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DOSSIER
Texte Leonardo Mariaca
Photo Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
Le futur de l’Eglise catholique
L’Eglise catholique est la plus grande Eglise chrétienne
du monde avec plus d’un milliard de baptisé·e·s. Mais avec
une déchristianisation générale commencée dans les années
70, quel avenir pour l’institution?
n 1969, 25% des Français·aises allaient à
E la messe tous les dimanches et 94% des
jeunes Français·aises étaient baptisé·e·s. De
nos jours, la pratique dominicale tourne autour
de 2% et les baptisé·e·s avant l’âge de 7
ans ne sont plus que 30% en France. Dans
un contexte de pandémie, de crise migratoire,
économique et sociale, après la grève
des femmes du 14 juin 2019 et les grèves du
climat, se pose la question de la spiritualité.
Dans un monde aux changements de paradigmes
rapides, la rédaction de Spectrum
s’interroge sur le futur de la religion catholique.
Rencontre avec Charles Morerod, dominicain
et évêque depuis 2011 de Lausanne,
Genève et Fribourg.
Comment interprétez-vous ce phénomène
de déchristianisation générale
en Europe occidentale débuté il y a une
cinquantaine d’année ?
Tout d’abord, il est important de noter que
si les lieux de cultes de campagnes ont une
certaine tendance à se vider, les églises aux
cœurs des villes accueillent des milliers de
fidèles. Par exemple, la basilique de Notre-
Dame de Genève en accueille plus de 2000
tous les dimanches, en temps normal tout
du moins. Certes au début des années
septante, les deux grandes confessions en
Suisse recouvraient quasiment 97% de la
population. Maintenant ce n’est plus le cas,
d’autres religions sont arrivées, et c’est une
bonne chose, car cela peut nous apprendre
à vivre ensemble. Mais il est vrai que l’Eglise
catholique s’est dissociée du politique et
à bien des égards c’est un avantage mutuel.
La séparation de l’Etat et de l’Eglise
a pour effet pour le premier d’explorer de
nouveaux horizons et pour le second de lui
retirer une charge qui l’encombrait dans sa
mission avant tout spirituelle. L’Eglise est
peut-être plus humble et plus consciente de
son propre rôle.
Que pensez-vous du New-Âge et des nouvelles formes de spiritualité ?
L’idée chrétienne, c’est de se dire la chose suivante : comment moi, en tant que chrétien, en
tant que catholique, je peux, à l’aide de ma foi, aidez les autres, ma communauté, ma société ?
La foi invite donc à se donner. Le New-Âge, lui, suit le processus inverse : comment est-ce
que la foi, la spiritualité, peut me servir, moi, dans ma vie quotidienne ? Ainsi, on prend ce
qui nous convient le mieux de l’extérieur pour s’arranger notre intérieur. C’est un genre
de supermarché des religions. Le problème, c’est que c’est de mon point de vue une vision
égocentrée et superficielle d’aborder le transcendant. Votre foi change selon les modes, les
envies, les découvertes, et non selon les répercussions qu’elle a sur les autres. C’est aussi ce
que dit le philosophe bouddhiste japonais Nishitani : on ne doit pas se demander à quoi peut
nous servir la religion, mais la religion nous dit à quoi nous pouvons servir.
La séparation de l’Etat et de l’Eglise a pour effet pour le premier d’explorer de nouveaux horizons et pour
le second de lui retirer une charge qui l’encombrait dans sa mission avant tout spirituelle.
16 spectrum 02.21