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Magazine d’Art et Mode - Regart analyse la société, décelant les tendances émergentes qui influencent le monde d’aujourd’hui pour façonner celui de demain.
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LIVE
STREAM
LA DIGITALISATION DES CONCERTS FACE À LA COVID-19
I
Suite à la transition digitale qui s’est accélérée sous l’influence du Coronavirus, l’émergence de nouvelles formes de concerts, de clips
musicaux animés ou de diffusions live sur les réseaux sociaux est le résultat de l’impact qu’a eu l’épidémie sur l’industrie de la musique.
Ces nouvelles habitudes de vie 2.0 auxquelles la pandémie a
confronté le monde entier, resteront certainement une fois la crise
actuelle terminée. Le besoin de l’être humain de vivre en société,
de communiquer avec les autres a été accru par la prohibition
de ce besoin, la distanciation sociale a permis l’avènement des
technologies. Depuis près d’un siècle et demi, la technologie
était en gestation, isolé les uns des autres et privé de contact
sociaux, l’humanité a dû rebondir pour faire reconnaître les moments
de convivialités sous de nouvelles formes.
Tik Tok est une de ses nouvelles formes, ce réseau social chinois a
explosé pendant l’année 2020, se rendant, aux yeux des marques,
un outil de communication stratégique. C’est le chanteur The
Weeknd qui, l’été dernier, a été un des premiers à donner un
concert sous forme virtuelle. Ces shows 2.0 sont une manière pour
les artistes privés de tournée depuis l’annonce de la pandémie,
de continuer leur activité et d’entretenir le lien avec leur public.
La chanteuse britannique Dua Lipa en a également fait l’expé-
rience, c’est 5 millions de connexions payantes qui ont été recensées
lors de ce deuxième confinement, pour son méga-concert
en live stream nommé « Studio 2054 ». Avec l’adoption de la
fibre, causée par le télétravail, l’expérience live est d’autant plus
qualitative et commence à faire ses preuves auprès du grand
public. Il suffit de consulter la liste des évènements organisés sous
cette nouvelle forme virtuelle pou le consater. Une tendance qui
touche bien d’autres genres que la pop comme le jazz avec une
soirée spéciale Ella Fitzgerald surnommée « la Grande Dame du
jazz », le classique avec le pianiste virtuose chinois Lang Lang,
ou encore la danse avec des ballets contemporains de l’Opéra
de Paris filmés et diffusés en live payant sur Facebook.
Mais ce nouveau modèle de concert oscille encore entre performance
artistique et opération marketing, si les artistes semblent
enthousiasmés par un modèle 2.0, les maisons de disques et producteurs
de musique se questionnent sur la rentabilité de celui-ci.
Les groupes de K-POP, ce genre musical tendance auprès des
jeunes générations venu tout droit de Corée du Sud, semblent
être la preuve que les concerts en live stream se révèlent fort
lucratifs. Grâce à une communauté de fans fidèles, le groupe
BTS a engrangé presque 20 millions de dollars lors d’une
date mondiale unique le 14 juin 2020, il s’agit à ce jour du
concert live stream le plus rentable de la courte histoire du
genre virtuel. Si le premier confinement avait vu apparaitre
l’avènement des concerts à distance sur les réseaux sociaux,
quelques mois plus tard c’est la naissance d’une légion de
plateformes professionnelles proposant aux artistes une retransmission
live et sécurisée. Différentes plateformes existent et proposent
des prestations diverses, les spectacles 360° en réalité
virtuelle de MelodyVR sont concurrencés par Driift qui offrent de
véritables écrins aux artistes partenaires d’Universal Music Group.
Le producteur de musique Sam Smadja confirme que la Covid a
précipité des projets qui aurait dû voir le jour dans environ 4 à
5 ans. Deux ans auparavant, il travaillait déjà sur la possibilité de
retransmettre en live, dans les cinémas Gaumont, les grosses tournées
mondiales de superstar de la pop comme Lady Gaga, en
s’inspirant du modèle des opéras, dans une version plus moderne.
Le producteur français est fermement convaincu qu’après la
reprise des concerts physiques, un certain public moins mobile,
adepte d’expériences immersives, ou simplement plus « casanier
» acceptera de payer des prestations sous forme de shows
numériques.
Le futur appartient certainement aux solutions hybrides.
ROMAIN PASQUIER, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU DÉPARTEMENT INTERNATIONAL DU LABEL WARNER
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