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ART NUMERIQUE REGART MAGAZINE

Magazine d’Art et Mode - Regart analyse la société, décelant les tendances émergentes qui influencent le monde d’aujourd’hui pour façonner celui de demain.

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1


L’art numérique insuffle un renouveau dans la mode

Une fashion week digitalisée sera-t-elle la norme de demain ?

Fashion week automne-hiver 2021-2022 : et pour la gent masculine ?

La tendance du cyberpunk ou l’anticonformisme 2.0

MARQUE À L’HONNEUR

Yuima Nakato

serie MODE

I

HORS NORMES

DÉCOUVERTES

I

NFT : Ces actifs numérqiues seront-ils l’avenir ?

Mike Winkelmann ou Beeple

La ville flottante

Olafur Eliasson

Agnès Dénes

INTERVIEW

César Malfi

DIGITAL

Les tendances dans l’art digital pour 2021

La nouvelle forme d’art s’échinant pour sa légitimité

L’essor des artistes digitaux

Où se procurer des oeuvres digitales ? Les galeries 2.0

L’explosion des applications et logiciels de montages photos en 2021

PORTRAIT

Hajime Sorayama

ARCHITECTURE

Les tendances de l’achitecture

Prix Pritzker 2021

Les bâtiments les plus attendus en 2021

SCÉNOGRAPHIES

I

La digitalisation des concerts face à la Covid-19

L’influence du cyberpunk dans les clips

L’univers futuriste déteint sur le septième art

Le futur envahit le présent

Les musées du XXIème siècle

PACKSHOT

Luminescence

SOMMAIREMODE

Prisme

Ère mécanique

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ÉDITO

I

Regart s’intéresse à l’Art sous toutes ses formes, il est l’expression de l’être

humain et ses réflexions poussées sur la société. L’environnement dans

lequel chacun s’épanouit est analysé, apportant un regard avant-gardiste

envers le monde de demain. La pandémie qui a touché notre planète,

a donné naissance à de nouveaux modes de vies, après une année

au ralenti, 2021 marque un renouveau pour tous les secteurs d’activités.

C’est pourquoi nous avons fait le choix de consacrer ce premier numéro

à l’art numérique, une forme qui, depuis l’arrivée de l’épidémie, ne cesse

de croître. La technologie au service de l’artiste offre une vision différente

de l’oeuvre qu’il créée : l’imatériel devient tangible. Un mouvement issu

des années 80 ressurgit, influençant l’art, la mode, le cinéma, la musique

ainsi que l’architecture : le genre Cyberpunk. Cet univers futuriste met

en scène une société asservie par la technologie, dans un décor ultra

urbanisé, à l’instar des mégalopoles asiatiques. Son esthétisme séduit par

ses couleurs néons, ses looks futuristes en cuir ou vinyle, et son caractère

anti-conformiste. Nous nous sommes intéréssés à ce que sera le monde de

l’après-covid et quels changements il a engendré. Ce magazine incarne

la rencontre entre l’Art et la Mode, deux entités étroitement liées depuis

des siècles. À travers l’analyse de la Mode, l’oeil averti de Regart démontre

l’influence de notre environnement sur la créativité humaine, mais aussi de

la technologie qui s’imisce davantage dans les grands noms de la Mode.

Rédacteurs

JADE PAPE, CHIARA GALLIANO, LISA PERRIN, VICTOR

La rédaction

BOMBENON & LEEVAN DEFIGUEREIDO

Graphistes

JADE PAPE, CHIARA GALLIANO, LISA PERRIN, VICTOR

BOMBENON & LEEVAN DEFIGUEREIDO

Photographes

JADE PAPE, CHIARA GALLIANO, LISA PERRIN, VICTOR

BOMBENON & LEEVAN DEFIGUEREIDO

Imprimerie MASSÉNA NICE

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A

L’Art numérique insuffle un

R

I

renouveau dans la Mode

Outre les effets bénéfiques sur le besoin d’engagement

pour le consommateur de la part des

marques, c’est le petit écosystème de la mode

qui a dû revoir son mode de fonctionnement.

L’année 2020 n’a pas été facile, l’industrie a été l’une des

plus touchée avec la fermeture des boutiques lors des différents

confinements, l’annulation des défilés et les changements

d’habitudes liés au télétravail. Cette nouvelle

année a démontré qu’investir dans le numérique est la clé

pour perdurer dans un secteur en mutation. Nombre de

marques s’essaient à l’hybridation entre le monde réel et

virtuel, la Fashion Week 2021-22 en a été l’exemple parfait,

avec des défilés 100% digitaux, les marques ont rebondi

pour continuer de susciter le désir auprès de leur clientèle.

Dans ce climat toujours incertain, les acteurs de la

mode tentent de s’adapter à la conjoncture actuelle,

laissant derrière eux la cohue des salles remplies

lors des fashion shows. Regarder un défilé derrière son

ordinateur tout seul chez soi est presque devenu une

norme pour les professionnels du secteur. Le point positif

de cette numérisation des défilés reste la démocratisation

de ce milieu relativement élitiste et fermé,

en effet, les défilés sont à la portée de tous désormais.

La crise sanitaire n’a pas engendré qu’un impact

négatif sur notre monde. Lors du premier

confinement, on a pu voir de nombreux individus

prendre du temps pour eux, développer

leur créativité ou se lancer dans l’introspection

d’eux-mêmes et ce qui les entouraient.

D’innombrables prises de conscience ont été

permises grâce à ce ralentissement de la vie,

voire ce temps de pause sur une société en

perpétuel mouvement. Face à ce rythme effréné

l’être humain lambda ne s’accordait pas

le temps pour des réflexions sur les problématiques

environnementales ou sociétales, la semaine

était réservée aux activités professionnelles

et le week-end à la détente. Aucune

journée pour se questionner sur son épanouissement,

aucune remise en question concernant

son mode de vie et de consommation.

La pandémie a fait l’effet d’une piqûre de rappel,

démontrant que nous n’étions que des passagers

assis sur des sièges éjectables, et que

la valeur numéraire n’était pas une panacée.

NUMERIQUE

Côte style, le télétravail a accru la quête de

vêtements confortables et facile d’entretien,

nous libérant des injonctions vestimentaires

de l’environnement professionnel. L’essor

des collections dédiées aux vêtements d’intérieur

en est la preuve tangible, marques et

magazines doivent faire preuve de créativité

pour le lancement de nouveaux produits.

Tous les corps de métiers ont été bousculés,

les modèles reçoivent directement les

produits chez eux et les diffusent via leurs réseaux

ou sur ceux des marques : l’identité digital

des mannequins sur les réseaux sociaux

serait-elle en phase de devenir leur cv ?

I

L’industrie textile elle-même s’est vu digitaliser, en

effet, en 2020 le salon professionnel « Première vision

», où les acheteurs du monde entier se ruent pour

commander les tissus qui feront les collections à venir

et observe les tendances de la filière, s’est vu basculer

sur un modèle 100% digital. Seul ombre au tableau

la notion de toucher est impossible avec une

version numérisée, le salon espère revenir à une version

hybride ou « Phygital » pour septembre 2021.

T

Le défilé restant le début de la communication d’une marque,

il ne peut disparaitre, c’est là que l’Art numérique va insuffler

un renouveau dans la manière de communiquer avec le public.

On assiste à la naissance d’un nouveau genre de défilés

: des shows 2.0 s’apparentant à des fictions où l’esthétique

rivalise avec le militantisme mis en avant au sein de celles-ci.

Au-delà de la mise en place de nouvelles formes de défilés, il faut

prendre en compte que le e-commerce connait une croissance

exponentielle, avec de nouveaux procédés de vente et d’achat.

En Chine, le live streaming a rencontré un vif succès, ce procédé

de vendre un vêtement via un live orchestré sur les réseaux sociaux

est devenu une norme dans « l’Empire du milliard ». L’interface des

sites internet des marques doivent être redesigner et offrir une expérience

immersive 100% digitale avec par exemple, l’ajout de

véritables conseillers de vente, mais version 2.0. Le Phygital est le

but que se fixe les marques, mais que signifie ce terme ? Phygital

est la contraction de physique et digital, en somme c’est le fait de

combiné l’activité physique d’une marque avec son activité numérique,

utilisant des technologies de pointe et des outils innovants

au service du grand public afin d’améliorer l’expérience client, mais

également le marketing déployé par la marque. C’est ce format

hybride que l’industrie de la mode souhaite implanter pour le futur.

La distanciation sociale issue de la pandémie

a donc donné naissance à de nouvelles

formes de consommation, de communication et

d’achat. Une crise sanitaire ébranlant toutes

les filières de l’industrie, qui semblent prendre

la direction du Phygital, reste à voir ce que

l’après-Covid réserve au secteur de la Mode.

UMERIQUE

6 7

6 - MODE

MODE -

N

7

I



Fashion

Une Fashion Week digitalisée sera-t-elle la norme de demain ?

WEEK

Alors que la pandémie de Covid-19 continue de sévir sur l’hexagone et par-delà nos frontières, c’est tout un écosystème qui doit revoir

son mode de fonctionnement. L’ère des défilés aux montants faramineux rassemblant des milliers de personnes en un même lieu dans

une effervescence digne d’un championnat du monde de football, est révolue. En ces temps d’incertitudes, que devient la création ?

Où puise-t-on l’inspiration, quand, depuis plus d’un an la vie semble ralentie. Bars, restaurants, clubs, musées, et dans certaines régions,

boutiques sont proscrits, qualifiés de « non-essentiels », alors comment infuser la vie au sein de ses défilés désormais 2.0 ? La Mode et

ses acteurs ont dû composer avec cette nébuleuse problématique. Ces artistes que sont les designers n’ont pas relégué la créativité

au second rang, se servant de la paralysie mondiale comme inspiration. La Fashion Week 2021-2022 a troqué ses allures de méga

shows pour des défilés digitaux, annonçant le début d’une nouvelle ère : celle du digital. L’accélération de la numérisation de notre

société, générée par le Covid, permets à la Mode de s’initier aux nouvelles technologies pour la mise en place des défilés. Désormais

dénué de contraintes de temps et d’espace que permet la « phygitalisation », les défilés abordent la mise en scène de leur défilés à

la manière de courts métrages.

Cette saison la Fashion Week Fall Winter 2021-2022 matérialise de réels engagements au travers d’un prêt-à-porter destiné à une élite.

Renaissance également du style futuriste, la tendance apparue dans les années 60 a été remastérisé par nombre de marques.

Tout ce que l’artiste peut espérer de mieux c’est d’engager ceux qui ont des

yeux à regarder aussi.

Georges sand

I

Le défilé digital Balmain en est l’exemple. Le jeune designer

Olivier Rousteing s’inspire du défilé d’après-guerre de Monsieur

Balmain, où le monde était en reconstruction. Bousculé par la pandémie,

il imagine la mode des années 2500 et met en scène des

mannequins sur la ligne de départ d’un vol à destination de la Lune.

Élégante et conquérante, la femme Balmain semble prête pour la

guerre avec des combinaisons d’aviateurs et des pièces argentées

métaphorisant des couvertures de survie. L’évasion reste une des inspirations

centrales, largement influencée par la conjoncture actuelle.

Les avions étant cloués au sol, le jeune créateur et ses mannequins

transforment ces appareils immobilisés en véritable catwalk : preuve

vivante que la créativité est immuable.

Givenchy a organisé un décor relativement sombre aux airs

post-apocalyptique et au sol inondé d’eau. Le designer Mathew

Williams a proposé des silhouettes all-in-black inspirées du style Punk

voire gothique avec des chaussures à plateforme XXL, des manches

à la largeur/longueur XXL ainsi qu’une prédominance de cuir. La

lourdeur des matières et la construction géométrique des vêtements

suscitent l’idée de protection au travers des pièces proposées.

Pour cette collection, le designer s’est penché sur la notion de «

caché-dévoilé ». Serait-ce la métaphore d’une époque où la théorie

du complotisme monte en flèche ? Ou encore l’expression d’une

dualité chez l’être humain, entre son besoin d’intimité et l’exhibition

de sa vie privée sur les réseaux sociaux ?

L

Dolce & Gabbanna a voulu retranscrire l’idée d’une numérisation de la Mode avec une

scénographie reprenant le code couleur des écrans de télévisons et plaçant au centre

du podium un robot. Des silhouettes arborant des couleurs néons, des manteaux en plastiques

transparents, ainsi que des visières en guise de masque anti-Covid.

Un appel implicite à la nostalgie d’une époque où les nightclubs et l’effervescence des

corps se pressant sur les pistes de danse existaient encore.

Annakiki, marque chinoise entrée dans le calendrier de la fashion week

de milan depuis 2017, nous a interpellé par l’esthétisme futuriste de ses

silhouettes. Anna Yang, la designer, s’est inspirée de « Source code », film

américain où le protagoniste vit et revit les 8 dernières minutes de la vie

d’une autre personne dans un espace parallèle. Un défilé digital représentant

des espaces cosmiques où les époques sont matérialisées en quatre

décors juxtaposés : Décor 1/ l’exploration des clubs underground et les

secrets de la technologie, Décor 2/ l’esthétisme moderne de l’univers il y a

soixante ans, 3/ le futurisme via la silhouette rebelle, 4/ l’univers Annakiki et

son approche de l’espace.

La designer propose des matériaux réfléchissants et des formes 3D dans la

construction des manches accentuant le volume des pièces.

Le messsage d’Annakiki ? Étendre les limites du design, sortir des sentiers

battus et explorer les impacts entre le présent et le futur.

« La mode, la technologie et l’esthétique ne sont plus séparées mais étroitement

mélangées. » cite la créatrice afin d’expliquer sa vision de la mode.

Louis Vuitton a choisi Le Louvre pour son défilé, orchestré

au milieu de statues gréco-romaines, clin d’œil à sa collaboration

avec Fornasetti, atelier italien fondé par le peintre

du XXème siècle Piero Fornasseti, dont la marque éponyme

a pour but d’intégrer l’Art dans la vie quotidienne. Le message

a été respecté par la maison, avec force dessins de

l’artiste apposés sur la célèbre toile monogramme. Une notion

futuriste est relayée par la bande son interprétée par

le célèbre duo de musique électronique Daft Punk, ayant

pour identité physique des allures de robot avec le port

constant de casques futuristes et opaques.

« En tant que créateur, je suis captivé depuis toujours

par la capacité de la mode à évoquer simultanément le

passé, le présent et l’avenir » explique le designer Nicolas

Ghesquière concernant sa démarche pour cette collection.

Encore une fois, la notion de temporalité et son influence

sur la société est représentée au travers du vêtement.

A

8 - MODE

MODE - 9



Valentino succombe aux totals looks noir et blanc dans son premier défilé unisexe, et

Minterprète un style controversé : le Punk chic. Avec le choix d’une palette de couleur

limitée à ces deux nuances, le designer Pierpaolo Piccioli se concentre sur le vaste

panel de matières qu’il peut utiliser. Une proposition de silhouettes riches en matières

et textures, mêlant sévérité et romantisme. La notion de dualité semble ressortir sur

de nombreux défilés cette année, coïncidence ou véritable réflexion sociologique ?

Dior déploie un décor aux tons sombres dans son défilé digital nommé « Beauté dérangeante

». La designer Maria Grazia Chiuri s’inspire de la thématique du conte de fées

des Temps Modernes, empreint d’un air de dramaturgie. Au niveau du décor, la maison

a fait appel à l’artiste Silvia Giambrone, à qui l’on doit la « Galerie des ombres » dans

laquelle a été filmé le défilé. Une réalisation subversive où d’opaques miroirs appellent à

la réflexion concernant l’image de la femme entretenue par la société.

Les looks sont puisés dans les codes d’un « Punk chic », avec le travail d’une découpe

destroys sur les pulls, le choix de rangers surcloutées et l’utilisation de matières en cuir.

Un jeu de lumière clair-obscur, l’utilisation du noir et blanc dans la composition des

silhouettes, et une fin de défilé se terminant sur de somptueuses robes de princesse

marquent encore cette notion de contraste présente chez de nombreuses marques cette

année. La profusion de longs manteaux dans lesquelles les mannequins se réfugient, est

une incitation à la réflexion sur la notion du vêtement comme refuge dans une époque

troublée.

O

Fendi a implanté un décor où cohabitent colonnes grecques et néons blancs, conférant

au décor une impression de « cyberespace ».

Le nouveau designer Kim Jones a voulu mêler ces constructions en décomposition, inspirées

de l’Antiquité gréco-latine ainsi que l’alignement de néons blancs, afin de représenter

la distinction entre l’ancien Fendi et le début d’un Fendi des Temps Modernes.

Silvia Venturini Fendini, petite fille des fondateurs de la maison italienne et créatrice

du fameux « sac baguette », prête sa voix pour la bande son du défilé dans laquelle

elle déclame : « What is normal today ? », incitant à réfléchir sur les normes sociétales

actuelles.

Concernant les silhouettes, le regard s’arrête sur des pièces aux allures duveteuses et

réconfortantes dans lesquelles on voudrait s’enfouir, voire s’y cacher. L’idée de vêtement-refuge

est encore exploitée sur le catwalk, mais cette fois-ci sur celui de la maison

italienne.

DSalvatore Ferragamo, dans une scénographie aux néons futuristes, dépeint une société

à la pointe de la technologie. Une collection nommée « Future positive » dans

laquelle le designer Paul Andrew, rend hommage à l’état d’esprit du fondateur éponyme

de la maison. On décèle l’influence de la science-fiction avec des inspirations

cinématographiques comme Matrix ou Bienvenue à Gatacca.

Les pièces néo-futuristes sont accompagnées d’un style militaire, aux couleurs vives, et

légion de cuir sur les silhouettes. Une démonstration de capes, de pantalons plastifiés

et de vestes en polychlorure de vinyle.

Sportmax, maison italienne pionnière du streetwear moderne, propose des looks à la

Matrix, célèbre film de science-fiction des années 90 qui a marqué les esprits avec

l’omniprésence de longs trenchs noirs en vinyle.

Le goût prononcé de la maison, d’inspirations contemporaines, pour les manches à la

longueur XXL accentue l’impression de bras tombant ou calfeutré dans le vêtement.

La manière dont le défilé est filmé, l’utilisation d’un plan en plongée avec un traveling

de haut en bas décuplent l’idée d’une scénographie déstructurée. La présence de

lustres en cristal Ebrisé au sol démontre cette notion de destruction, semblant dénoncer

l’opulence alimentée par la société.

Du côté de la Maison française Elie Saab, c’est encore l’idée de dualité qui est représentée

avec une majorité de noir et de blanc. Dans un espace à l’éclairage blanc

composé de colonnes anguleuses, l’obscurité du décor et les imposantes colonnes

intensifient la froideur de l’atmosphère ambiante.

La couleur argentée orne des looks « all-in-black », associée à de longs manteaux

noirs et des jupes destroy rappelant l’univers Punk. Un déferlement de silhouettes vêtues

de capes et de bottes de cuir à talons dresse le portrait de la femme prête à

conquérir le monde, ou bien le combattre.

10 - MODE

MODE - 11



2Courrèges a choisi la station Gare des Mines pour son défilé, haut lieu pour l’underground

parisien. Nicho di Felice, le designer actuel de la maison française, fait écho à

la jeunesse contrainte à l’immobilisme avec cette collection nommée

« i can feel your heartbeat », message explicite à l’attention des jeunes générations.

0 .

Yohji Yamamoto, la maison représentative du style Punk par excellence, a réalisé un

défilé dans une scénographie sombre. Une proposition de silhouettes noires, épurées

aux formes géométriques pour marquer la signature du designer japonais. Un style

dénué de superflu délivrant un message à l’égard des femmes enfermées dans des

dogmes sociétales archaïques.

Cécilie Bahnsen, la designer danoise imagine pour la marque du même nom, un décor

sombre jouant avec les lumières urbaines. Filmé en intérieur/extérieur, le défilé débute

avec une courte introduction où les silhouettes sont recréées sous forme d’animations

crayonnées. Les mannequins, emmitouflées dans des tissus confortables et opaques,

renforcent la notion d’un « vêtement-refuge ».

Isabel Marrant, a imaginé une scénographie implantée dans un parking ressemblant à un

vaisseau spatial, nous plongeant dans une atmosphère brutale semblant sortir d’un film de

science-fiction apocalyptique.

La designer nomme ce show 2.0 un « Défilmé », fortement inspirée par la crise sanitaire elle

aborde la thématique de l’évasion, évoquant le futur et la mode de demain.

Un air de fête inspiré des nineties se retrouve dans la composition des silhouettes structurées

à l’esprit Folk sixties, s’entremêlé à l’esthétique underground conférant par l’univers ambiant.

Ce vestiaire a pour aspiration d’égayer ces temps moroses, et retranscrit le manque de vie

nocturne causé par la crise sanitaire.

12 - MODE

13



Certaines tendances sont récurrentes cette saison.

Pour l’automne-hiver 2021-22, l’utilisation de noir et blanc comme couleurs prédominantes,

retranscrivent l’incarnation d’une notion de dualité au sein de notre société.

Les silhouettes aux inspirations futuristes sont nombreuses, démontrant alors une réflexion des

créateurs sur un monde en transition. Le digital a fortement influencé les scénographies, dépourvues

d’artifices, mais se concentrant principalement sur l’esthétisme des images filmées

ainsi que les jeux de lumières. Sans contraintes de temps et d’espaces, la créativité a atteint

son paroxysme avec la conception de décors au design géométrique baignant, pour la

plupart, dans des éclairages de néons blancs et des lieux innatendus.

Une envie de briser le conformisme transparait à travers la profusion de looks semblant sortir

de films de science-fiction aux thématiques dystopique et post-apocalyptique.

Enfin la notion de « vêtement-refuge » a été décelé sur une majorité de défilés, avec cette

profusion de longs manteaux, de pièces XXL et de matières confortables. Un prêt-à-porter

de luxe absorbant l’humain, qui semble se complaindre dans cette caractéristique réconfortante

attribuée au vêtement. Une référence à notre société actuelle ?

tendance

La mode, la technologie et l’esthétique ne sont plus séparées mais étroitement mélangées.

14 - MODE

15



FASHION

Week

Des codes similaires à ceux de la mode

féminine ressortent, avec une prédominance

de couleurs sombres et une réflexion

poussée sur la notion de « vêtement

refuge ». Chamboulés par un mode

de vie en pleine transition, les designers

ont, pour beaucoup, diffusés des messages

engagés concernant des problématiques

liées à la crise sanitaire ou

à l’environnement.

Fashion Week Automne-Hiver 2021/22 : Et pour la gent masculine ?

Les défilés sont de réelles performances

artistiques, où le designer met en scène

sa vision du monde en la liant aux vêtements

qu’il crée.

Le label chinois Sankuanz a proposé

un défilé au décor de ville fantôme

post-apocalyptique, filmé la

nuit dans les coursives de la Dame

de fer, sans quitter la Chine. Grâce

à la digitalisation des défilés, le

designer Zhe Sangguan a eu l’idée

de réaliser son défilé dans le quartier

de Tiandu Cheng à Hangzou,

où une reproduction faisant un tiers

de l’originale a été construite. Le

designer a souhaité représenter un

style agressif avec du all-in-black,

des vestes cloutées, des tee-shirts

destroys et une appétence pour le

cuir. L’utilisation de couleurs néons

dans la composition des silhouettes

confirment un engouement général

autour de ses couleurs vives pour

l’hiver prochain.

Yohji yamamoto est l’une des rares marques,

présentant une collection où la majorité des

silhouettes étaient composées de masques. Le

designer Yohji Yamamoto a voulu représenter

le fait qu’au sein de la société certaines

personnes portent des masques et d’autres

pas. Une envie de se concentrer sur la façon

dont les gens portent les masques, au sens

propre du terme, dans la rue. C’est pour le

designer japonais une simple observation qui

en dit long sur la société. Toujours dans une

démarche dénonciatrice, des messages sont

inscrits sur les vêtements, faisant référence à

des problématiques politiques, environnementales,

animales ou sanitaires. Le créateur se

positionne comme témoin de son époque et

de ses failles.

Juun j, la marque coréenne, met en scène des

hommes et des femmes se croisant en montant

et descendant des escaliers, ces silhouettes

imposantes sont la marque de fabrique du

créateur. Dans ce film réalisé en noir et blanc,

l’image se colorise parfois un instant ou ralentit,

une façon de mettre en avant les pièces

réinterprétant l’essence-même de la marque

connue pour ce mélange entre style extravagant

et tenue classique.

Un défilé qui interroge sur le rapport aux

autres, d’autant plus depuis la crise sanitaire.

Namacheko, la marque suèdoise, a choisi

de faire défiler ses silhouettes dans la

pénombre accentuée par un écran de

fumée teintée par des éclairages de différentes

couleurs, conférant au décor une

atmosphère à la Blade Runner. Des focus

sur les vêtements permettent de distinguer

des détails référant au style punk/glam, une

collection intitulée « Plato’s FALLOUT », faisant

ressortir l’idée d’une sortie de bunker

post-apocalyptique.

Botter a démontré son engagement environnemental

avec la diffusion d’un film montrant

la « Botter Coral Nursery », initiative

pour la protection de la barrière de corail.

La marque belge souhaitait mettre en

avant sa lutte en faveur de l’environnement

avec une collection nommée « Romancing

the Coral Reef », proposant des silhouettes

ornées de leurres de pêche dans un décor

sombre et épuré.

Phipps a réalisé un film à la manière d’un

blockbuster américain pour présenter son

défilé, une réalisation mettant en scène les

dangers du réchauffement climatique. Entre

défilé et film la barrière est fine depuis l’apparition

des Fashion Week digitales, rendant

extensible et sans limite la créativité

des designers.

Jil Sander, la marque allemande, met en

avant des silhouettes imposantes dans un

décor d’immeuble désaffecté, portant une

attention à l’équilibre entre les opposés.

La collection est une succession de vêtements

doux et lisses face à un décor froid

et austère, une scénographie incarnant le

paradoxe entre le besoin d’intimité et de

contact de l’être humain.

Uniforme, la jeune marque française engagée

dans la durabilité du vêtement,

a fait passer un message fort lors de son

dernier défilé. Un mannequin brandissant

un étendard « SLOW DOWN » porté en

guise de cape a rappelé son positionnement

en faveur d’une mode responsable

et durable. Ici, comme sur de nombreux

podiums, les looks aux inspirations militaires

semblent marqués la tendance cette saison.

La Mode se prépare-t-elle à affronter

un nouvel assaut de la pandémie ?

Lemaire : selon le designer c’est la notion

de vêtement refuge qui a été explorée, au

travers de silhouettes surgissant de l’obscurité

et s’entrecroisant sans jamais se toucher,

enfouies dans des vêtements confortables.

Dior, la célèbre maison de mode française,

sur un autre registre, a organisé un défilé

où l’art s’est mélangé à la mode. Le

designer Kim Jones a fait le choix de collaborer

avec l’artiste Peter Doig, peintre

figuratif dont la signature est sa manière

de représenter la nature. Dans cette collection,

certaines pièces sont travaillées

par l’artiste, adoucissant le style militaire

des looks rigoureux rappelant la prédominance

de silhouettes aux allures d’uniformes

de guerre cette saison.

Les créateurs ont été relativement influencés

par la crise sanitaire et le vêtement

a été le moyen d’expression de

cette influence. Beaucoup d’engagements

chez les marques cette année,

faisant le parallèle avec la prise de

conscience qu’a engendré la pandémie

et ses confinements successifs. Un

bouleversement qui a fait ressortir la

créativité des designers à travers leurs

scénographies et le détail apporté

aux films présentant leurs collections.

Nombre de looks font référence aux uniformes

militaires ou empruntent certains

codes du genre Punk. Cet Automne/Hiver

2021-22, c’est une majorité de silhouettes

imposantes et une notion de

dualité qui est retranscrite au travers

des pièces proposées par les créateurs.

Une belle façon de conclure sur

le fait que la transition engagée et

digitale s’immisce encore davantage à

l’intérieur de la sphère mode.

16 - MODE MODE - 17



CYBERPUNK

La tendance du cyberpunk, ou l’anti-conformisme version 2.0

Cette année, la Fashion Week a été marquée par une mutation des traditionnels méga shows en faveur

de la technologie. L’évènement mode de l’année a revêtu un costume 2.0, engendrant une accélération

de la transition digitale par les marques. Avec une pandémie comme colocataire de notre planète,

c’est tout un mode de vie qui a dû être revu. Si, depuis des décennies, l’humain a imaginé quel serait

le monde de demain à travers de nombreuses suppositions : voitures volantes, quotidiens entièrement robotisés...

Il ne se doutait pas qu’une crise sanitaire serait l’instigatrice de la croissance exponentielle du digital.

Dans le secteur de la mode, lors des défilés

automne-hiver 2021-22 nombre

de looks similaires ont été décodés :

composés de cuirs, de longs manteaux,

d’une prédominance de noir, d’argenté

ou encore d’une explosion de couleurs

néons. Simple hasard ? Dans la

création, le hasard n’est qu’un concept,

voir le style futuriste s’entremêler à des

looks Punk à un nom : le cyberpunk.

Une tendance qui a envahi les podiums

aux airs post-apocalyptiques

et aux décors futuristes.

Mais pourquoi cet engouement

autour du cyberpunk ?

Des films datant des années 80 ayant pour point commun de dépeindre des villes très proches des mégalopoles

asiatiques d’aujourd’hui. Citons également le film 1984 qui a donné naissance au fameux « Big Brother »,

personnage ayant pour rôle de surveiller chaque individu dans son quotidien. Il est aisément plausible de faire

un parallèle de ces œuvres visionnaires avec la société actuelle. En 2021, Big Brother prendrait les traits des

GAFAM, rappelant que Google, Facebook, Apple, Amazon et Microsoft sont toujours à l’écoute de nos appareils.

En 1984, le roman « Neuromancier » verra le jour emboitant le pas au genre cyberpunk. Dans ce roman pionner

du genre, l’auteur William Gibson

se demandera, sept ans avant l’invention

d’internet puis des smartphones, si

l’être humain continuera d’exister sans

la technologie, et si sans elle, il existera

encore dans la société, son homologue

numérique sera-t-il son véritable « lui

» ? Tout cela des années avant l’apparition

des premiers réseaux sociaux.

Côte style, le télétravail a accru

la quête de vêtements confortables

et facile d’entretien, nous libérant

des injonctions vestimentaires

de l’environnement professionnel.

Ce mouvement anticonformiste 2.0

est né dans les années 80, la crise

sanitaire a mis en lumière des failles

sociétales déjà présentes, rendant la

partie immergée de l’iceberg visible.

La pandémie a permis à de nombreux

individus d’avoir une réflexion sur la société

actuelle et son futur, le genre cyberpunk

en est la parfaite illustration.

Mais qu’est-ce que le cyberpunk,

et d’où vient-il ?

La contraction « cyberpunk » associe

deux idées en une même définition

: le mot « cyber », ici, dépeint

une vision pessimiste d’une

société absorbée voire dépassée

par la technologie, en venant à recourir

à la cybernétique pour rester

concurrentielle face aux intelligences

artificielles. En somme, c’est le portrait d’un futur proche très sombre et dénué de tout espoir.

Le mot « punk » désigne une forme d’activisme social sous-jacent, souvent

anti capitaliste, avec des critiques de l’économie, de la politique et du progrès.

L’association de ces deux mots forme le genre Cyberpunk, un style qui caractérise de nombreuses œuvres cinématographiques,

mettant en scène des civilisations devenues esclaves de la technologie, se demandant quelle

est la place de l’individu dans la société. Pour illustrer ce propos, il est possible de se référer à Blade Runner,

un film dont l’esthétisme a posé les fondamentaux du genre cyberpunk, ou encore Akira et Ghost in the shell.

L’essor des collections dédiées aux

vêtements d’intérieur en est la preuve

tangible, marques et magazines

doivent faire preuve de créativité pour

le lancement de nouveaux produits.

Tous les corps de métiers ont été

bousculés, les modèles reçoivent directement

les produits chez eux et

les diffusent via leurs réseaux ou sur

ceux des marques : l’identité digitale

des mannequins sur les réseaux

sociaux serait-elle en phase

de devenir leur curriculum vitae ?

L’industrie textile s’est vue digitalisée.

En effet, en 2020 le salon professionnel

« Première vision », où les acheteurs

du monde entier se ruent pour commander les tissus qui feront les collections à venir et observe les tendances de

la filière, s’est vu basculer sur un modèle 100% digital. Seule ombre au tableau, la notion de toucher est impossible

avec une version numérisée, le salon espère revenir à une version hybride, ou « Phygital », pour septembre 2021.

La distanciation sociale issue de la pandémie a donc donné naissance à de nouvelles formes de consommation,

de communication et d’achat. Une crise sanitaire ébranlant toutes les filières de l’industrie, qui

semblent prendre la direction du Phygital, reste à voir ce que l’après-Covid réserve au secteur de la Mode.

L’ère du digital semble enclenchée et l’avènement des nouvelles technologies en est le point de départ.

18 - MODE MODE - 19



YUIMA

NAKA

Yuima Nakazato est un designer japonais avant-gardiste. Issu d’une

famille portée sur l’Art avec un père sculpteur et une mère joaillère, le

jeune créateur a grandi dans un environnement artistique et s’est naturellement

tourné, plus tard, vers la mode et le textile. Après des années

d’auto-apprentissage, il étudie au département de la Mode

ZATO

de l’Académie Royale des Beaux-Arts à Anvers, en Belgique. Une fois

diplômé, il obtient le prix du meilleur nouveau créateur de l’année

au Mainichi Fashion Grand Prix Shiseido Award, en 2017. De plus, il

rafle la mention honorifique du prix international Ars Electronia pour

la science, la technologie et les arts STARTS. Il gagne également plusieurs

prix européens tel que l’International Talent Support, plus grand

concours de mode du monde, en 2008 et 2009 à Trieste, en Italie.

Fortement influencé par les métiers

de la création et de la

construction tels que l’ingénierie,

l’artisanat, l’architecture ou encore

l’art, Nakazato prône l’audace.

Porté par trois valeurs fondamentales

tel que le « cosmos »,

le « futur » et la « nature », il réalise

de véritables œuvres d’art.

C’est par ailleurs grâce à son originalité

qu’il entre à la Chambre

Syndicale de la Haute Couture de

Paris en 2016. Il fait donc partie

des nouveaux jeunes créateurs

sur le marché. Durant son parcours,

il crée tout d’abord des costumes

de scènes pour le théâtre,

dans son pays natal jusqu’à

créer ceux des Black Eyed Peas.

Cet avant-gardiste inépuisable

se lance dans l’invention de

nouvelles méthodes de fabrications

numériques de vêtements. Il

utilise des imprimantes 3D dans

ses créations ainsi que l’UV par

exemple. L’utilisation de matériaux

non traditionnels est une

véritable signature. Grâce à ses

techniques innovantes, il réalise

des vêtements en PVC Hologram,

de façon aussi high-tech que la

mode japonaise. Inspiré par la

science-fiction et la notion de

futurisme, le créateur imagine ses

vêtements comme une extension

du corps humain, une véritable

dimension profonde. Grâce à ses

progrès, il lui est aujourd’hui possible

de créer une pièce, aussi

futuriste soit elle, en moins de 24

heures, en fonction de la demande.

Il a donc créé le TYPE-1, dans

un principe de « couture sans

couture ». N’utilisant ni fil ni aiguille,

cette technique permet

de personnaliser la forme ou la

taille d’un vêtement presque sans

fin. De plus, le biosmocking est

un principe né de son imagination.

Cette méthode consiste à

modéliser le textile afin de créer

des textures tridimensionnelles

en contrôlant avec précision les

textiles dits « brewed protein ».

Ce principe de protéines brassées,

issues de la start-up japonaise

Spiber, est utilisé par le

créateur car ce type de protéines

se contractent une fois

plongées dans l’eau. Il est alors

possible de contrôler les formes

de la pièce grâce au numérique,

toujours dans un but de repousser

les limites de la Haute Couture

tout en la démocratisant.

« On peut créer huit looks à partir

d’une robe. Comme il n’y a pas de

coutures, c’est très, très malléable»,

explique-t-il dans un communiqué.

Toujours selon lui, l’évolution

du vêtement est un facteur clé

pour la vie future de l’humanité.

ACTUALITE

Toujours dans un principe de numérisation

et suite à la crise sanitaire

qui a impacté le monde actuel,

Nakazato a présenté sa collection

Haute Couture 2021, intitulée AT-

LAS, en ligne. Il fait même bien plus

que s’adapter à ce nouveau procédé

en créant un véritable court

métrage qui retrace l’entière élaboration

du vêtement.

C’est une unique silhouette qui s’articule

autour du « boro », un textile

japonais composé de fragments

raccommodés. Au niveau de

la fabrication, il a plongé ses tissus

colorés dans un réservoir d’eau à

la manière d’une araignée qui restaure

ses toiles grâce à l’eau. Ensuite,

grâce au numérique, il lui a

été possible de moduler la forme

du vêtement. Cette création s’inspire

d’un univers futuriste de part le

processus de fabrication 2.0 mais

également la forme volumineuse des

accessoires. Il complète son look à

I

COLLECTION HAUTE COUTURE 2021

l’aide de gants à plis en accordéon

ou encore d’un couvre-chef

façonné à l’image d’une impératrice

de science-fiction.

Il diffuse un message fort en dévoilant

sa muse sur ce projet. En effet,

il choisit la mannequin américaine

Lauren Wasser, autrefois amputée

des deux jambes suite au syndrome

du choc toxique. Le créateur lui

confectionne une paire de bottes

futuristes et dorées en adéquation

avec son handicap afin de propager

sa vision d’une nouvelle ère selon

laquelle la mode doit s’adapter

à la singularité de chaque habitant

de cette planète. Dans son court

film, il dévoile ainsi les ressentis du

modèle, qui évoque, par ailleurs, le

fait que c’est grâce aux nombreuses

avancées technologiques et aux

artistes comme Yuima Nakazato qu’il

est aujourd’hui possible pour elle de

marcher et de s’exprimer malgré son

manque de mobilité.

Avoir premièrement deux jambes, puis avoir ces jambes-là, je peux définitivement dire que c’est grâce à la

technologie que je suis devenue la femme que je suis aujourd’hui ainsi qu’être capable de bouger comme

je le fais. Je suis sûre que nous allons tous avoir besoin d’un type de technologie quelconque pour nous

faire avancer et devenir de meilleurs humains dans le futur et je suis l’avant-garde. Oui, je suis le futur.

LAUREN WASSER

20 - MARQUE À L’HONNEUR MARQUE À L’HONNEUR - 21



ACTUALITE

ALTERNATIVE PROJECT : FACE TO FACE

Suite à la pandémie de Covid-19

qui a bouleversé le

calendrier de la semaine de

la Haute Couture en 2020, Nakazato

a su réagir. En imaginant une

tout autre expérience autour de sa

collection Printemps-Été 2021, le

jeune japonais a fait sensation de

par sa résilience. À l’honneur : vingtcinq

chemises blanches. A l’aide

de ces simples chemises, celui-ci a

réussi à produire une démonstration

originale diffusant l’émotion.

Dans une période où les interactions

sociales ont été remplacées

par des discussions virtuelles, sa

collection diffuse son véritable désir

de renouer avec le monde. Le

designer effectue alors une vidéo

où il se met en scène et interagit

avec ses clients à travers l’écran.

Ce principe, intitulé « Face to Face

», lui permet en second lieu de

créer, en fonction de la demande

de ses clients, une véritable pièce

d’art sur la simple base d’une chemise

blanche. Cette dernière étant

une pièce classique et se trouvant

dans presque toute garde-robe,

le designer demande à chacun

de lui raconter l’histoire de cette

pièce s’il en a une, sa provenance

ou encore la raison pour laquelle

elle est encore dans leur dressing.

Lorsqu’il trouve une source d’inspiration,

Yuima N. dessine quelques

croquis avant d’arriver à un résultat

satisfaisant. En finalité, bien que

ces vingt-cinq silhouettes soient

très différentes, kimono traditionnel,

veste inspirée de Basquiat ou

encore chemisiers drapés, elles

créent une réelle harmonie liée

à la couleur blanche reflétant la

paix et l’espoir d’un monde apaisé.

De plus, ce concept innovant

est une manière toute particulière

de garder le lien avec sa clientèle

de tout âge, tout sexe ou encore

toute nationalité. Ainsi, Nakazato

perpétue une valeur fondamentale

propre à la Haute Couture, la personnalisation

d’une pièce unique

et toute l’histoire qu’elle retrace.

Ce « Face to face » avec

ses clients permet de transformer

une pièce basique et intemporelle

en chef d’œuvre.

Son adaptation à la « nouvelle

normalité » restera une expérience

enrichissante pour l’upcycling par

ailleurs. Nakazato s’inscrit dans les

enjeux écologiques en donnant

une seconde vie à ces chemisiers

ainsi qu’une toute nouvelle allure.

Grâce à son concept, le créateur

reste fidèle à ses valeurs depuis

la fondation de sa marque, avec

des vêtements sur mesure destinés

à un public plus large dans le but

de démocratiser la Haute Couture

qui reste un milieu très fermé.

I

ses COLLECTIONS FUTURISTES :

LES EMBLÉMATIQUES

I

COLLECTION

HAUTE COUTURE

PRINTEMPS-ÉTÉ 2018

I

I

C’est durant le défilé Haute Couture Printemps-Été

2018, intitulée Harmonize que Yuima

Nakazato crée la fascination. Il joue

avec un espace extra-atmosphérique pour

cette collection évoquant le futur. Porté par

des valeurs de préservation de l’environnement,

et en concertation avec l’Agence Japonaise

d’Exploration Aérospatiale, il élabore

ses nouveaux modèles à travers la

reconstitution de combinaisons d’astronautes.

Cette collection se décline en manteaux, blousons,

pantalons, tuniques ou encore robes évasées

fabriquées entièrement grâce à des matières

recyclées telles que de la toile de parachute,

de la suède ou encore du tissu plastifié pour airbag.

L’artiste est enraciné dans un concept de

vêtements du futur grâce aux matériaux d’hier.

COLLECTION

HAUTE COUTURE

AUTOMNE-HIVER 2016

Pour sa première collection en tant qu’invité à la Chambre Syndicale de la

Haute Couture, le jeune créateur japonais a fait sensation. Dévoilant ses nouvelles

techniques de fabrication, à travers sa collection « Unknown », celui-ci

fait honneur à cette entité. Ses looks futuristes sont réalisés grâce à

une technique innovante faite pour « tromper l’œil ». Inspiré par les paysages

islandais et les aurores boréales, il dévoile une collection aux couleurs

chatoyantes et lumineuses. Ces créations originales ne sont en réalité qu’un

assemblage d’origamis réalisés sur des feuilles de film PVC holographiques.

Une fois soigneusement découpées et reliées, ces feuilles de films permettent

de créer de véritables parures en trois dimensions. Afin de les réaliser, Nakazato

s’est servi de l’imprimante à jet d’encre UV Acuity Select 20, fournie

par l’entreprise FugiFilm, de manière à créer ces effets spéciaux. Cette collection

est une vraie association entre la nature, l’être humain et la technologie.

22 - MARQUE À L’HONNEUR MARQUE À L’HONNEUR - 23



hors

normes

Haut asymétrique en maille côtelée noir - THEORY

Haut façon corset en coton noir - RENAISSANCE

Pantalon droit à taille haute en cuir noir - SAINT LAURENT

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Lunettes de soleil dynasty rectangle noires - BALENCIAGA

Gilet sans manches re-nylon noir - PRADA

Blouse en mousseline de soie noire - SAINT LAURENT

Short en cuir noir - DOLCE & GABBANA

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Veste oversized jaune - BALENCIAGA

Top moon rouge et noir - MARINE SERRE

Réedition mini jupe en vinyle rouge - COURRÈGES

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34 35



CRYPTO

NFT : ces actifs numériques seront-ils l’avenir ?

MONNAIE

I

C’est sur ce dernier point que le NFT révolutionne le monde

de l’Art. Ces derniers mois, ces jetons non-fongibles ont donné

naissance à l’art-crypto, apportant une nouvelle source de

revenus aux artistes. Les NFT sont un écosystème stratégique

également pour les marques de luxe et le secteur de la mode,

les consommateurs sont prêts à payer car le concept d’actif

unique sur une blockchain est attractif. En effet cette nouvelle

gamme d’actifs spéculent sur la rareté du jeton, cette

notion de rareté et de valeur numéraire réservée à une élite

s’accorde parfaitement avec l’image que le marché du luxe

entretient depuis des décennies.

Pour l’artiste, les NFT permettent de prouver la provenance

d’une oeuvre, luttant ainsi contre la contrefaçon, et permet

d’améliorer l’efficacité du marché de l’art numérique en facilitant

les transactions. Pour résumer, le crypto-art fait référence

à une œuvre d’art se servant de la technologie blockchain

sous la forme de ces jetons non fongibles (non-échangeables/unique)

afin d’être infalsifiable et authentique, qu’elle

soit une œuvre numérique ou physique.

CRYPTO ART ART

CRYPTO

Cette dernière décennie, la cryptomonnais

a considérablement été au coeur

de nombreuses spécuations. Une nouvelle

forme de monnaie dite « numérique

» indépendante des réseaux bancaires

n’étant pas émise par une autorité centrale

comme un État par exemple. Ce type

de monnaie transite via un réseau d’ordinateur,

c’est une monnaie virtuelle échangée

sur Internet. La monnaie cryptographique

ponnière a été le Bitcoin, ce nom

semble familier ? C’est normal, le Bitcoin a

été l’instigateur de cette nouvelle forme

d’argent, transformant la monnaie virtuelle

en un investissement lucratif et rentable.

La pandémie a conféré un nouveau statut

à ces monnaies virtuelles, le cours du

Bitcoin s’est, par exemple, envolé d’environ

130% les dix premiers mois de l’année

2020. La cryptomonnaie étant désormais

considérée comme une valeur refuge en

période de crise, car elle ne dépend et

n’est pas régie par une autorité centrale

au sein d’un pays. C’est également l’explosion

des néo banques, très prisées par

les jeunes générations, une preuve que le

secteur économique enclenche lui aussi

une transition digitale.

La dernière actualité notable dans la «

sphère cryptomania » est l’essor des NFT,

Non-Fungible Tokens, ces actifs numériques

non fongibles ont été créés en 2017 par

Dieter Shirley.

Regart a analysé ce qu’était un NFT, pour

simplifier sa définition. C’est un jeton numérique

attribué à un produit ou un service

virtuel, non-interchangeable d’où le terme

non-fongible. Comparé au Bitcoin qui peut

être échangé par un autre Bitcoin, le NFT

est unique car il possède des caractéristiques

qui lui sont propres, et se base sur

la technologie « blockchain ».

Blockchain, quézako ? C’est une technologie

de stockages et de transmission d’informations,

représentant un portefeuille de

cryptomonnaie fournissant des données

et statistiques sur les cryptomonnaies ainsi

que sur l’ensemble de leurs transactions. En

somme, c’est une base de données spécifique

à cette nouvelle forme de monnaie

virtuelle, permettant de certifier, de tracer

et de savoir qui est le détenteur de celleci.

Est-ce encore nébuleux ? Afin d’étayer ce propos, voici

l’exemple de la maison de mode Gucci qui, après

avoir lancé des sneakers numériques, crée une série

de baskets en réalité augmentée sous forme de NFT.

Un exemple démontrant l’intérêt des marques pour les

technologies de pointe, la réalité virtuelle étant au

cœur des tendances montantes, voir d’innombrables

mastodontes du luxe suivre l’exemple de la griffe italienne

ne serait pas étonnant. Pour diffuser sa série de

baskets, la marque a collaboré avec Wanna Kicks, une

application conçue pour essayer les sneakers et qui

maitrise parfaitement la réalité augmentée.

À savoir que les sneakers virtuelles n’auront pas d’homologues

réels à porter, est-ce le début d’une nouvelle

façon de s’habiller, ou seulement une tendance

éphémère ? Le temps et les nouvelles générations

comme la Gen Z le définiront.

36 - DÉCOUVERTES DÉCOUVERTES - 37



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CESAR

malfi

I

Alors ça revient à la question pourquoi l’art dans la rue,

parce que je pense que l’art c’est une matière qui doit être

ouverte à tout le monde, surtout en ce moment, parce que

les musées et les galeries sont fermés. De ce fait il n’y a plus

du tout cet accès à la culture et l’art c’est quand même une

source d’émotion et pour moi c’est important que les émotions

soient dans la rue, pour moi l’environnement dans lequel on

est, est un musée à ciel ouvert et c’est pour ça que je me met

dans cette démarche-là.

Donc, tu es pour que l’art soit public et ouvert à tous ?

Absolument

Comment est-ce que tu définirais ton style ?

I I

J’ai été énormément influencé par le graffiti donc on pourrait

dire que j’ai un style un peu graphique, anamorphique, je

pense que ce n’est pas vraiment à moi de le définir, c’est plus

à ceux qui le vivent de me donner leur perception. J’aime bien

laisser mon art ouvert aux interprétations.

Comment as-tu commencé ?

Présentez-toi-en quelques mots

Je m’appelle César Malfi, 25 ans, street artiste Niçois, ancien

étudiant en droit, aucun rapport (rires), parcours un peu

spé et activiste pour le développement des cultures urbaines

dans le monde

Est-ce que tu peux nous expliquer ta démarche artistique ?

Je m’intéresse énormément au sens du street art, c’est-à-dire

le sens sémantique que ça prend et pour moi le street art

même s’il peut exister dans les musées, les galeries il ne faut

pas perdre de vue que sa place et dans la rue car pour moi

c’est l’essence même du street art, c’est d’être dans la rue et

s’adapter à l’architecture ça rend ta pièce unique, il y a que

à cet endroit-là qu’elle peut exister et vivre et donc ça colle

au vrai concept de street art.

Tu parles beaucoup de street art mais pourquoi est-ce que ce

mouvement te plaît autant ?

II

Longue histoire mais sympa, j’avais 15 ans, j’ai dû quitter le

lycée dans lequel j’étais, j’ai commencé à trainer dans la rue

un peu le soir, les bombes de peinture, les voies ferrées, les

autoroutes, et au fur et à mesure j’ai eu besoin d’aller un peu

plus loin dans cette démarche-là. En fait je voyais qu’il y avait

des gens qui étaient réceptifs à mes peintures mais j’avais l’impression

de pas transmettre le bon message, c’est donc pour

cela que j’ai voulu évoluer dans ma démarche et vraiment

m’intéresser à ce que je vais apporter au regard des gens qui

vont voir mes pièces.

A l’origine c’était une activité un peu anticonformiste pour être

un peu en marge de la société et après tu as voulu l’affiner ?

En fait j’ai juste voulu affiner le message parce que je me rendais

compte que mes peintures se voyaient et donc c’était

vraiment important de peut-être aller créer une émotion chez

la personne qui le voit, tu vois, qu’il y est vraiment un dialogue

entre la personne qui fait la pièce et la personne qui la voit,

qui la vit.

II

38 - INTERVIEW

39



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Quelles sont tes inspirations ?

Elles sont multiples, je vais te donner des noms d’artistes si ça

te vas, il y a Shu qui est le pionnier du mouvement graffiti en

Europe et quali graffiti mondialement qui est une grande inspiration

pour son style, pour sa justesse, pour sa maîtrise après il

va y avoir Wild Drawing qui est quelqu’un qui fait énormément

d’anamorphose dans un style un peu plus réaliste et sinon en

terme de mouvement je crois que le mouvement qui m’intéresse

le plus c’est le mouvement artistique de la renaissance pour

ce qu’il a apporté à l’art.

Et pourquoi la renaissance, par rapport au renouveau, aux couleurs

?

Oui par rapport à ce que ça a amené à l’humanité de manière

générale, la révolution que ça a créé dans les esprits et

puis en terme picturale je pense que ça reste le sommet de

l’art, je veux dire on ne pourra jamais élever le niveau au-dessus

de ce qui a pu être fait à ce moment-là.

Par rapport aux peintures est ce que tu peux nous citer une

oeuvre qui t’inspires de la renaissance ?

Il y a Raphaël l’école d’Athènes c’est un tableau qui représente

tous les philosophes de l’époque antique et je crois que

c’est le tableau qui m’inspire le plus, je reproduis énormément

de personnage de ce tableau, les couleurs sont fascinantes,

franchement je pense que c’est le tableau que j’aime le plus.

C’est le message ou la palette de couleurs et la réalisation ?

C’est le mélange des deux, la manière dont il présente les

choses, techniquement c’est vraiment un chef d’œuvre déjà

avec l’œil d’artiste et puis même ça représente tous les courants

philosophiques, toutes les manières de penser de l’époque,

c’est ça qui est vraiment intéressant dans cette œuvre.

Es-tu engagé, souhaites-tu dénoncer quelque chose, des faits

sociétaux, ou faire passer un message, une critique de la société,

ou faire réfléchir les consciences ?

Alors sur certaines de mes œuvres j’essaie d’avoir un message

plus puissant que sur d’autres alors oui je pense qu’il y a des

vrais maux sociaux et sociétaux notamment sur l’épanouissement

personnel et la place qu’on laisse aux humains pour se

développer en tant que tel.

Donc le message serait de s’épanouir en tant qu’être humain ?

C’est ça, se développer, aller chercher, relever des défis, pour

moi le bonheur c’est quelque chose qui se partage on ne

peut pas être heureux seul. C’est pour cela que c‘est super

important d’avoir des gens heureux autour de soi donc il faut

rendre les gens heureux.

Tu peux nous parler de whole street asso ?

C’est l’initiative d’Otom Art, l’un de mes meilleurs amis, qui, 8

ou 9 ans auparavant a lancé cette initiative à Nice. C’est

une association pour développer les cultures urbaines donc

ça passe par le graff mais ça peut aussi être le bmx, le skate,

toutes les cultures qu’on pouvait qualifier antérieurement d’alternative

et qui maintenant se démocratise. Tom mène cette

asso d’une très belle manière puisqu’il nous permet de décrocher

énormément de mur dans la ville et surtout de faire

avancer l’art et toutes les cultures urbaines à Nice.

Quels sont vos relations avec les autorités de la ville ?

J’ai aucun problème avec les autorités de la ville et même je

dirais presque que je les salue (rires), je pense qu’ils font leur

travail au même titre que moi donc il faut qu’on cohabite.

T’est-il déjà arrivé de tagger de manière informelle ?

II

Quel est ton parcours ? tu nous as dit que tu faisais du droit

avant de faire du street art ?

Alors du coup j’ai fait basiquement un bac ES après je suis

parti en Fac de droit, j’ai obtenu ma licence et je me suis inscrit

en master et je n’y suis absolument jamais allé et à partir

de là je suis parti en voyage pendant deux ans, j’ai peint un

peu partout en Europe, en Afrique et quand je suis rentré en

France je me suis dit qu’il fallait que je me consacre à ce que

j’aimais vraiment.

Tu as rencontré des artistes, tu as pu travailler avec des artistes

internationaux ?

Oui notamment en Espagne mais c’était toujours dans la partie

underground du mouvement (rires) ce n’était pas encore

vraiment aux yeux de tout le monde.

Penses-tu que le street art a pris de l’ampleur sur ces dernières

années, c’est vrai qu’avant c’était un mouvement anticonformiste,

et là, çela devient de plus en plus un art à part entière

Alors je trouve cette question assez marrante parce que pour

moi le street art ça existe depuis la nuit des temps. Si les

grottes de Lascaux existent c’est qu’il y a un humain qui a écrit

sur un mur. Le fait que les gens disent qu’avec de nouvelles

interprétations le street art est un nouveau mouvement révolutionnaire

me dérange. Qui n’a pas écrit sur les murs durant

son enfance ? En soit le mouvement n’est pas extraordinaire, il

est juste humain.

C’est plus la légitimité du mouvement qui a été remise en cause

et oui c’est clair que ça s’est démocratisé. Qui préfère avoir

un mur gris plein de projections plutôt qu’une œuvre énorme ?

C’est même comme ça que j’ai commencé et je l’ai fait pendant

des années. C’est ce qui m’a apporté ce goût pour la

peinture, la partie qu’on ne voit pas dans le graffiti c’est énormément

d’adrénaline, de sensations, un esprit d’équipe, une

solidarité. Il y a énormément de valeurs humaines derrière cela

et je pense qu’il faut le rappeler car ce n’est pas un mouvement

uniquement qui dégrade, il faut prendre conscience des

choses c’est de l’art rupestre selon moi, je pense qu’il faut le

dédramatiser.

As-tu des clients ? comment çela fonctionne-t-il ?

Oui je travaille énormément avec des entreprises ou même

avec les communes, en fait je suis ouvert aux propositions de

toutes les personnes qui ont besoin d’art, je suis prêt à les aider

et à développer leur projet.

La ville peut-elle te solliciter pour des tags comme les galeries

Lafayette l’ont fait ?

Oui oui absolument on l’a déjà fait à l’Allianz Riviera. Avec

notre association on a ouvert un mur d’expression libre à

l’avenue du XVème corps donc oui oui d’ailleurs pour le coup

je salue la mairie de Nice de s’ouvrir à ce mouvement-là.

selon toi, l’art est-it utile à la société et quel est le rôle de

l’artiste ?

Pour moi le rôle de l‘artiste est multiple, chaque artiste a sa

propre définition de son rôle. L’artiste peut dénoncer mais il y

a aussi un côté graphique dans l’artiste, il peut y avoir l’artiste

qui fait du boulot juste pour plaire, et qui n’est pas forcément

là pour dénoncer. Chaque artiste se met dans sa propre case

et développe son style en fonction de cela. Je ne pense pas

que l’artiste doit nécessairement être engagé, forcément il a

des valeurs qui le portent, mais si on parle d’engagement

dans le sens politique je ne pense pas que la qualité d’artiste

est inhérente à un engagement politique.

Le Covid t’a-t-il impacté, toi, l’association ou le street art en

général ?

En termes de conditions sanitaires on n’a pas eu de réels problèmes.

Concernant ma démarche créative, j’ai énormément

besoin de mes libertés et c’est vrai que le premier confinement

a été une période difficile, c’était bizarre de devoir être enfermé,

de plus avoir le contact humain qui nourrit énormément

mes créations. À partir du dé confinement, ça a commencé à

aller mieux parce que des projets se sont relancés, ce qui a

un peu remis de la force créative.

Concernant la réalisation d’euvres, cette période compliquée

a-t-elle influencé ta productivité, étais-tu sollicité ?

Eh bien paradoxalement, c’est depuis le Covid que j’arrive

à vivre de mon art. Finalement ça a été plutôt une bonne

période sur le plan professionnel, même si j’espère que ça se

terminera le plus rapidement possible.

Penses-tu savoir pourquoi le Covid a permis à ton art de devenir

ton métier ?

Je pense que les gens ont besoin de joie, de couleur, de vie et

une œuvre d’art c’est quelque chose qui donne de la vie. On

ne se sentira jamais seul si on a des tableaux chez soi.

40 - INTERVIEW INTERVIEW - 41

II



I

I

I

I

I

I

I

I

Que penses-tu de la tendance du cyberpunk ?

Alors déjà je trouve que graphiquement c’est vraiment exceptionnel.

J’ai énormément de respect pour les artistes qui exploitent ce mouvement-là.

Ce côté urbain et un peu morose, c’est quelque chose que

je trouve assez fort. Intellectuellement je t’avoue que je ne connais

pas assez le mouvement pour pouvoir donner mon avis là-dessus.

Penses-tu que l’art numérique peut être une nouvelle forme d’art à

part entière au XXIème siècle ?

Avant de me lancer dans l’art j’ai été graphiste. Pendant que j’étais

en voyage je faisais des missions freelances donc oui pour moi l’art

numérique doit se développer. Je pense que c’est dans l’ère du

temps, la société et les technologies avancent. L’art va forcément

suivre cette transformation.

As-tu une anecdote à nous raconter ?

Il y a quelques mois, pendant l’une de mes peintures nocturnes, il

m’est arrivé une mésaventure. Je me suis électrocuté sur les rails de

la voie ferrée, 2500 volts, une semaine à l’hôpital et oui j’avoue que

depuis cela je vois l’art différemment. (rires)

D’ailleurs, il n’y a pas longtemps j’ai dû faire une fresque où je devais

marquer « le courant passe », petit mémo a ce qui m’est arrivé cet

été c’était assez sympa. (rires)

Quelle est ton oeuvre personnelle préférée ?

Celle réalisée pour les Galeries Lafayette je l’aime beaucoup. C’est

la pièce où j’ai vraiment réussi à créer le plus de communication

avec les gens.

II

TENDANCE DANS L’ART DIGITAL POUR 2021

C’est à travers des avancées technologiques aux croissances

exponentielles que l’art digital a façonné son univers.

L’art numérique ou « média art » est une forme d’art qui regroupe la réalité virtuelle

et augmentée,

la science-fiction, l’intelligence

artificielle,

l’art génératif ou encore

l’art intégratif.

Grâce à des logiciels

informatiques tels que

le pack Adobe, Inkscape

ou encore Pixlr,

il est aujourd’hui possible

d’exprimer sa

créativité derrière un

écran d’ordinateur.

C’est le point de rencontre

entre l’artiste

et la technologie.

C’est donc grâce

à ces nouveaux

moyens que différents

mouvements artistiques

ont émergé.

Le futurisme est un

mouvement artistique

né dans les années

80 qui consiste à visualiser

le monde de

demain à travers des

idées extraites du

monde d’aujourd’hui.

Plusieurs thèmes y

sont abordés comme

la haute technologie

ou encore l’astronomie

et ce concept

d’ « inaccessibilité ».

Le rétro-futurisme

est un condensé

entre le passé

et l’avenir.

C’est le futur vu

du passé et le

passé vu du futur,

en quelques mots. Il

met en scène une imagerie

utopique quant à

l’avenir de la société. Il

ne représente pas la réalité

actuelle mais seulement

des prévisions

quant aux générations

futures. Les formes en

sont donc géométriques

et les couleurs plutôt

vives. La tendance

émergente du cyberpunk

transmet aussi un

esthétisme artistique représenté

par des jeux

de lumières ainsi que

des néons aux couleurs

éclatantes. L’univers du

cyberpunk, né d’un jeu

vidéo dans les années

1980, se développe

cette année et devient

plus concret. C’est, par

ailleurs, grâce à la sortie

du jeu vidéo CyberPunk

2077, en décembre

2020, que ce mouvement

renaît. Partant de

l’art jusqu’à la mode en

passant par le cinéma

ou encore la musique,

celui-ci plonge les

spectateurs dans une

atmosphère dystopique

voire post-apocalyptique.

Il met en forme les

technologies avancées

au sein d’une population

futuriste imaginée

dans un monde où les

robots et les machines

ont entièrement pris la

place de l’Homme. Ce

mouvement s’ouvre à un

univers plus contemporain,

comme le prouve

la réalité virtuelle où en

se parant d’un casque l’individu est plongé dans un monde parallèle. Cette tendance est l’actuel reflet

d’une société où les nouvelles technologies s’imiscent dans les foyers, faisant partie intégrante de la vie

quotidienne de chacun.

42 - INTERVIEW DIGITAL - 43



TENDANCE DANS L’ART DIGITAL POUR 2021

S’observe aussi le romantisme austère.

Un courant à tendance mélancolique

qui prend racine en 2021

après une année chaotique. Ce mouvement

n’est que réponse à la pandémie qui

touche le monde actuel. Il s’inspire du romantisme

du XIXème siècle mais lui confère

une touche de modernité. Il transmet un

réel désir de connexion avec la nature

lorsque le confinement oblige à s’enfermer

chez soi. Cette tendance émergente

reste tout de même fidèle à des motifs

floraux, des couleurs neutres ainsi qu’au

côté plutôt classique et traditionnel de

l’Art. De plus, le Romantisme Austère reste

une approche contemporaine et offre un

design épuré. Ce mouvement dit « austère

» révèle un désir collectif de s’évader

d’un mode de vie anxiogène qu’impose

la conjoncture actuelle. Cet univers froid

et sombre transmis par cette forme artistique

rejoint la tendance du cyberpunk

qui prône l’idée d’évasion et d’espoir

pour un avenir meilleur.

De plus, l’Art digital amorce une nouvelle tendance, le vaporwave rétro. A l’origine né

d’un courant musical dans les années 90, ce mouvement s’allie aujourd’hui au cyberpunk

et au futurisme. Il se caractérise par la transmission d’un univers nostalgique contrasté par

des couleurs vives grâce à des illustrations vectorielles. Il est, par ailleurs, une critique

directe de la société. Ce mouvement artistique milite contre la société de consommation

ou encore le capitalisme. Cette année, il répondra à la situation sanitaire et aux mesures

gouvernementales prises au cours de l’année 2020.

Les couleurs 2021 révèlent une certaine

contradiction. Le choix de couleurs plutôt

vives est lié à l’espoir d’un monde plus

joyeux et la renaissance du bonheur au

sein d’un quotidien hostile. A contrario,

le noir et le blanc, toutes deux reflétant

la synthèse de toutes les autres couleurs,

sont également en vigueur cette année.

Celles-ci traduisent le rejet d’un monde

à 2000km/h instauré par la société mais

aussi la notion de dualité la caractérisant.

Elles viennent rompre un monde jugé

trop capitaliste pour réinstaller l’espoir

d’une vie plus douce, plus classique et

donc plus séduisante pour certains. De

plus, elles évoquent le minimalisme face au

consumérisme du XXIème siècle. Un design

militant qui encourage à se relever

face aux décisions gouvernementales qui

privent les citoyens de leurs libertés.

L’Art reste un moyen d’exprimer, à travers

une oeuvre, un regard porté sur l’état

d’une société à l’instant-T.

44 DIGITAL - 45



LA NOUVELLE FORME D’ART S’ÉCHINANT POUR SA LÉGITIMITÉ

I

I

I

numerique

I

La ruée vers le numérique a engendré un essor considérable d’artistes digitaux.

Si l’image de l’artiste peignant ses tableaux est encore très présente dans l’inconscient

général, l’artiste 2.0 réalisant ses œuvres à coup de logiciel photo ou

de technologies de pointe est en passe de devenir la norme. Cette nouvelle forme

d’Art est fortement influencée par la crise sanitaire ayant contraint la disparition

des expositions physiques. Jusqu’alors l’art numérique devait faire face à une problématique

majeure : comment signer et certifier une œuvre immatérielle ?

L’artiste Mike Winkelmann a encrypter sa signature en utilisant la blockchain, une

plateforme sécurisant le stockage d’information, pour pallier cette problématique

récurrente. Ces données uniques et indissociables de l’œuvre empêchent sa

duplication, et donc la possibilité de contrefaçon très présente sur le marché de

l’Art. Labellisée par une nouvelle monnaie numérique en vogue nommée NFT, l’œuvre

est informatiquement liée à son propriétaire, c’est la naissance du crypto-art.

Mais d’où provient cette monnaie ayant enclenché une révolution dans le monde

de l’Art ?

Cette nouvelle forme d’art, considérée comme la plus

jeune, reste méprisée par les puristes de la sphère

artistique et se bat pour être accepté.

Récemment, la maison de ventes aux enchères Christie’s

a, pour la première fois dans l’histoire de la vente

aux enchères, mis en vente une œuvre intégralement

digitale.

Cette œuvre a été réalisée par l’artiste américain

Mike Winkelmann connu sous le nom de Beeple, et s’intitule

« Everydays : the first 5000 days », composée

de 5000 images de tailles et de formes diverses se

présente comme une vaste mosaïque colorée. Avec

l’entrée d’une œuvre digitale chez une maison de

vente à la renommée internationale comme Christie’s,

la preuve que les nouvelles technologies entrent

dans les mœurs et façonnent l’Art contemporain de

demain est indéniable.

L’œuvre d’art a donc été vendu à 69,3 millions de

dollars. Pour l’artiste, l’œuvre numérique est le prochain

chapitre de l’histoire de l’Art. Ce type d’œuvres

était déjà produit depuis longtemps mais aucun

moyen de les collectionner n’existait.

La création des NFT a permis de lier l’artiste à l’œuvre

permettant un essor des artistes digitaux, et rendant

leur travail certifié, identifiable et protégé de toute

contrefaçon.

Cette légitimée commence doucement à s’instaurer

dans le monde de l’Art, c’est la Superchief Gallery, à

New York, qui a inauguré le premier espace d’exposition

physique exclusivement consacré aux NFT. Une

première mondiale qui pourrait se voir emboiter le pas

par de nombreux autres galeristes. La fièvre des NFT

semble se propager, bien que certains acteurs du milieu

estiment que le crypto-art ne représente qu’une

bulle spéculative.

L’intérêt d’exposer des artistes numériques au sein de

galeries est le suivant : montrer au public que ces

créations 2.0 sont de véritables œuvres d’art, signées

par des artistes.

Avec l’ouverture de cet espace, la montée des NFT ou

encore la vente aux enchères d’une œuvre intégralement

digitale, l’art numérique, encore abstrait pour

le grand public, devient réel, adoptant une posture

légitime pour les visionnaires.

Avant de permettre l’arrivée de la crypto monnaie, il a

fallu attendre la maturité de la technologie. Une attente

qui s’achève, laissant place à une conjoncture charnière

pour l’art numérique avec une technologie mûre,

permettant la création et la mise en place de la crypto

monnaie NFT via les blockchains.

Pour résumer de manière brève et simplifiée, les

blockchains sont des bases de données virtuelles qui

contrôlent et supportent les NFT, ces jetons uniques et

non-interchangeables faisant office de certificat d’authenticité

pour les œuvres d’Art.

Cette nouvelle façon d’aborder l’œuvre d’art numérique,

dont la caractéristique première est son immatérialité,

se nomme crypto-art et elle permet de légitimiter

les artistes digitaux.

C’est le commencement d’une nouvelle ère : le numérique.

Toutefois, même si une mutation dans le domaine artistique

s’observe, l’art numérique prend la place vacante

du Street Art et du graffiti qui ont mis des décennies à

être acceptés et reconnus en tant qu’Art.

46 - DIGITA L

DIGITAL - 47



TENDANCE

L’Essor des artistes digitaux

Le numérique, utilisé pour créer des œuvres

qui seront vendues et achetées à montants

dispendieux est une nouvelle forme

d’art qui connait une croissance exponentielle

sur le marché.

L’artiste Grimes a, par exemple, vendu une

collection de dix œuvres au total pour 6 millions

de dollars. Cette collection est centrée

sur un avatar numérique aux allures de démon

nouveau-né.

La vente d’œuvres numériques a été possible

grâce à la création d’une cryptomonnaie

nommée NFT ou jetons non fongibles.

Ce jeton unique et non interchangeable fait

office de certificat d’authenticité ou de titre

de propriété pour l’acquéreur, permettant

d’assurer à celui-ci que l’œuvre lui appartient.

Les NFT sont à l’origine de l’explosion du

marché des œuvres numériques. Auparavant,

les acheteurs étaient frileux d’investir dans

une œuvre immatérielle car aucune garantie

d’authenticité ou droit de propriété tangible

n’existait réellement. Les NFT permettent de

créer ce certificat, le rendant formel et légal,

: c’est la naissance d’un nouveau segment sur

le marché : le Crypto-Art.

Ce marché de l’art numérique se démocratise

davantage, preuve en est que

la maison de vente aux enchères américaine

Christie’s a, pour la première fois,

a mis en vente une création entièrement

numérique en février 2021. Les enchères

pour l’œuvre « Everydays : The first 5 000

days » de l’artiste Beeple sont montées

jusqu’à 69,3 millions de dollars.

Toutefois, les œuvres numériques peuvent

être admirées gratuitement sur de nombreux

profils Instagram d’artistes digitaux,

un réseau social faisant office de portfolio

pour ces artistes d’un nouveau genre.

48 DIGITAL - 49



Les passionnés d’Art ayant fait le choix

de payer pour l’obtention d’une version

de plus grande qualité, possède également

un droit de propriété engendré

par le biais des NFT, leur permettant de

revendre l’œuvre et d’obtenir un bénéfice

si sa valeur augmente avec le

temps.

En février 2021, 91 millions d’œuvres

numériques ont été achetées grâce

aux NFT, des chiffres qui explosent et

ne cessent de croître. À savoir que la

plupart de ces œuvres se vendent sur

des plateformes entièrement conçues et

dédiées à la vente d’Art numérique.

Cette nouvelle façon d’appréhender

l’art stimule la création des artistes, et

leur permettent de toucher à de nouvelles

techniques de conception 2.0.

GALERIES

2.0

OÙ se procurer des OEuvres digitales ? Les galeries 2.0

I

Grâce à l’essor des artistes digitaux, nombreux sont les amateurs

de formes d’art novatrices qui souhaitent investir et se procurer

leurs propres œuvres. Il n’est donc pas surprenant que les plateformes

de vente d’art en ligne soient davantage prisées qu’il y a

quelques années, des galeries 2.0 qui permettent alors la propagation

de l’Art numérique. Du numérique vendu par voie numérique, une

belle mise en abyme démontrant la digitalisation de notre société.

Derrière ces plateformes se cachent des sociétés spécialisées dans

le trading. Une de ces sociétés se nomment Gemini, la plateforme

d’échange de crypto monnaie, a fait, l’année dernière, l’acquisition

de Nifty Gateway. Cette fusion des deux sociétés permet d’étendre la

portée de la cryptomonnaie à d’autres concepts. La plateforme Nifty

Gateway, spécialisée dans la vente d’œuvres d’art digitales, a l’ambition

de devenir l’ «Amazon» des NFT, la monnaie virtuelle dont découle

le crypto-art. L’association de ces deux entreprises, et l’ambition

commune qui les animent, pourrait les hisser en tant que référence du

secteur pour l’achat et la vente d’objets d’art de collections digitales.

L’art basé sur les NFT est sur le point de devenir

la prochaine force réellement disruptive

dans le marché de l’art.

Noah davis, spécialiste de l’art contemporain

L’utilisation de ces techniques de conception

2.0 via des logiciels de création

permet également de créer des œuvres

en mouvement, ce qui n’était pas possible

avant l’apparition du numérique.

Ce milieu est d’autant plus fructueux pour

les acteurs de ce nouveau segment du

marché de l’art, car outre le fait d’acquérir

une œuvre numérique, la possibilité

de revente afin de générer un bénéfice

sur celle-ci est tout à fait envisageable.

Ce marché en plein essor nécessite toutefois

d’avoir de solides connaissances

du marché de l’art, afin investir dans des

œuvres numériques qui pourront se revendre

le double, voire le triple de leur

prix initial.

50 - DIGITAL DIGITAL - 51



Concernant l’acquisition d’œuvres digitales, il y a deux sites de

référence : le fameux Nifty Gateway, cité plus haut, ainsi que Super

Rare, la plateforme la plus renommée pour vendre ou acheter de

s oeuvres digitales. Ces deux sites possèdent un large panel de

collections, ce sont de véritables galeries virtuelles empruntant

les codes de l’interface des plateformes de vente en ligne avec

la notion de drop, de teasing et l’apparition de compte à rebours

pour le lancement de séries limitées. La particularité de ces plateformes

est qu’elles assurent à l’artiste une visibilité et une sécurité,

utilisant les FNT comme monnaie d’échange entre l’acquéreur et

le créateur de l’œuvre. Nombreux sont les artistes exposant leurs

œuvres sur ces deux plateformes, les prix affichés varient grandement

: de 200 à 12490 dollars par exemple.

Comment cela foncionne-t-il en pratique ?

Le principe est simple : Lors de l’achat d’un actif numérique ou NFT,

ce derner sera unique et non interchangeable. De ce fait, le NFT

acheté sera relié à l’œuvre d’art comme un certificat d’authenticité

ou un droit de propriété.

Ceci présente alors une aubaine pour le détenteur d’une œuvre

digitale qui n’aura plus à craindre la contrefaçon puisque l’œuvre

sera certifiée et aura une valeur inaltérable qu’il fasse le choix de

la conserver ou de la revendre.

Le NFT prend différents types de formes : des images jpeg, des

GIFS, des vidéos ou encore des tweets. Pour la forme tweet, cela

peut paraître surprenant mais n’est-ce pas le propre de l’Art ? Pour

étayer ce propos, il est important d’évoquer l’exemple de la mise

en vente du premier tweet de Jack Dorsey, le co-fondateur de Twitter.

Les 2,9 millions de dollars générés par la vente de ce tweet

ont fait s’enflammer la ferveur suscitée par les NFT.

Depuis le début de l’année 2021, un réel intérêt pour les NFT est

suscté sur le marché de l’Art, déclenchant la ruée vers le numérique

chez les collectionneurs. Tout le monde a déjà vu le meme du

chat Nyan Cat, ce chat ressemblant à une biscotte rose propulsé

par un arc-en-ciel aux couleurs vives ? À savoir qu’une version remasterisée

du GIF d’origine s’est vendue sur une de ces plateformes

aux allures de galerie 2.0 pour la somme de 470 000 euros.

Férues d’art numérique, voici quelques comptes instagram :

@nft.magazine - premier magazine de crypto-art

@niftygateway - marketplace d’œuvres d’art digitales exclusives

et limitées

@superrare.co - marketplace d’œuvres d’art digitales exclusives

et limitées

@opensea - marketplace d’œuvres d’art digitales exclusives et

limitées

Les marketplaces d’art numérique sont en train de devenir « the

place to be », la crise sanitaire limitant les déplacements et les

échanges internationaux, ces galeries 2.0 font vraisemblablement

apparition dans une période propice à leur développement.

52 DIGITAL - 53



CANAL 2.0

L’EXPLOSION DES APPLICATIONS ET LOGICIELS DE MONTAGES EN 2021

Outre les logiciels photographiques destinées aux professionnels,

l’intérêt des nouvelles générations pour les applications

de montages photographiques ne cessent de

croître. Le confinement a réellement influencé le vif succès de

VSCO, Lightroom, ou encore PicsArt. Ces applications ont été

massivement téléchargées lors du premier confinement pour

pallier l’ennui créé par celui-ci. Ainsi, nombre d’individus se

sont découvert un talent pour le montage photographique.

Ce premier confinement a été bénéfique concernant la création

de contenus artistiques, allant même jusqu’à lancer des

challenges sur Tik Tok, tel que le « Renaissance Painting Art »

début-2021. Ce challenge montre des créateurs se transformant

en œuvre d’Art semblant sortir d’un musée, sollicite des

talents de créations et une connaissance de l’application

PicsArt couplé à Videoleap. Katarina Mogus, célèbre influenceuse

Tik Tok, a publié un didacticiel afin de partager la

méthode de conception de ce montage mêlant contenus

photographiques et vidéos. Ce challenge a comptabilisé plus

de 365 millions sur les vidéos les plus populaires, preuve de

l’intérêt que les nouvelles générations sont beaucoup plus

portées sur ces nouvelles formes d’Art que leurs prédécesseurs.

La démocratisation de l’utilisation de logiciels photographiques

démontre une société qui se modernise, laissant place

à une nouvelle génération plus connectée et sensible à cette

forme d’Art novatrice. L’apparition de nombre d’écoles supérieures

enseignant le maniement de ce type de logiciels permet

d’étayer la constatation que le monde professionnel est

également en transition. L’intérêt des recruteurs pour des profils

ayant une parfaite connaissance et maitrise de ces outils 2.0

ne cesse d’augmenter, la communication digitale étant un

canal clé pour les marques. Une communication 2.0 accélérée

par l’épidémie de Covid, ou lors de la fermeture simultanée des

points de ventes physiques, les marques ont dû alimenter leurs

réseaux sociaux et générer du trafic sur leurs sites web pour

continuer d’entretenir le lien avec leur clientèle. Un évènement

majeur ayant impacté les marques et leurs écosystème respectifs,

les poussant à remettre en question leurs formats online,

jusqu’alors délaissés par la majorité d’entre elles.

De nombreuses plateformes et applications permettent de

créer du contenu digital.

L’année 2021 est riche en progrès techniques, quantité d’artistes

se digitalisent diffusant leurs œuvres via les réseaux sociaux.

En l’espace d’une décennie, le digital est devenue la

norme en termes de communication, de style de vie et d’interactions

sociales.

Tous les domaines amorcent une transition digitale et la crise

sanitaire a permis une accélération de celle-ci.

Si les nouvelles générations semblent porter moins d’intérêt à

l’Art dans sa généralité, une nouvelle vague d’artistes nommés

« artistes digitaux » émerge, créant nombre d’œuvres par le

biais de logiciels de montages photographiques.

Relativement décrié par le grand public, le logiciel de montage

photographique Photoshop a souvent été pointé du

doigt à cause de photographies ultra retouchées dans les

pages des magazines de mode, ou plus récemment sur les

réseaux sociaux. Une altération de la réalité créant des complexes,

malgré sa mauvaise réputation auprès du grand public,

le logiciel explose et convertit davantage d’adeptes.

Photoshop est l’un des meilleurs logiciels de retouches photographiques

sur le marché, l’avènement des réseaux sociaux et

la course au « paraître » sur ceux-ci a certainement influencé

l’essor autour du logiciel.

Faisant partie des outils quotidiens des graphistes, les artistes

numériques semblent également utiliser ce programme pour la

conception de leurs œuvres.

La maniabilité et le vaste panel d’outils disponibles sur le

logiciel permettent à l’artiste de développer sa créativité à

son paroxysme. Avec divers types de formats, les créations

peuvent s’adapter à n’importe quel support, un réel atout

pour les artistes n’étant plus contraint par la taille des formats.

Récemment, Photoshop Elements a vu le jour, lancé par l’entreprise

informatique Adobe possédant également Photoshop

et bien d’autres logiciels. Plus facile d’utilisation, Photoshop

Elements est une version simplifiée de Photoshop, son interface,

plus facile à appréhender, permet aux novices de se familiariser

avec le montage photographique.

Son utilisation est multiple, par exemple, le logiciel permet d’effectuer

des créations animées sous forme de collages, de

montages ou de diaporamas. En 2021, l’animation est en plein

essor, dans une société vivant sous une frénésie constante, il

est naturel que les images créées par l’Homme évolue avec

celui-ci.

54 - DIGITAL DIGITAL - 55



Mike Winkelmann, ou Beeple

Artiste numérique américain connu pour son fastidieux travail qu’il réalise depuis 2006, l’artiste publie

chaque jour une création numérique différente. L’artiste surnommé Beeple instaure des règles

strictes concernant sa méthode de travail qualifiée de prolifique pour la richesse d’œuvres numériques

créées jusqu’à aujourd’hui. Chaque année, il s’initie à un nouvel outil de création, de

la photographie, en passant par le dessin ou la vidéo jusqu’à la création digitale. Beeple est

un autodidacte curieux de toutes formes d’art. Actuellement, il utilise le cinéma4D, un programme

d’animation en 3D destiné à créer des effets spéciaux au cinéma, une preuve de

son appétence pour les nouvelles technologies au service de l’art.

Jusqu’ici ce père

de famille américain

répondant

au pseudo artistique

de Beeple

n’avait vendu

aucune de ses

œuvres mais après

l’entrée d’une de

ses œuvres virtuelles

dans la

maison d’enchères

Christie’s,

sa renommée s’est

accrue. Pendant

14 ans, il a accumulé

près de deux

millions d’abonnés

sur le réseau

social Instagram,

collaborant avec

de grandes

marques ou de

célèbres musiciens

ébahis par son

univers graphique

mais sans pour

autant vendre ses

œuvres.

C’est la nouvelle

technologie permettant

de commercialiser

des

œuvres d’art numériques

ou physiques

par le biais

d’actifs numériques

uniques nommés

NFT que l’artiste a

pu faire de ses

œuvres immatérielles

un

objet d’art

à part

entière.

E n

2021,

M i k e

Winkelmann

est

donc devenu

l’artiste faisant

grimper la fièvre

acheteuse des collectionneurs

d’art numérique,

conférant à

une de ses œuvres le

statut « d’œuvre d’art

la plus cher vendue

par un artiste vivant ».

L’avènement de cette

technologie novatrice

a hissé l’homme à l’allure

passe-partout et

aux lunettes sages, au

sommet de la prestigieuse

liste des artistes

en vogue. Outre son

œuvre phare « Everydays

: the First 5000

Days » instigatrice de

sa renommée pour

sa vente au prix de

69,34 millions de dollars

ce 11 mars 2021,

l’artiste dénombre

plus de 3500 œuvres

abordant systématiquement

le même type

d’univers.

Ses œuvres ambiguës

et énigmatiques,

poussent à la réflexion

sur la place

de l’être humain dans

l’univers et son immensité,

révélée par la

conquête spatiale de

l’Homme. « Beeple » sur

instagram, dépeint un

univers futuriste proche

de la science-fiction,

où les couleurs rouges

et bleutées prédominent.

Des paysages lunaires, des villes futuristes pour paysages, avec une représentation de

l’Homme minuscule face à l’immensité de l’environnement. Les œuvres de l’artiste sont généralement

qualifiées de belles mais inquiétantes avec toujours cette allure prophétique, semblant

prédire l’arrivée proche d’une dictature robotique.

Mike Winkkelmann ou Beeple est un pionnier de ce nouveau mouvement artistique basé sur le numérique,

également nommé le crypto art, il ouvre ainsi la voie à une nouvelle génération d’artistes repoussant

le champ des possibles.

56 - DÉCOUVERTES

57



HAJIME

Bien loin de l’art traditionnel, Hajime Sorayama est un artiste pionnier

du Japon. Son style futuriste et robotique a, depuis de nombreuses

années, conquis le coeur de l’Art à l’international.

SOra

Dans la poursuite de l’hyperréalisme, j’utilise l’aérographe

d’une manière qui dépeint naturellement

les détails minutieux de la peau humaine,

yama

des lèvres, des globes oculaires, des cheveux et

même des poils individuels du corps, ou la sensation

des vêtements en cuir ou en soie, le métal

du robot, la réflexion de la lumière.

En 1983, Sorayama publie son premier livre d’art, intitulé Sexy Robot.

C’est alors cet ouvrage qui amorce sa carrière en tant qu’artiste.

Ce sont ses formes robotiques organiques qui plaisent au

public et qui lui permettent d’être reconnu par le monde entier. Il

débute par exploiter ses idées dans l’art pin-up et crée des gynoïdes,

mi-métal, mi-humaines.

Sa publication de Sexy Robot décrit généreusement ses procédés

de création des robots à travers une série d’explications graphiques.

Cet ouvrage fut distribué et référencé dans de nombreuses

écoles d’Art dans le monde entier. Par conséquent, l’influence des

travaux de Sorayama s’est étendue très loin, au-delà des frontières

des œuvres commerciales du Japon, ayant un impact sur divers

réseaux médiatiques des films d’Hollywood, le monde du Street Art

et le royaume des Beaux-Arts. Il ne suffit que de très peu de temps

pour que l’artiste publie son deuxième ouvrage, Pin-Up.

Hajime Sorayama est un artiste japonais né en 1947 à Imabari.

Intêrressé par le dessin depuis son plus jeune âge, ce dernier

commence à créer des imageries inspirées des pin-ups Playboy.

C’est après avoir lu un livre de Makato Oda dans lequel

l’auteur décrit ses voyages à travers l’Europe et l’Asie, que

Sorayama décide d’étudier la littérature anglaise ainsi que la

langue grecque à l’université Shikoku Gakuin. Il y fonde le journal

de l’école nommé Pink Journal, un fascicule qui lui a alors

valu de nombreuses critiques de la part de ses professeurs et

des autres étudiants. Suite à cela, il décide de déménager à

Tokyo et s’inscrit à la Chubi Central Art School de la mégalopole

afin d’étudier l’Art.

Au cours de sa carrière, l’artiste a remporté de nombreux prix.

C’est en 2000 qu’il reçoit le Grand Prix du Meilleur Design pour

la première représentation graphique de l’AIBO, qui deviendra

plus tard l’emblème de la marque Sony. Son chien robotisé est

entré dans les collections permanentes du Museum of Modern

Art de New York. Sa coopération très remarquable avec des

cinéastes hollywoodiens sur divers projets de science-fiction

a abouti à l’engagement du créateur de Star Wars, George

Lucas, à concevoir une diffusion de pin-up Twi’ek et de droïdes

fantastiques signés Star Wars afin de concevoir un livre hommage

nommé Star Wars Art Concept. La première exposition

de ses œuvres personnelles devant son public américain date

de 1994. Cette exposition fut présentée à la Tamara Bane

Gallery, en Californie et a reçu un succès fulgurant. De plus,

l’artiste expose également son travail à la Jacod Lewis Gallery

de New York.

Il crée des représentations hyperréalistes en latex et en cuir

qui illustreront par ailleurs les couvertures du magazine Penthouse.

De plus, grâce à la popularité de ces créations, il lance

une émission télévisée dédiée à son art sur la chaîne Playboy

TV.

Connu en tant que fondateur de la technique de l’aérographe,

les représentations hyperréalistes de ses robots métalliques

établissent sa renommée à l’international.

L’œuvre approfondie de Sorayama fondée sur le suivi permanent

de la recherche de la beauté du corps humain et

de la machine n’a pas cessé de recevoir de grandes acclamations

internationales. Les représentations qui intégraient la

beauté esthétique du corps de la femme dans un contexte

robotique sont devenues à présent une influence significative

d’une vision universelle de l’imagerie robotique.

Cela me permet de représenter les personnages

dans des postures acrobatiques qui sont absolument

impossible à réaliser avec la photographie,

et me donne l’opportunité de créer des costumes

qui n’existent pas dans la réalité. De plus, je peux

modifier les corps sans être confiné à des limites

anatomiques, et j’ai la liberté de coller et de

composer de belles femmes en accord avec mes

goûts. C’est certain que c’est une quête inépuisable

pour l’esthétisme, et c’est ce qui a donné

naissance à mes inventions.

58 - PORTRAIT PORTRAIT - 59



COLLAB

C’est à l’occasion du lancement de la

D

collection pre-fall 2019 que Dior dévoile

une série de pièces exclusives

créées par Kim Jones en collaboration

avec Hajime Sorayama. L’artiste a alors

confectionné plusieurs tee-shirts, un

sweat-shirt ainsi qu’un pull en ajoutant

sa touche signature aux allures futuristes.

Remodelant le logo de la Maison

I

française en version chromée, Sorayama

imagine également des silhouettes

semblables à ses célèbres génoïdes

métalliques. C’est une sculpture monumentale

représentant un robot féminin

en aluminium et haute de 12 mètres totalement

conçue par l’artiste qui trô-

O

nait au centre du défilé, à Tokyo. Son

robot dinosaure phare s’affiche sur un

porte-cartes, sur une pochette, sur un

bandana ainsi que sur les emblématiques

sneakers B23 de la marque. En

rendant un peu plus hommage au Japon

et étant admiratif de sa culture,

R

Kim Jones ajoute, sur ses créations, des

fleurs de cerisier. Les deux protagonistes

ont souhaités créer une atmosphères

semblant revenir du futur, illustrée par

des faisceaux lumineux colorés.

ACTU

GIGER - SORAYAMA

En janvier 2021, le ParcoMuseium

de Tokyo a réuni les œuvres de

deux artistes contemporains aux

univers aussi éloignés que proches.

En effet, ils partagent la même caractéristique

fondamentale dans

leurs œuvres, à savoir un univers

surréaliste. L’exposition démontre,

ainsi, à quel point ils furent différents

dans l’obtention de leurs

productions finales. En effet, le défunt

artiste suisse Hans Ruedi Giger

est un artiste aux multiples talents.

D’abord plasticien, il devient,

plus tard, graphiste, illustrateur,

sculpteur ainsi que designer. Il est,

à ce jour, connu et reconnu pour

ses œuvres représentant l’humanité

vue sous un angle plutôt sombre

en utilisant la biomécanique. C’est

une combinaison entre deux univers

portés par la technologie qui

mène le spectateur dans le monde

du futur. Inspirés par l’intelligence

artificielle ou encore par la réalité

virtuelle, les deux hommes exploitent

la biomécanique en alliant

humanité et matérialité.

Cette exposition a pour but de lier

les beaux-arts, la pop-culture ainsi

que la science-fiction.

« Je pense que mon travail est une expression acceptable parce que je suis

japonais. À l’étranger, des robots en forme d’humains ne peuvent pas être fabriqués

en raison de restrictions religieuses. Je pense que les robots sexy ont

été très appréciés car ils sont dessinés par des artistes de race jaune qui ne

sont pas religieux et punissables. Giger était un Suisse et exposait au monde

les tabous tels que les organes internes et les os. Je pensais que c’était un vrai

pervers. Mon œuvre est plus socialement acceptable que la sienne ».

HAJIME SORAYAMA A PROPOS DE HR GIGER

DANIEL

ARSHAM

C’est au sein de l’espace 2G de la

galerie NANZUKA à Tokyo que l’univers

futuriste de Hajime Sorayama vient rencontrer

celui de l’artiste Daniel Ashram.

Cette exposition évoque la temporalité

de l’Art, de la Mode ou encore des

objets en général. La première œuvre

représente deux bras s’entrecroisant,

main de la main, une approche poétique

qui oppose passé et futur. En

effet, l’univers de Sorayama est proposé

avec un bras robotique vraisemblablement

brisé. De même, Daniel Ashram

ajoute sa touche personnelle en représentant

un bras humain esquinté

par la vie. Les deux artistes ne se sont

pas arretés là, ils dévoilent une autre

œuvre d’art toujours dans cette lignée

de mettre en scène le contraste entre

antériorité et avenir. Cette seconde

création représente deux bras robotisés,

à la manière de Sorayama, élevant

un appareil photo érodé inspiré de

l’univers temporel de Daniel Ashram.

Cette année Sorayama explore de nouveaux

domaines et collabore avec la

marque japonaise d’équipements sportifs

Minuzo. Le crayon est alors confié

à HajimeSorayama pour la confection

de la nouvelle WaveProphecy. Cette

chaussure de sport fête son dixième anniversaire

cette année. La participation

de l’artiste a pour but premier de fournir

plus de flexibilité à la basket, grâce à la

semelle InfinityWave, tout en la rendant

plus légère. Minuzo compte alors sur la

créativité infinie de l’artiste pour que la

nouvelle sneaker de running soit design,

épurée et reste fidèle à son univers futuriste.

Entre transparence et lumière métallique,

la paire de chaussures revisitée

aux allures d’androïdes est égalem-

ent dotée de grandes poches d’air

au niveau de la semelle afin d’amortir

au mieux les pas de course. Ainsi,

la chaussure semble flotter dans

l’air à travers sa semelle translucide.

Vendue en France depuis le mois

de février, la paire de sneakers est

déjà en rupture de stock.

60 - PORTRAIT PORTRAIT - 61



design

les tendances l’architecture

L’influence d’un monde nouveau s’observe également dans

l’architecture.

Celle-ci se veut innovante et exploite des formes étonnantes

et dynamiques.

Les enjeux écologiques du XXIème impactent, par ailleurs,

cette forme d’Art bien particulière. Aujourd’hui, la consommation

se doit d’être durable et surtout consciencieuse. Elle est

un reflet des tendances sociales et sociétales dans un univers

plongé dans la pandémie de Covid-19.

On peut d’ailleurs citer plusieurs styles émergents en 2021 :

Premièrement, l’industriel. À l’origine, habiter dans un univers industriel

était signe de pauvreté et se voulait écrasant pour les

populations. Cette tendance se démocratise et l’on y trouve

aujourd’hui plusieurs points forts comme des grands espaces

ouverts, des hauts plafonds ou encore une lumière naturelle.

Ce style se caractérise par des lignes précises et nettes, des

formes angulaires et symétriques.

Toujours dans cette lignée d’un monde plus « eco-friendly »,

la tendance est à la reconstruction et à la restauration des

bâtiments anciens et abandonnés. Cette nouvelle tendance a

pour premier but de réduire le taux de surdéveloppement des

zones urbaines tout en préservant la valeur culturelle de la

ville. De plus, diminuer le taux de pollution lié à la construction

est une des valeurs pionnières transmises par ce courant. Cela

rejoint la tendance dystopique et post-apocalyptique d’un

monde en ruine.

Cette « trend » regroupe également le monde futuriste avec

la puissance des nouvelles technologies dans les constructions.

Les maisons en deviennent donc « intelligentes ». En contrôlant

la lumière, la température, les appareils électroménagers, la

sécurité de la maison ou encore la consommation d’énergies

au sein du foyer, cette nouvelle forme d’architecture émerge

et s’installe de plus en plus dans nos quartiers.

Troisièmement, la tendance du « minimalisme haut niveau »

rejette toutes formes d’excès dans son design très précis aux

formes abstraites. Il traduit un désir permanent d’harmonie et

de fonctionnalité qui s’installe dans ces nouvelles générations

2.0. Cette forme architecturale requiert des formes cubiques

et plutôt strictes. La monochromie de couleurs plutôt

neutres avec des nuances naturelles est de rigueur.

L’asie, pionnière de l’architecture futuriste

I

Toyota a officialisé le lancement de son projet ainsi que sa construction, Woven City, au

pied du Mont Fuji au Japon, le 23 février dernier. Conçue par le danois Bjarke Ingels,

cette ville intelligente sera totalement neutre en carbone. 175 hectares seront dédiés

aux 2000 habitants

attendus. Ce projet a pour

but premier de communiquer

autour de la marque,

évidemment. Mais celui-ci

présente également un

réel objectif quant aux enjeux

écologiques. C’est

au cœur de la nature que

Toyota viendra implanter la

technologie tout en faisant

progresser l’impact positif

sur la biodiversité. Le géant

japonais installera des

panneaux photovoltaïques

en bois pour alimenter la

ville en énergies. Ainsi, les

maisons, bureaux, voitures

et les bâtiments publics seront

tous connectés entre

eux. La conduite automatisée,

la mobilité personnelle

ou encore la robotique

y seront fortement testés.

Dans cette « ville-laboratoire

» pourvue de l’intelligence

artificielle, ce sont

des robots qui assureront

la sécurité des résidents.

Louis Vuitton dévoile son

tout nouveau Flagship, au

sein de l’hôtel Ginza Namiki,

en plein cœur du quartier

du même nom, à Tokyo. Ce

nouveau magasin est en

réalité la rénovation

de l’ancien. Ce sont

les architectes Jun

Aoki et Peter Marina

qui furent

aux commandes.

du

projet.

Ceuxci

ont

d o n c

exprimé

leur vision

d’un bâtiment

contemporain

allié aux valeurs

esthétiques des rues

locales de la mégalopole.

Le bâtiment présente

une façade totalement

en verre qui réfléchit

les couleurs de la lumière

du jour. À l’intérieur, le design

s’apparente à la tendance

du futurisme via

des formes géométriques

structurées et épurées. Du

haut de ses sept étages,

la structure possède des

escaliers en colimaçon

en bois, disposés dans le

vide.

La Maison de luxe française

propose également

à l’intérieur du Flagship,

un étage dédié à la

restauration. Nous pourrons

alors y retrouver une

boutique de chocolats, «

Chocolat V » ainsi qu’un

café, « Café LV », sous le

leadership du chef japonais

Yosuke Suga. La griffe

entretient le lien avec sa

clientèle asiatique tout

en diffusant ses propres

codes en tant que maison

de luxe à la française en

installant ces corners dédiés

à la gastronomie. La

poursuite de la conquête

du continent asiatique

n’est que la suite logique

des résultats des ventes

de la Maison sur l’année

2020, en hausse de 18%.

Ces chiffres démontrent une large reprise économique des maisons de luxe sur le marché

asiatique et surtout dans le secteur Mode et Maroquinnerie. Tokyo est alors un secteur

clé pour l’avenir de l’enseigne. Cette dernière organise, par ailleurs, une exposition « Louis

Vuitton & » afin d’allier l’art de la gastronomie et la culture territoriale du Japon. Cette exposition

présentera des collaborations entre la marque et différents artistes, durant 2 mois. De

célèbres artistes exposeront leurs oeuvres comme Hiroshi Fujirawa, Rei Kawakubo, fondatrice de

Comme des Garçons ou encore Takashi Murakami. Le Flagship a ouvert ses portes le 17 mars dernier.

62 - ARCHITECTURE ARCHITECTURE - 63



design

Prix pritzker 2021

Le Prix Pritzker est décerné chaque année

à un ou plusieurs architectes contemporains

pour récompenser une réalisation significative

dans le domaine. Il a été créé par la

famille Pritzker de Chicago par le biais de

la Fondation Hyatt de 1979. La récompense

comprend 100 000 dollars et un médaillon

en bronze.

Cette année ce sont les français qui sont mis

à l’honneur. En effet, ce sont deux architectes

originaires de l’hexagone qui remportent

le Prix Pritzker remis en mars dernier. Anne

Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont suivi

une formation de planification urbaine à

l’École Nationale Supérieure d’Architecture

et de Paysage de Bordeaux avant d’ouvrir

leur propre cabinet d’architecture. Le duo

d’architectes vainqueurs du concours est

déjà connu pour la revitalisation de logements

sociaux en choisissant de modifier et

améliorer les structures plutôt que de les démolir

puis reconstruire. Ils se sont par ailleurs

fait remarquer lorsqu’ils ont dû retravailler

la mise en place de logements sociaux à

Bordeaux. Cette agence, Lacaton& Vassal,

a dû repenser l’entièreté des locaux afin

de les rendre plus grands, sans devoir déplacer

les résidents pendant les travaux. Ils

ont alors imaginé un agrandissement de la

structures grâce à des terrasses extérieures

qui prolongent alors la surface des pièces

à vivre. Ils y ont donc ajouté des balcons

spacieux avec des grandes portes coulissantes

en verre.

Il y a trop de démolitions de bâtiments existants

qui ont encore une vie devant eux, qui

ne sont pas hors d’usage. Si nous observons

attentivement, avec un œil nouveau, il y a toujours

quelque chose de positif à tirer d’une situation

existante.

Les systèmes d’ascenseur et de plomberie ont

également été modernisés afin d’optimiser au

mieux l’espace. Certains appartements y ont vu

leur surface doubler. En finalité, le coût de ce

projet a représenté seulement un tiers du budget

d’une éventuelle démolition complète puis d’une

reconstruction.

« Ne jamais démolir, ne jamais déplacer ou remplacer,

toujours ajouter, transformer et réutiliser ! »,

ont exprimé les 2 architectes.

Les membres du jury ont alors expliqué leur choix

quant à l’attribution du prix aux deux français.

Ces derniers expliquent alors que leur architecture

reflète une approche innovantequant aux

bâtiments qu’ils ont érigés. Ils ont prouvé, selon

eux, un engagement fort envers l’architecture restauratrice

à la fois technologique et écologiquement

responsable. A. Lacaton et J.-P. Vassal ont

alors reçu le premier prix grâce à leurs travaux qui

répondent activement aux urgences climatiques

et écologiques de notre temps, ainsi qu’aux urgences

sociales, particulièrement dans le domaine

du logement urbain. Ils y parviennent grâce à un

sens puissant de l’espace et des matériaux créant

un design moderne dans ses formes et dans ses

convictions. Cette approche a abouti à de nombreux

projets résidentiels, culturels, éducatifs et

commerciaux, depuis plus de 30 ans.

La Maison Lapatie à Bordeaux fait partie de leurs premiers

projets qui ont connu un succès fulgurant à travers

la métropole. En effet, le duo a fait preuve d’ingéniosité

quant à la mise à jour d’unestructure dotée d’une ventilation

naturelle et de protection solaire qui a permis, entre

autres, de créer des microclimats ajustables. A l’arrière de

ce foyer, les architectes ont conçu une extension dotée de

panneaux de polycarbonate rétractables et transparents

créant une sorte de serre qui augmente l’espace de vie tout

au long de l’année.

Depuis leurs premiers projets, ils ont fait preuve de sensibilité

en évoquant le fait que « les bâtiments ne sont beaux que

lorsque les habitants s’y sentent bien ». Ils ont également

élargi leur vision de durabilité et d’équilibre entre les piliers

environnementaux et sociaux. En effet, selon leur pratique,

chaque projet commence par un processus de découverte

qui comprend l’observation intensive et la recherche de valeur

dans ce qui existe déjà. Dans la restauration de nombreux

édifices, ils recherchent la transparence, l’ouverture et

la luminosité dans le respect de l’hérédité et d’une quête

pour agir de manière responsable. Aujourd’hui, un bâtiment

qui passait auparavant inaperçu devient un élément emblématique

d’un paysage culturel et naturel renouvelé. Enfin,

c’est grâce à leur conviction que l’architecture est plus que

de simples bâtiments, en forgeant un chemin responsable

et parfois solitaire illustrant que la meilleure architecture

peut être humble et toujours réfléchie, respectueuse et responsable.

Ils ont également montré que l’architecture peut

avoir un grand impact sur nos communautés, et contribuer

à la prise de conscience générale face à la situation environnementale

actuelle du monde entier.

Dès le début, nous avons étudié les serres des jardins botaniques avec leurs impressionnantes plantes fragiles, la belle lumière naturelle,

la transparence et la capacité de simplement transformer le climat extérieur . C’est une atmosphère et une sensation, et nous voulions

apporter cette délicatesse à l’architecture.

64 - ARCHITECTURE

ARCHITECTURE - 65



design

la ville flottante

Des architectes américains ont

imaginé un nouveau concept

de ville du futur. Les méfaits du

dérèglement climatique progressant

chaque année ainsi que ses

conséquences comme la montée

des eaux ou encore l’érosion des

sols, se conscientise de plus en plus.

La préservation de l’environnement

est un réel enjeu pour l’architecture

comme dans de nombreux autres

domaines aujourd’hui. Afin d’obtenir

un permis de construire, il est maintenant

nécessaire d’avoir un projet

solidement respectueux de la planète.

Le principe de ce projet novateur

est quelque peu inspiré de la ville

de Venise, mi- immergé mi- émergé.

Ces architectes ont donc imaginé

créer des fondations sous l’eau

pour ne plus subir la montée des

eaux surtout dans les zones les

plus propices à en pâtir comme les

côtes du Pacifique. En formant des

longs murs, les courants marins seraient

alors freinés.

Cette idée leur est parvenu de par

la situation de l’archipel des Kiribati,

aux États-Unis, vouée à disparaitre

d’ici quelques dizaines

d’années.

Quant aux résidents, ils vivraient seulement

sur les parties les plus hautes

de ces constructions afin qu’ils n’aient

aucun risque de se retrouver au

contact de l’eau. Étudiés en fonction

des fonds marins et de leur protection,

les bâtiments seraient disposés

de façon à ce que la biodiversité

maritime dont les récifs coralliens

ne soient pas endommagés mais au

contraire qu’ils puissent se régénérer.

De plus, ces bâtiments seraient conçus

afin que les catastrophes naturelles

n’atteignent pas les résidents, grâce

à leur forme arrondie bien spécifique.

Ce projet futuriste fut présenté à

la eVolo 2020, un concours organisé

chaque année par la revue

du même nom qui récompense les

meilleures idées de « gratte-ciel futuristes

». Cette proposition a reçu

les mentions spéciales du jury pour

sa pertinence.

66 - ARCHITECTURE

67



I

I

design

les bâtiments les plus attendus en 2021

II

2BUSAN OPÉRA HOUSE - CORÉE DU SUD

0

La bibliothèque la plus attendue cette année sera opérationnelle dès le printemps.

Conçue par le cabinet MAD Architects, cette dernière prendra place

en plein cœur de la ville de Haikou, capitale de la province Hainan, en Chine.

Cette île, dotée d’un port proche de la route de la soie, accueillait autrefois

les échanges maritimes. Le gouvernement chinois, en perpetuelle recherche

de développement architectural répondant aux nouveaux besoins industriels,

sanitaires ou culturels, a décidé de faire construire un ensemble de pavillons

bordant le littoral par le cabinet MAD Architects, la Wormhole Libraby en sera

la première. Érigée de façon incurvée, la structure permettra aux lecteurs de

profiter de la vue panoramique sur la mer tout en assistant à des spectacles

en plein air. Le projet intitulé Wormhole de l’anglais signifiant littéralement «

trou de ver » présentera un réel tunnel espace-temps au bord de la mer méridionale.

Ce terme fait référence à la capacité de la littérature à transporter

les lecteurs dans de nouvelles dimensions.

Ce site, propice à la paix et à la tranquillité, offrira un moment de répit aux

habitants chinois portés par la frénésie de leur quotidien. Le bâtiment, élaboré

de façon aérodynamique, favorisera la circulation de l’air améliorant la ventilation

naturelle. Les fenêtres, de formes ovales, offriront une lumière naturelle et

éclatante. La bibliothèque sera divisée en deux zones. La première comptera

690 m2 dédiés aux lecteurs où 10 000 livres seront répertoriés, complétée

d’une cafétéria et d’une terrasse panoramique. Le second espace de 300

m2 proposera des espaces publics tels que des toilettes, des douches et des

parkings à vélo.

WORMHOLE LIBRARY - CHINE

En construction depuis déjà quelques années, le Busan Opera House semble

prêt à ouvrir ses portes, cette année. L’objectif premier fut de supprimer la notion

selon laquelle l’opéra reste reservé à une élite, ce projet vise à changer

les mœurs en devenant un espace d’échange et de partage confondant

toutes classes sociales. Construit dans une zone historiquement industrielle, le

nouvel opéra convertira celle-ci en un réel espace public. Ce dernier prendra

place sur le port de la péninsule coréenne au cœur du quartier de la

culture marine. Le site comprendra une sphère publique ainsi qu’une sphère

privée mêlant économie et culture.

Architecturalement futuriste, le site semblera émerger de la mer de par sa

forme atypique semblable à la silhouette des montagnes qui entourent la ville.

Le nouvel opéra, situé sur une île artificielle, viendra épouser les gratte-ciels

modernes construits tout autour de lui. La surface totale du centre s’étendra

sur 48 000m2 et sera conçue selon le modèle d’un instrument de musique. Afin

que l’opéra soit insonorisé, l’auditorium sera construit à partir de panneaux

de bois de cerisier. Le toit du bâtiment sera également accessible, une vue

imprenable sur la baie et sur la mer s’offrira alors aux spectateurs.

2

Nous voulions créer un complexe urbain qui fusionnerait parfaitement avec le parc

situé au pied des tours, afin d’offrir aux visiteurs une sensation de campagne à la

ville. C’est pourquoi nous avons choisi des paysages chinois en forme de rizières. Et

puis la beauté des paysages en superposition nichés dans des “géantes de verre”

donne un sentiment d’intersection entre la nature et les dynamiques technologiques

et futuristes de la ville.

patrick schumarer, directeur du projet

TOWER C - SHENZHEN

La construction de ces deux tours aux allures futuristes n’est encore

qu’un projet qui débutera en cette fin d’année et qui verra le jour en

2027. Pensée par le cabinet d’architecture de la feue architecte Zaha

Hadid, cette structure défiera le ciel et concurrencera le Burj Khalifa en

se proclamant la deuxième plus haute tour du monde. Ces deux tours,

reliées par un pont de verre, accueilleront bureaux, restaurants, hôtels,

commerces, résidences privées ou encore expositions artistiques. La Tour

pourra accueillir jusqu’à 300 000 employés. Situé au Sud de la Chine

au cœur de la baie de Shenzhen, ce site de 400 mètres d’altitude se

construira sur un modèle « eco-friendly ». En effet, matières recyclées,

vitrages dotés d’un auto-ombrage, système de recyclage des eaux

usées, panneaux solaires ou encore utilisation d’une ventilation naturelle

seront les maître-mots du projet. De grandes terrasses végétalisées

et aquaponiques, un système unissant élevage de poissons et culture

de plantes, surplomberont la ville. A l’origine imaginée pour abriter le

siège social des plus grandes entreprises chinoises, le centre se définira

également comme un espace public accessible à tous. Ce gratteciel,

implanté dans le nouveau centre international de la technologie,

est doté d’un système intelligent veillant à ajuster automatiquement les

conditions intérieures et extérieures du bâtiment afin de de minimiser la

consommation d’énergies. De plus, le bâtiment est conçu comme le prolongement

d’un parc adjacent. Les visiteurs seront invités à s’y rendre

grâce aux transports en commun ou encore à vélo car le site disposera

d’un parking dédié aux 2 roues.

TAIPEI PERFORMING ARTS CENTER - TAÏWAN

Ce nouveau centre dédié à l’art du spectacle ouvrira

ses portes très prochainement dans la capitale

taïwanaise, Taipei. Retardé par la crise sanitaire et par

la complexité des travaux, ce nouveau centre culturel

pourra accueillir son public courant 2021. Ce dernier se

composera de trois théatres, le Grand Theatre, le Proscenium

Playhouse ainsi que le Super Theatre. Conçu par

le cabinet d’architecture OMA, ce nouveau site à la

forme sphérique intrigue. En effet, le Proscenium Theatre,

semblable à une bulle, sera accolé au reste du centre,

de forme cubique, qui l’entoure. Toujours dans une lignée

atypique, le Grand Theatre sera bâti asymétriquement

et permettra d’accueillir les performances les plus expérimentales.

Le Super Theatre, qui s’étend sur 100 mètres

de long, a vocation de recevoir les œuvres déjà existantes

à plus grande échelle. Ce centre permet non seulement

au public de vivre plus pleinement la production

théâtrale, mais permet également d’atteindre un public

plus large.

1

68 - ARCHITECTURE ARCHITECTURE - 69



LIVE

STREAM

LA DIGITALISATION DES CONCERTS FACE À LA COVID-19

I

Suite à la transition digitale qui s’est accélérée sous l’influence du Coronavirus, l’émergence de nouvelles formes de concerts, de clips

musicaux animés ou de diffusions live sur les réseaux sociaux est le résultat de l’impact qu’a eu l’épidémie sur l’industrie de la musique.

Ces nouvelles habitudes de vie 2.0 auxquelles la pandémie a

confronté le monde entier, resteront certainement une fois la crise

actuelle terminée. Le besoin de l’être humain de vivre en société,

de communiquer avec les autres a été accru par la prohibition

de ce besoin, la distanciation sociale a permis l’avènement des

technologies. Depuis près d’un siècle et demi, la technologie

était en gestation, isolé les uns des autres et privé de contact

sociaux, l’humanité a dû rebondir pour faire reconnaître les moments

de convivialités sous de nouvelles formes.

Tik Tok est une de ses nouvelles formes, ce réseau social chinois a

explosé pendant l’année 2020, se rendant, aux yeux des marques,

un outil de communication stratégique. C’est le chanteur The

Weeknd qui, l’été dernier, a été un des premiers à donner un

concert sous forme virtuelle. Ces shows 2.0 sont une manière pour

les artistes privés de tournée depuis l’annonce de la pandémie,

de continuer leur activité et d’entretenir le lien avec leur public.

La chanteuse britannique Dua Lipa en a également fait l’expé-

rience, c’est 5 millions de connexions payantes qui ont été recensées

lors de ce deuxième confinement, pour son méga-concert

en live stream nommé « Studio 2054 ». Avec l’adoption de la

fibre, causée par le télétravail, l’expérience live est d’autant plus

qualitative et commence à faire ses preuves auprès du grand

public. Il suffit de consulter la liste des évènements organisés sous

cette nouvelle forme virtuelle pou le consater. Une tendance qui

touche bien d’autres genres que la pop comme le jazz avec une

soirée spéciale Ella Fitzgerald surnommée « la Grande Dame du

jazz », le classique avec le pianiste virtuose chinois Lang Lang,

ou encore la danse avec des ballets contemporains de l’Opéra

de Paris filmés et diffusés en live payant sur Facebook.

Mais ce nouveau modèle de concert oscille encore entre performance

artistique et opération marketing, si les artistes semblent

enthousiasmés par un modèle 2.0, les maisons de disques et producteurs

de musique se questionnent sur la rentabilité de celui-ci.

Les groupes de K-POP, ce genre musical tendance auprès des

jeunes générations venu tout droit de Corée du Sud, semblent

être la preuve que les concerts en live stream se révèlent fort

lucratifs. Grâce à une communauté de fans fidèles, le groupe

BTS a engrangé presque 20 millions de dollars lors d’une

date mondiale unique le 14 juin 2020, il s’agit à ce jour du

concert live stream le plus rentable de la courte histoire du

genre virtuel. Si le premier confinement avait vu apparaitre

l’avènement des concerts à distance sur les réseaux sociaux,

quelques mois plus tard c’est la naissance d’une légion de

plateformes professionnelles proposant aux artistes une retransmission

live et sécurisée. Différentes plateformes existent et proposent

des prestations diverses, les spectacles 360° en réalité

virtuelle de MelodyVR sont concurrencés par Driift qui offrent de

véritables écrins aux artistes partenaires d’Universal Music Group.

Le producteur de musique Sam Smadja confirme que la Covid a

précipité des projets qui aurait dû voir le jour dans environ 4 à

5 ans. Deux ans auparavant, il travaillait déjà sur la possibilité de

retransmettre en live, dans les cinémas Gaumont, les grosses tournées

mondiales de superstar de la pop comme Lady Gaga, en

s’inspirant du modèle des opéras, dans une version plus moderne.

Le producteur français est fermement convaincu qu’après la

reprise des concerts physiques, un certain public moins mobile,

adepte d’expériences immersives, ou simplement plus « casanier

» acceptera de payer des prestations sous forme de shows

numériques.

Le futur appartient certainement aux solutions hybrides.

ROMAIN PASQUIER, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU DÉPARTEMENT INTERNATIONAL DU LABEL WARNER

70 - SCÉNOGRAPHIE SCÉNOGRAPHIE - 71



l’influence du cyberpunk dans les clips

Cette année, l’influence du cyberpunk se retrouve même au cœur de la musique. Ce mouvement inspire

beaucoup d’artistes comme Lady Gaga, Lil Nas X ou encore Doja Cat. Les néons, les costumes aux

coupes destroy ainsi que les univers dystopiques urbanisés sont utilisés dans les représentations vidéos

des artistes afin d’évoquer le mouvement futuriste et numérique.

Premièrement, la star de la pop américaine Lady Gaga

a sorti son tout dernier album Chromatica, s’inspirant

d’un monde dystopique où la technologie a pris le

dessus. Nombreux de ses titres évoquent la notion du numérique

comme Replay ou encore Chromatica. De plus, la

dystopie se ressent dans son single 911, en référence au

numéro d’appel d’urgence occidental, où elle évoque se

trouver dans une voie sans issue, où l’autodestruction

est son moteur ou encore son désir permanent de sortir

de cette tristesse qui l’habite. Dans cet album, on retrouve

également le titre Rain on me, en collaboration avec Ariana

Grande. Dans cette chanson, les deux artistes évoquent

des éléments plutôt sombres comme l’attentat qui a eu

lieu à Manchester en 2017, survenu à l’issue du concert

d’Ariana Grande. De plus, Lady Gaga a également révélé

que Rain on me est une sorte de métaphore évoquant la

quantité d’alcool qu’elle a consommé afin de palier ses

problèmes personnels. Dans le clip illustrant leur chanson,

les deux compositrices mettent en scène un univers futuriste

composé de décors de science-fiction dans lequel elles

sont vêtues de combinaisons en vinyle colorées. Ce clip

aux allures post-apocalyptiques met en scène une compétition

de danse sous une pluie torrentielle.

Concernant la musique électronique, l’artiste DeLaurentis a

sorti un nouveau titre Pegasus, en février dernier. La musicienne,

productrice et interprète mêle sa voix personnelle à une voix

robotique. Les paroles évoquent la quête perpétuelle de faire

toujours mieux via la frénésie constante autour des nouvelles

technologies, ainsi que la consommation compulsive instaurée

par la société actuelle. Dans le clip vidéo accompagnant

son projet musical, la chanteuse met en scène des paysages

numériques composés d’effets spéciaux et d’effets en 3 dimensions.

L’image et la musique entrent en symbiose dans un

clip annonçant le thème de son prochain album à l’ambiance

futuriste qui explorera les possibilités d’un monde encore en

gestation.

72 - SCÉNOGRAPHIE

73



l’influence du cyberpunk dans les clips

L’influence du cyberpunk s’illustre par le clip Panini de Lil

Nas X, un rappeur, chanteur et compositeur américain.

Dans son clip vidéo, le chanteur utilise un univers futuriste

où la technologie et le numérique se sont installés.

Ce dernier nous fait suivre le quotidien d'une jeune

femme, jouée par Skai Jackson, dont le parcours est semé

d'hologrammes du chanteur. Alors qu'elle essaie de lui

échapper, dans un Uber du futur puis dans un avion,

celui-ci finit par se poser sur l'aile de l'appareil. Sautant

de l'avion en plein vol, elle atterrit au point de départ

de la vidéo et voit les multiples doubles de Lil Nas X se

transformer en images florales. Se pensant libre dans un

avion, la fuyarde n’est pas au bout de ses surprises. Le

rappeur la suit dans le ciel grâce à sa tenue bionique,

tel Iron Man. Désespérée, la jeune femme finit par se jeter

de l’avion en jet-pack. Malheureusement pour elle, pas

de quoi calmer les ardeurs du MC qui finit par trouver

comment déduire celle qu’il convoite. Le clip nous transporte

au cœur de la fameuse cité futuriste qui illustre la

pochette de son EP intitulé 7.

Doja Cat a récemment dévoilé le clip de son nouveau hit Streets.

En effet, dans ce dernier, le public suit alors la star de la pop

américaine dans un univers urbain. Des néons rouges animent

également le côté dystopique de la scénographie. D’abord, l’artiste

rend hommage à l’explosion du morceau sur TikTok et s’essaye

à son tour au #SilouhetteChallenge qui aura hissé Streets parmi

les tendances actuelles. Ensuite, l’interprète joue les Spider-Woman

entre deux tableaux où elle n’hésite pas à revisiter l’atmosphère

d’un film de science-fiction. La star s’expose en suite allongée sur

le capot d’une voiture accidentée tout de noir et de cuir vêtue,

son maquillage noir dégoulinant sur ses joues. Cette dernière

chante son hit sous une pluie torrentielle dans un décor aux allures

post-apocalyptique. Dans la dernière partie de la vidéo, la jeune

artiste s’affuble de vêtements à la coupe destroy empruntant les

codes du mouvement Punk. Les figurants portent des lentilles de

couleur bleu arctique qui génère une apparence presque inhumaine

voire mécanisée.

74 S CÉNOGRAPHIE - 75



series & films

L’univers futuriste déteint sur le septième art

I

I

La saga, initiée en 1999 dévoilera son quatrième

opus cette année et signera le retour

de Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss, respectivement

dans la peau des personnages

de Neo et Trinity.

Pour rappel, Matrix dépeint un futur apocalyptique

dans lequel les machines ont pris le

pouvoir et asservi les hommes, éternellement

plongés dans une réalité virtuelle.

Des rumeurs circulent autour de l’intrigue qui

serait portée sur un voyage dans le temps.

Certains fans ont déjà repéré, grâce à une

fuite sur les réseaux sociaux, le nom de ce dernier

: Matrix Resurections.

Plus de deux décennies après sa sortie, la

costumière Kim Barrett, à l’origine du style à la

matrix, revient sur celui-ci : « Matrix revient à la

mode car on traverse une révolution. Les plus

forts de Matrix sont des femmes, elles avaient

besoin de looks permmettant de travailler

avec fière allure, et on commence à retrouver

cette dimension fonctionnelle dans la mode. »

MATRIX

I

quatre

EUROPA

TRIBES OF

Qui ne s’est jamais demandé à quoi ressemblerait

le monde de demain ? Que ce soit

dans un avenir proche ou lointain, nombreux

sont les films et séries qui se sont essayés à

dépeindre un futur alternatif ou réaliste.

Cette série post-apocalyptique, scénarisée

par les producteurs de Dark et sortie en fevrier

dernier sur la plateforme Netflix, plonge

les spectateurs en 2074 dans une Europe

fracturée en plusieurs micro-états après le

Décembre noir, « une grande panne » ayant

eu lieu en 2029.

Cette catastrophe mondiale a divisé la

population en plusieurs tribus, pacifistes ou

dangereuses, qui se battent pour le contrôle

de l’ensemble du continent européen. Tribes

of Europa retravaille un monde dystopique

où la technologie a été poussée à son paroxysme.

Tout au long de la saison, les trois

protagonistes principaux, frères et sœur n’ont

qu’une seule mission : sauver l’humanité des

erreurs de l’ancienne civilisation.

La série s’est rapidement hissée dans le top

des visionnages sur la plateforme.

SONGBIRD

Ce nouveau film met en scène une situation

pandémique où le monde est sujet à

la Covid-23, deux ans dans le futur. Ce

virus ayant muté plusieurs fois divise totalement

la population en deux camps, les

nantis et les démunis. L’intrigue se déroule

dans un Los Angeles vide d’hommes dû à un

énième confinement. Les victimes du virus

détectées par les forces armées surveillant

la ville en permanence grâce à des drones,

sont envoyées dans des camps de quarantaine

forcée. Les spectateurs y suivront alors

la vie d’un livreur, immunisé au virus qui va

rencontrer une jeune femme confinée chez

elle, s’en suit une relation à distance lestée

d’échanges via la visio-conférence uniquement.

Lorsque la jeune femme est contaminée par

le virus, elle est forcée de se rendre dans

les camps de quarantaine, le livreur va

alors tout tenter pour la sauver. Même si ce

long-métrage dépeint une situation pandémique

poussée à son paroxysme, il incite

le spectateur à réfléchir sur l’avenir dans

lequel il aimerait s’épanouir. De plus, bien

que le film ne soit qu’une œuvre cinématographie

de science-fiction, il alerte quand

même son public sur un futur dystopique

qui pourrait tout à fait devenir réel.

chaos w alking

Ce film de science-fiction, sorti le 24 février

2021, retrace une histoire se déroulant dans

un futur proche. Il s’agit de l’adaptation du

premier roman de la série littéraire Le Chaos

en Marche (Chaos Walking) de Patrick Ness.

L’intrigue porte sur une planète, nommé « Nouveau

Monde », où la population féminine a

totalement disparu. Todd Hewitt, le protagoniste

principal est le seul enfant du village. Le

long-métrage dévoile alors que les hommes

présents seront les derniers habitants de la planète.

De plus, une race extra-terrestre a propagé,

durant une guerre, un virus ayant tué

leur propre communauté ainsi que toutes les

femmes. Les habitants de la planète sont, par

ailleurs, sujets à une force surnaturelle, nommée

« Le Bruit » qui laisse entendre en permanence

les pensées de chacun, de quoi y perdre la

tête plus d’une fois. Le long-métrage suit alors

l’enfant, qui rencontrera l’unique jeune femme,

dans de diverses aventures toujours dans un

vif espoir que la civilisation n’est pas vouée à

disparaitre.

76 - SCÉNOGRAPHIE SCÉNOGRAPHIE -77



FILMS

En cette année lourdement impactée par la crise sanitaire de la

le futur envahit le présent

Covid-19, les scénarios des films et séries à venir évoqueront le sujet.

I

Jon Keeves est en pleine élaboration d’un nouveau thriller inspirée

fortement de la crise sanitaire. L’intrigue se déroule en 2023,

après la chute d’une civilisation, en référence au monde actuel.

The Survivalist racontera l’histoire d’une jeune femme, étonnamment

immunisée de la maladie qui sera poursuivie par un psychopathe

persuadé que son sang peut guérir toute la population. La jeune

femme sera recueillie et protégée par un agent du FBI, incarné par

Jonathan Rhys Mevers.

La série La Valla, traduit en français l’Autre Côté, disponible sur Netflix

depuis fin-2020 plonge le spectateur dans l’Espagne en 2045.

Un mystérieux virus mortel a infecté les populations et une troisième

guerre mondiale suivie d’un chaos total a éclaté. Cet univers dystopique

a également pour but de dénoncer certains côtés sombres

de la crise sanitaire. En effet, la femme du Premier Ministre et donc

officine gouvernementale dérobe les enfants et les séquestre dans

des camps car elle pense que seuls eux peuvent sauver l’humanité.

Cette série fictive dénonce les pratiques de certains hommes

politiques qui se croient parfois, tout permis. Son titre évocateur La

Valla signifie la clôture, une barrière qui sépare les nantis du reste

du peuple. Cette séparation n’est que symbolique dans une série

fiction mais à quelque peu des tendances satiriques de la société.

De plus, certains points font référence à l’Allemagne nazie de 1939

comme les parures des forces de l’ordres faisant penser à la fameuse

police SS.

Little Fish est un film qui renvoie fortement à la situation actuelle.

En effet, le monde est plongé dans une pandémie mondiale d’une

mystérieuse maladie rendant toutes ses victimes amnésiques. Un

couple est mis en scène, les spectateurs suivent alors leur relation à

travers de diverses difficultés comme la perte de mémoire. Les deux

protagonistes, infectés par le virus, essayent tous deux de sauver

leur histoire quand leur amour n’est plus qu’un vague et flou souvenir.

Ce film est inspiré de la situation sanitaire et plonge le public dans

un univers sombre et froid. Bien que les symptômes de ce syndrome

soient différents de ceux de la Covid-19, les images du film sont

étrangement familières comme par exemple le port du masque. De

plus, cette crise sanitaire isole les victimes et les plonge dans une

solitude propre à celle que certains vivent actuellement. De plus,

les télévisions diffusent les informations en continu par rapport à

la propagation du virus ainsi que sur l’espoir qu’un essai clinique

puisse guérir la population, de quoi rappeler l’actuelle campagne

de vaccination. Ce film est une vraie ode à l’amour qui pousse le

spectateur à se rapprocher de ce qu’il a de plus cher tout en démontrant

réellement les méfaits mais aussi les bienfaits de ce qu’est

la pandémie existante.

78 SCÉNOGRAPHIE -79



E-Expo

Les musées du XXIème siècle

I

I

I

Aujourd’hui les musées sont en pleine

mutation, avec l’épidémie de Covid

ayant accélérée l’apparition des

musées 2.0, les nouvelles technologies

sont au service de l’art mais aussi des

structures qui l’abrite. Initialement, le musée

est défini comme un lieu de conservation

et d’exposition d’œuvres d’Art reconnues

pour leurs caractéristiques culturelles, artistiques,

techniques voire même scientifiques.

Depuis peu, cette définition a été

bousculée par l’évolution des nouvelles

technologies au service de l’information

et de la communication. En 2021,

le visiteur physique se transforme en visiteur

virtuel. Sous cette forme immatérielle,

l’internaute accède au musée en se servant

d’un outil technique connu de tous

: le téléphone. Exposition virtuelle, fondation

en ligne, podcasts… Depuis la fermeture

de leurs portes, les musées n’ont

d’autres choix que d’innover. La réelle

question à se poser serai de savoir si

découvrir l’Art depuis sa chambre peut

remplacer les musées physiques. Même

si les visites virtuelles des musées offrent

une expérience relativement qualitative,

le détail d’une peinture ainsi que l’atmosphère

régnant au sein d’un musée

sont impalpables et impossible à recréer

dans un univers numérisé.

Malgré cela, le numérique a participé à

la démocratisation de l’Art en rendant

des contenus accessibles à un plus vaste

public, sans contribution pécuniaire en

retour.

Durant cette dernière année, le monde

entier n’aura jamais autant lu les mots «

virtuel », « numérique », « digital » ou encore

« réseaux sociaux » : la création et

la communication intégralement digitalisées

se sont particulièrement développées

lors du premier confinement.

Alors que récemment le Grand Palais

permettait, afin de pallier l’ouverture repoussée

de son exposition Pompéi, de

projeter une sculpture antique dans son

salon, les artistes KAWS et Olafur Eliasson

ont eux aussi pris part à cet art digitalisé

et ouvert à tous. Ainsi, les utilisateurs de

l’application Acute Art peuvent faire installer

virtuellement autour d’eux à travers

l’écran de leur téléphone, leurs œuvres

exclusivement immatérielles en réalité

augmentée. Depuis presque deux ans,

la plateforme Google Arts & Culture offre

elle aussi cette possibilité, puisant parmi

les collections de dizaines de musées et

lieux d’expositions qu’elle permet également

de visiter virtuellement. Une application

invitant à choisir des œuvres

que l’on peut ensuite faire apparaître, à

taille réelle, dans le décor environnant.

Google Arts & Culture permet également

de transformer nos propres selfies dans

le style de maîtres d’art les plus renommés,

ou encore en parcourant la vaste

base de données de l’application afin

de dénicher les œuvres d’art qui nous

ressemblent le plus.

En ces périodes de confinements successifs,

« l’Art de son chez soi » n’a

cessé de trouver de nouvelles formes et

adeptes.

80 S CÉNOGRAPHIE -81



E-Expo

Si l’art et la technologie ont été amenés à se rencontrer, il est possible d’affirmer que le champ des possibles qu’elle

génère sont infini. Grâce à l’abolition des frontières physiques via le digital, n’importe quelle personne disposant d’internet

peut désormais visiter virtuellement des collections internationales telles que celles du MoMA à New York, de la

National Gallery à Londres, ou encore du musée d’Orsay. Les formats divergent mais ces visites sous un format assimilé

à celui de Google Earth fait de plus en plus l’unanimité de par son caractère gratuit et sans limites géographiques

ou temporelles.

L’expérience immersive dans une

exposition se développe à toute

vitesse. Par exemple, le Musée Digital

des Arts Digitaux a pour but

d’étendre et d’améliorer l’expérience

de l’art digital dans des

espaces virtuels. Il est conçu

comme un outil au service des artistes

et des institutions artistiques.

La plateforme est accessible via

un casque de réalité virtuelle, pour

une expérience immersive complète.

Un exemple parmi tant d’autres

d’une technologie de pointe en

faveur de la démocratisation et

sauvegarde de l’art, malgré des

habitudes de vie chamboulées

depuis la pandémie.

Le luxe prend aussi le tournant digital à travers une série de podcasts. Des maisons comme Dior, Chanel, Cartier

utilisent cet outil de communication contemporain, à l’heure où la crise sanitaire empêche les rencontres physiques.

L'idée du podcast selon la maison Dior est, avant tout, d'offrir un espace de parole totalement libre aux designers

de la maison, aux artistes qui collaborent avec celle-ci ou encore à d'autres invités influents dans leurs domaines.

Lancé en mars dernier, quelques jours avant le premier confinement, le podcast « Dior Talk » donne la parole à Maria

Grazia Chiuri, directrice artistique

de la maison de luxe française, qui

aborde son rapport au féminisme,

aux photographes collaborateurs

de Dior ou encore à Victoire de

Castellane, directrice artistique de

la Haute Joaillerie. Depuis quelques

mois, les podcasts édités par les «

grands » du luxe fleurissent sur les

applications pour smartphones. Ainsi,

Gucci présente 28 épisodes de

rencontre entre artistes, journalistes

ou militants, sur des thèmes

divers et variés comme le féminisme,

l'Art ou la Mode.

Ces podcasts s'adressent à toutes

les personnes intéressées par la

Mode, la Joaillerie, l'Art et à toutes

celles et tous ceux qui ont envie de

mieux comprendre les relations multiples

et complexes qui lient le monde

de l'Art aux Maisons de luxe.

Plusieurs artistes et instituions d’art

mettent en place des initiatives

digitales originales. Par exemple,

en janvier dernier, le réseau Paris

Musées, établissement public rassemblant

depuis 2013 quatorze

institutions culturelles parisiennes,

créait l’événement en rendant disponible

sur Internet plus de 100

000 reproductions numériques

d’œuvres libres de droits, issues

des collections de leurs musées

partenaires. Sous forme d’une vaste

base de données accessible via

un moteur de recherche, les images

des œuvres sont désormais consultables

et téléchargeables gratuitement depuis le site, accompagnées d’une fiche détaillée explicative accompagnant

les internautes dans la découverte des œuvres. Outre son site, Paris Musées propose également d’accéder à

ces ressources gratuitement à travers une application sur téléphone portable. Digitale et interactive, celle-ci permet

de zoomer au plus près des œuvres grâce à des images en très haute définition et d’en apprendre davantage sur

leurs histoires, mais également d’identifier des œuvres inconnues à partir de photographies prises avec son téléphone.

L’occasion de parcourir sans modération les collections du Petit Palais, du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris

ou encore du Palais Galliera.

82 - SCÉNOGRAPHIE SCÉNOGRAPHIE - 83



84 85



olafur

eliasson

Olafur Eliasson est un artiste contemporain islandais et danois. Il est

né le 5 février 1967 au Danemark et plus précisément dans la ville de

Copenhague.

Lors de sa jeunesse, il réside tout d’abord à Copenhague, puis choisi

ensuite l’Islande, le pays d’origine de ses parents.

Plus tard, il intégrera l’Académie Royale des Beaux-Arts du Danemark

où il sera remarqué pour sa créativité sans faille et obtiendra alors

son diplôme en 1995. C’est alors à cet instant précis que la carrière

de ce jeune artiste, tout juste diplômé, décolle.

Il est spécialisé dans l’exploitation des surfaces en jouant sur les déformations,

la lumière, les couleurs, les formes géométriques ainsi que

les effets.

Le principal atout de cet artiste est son puissant engagement à

travers ses œuvres. Ce dernier juge très important de transmettre un

message derrière chacune de ses œuvres d’art.

Sa principale force reste l’alchimie entre nature et technologie qu’il

exploite dans beaucoup de ses travaux. Il représente artistiquement

des éléments banals tel que la température, l’air ou l’olfaction en éléments

architecturaux hors normes.

Aujourd’hui, le studio Eliasson regroupe environ 80 personnes issues de

diverses nationalités aux compétences variées, tandis qu’il comptait

seulement trois personnes lors de l’ouverture de son studio. Ce dernier

se constitue actuellement d’artistes, d’architectes, de techniciens ou

encore d’historiens dans le domaine artistique comme Caroline Eggel.

À l’intérieur de ce studio, ceux-ci entreprennent la conception de

l’Art en tant que tel. C’est en réalité un « donneur d’idée ». Grâce à

son studio, Eliasson transmet au quotidien sa propre perception de

l’engagement.

Dans ses œuvres, il crée l’immersion la plus totale. Par exemple, dans

son œuvre The Weather Project datant de 2003, il a reproduit un

soleil couchant dans le hall d’un musée d’Art moderne à Londres

représenté par un disque de lumière jaune-orangée éclairant toute

la surface de la pièce. La nature était parfaitement représentée par

une installation totalement artificielle où le plafond était entièrement

recouvert de miroir afin de pouvoir contempler notre reflet une fois

allongé sur le sol. Olafur Eliasson est écologiste et dénonce une

société égocentrique souffrante qui oublie ses besoins primordiaux

tels que la nature. Selon lui, plus personne n’est soucieux des rapports

humains, les connexions interhumaines ont été complètement oubliées.

À travers ses œuvres, il reproduit un environnement primaire, qui

pousse son public dans ses retranchements afin de ramener la population

à une conscience plus humaine et plus soucieuse de l’environnement.

En 2015, l’artiste eu l’idée de créer une œuvre complètement

anormale sur une place iconique de Paris, celle du

Panthéon. Il y a positionné six énormes blocs de glaces qui

provenaient d’un glacier du Groenland, tombés dans la mer

suite au réchauffement climatique. Cette exposition artistique

en plein cœur de Paris a eu lieu lors de la conférence

internationale sur le climat de la COP21. Son geste eu pour

premier but de sensibiliser la population au réchauffement

climatique. Celui-ci a positionné ses blocs de glace autour

d’un cadran solaire ayant pour objectif de conscientiser la

population à propos de la gravité de la situation climatique

actuelle qui s’accélère.

Un artiste est impliqué dans la vie, dans la réalité

du monde, dans l'idée du progrès. Mon

studio est construit sur cet engagement

En tant qu'artiste, je veux voir une exposition aussi par l'intermédiaire

de mon corps. En art, on comprend physiquement

ce qui arrive, sans passer par les mots. Il suffit de marcher

à travers l'exposition Danser sa vie pour en prendre

conscience : les danseurs y font danser les tableaux que

l'on croyait statiques, comme Udnie, de Picabia, ou Le Bal

Bullier de Sonia Delaunay. Merce Cunningham disait que «le

cerveau est dans notre corps tout entier». On reconnaît

confusément quelque chose que l'on a déjà éprouvé.

86 - DÉCOUVERTES DÉCOUVERTES - 87



agnes

denes

I

I

Cette artiste d’exception est née en 1938 à Budapest et s’inscrit dans

les mouvements de l’Art Conceptuel et de l’Écovention. Cette artiste

visuelle d’origine hongroise se révèle être la meilleure dans son domaine

: Le Land Art.

Actuellement, A. Dénes réside à New York, aux Etats-Unis, après avoir survécu

à de nombreux évènements.

En effet, durant son enfance, dans les années 1930, cette dernière a grandi

à Budapest, et rêvait de devenir poétesse. Après la Seconde Guerre mondiale

et l’occupation nazie, ses parents et elle-même décidèrent de déménager

en Suède. Plus tard, elle décidera de se consacrer à l’art visuel et de

quitter sa vie de famille pour rejoindre une ville qu’elle admire et qui l’inspire

: New York.

L’Art visuel est un art uniquement perceptible grâce à l’œil humain, il englobe

les arts plastiques, la photographie, les beaux-arts, ou encore le cinéma.

Au cours de sa carrière, elle décrochera des doctorats honorifiques, ainsi

que des titres qui lui permettront de poursuivre sa carrière artistique et d’approfondir

ses recherches dans le domaine de l’Art.

Dénes se consacrera aussi à la sensibilisation de l’Art dans des collèges et

des universités aux États-Unis et à l’étranger. Cette dernière fait vraisemblablement

partie de ces artistes éperdument engagés.

Après avoir entrepris de nombreuses actions en faveur de la démocratisation

de l’Art, la jeune femme s’oriente vers de nouvelles pratiques. En effet, elle

trouve que la peinture reste un art trop limité. C’est alors à la fin des années

1960 qu’elle arrête la peinture pour se diriger peu à peu vers l’écologie

(Rice / Tree / Burial). Sa mission consistait à planter des graines de riz dans

une des exploitations d’un État de New York.

Ce qui m’ennuyait le plus était les bords de

la toile, je voulais constamment aller au-delà.

J’avais toujours plus à dire. L’espace réel

est fondamentalement plus fort et plus spécifique

que de la peinture sur une surface

plane.

88 DÉCOUVERTES -89



Son fort engagement se poursuit lorsqu’elle

décide de remplacer le désintérêt des personnes

pour les mathématiques par l’esthétisme

d’une œuvre. En effet, elle nomme ce mouvement

Philosophie Visuelle qui se compose de dessins

schématiques afin d’aider toute une population

à réfléchir inconsciemment à une œuvre sans se

douter qu’elle reflète des opérations mathématiques.

Pionnière du Land Art, cette dernière s’est également

engagée dans plusieurs autres œuvres

notamment pour l’exposition du programme

Rice/Tree/Burial. Elle décide donc de dénoncer

la mauvaise gestion d’utilisation de la terre

menant directement à la faim dans le monde.

Pour ce faire, elle plante et cueille deux acres

de blés puis nettoie la zone concernée, couvre

les rues de terre végétale et réalise un système

d’irrigation, ce qui favorisera la croissance du

blé pendant quatre mois. En finalité, elle récoltera

plus de mille livres de grains.

En 1992, elle a construit une colline qui prend

racine sur un puit de graviers sur laquelle sont

plantés 11000 arbres représentés par 11000

personnes qui se sont également engagées afin

d’encourager et d’aider l’artiste dans son projet

dédié à la conservation de la biodiversité.

Chaque personne ayant alors planté un arbre

a reçu un certificat attestant de leur engagement

envers la planète.

Un artiste qui a prouvé que l’Art n’était pas que

visuel malgré que ce soit son atout majeur, ce

dernier pouvait et se devait d’être également

intellectuel.

Cette artiste a alors démontré, à travers ses

nombreuses œuvres engagées, que l’Art ne relève

pas seulement de l’esthétisme visuel mais

qu’il peut tout à fait être utilisé à des fins dénonciatrices.

À travers ses œuvres, l’artiste dénonce la mauvaise

utilisation des terres et s’engage dans un

mouvement qui lui est propre : le Land Art. En

exploitant ce mouvement, elle peut exprimer sa

lutte en faveur de la biodiversité ainsi que

son engouement envers la nature.

Nous avons tellement voyagé que j’en ai perdu mon langage, la créativité devait sortir d’une façon

ou d’une autre, elle s’est échappée sous une forme visuelle

90 - DÉCOUVERTES

91



LUMINESCENCE

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