ART NUMERIQUE REGART MAGAZINE
Magazine d’Art et Mode - Regart analyse la société, décelant les tendances émergentes qui influencent le monde d’aujourd’hui pour façonner celui de demain.
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Fashion
Une Fashion Week digitalisée sera-t-elle la norme de demain ?
WEEK
Alors que la pandémie de Covid-19 continue de sévir sur l’hexagone et par-delà nos frontières, c’est tout un écosystème qui doit revoir
son mode de fonctionnement. L’ère des défilés aux montants faramineux rassemblant des milliers de personnes en un même lieu dans
une effervescence digne d’un championnat du monde de football, est révolue. En ces temps d’incertitudes, que devient la création ?
Où puise-t-on l’inspiration, quand, depuis plus d’un an la vie semble ralentie. Bars, restaurants, clubs, musées, et dans certaines régions,
boutiques sont proscrits, qualifiés de « non-essentiels », alors comment infuser la vie au sein de ses défilés désormais 2.0 ? La Mode et
ses acteurs ont dû composer avec cette nébuleuse problématique. Ces artistes que sont les designers n’ont pas relégué la créativité
au second rang, se servant de la paralysie mondiale comme inspiration. La Fashion Week 2021-2022 a troqué ses allures de méga
shows pour des défilés digitaux, annonçant le début d’une nouvelle ère : celle du digital. L’accélération de la numérisation de notre
société, générée par le Covid, permets à la Mode de s’initier aux nouvelles technologies pour la mise en place des défilés. Désormais
dénué de contraintes de temps et d’espace que permet la « phygitalisation », les défilés abordent la mise en scène de leur défilés à
la manière de courts métrages.
Cette saison la Fashion Week Fall Winter 2021-2022 matérialise de réels engagements au travers d’un prêt-à-porter destiné à une élite.
Renaissance également du style futuriste, la tendance apparue dans les années 60 a été remastérisé par nombre de marques.
Tout ce que l’artiste peut espérer de mieux c’est d’engager ceux qui ont des
yeux à regarder aussi.
Georges sand
I
Le défilé digital Balmain en est l’exemple. Le jeune designer
Olivier Rousteing s’inspire du défilé d’après-guerre de Monsieur
Balmain, où le monde était en reconstruction. Bousculé par la pandémie,
il imagine la mode des années 2500 et met en scène des
mannequins sur la ligne de départ d’un vol à destination de la Lune.
Élégante et conquérante, la femme Balmain semble prête pour la
guerre avec des combinaisons d’aviateurs et des pièces argentées
métaphorisant des couvertures de survie. L’évasion reste une des inspirations
centrales, largement influencée par la conjoncture actuelle.
Les avions étant cloués au sol, le jeune créateur et ses mannequins
transforment ces appareils immobilisés en véritable catwalk : preuve
vivante que la créativité est immuable.
Givenchy a organisé un décor relativement sombre aux airs
post-apocalyptique et au sol inondé d’eau. Le designer Mathew
Williams a proposé des silhouettes all-in-black inspirées du style Punk
voire gothique avec des chaussures à plateforme XXL, des manches
à la largeur/longueur XXL ainsi qu’une prédominance de cuir. La
lourdeur des matières et la construction géométrique des vêtements
suscitent l’idée de protection au travers des pièces proposées.
Pour cette collection, le designer s’est penché sur la notion de «
caché-dévoilé ». Serait-ce la métaphore d’une époque où la théorie
du complotisme monte en flèche ? Ou encore l’expression d’une
dualité chez l’être humain, entre son besoin d’intimité et l’exhibition
de sa vie privée sur les réseaux sociaux ?
L
Dolce & Gabbanna a voulu retranscrire l’idée d’une numérisation de la Mode avec une
scénographie reprenant le code couleur des écrans de télévisons et plaçant au centre
du podium un robot. Des silhouettes arborant des couleurs néons, des manteaux en plastiques
transparents, ainsi que des visières en guise de masque anti-Covid.
Un appel implicite à la nostalgie d’une époque où les nightclubs et l’effervescence des
corps se pressant sur les pistes de danse existaient encore.
Annakiki, marque chinoise entrée dans le calendrier de la fashion week
de milan depuis 2017, nous a interpellé par l’esthétisme futuriste de ses
silhouettes. Anna Yang, la designer, s’est inspirée de « Source code », film
américain où le protagoniste vit et revit les 8 dernières minutes de la vie
d’une autre personne dans un espace parallèle. Un défilé digital représentant
des espaces cosmiques où les époques sont matérialisées en quatre
décors juxtaposés : Décor 1/ l’exploration des clubs underground et les
secrets de la technologie, Décor 2/ l’esthétisme moderne de l’univers il y a
soixante ans, 3/ le futurisme via la silhouette rebelle, 4/ l’univers Annakiki et
son approche de l’espace.
La designer propose des matériaux réfléchissants et des formes 3D dans la
construction des manches accentuant le volume des pièces.
Le messsage d’Annakiki ? Étendre les limites du design, sortir des sentiers
battus et explorer les impacts entre le présent et le futur.
« La mode, la technologie et l’esthétique ne sont plus séparées mais étroitement
mélangées. » cite la créatrice afin d’expliquer sa vision de la mode.
Louis Vuitton a choisi Le Louvre pour son défilé, orchestré
au milieu de statues gréco-romaines, clin d’œil à sa collaboration
avec Fornasetti, atelier italien fondé par le peintre
du XXème siècle Piero Fornasseti, dont la marque éponyme
a pour but d’intégrer l’Art dans la vie quotidienne. Le message
a été respecté par la maison, avec force dessins de
l’artiste apposés sur la célèbre toile monogramme. Une notion
futuriste est relayée par la bande son interprétée par
le célèbre duo de musique électronique Daft Punk, ayant
pour identité physique des allures de robot avec le port
constant de casques futuristes et opaques.
« En tant que créateur, je suis captivé depuis toujours
par la capacité de la mode à évoquer simultanément le
passé, le présent et l’avenir » explique le designer Nicolas
Ghesquière concernant sa démarche pour cette collection.
Encore une fois, la notion de temporalité et son influence
sur la société est représentée au travers du vêtement.
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