Production Maintenance 72

PRÉVENTION DES RISQUES / HSE
des informations relatives à la configuration des installations
ou aux risques qu’elles présentent.
L’étude a par exemple montré des difficultés des managers
de l’entreprise exploitante à se représenter l’ensemble des
interventions de maintenance menées et des entreprises
intervenantes. Chacun ne dispose que d’une partie de ces
informations, ces dernières ne sont pas partagées, ce qui
nuit à la coordination des différentes interventions et à leur
réalisation en sécurité.
raisons budgétaires, ont recours à de multiples entreprises. Une
étude menée dans une entreprise exploitante, dont la politique
de maintenance vise pourtant à limiter autant que faire se
peut une telle externalisation, a ainsi révélé qu’au moins 33
entreprises contractantes intervenaient pour la maintenance
de ses équipements de production, sans compter les entreprises
sous-traitantes éventuelles.
DES RISQUES DE « DÉSORGANISATION »,
FRAGILISANT LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ
Il peut résulter de ces organisations complexes des phénomènes
de « désorganisation » susceptibles de nuire à la santé et la
sécurité des salariés : absence de répartition claire des tâches
entre les différentes parties, coordination insuffisante des
activités, difficultés de communication, flux d’informations
complexifiés, etc. Cela peut conduire à des situations de
co-activité, d’interférences entre les activités des uns et des
autres, ou encore à la réalisation des interventions sans disposer
Des ambiguïtés ou modifications dans la répartition des tâches
entre les personnels des entreprises exploitante et contractante
ont également été observées. Elles ont conduit les personnels
contractants à assumer des activités non prévues, au pied levé,
sans toujours disposer des moyens de travail nécessaires.
DÉVELOPPER LA PRÉVENTION DE CES
SITUATIONS
Afin de prévenir ces risques, différentes pistes de prévention
sont proposées, parmi lesquelles :
• l’examen, avant toute nouvelle relation contractuelle, des relations
que les interventions concernées sont susceptibles d’entretenir
avec celles réalisées par d’autres, et la définition des mesures de
prévention permettant une gestion en sécurité de ces relations ;
• la contractualisation de la prévention des risques liés aux
interventions de maintenance externalisées, c’est-à-dire
l’intégration au sein du contrat lui-même d’éléments relatifs
à la santé et à la sécurité. Elle permet une mise en œuvre le plus
en amont possible de la démarche de prévention, un engagement
mutuel des entreprises à ce propos et constitue une base pour
l’élaboration du plan de prévention ;
• la mise en place d’un « référent maintenance » au sein de
l’entreprise exploitante ; c’est-à-dire un interlocuteur privilégié
des personnels de maintenance contractants et sous-traitants,
ayant une vision de l’ensemble du réseau d’intervenants ;
• l’examen conjoint, en cas d’aléas ou d’imprévus, de la situation
en question, de ses conséquences et de l’adaptation des mesures
de prévention qu’elle nécessite ;
• l’instauration d’un « carnet de liaison maintenance »
mentionnant toutes les interventions concernant un équipement
donné, quels que soient les intervenants ;
• la systématisation de la réception des interventions et la mise
en place d’un retour d’expérience sur ces dernières.
Ces pistes de prévention sont détaillées dans un dossier de la
revue Hygiène et Sécurité du Travail de l’INRS (n° 262 du 1 er
trimestre 2021) auquel le lecteur pourra se reporter ●
Corinne Grusenmeyer
Responsable d’études au sein de l’INRS
PRODUCTION MAINTENANCE • N°72 • février-mars-avril 2021 ı61