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SATIRE
Text Katharina Schatton et Leonardo Mariaca
Illustration Philippe Haenni
C·Zensur·e
Die Königin betritt das achteckige Turmzimmer
der Hauptverwaltung für Verlage und
Buchhandel, wo sie von den Beamten Agas und
Effie erwartet wird. In der Hand hält sie die
Tageszeitung, ihr Gesicht ist in Schockstarre.
Reine / Königin : Vous avez lu cet article
scandaleux ?! Avant dernière page, le dernier
texte ! Ah ces journalistes pensaient que
je ne le remarquerais pas ! Kann mir bitte
jemand erklären, weshalb noch nicht alle gedruckten
Zeitungen zurückgerufen wurden?
Effie: So einfach ist das nicht, meine Königin.
Sammeln wir jetzt alle Zeitungen ein,
die schon verkauft wurden, riskieren wir
den Streisand-Effekt.
Reine / Königin: Den was?
Agas : L’effet Streisand. Laissez-moi vous
expliquer : en 2003, un photographe,
Kenneth Adelman, participe à une enquête
sur l’érosion du littoral. Il va prendre différents
clichés, dont la vue aérienne d’une
falaise californienne qu’il va ensuite publier
sur le site pictopia.com. Ce qu’il ignorait,
c’est qu’il avait photographié le domaine
privé de la chanteuse Barbara Streisand.
Cette dernière a alors la très mauvaise idée
d’attaquer en justice le photographe ainsi
que le diffuseur pictopia.com, les accusant
de ne pas avoir respecté les lois anti-paparazzis
de l’État de Californie. Elle demande
que la photo soit retirée. Mais paradoxalement,
cette tentative de censure aura pour
conséquence d’augmenter le bruit médiatique
autour de cette image : les magazines
people vont s’intéresser à l’affaire, reprenant
le cliché et le diffusant à très large public.
Conséquence : En voulant interdire la diffu-
sion de cette image, Barbara Streisand aura
elle-même contribué à la rendre encore plus
visible et à l’exposer davantage, déclenchant
en quelque sorte un effet boule de neige incontrôlable.
Reine / Königin: Aber trotzdem! Der Artikel
ist eine Schande! Die Zeitungen müssten
doch eigentlich wissen, dass ich sie niemals
so etwas veröffentlichen lassen würde.
Agas : Oui, mais c’est certainement ce qu’ils
cherchent. Ils essaient de se faire censurer
pour exploiter la réactance psychologique.
Reine / Königin : La quoi ?
Effie: Die Reaktanztheorie, meine Königin.
Sie beschreibt die psychologischen Folgen
einer wahrgenommenen Einschränkung
der persönlichen Freiheit. Die Theorie
wurde von den Psychologen
Jack und Sharon Brehm im
Jahr 1966 entworfen. Wenn
man ein Individuum in seiner
Freiheit oder seinem Handlungsspielraum
einschränkt,
wird es unverhältnismässig
motiviert dazu sein, diese Einschränkungen
loszuwerden.
Die Reaktanz kann aber auch
zu Fehleinschätzungen führen.
Zum Beispiel, wenn wir einen
gross angelegten Impfplan
umsetzen würden. Ich bin mir
sicher, dass Teile der Bevölkerung
sich einzig und allein
wegen der Reaktanz dagegen auflehnen
würden, weil sie sich in ihrer Wahlfreiheit
eingeschränkt sähen. Bestimmt würden sie
versuchen, diese instinktive, unreflektierte
Reaktion mit Argumenten zu rechtfertigen,
die ihnen rational erscheinen.
Je grösser die Einschränkung der Wahlfreiheit,
umso grösser die Reaktanz. Vor allem
wenn wir es sind, die die Freiheit der Bürger*innen
einschränken.
Reine/ Königin: Einverstanden. Aber weshalb
würde man sich freiwillig zensieren lassen?
Um die Reaktanz auszunutzen?
Agas : Tout juste ! Les expériences sur la
réactance démontrent que non seulement la
censure d'un discours accroît notre désir de
l’entendre mais accroît aussi notre adhésion
à sa thèse, même sans en avoir pris connaissance.
Il faut être vigilant·e envers ceux et
celles qui se font volontairement modéré·e·s
ou qui inventent une censure qui n’existe pas
afin de manipuler les masses par réactance.
Entre ceux·celles qui censurent pour interdire
un discours et ceux·celles qui imposent
leur discours en criant à la censure, on a
deux formes de manipulation de l’opinion.
Le·la manipulateur·rice censeur et le·la manipulateur·rice
censuré·e exploitent la censure
et transforment la libre expression en
guerre d’expression : le premier cherche à
interdire un discours pour imposer le sien,
l’autre s’appuie sur l’interdit de son discours
pour imposer le sien.
Reine/ Königin : Alors il ne faudrait rien
dire ? Laisser tout le monde dire ce qu’il pense
? Et mon Royaume ?
Effie: Beschränken wir den öffentlichen
Diskurs nicht, hätte das nicht zur Konsequenz,
dass wir die Zensur aufheben. Vielmehr
würden wir sie verschieben. In einem
Diskussionsraum ohne jegliche Regeln oder
Limiten herrscht die Zensur des dominantesten
Teilnehmenden. Die, die am lautesten
schreien, konfiszieren das Rederecht
der anderen. Das Ganze rechtfertigen sie
dann mit dem Recht der freien Meinungsäusserung.
Es gilt also zwischen repressiver
Zensur und blosser Moderation der Debatte
zu unterscheiden. Aber auch mit den besten
Zensurmethoden werden wir den öffentlichen
Diskurs niemals gänzlich kontrollieren
können. Eine einfache Lösung dafür gibt es
nicht. Die Freiheit will gut rationiert und
durchdacht sein.
Reine / Königin: Und genau dafür bezahle
ich euch. Damit mein Volk nicht zu viel darüber
nachdenkt.
Agas und Effie: Ja, meine Königin.
La reine sort de la tour avec un sourire satisfait.
P
Tu en veux plus? La rédaction te
propose une vidéo
francophone de
la chaîne YouTube
horizon-gull pour en
apprendre encore un
peu sur la censure.
10 spectrum 02.21