ART NUMERIQUE REGART MAGAZINE
Magazine d’Art et Mode - Regart analyse la société, décelant les tendances émergentes qui influencent le monde d’aujourd’hui pour façonner celui de demain.
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FASHION
Week
Des codes similaires à ceux de la mode
féminine ressortent, avec une prédominance
de couleurs sombres et une réflexion
poussée sur la notion de « vêtement
refuge ». Chamboulés par un mode
de vie en pleine transition, les designers
ont, pour beaucoup, diffusés des messages
engagés concernant des problématiques
liées à la crise sanitaire ou
à l’environnement.
Fashion Week Automne-Hiver 2021/22 : Et pour la gent masculine ?
Les défilés sont de réelles performances
artistiques, où le designer met en scène
sa vision du monde en la liant aux vêtements
qu’il crée.
Le label chinois Sankuanz a proposé
un défilé au décor de ville fantôme
post-apocalyptique, filmé la
nuit dans les coursives de la Dame
de fer, sans quitter la Chine. Grâce
à la digitalisation des défilés, le
designer Zhe Sangguan a eu l’idée
de réaliser son défilé dans le quartier
de Tiandu Cheng à Hangzou,
où une reproduction faisant un tiers
de l’originale a été construite. Le
designer a souhaité représenter un
style agressif avec du all-in-black,
des vestes cloutées, des tee-shirts
destroys et une appétence pour le
cuir. L’utilisation de couleurs néons
dans la composition des silhouettes
confirment un engouement général
autour de ses couleurs vives pour
l’hiver prochain.
Yohji yamamoto est l’une des rares marques,
présentant une collection où la majorité des
silhouettes étaient composées de masques. Le
designer Yohji Yamamoto a voulu représenter
le fait qu’au sein de la société certaines
personnes portent des masques et d’autres
pas. Une envie de se concentrer sur la façon
dont les gens portent les masques, au sens
propre du terme, dans la rue. C’est pour le
designer japonais une simple observation qui
en dit long sur la société. Toujours dans une
démarche dénonciatrice, des messages sont
inscrits sur les vêtements, faisant référence à
des problématiques politiques, environnementales,
animales ou sanitaires. Le créateur se
positionne comme témoin de son époque et
de ses failles.
Juun j, la marque coréenne, met en scène des
hommes et des femmes se croisant en montant
et descendant des escaliers, ces silhouettes
imposantes sont la marque de fabrique du
créateur. Dans ce film réalisé en noir et blanc,
l’image se colorise parfois un instant ou ralentit,
une façon de mettre en avant les pièces
réinterprétant l’essence-même de la marque
connue pour ce mélange entre style extravagant
et tenue classique.
Un défilé qui interroge sur le rapport aux
autres, d’autant plus depuis la crise sanitaire.
Namacheko, la marque suèdoise, a choisi
de faire défiler ses silhouettes dans la
pénombre accentuée par un écran de
fumée teintée par des éclairages de différentes
couleurs, conférant au décor une
atmosphère à la Blade Runner. Des focus
sur les vêtements permettent de distinguer
des détails référant au style punk/glam, une
collection intitulée « Plato’s FALLOUT », faisant
ressortir l’idée d’une sortie de bunker
post-apocalyptique.
Botter a démontré son engagement environnemental
avec la diffusion d’un film montrant
la « Botter Coral Nursery », initiative
pour la protection de la barrière de corail.
La marque belge souhaitait mettre en
avant sa lutte en faveur de l’environnement
avec une collection nommée « Romancing
the Coral Reef », proposant des silhouettes
ornées de leurres de pêche dans un décor
sombre et épuré.
Phipps a réalisé un film à la manière d’un
blockbuster américain pour présenter son
défilé, une réalisation mettant en scène les
dangers du réchauffement climatique. Entre
défilé et film la barrière est fine depuis l’apparition
des Fashion Week digitales, rendant
extensible et sans limite la créativité
des designers.
Jil Sander, la marque allemande, met en
avant des silhouettes imposantes dans un
décor d’immeuble désaffecté, portant une
attention à l’équilibre entre les opposés.
La collection est une succession de vêtements
doux et lisses face à un décor froid
et austère, une scénographie incarnant le
paradoxe entre le besoin d’intimité et de
contact de l’être humain.
Uniforme, la jeune marque française engagée
dans la durabilité du vêtement,
a fait passer un message fort lors de son
dernier défilé. Un mannequin brandissant
un étendard « SLOW DOWN » porté en
guise de cape a rappelé son positionnement
en faveur d’une mode responsable
et durable. Ici, comme sur de nombreux
podiums, les looks aux inspirations militaires
semblent marqués la tendance cette saison.
La Mode se prépare-t-elle à affronter
un nouvel assaut de la pandémie ?
Lemaire : selon le designer c’est la notion
de vêtement refuge qui a été explorée, au
travers de silhouettes surgissant de l’obscurité
et s’entrecroisant sans jamais se toucher,
enfouies dans des vêtements confortables.
Dior, la célèbre maison de mode française,
sur un autre registre, a organisé un défilé
où l’art s’est mélangé à la mode. Le
designer Kim Jones a fait le choix de collaborer
avec l’artiste Peter Doig, peintre
figuratif dont la signature est sa manière
de représenter la nature. Dans cette collection,
certaines pièces sont travaillées
par l’artiste, adoucissant le style militaire
des looks rigoureux rappelant la prédominance
de silhouettes aux allures d’uniformes
de guerre cette saison.
Les créateurs ont été relativement influencés
par la crise sanitaire et le vêtement
a été le moyen d’expression de
cette influence. Beaucoup d’engagements
chez les marques cette année,
faisant le parallèle avec la prise de
conscience qu’a engendré la pandémie
et ses confinements successifs. Un
bouleversement qui a fait ressortir la
créativité des designers à travers leurs
scénographies et le détail apporté
aux films présentant leurs collections.
Nombre de looks font référence aux uniformes
militaires ou empruntent certains
codes du genre Punk. Cet Automne/Hiver
2021-22, c’est une majorité de silhouettes
imposantes et une notion de
dualité qui est retranscrite au travers
des pièces proposées par les créateurs.
Une belle façon de conclure sur
le fait que la transition engagée et
digitale s’immisce encore davantage à
l’intérieur de la sphère mode.
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