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ART NUMERIQUE REGART MAGAZINE

Magazine d’Art et Mode - Regart analyse la société, décelant les tendances émergentes qui influencent le monde d’aujourd’hui pour façonner celui de demain.

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Quelles sont tes inspirations ?

Elles sont multiples, je vais te donner des noms d’artistes si ça

te vas, il y a Shu qui est le pionnier du mouvement graffiti en

Europe et quali graffiti mondialement qui est une grande inspiration

pour son style, pour sa justesse, pour sa maîtrise après il

va y avoir Wild Drawing qui est quelqu’un qui fait énormément

d’anamorphose dans un style un peu plus réaliste et sinon en

terme de mouvement je crois que le mouvement qui m’intéresse

le plus c’est le mouvement artistique de la renaissance pour

ce qu’il a apporté à l’art.

Et pourquoi la renaissance, par rapport au renouveau, aux couleurs

?

Oui par rapport à ce que ça a amené à l’humanité de manière

générale, la révolution que ça a créé dans les esprits et

puis en terme picturale je pense que ça reste le sommet de

l’art, je veux dire on ne pourra jamais élever le niveau au-dessus

de ce qui a pu être fait à ce moment-là.

Par rapport aux peintures est ce que tu peux nous citer une

oeuvre qui t’inspires de la renaissance ?

Il y a Raphaël l’école d’Athènes c’est un tableau qui représente

tous les philosophes de l’époque antique et je crois que

c’est le tableau qui m’inspire le plus, je reproduis énormément

de personnage de ce tableau, les couleurs sont fascinantes,

franchement je pense que c’est le tableau que j’aime le plus.

C’est le message ou la palette de couleurs et la réalisation ?

C’est le mélange des deux, la manière dont il présente les

choses, techniquement c’est vraiment un chef d’œuvre déjà

avec l’œil d’artiste et puis même ça représente tous les courants

philosophiques, toutes les manières de penser de l’époque,

c’est ça qui est vraiment intéressant dans cette œuvre.

Es-tu engagé, souhaites-tu dénoncer quelque chose, des faits

sociétaux, ou faire passer un message, une critique de la société,

ou faire réfléchir les consciences ?

Alors sur certaines de mes œuvres j’essaie d’avoir un message

plus puissant que sur d’autres alors oui je pense qu’il y a des

vrais maux sociaux et sociétaux notamment sur l’épanouissement

personnel et la place qu’on laisse aux humains pour se

développer en tant que tel.

Donc le message serait de s’épanouir en tant qu’être humain ?

C’est ça, se développer, aller chercher, relever des défis, pour

moi le bonheur c’est quelque chose qui se partage on ne

peut pas être heureux seul. C’est pour cela que c‘est super

important d’avoir des gens heureux autour de soi donc il faut

rendre les gens heureux.

Tu peux nous parler de whole street asso ?

C’est l’initiative d’Otom Art, l’un de mes meilleurs amis, qui, 8

ou 9 ans auparavant a lancé cette initiative à Nice. C’est

une association pour développer les cultures urbaines donc

ça passe par le graff mais ça peut aussi être le bmx, le skate,

toutes les cultures qu’on pouvait qualifier antérieurement d’alternative

et qui maintenant se démocratise. Tom mène cette

asso d’une très belle manière puisqu’il nous permet de décrocher

énormément de mur dans la ville et surtout de faire

avancer l’art et toutes les cultures urbaines à Nice.

Quels sont vos relations avec les autorités de la ville ?

J’ai aucun problème avec les autorités de la ville et même je

dirais presque que je les salue (rires), je pense qu’ils font leur

travail au même titre que moi donc il faut qu’on cohabite.

T’est-il déjà arrivé de tagger de manière informelle ?

II

Quel est ton parcours ? tu nous as dit que tu faisais du droit

avant de faire du street art ?

Alors du coup j’ai fait basiquement un bac ES après je suis

parti en Fac de droit, j’ai obtenu ma licence et je me suis inscrit

en master et je n’y suis absolument jamais allé et à partir

de là je suis parti en voyage pendant deux ans, j’ai peint un

peu partout en Europe, en Afrique et quand je suis rentré en

France je me suis dit qu’il fallait que je me consacre à ce que

j’aimais vraiment.

Tu as rencontré des artistes, tu as pu travailler avec des artistes

internationaux ?

Oui notamment en Espagne mais c’était toujours dans la partie

underground du mouvement (rires) ce n’était pas encore

vraiment aux yeux de tout le monde.

Penses-tu que le street art a pris de l’ampleur sur ces dernières

années, c’est vrai qu’avant c’était un mouvement anticonformiste,

et là, çela devient de plus en plus un art à part entière

Alors je trouve cette question assez marrante parce que pour

moi le street art ça existe depuis la nuit des temps. Si les

grottes de Lascaux existent c’est qu’il y a un humain qui a écrit

sur un mur. Le fait que les gens disent qu’avec de nouvelles

interprétations le street art est un nouveau mouvement révolutionnaire

me dérange. Qui n’a pas écrit sur les murs durant

son enfance ? En soit le mouvement n’est pas extraordinaire, il

est juste humain.

C’est plus la légitimité du mouvement qui a été remise en cause

et oui c’est clair que ça s’est démocratisé. Qui préfère avoir

un mur gris plein de projections plutôt qu’une œuvre énorme ?

C’est même comme ça que j’ai commencé et je l’ai fait pendant

des années. C’est ce qui m’a apporté ce goût pour la

peinture, la partie qu’on ne voit pas dans le graffiti c’est énormément

d’adrénaline, de sensations, un esprit d’équipe, une

solidarité. Il y a énormément de valeurs humaines derrière cela

et je pense qu’il faut le rappeler car ce n’est pas un mouvement

uniquement qui dégrade, il faut prendre conscience des

choses c’est de l’art rupestre selon moi, je pense qu’il faut le

dédramatiser.

As-tu des clients ? comment çela fonctionne-t-il ?

Oui je travaille énormément avec des entreprises ou même

avec les communes, en fait je suis ouvert aux propositions de

toutes les personnes qui ont besoin d’art, je suis prêt à les aider

et à développer leur projet.

La ville peut-elle te solliciter pour des tags comme les galeries

Lafayette l’ont fait ?

Oui oui absolument on l’a déjà fait à l’Allianz Riviera. Avec

notre association on a ouvert un mur d’expression libre à

l’avenue du XVème corps donc oui oui d’ailleurs pour le coup

je salue la mairie de Nice de s’ouvrir à ce mouvement-là.

selon toi, l’art est-it utile à la société et quel est le rôle de

l’artiste ?

Pour moi le rôle de l‘artiste est multiple, chaque artiste a sa

propre définition de son rôle. L’artiste peut dénoncer mais il y

a aussi un côté graphique dans l’artiste, il peut y avoir l’artiste

qui fait du boulot juste pour plaire, et qui n’est pas forcément

là pour dénoncer. Chaque artiste se met dans sa propre case

et développe son style en fonction de cela. Je ne pense pas

que l’artiste doit nécessairement être engagé, forcément il a

des valeurs qui le portent, mais si on parle d’engagement

dans le sens politique je ne pense pas que la qualité d’artiste

est inhérente à un engagement politique.

Le Covid t’a-t-il impacté, toi, l’association ou le street art en

général ?

En termes de conditions sanitaires on n’a pas eu de réels problèmes.

Concernant ma démarche créative, j’ai énormément

besoin de mes libertés et c’est vrai que le premier confinement

a été une période difficile, c’était bizarre de devoir être enfermé,

de plus avoir le contact humain qui nourrit énormément

mes créations. À partir du dé confinement, ça a commencé à

aller mieux parce que des projets se sont relancés, ce qui a

un peu remis de la force créative.

Concernant la réalisation d’euvres, cette période compliquée

a-t-elle influencé ta productivité, étais-tu sollicité ?

Eh bien paradoxalement, c’est depuis le Covid que j’arrive

à vivre de mon art. Finalement ça a été plutôt une bonne

période sur le plan professionnel, même si j’espère que ça se

terminera le plus rapidement possible.

Penses-tu savoir pourquoi le Covid a permis à ton art de devenir

ton métier ?

Je pense que les gens ont besoin de joie, de couleur, de vie et

une œuvre d’art c’est quelque chose qui donne de la vie. On

ne se sentira jamais seul si on a des tableaux chez soi.

40 - INTERVIEW INTERVIEW - 41

II

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