que la vérification et<br />

l’adaptation manuelles des programmations<br />

nécessitent une forte<br />

concentration tout au long de la journée<br />

pour des tâches qui changent rapidement.<br />

Le personnel touche à ses<br />

limites. Des augmentations salariales<br />

ne changeraient quasiment<br />

rien. Il faut une diminution fondamentale<br />

du temps de travail sans réduction<br />

de salaire.<br />

En parallèle, la productivité a<br />

considérablement augmenté au<br />

cours de la dernière décennie. Or une<br />

tendance durable se dessine : la valeur<br />

ajoutée générée profite quasiment<br />

uniquement aux actionnaires<br />

et à la direction. Il faut que ça<br />

change, faute de quoi Swisscom<br />

peinera encore davantage à trouver<br />

du personnel qualifié.<br />

Nous faisons partie du groupe<br />

stratégique de <strong>syndicom</strong> qui conduit<br />

les négociations CCT. Ces dernières<br />

années, nous avons examiné de nombreux<br />

modèles et interrogé nos collègues<br />

sur leurs besoins et leurs idées.<br />

Il s’est avéré que de nouveaux modèles<br />

s’imposent pour les collègues<br />

de plus de 50 ans, car ils sont soumis<br />

à une pression particulièrement<br />

forte. Pour les plus jeunes, l’équilibre<br />

entre travail et vie privée prévaut.<br />

Les collaboratrices et collaborateurs<br />

souhaitent passer plus de<br />

temps avec leur famille. En outre, de<br />

plus en plus de personnes suivent<br />

des études en cours d’emploi et<br />

doivent bénéficier de modèles appropriés.<br />

Nous sommes convaincus que<br />

Swisscom profiterait aussi de modèles<br />

qui placent au centre les salarié-e-s<br />

et leurs besoins. Le temps<br />

libre dégagé permettrait d’augmenter<br />

la créativité et la motivation. Nous<br />

sommes ouverts à la discussion. Et<br />

nous espérons que Swisscom l’est<br />

aussi.<br />

Les modèles de travail flexibles<br />

présentent de nombreux avantages,<br />

mais nous devons être vigilants. Car<br />

sans garde-fous clairs, la flexibilisation<br />

menace d’accroître la pression. »


Brèves<br />

Lettre ouverte au TX Group \ Victoire importante pour un<br />

service public fort \ Heures supplémentaires à La Poste \<br />

Watson lance sa version francophone \ Table ronde des illustrateurs-trices<br />

\ Sites internet des GI \ Service postal à domicile<br />

5<br />

Discriminations à Tamedia<br />

78 femmes journalistes de TX Group<br />

(ex-Tamedia) ont signé une lettre ouverte<br />

dans laquelle elles dénoncent des<br />

propos sexistes ainsi qu’une culture<br />

d’entreprise dominée par les hommes<br />

au sein du groupe médiatique. Afin de<br />

lutter contre ce sexisme structurel,<br />

elles réclament plus de décence et de<br />

respect, plus de femmes aux postes de<br />

direction et une procédure standardisée<br />

pour combattre les discriminations.<br />

<strong>syndicom</strong> soutient cette lutte ainsi que<br />

les revendications des signataires, et<br />

dénonce les conditions de travail dont<br />

elles font état.<br />

Votation e-ID<br />

Le 7 mars dernier, le peuple suisse a<br />

voté un NON écrasant à la loi sur l’e-ID.<br />

Cette victoire est la preuve d’une forte<br />

confiance en l’Etat sur les questions<br />

liées à la numérisation du service public<br />

et d’une méfiance envers les entreprises<br />

privées en matière de protection<br />

des données. Mais ne restons pas les<br />

bras croisés, la Suisse doit désormais<br />

développer de nouvelles compétences<br />

numériques afin d’être en mesure d’assumer<br />

des tâches souveraines dans le<br />

futur.<br />

P.-S. Nos excuses au média Republik que<br />

nous avons omis de citer dans le <strong>magazine</strong><br />

n° 21, en page 15, comme source de<br />

la carte de l’Europe sur l’e-ID.<br />

Gestion des heures<br />

supplémentaires à La Poste<br />

La nouvelle CCT de La Poste, en vigueur<br />

depuis début 2021, donne plus d’autonomie<br />

aux employé-e-s dans la gestion<br />

des heures supplémentaires. Selon l’article<br />

2.11.1, paragraphe 12, de la CCT, ilselles<br />

sont désormais autorisés à planifier<br />

des jours de congé isolés jusqu’à<br />

concurrence de la moitié de leur solde<br />

d’heures supplémentaires. Les congés<br />

devront toutefois être décidés immédiatement<br />

après le processus de remise à<br />

zéro semestriel, qui se tient fin avril, et<br />

en consultation avec l’équipe. Plus<br />

d’infos : <strong>syndicom</strong>.ch/kChkq<br />

Watson en Suisse romande<br />

Le média digital watson est disponible<br />

en Suisse romande depuis le 1 er mars.<br />

<strong>syndicom</strong> salue la création de nouveaux<br />

emplois dans la presse et encourage<br />

une plus grande diversité des<br />

médias dans cette région, tout en invitant<br />

Watson à garantir de bonnes<br />

conditions de travail pour ses employé-e-s<br />

et à rejoindre la CCT de la<br />

presse romande.<br />

Première table ronde des<br />

illustrateurs et illustratrices<br />

59 personnes ont participé à la première<br />

table ronde en ligne de <strong>syndicom</strong><br />

pour les illustrateurs-trices sur le<br />

thème « Combien dois-je facturer ? ».<br />

Les expériences personnelles, conseils<br />

et astuces concernant le prix des prestations<br />

et les taux horaires ont pu être<br />

discutés ouvertement. Face à ce succès,<br />

la prochaine table ronde (en allemand)<br />

est déjà agendée le 12 mai à<br />

17h00. Le thème « Clients de l’enfer »<br />

fournira également matière à une soirée<br />

passionnante. Plus d’infos : <strong>syndicom</strong>.ch/illustammtisch<br />

Nouveau site web pour les GI<br />

Comme annoncé dans notre dernier<br />

numéro en page 30, le site internet du<br />

groupe d’intérêt (GI) Retraité-e-s a fait<br />

peau neuve. Vous pouvez y accéder par<br />

l’adresse retraites.<strong>syndicom</strong>.ch. Mais<br />

le nouveau design du site est aussi<br />

disponible pour l’ensemble des GI sur<br />

ig.<strong>syndicom</strong>.ch/fr.<br />

Service à domicile de La Poste<br />

D’ici à mi-2021, le service à domicile de<br />

La Poste prendra un virage numérique<br />

et il ne sera désormais plus possible de<br />

déposer un écriteau sur sa boîte aux<br />

lettres pour faire appel au facteur.<br />

Alors que cette offre devait permettre<br />

de remplacer la fermeture de bureaux<br />

de poste en facilitant l’appel au facteur<br />

pour toutes et tous, force est de<br />

constater que l’accès au service public<br />

postal continue à se complexifier pour<br />

les personnes sans aisance digitale.<br />

Agenda<br />

Mai<br />

1 er<br />

Fête du travail<br />

Face à l’accroissement de la précarité<br />

de nombreux travailleurs et travailleuses,<br />

la mobilisation syndicale du<br />

1 er mai sera absolument cruciale. Seuls<br />

des regroupements locaux seront<br />

toute fois autorisés en raison des mesures<br />

sanitaires en vigueur. Pour plus<br />

d’informations, renseignez-vous prochainement<br />

auprès de votre secrétariat<br />

régional ou sur le site de <strong>syndicom</strong>.<br />

3<br />

Journée mondiale de la liberté<br />

de la presse<br />

Plus que jamais, la liberté de la presse<br />

doit être défendue alors que la Fédération<br />

internationale des journalistes<br />

(FIJ) a récemment annoncé que<br />

66 journalistes ont perdu la vie dans<br />

l’exercice de leur fonction en 2020.<br />

Différents événements en ligne sont<br />

proposés par l’UNESCO : bit.ly/2O7E21g<br />

21<br />

La Grève pour l’Avenir<br />

Initiée par le mouvement de la grève<br />

du climat, cette grande journée d’action<br />

et de grève pose les bases d’un<br />

changement à long terme vers une<br />

société durable, notamment pour<br />

le futur de nos emplois (voir page 17).<br />

Nous vous invitons à participer à des<br />

actions locales, dans le respect des<br />

mesures sanitaires en vigueur.<br />

Plus d’infos : grevepourlavenir.ch<br />

Juin<br />

14<br />

Grève des femmes<br />

En cette année du 50 e anniversaire du<br />

suffrage féminin, la grève des femmes<br />

revêtira une importance d’autant plus<br />

capitale. De plus amples informations<br />

sur les différents événements et mobilisations<br />

organisés seront partagées<br />

sur le site de <strong>syndicom</strong>. A vos agendas<br />

!<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/evenements/


6 Du côté des<br />

Monia Vidi est responsable des ressources humaines au sein<br />

employeurs<br />

de localsearch (Swisscom Directories SA), dont la nouvelle<br />

CCT entrée en vigueur au 1 er janvier 2021 propose des conditions<br />

de travail progressistes.<br />

1<br />

Comment la nouvelle CCT<br />

localsearch permet-elle de soutenir<br />

vos activités à l’ère de la transformation<br />

numérique ?<br />

La nouvelle CCT offre une sécurité<br />

professionnelle à nos collaborateurs<br />

et collaboratrices. C’est particulièrement<br />

important dans notre branche<br />

qui est en évolution rapide. De plus,<br />

la CCT nous rend attrayant en tant<br />

qu’employeur. Tout le monde en tire<br />

avantage, car plus nos employé-e-s<br />

sont confiant-e-s, plus ils font preuve<br />

d’énergie et de motivation pour relever<br />

les défis de l’entreprise.<br />

2<br />

Quels avantages avez-vous tirés de<br />

la participation des employé-e-s aux<br />

discussions sur la CCT ?<br />

Les employé-e-s sont au centre de la<br />

CCT et leur implication était une<br />

condition importante pour mieux<br />

comprendre leurs besoins. Les représentant-e-s<br />

du personnel ont élaboré<br />

des propositions en collaboration<br />

avec les syndicats. Dans le cadre des<br />

discussions, puis des négociations, le<br />

point de vue du personnel était déterminant<br />

pour formuler les problèmes<br />

soulevés de manière concrète et compréhensible.<br />

3<br />

Quel est l’objectif des nouveaux<br />

éléments de la CCT en rapport avec la<br />

numérisation (droit à la déconnexion,<br />

télétravail, formations, etc.) ?<br />

La numérisation comporte autant<br />

d’opportunités que de risques. Nous<br />

voulons en tenir compte et créer un<br />

cadre de travail adéquat pour concilier<br />

au mieux la vie professionnelle et<br />

privée. Il nous importe d’offrir à nos<br />

employé-e-s la plus grande marge de<br />

liberté possible, et tous les outils<br />

nécessaires pour donner le meilleur<br />

d’eux-mêmes. La formation et le<br />

travail à distance en font partie.<br />

4<br />

Vous encouragez notamment<br />

l’apprentissage « autodirigé ».<br />

De quoi s’agit-il ?<br />

Aujourd’hui, le perfectionnement<br />

s’étend au-delà des formes traditionnelles,<br />

et les objectifs d’apprentissage<br />

peuvent être définis de manière<br />

autonome avec son propre rythme.<br />

Cet « apprentissage autodirigé » peut<br />

s’effectuer partout et en tout temps.<br />

Nous souhaitons soutenir cette forme<br />

d’apprentissage et le développement<br />

de nos employé-e-s. C’est aussi bénéfique<br />

pour nous, car nous avons besoin<br />

d’employé-e-s compétent-e-s.<br />

5<br />

Dans une branche qui peine à recruter<br />

des spécialistes et à fidéliser le<br />

personnel, que vous apporte la CCT ?<br />

Une bonne CCT montre à quel point<br />

notre personnel est important pour<br />

nous. Bien entendu, les exigences<br />

sont elles aussi élevées dans notre entreprise.<br />

L’équilibre est toutefois déterminant.<br />

Nous offrons des conditions<br />

de travail progressistes et<br />

équitables ainsi que beaucoup de libertés.<br />

En contrepartie, nos collaborateurs<br />

et collaboratrices s’engagent<br />

pleinement.<br />

6<br />

Quels sont les principaux défis<br />

technologiques pour localsearch ces<br />

prochaines années ?<br />

L’évolution technologique est fulgurante,<br />

mais elle est entre nos mains.<br />

Elle nous permet de développer et de<br />

commercialiser de nouveaux produits<br />

innovants dans le domaine du marketing<br />

digital pour notre clientèle de<br />

PME. Par ailleurs, nous concentrons<br />

aussi nos efforts sur la simplification<br />

et l’automatisation des processus.<br />

Cela nous permet d’atténuer le risque<br />

d’erreurs et d’être plus agiles.<br />

Texte : Daniel Hügli<br />

Image : HR-Today / Aniela Lea Schafroth<br />

Photography


L’invité<br />

Dans une société bien organisée,<br />

les gains de productivité, provenant en particulier<br />

de l’automatisation et de la digitalisation de<br />

l’économie, devraient déboucher naturellement<br />

sur une réduction du temps de travail et sur une<br />

augmentation des rémunérations des salariés<br />

dans le secteur concerné. Au lieu de cela, ils<br />

génèrent une précarisation des postes de<br />

travail et un sous-emploi massif, accentuée par<br />

la pandémie de COVID-19, qui concourent à<br />

aggraver l’injustice sociale.<br />

Ainsi, le processus de concentration de richesses<br />

en quelques mains s’est nettement<br />

accéléré. Alors que, selon la Banque Mondiale,<br />

en 2018, environ 50 % de la population mondiale<br />

survivait, ou tentait de le faire, avec moins de<br />

5,5 dollars par jour, et que jusqu’à 100 millions<br />

de personnes supplémentaires auraient basculé<br />

en 2020 dans l’extrême pauvreté, soit avec<br />

moins de 1.90 dollars par jour, les dix personnes<br />

les plus riches du monde, ont vu, selon OXFAM,<br />

leur fortune totale quasiment doubler cette<br />

même année, pour atteindre 1120 milliards de<br />

dollars. En une seule journée, le 20 juillet 2020,<br />

Jeff Bezos, qui détient 11 % du capital d’Amazon,<br />

augmenta sa richesse de 13 milliards de dollars !<br />

Que les gains de productivité se traduisent plutôt<br />

dans les cours boursiers qu’en termes de<br />

temps libre, que le supposé ruissellement des<br />

richesses n’obéisse pas à la loi de la pesanteur<br />

puisqu’il concentre ces dernières en haut de la<br />

pyramide sociale, est l’expression d’un profond<br />

dysfonctionnement de la société. En effet, une<br />

société qui exclue une large propor-tion de ses<br />

membres, qui oublie qu’elle se doit de les traiter<br />

avec le respect dû, ouvre la porte à des<br />

dirigeants, politiques ou économiques, en<br />

profond décalage avec les aspirations humaines<br />

et les graves défis auxquels elle est confrontée.<br />

Gains de productivité<br />

et temps libre<br />

Marc Chesney est professeur à la faculté<br />

d’économie de l’Université de Zurich<br />

dont il est aussi le Directeur du Centre<br />

de compétence en finance durable. Auteur<br />

du livre « La crise permanente »,<br />

dont la troisième édition a été publiée<br />

en octobre 2020, il développe une analyse<br />

critique du secteur financier et fait<br />

notamment partie du comité qui a lancé<br />

l’initiative populaire visant à remplacer<br />

la TVA par une microtaxe sur toutes les<br />

transactions électroniques.<br />

7


10 Quatre jours de travail par semaine pour sortir de la crise<br />

12 Mieux répartir le travail domestique<br />

13 Défis syndicaux actuels<br />

14 Succès d’ailleurs<br />

Dossier 9<br />

Travailler<br />

moins,<br />

vivre<br />

plus


10 Dossier<br />

La semaine de quatre jours pour sortir de<br />

la crise et gérer la numérisation<br />

accélérée<br />

De façon inattendue, nous expérimentons<br />

actuellement à large échelle une réduction du<br />

temps de travail. Nous devons désormais<br />

répartir le travail équitablement.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Jacinda Ardern n’est pas une politicienne comme les<br />

autres. La cheffe du Gouvernement néo-zélandais dirige<br />

avec fermeté et bienveillance. Lorsqu’en 2019, un néofasciste<br />

a abattu 51 fidèles dans deux mosquées, elle a immédiatement<br />

interdit et retiré toutes les armes semi-automatiques<br />

et les fusils d’assaut dans tout le pays.<br />

Elle n’a laissé aucune chance au COVID. Bilan après<br />

une année : moins de 100 morts, la vie continue. Qu’est-ce<br />

qui a fait la différence ? Jacinda Ardern a associé les Néozélandais-es<br />

à sa politique. Pendant le confinement, elle a<br />

discuté chaque soir en direct sur Facebook depuis son canapé<br />

avec les cinq millions d’habitant-e-s (« mon team »)<br />

de ce qu’il fallait faire. Sur un ton franc et apaisant. Elle a<br />

écouté les propositions et objections, répondu aux questions<br />

concernant la compensation salariale, les courbes<br />

de fièvre, les quarantaines ou l’argent du chômage. Puis<br />

elle a fini par déclarer : « Nous devrions instaurer la semaine<br />

de quatre jours. Avec le plein salaire. Elle serait<br />

utile à tout le monde, et un jour de congé supplémentaire<br />

contribuerait à remettre d’aplomb le tourisme national et<br />

la gastronomie. »<br />

Des milliards pour les gagnants de la crise<br />

Travailler moins pour résoudre la crise ? Contre toute attente,<br />

la crise du coronavirus a servi de chantier global<br />

pour expérimenter à grande échelle des horaires de travail<br />

réduits. Ils sont restés longtemps tabous. Mais aujourd’hui,<br />

la semaine de 30 heures, la journée de 6 heures<br />

ou les quatre jours hebdomadaires sont examinés et<br />

même expérimentés ici et là (voir article en page 14). La<br />

forme la plus brutale de réduction des horaires est le chômage<br />

partiel. Il a freiné la hausse du chômage dans de<br />

nombreux pays. Et, ajouté aux milliards de la Confédération,<br />

il a permis à certaines entreprises et à leurs actionnaires<br />

de très bien s’en sortir. Aujourd’hui, les 30 plus<br />

grandes entreprises suisses distribuent à elles seules plus<br />

de 39 milliards de francs de dividendes – et plusieurs milliards<br />

via des programmes de rachat d’actions.<br />

Pourtant les gagnants de la crise insistent sur des<br />

horaires de travail prolongés. Hormis dans quelques<br />

branches, la semaine de 40 heures est un épouvantail du<br />

passé. En moyenne, le personnel à temps plein travaille<br />

aujourd’hui 20 heures de plus par an qu’en 2015. L’USAM<br />

rêve, elle, de 50 heures hebdomadaires. A lire les déclarations<br />

des employeurs, la crise doit être maîtrisée par<br />

l’allongement des journées de travail, la flexibilisation incontrôlée,<br />

l’augmentation du travail dominical et nocturne,<br />

ainsi que le télétravail numérique sans restriction.<br />

En termes économiques, c’est absurde, car cette stratégie<br />

ne sauve aucun emploi, mais en détruit beaucoup. Et<br />

elle augmente la pression sur les personnes encore actives.<br />

Mais la position idéologiquement rigide des employeurs<br />

montre où campent les fronts dans le vaste débat<br />

pour sortir la Suisse de la crise. Regardons-y de plus près.<br />

La double crise<br />

La « crise du coronavirus » est une dénomination erronée.<br />

Car déjà en 2018, l’économie mondiale a été une nouvelle<br />

fois fortement ébranlée et le commerce s’est effondré. Et<br />

en 2019, les banques et le système financier ont dû être<br />

stabilisés avec des milliards de dollars. Bien avant que<br />

n’éclate la pandémie.<br />

Puis, le COVID-19 – le virus de l’inégalité (comme le<br />

nomme l’organisation d’entraide Oxfam) –, les confinements<br />

et les presque 25 000 milliards de dollars d’aide ont<br />

accéléré la crise et la transformation du système à la vitesse<br />

de la lumière. Avec ces deux tendances dominantes :<br />

l’extrême concentration de la fortune, du capital, du revenu<br />

et des opportunités entre toujours moins de mains. Et<br />

la numérisation complète de l’économie et de la société.<br />

Ce qui n’avançait jusqu’à présent que laborieusement<br />

et ne semblait souvent guère plus qu’un gag médiatique<br />

prend désormais la forme de modèles commerciaux basés<br />

sur les données : dans les cinq prochaines années, la numérisation<br />

va chambouler notre monde du travail, notre<br />

consommation et nos modes de vie. Ces derniers jours,<br />

certains d’entre nous en ont eu un avant-goût – avec le télétravail<br />

numérique 24 h/24.<br />

Digital seulement avec une semaine de quatre jours<br />

Tous les économistes doués savent que pour empêcher<br />

que la numérisation ne débouche sur une catastrophe sociale,<br />

il convient d’imposer une forte réduction des horaires<br />

de travail. La raison est simple : le travail numérique<br />

augmente fortement la productivité du travail. Sur le plan<br />

économique, cela se traduit par une forte valeur ajoutée<br />

couplée à une faible utilisation des ressources. Première<br />

ressource concernée : le travail humain. Elle seule crée de<br />

la valeur (l’argent ne travaille pas). Mais les technologies<br />

numériques (le travail automatisé des ingénieurs, des mécaniciens,<br />

des programmeurs) réduisent les coûts salariaux<br />

d’un bien ou d’un service de manière décisive.<br />

Le temps<br />

libre est<br />

un droit<br />

humain


C’est ici que la numérisation touche aux mécanismes<br />

de base de l’économie capitaliste. Elle consiste depuis<br />

toujours à organiser le travail de sorte que le salaire réalisé<br />

soit inférieur à la valeur des biens ou des services produits.<br />

Plus cette différence est élevée, plus le bénéfice augmente<br />

pour le capital. A cet effet, le capitalisme industriel a mis<br />

en place un régime temporel strict, qui dicte de manière<br />

coercitive le temps humain vécu. Nous avons depuis longtemps<br />

assimilé ce régime. Mais on se rend compte à quel<br />

point il repose sur la contrainte seulement depuis peu. Depuis<br />

que de nombreuses personnes en chômage partiel ou<br />

en télétravail se sont réappropriées le temps humain. Et<br />

ont retrouvé leur biorythme.<br />

Parce que les processus d’apprentissage et l’automatisation<br />

ont rendu le travail plus productif, les syndicats ont<br />

obtenu des salaires plus élevés, des assurances sociales et<br />

plus de temps libre – au prix de longues et épuisantes<br />

luttes menées depuis 1850. De la journée de 16 heures en<br />

usine à celle de 12 heures prévue par la loi sur les usines<br />

de Glaris (1864), jusqu’aux 8 heures (théoriques) d’aujourd’hui.<br />

De la semaine de 6½ jours à cinq jours. De la<br />

semaine de 58 à 48 heures (grève générale de 1918) à celle<br />

de 42½ heures.<br />

Mieux répartir le travail<br />

Le temps libre est un droit humain. Passer moins de temps<br />

à survivre pour vivre plus n’est pas une formule pour des<br />

séminaires de développement personnel, mais un projet<br />

très ancien. C’est le noyau de tous les projets utopiques.<br />

La civilisation fait son apparition seulement après que la<br />

stricte nécessité laisse un peu de place aux loisirs. Le <strong>magazine</strong><br />

<strong>syndicom</strong> a d’ailleurs relaté l’histoire de cette<br />

émancipation dans un dossier au printemps 2018.<br />

Mais après l’échec de l’initiative pour la semaine de<br />

40 heures en 1976, les syndicats ont provisoirement gelé<br />

leur revendication visant à réduire le temps de travail. Autrement<br />

dit, ils l’ont reportée dans les négociations des<br />

CCT. La plupart des conventions collectives sont aujourd’hui<br />

plus progressistes que la loi sur le travail. La<br />

prise de conscience est venue dernièrement notamment<br />

du mouvement féminin. Des horaires de travail raccourcis<br />

sont indispensables pour répartir plus équitablement le<br />

travail non rémunéré entre les femmes et les hommes<br />

(voir article en page 12). Enfin, pour le mouvement écologiste,<br />

la protection climatique et l’indulgence envers soimême<br />

exigent un ralentissement (voir article en page 22).<br />

Problème : depuis le milieu des années 80, les employeurs<br />

se sont mis à garder pour eux les progrès de la<br />

productivité. Aujourd’hui cependant, l’utilisation collective<br />

des progrès de la productivité numérique détermine<br />

l’avenir de la société. Car le bien-être et le progrès social<br />

ne consistent pas seulement à réglementer le travail sur<br />

les plateformes numériques, à stopper le développement<br />

en masse d’un prolétariat du clic, à empêcher la flexibilisation<br />

néfaste (comme le travail sur appel) et le décloisonnement<br />

du temps de travail par le travail à domicile. Nous<br />

ne pourrons échapper au désastre social que si les syndicats<br />

empêchent que le capital monnaie les gains de productivité<br />

par la destruction des emplois. Nous devons<br />

mieux répartir le travail en réduisant le temps de travail.<br />

C’est une vieille revendication qui a fait ses preuves,<br />

notamment en France. Entre 1998 et 2002, le gouvernement<br />

introduit la semaine légale de 35 heures. Depuis, les<br />

journalistes économiques et les politiciens se plaisent à<br />

mettre toutes les catastrophes sur le compte des<br />

« 35 heures ». Dès 2002, tous les gouvernements français<br />

ont assoupli les « 35 heures » avec de nouvelles ordonnances.<br />

Aujourd’hui, de vastes études montrent que la réduction<br />

du temps de travail vaut mieux que sa réputation.<br />

Elle a donné un élan à la France et créé de nombreux emplois.<br />

Les syndicats vont observer de près les expériences<br />

en cours. Car une chose est claire : la Suisse a besoin d’un<br />

nouveau contrat social entre capital et travail. Une semaine<br />

flexible de 30 heures constituerait un bon début.


12 Dossier<br />

Si toutes et tous travaillaient moins...<br />

La réduction du temps de travail s’inscrit aussi<br />

dans le débat sur l’égalité. Si les mesures politiques<br />

à mettre en place relèvent peut-être de<br />

l’utopie sociale, elles révèlent surtout une domination<br />

économique insoutenable.<br />

Texte : Muriel Raemy<br />

Il est pratiquement impossible de concilier travail et famille<br />

en Suisse. Cette question brûlante touche aussi bien<br />

le marché du travail que la politique sociale et familiale,<br />

l’égalité entre les sexes ou la sphère privée, à savoir la possibilité<br />

d’organiser sa vie à sa convenance. Sur le plan économique,<br />

des solutions convergent vers une revendication<br />

syndicale que l’on rencontre au carrefour de ces<br />

nombreux défis sociétaux : une réduction pour toutes et<br />

tous du travail rémunéré.<br />

Travailler moins pourrait en effet avoir des conséquences<br />

très prometteuses. « Les besoins changent au<br />

cours d’une vie. Les jeunes parents pourraient s’occuper<br />

ensemble de leurs enfants et les salarié-e-s plus âgé-e-s de<br />

leurs parents vieillissants », commence Patrizia Mordini,<br />

responsable de l’égalité chez <strong>syndicom</strong>. Dans les faits,<br />

l’accès féminin au marché du travail n’a pas donné lieu à<br />

un engagement proportionnel des hommes dans les<br />

tâches familiales ou domestiques. Des horaires réduits<br />

leur permettraient ainsi, même à plein temps, de s’investir<br />

dans ce qui repose encore et toujours sur les épaules<br />

féminines : le « care », un terme anglais pour désigner l’ensemble<br />

des activités de soin et de sollicitude que les<br />

femmes effectuent gratuitement au sein de leur couple ou<br />

de leur famille, ou en échange d’un salaire bien trop bas<br />

lorsqu’elles en font leur métier. En 2020, l’économiste féministe<br />

Mascha Madörin calculait que sur 8,7 milliards<br />

d’heures de travail non rémunéré – cuisiner, soigner, éduquer,<br />

jardiner, faire les courses, etc. – 5,6 milliards étaient<br />

effectuées par les femmes. « Il a été estimé que cette répartition<br />

in égale représente 80 milliards de francs suisses de<br />

perte pour les femmes ! » Mais l’injustice ne s’arrête pas là.<br />

De quel côté est l’utopie ?<br />

Les statistiques révélées par l’Enquête suisse sur la population<br />

active (2018) exemplifient en effet le cynisme de la<br />

situation : 61 % des femmes actives, contre 14 % des<br />

hommes actifs, indiquaient avoir diminué leur temps de<br />

travail pour assumer des tâches de prise en charge d’enfants<br />

de moins de 15 ans. Les conséquences directes ? Des<br />

baisses dans le revenu et un énorme trou dans les cotisations<br />

AVS des femmes. De plus, après la naissance de leurs<br />

enfants, celles-ci se tournent souvent vers des activités<br />

professionnelles impliquant moins de responsabilités et<br />

préfèrent garder elles-mêmes leur progéniture au détriment<br />

de leur indépendance financière.<br />

La revendication est donc simple : des horaires de travail<br />

plus courts sont nécessaires. « Pour ne pas péjorer la<br />

situation économique des femmes déjà mise à mal, nous<br />

militons pour une réduction du temps de travail sans réduction<br />

de salaire. » Au risque de glisser vers l’utopie ?<br />

« Pour moi, l’utopie c’est de ne pas questionner des lois<br />

non écrites qui disent qu’une femme n’accède pas aux emplois<br />

qui correspondent à ses compétences, qu’elle gagne<br />

moins pour le même poste et pire, que certains métiers<br />

indispensables, prétendument traditionnellement féminins,<br />

ne soient tout simplement pas valorisés. A partir du<br />

moment où les soins à la vie humaine seront reconnus<br />

sous toutes leurs formes et bien payés, je suis sûre que les<br />

hommes s’y intéresseront et investiront dans ces métiers<br />

! », ajoute Patrizia Mordini. Ce disant, le syndicat ne<br />

mentionne pas d’objectif chiffré pour la durée hebdomadaire<br />

du travail salarié. « C’est un changement de perspective<br />

que nous revendiquons : des horaires plus courts, prévisibles<br />

et fiables, des congés parentaux payés allongés<br />

ainsi qu’un accueil extrafamilial qui s’adapte à une activité<br />

professionnelle aussi vaste et flexible que possible –<br />

sans que la flexibilisation et la digitalisation ne deviennent<br />

une nouvelle menace pour l’équilibre entre vie privée et<br />

professionnelle. » En bref, un projet de société où l’Etat favorise<br />

une économie proche des besoins de la vie réelle.


Le temps n’est pas le seul ennemi<br />

La question du temps du travail au sein de nos<br />

branches ne se limite pas à la semaine de travail<br />

ordinaire. Tour d’horizon.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Durant l’année pandémique, la situation – déjà difficile –<br />

du personnel de la logistique s’est aggravée. Un sondage<br />

récent de <strong>syndicom</strong> montre que 63 % des effectifs de Post-<br />

Mail peinent à concilier travail, temps libre et famille.<br />

Chez PostLogistics, le rythme du travail influe sur la santé<br />

de 54 % des salariés. La situation exceptionnelle vécue<br />

avec l’essor du commerce en ligne durant le confinement<br />

a eu sans conteste un impact sur les conditions de travail.<br />

Selon Matteo Antonini, secrétaire central du secteur<br />

Logistique chez <strong>syndicom</strong>, « il faut plus de personnel pour<br />

éviter que les variations de volume des colis ne pèsent trop<br />

sur sa santé. La nouvelle convention collective de travail<br />

(CCT) contient des critères importants pour limiter les<br />

heures supplémentaires et garantir des jours de congé.<br />

Avec l’annonce des affectations deux semaines à l’avance,<br />

il est par exemple possible de refuser des tournées supplémentaires,<br />

sans que cela porte à conséquence. En outre,<br />

le respect des soldes horaires est garanti deux fois par an<br />

via une remise à zéro, et la moitié des heures supplémentaires<br />

peuvent être planifiées et prises en jours de congé. »<br />

Juguler la crise et la semaine de 42 heures<br />

Dans le secteur des médias, en revanche, la pandémie a<br />

seulement reporté la problématique des heures supplémentaires,<br />

une question récurrente dans le journalisme.<br />

Comme de nombreux éditeurs perçoivent des indemnités<br />

RHT, ils sont très prudents avec les heures supplémentaires<br />

pour ne pas risquer de sanctions de la part du SECO.<br />

Dans l’industrie graphique, le syndicat est parvenu à enrayer<br />

une situation qui menaçait de se détériorer en raison<br />

de la crise qui frappe le secteur depuis les années 90. La<br />

CCT donne la possibilité aux employeurs d’augmenter la<br />

durée du travail jusqu’à 42 heures par semaine, par accord<br />

écrit avec la commission du personnel, s’il en existe une,<br />

ou avec le personnel lui-même. En décembre 2012, <strong>syndicom</strong><br />

avait mobilisé plus d’une centaine de personnes à<br />

Berne contre ce projet. La mobilisation n’a certes pas mis<br />

un terme complet à l’augmentation horaire, mais les<br />

42 heures ne sont au moins pas appliquées partout. Force<br />

est néanmoins de constater que, contrairement aux<br />

craintes, cette possibilité d’augmenter le temps de travail<br />

n’a pas entraîné de licenciements.<br />

Swisscom – flexibilité et participation<br />

Horaires de travail flexibles. Modèles de retraite partielle<br />

pour les seniors. Solutions hybrides entre télétravail et<br />

travail en entreprise, même après la pandémie. Ce sont<br />

quelques-unes des idées qui ont émergé de la première série<br />

de sondages menés auprès du personnel de Swisscom.<br />

Des workshops seront organisés en mai avec le personnel<br />

afin de concrétiser les revendications pour la nouvelle<br />

CCT. Les négociations débuteront en automne pour que<br />

la CCT puisse être signée dans le courant de 2022.<br />

Les prémisses pour des horaires de travail réduits sont<br />

réunies, explique le secrétaire central du secteur TIC de<br />

<strong>syndicom</strong>, Daniel Hügli : « Elles reposent sur trois points :<br />

la motivation du personnel, comme on l’a vu dans le sondage<br />

; la productivité, qui est démontrée avec la réduction<br />

du temps de travail ; et une plus grande attractivité de<br />

Swisscom sur le marché. Si le géant bleu veut attirer de<br />

jeunes talents, il doit aussi offrir d’excellentes conditions<br />

de travail. La flexibilité et la participation sont des facteurs<br />

très importants. Tout comme le modèle flexible de<br />

temps de travail adapté aux différentes étapes de la vie,<br />

dont nous discutons actuellement. Chaque situation est<br />

individuelle. Et chacun doit avoir le choix. »<br />

Pour connaître toutes nos branches :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches


14 Dossier<br />

Et si la théorie devenait réalité<br />

pour nous aussi ?<br />

Alors que de plus en plus d’entreprises testent<br />

de nouveaux modèles de travail, des gouvernements<br />

progressistes veulent ancrer des<br />

réductions de la durée du travail dans la loi.<br />

Texte : Andreas Minder<br />

Une personne skie, une deuxième est assise au-dessus<br />

d’une baie et contemple la vue, une autre tient une carpe<br />

monumentale devant la caméra. Sur le site web de l’entreprise<br />

Emagnetix, une agence autrichienne de marketing<br />

numérique, on voit des employé-e-s qui s’adonnent à des<br />

activités pendant leur temps libre. Ils en ont du reste tout<br />

le loisir. L’entreprise a instauré en 2018 la semaine de<br />

30 heures, sans réduction de salaire. La diminution du<br />

temps de travail résulte des « difficultés grandissantes à<br />

trouver de nouveaux collaborateurs-rices », comme l’explique<br />

le directeur, Klaus Hochreiter. Cette initiative a<br />

profité à toutes les parties. Les problèmes de recrutement<br />

sont de l’histoire ancienne, l’entreprise a connu une forte<br />

croissance. Elle emploie aujourd’hui plus de 30 personnes,<br />

soit plus du double d’avant l’introduction de la<br />

semaine de 30 heures. Et toutes se portent bien. Une évaluation<br />

externe a d’ailleurs montré que plus de 80 % des<br />

employé-e-s se sentent en meilleure santé.<br />

Selon Klaus Hochreiter, le compte y est. Et pour deux raisons.<br />

D’abord, car des coûts ont été économisés via la digitalisation<br />

et l’automatisation de certains processus et<br />

parce que des séances superflues ont été supprimées. Ensuite,<br />

et surtout, car les employé-e-s sont devenu-e-s plus<br />

efficaces. S’il s’en tient lui aussi à la semaine de 30 heures,<br />

le directeur déclare que l’on se disperse moins lorsque<br />

l’on sait qu’on a moins de temps à disposition. Par ailleurs,<br />

notamment dans le secteur de la création, on ne<br />

peut pas être productifs plus de six heures par jour selon<br />

lui.<br />

Emagnetix n’est pas un cas isolé. Dans le monde entier,<br />

diverses entreprises expérimentent des réductions<br />

d’horaires de travail. La société fiduciaire néo-zélandaise<br />

Perpetual Guardian a par exemple instauré en 2018 la semaine<br />

de quatre jours pour ses quelque 250 employé-e-s.<br />

Là aussi, avec un salaire entier, et avec succès : la productivité<br />

a augmenté, le stress a diminué et un meilleur équilibre<br />

entre travail et vie privée a été obtenu. Au Japan, Microsoft<br />

a accordé le vendredi de libre pendant un mois de<br />

test à ses 2300 employé-e-s. Résultat : la motivation et la<br />

productivité ont augmenté de 40 %. La liste des entreprises<br />

concernées pourrait rapidement s’allonger.<br />

Compte tenu de ces nombreuses expériences positives,<br />

on se demande pourquoi la réduction des heures de<br />

travail ne s’est pas imposée depuis longtemps. Une autre<br />

expérience, souvent évoquée, pourrait apporter une réponse<br />

: dans une maison de retraite de Göteborg, la journée<br />

de six heures a été introduite en 2015. Ici aussi, le personnel<br />

s’est senti plus en forme, plus attentif et plus<br />

détendu. Mais l’expérience n’a pas été poursuivie, notamment<br />

en raison des coûts : il fallait engager du personnel<br />

supplémentaire, ce qui s’est avéré trop coûteux. Car même<br />

si la qualité des soins s’est amélioriée, les gains de productivité<br />

n’ont pas été si importants. Ce type d’expériences –<br />

et la résistance coutumière de nombreux employeurs –<br />

pourrait rendre difficile la réduction des horaires de<br />

travail dans certaines branches, malgré tous les effets positifs<br />

potentiels.<br />

Des gouvernements de gauche vont de l’avant<br />

Actuellement, de nombreux gouvernements déploient<br />

aussi des initiatives visant à réduire le temps de travail. En<br />

automne 2020, le gouvernement de gauche en Espagne<br />

considère l’introduction d’une semaine de quatre jours.<br />

L’idée d’un projet pilote de trois ans, élaboré avec les syndicats,<br />

est aujourd’hui sur la bonne voie. En Finlande, le<br />

gouvernement de coalition de centre-gauche ébauche des<br />

plans en vue d’une réduction du temps de travail généralisée.<br />

Et, à l’antipode du globe, la cheffe du gouvernement<br />

néo-zélandais Jacinda Ardern encourage les employeurs à<br />

envisager la semaine de quatre jours. Mis à part les arguments<br />

connus, elle fait aussi entrer en jeu la crise du tourisme<br />

induite par le coronavirus : plus de temps libre inciterait<br />

le peuple néo-zélandais à prendre plus de vacances<br />

– pour le plus grand bonheur des hôtels, des restaurants<br />

et des entreprises de transport. A quand en Suisse ?<br />

Récent débat sur la semaine de quatre jours en Suisse dans<br />

l’émission Forum de la RTS : bit.ly/3u8mXn8<br />

Photos<br />

Le projet artistique du photographe romand Olivier Vogelsang<br />

repose sur une technique de double exposition offrant un<br />

regard contemplatif sur notre rapport au temps de travail.<br />

A la notion du temps, tel que défini par le ciel de l’aube au<br />

crépuscule, se lie ici la symbolique du temps de travail<br />

représenté par les métiers de nos branches en action.<br />

Talentueux reporter-photographe depuis près de 30 ans,<br />

Olivier Vogelsang travaille autant pour la presse suisse et<br />

internationale que pour des institutions. Il a notamment<br />

couvert de nombreuses zones de guerre, en témoignant<br />

des déchirures causées par les conflits civils. Auteur de<br />

plusieurs livres, son travail lui a valu diverses distinctions,<br />

notamment au Swiss Press Award.<br />

Pour en découvrir davantage sur son travail, rendez-vous sur<br />

le site Internet : disvoir.net


Temps de travail<br />

Travaillons-nous beaucoup en Suisse par rapport à nos pays voisins ? Un examen<br />

plus attentif des statistiques montre que ce n’est qu’en partie vrai. Ce qui surprend<br />

aussi : nous effectuons plus de travail non rémunéré que de travail rémunéré. Et à<br />

l’échelle mondiale, la population des régions les plus pauvres travaille plus que les<br />

personnes vivant dans les régions les plus prospères.<br />

Nous effectuons plus de travail non rémunéré que<br />

de travail rémunéré<br />

9,245<br />

Milliards<br />

d’heures de travail non rémunéré<br />

(Travail domestique, familial et<br />

volontariat)<br />

Source: BFS – Schweizerische Arbeitskräfteerhebung (SAKE), Schweizerische Lohnstrukturerhebung (LSE),<br />

Zahlen für 2019<br />

Quantité de Suisses et Suissesses évitent un poste à<br />

plein temps avec de longs horaires de travail<br />

Temps de travail hebdomadaire effectif, en heures, par personne active<br />

pour 2018.<br />

Seulement employé-e-s à plein temps<br />

Source: Eurostat<br />

Suisse<br />

Grande-Bretagne<br />

Grèce<br />

Allemagne<br />

Autriche<br />

Espagne<br />

Italie<br />

7,929<br />

Milliards<br />

heures de travail rémunéré<br />

par l’ensemble de la<br />

population active<br />

ensemble de la population<br />

France<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

40 45<br />

Le progrès est une autre chose<br />

La durée ordinaire du travail en entreprise stagne en Suisse depuis<br />

vingt ans.<br />

46<br />

45<br />

44<br />

43<br />

42<br />

41<br />

40<br />

Source: BFS – Statistik der betriebsüblichen Arbeitszeiten (BUA)<br />

La quantité de travail que nous effectuons dépend<br />

de notre statut d’activité<br />

Temps de travail hebdomadaire effectif, en heures, des personnes<br />

actives à plein temps, en Suisse pour 2018.<br />

Indépendant-e-s<br />

hommes<br />

51.9<br />

48.5<br />

femmes<br />

Employé-e-s dans sa propre entreprise<br />

48.7<br />

Source: BFS – Arbeitsvolumenstatistik (AVOL)<br />

1973<br />

1975<br />

1980<br />

1985<br />

1990<br />

1995<br />

2000<br />

2005<br />

45.9<br />

Salarié-e-s<br />

41.3 40.2<br />

2010<br />

Apprenti-e-s (dans l’entreprise)<br />

29.9<br />

2015<br />

2019<br />

28.7<br />

Les longues heures de travail nuisent à la santé dans le monde entier<br />

Part de la population active qui travaille plus de 48 heures par semaine en pour cent. L’Organisation internationale<br />

du travail (OIT) fixe à 48 heures la limite de la durée hebdomadaire de travail excessive et malsaine.<br />

Europe et Asie centrale<br />

10,8 %<br />

10,5 %<br />

Pays en développement<br />

Pays industrialisés<br />

Total<br />

40,5 %<br />

36,1 %<br />

21,7 %<br />

15,9 %<br />

Amérique<br />

19,3 %<br />

10,3 %<br />

Afrique<br />

32,8 %<br />

Etats arabes<br />

43,6 %<br />

47,2 %<br />

Asie et Pacifique<br />

23 %<br />

45,8 %<br />

Globalement<br />

15,3 %<br />

Source: OIT (2018): Future of work research paper «Working time and the future of work»


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Non à l’extension des heures d’ouverture des<br />

magasins le dimanche. Pour un refus clair de la<br />

libéralisation au détriment des conditions de<br />

travail.<br />

Qu’est-ce que cela implique de pouvoir<br />

effectuer des achats deux dimanches<br />

supplémentaires par année<br />

? Pour les vendeuses et vendeurs,<br />

c’est un dimanche de moins passé en<br />

famille ou avec des ami-e-s. Car quiconque<br />

croit que le repos dominical<br />

est un vestige des traditions chrétiennes<br />

se trompe. Il s’agit plutôt d’un<br />

jour de congé commun qui permet de<br />

se reposer et de concilier vie privée et<br />

travail. Une autre croyance erronée :<br />

les heures d’ouverture prolongées<br />

créeraient plus d’emplois. En réalité,<br />

les effectifs continuent à se réduire, et<br />

la pression sur les salaires et les heures<br />

de travail s’accroît. Et cela dans une<br />

branche où travaille une majorité de<br />

femmes. Or ce groupe de population<br />

est déjà exposé à des désavantages<br />

considérables dans la vie professionnelle.<br />

Un exemple actuel : dans la<br />

chaîne de vêtements H&M, la majorité<br />

des jeunes mères sont licenciées après<br />

leur congé maternité faute de pouvoir<br />

travailler le week-end ou à des heures<br />

inadaptées à leur situation.<br />

La loi sur le travail n’offre pas suffisamment<br />

de protection aux travailleuses<br />

et travailleurs dans le commerce<br />

de détail. L’argumentation,<br />

selon laquelle l’extension des heures<br />

d’ouverture serait une situation gagnant-gagnant<br />

pour le personnel et la<br />

clientèle, est tout simplement fausse.<br />

Sans compter que les petits commerces<br />

ne peuvent pas se permettre<br />

des heures d’ouverture prolongées. Ils<br />

continuent ainsi d’être mis sous pression<br />

par les grandes chaînes.<br />

La politique menée par le camp<br />

bourgeois en réaction à la pandémie<br />

nous montre jusqu’où mènent ces tendances<br />

à la libéralisation. La Commission<br />

de l’économie et des redevances<br />

du Conseil des Etats a décidé sur proposition<br />

des milieux bourgeois que<br />

les pertes du commerce de détail<br />

devraient être compensées par du travail<br />

dominical supplémentaire. Avec<br />

de telles règlementations, le personnel<br />

de vente paie pour la crise. Ni le<br />

Conseil des Etats ni le Conseil national<br />

ne se sont ralliés à ce transfert douteux<br />

des coûts lors du débat final. Car<br />

les velléités de libéralisation du camp<br />

bourgeois n’ont rien à voir avec un<br />

monde du travail moderne et équitable.<br />

Les citoyennes et citoyens des<br />

cantons de Berne et de Zoug l’ont aussi<br />

compris en votant, le 7 mars, contre<br />

l’extension des heures d’ouverture des<br />

magasins. Par leur rejet clair, ils se<br />

montrent solidaires avec le personnel<br />

de vente et restent de marbre face aux<br />

tendances de libéralisation.<br />

Lena Allenspach<br />

Comme LibRomania à Berne, de nombreux commerces sont contre les ouvertures dominicales (© A. Egger)<br />

La position de l’USS sur le sujet :<br />

bit.ly/3dc6APK


« Rien ne justifie que les femmes gagnent moins que les<br />

hommes pour le même travail » Patrizia Mordini<br />

17<br />

Climat et travail, l’urgence d’agir<br />

La lutte du mouvement pour le climat et les mouvements syndicaux<br />

font front commun pour un avenir équitable synonyme<br />

d’un travail juste pour toutes et tous. Car la menace plâne.<br />

Le changement climatique menace nos emplois aux quatre coins du globe. (© Markus Spiske / Pexels)<br />

Les modèles de l’EPF de Zurich et de<br />

l’Université de Berne prédisent d’ici à<br />

2060 un réchauffement de 3,3 degrés<br />

par rapport à 2010. Les tempêtes hivernales<br />

violentes, les vagues de chaleur<br />

et les sécheresses estivales vont se<br />

multiplier. Bien que l’objectif de la<br />

protection du climat soit poursuivi de<br />

manière systématique à l’échelle mondiale<br />

et que les émissions de CO 2<br />

tendent à baisser, le réchauffement<br />

planétaire et les phénomènes météorologiques<br />

extrêmes prennent de<br />

l’ampleur. Ces changements influenceront<br />

notre travail quotidien. Prenons<br />

deux exemples : le personnel des<br />

librairies et des filiales postales devra<br />

servir de plus en plus souvent la clientèle<br />

dans des centres-villes surchauffés.<br />

Les personnes en charge de la distribution<br />

de lettres et de colis, mais<br />

aussi les électriciens et électriciennes<br />

de réseau seront exposés plus fréquemment<br />

à des tempêtes hivernales<br />

et à des canicules.<br />

Pour enrayer les pires conséquences,<br />

une action rapide s’impose.<br />

Parce que ces changements touchent<br />

à notre travail, il est dans notre intérêt,<br />

en tant que salarié-e-s, d’agir. Qui plus<br />

est, si une catastrophe climatique devait<br />

se produire, il sera difficile de<br />

trouver un bon travail. Le mouvement<br />

syndical international a mis en évidence<br />

cette problématique avec le slogan<br />

« Il n’y a pas de travail sur une planète<br />

morte ». Cela vaut également<br />

pour la Suisse.<br />

Une grève pour notre avenir<br />

Sur le fond, trois aspects sont essentiels<br />

pour <strong>syndicom</strong>. D’abord, le service<br />

public joue un rôle central dans le<br />

combat contre les émissions de CO 2<br />

.<br />

Ensuite, la lutte contre le changement<br />

climatique doit être socialement acceptable<br />

: elle ne doit pas se faire aux<br />

dépens des salarié-e-s. Enfin, la protection<br />

du travail prévaut, car les températures<br />

en hausse mettent en danger<br />

la santé des travailleuses et des<br />

travailleurs. C’est pourquoi <strong>syndicom</strong><br />

soutient la journée d’action « Grève<br />

pour l’avenir » le 21 mai 2021. Nous appelons<br />

nos membres à participer à des<br />

actions locales, là ou la situation pandémique<br />

le permet. Lors de cette journée<br />

d’action, nous voulons lier la lutte<br />

du mouvement pour le climat et celle<br />

des travailleuses et travailleurs. Car<br />

ces mouvements ont tous deux pour<br />

objectif de nous permettre de bien<br />

vivre à l’avenir. Or le changement climatique<br />

menace cette finalité.<br />

Nous devons donc agir dès à<br />

présent. Le 21 mai, nous montrerons<br />

que le changement climatique<br />

concerne aussi les travailleuses et les<br />

travailleurs. Et nous entamerons la<br />

lutte pour un avenir plus équitable,<br />

également en ce qui concerne les<br />

questions climatiques.<br />

Dominik Fitze<br />

Le programme du 21 mai :<br />

grevepourlavenir.ch<br />

Alerte rouge :<br />

les inégalités salariales<br />

se sont creusées !<br />

Patrizia Mordini, responsable Egalité<br />

et membre du comité directeur<br />

L’Office fédéral de la statistique (OFS)<br />

a récemment publié le résultat alarmant<br />

de la dernière analyse effectuée<br />

sur les inégalités salariales : entre 2014<br />

et 2018, les discriminations salariales<br />

n’ont pas diminué, mais au contraire<br />

augmenté ! En 2018, dans l’économie<br />

globale (secteurs privé et public), les<br />

femmes ont gagné 19 % de moins que<br />

les hommes (2016 : 18,3 % ; 2014 :<br />

18,1 %). Avec d’importants écarts entre<br />

les branches dans le secteur privé :<br />

17,7 % dans le commerce de détail,<br />

21,7 % dans l’industrie des machines<br />

et 33,4 % dans les activités financières<br />

et d’assurance. Ces différences salariales<br />

s’expliquent en partie par des<br />

facteurs structurels tels que le niveau<br />

de formation, le nombre d’années de<br />

service ou une fonction dirigeante<br />

exercée dans l’entreprise, et ils sont<br />

d’autant plus importants que la fonction<br />

de cadre est élevée. De plus, dans<br />

50 % des cas, aucune raison objective<br />

n’explique ces écarts. Rien ne justifie<br />

alors que les femmes gagnent moins<br />

que les hommes pour le même travail.<br />

Il y a urgence. Les entreprises<br />

doivent éliminer les différences salariales<br />

au plus vite. Depuis juin 2020,<br />

celles de plus de 100 employé-e-s sont<br />

dans l’obligation légale de le faire.<br />

Alors que le principe de l’égalité salariale<br />

est inscrit dans la Constitution<br />

fédérale depuis 1982. Si l’on n’agit pas<br />

enfin de manière systématique, l’inégalité<br />

salariale, injuste et contraire à<br />

la Constitution, risque de s’aggraver.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Facebook et Google doivent payer et soutenir non pas les<br />

éditeurs, mais les professionnel-le-s des médias » Stéphanie Vonarburg<br />

Partager a un coût<br />

Les récentes pressions du gouvernement australien pour que<br />

Facebook partage les revenus publicitaires issus des contenus<br />

médiatiques risquent d’avoir des conséquences à l’échelle mondiale<br />

– en Suisse y compris. Cela sauvera-t-il les médias ?<br />

Les médias suisses recevront-ils à<br />

l’avenir de l’argent de la part de Facebook<br />

? C’est une question que tout le<br />

monde se pose depuis le dernier scandale<br />

qui a éclaté en Australie. Avec une<br />

nouvelle loi, le Gouvernement australien<br />

avait voulu contraindre des plateformes<br />

en ligne telles que Facebook et<br />

Google à payer pour la publication<br />

d’articles de presse. Dans un premier<br />

temps, Facebook s’est braqué. Il a<br />

même bloqué sans plus attendre tous<br />

les contenus des médias australiens –<br />

une première mondiale. Quelques<br />

jours plus tard, le gouvernement se rétractait<br />

et annonçait vouloir assouplir<br />

la loi, alors que Facebook promettait,<br />

en contrepartie, des investissements<br />

en partenariat avec des éditeurs<br />

comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis<br />

ou en Grande-Bretagne.<br />

Le paradoxe de la course aux clics<br />

Le problème fondamental est connu<br />

de longue date : les plateformes en<br />

ligne tirent avantage des contenus médiatiques,<br />

car un grand nombre de<br />

personnes les privilégient pour s’informer.<br />

Les médias dépendent quant<br />

à eux de la diffusion de leurs contenus<br />

sur les réseaux sociaux ou sur les moteurs<br />

de recherche, afin d’atteindre<br />

une plus large audience et obtenir ainsi<br />

des recettes publicitaires plus élevées.<br />

L’ironie veut que ce soit précisément<br />

Facebook et Google qui veillent<br />

à ce que la publicité circule des médias<br />

vers les plateformes en ligne. Un dilemme.<br />

Pour cette raison, le gouvernement<br />

australien a voulu faire pression. Google<br />

s’est montré plus coopératif que<br />

Facebook et prêt à payer pour des<br />

contenus médiatiques avec le programme<br />

« Showcase ». Tous les pays<br />

suivent de près l’évolution de ces démarches.<br />

Au Canada, une loi sur les<br />

médias est en pourparlers. En Europe,<br />

la discussion porte sur la mise en<br />

œuvre de nouvelles règles relatives au<br />

droit d’auteur. Et en Suisse ? Ici, le sujet<br />

a déjà été mis sur la table lors de la<br />

révision du droit d’auteur en 2019<br />

sans aboutir à un projet. Le Parlement<br />

a indiqué vouloir d’abord observer<br />

comment compte s’y prendre l’UE.<br />

Promouvoir le journalisme<br />

Stephanie Vonarburg, vice-présidente<br />

de <strong>syndicom</strong> et responsable du secteur<br />

Médias, estime quant à elle que Facebook,<br />

Google & compagnie doivent<br />

passer à la caisse pour la publication<br />

de contenus médiatiques. « Cette taxe<br />

devrait toutefois alimenter un pot<br />

commun de promotion journalistique<br />

et bénéficier à l’ensemble de la<br />

branche. » Car tous les médias n’ont<br />

pas les mêmes possibilités de négocier<br />

avec des entreprises internationales.<br />

« Il est également important que<br />

l’argent soutienne non pas les éditeurs,<br />

mais les professionnel-le-s des<br />

médias », conclut-elle.<br />

Eva Hirschi<br />

Le pillage des contenus éditoriaux par les grands acteurs du numérique doit stopper. (© istock)<br />

Plus d’informations sur les débuts de<br />

l’affaire en Australie : bit.ly/3wcd75m<br />

La formation continue<br />

et le monde du travail<br />

de demain<br />

Dominik Fitze<br />

Secrétaire centrale Jeunesse chez <strong>syndicom</strong><br />

La numérisation transforme le monde<br />

du travail. Ce que les jeunes apprennent<br />

aujourd’hui lors de leur apprentissage<br />

peut être dépassé dans dix<br />

ans. En même temps, les carrières<br />

sont moins linéaires, là où toujours<br />

davantage de personnes ne travaillent<br />

plus dans la profession apprise.<br />

Dans ce contexte, la formation<br />

continue revêt toute son importance,<br />

notamment chez les jeunes. Un sondage<br />

réalisé parmi nos membres de<br />

moins de 35 ans montre qu’un peu<br />

moins de la moitié a achevé une formation<br />

continue ces deux dernières<br />

années. Les raisons principales sont le<br />

manque de ressources financières et<br />

temporelles, ainsi que l’absence d’informations<br />

sur les formations.<br />

Nous luttons depuis longtemps<br />

contre la manque de ressources avec<br />

nos CCT novatrices. Chez Swisscom,<br />

cinq jours de travail par an peuvent<br />

être consacrés à des formations continues.<br />

Dans la branche de l’industrie<br />

graphique, nous gérons un institut de<br />

formation, Helias, qui est gratuit pour<br />

nos membres assujettis à la CCT. L’engagement<br />

pour la formation continue<br />

fait partie de l’ADN de <strong>syndicom</strong>.<br />

Le problème du manque d’informations<br />

doit toutefois encore être résolu.<br />

Il s’agit de trouver le moyen de<br />

fournir à nos membres une consultation<br />

judicieuse. Le sondage actuel<br />

montre que les jeunes membres en bénéficieraient<br />

volontiers. Nous devons<br />

maintenant nous atteler à ce projet.


« Il faut empêcher que d’autres entreprises suivent l’exemple<br />

d’Amazon en matière de contrôle des employé-e-s » Daniel Hügli<br />

19<br />

Amazon a mené une campagne anti-syndicats extrêmement virulente aux Etats-Unis. (© Shutterstock)<br />

« Fulfillment » – un combat global<br />

pour une branche à surveiller<br />

La multinationale Amazon engrange des milliards grâce aux<br />

mandats d’entreprises tierces pendant que les employé-e-s<br />

souffrent. En Suisse, une première convention collective de travail<br />

laisse entrevoir des améliorations pour la branche.<br />

La fortune de Jeff Bezos, fondateur et<br />

copropriétaire d’Amazon, a augmenté<br />

de quelque 70 milliards de francs durant<br />

la pandémie. Mais les employé-e-s,<br />

qui accomplissent le travail<br />

nécessaire dans les nombreux centres<br />

de distribution, ne profitent pas de<br />

cette réussite commerciale. Partout<br />

dans le monde, le personnel d’Amazon<br />

touche en effet des salaires misérables<br />

et souffre de conditions de<br />

travail déplorables. Désormais, l’entreprise<br />

américaine fait tout son possible<br />

pour empêcher ses employé-e-s<br />

de fonder un syndicat au travers d’une<br />

campagne de communication hostile.<br />

Car les 5 800 employés du centre de<br />

distribution américain de Bessemer,<br />

en Alabama, devaient se prononcer fin<br />

mars sur l’adhésion à un syndicat. Au<br />

moment où ce <strong>magazine</strong> a été mis sous<br />

presse, le décompte des votes était<br />

toujours en cours. Dans la lutte pour<br />

de meilleures conditions de travail<br />

dans le capitalisme numérisé, le résultat<br />

de cette votation est d’une grande<br />

importance, dit Daniel Hügli, secrétaire<br />

central du secteur TIC chez <strong>syndicom</strong>.<br />

Selon lui, Amazon est à l’avantgarde<br />

d’une évolution qui repousse<br />

toujours plus loin les limites de la surveillance<br />

et du contrôle des employé-e-s.<br />

« Il faut empêcher que<br />

d’autres entreprises et industries<br />

suivent cet exemple. »<br />

Un secteur en forte croissance<br />

Une grande part de la croissance obtenue<br />

en 2020 par Amazon provient du<br />

secteur du « fulfillment » (exécution).<br />

L’entreprise se charge de l’exécution<br />

d’envois aux clients finaux pour des<br />

tiers. Amazon domine ce secteur au niveau<br />

international, mais ne l’exploite<br />

pas encore en Suisse. Le fulfillment<br />

est toutefois un secteur en croissance<br />

également dans notre pays. Il crée<br />

avant tout des emplois destinés à une<br />

main-d’œuvre peu qualifiée. La<br />

branche suisse est restée longtemps<br />

sans réglementation. Conséquence :<br />

pas de salaires minimaux et des conditions<br />

de travail réduites au minimum<br />

légal.<br />

Une situation pas comparable<br />

La situation a changé en 2019, lorsque<br />

<strong>syndicom</strong> a conclu une première<br />

convention collective de travail avec le<br />

leader suisse du marché, MS Direct SA.<br />

Cette CCT d’entreprise octroie un<br />

droit de participation aux employé-e-s,<br />

ainsi qu’un droit de codécision à <strong>syndicom</strong>.<br />

Désormais, il existe des salaires<br />

minimaux et de meilleures<br />

conditions de travail au sein de la société.<br />

Bien qu’elles ne soient pas comparables<br />

à celles pratiquées chez Amazon<br />

aux Etats-Unis, les conditions de<br />

travail dans le reste de la branche sont<br />

rudes dans notre pays, déclare Daniel<br />

Hügli. « En raison de l’envol des ventes<br />

par correspondance, notamment dû à<br />

la pandémie, la pression sur le personnel<br />

a continué à s’aggraver. » C’est<br />

pourquoi <strong>syndicom</strong> veut étendre la<br />

CCT à l’ensemble de la branche des<br />

prestataires de services. Le combat<br />

global pour de meilleures conditions<br />

de travail dans le secteur du fulfillment<br />

se décide en Alabama, mais aussi<br />

à Lausanne, Muttenz ou Chiasso.<br />

Basil Weingartner<br />

Soutenez les travailleurs-ses chez Amazon<br />

bit.ly/3stNPNY


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Il est temps de réglementer le secteur des colis où de<br />

nombreux problèmes doivent encore être résolus » Urs Zbinden<br />

Réductions de salaire : la loi<br />

s’applique aussi à l’ère Corona<br />

Forcés d’organiser leur travail collectif en vidéoconférence,<br />

<strong>syndicom</strong> et le personnel de Quickmail ont su faire preuve d’agilité<br />

et détermination pour obtenir gain de cause face aux réductions<br />

de salaires abusives qui avait été annoncées en début<br />

d’année au sein de l’entreprise.<br />

Quickmail voulait réduire les salaires après avoir annoncé un chiffre d’affaire 2020 en hausse. (© pixabay)<br />

Les employé-e-s administratifs de<br />

Quick mail n’oublieront pas de sitôt la<br />

réunion en vidéoconférence de fin<br />

janvier, lors de laquelle ils ont été informés<br />

que leur salaire allait être réduit<br />

de 5 %. Même si la direction a<br />

assuré qu’il ne s’agissait que d’une<br />

mesure temporaire, elle n’a pas précisé<br />

quand elle prendrait fin. En outre,<br />

la réduction salariale s’applique avec<br />

effet rétroactif depuis le début du<br />

mois de janvier. Elle avait donc déjà<br />

été déduite des salaires qui s’apprêtaient<br />

à être versés. Selon la direction,<br />

ces mesures drastiques s’expliquent<br />

par la mauvaise marche des affaires.<br />

D’un point de vue juridique, un<br />

contrat de travail peut être modifié de<br />

deux manières : soit les deux parties<br />

sont d’accord avec la modification,<br />

soit un congé-modification doit être<br />

mis en œuvre. Avec sa démarche,<br />

Quick mail espérait emprunter la première<br />

voie, ce qui a suscité l’indignation<br />

du personnel. Le communiqué de<br />

presse de début février, qui évoquait<br />

une année 2020 synonyme d’une croissance<br />

du chiffre d’affaires, a ajouté de<br />

l’huile sur le feu.<br />

Quickmail fait marche arrière<br />

Ces circonstances ont incité les employé-e-s<br />

de Quickmail à s’adresser à<br />

<strong>syndicom</strong>. En temps normal, des assemblées<br />

du personnel seraient<br />

convoquées pour discuter de la marche<br />

à suivre. Dans le contexte sanitare actuel,<br />

les employé-e-s de Quickmail et<br />

<strong>syndicom</strong> se sont trouvés confronté-e-s<br />

à la question de savoir comment<br />

s’organiser à l’ère du télétravail. Au<br />

lieu de se dérouler en présentiel, les<br />

assemblées ont été tenues sous forme<br />

de vidéoconférences. Cette démarche<br />

a permis d’obtenir le mandat de négociation<br />

et de formuler des revendications,<br />

notamment le respect des dispositions<br />

légales en vigueur.<br />

Avec ce mandat, <strong>syndicom</strong> a ainsi<br />

exigé de Quickmail des négociations<br />

sur les mesures prises. L’entreprise a<br />

accepté et revu le processus. Les personnes<br />

qui n’étaient pas d’accord avec<br />

ces mesures ont obtenu un congé-modification,<br />

et les déductions de salaire<br />

déjà effectuées ont été remboursées.<br />

Cette victoire importante a montré<br />

qu’il est également possible de s’organiser<br />

collectivement en période de télétravail,<br />

afin de protéger les droits<br />

des travailleuses et travailleurs.<br />

Urs Zbinden<br />

En savoir plus sur la branche KEP & Mail :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/logistique/cep-mail<br />

KEP & Mail : même le CF<br />

exige de meilleures<br />

conditions de travail !<br />

Urs Zbinden, Secrétaire spécialisé Logistique<br />

La branche des services postaux courrier,<br />

express et colis (branche KEP &<br />

Mail) est en plein essor. L’augmentation<br />

constante du volume des colis, y<br />

compris chez les prestataires privés,<br />

n’est pas uniquement due à la pandémie.<br />

En discutant avec les distributeurs<br />

et distributrices de leurs conditions<br />

de travail, on se rend compte que<br />

de nombreux problèmes doivent encore<br />

être résolus dans la branche. En<br />

particulier les employé-e-s d’entreprises<br />

sous-traitantes se plaignent du<br />

volume de colis, des longues journées<br />

de travail, de prélèvements salariaux<br />

inattendus et de salaires bas.<br />

En automne 2019 déjà, <strong>syndicom</strong><br />

avait résilié de façon préventive l’ancienne<br />

convention collective de travail<br />

de la branche KEP & Mail, car elle ne<br />

réglementait pas suffisamment ces<br />

problèmes. Cette résiliation avait pour<br />

but d’amener les parties à la table des<br />

négociations. Malheureusement, les<br />

employeurs n’étaient pas disposés à<br />

négocier, ce qui a conduit à l’expiration<br />

de la CCT. Or, même le Conseil fédéral<br />

considère aujourd’hui qu’il faut<br />

agir. Début mars, en réponse à une<br />

question soulevée au Conseil national<br />

sur les conditions de travail dans le<br />

secteur des colis, le CF s’est en effet<br />

prononcé pour que les partenaires sociaux<br />

s’entendent sur des réglementations<br />

uniformes dans le cadre d’une<br />

CCT de branche déclarée de force obligatoire.<br />

Il est temps de réglementer le<br />

secteur des colis afin d’améliorer les<br />

conditions de travail des distributeurs<br />

et distributrices !


« Au lieu d’actions cosmétiques stéréotypées, il faut des<br />

conditions de travail attrayantes pour toutes et tous » Miriam Berger<br />

21<br />

Ensemble pour changer le monde<br />

du travail<br />

« Stop à la pression permanente et engagez enfin plus de personnel<br />

! » Soutenue par deux tiers du personnel au centre Poste<br />

de Frauenfeld, cette pétition a permis à <strong>syndicom</strong> et aux distributeurs<br />

et distributrices de colis de faire entendre leur voix.<br />

Les chiffres sont clairs. En novembre<br />

de l’année dernière, 121 des 180 distributeurs<br />

et distributrices du centre de<br />

colis à Frauenfeld ont signé la pétition<br />

« Stop à la pression permanente et engagez<br />

enfin plus de personnel ! ». Cette<br />

cohésion a démontré qu’il était possible<br />

de lutter ensemble malgré la<br />

pandémie et les craintes du personnel.<br />

Et les distributeurs et distributrices<br />

de Frauenfeld, l’un des plus<br />

importants centres de colis en Suisse,<br />

ont ainsi prouvé qu’un partenariat social<br />

avec le soutien d’un syndicat rend<br />

plus fort. Car des améliorations considérables<br />

ont déjà été obtenues sur leur<br />

lieu de travail.<br />

de deux semaines. Et environ 20 intérimaires<br />

avait aussi été appelés en<br />

renfort pour la période de Noël. Le recrutement<br />

de personnel se poursuit<br />

actuellement.<br />

Une victoire commune !<br />

Par la suite, nous avons reçu de nombeux<br />

messages nous remerciant de<br />

notre engagement. Or le facteur déterminant<br />

dans l’amélioration de la situation<br />

à Frauenfeld n’a pas été notre<br />

seule action en tant que syndicat, mais<br />

surtout la détermination des collaborateurs<br />

et collaboratrices ainsi que<br />

notre étroite collaboration dans ce<br />

combat. Nous tenons donc à les remercier<br />

de tout cœur de leur confiance.<br />

Avec les nombreuses signatures récoltées<br />

pour la pétition et l’augmentation<br />

des effectits de membres parmi<br />

les distributeurs et distributrices, <strong>syndicom</strong><br />

a également reçu le mandat de<br />

continuer à lutter pour de meilleures<br />

conditions de travail à l’avenir. Mais<br />

ce n’est qu’en continuant à travailler<br />

main dans la main avec le personnel<br />

que nous pourrons améliorer la situation.<br />

Azra Ganic<br />

Le travail de <strong>syndicom</strong> chez PostLogistics :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/logistique/pl-sa/<br />

Une réaction rapide de la direction<br />

La direction s’efforce en effet de<br />

mettre rapidement en œuvre les revendications<br />

de la pétition. Le personnel<br />

en ressent déjà les effets dans son<br />

travail quotidien. Les valeurs en seconde<br />

par colis demeurent, certes,<br />

mais la pression a été levée dans le<br />

contexte de cette situation exceptionnelle.<br />

Après la remise de la pétition,<br />

les effectifs de la base de Frauenfeld<br />

ont été étoffés avec quelque 30 nouvelles<br />

personnes arrivées en l’espace<br />

À Frauenfeld, la mobilisation des distributeurs-rices de colis a porté ses fruits. (© Blick / Siggi Bucher)<br />

Une transformation<br />

numérique à façonner<br />

au féminin<br />

Miriam Berger<br />

Secrétaire centrale TIC<br />

On le sait, les femmes sont peu représentées<br />

dans la branche IT. Mais est-il<br />

vraiment nécessaire d’avoir une bonne<br />

mixité ? Oui, parce que la branche<br />

manque de spécialistes et qu’il est avéré<br />

que les équipes mixtes ont plus de<br />

succès. De plus, les modèles féminins<br />

en attirent d’autres. Enfin, les personnes<br />

qui programment les algorithmes<br />

influent sur les décisions des<br />

systèmes d’intelligence artificielle – et<br />

donc sur la manière dont le monde numérique<br />

évolue.<br />

Pour éviter que seul un groupe majoritaire<br />

pense et argumente, il est bon<br />

d’accroître la diversité parmi les développeurs.<br />

Les « métiers d’hommes »<br />

sont aussi mieux payés et contribuent<br />

au « gender gap » au niveau des rentes :<br />

celles des femmes sont toujours un<br />

tiers plus bas que celles des hommes.<br />

Pour rendre la branche plus attrayante<br />

pour les femmes, il ne suffit pas de colorier<br />

le site internet en rose une fois<br />

par an. Au lieu d’actions cosmétiques<br />

stéréotypées, il faut aménager des<br />

conditions de travail attrayantes pour<br />

toutes et tous : pouvoir concilier la vie<br />

professionnelle et familiale est important.<br />

Ici aussi, la réduction du temps<br />

de travail est un sujet-clé.<br />

Pas seulement pour convaincre les<br />

femmes d’intégrer le monde IT, mais<br />

pour permettre aux hommes d’assumer<br />

aussi du travail familial non rémunéré.<br />

Pour garantir ces progrès au<br />

niveau collectif, la branche doit se munir<br />

de CCT qui instaurent des conditions<br />

modernes de travail.<br />

Plus dans la revue de la commission fédérale<br />

pour les questions féminimes : bit.ly/31xiTkf


22 Politique<br />

Quatre jours pour sauver<br />

notre planète ?<br />

Dans le monde entier, des<br />

initiatives exigent une réduction<br />

du temps de travail pour<br />

protéger le climat. Moins de<br />

travail sans réduction de salaire<br />

diminue le stress, améliore<br />

la santé et le bien-être.<br />

Mais cela contribue-t-il aussi<br />

à réaliser les objectifs de<br />

développement durable de<br />

l’ONU ?<br />

Texte : Eva Schmassmann*<br />

Image : Keystone ATS<br />

Alors que le plan d’action des grévistes<br />

pour le climat exige une durée<br />

de travail hebdomadaire de<br />

24 heures, réparties sur quatre<br />

jours, ou que l’Espagne envisage la<br />

semaine de travail de quatre jours,<br />

la réalité en Suisse est actuellement<br />

toute autre : la semaine de travail ordinaire<br />

est de 42 heures, nous plaçant,<br />

avec l’Islande, en tête du classement<br />

européen des pays où le<br />

temps de travail est le plus élevé. Selon<br />

l’étude Job Stress Index 2020, en<br />

Suisse, trois personnes actives sur<br />

dix ne disposent pas d’assez de ressources<br />

pour faire face aux<br />

contraintes liées au travail. Le stress<br />

lié au travail coûterait environ CHF<br />

7,6 milliards par an aux entreprises.<br />

Diverses études montrent pourtant<br />

qu’une réduction du nombre<br />

d’heures de travail quotidien pour<br />

un même salaire permettrait de diminuer<br />

ce stress, améliorer la qualité<br />

du sommeil et, d’une manière générale,<br />

l’état de santé et le bien-être<br />

des employé-e-s. Le nombre d’absences<br />

pour cause de maladie baisserait<br />

aussi. Pour les professions où<br />

les horaires de travail sont très longs<br />

et, ou, flexibles, l’effet positif sur la<br />

santé et le bien-être est aussi lié à<br />

l’autonomie de la gestion du temps.<br />

A savoir quand les salarié-e-s<br />

peuvent fixer eux-mêmes les horaires<br />

et la durée du travail. Moins<br />

de travail contribue à un meilleur<br />

équilibre entre vie professionnelle<br />

et vie privée à condition qu’il réponde<br />

donc aux exigences d’autodétermination<br />

et de flexibilité des employé-e-s<br />

et empêche une<br />

flexibilisation unilatérale de la part<br />

des employeurs.<br />

Un effet pour la planète<br />

Déjà en 2006, une première étude a<br />

montré que des horaires de travail<br />

plus longs avaient également un effet<br />

négatif sur la planète en conduisant<br />

en moyenne à des émissions<br />

proportionnellement élevées. A<br />

contrario, une réduction du temps<br />

de travail de 10 % réduirait en conséquent<br />

notre empreinte carbone de<br />

14,6 %. Cet effet s’explique par différents<br />

facteurs : les temps de déplacement<br />

se réduisent, tandis que l’efficacité<br />

de la production augmente.<br />

Quant à l’empreinte carbone, elle<br />

baisse. Les gens ont plus de temps<br />

pour cuisiner, se déplacer à pied ou<br />

en vélo, ou réparer des biens de<br />

consommation. Lorsque la réduc-


Les syndicats auront un rôle très important à jouer dans la réduction des emplois<br />

à forte empreinte écologique pour contribuer à la réalisation des objectifs de<br />

développement durable définis par l’Agenda 2030 de l’ONU.<br />

23<br />

tion du temps de travail s’accompagne<br />

d’une amélioration du bienêtre,<br />

les « achats compensatoires »<br />

destinés à obtenir une satisfaction<br />

instantanée par la consommation<br />

tendent aussi à disparaître.<br />

L’effet climatique d’une réduction<br />

du temps de travail dépend toutefois<br />

fortement des activités que<br />

nous entreprenons pendant le<br />

temps ainsi nouvellement gagné.<br />

Dans ce contexte, les expériences<br />

menées en France incitent à l’optimisme<br />

: dans les années qui ont suivi<br />

l’introduction de la loi sur les<br />

35 heures au début du millénaire, il<br />

est apparu que les gens investissaient<br />

le temps désormais à disposition<br />

dans des activités préservant<br />

les ressources : la famille, la détente,<br />

le sport et le bénévolat remportaient<br />

la palme. Les activités consommatrices<br />

d’énergie, telles que les<br />

voyages ou la consommation, n’arrivaient<br />

qu’en bas de la liste.<br />

Ainsi, les activités que nous<br />

percevons comme agréables requièrent<br />

souvent moins d’énergie.<br />

Si nous investissons le temps de travail<br />

économisé dans la musique, la<br />

culture ou le sport, si nous cultivons<br />

nos relations ou notre jardin, si<br />

nous accordons plus de place à la<br />

spiritualité, nous augmentons notre<br />

bien-être et apportons en même<br />

temps une contribution à l’environnement<br />

et au climat.<br />

* Eva Schmassmann est<br />

directrice et coordinatrice de<br />

la plateforme Agenda 2030.<br />

Ce réseau compte plus de<br />

50 organisations dans les<br />

domaines de l’environnement,<br />

du développement, des droits<br />

de l’homme, des entreprises<br />

durables, du genre, de la paix,<br />

du logement et du travail.<br />

Le réseau s’engage pour la<br />

mise en œuvre de l’Agenda<br />

2030 en Suisse.<br />

Plus de travail pour toutes et tous ?<br />

Une réduction du temps de travail<br />

peut aussi contribuer à répartir le<br />

travail plus équitablement entre salarié-e-s<br />

à plein temps menacés de<br />

burnout et personnes sous-occupées<br />

ou au chômage. Mais qui doit<br />

payer les coûts de la réduction du<br />

temps de travail ? Pour des raisons<br />

de justice sociale, la réduction du<br />

temps de travail ne doit pas s’accompagner<br />

d’une réduction des salaires<br />

pour les personnes à faibles<br />

revenus. Pour les revenus élevés, en<br />

revanche, une réduction pourrait<br />

favoriser un effet climatique supplémentaire.<br />

Car au-delà d’un certain<br />

seuil de salaire, un revenu supplémentaire<br />

ne contribue pas davantage<br />

à l’amélioration du bien-être et<br />

de la qualité de vie, mais augmente<br />

par contre l’empreinte des gaz à effet<br />

de serre.<br />

Un triple avantage<br />

Mais ne nous y détrompons pas, la<br />

réduction du temps de travail à elle<br />

seule ne suffira pas à sauver notre<br />

planète. Elle offre certes des leviers<br />

importants pour générer un effet<br />

positif tant sur le plan social (santé<br />

et bien-être), climatique et environnemental<br />

(à condition que le temps<br />

libre nouvellement gagné soit utilisé<br />

de manière à préserver les ressources)<br />

et économique (répartition<br />

plus équitable du travail).<br />

D’autres mesures sont toutefois<br />

nécessaires : nous ne pourrons<br />

pas éviter de déplacer les emplois<br />

vers des domaines durables. Les emplois<br />

ayant une forte empreinte écologique<br />

doivent être réduits. Pour ce<br />

faire, il faut des emplois supplémentaires<br />

dans les domaines à forte<br />

intensité de main-d’œuvre et préservant<br />

les ressources, dans les soins,<br />

dans l’éducation, dans la culture ou<br />

dans l’agriculture biologique.<br />

Et les syndicats auront sans aucun<br />

doute eux aussi un rôle important à<br />

jouer dans la réalisation de cette<br />

transition !<br />

Toutes les informations sur l’Agenda 2030 :<br />

plattformagenda2030.ch<br />

Un travail<br />

décent pour<br />

toutes et tous à<br />

l’Agenda 2030<br />

Tous les pays du monde ont adopté<br />

en 2015 l’Agenda 2030 pour le développement<br />

durable. Ils se sont mis<br />

d’accord sur une vision future d’un<br />

monde en paix, où personne ne doit<br />

souffrir de la faim, où les écosystèmes<br />

sur terre et dans l’eau sont<br />

protégés, et où la consommation et<br />

la production ne dépassent pas les<br />

limites planétaires. Cette vision<br />

comporte 17 objectifs de développement<br />

durable (ODD) pour concrétiser<br />

cette vision de l’avenir.<br />

Afin qu’une réduction du<br />

temps de travail permette de réaliser<br />

les objectifs de développement<br />

durable de l’Agenda 2030 de l’ONU,<br />

elle doit avoir un effet positif au niveau<br />

social, environnemental et économique.<br />

Dans le contexte du travail,<br />

l’Agenda 2030 reprend<br />

l’Agenda pour le travail décent de<br />

l’Organisation internationale du<br />

travail (OIT). L’ODD 8 fixe l’objectif<br />

du plein emploi productif et d’un<br />

travail décent pour toutes et tous.<br />

L’ODD 3 vise à garantir une vie<br />

saine à tout le monde. Le travail non<br />

rémunéré, ménager et de soins, devrait<br />

être réparti plus équitablement<br />

entre les sexes, et il faudrait assurer<br />

la participation pleine et effective<br />

des femmes et leur donner des<br />

chances égales d’assumer des rôles<br />

de direction (ODD 5).<br />

Enfin, il convient de mettre fin<br />

à la pauvreté (ODD 1), de réduire les<br />

inégalités (ODD 10), de protéger la<br />

biodiversité (ODD 14 et 15) et d’atteindre<br />

les objectifs climatiques de<br />

Paris (ODD 13). Nous avons moins<br />

de dix ans pour y arriver !


24 Politique<br />

Mobiliser en temps de<br />

pandémie<br />

Des centaines de milliers de<br />

femmes sont descendues<br />

dans la rue en juin 2019.<br />

Chaque automne, des milliers<br />

de travailleurs et travailleuses<br />

participent à des manifestations<br />

salariales. Alors<br />

que ces évènements ne sont<br />

plus autorisés, comment mobiliser<br />

à l’ère du coronavirus<br />

?<br />

Texte : Lena Allenspach<br />

Image : <strong>syndicom</strong><br />

Comme chaque organisation d’intérêt<br />

public, parti politique ou syndicat,<br />

<strong>syndicom</strong> vit de victoires collectives,<br />

de rassemblements et<br />

d’échanges. Cette cohésion a récemment<br />

été mise à dure épreuve. Dans<br />

les entreprises aussi, la pandémie a<br />

laissé des traces. Les locaux de<br />

pause sont vides, une distanciation<br />

sociale est respectée par les un-e-s<br />

et le télétravail s’est généralisé pour<br />

les autres. Si la pandémie a eu un<br />

impact différent sur le travail selon<br />

les branches, elle a chamboulé la vie<br />

de toutes et tous. Et donc aussi le<br />

travail politique des syndicats.<br />

Depuis l’année dernière, des<br />

événements importants pour le<br />

mouvement ouvrier ne peuvent pas<br />

se dérouler dans leur forme habituelle.<br />

Les organisations, qui se<br />

battent pour plus d’égalité, de solidarité<br />

et de respect dans la vie, ne<br />

peuvent unir leurs forces que de manière<br />

limitée. Les manifestations<br />

sur les places et les rassemblements<br />

de rue doivent se tenir en ligne. A<br />

l’occasion du 1 er mai, nous avons<br />

donc organisé des discussions en<br />

ligne sur différents thèmes de nos<br />

branches, conjointement avec<br />

l’union et d’autres syndicats. Pendant<br />

la semaine de la grève féministe,<br />

des intervenant-e-s se sont<br />

aussi exprimés en ligne sur des<br />

thèmes de l’égalité.<br />

Le digital ne remplace pas le terrain<br />

Nos revendications ne perdent pas<br />

de leur importance uniquement<br />

parce que le format de la discussion<br />

change temporairement. Il n’est<br />

toutefois guère surprenant que ces<br />

nouveaux échanges et événements<br />

en ligne ne permettent pas de couvrir<br />

la force sociale que les actions<br />

sur le terrain et les manifestations<br />

apportent. Il est donc clair que ce<br />

combat politico-syndical devra à<br />

nouveau se dérouler dans la rue et<br />

au sein des entreprises une fois que<br />

la pandémie sera derrière nous.<br />

Les membres, notre moteur<br />

Toute organisation dynamique vit<br />

de la force de cohésion de sa base.<br />

C’est également vrai pour un syndicat,<br />

d’autant plus en période de<br />

crise. Cela s’est particulièrement vérifié<br />

l’année dernière. Car la politique<br />

de branche – le cœur de métier<br />

d’un syndicat – est indispensable en<br />

tout temps. De nombreuses améliorations<br />

ont ainsi été obtenues pour<br />

les employé-e-s, qui ont été et<br />

restent soumi-e-s à une forte pression<br />

en raison de la pandémie.<br />

Ces améliorations sont notamment<br />

dues à la participation active<br />

de nos membres. Ensemble, nous<br />

avons donné de la visibilité aux problèmes,<br />

élaboré des solutions et<br />

contribué à les déployer. C’est une<br />

dynamique centrale avant, pendant<br />

et après la crise.<br />

Il y aussi eu du nouveau en<br />

cette année pandémique : un groupe<br />

d’illustrateurs et d’illustratrices<br />

s’est réuni pour constituer un nouveau<br />

syndicat ad hoc sous l’égide de<br />

<strong>syndicom</strong>, entraînant d’autres<br />

membres à les rejoindre. Cet engagement<br />

se retrouve dans de nombreuses<br />

autres branches de <strong>syndicom</strong>.<br />

Chez Swisscom, des<br />

collaborateurs et collaboratrices ont<br />

organisé des assemblées en ligne<br />

sur la réduction du temps de travail.<br />

A La Poste, des employé-e-s ont signé<br />

des pétitions et envoyé des<br />

cartes postales. Quant aux indépendants,<br />

ils ont lutté avec nous pour<br />

obtenir de la Confédération des mesures<br />

de soutien décentes.<br />

Que reste-t-il aujourd’hui de<br />

cette année vécue dans des conditions<br />

extraordinaires ? L’espoir de<br />

pouvoir à nouveau bientôt se rassembler<br />

dans la rue. Mais aussi la<br />

confiance que l’important travail et<br />

l’énorme engagement des membres<br />

se poursuivront. Car ce n’est qu’ensemble<br />

que nous sommes forts.<br />

Une mobilisation fructueuse à l’ère Covid :<br />

rentes-des-femmes.ch


Droit au but !<br />

25<br />

Cher conseil juridique de <strong>syndicom</strong>,<br />

Je télétravaille trois jours par semaine<br />

dans le cadre de mon emploi à plein temps.<br />

Quelle liberté ai-je d’aménager mon temps<br />

de travail ? Puis-je accomplir mon travail de<br />

bonne heure le matin et tard le soir si je ne<br />

suis pas disponible pendant la journée pour<br />

des raisons privées ?<br />

Puis-je télétravailler sans pause et<br />

terminer plus tôt le travail ?<br />

Ma cheffe m’envoie souvent un e-mail tard<br />

le soir. Dois-je toujours être joignable et lui<br />

répondre immédiatement ?<br />

Réponse du service juridique de <strong>syndicom</strong><br />

La flexibilité avec laquelle tu peux aménager ton temps de<br />

travail (en télétravail) dépend d’abord d’une éventuelle réglementation<br />

contractuelle. Si ton contrat de travail, la<br />

CCT ou le règlement du personnel prévoient des horaires<br />

de travail fixes (aussi) en télétravail, il convient de les respecter.<br />

Sinon, les dispositions légales régissant la protection<br />

de la santé et la pratique dans ton entreprise restreignent<br />

la flexibilité, respectivement ton temps de travail.<br />

Le travail de jour et de soir, y compris les pauses et le<br />

temps supplémentaire, doit être effectué en l’espace de<br />

14 heures et entre 6h00 et 23h00. En outre, après une journée<br />

de travail, tu as droit à une période de repos d’au<br />

moins onze heures, que tu dois également observer. Il<br />

convient aussi de respecter toute pratique en vigueur dans<br />

l’entreprise ou tout accord sur la disponibilité et la joignabilité<br />

passé avec ta supérieure hiérarchique. Si huit heures<br />

de travail par jour à domicile sont prévues sans horaires<br />

fixes, tu peux par exemple effectuer tes heures de 6h00 à<br />

10h00 et de 16h00 à 20h00, à condition que rien d’autre<br />

n’ait été convenu et que ta supérieure en ait été informée.<br />

En fin de compte, l’obligation légale d’enregistrer son<br />

temps de travail s’applique aussi au télétravail. En principe,<br />

l’employeur est tenu de saisir le temps de travail de<br />

ses employé-e-s. Il peut toutefois en déléguer la saisie au<br />

personnel.<br />

Non, cela ne correspond pas au sens et au but des pauses,<br />

qui, selon la loi, sont censées servir à se reposer et à se<br />

restaurer. En règle générale, les pauses prennent place au<br />

milieu du temps de travail quotidien. Le temps de pause<br />

minimum prescrit par la loi doit être respecté ; travailler<br />

sans pause n’est pas autorisé, car la santé peut être mise<br />

en danger. Si cet aspect n’est pas réglé contractuellement,<br />

il s’agit de respecter la durée légale minimale : un quart<br />

d’heure de pause si la journée de travail a plus de cinq<br />

heures et demie, une demi-heure si la journée de travail<br />

dépasse sept heures ou une heure si la journée de travail<br />

compte neuf heures ou plus.<br />

Non, tu ne dois pas toujours être disponible, mais uniquement<br />

pendant les horaires de travail définis. Si un employeur<br />

exige qu’un-e employé-e soit disponible après la<br />

fin de la journée de travail sans accord contractuel et en<br />

dehors d’urgences, cela peut être refusé. Si les horaires de<br />

travail ne sont pas définis contractuellement et qu’aucun<br />

horaire de présence fixe dans l’entreprise ou dans ton service<br />

n’est à respecter, les dispositions légales concernant<br />

les périodes de repos, le travail de nuit et les pauses<br />

doivent être respectées dans tous les cas. Par conséquent,<br />

tu n’es pas tenu de répondre à un courriel qui arrive le<br />

jour même après le travail, sauf en cas d’urgence.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Cours Movendo<br />

Movendo, l’institut de formation<br />

des syndicats, offre un large panel<br />

de cours pour les employé-e-s de La<br />

Poste. Le cours « Mes droits dans la<br />

CCT – Poste CH 2021 » thématise et<br />

explique toutes les dispositions importantes<br />

de la nouvelle CCT de La<br />

Poste Suisse SA, qui est entrée en vigueur<br />

le 1 er janvier 2021. On y apprend<br />

comment la nouvelle CCT<br />

peut modifier le quotidien professionnel<br />

et quels sont les nouveaux<br />

droits et les nouvelles obligations<br />

des salarié-e-s. En fin de cours, vous<br />

obtiendrez des réponses à vos éventuelles<br />

questions.<br />

Les cours s’adressent à tous les<br />

employé-e-s de La Poste Suisse SA et<br />

de PostFinance SA. Les coûts sont<br />

pris en charge par le fonds de solidarité<br />

de la CCT – la participation<br />

est donc gratuite. Le cours prend<br />

place de 9h30 à 15h dans les villes et<br />

aux dates suivantes :<br />

– Berne : 13 avril<br />

– Burgdorf : 11 mai<br />

– Zurich : 2 juin<br />

– Bellinzone : 4 juin<br />

– Lucerne : 7 juin<br />

– Bienne : 15 juin<br />

– Olten : 21 juin<br />

– St-Gall : 24 juin<br />

– Coire : 6 juin<br />

Sont aussi au programme les cours :<br />

« Droits et obligations des CoPe chez<br />

Poste », « Mes droits comme conductrice/conducteur<br />

(LDT) », « Le stress<br />

et le burnout » ou encore « La retraite,<br />

ça se prépare avant ! ».<br />

Movendo propose des cours instructifs<br />

non seulement pour La<br />

Poste, mais aussi pour toutes nos<br />

branches. Pour en savoir plus, rendez-vous<br />

sur le lien ci-dessous.<br />

Sharada Iser<br />

movendo.ch/fr/cours/solifonds<br />

Offre complète : movendo.ch/fr/cours<br />

L’art comme terre d’accueil<br />

Jusqu’au 20 juin 2021, l’espace d’exposition<br />

et de création La Ferme des<br />

Tilleuls à Renens (Vaud) accueille<br />

une exposition remarquable mettant<br />

en avant le travail artistique<br />

d’une cinquantaine de migrant-e-s<br />

mineur-e-s non accompagné-e-s<br />

(MNA).<br />

Au sein d’une ancienne maison<br />

de maître, une sélection de gravures<br />

monumentales, sérigraphies, séquences<br />

photographiques, vidéos,<br />

capsules sonores, théâtre d’ombres<br />

et films d’animation s’offre au public.<br />

Ces œuvres sont le fruit de<br />

quatre ateliers artistiques réalisés<br />

entre 2019 et 2020 sous la direction<br />

artistique de François Burland et<br />

d’autres artistes de renom.<br />

A l’origine du projet se trouve<br />

une rencontre, en 2013, entre François<br />

Burland et deux jeunes migrants<br />

non accompagnés qu’il reçoit<br />

dans son atelier du Mont-Pèlerin.<br />

S’en suivra de nombreuses collaborations<br />

artistiques avec d’autres mineurs<br />

non accompagnés et jeunes<br />

adultes en isolement. Avec la vocation<br />

d’aider à leur intégration et à<br />

leur bien-être au travers de moments<br />

d’échanges et de créativité.<br />

Alors que les artistes leur transmettent<br />

leurs techniques rôdées, les<br />

jeunes les embarquent dans leurs<br />

récits, leurs mémoires, leurs héritages.<br />

Pour vivre, ensemble, une expérience<br />

où tout le monde a sa<br />

place. Le résultat est à découvrir<br />

sans plus attendre à Renens.<br />

Robin Moret<br />

Toutes les informations sur l’exposition :<br />

fermedestilleuls.ch/exhibition/checkpoint<br />

Notre histoire en BD<br />

Adaptation du best-steller Sapiens<br />

de Yuval Noah Harari, qui s’est traduit<br />

dans 45 langues et vendu à plus<br />

de 12 millions d’exemplaires, la BD<br />

Sapiens – La naissance de l’humanité<br />

illustre avec créativité et humour<br />

les théories du célèbre auteur israélien<br />

sur l’évolution. On y découvre<br />

en dessin comment l’homo sapiens<br />

a détrôné les autres espèces humaines<br />

pour arriver rapidement au<br />

sommet de la chaîne alimentaire,<br />

l’emportant sur les autres animaux<br />

et bouleversant ainsi l’écosystème<br />

en place.<br />

Historien, philosophe et célèbre<br />

écrivain, Yuval Noah Harari s’est associé<br />

au duo franco-belge David<br />

Vandermeulen et Daniel Casanave<br />

pour raconter de manière ludique<br />

mais très approfondie la naissance<br />

de l’humanité, de l’apparition de<br />

l’homo sapiens jusqu’à la Révolution<br />

agricole.<br />

Avec l’écrivain dans le rôle du<br />

narrateur, ce récit offre un travail de<br />

vulgarisation délicatement captivant<br />

et instructif qui a été retenu<br />

dans la sélection officielle du Festival<br />

International de la Bande Dessinée<br />

d’Angoulême. Le deuxième<br />

tome est déjà programmé pour l’automne<br />

2021, l’adaptation BD étant<br />

prévue en quatre phases au rythme<br />

d’un album pour chacune des<br />

grandes parties du livre. D’ici là,<br />

nous vous recommandons vivement<br />

de découvrir ce premier tome. Une<br />

bande dessinée somptueuse pour<br />

repenser tout ce que nous croyions<br />

savoir sur l’histoire de l’humanité.<br />

Robin Moret<br />

Extraits de la BD :<br />

bit.ly/2O1tKj0


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements Pas touche aux rentes des femmes / Journée internationale de la femme / Visite<br />

d’entreprise / Action de remerciement aux employé-e-s de La Poste / Pétition<br />

pour protéger le personnel de conduite chez CarPostal / Succès pour la première<br />

table ronde <strong>syndicom</strong> des illustrateurs-rices<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4


1. Stephanie Vonarburg et Patrizia Mordini, membres du comité directeur de <strong>syndicom</strong>, le 15 mars devant le Palais fédéral pour remettre avec<br />

nos partenaires 314 187 signatures au Conseil des Etats contre un projet de réduction de l’AVS au détriment des femmes. (© Ueli Johner)<br />

2/3. Plusieurs visites en entreprise étaient spécialement organisées lors de la journée de la femme le 8 mars... (© Azra Ganic)<br />

4. … ou encore à la librairie Stauffacher à Berne dont un étalage fait la promotion des ouvrages défendant la cause des femmes. (© Patrizia Mordini)<br />

5. Visite de <strong>syndicom</strong> auprès de prestataires privés de services postaux, à Ebikon. (© Matthias Loosli)<br />

6. Fin février, <strong>syndicom</strong> s’est joint aux Verts et au PS pour remercier les employé-e-s de La Poste face à leurs efforts en période COVID. (© Florin Schütz)<br />

7. <strong>syndicom</strong> et la commission du personnel CarPostal de la région de distribution du Centre ont déposé une pétition pour exiger des discussions rapides<br />

sur la mise en œuvre de l’interdiction de la consommation dans les cars postaux qui considère les revendications des chauffeurs. (© Michael Bolettieri)<br />

8. Plus de 50 illustrateurs et illustratrices ont échangé sur leurs pratiques en matière de tarification lors d’une table ronde <strong>syndicom</strong>. (© Michael Moser)<br />

29<br />

5<br />

6<br />

7<br />

8


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« En tant que journaliste réfugié, il est<br />

difficile de vivre de son métier en Suisse »<br />

Kairat Birimkulov est né le 11 août 1967<br />

à Bichkek, la capitale du Kirghizistan.<br />

Il vit avec sa famille dans le canton de<br />

Lucerne depuis 2007, après avoir dû<br />

prendre la fuite en raison de son travail<br />

de journaliste et observateur politique.<br />

En Suisse, il a achevé une formation de<br />

spécialiste de la migration et travaille,<br />

depuis 2013, pour l’Organisation suisse<br />

d’aide aux réfugiés (OSAR). Coprésident<br />

du Parlement des migrant-e-s<br />

de Lucerne, il a fondé les associations<br />

« Brücke nach Kirgistan » (Ponts vers le<br />

Kirghizistan) et « Zusammen » (Ensemble).<br />

Depuis 2018, il est membre de<br />

<strong>syndicom</strong> et actif dans le groupe d’intérêt<br />

Migration.<br />

Texte : Idris Djelid<br />

Image : Patrick Gutenberg<br />

« Il faut tout recommencer<br />

de zéro »<br />

Je n’oublierai jamais le dernier jour<br />

passé dans mon pays. Le Consulat<br />

suisse m’avait aidé à quitter le<br />

Kirghizistan, afin que je puisse sauver<br />

ma famille et ma propre vie. Mais<br />

cette étape a été terriblement difficile.<br />

Au fond de moi, j’aurais préféré<br />

rester dans mon pays pour participer<br />

au processus démocratique et assister<br />

à sa transformation économique<br />

et politique vers un nouveau futur.<br />

C’est avec une grande tristesse et<br />

un sentiment d’insécurité que j’ai visité<br />

le dernier matin avant mon départ<br />

mes lieux préférés et le studio de<br />

télévision, où j’ai travaillé 14 ans<br />

comme présentateur TV. En tant que<br />

journaliste, mon objectif était d’informer<br />

avec transparence sur le système<br />

corrompu né de l’effondrement<br />

de l’Union soviétique. C’est précisément<br />

cette volonté de transparence<br />

qui m’a été fatale, comme à bien<br />

d’autres. J’ai été victime de menaces<br />

des mois durant à cause de mon travail<br />

journalistique. La situation est<br />

devenue trop dangereuse pour ma famille<br />

et moi-même. Et après une<br />

agression qui m’a presque coûté la<br />

vie, ma famille était elle aussi terrifiée.<br />

Je n’oublierai jamais les yeux<br />

remplis de peur de mes filles.<br />

Un nouveau chapitre de ma destinée<br />

s’est alors ouvert avec mon exil.<br />

De nombreuses questions ont accompagné<br />

mon voyage vers un pays<br />

lointain. J’étais habité par la nostalgie<br />

en repensant à ma patrie, et les<br />

doutes au sujet de ma décision me<br />

rongeaient. Comment ma femme et<br />

mes enfants allaient-ils s’adapter à<br />

leur nouvelle vie dans un pays inconnu<br />

? Comment allions-nous vivre ?<br />

Peu à peu, j’ai reconnu que cette<br />

étape difficile présentait aussi une<br />

opportunité. Je sais parfaitement ce<br />

que ça signifie de vivre comme un réfugié<br />

dans un pays étranger. Tu dois<br />

commencer de zéro et d’abord prouver<br />

à la société ce dont tu es capable.<br />

Au nom des migrantes et des migrants,<br />

et aussi comme journaliste,<br />

je souhaite dire la chose suivante :<br />

dans ma nouvelle patrie, j’ai obtenu<br />

beaucoup de soutien mais j’ai aussi<br />

été victime d’une discrimination qui<br />

m’a souvent déprimé.<br />

En tant que journaliste réfugié, il<br />

est difficile de vivre de son métier en<br />

Suisse. Mais avec la discussion émergente<br />

sur davantage de diversité parmi<br />

les professionnel-le-s des médias<br />

et de nouvelles initiatives visant à<br />

promouvoir le travail de journalistes<br />

issu-e-s de l’immigration, telles que<br />

Neue Schweizer Medienmacher*innen<br />

ou Baba news, je reste<br />

optimiste.<br />

Mais mis à part le journalisme,<br />

j’affectionne aussi une seconde passion<br />

: le cinéma. Enfant, j’allais souvent<br />

au studio de cinéma où travaillait<br />

ma mère en tant que régisseuse.<br />

Aujourd’hui, grâce à un crowdfunding,<br />

j’ai réalisé mon premier projet<br />

de film « Schneesturm » (Tempête de<br />

neige). Il sera diffusé en avant-première<br />

le 4 juin 2021 au cinéma Stattkino<br />

à Lucerne. Et j’espère pouvoir y<br />

accueillir de nombreuses et nombreux<br />

collègues du syndicat.<br />

Le projet du film en détail sur wemakeit :<br />

bit.ly/3cx29jm


Mots-croisés Impressum Syndicom avril 2021<br />

Rédaction : Robin Moret, Giovanni Valerio<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale, et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser 3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 case postale, 3001 Berne<br />

Illustration (page 4) : Illunauten<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Mot Dessins mystère de portrait : : Katja Leudolph<br />

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Images sans © : mises à disposition<br />

1 2 3 4 5 6<br />

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7 8 9 10 11 12 13 14<br />

Le numéro 23 paraîtra le 4 juin 2021.<br />

15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

V<br />

avril 2021<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

VI<br />

VII<br />

5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

VIII<br />

6 7<br />

IX<br />

8 9 10 11 12 13 14 15<br />

9<br />

Mots-croisés Syndicom avril 2021<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

3<br />

1 3<br />

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5 7 2<br />

8<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

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DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Soutenir. Noir<br />

américain. II. Avec plaisir. 4 III. Normand<br />

fleuri. Décortiqua. IV. Agression entre<br />

requins. Peut-être bien une ville. Élément. V.<br />

Comme des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant<br />

Horizontalement : I. Soutenir. Noir<br />

américain. II. Avec plaisir. III. Normand<br />

fleuri. Décortiqua. IV. Agression entre<br />

requins. Peut-être bien une ville. Élément. V.<br />

Comme des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant<br />

l'éternité. Petit brun pour grands blonds.<br />

Petit disque. VII. Fonde Carthage. Flacon à<br />

garum. VIII. Ciel, mes bijoux ! Transport<br />

d'énergie. IX. Sorte de rhum. De. X.<br />

Échange musclé. Intéressées.<br />

Verticalement : 1. Salut. 2. Souvent en<br />

plomb. Satisfait. 3. Fait chambre commune.<br />

4. Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed<br />

ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y<br />

précipite. Lieu d'origine du patriarche. 7.<br />

Donne la chique. Apocope à balance. 8.<br />

Tenancier. Sou. 9. Sur la tartine. Cependant<br />

précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure de<br />

radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.<br />

Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes<br />

après les Ascensions. 14. Eau du poète.<br />

Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es.<br />

1 2 3 4 5 6 l'éternité. 7 8 Petit 9 brun 10 pour 11 grands 12 blonds. 13 14<br />

Le-la<br />

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gagnant-e,<br />

16 17<br />

dont<br />

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le<br />

19<br />

nom 20 paraîtra 21 22 23<br />

Petit disque. VII. Fonde Carthage. Flacon à<br />

13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra<br />

garum. VIII. Ciel, mes bijoux ! Transport<br />

DÉFINITIONS<br />

une Hotelcard. Prière d’envoyer votre<br />

10<br />

1 2 3 4 5 6 7 d'énergie. 8 9 10 IX. Sorte 11 12 de rhum. 13 14 De. 15 X.<br />

DÉFINITIONS<br />

Échange musclé. Intéressées.<br />

solution (le mot-mystère seulement)<br />

15<br />

Horizontalement jusqu’au 3 mai à Rédaction : I. Soutenir. Noir<br />

I<br />

Horizontalement : I. Soutenir. Noir Verticalement : 1. Salut. 2. Souvent américain. II. Avec plaisir. III. Normand<br />

8 en <strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse 33,<br />

américain. II. Avec plaisir. III. Normand plomb. Satisfait. 3. Fait chambre commune. fleuri. case postale, Décortiqua. 3001 Berne. IV. Agression entre<br />

fleuri. II Décortiqua. IV. Agression entre 4. Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed requins. Peut-être bien une ville. Élément. V.<br />

1 3<br />

requins. Peut-être bien une ville. Élément. V. ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y Comme des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant<br />

7 2<br />

Comme III des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant précipite. Lieu d'origine du patriarche. 7. l'éternité. La solution Petit de brun la dernière pour grands grille blonds.<br />

l'éternité. Petit brun pour grands blonds. Donne la chique. Apocope à balance. 8. Petit de mots disque. croisés VII. Fonde était Carthage. Flacon à<br />

Petit IV disque. VII. Fonde Carthage. Flacon à Tenancier. Sou. 9. Sur la tartine. Cependant garum. « PROTECTION VIII. Ciel, DONNEES mes bijoux ». ! Transport<br />

garum. VIII. Ciel, mes bijoux ! Transport précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure 10 de d'énergie. La gagnante IX. est Sorte Madame de rhum. De. X.<br />

d'énergie. Échange musclé. Intéressées.<br />

V IX. Sorte de rhum. De. X. radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.<br />

Claudine Galliker-Blanc.<br />

Échange musclé. Intéressées. 6 Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes<br />

après les Ascensions. 14. Eau du poète. Verticalement Elle recevra un : bon 1. Salut. Coop.<br />

4<br />

2. Souvent en<br />

VI<br />

Verticalement : 1. Salut. 2. Souvent en Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es. plomb. Chaleureuses Satisfait. félicitations 3. Fait chambre ! commune.<br />

plomb. Satisfait. 3. Fait chambre commune.<br />

4. Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed<br />

4. VII Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed<br />

ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y<br />

5 7 2<br />

ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y<br />

précipite. Lieu d'origine du patriarche. 7.<br />

2<br />

précipite. VIII Lieu d'origine du patriarche. 7.<br />

Donne la chique. Apocope à balance. 8.<br />

Donne la chique. Apocope à balance. 8.<br />

Tenancier. Sou. 9. Sur la tartine. Cependant<br />

Tenancier. IX Sou. 9. Sur la tartine. Cependant<br />

précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure de<br />

Annonce précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure 9 de<br />

radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.<br />

radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.<br />

X<br />

Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes<br />

Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes<br />

4<br />

après les Ascensions. 14. Eau du poète.<br />

après les Ascensions. 14. Eau du poète.<br />

Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es.<br />

Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es.<br />

Offre spéciale<br />

8<br />

10<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 3 mai 2021<br />

DÉFINITIONS<br />

Les mots croisés de <strong>syndicom</strong><br />

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+41 (0)58 817 18 18 - info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

31


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Combat syndical chez Amazon20.3.2021<br />

#UnionYes chez Amazon ! L’épreuve de<br />

force est actuellement engagée en<br />

Alabama dans la lutte pour une représentation<br />

syndicale et de bonnes conditions<br />

de travail. Restez forts @BamazonUnion et @RWDSU !<br />

En Suisse, nous sommes heureusement déjà plus avancés<br />

avec la première #CCT #fulfillment chez ms-direct !<br />

facebook.com/<strong>syndicom</strong><br />

Le journalisme menacé chez Tamedia 11.3.2021<br />

Dans son rapport annuel 2020, @tx_group rassure<br />

@PietroSupino que le journalisme reste au cœur de son<br />

modèle économique. Les chiffres disent le contraire :<br />

Effectif Tamedia 2020 : 1428 vs Effectif 2019 : 1559<br />

twitter.com/lorenzo_bonati<br />

Rente des femmes16.3.2021<br />

Juste avant son débat sur la réforme AVS<br />

21, le Conseil des Etats s’est vu remettre<br />

aujourd’hui les signatures de 314 187 personnes<br />

qui disent NON à un projet qui se<br />

ferait – encore une fois – au détriment des femmes.<br />

La diminution prévue des retraites des femmes a suscité<br />

un véritable sursaut d’indignation dans la population :<br />

jamais autant de soutiens n’avaient été récoltés en ligne<br />

en aussi peu de temps en Suisse. Le message est sans<br />

équivoque : une révision de l’AVS qui ignore les problèmes<br />

réels des femmes n’a aucune chance de passer. Les<br />

rentes de retraite des femmes sont aujourd’hui encore<br />

d’un tiers plus basses que celles des hommes. Il est<br />

temps qu’elles augmentent. Pas qu’elles diminuent.<br />

instagram.com/<strong>syndicom</strong>/<br />

Liberté de la presse12.3.2021<br />

Un premier pas pour un<br />

changement qui doit être<br />

global 17.3.2021<br />

En Angleterre, 70 000 chauffeurs<br />

#Uber sont désormais<br />

considérés comme des salariés. Il « suffisait<br />

» d’une décision de la Cour suprême …<br />

Un pas dans la bonne direction. A Genève,<br />

les chauffeurs Uber sont employés via une<br />

société tierce avec une #CCT. A quand partout<br />

en Suisse ?<br />

twitter.com/<strong>syndicom</strong>_fr<br />

#NEWS 65 journalistes sont morts dans<br />

l’exercice de leurs fonctions en 2020,<br />

selon le rapport annuel de la FIJ sur les<br />

journalistes tués dans des incidents liés<br />

au travail dans le monde. Le Mexique se classe comme le<br />

pays le plus dangereux pour la quatrième fois en cinq ans<br />

avec 14 assassinats.<br />

twitter.com/IFJGlobal<br />

Manque de reconnaissance pour les<br />

distributeurs-rices de colis10.3.2021<br />

Lettre ouverte au TX Group9.3.2021<br />

Les problèmes de sexisme chez Tamedia sont l’expression<br />

d’un problème intersectoriel. « Trop peu de femmes dans<br />

le management, des conditions de travail qui empêchent<br />

une réelle égalité, et des modèles de rôle et de pensée<br />

dépassés.<br />

twitter.com/Lenaallenspach<br />

Les applaudissements des balcons ne<br />

suffisent pas ! La négociation salariale<br />

de cette année à la poste n’a donné<br />

aucun résultat. Nous sommes déçus.<br />

Après une année marquée par des<br />

volumes de colis sans précédent, un<br />

peu de reconnaissance serait de mise.<br />

twitter.com/<strong>syndicom</strong>_fr<br />

Les syndicats font front commun23.3.2021<br />

Ensemble avec 99 autres syndicats de travailleurs<br />

de toute l’Europe, nous avons signé une<br />

lettre à la @EU_Commission pour demander que<br />

les contrats de #PublicProcurement ne soient<br />

attribués qu’aux entreprises qui vraiment<br />

respectent leurs travailleurs.<br />

twitter.com/<strong>syndicom</strong>_fr<br />

Une expérience audiovisuelle<br />

en confinement24.3.2021<br />

45 ans après le coup d’Etat du 24.3.1976 en<br />

Argentine, l’histoire et les sentiments<br />

s’entremêlent pour créer « Corondaes ».<br />

Une expérience audiovisuelle collective élaborée pendant<br />

le confinement.<br />

@SergiooFerrari https://t.co/N2P81IbCfl ?amp=1<br />

twitter.com/Sprachkraft

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