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MAGAZINE DES ÉTUDIANT·E·S
DE L'UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
STUDIERENDENMAGAZIN
DER UNIVERSITÄT FREIBURG
FÉVRIER · FEBRUAR 2021
FONDÉ PAR L'AGEF
Retour vers le futur
Transhumanisme : l’humain trop humain ? page 12
Le futur de l’Eglise catholique page 16-17
Was morgen kommt
Karten auf den Tisch Seite 13
«Im Blindflug unterwegs» Seite 18-19
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SPECTRUM RECRUTE
DAS Magazin am Brennpunkt des Freiburger Uni-Alltags sucht Verstärkung!
Tu es intéressé·e, curieux·euse et créatif·ve ? Alors c'est exactement toi que l'on cherche !
Autorinnen und Autoren
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die Hefte mitgestalten und gerne Artikel schreiben.
qui contribue au magazine et aime écrire des articles.
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mit einem guten Riecher für tolle Fotos.
qui prend des photos pour des articles et documente des évènements.
Illustratorinnen und Illustratoren
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die passende und pointierte Illustrationen zu den Artikeln anfertigen.
qui réalise des illustrations en accord avec les articles.
ALLE
Tou·te·s
die Erfahrungen im Journalismus sammeln wollen.
qui souhaitent vivre leurs premiers pas dans le journalisme.
Participez aux séances rédactions le 22.02.2021 ou 29.03.2021 à 19h00 en ligne !
Si vous êtes intéressé·e·s, veuillez nous contacter à l’adresse suivante : spectrum@unifr.ch.
WILLKOMMEN BEI SPECTRUM!
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EDITO
SOMMAIRE - INHALT
Leonardo Mariaca
Rédacteur en chef
Rédaction
francophone
Katharina Schatton
Chefredakteurin
Deutschsprachige
Redaktion
DISCUSSION La sismothérapie,
un traitement ancien et
controversé !
CULTURE · KULTUR
Littérature et futur : coup de pelle
ou coup de pouce ?
«Wir sind keine coole Band»
4-5
6
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Parle-moi de demain
Dans un contexte de pandémie, les mots « le monde
d’après » ne cessent de revenir, comme si dans
l’adversité du présent, l’on se préparait à un meilleur
futur. Comment l’imagine-t-on, cet avenir ?
Comment se représenter la société de demain,
l’art de demain, la religion de demain, les sciences
de demain ? Peut-on seulement se l’imaginer ? En
avons-nous seulement les outils ?
C’est à ces questions que l’équipe s’est attaquée
à bras le corps : l’Evêque Charles Morerod expose
sa vision du futur de l’Eglise catholique au
travers d’une interview (16-17). Pour la page culture
(6), Velia Ferracini et Luca Poli vous parlent
du futur de la littérature, alors que Loïs Pythoud
s’intéresse au transhumanisme et à ses conséquences
pour nos corps (12). Eleonora Bobbià et
moi-même nous interrogerons ensuite le psychologue
Alain Bochud sur l’étrange fantasme d’une
fin du monde que semble avoir la population (14).
Dans un autre contexte, Lara Diserens et Joan
Laissue se pencheront sur le mal-être des étudiant·e·s
en temps de Coronavirus (24). Alors que
Manon Savary et Aline Fragnoli déconstruisent le
concept de virginité dans la page sexualité (28).
Velia Ferracini nous explique dans son coup de
gueule la façon d’aborder la transidentité dans
les médias. Enfin, Aline Fragnoli s’en est allée à
la rencontre du propriétaire du fameux cinéma
Rex (20).
Parler de l’avenir nous rassure, cela donne de
l’espoir face au présent, surtout en ces temps
difficiles. Le futur est immuable, puisqu’inconnu,
mais le passé, lui, est altérable. Il suffit de le regarder
d’un différent point de vue. Toutes mes
pensées vont à celles et ceux qui ont perdu leur
travail, la santé ou leurs proches dans cette crise.
Merci de nous lire.
Nicht verzagen
Ganz ehrlich: Ich kann alle verstehen, die während
der vergangenen Prüfungssession einen Durchhänger
hatten. Sich nicht aufraffen konnten. Keine
Lust auf das Frühlingssemester haben. Umso
wichtiger bleibt es, den Blick in die Weite nicht zu
verlernen und den Kopf auch mal in die Wolken
zu stecken.
Wir widmen uns deshalb in der ersten Ausgabe
2021 dem Thema Zukunft. Jedoch weniger den
Fragen, die zurzeit sowieso in den Köpfen vieler
herumgeistern: Die Fallzahlen von morgen? Wann
können wir wieder an die Uni? Kriege ich meinen
Nebenjob zurück? Das Dossier hat bewusst
wenig oder nur indirekt mit Corona zu tun: Zum
Beispiel hat Spectrums Kulturverantwortliche
Alyna Reading für euch mit einer Wahrsagerin gesprochen
(S.13); die Redakteurinnen Anja Blaser
und Corina Dürr schreiben von ihrem Gespräch
über Zukunftsängste mit dem unipsychologischen
Dienst (S. 18-19). Und wie sozialwissenschaft liche
Forschung mit dem Thema Zukunft umgeht,
erfahrt ihr von mir auf S. 15.
Ausserdem erwarten euch neben weiteren
Texten ein Artikel zur Universitären Bewegung
fürs Klima (S. 9) von unserer neuen Unipolitikverantwortlichen
Florence Valenne und ein Bericht
zur Notschlafstelle La Tuile von Matthias Venetz
(S. 21).
Wir dürfen als Redaktion trotz aller pandemiebedingter
Schwierigkeiten sehr positiv ins neue
Semester starten: Neben dem Posten der Unipolitikverantwortlichen
ist auch die Webredaktion
mit Estelle Zahner und das Marketing mit Céline
Meisel neu besetzt.
Mir bleibt zum Schluss, allen Leser*innen im
Namen der ganzen Redaktion zu danken. Wir
freuen uns, dass wir uns weiterhin kreativ ausleben
dürfen und hoffen, dass die neue Edition
Anklang findet.
UNIPOLITIQUE · UNIPOLITIK
S.O.S pour les jobs d’étudiant·e·s
MUC: Zusammen für eine
nachhaltigere Uni
DOSSIER Retour vers le futur ·
Was morgen kommt
FRIBOURG · FREIBURG
Silence, on reste fermé
Mehr als ein Dach über dem Kopf
CRITIQUES · KRITIKEN
SOCIÉTÉ · GESELLSCHAFT
COVID-19 : l’appel à l’aide des
étudiant·e·s
Nicht von heute auf morgen
COUP DE GUEULE La transidentité
: apprendre à en parler !
PERSPEKTIVEN Über Sprache,
gesprochene Nicht-Subjekte und
Verantwortung
SEXUALITÉ · SEXUALITÄT
Et si la virginité n’existait pas ?
Tabuthema Bisexualität - «Ich
falle aus dem Raster»
COMITÉ · KOMITEE
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DISCUSSION
Texte Maxime Corpataux et Thibault Moullet
Photo Wall street journal, Today.com
La sismothérapie, un traitement
ancien et controversé !
La sismothérapie est un traitement ayant pour but de
soigner certaines maladies psychiatriques. Jean-Frédéric
Mall, spécialiste du CHUV, nous offre la possibilité d’en
apprendre davantage sur le sujet.
Contrairement à l’idée reçue, la stimulation électrique est indolore pour le·la patient·e, alors en sommeil profond.
ans la pensée collective, la sismo-
ou électroconvulsivo thérapie
Dthérapie
(ECT) est un traitement qui, par son
histoire et ses références culturelles, garde
l’image d’une intervention barbare. La tendance
anti psychiatrique de l’époque, représentée
notamment dans le film Vol au-dessus
d’un nid de coucou de Milos Forman en 1975,
a alimenté sa mauvaise réputation. Mais
fondamentalement, qu’est-ce que la sismothérapie
?
Un traitement ancien
L’ECT est une méthode thérapeutique développée
dans les années 1930. Elle naît
d’une hypothèse, plus tard avérée fausse,
selon laquelle un·e patient·e épileptique ne
peut être schizophrène. Le but de ce traitement
est donc de provoquer une crise d’épilepsie,
en délivrant un choc électrique sur la
surface du crâne du·de la patient·e, afin de
soigner certaines maladies psychiatriques.
Finalement, le traitement s’est avéré efficace
pour d’autres raisons. Si la technique paraît
brutale et archaïque, son efficacité a été
démontrée dans plusieurs études de qualité.
Jean-Frédéric Mall, docteur et psychiatre
spécialisé en psychiatrie interventionnelle
au CHUV, nous explique : « L’ECT n’est pas
seulement un traitement ancien, mais reste
toujours actuellement, malgré toutes les
avancées de la pharmacologie, le traitement
le plus efficace et le plus rapide dans certains
troubles psychiatriques ».
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Si la pratique a toujours une mauvaise réputation, c’est en grande partie par la représentation qui en est faite dans les œuvres de fiction.
Aujourd’hui, « le principe général du traitement
est globalement le même qu’au départ »,
poursuit le spécialiste du sujet. Malgré tout,
le progrès scientifique a permis plusieurs
améliorations techniques qui rendent l’application
de ce traitement nettement plus
tolérée.
Mais quelles sont les maladies qui méritent
un tel traitement ? Les patient·e·s, de
tout âge, atteint·e·s de dépression sévère,
de schizophrénie ou encore de bipolarité
peuvent bénéficier de l’aide de l’ECT.
« Dans les épisodes dépressifs sévères,
l’ECT est extrême ment efficace et permet
une réduction des symptômes dans 95% des
cas et une disparition totale des symptômes
dans plus de 60% des cas », souligne Jean-
Frédéric Mall. Il prévient cependant que
« l’ECT, comme tous les traitements en psychiatrie,
ne "guérit" pas de la dépression ou
des pathologies traitées mais supprime ses
symptômes et prévient les rechutes ».
Comment s’articule l’intervention ?
Tout d’abord, il convient de révéler que cette
intervention consiste en un traitement non
invasif et non pas d’une opération chirurgicale.
Les séances regroupent le·la patient·e
entouré·e d’une équipe anesthésie (médecin
et infirmier·ère) et psychiatrique (médecin
et infirmier·ère). Le protocole se déroule
comme suit : on pose premièrement une
voie veineuse pour y injecter des produits
d’anesthésie. Deuxièmement, on exécute les
vérifications de sécurité que sont l’identité
du·de la patient·e, son respect du jeûne, une
vérification des médicaments administrés
et les paramètres du traitement. Troisièmement,
on appose différents capteurs utiles
pour l’électrocardiogramme, la tension artérielle,
la saturation en oxygène et l’électroencéphalogramme.
Après avoir administré
de l’oxygène par un masque, on administre
le produit anesthésiant qui l’endort en quelques
secondes, ainsi qu’un puissant relaxant
musculaire, un curare.
C'est l'heure du choc
Puis vient le temps de la stimulation électrique
à l’aide d’électrodes. Celle-ci est très
brève (moins de 10 secondes) et totalement
indolore pour le crâne du·de la patient·e, qui
se retrouve enfoui·e dans un sommeil profond.
L’administration d’électrochocs a pour
conséquence directe de provoquer une crise
d’épilepsie, avec néanmoins peu de mouvements
corporels, en raison de la relaxation
musculaire précitée. Malgré tout, le cerveau
s’emballe durant cet instant avant de revenir
à une situation normale au bout de 2
minutes. L’anesthésie générale dure moins
de 10 minutes au total.
La phase finale de l’intervention consiste
à surveiller le réveil du·de la patient·e et
inspecter ses réactions durant au moins 15
minutes. Ensuite, ce dernier ou cette dernière
se verra offrir une petite collation avant
de pouvoir retourner à la maison ou dans
son unité s’il ou elle est hospitalisé·e.
Au total, l’intervention, avec toutes ces procédures,
dure environ 1 heure, et se déroule
majoritairement en ambulatoire.
Nous avons pu voir que l’électroconvulsivothérapie
(ECT) est un procédé accepté par
la pratique médicale. Or, elle n’est pas encore
administrée sur le canton de Fribourg, faute
de l’installation adéquate. Selon, la Prof.
Dr. Med. Isabelle Gothuey, l’établissement
d’une unité de psychiatrie interventionnelle
a pris du retard à cause de la pandémie de
la COVID-19. Ainsi, ce type d’interventions
s’effectue plutôt via des transferts à Berne
ou à Lausanne. P
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CULTURE
Texte Velia Ferracini et Luca Poli
Photo Pixabay
Littérature et futur : coup de pelle
ou coup de pouce ?
Aujourd'hui, la numérisation de la littérature se développe
toujours plus. Réflexion sur le danger du virtuel.
Une culture autocentrée serait un problème. S’il est bien d’écrire,
il est tout aussi bien de lire.
a numérisation de la littérature interroge
Lle futur de celle qui a jusqu'alors toujours
été associée à l'objet matériel qu'est le livre. En
se libérant de ce lien, l'identité de la littérature
risque de s'estomper dans l'actuelle mutation
médiatique. De plus, le système de production
éditorial est mis en danger par les géants de
l'industrie qui proposent à chacun·e d'éditer
son texte. Ce phénomène risque de supprimer
les intermédiaires (librairies, maisons
d'édition), perturbant ainsi la littérature ellemême.
Dans cet univers en transition, quel est
donc le futur de la littérature ?
Un nouveau visage
Nous avons interrogé le professeur de littérature
de l'Université de Fribourg Claude Bourqui
sur les dangers de la numérisation : « Le
codex imprimé est un objet qui possède des
avantages sur le plan de la maniabilité mais
qui souffre, en tant qu’objet matériel, de handicaps
de diffusion et de conservation ». L'on
constate en effet que les versions numériques
ont l’avantage d’une grande souplesse à la production
et à la diffusion. « Il est vraisemblable
qu’aura lieu tôt ou tard, pour l’écrit de création
littéraire, la dématérialisation qui s’est produite
pour la création musicale et filmique »,
affirme le professeur. Mais le processus peut
prendre du temps pour des raisons culturelles,
dont l'attachement symbolique au livre,
ou qui tiennent à la spécificité économique
du marché du livre tributaire
de la vente d’objets matériels.
Claude Bourqui prédit aussi que
la situation dépendra de l’évolution
de la lecture sur écran :
« Ainsi, des solutions hybrides
vont forcément naître. Par
exemple, ceux qui ont besoin de
tenir un codex dans les mains
pourront sûrement le fabriquer
à domicile par imprimante 3-D »,
grâce à un texte obtenu sur une
plate-forme de vente.
De plus en plus de gens publient
par le biais de grandes entreprises. Il est donc
possible que la littérature se modifie au point
qu’elle n’ait plus son visage actuel. « Le système
de distribution dominant jusqu’à aujourd'hui
date du XVIe siècle. Il est bouleversé
depuis l’avènement d’Internet qui a permis
l’achat à distance des livres-objets, avec pour
conséquence l’éclatement des structures de
la librairie traditionnelle et la transmission
des textes sous forme dématérialisée, ce qui
ébranle le modèle économique des éditeurs. »
explique Claude Bourqui. Ainsi, tout dépendra
de la manière dont les éditeurs réussiront
à réformer ce modèle : vont-ils se transformer
en majors de l’écrit numérique ? ou vont-ils
jouer la carte du vintage en tentant de replier
la littérature sur l’espace du livre traditionnel ?
« Notons que le pire qui pourrait arriver à la
création littéraire serait qu’elle se retrouve
confinée dans l’espace réduit du livre imprimé
et devienne une activité de happy few nostalgiques
», conclut ce dernier.
La littérature comme besoin
Également interrogé, le professeur en littérature
française Thomas Hunkeler explique :
« la littérature, relevant d’un besoin humain
basé sur le désir d’expression de soi, l’épanouissement
de l’imaginaire et la conjuration de la
mort, trouvera toujours à se satisfaire. Si ses
formes changent, le besoin persistera. » Il voit
cependant deux risques pesant actuellement
sur la production littéraire : « d’une part, ce-
lui de se voir imposer une production à destination
globale, à la manière des grandes machines
hollywoodiennes formatées pour être
consommables partout et donc dépourvues
de singularité. D’autre part, l’avènement d’une
culture littéraire personnelle, où chacun écrit
et personne ne lit ». Michel Viegnes, lui aussi
professeur en littérature française, précise
pour sa part qu’il existe une exception pour
les genres comme « le roman policier et la
Fantasy, cette dernière parce qu'elle permet
de s'évader, et le premier parce qu'il est devenu
un vecteur pour parler de toutes sortes
de maux contemporains ». Thomas Hunkeler
conclut avec humour : « Heureusement que les
professeurs ont souvent tort quand il s’agit de
prédire l’avenir. »
En effet, bien malin celui ou celle qui pourrait
prédire l’avenir de la littérature avec exactitude.
Si tout porte à croire que celui-ci n’est pas
des plus radieux étant donné que le livre-objet
est doucement poussé vers l’oubli, ce n’est pas
forcément le cas du livre numérique qui a de
plus en plus de succès. Il n'en est pas moins
étrange de constater que le mouvement fait
pour tourner les pages de sa liseuse reste le
même que celui de son prédécesseur, comme
si ce plaisir devait être préservé à tout prix tel
un héritage. Et puis si les grandes entreprises
capitalistes ont leur rôle à jouer dans cet effacement
progressif du Livre papier et de ses intermédiaires,
est-ce uniquement pour le pire ?
Après tout, chacun·e peut désormais publier
à moindre coût un texte qui lui tient à cœur,
chose impensable pour qui n’a pas forcément
les moyens de passer par une maison d’édition.
Qui sait…P
Maxime Corpataux s'est de son côté
interrogé sur le futur de l'architecture.
Retrouvez l'interview
du Dr. Sergi
Aguacil-Moreno, responsable
pour l’EPFL
du Smart Living Lab
et du Project2050
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KULTUR
Text Natalie Meleri
Foto ZVG
«Wir sind keine coole Band»
Irma Krebs ist eine junge Berner Band. Weshalb es gerade
die Mischung aus Blues, Rock, Jazz und Folk ausmacht
und warum ihr schrägstes Erlebnis in einem Altersheim
stattfand, haben sie Spectrum verraten.
er Irma Krebs hört, denkt vermutlich
Wnicht an eine Band, sondern an ein kurioses
Haustier oder eine ältere Frau. Letztere
war Inspiration zum Bandnamen, erzählt
Texter und Sänger Michael Nejedly: «Luka
und ich waren mit dem Bus unterwegs zum
Proberaum und hatten uns viel zu erzählen.
Als wir an der Endstation ausstiegen, kam
eine ältere Dame auf uns zu und sagte, sie
fände es schön, dass junge Leute heutzutage
noch miteinander sprächen, ohne ständig
auf ihr Handy zu starren.» Und Luka Mandic,
in der Band für Gitarre und Gesang zuständig,
ergänzt schmunzelnd: «Sie sagte
beim Weggehen, ihr Name sei Irma Krebs,
falls wir sie mal suchen würden. Wir waren
uns sofort einig: Das ist unser neuer Bandname!»
Den alten habe nämlich eh niemand
so richtig verstanden. Luka und Michael
gründeten die Band vor zweieinhalb Jahren.
Nur zwei Monate später stiess Tobias
Schmid, Schlagzeuger und Sänger, dazu. Zu
dritt nahmen sie im Proberaum das erste
Album Voui Bire auf. Vor rund einem Jahr
komplettierte Bidu Rüegsegger die Band:
«Ich fand den Sound cool und habe mich bei
ihnen gemeldet.» So wurde Bidu der Bassist
von Irma Krebs. «Du hast dich selbst eingeladen»,
sagt Michael und alle lachen. Die
Chemie stimmt, das merkt man sofort.
Von Texten und Melodien
Die Songtexte von Irma Krebs sind Mundart
und handeln von Pornokinos, alten
Nachbarinnen oder fliegenden Professoren.
Es sind Alltagsgeschichten, mal fröhlich,
mal melancholisch. Michael schreibt alle
Songtexte. Es seien Texte aus dem Leben,
die ihm manchmal einfach so zuflögen. Die
Musik dazu komponieren die Bandmitglieder
gemeinsam: «Manchmal jammen wir
auch zusammen und suchen im Nachhinein
den richtigen Text dazu aus. Dank Michael
haben wir immer Auswahl.» Für die Irmen,
wie sich die Vier nennen, ist Kunst schon
lange ein Teil ihres Lebens. Bidu, Tobias
Die Bandmitglieder sind Musiker mit Leib und Seele. Das versuchen sie insbesondere auf der Bühne
rüberzubringen.
und Luka haben Jazz studiert und Michael
ist Schauspieler, Autor und Regisseur. Selbst
beschreiben sie ihre Musik als einen Mix aus
Blues, Rock, Folk und Jazz. Dies sei keine
bewusste Entscheidung gewesen: Wenn
sie Musik machen, vermischen sie jene Elemente
miteinander, die ihnen besonders
viel Spass machen. «Wir lieben es, durch
die Musik unsere Emotionen zum Ausdruck
zu bringen», erzählt Bidu. «Und genau das
möchten wir auch auf der Bühne zeigen.»
«Genau, wir verausgaben uns auf der Bühne
und man soll uns diese Freude ansehen! Wir
sind keine coole Band», fügt Luka an.
Von Firmenfeiern und fahrenden Konzerten
Irma Krebs’ schrägstes Konzert fand
während eines Geschäftsapéros in einem
Altersheim statt. «Der Strom fiel mehrmals
aus, weil Leute über die Kabel fuhren oder
aus Versehen den falschen Stecker zogen.
Es war ziemlich surreal», erinnert sich Luka.
Sie hätten da gar nicht richtig reingepasst.
Dieser Eindruck bestätigte sich, als am
Schluss gefragt wurde, ob sie jetzt noch W.
Nuss von Bümpliz spielen würden. Lachend
denken sie daran zurück. Einer der besten
Momente für die Band waren hingegen
zwölf Blitzkonzerte in der Stadt Bern vergangenen
Mai: Ihr Konzert zur Eröffnung
des Auawirleben-Theaterfestivals konnte aufgrund
von Corona nicht wie geplant stattfinden.
Stattdessen wurde ein Aufruf gestartet,
Konzertorte vorzuschlagen. Daraus
wurden zwölf Locations ausgesucht, die
Irma Krebs dann an einem Tag mit Auto und
Anhänger abgefahren hat. Damit sich auch
ja keine Menschenansammlung bildete, war
jeweils nach zwei Liedern Schluss. «Die Leute
haben sich sehr gefreut, endlich wieder
Livemusik zu hören», sagt Luka. «Irgendwann
sind uns einige sogar mit dem Velo
nachgefahren!», wirft Michael ein.
Vom zweiten und dritten Album
Ihr zweites Album Grüessech Grüessech
haben sie erstmals in einem Studio aufgenommen.
Und obwohl es noch gar nicht
erschienen ist, haben sie bereits zwölf neue
Songs am Start. «Wir lieben es einfach,
zusammen Musik zu machen und bis wir
wieder live spielen können, arbeiten wir an
neuen Sachen», sagt Tobias zum Abschluss. P
Die Songs von
Irma Krebs findet
ihr auf Spotify und
YouTube. Weitere
Informationen
auf der Webseite:
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UNIPOLITIQUE
Texte Lara Diserens et Meredith Stella
Illustration Lara Diserens
S.O.S pour les jobs d’étudiant·e·s
Les mesures de semi-confinement empêchent de nombreux·euses
étudiant·e·s de travailler.
e salon de l’auto ? Annulé. Le domaine
Lde la restauration ? Il subit trois confinements
consécutifs. L’évènementiel en standby…
Si ces domaines se retrouvent dans des
moments d’incertitudes quant à leur futur,
ces inquiétudes touchent aussi des employé·e·s
bien souvent étudiant·e·s.
Work work work
Selon l’OFS, 22% des étudiant·e·s en haute
écoles travaillent à temps partiel. Pour la
moitié d’entre eux·elles, ce job a une place
centrale dans leur vie. En effet que ce soit
pour arrondir les fins de mois, se faire plaisir
ou financer leurs études, l’activité professionnelle
des personnes en formation en est
une à part entière. Souvent, les secteurs qui
offrent des horaires de travail atypiques, de
nuit ou en week-ends, séduisent les jeunes
travailleur·euse·s, leur permettant de jongler
plus librement avec leur formation.
Serveur·euse, vendeur·euse, animateur·rice,
hôte·esse, ces postes ont temporairement
disparu… tout comme les revenus qu’ils promettaient.
Que promet alors la Confédération ?
Des mesures légales ont été mises en place
pour soutenir les employé·e·s dans l’impossibilité
de travailler. L’ordonnance du
20 mars 2020 sur l’assurance- chômage en
temps de COVID définit les droits d’indemnisation
des salariés·e·s. Depuis octobre, la
loi prend également en compte les travail-
leur·euse·s sur appel, sous contrat indéterminé.
Sachant que la plupart des étudiant·e·s
sont soumis·es à ce type d’engagement, il
est fort heureusement que ce genre d’aides
existe. Mais il faut quand même souligner
que certaines conditions contractuelles
empêchent nombre d’entre eux·elles d’y
accéder. Un taux de travail insuffisant ou
un engagement trop récent en sont des
exemples. Si certain·e·s patron·nne·s font
un geste, la plupart restent de marbre.
« Ce n’est pas parce que je travaille uniquement
le dimanche que mon salaire n’est pas
important. Mon patron croit que j’utilise cet
argent pour m’acheter des bonbons à la sortie
de l’école, ou quoi ? » se désole Camille*,
étudiante et vendeuse à temps partiel.
Infantilisé·e·s et illégitimes, les jeunes travailleur·euse·s
?
Petit éclairage juridique de
Letizia Corsano, responsable
des ressources humaines à MAD
Production SA à Lausanne.
Quels sont les droits des travailleurs·euses
sur appel ?
Les travailleurs·euses sur appel ont
droit à 80% de leur salaire sur la base
d’une moyenne salariale et heures
sur les 6 mois avant mars 2020.
Quelles sont les conditions pour
espérer toucher des RHT en tant
que travailleurs·euse sur appel ?
Les conditions sont: l’existence d’un
système de contrôle des heures de
travail, avoir un contrat de travail, et
bénéficier de plus de 6 mois d’activité
dans l’entreprise avant mars
2020.
Que nous offre l’uni ?
Il n’est pas toujours facile de savoir à qui
demander de l’aide financière. À l’université
de Fribourg, nous avons Uni-Social.
Un Service qui offre plusieurs prestations
[voir encadré Bon à savoir] dont les subsides
d’études, une aide financière non remboursable.
Pour y recourir, les étudiant·e·s
doivent déposer une demande de subsides
d’études qui se trouve sur le site mentionné
ci-dessous. L’équipe d’Uni-Social procède à
une évaluation du budget tenant compte des
éventuelles recettes et dépenses comme le
loyer, l’assurance maladie, le forfait d’entretien
ou autres.
Néanmoins, il peut y avoir plusieurs cas de
figure. « Imaginons par exemple une personne
qui travaille pendant trois mois, puis
en raison d’un confinement n’a plus de job
et donc plus de salaire. Si elle se trouve dans
un besoin financier, Uni-Social pourrait lui
verser des subsides pour compléter son
budget », explique Ariane Linder, responsable
d’Uni-Social. Il s’agit d’une analyse
mensuelle du budget qui permet de combler
un besoin immédiat. « J’encourage chaque
étudiant·e, même dans le doute, de déposer
une demande, nous sommes là pour vous »,
ajoute Ariane Linder. Bien qu’une bourse
vous ait été octroyée ou au contraire refusée,
que vous travailliez ou encore toute
autre situation possible, n’hésitez pas à les
contacter !
Leur guichet étant fermé en raison de la
crise sanitaire, tu peux t’adresser par email :
uni-social@unifr.ch ou par téléphone :
026 300 71 60. P
Bon à savoir:
Uni-social est un Service qui offre
plusieurs prestations, telles que
les subsides d’études, mais aussi
des conseils pour une demande de
bourse, pour des questions administratives
ou financières, du coaching
comme par exemple lors d’un
blocage sur son travail de mémoire.
Il peut arriver que des parents ne
veulent plus financer les études pour
quelconque raison,
Uni-Social propose
une médiation afin
de recourir à une
entente.
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UNIPOLITIK
Text Florence Valenne
MUC: Zusammen für eine nachhaltigere
Uni
Trotz Pandemie bleibt das Klima überall ein Thema - auch
an der Uni. Sophie Bucher, Mitgründerin der Universitären
Bewegung fürs Klima, gibt uns einen Einblick in die noch
junge Studierendenbewegung.
on den Folgen des vom Menschen ge-
Klimawandels wurde schon
Vmachten
1970 gewarnt. Schenkten frühere Polit-
Generationen dem Thema noch kaum
Gehör, ist es mittlerweile nicht mehr aus
dem öffentlichen Diskurs wegzudenken.
Erheblich dazu beigetragen hat die Schülerin
Greta Thunberg, als sie an einem Freitag
im August 2018 in den Klimastreik trat, dem
sich im Laufe der Zeit immer mehr Schüler*innen,
Studierende und andere Teile der
Bevölkerung anschlossen. Im Lauf der Zeit
bildeten sich Untergruppen mit dem Ziel,
den Streik zu unterstützen. So auch die Universitäre
Bewegung fürs Klima, kurz MUC
(Mouvement universitaire pour le Climat).
Ihr Ziel: Den Klimastreik an die Uni bringen.
Doch was genau steckt hinter dem Namen?
«Menschen, die gerne anpacken»
«Man braucht keine Superkräfte, um die
Welt zu retten», heisst es auf der Instagram-
Seite der Bewegung. Getreu diesem Motto
hat es sich die MUC zur Aufgabe gemacht,
konkrete Forderungen im hochschulspezifischen
Kontext auszuarbeiten und umzusetzen.
Die MUC umfasst ein zweisprachiges,
achtköpfiges Kernteam sowie eine lose
Gruppe von Helfer*innen, die einspringen,
wenn mehr Hände gebraucht werden. «Obwohl
wir als Bewegung ursprünglich ein Ableger
des Klimastreiks sind, agieren wir autonom,
planen eigene Aktionen und wollen
konkrete Forderungen an die Uni stellen»,
erklärt Sophie. Die Bewegung sei dezentral
organisiert, aber alle Entscheidungen werden
gemeinsam getroffen. «Wir sind allesamt
Menschen, die gerne anpacken», fügt
Sophie hinzu.
Forderungen durch Fragebögen
Bei der Gestaltung der Nachhaltigkeitspolitik
wollen die Studierenden eng mit den
bereits existierenden institutionellen Organen
der Uni zusammenarbeiten. Damit die
Bewegung aber ihre eigenen Schwerpunkte
setzen kann, arbeitet sie derzeit an Fragebögen
zu unterschiedlichen Bereichen der
Nachhaltigkeit. Alle Studierenden und Mitarbeitenden
der Universität sollen so die
Möglichkeit erhalten, an der Erarbeitung
und Priorisierung der Forderungen mitzuwirken.
«Durch diese Umfragen wollen wir
ein offenes Gespräch mit der Uni suchen»,
erzählt Sophie. Ziele, die die MUC in den
Umfragen vorstellt, umfassen beispielsweise
eine klimaneutrale Gestaltung und
Isolierung der Universitätsgebäude, eine
nachhaltigere Auswahl an Gerichten, die in
den Mensen angeboten werden, oder auch
das Setzen von Anreizen für eine umweltfreundlichere
Mobilität der Studierenden
und Mitarbeitenden.
Gemeinsam handeln
Die Aktionen, die die Studierenden organisieren,
sind unterschiedlich: Filmvorführungen,
Diskussionsgruppen oder Ausflüge. Aus
bekannten Gründen muss sich die Gruppe
derzeit aber auf Online- Veranstaltungen
beschränken. So auch für die Teilnahme an
der Nachhaltigkeitswoche, die vom 8. bis 14.
März stattfindet. Die Nachhaltigkeitswoche
ist eine bundes weite Aktionswoche, die
von Ortsgruppen an den einzelnen Hochschulen
in der Schweiz organisiert wird.
Seminare, Vorlesungen und Aktionen zum
Thema Umwelt und Nachhaltigkeit konnten
auch in der Vergangenheit schon angeboten
werden. Dieses Jahr wird die MUC sowohl
eine Veranstaltung zum Thema Green Entrepreneurship
beisteuern als auch eine
Online-Verkaufsaktion von Secondhand-
Kleidern starten. Dabei soll es aber nicht
bleiben: «Die Arbeit geht weiter und wir
dürfen trotz Coronapandemie die Motivation
nicht verlieren», betont Sophie. P
Info box:
Du möchtest dich auch für Klimaschutz
und den nach haltigen
Wandel in der Gesellschaft einsetzen?
Du willst die Universität
Freiburg umweltfreundlicher gestalten
und soziales Engagement
zeigen? Dann kannst du ganz einfach
über folgende Kanäle der MUC
oder der Nachhaltigkeitswoche
einsteigen:
Instagram: @muc_unifr @frib_perie
Facebook: MucUnifr
Kleidertausch:
Nachhaltigkeitswoche:
02.21
spectrum
9
SATIRE
Text Katharina Schatton et Leonardo Mariaca
Illustration Philippe Haenni
C·Zensur·e
Die Königin betritt das achteckige Turmzimmer
der Hauptverwaltung für Verlage und
Buchhandel, wo sie von den Beamten Agas und
Effie erwartet wird. In der Hand hält sie die
Tageszeitung, ihr Gesicht ist in Schockstarre.
Reine / Königin : Vous avez lu cet article
scandaleux ?! Avant dernière page, le dernier
texte ! Ah ces journalistes pensaient que
je ne le remarquerais pas ! Kann mir bitte
jemand erklären, weshalb noch nicht alle gedruckten
Zeitungen zurückgerufen wurden?
Effie: So einfach ist das nicht, meine Königin.
Sammeln wir jetzt alle Zeitungen ein,
die schon verkauft wurden, riskieren wir
den Streisand-Effekt.
Reine / Königin: Den was?
Agas : L’effet Streisand. Laissez-moi vous
expliquer : en 2003, un photographe,
Kenneth Adelman, participe à une enquête
sur l’érosion du littoral. Il va prendre différents
clichés, dont la vue aérienne d’une
falaise californienne qu’il va ensuite publier
sur le site pictopia.com. Ce qu’il ignorait,
c’est qu’il avait photographié le domaine
privé de la chanteuse Barbara Streisand.
Cette dernière a alors la très mauvaise idée
d’attaquer en justice le photographe ainsi
que le diffuseur pictopia.com, les accusant
de ne pas avoir respecté les lois anti-paparazzis
de l’État de Californie. Elle demande
que la photo soit retirée. Mais paradoxalement,
cette tentative de censure aura pour
conséquence d’augmenter le bruit médiatique
autour de cette image : les magazines
people vont s’intéresser à l’affaire, reprenant
le cliché et le diffusant à très large public.
Conséquence : En voulant interdire la diffu-
sion de cette image, Barbara Streisand aura
elle-même contribué à la rendre encore plus
visible et à l’exposer davantage, déclenchant
en quelque sorte un effet boule de neige incontrôlable.
Reine / Königin: Aber trotzdem! Der Artikel
ist eine Schande! Die Zeitungen müssten
doch eigentlich wissen, dass ich sie niemals
so etwas veröffentlichen lassen würde.
Agas : Oui, mais c’est certainement ce qu’ils
cherchent. Ils essaient de se faire censurer
pour exploiter la réactance psychologique.
Reine / Königin : La quoi ?
Effie: Die Reaktanztheorie, meine Königin.
Sie beschreibt die psychologischen Folgen
einer wahrgenommenen Einschränkung
der persönlichen Freiheit. Die Theorie
wurde von den Psychologen
Jack und Sharon Brehm im
Jahr 1966 entworfen. Wenn
man ein Individuum in seiner
Freiheit oder seinem Handlungsspielraum
einschränkt,
wird es unverhältnismässig
motiviert dazu sein, diese Einschränkungen
loszuwerden.
Die Reaktanz kann aber auch
zu Fehleinschätzungen führen.
Zum Beispiel, wenn wir einen
gross angelegten Impfplan
umsetzen würden. Ich bin mir
sicher, dass Teile der Bevölkerung
sich einzig und allein
wegen der Reaktanz dagegen auflehnen
würden, weil sie sich in ihrer Wahlfreiheit
eingeschränkt sähen. Bestimmt würden sie
versuchen, diese instinktive, unreflektierte
Reaktion mit Argumenten zu rechtfertigen,
die ihnen rational erscheinen.
Je grösser die Einschränkung der Wahlfreiheit,
umso grösser die Reaktanz. Vor allem
wenn wir es sind, die die Freiheit der Bürger*innen
einschränken.
Reine/ Königin: Einverstanden. Aber weshalb
würde man sich freiwillig zensieren lassen?
Um die Reaktanz auszunutzen?
Agas : Tout juste ! Les expériences sur la
réactance démontrent que non seulement la
censure d'un discours accroît notre désir de
l’entendre mais accroît aussi notre adhésion
à sa thèse, même sans en avoir pris connaissance.
Il faut être vigilant·e envers ceux et
celles qui se font volontairement modéré·e·s
ou qui inventent une censure qui n’existe pas
afin de manipuler les masses par réactance.
Entre ceux·celles qui censurent pour interdire
un discours et ceux·celles qui imposent
leur discours en criant à la censure, on a
deux formes de manipulation de l’opinion.
Le·la manipulateur·rice censeur et le·la manipulateur·rice
censuré·e exploitent la censure
et transforment la libre expression en
guerre d’expression : le premier cherche à
interdire un discours pour imposer le sien,
l’autre s’appuie sur l’interdit de son discours
pour imposer le sien.
Reine/ Königin : Alors il ne faudrait rien
dire ? Laisser tout le monde dire ce qu’il pense
? Et mon Royaume ?
Effie: Beschränken wir den öffentlichen
Diskurs nicht, hätte das nicht zur Konsequenz,
dass wir die Zensur aufheben. Vielmehr
würden wir sie verschieben. In einem
Diskussionsraum ohne jegliche Regeln oder
Limiten herrscht die Zensur des dominantesten
Teilnehmenden. Die, die am lautesten
schreien, konfiszieren das Rederecht
der anderen. Das Ganze rechtfertigen sie
dann mit dem Recht der freien Meinungsäusserung.
Es gilt also zwischen repressiver
Zensur und blosser Moderation der Debatte
zu unterscheiden. Aber auch mit den besten
Zensurmethoden werden wir den öffentlichen
Diskurs niemals gänzlich kontrollieren
können. Eine einfache Lösung dafür gibt es
nicht. Die Freiheit will gut rationiert und
durchdacht sein.
Reine / Königin: Und genau dafür bezahle
ich euch. Damit mein Volk nicht zu viel darüber
nachdenkt.
Agas und Effie: Ja, meine Königin.
La reine sort de la tour avec un sourire satisfait.
P
Tu en veux plus? La rédaction te
propose une vidéo
francophone de
la chaîne YouTube
horizon-gull pour en
apprendre encore un
peu sur la censure.
10 spectrum 02.21
RETOUR VERS
LE FUTUR
-
WAS MORGEN
KOMMT
Idée originale Katharina Schatton
12 Transhumanisme : L’humain trop humain ?
13 Karten auf den Tisch
14 Le fantasme d’une fin d’un monde
15 Das Morgen erforschen
16-17 Le futur de l’Eglise catholique
18-19 «Im Blindflug unterwegs»
02.21
spectrum
11
DOSSIER
Texte Loïs Pythoud
Illustration elveflow.com
Transhumanisme : l’humain trop
humain ?
Les diverses technologies naissantes peuvent être
qualifiées à la fois de salut et de dérive de l’humanité.
ous nous inspirons de l’essai de Luc
N Ferry, La révolution transhumaniste, pour
résumer les enjeux moraux soulevés par ce
mouvement.
Les enfants modifié·e·s génétiquement,
c’est pour bientôt !
« Nous n'acceptons pas les aspects indésirables
de notre condition humaine. Nous mettons
en question les limitations naturelles et
traditionnelles de nos possibilités. » Cette
phrase digne d’un film de science-fiction
vient du manifeste extropien 3.0, un manifeste
de partisan·e·s du transhumanisme. Ce
mouvement, comme le définit Luc Ferry,
est un « vaste projet d'amélioration de l'humanité
actuelle sur tous les plans, physique,
intellectuel, émotionnel et moral, grâce aux
progrès des sciences et en particulier des
biotechnologies ». À froid, cette définition
nous fait songer immédiatement à tous les
films de science-fiction dans lesquels cette
technologie apparaît comme émancipatrice
(Lucy, Limitless), mais aussi parfois comme
aliénante, déshumanisante et dangereuse
(Matrix, Transcendance).
Les bienfaits du transhumanisme
Après tout, pourquoi ne pas prendre cette
opportunité et changer notre approche de
la génétique, pour ne plus subir le hasard de
la nature, mais le remplacer par un choix ?
Avec des technologies permettant de définir
les caractéristiques du génome de nos enfants,
les parents ne joueraient ainsi plus à
la loterie de la Providence, mais choisiraient
activement selon leurs préférences les gênes
qui les intéressent. C’est d’ailleurs déjà le cas
en partie quand on sait que 97% des femmes
enceintes qui apprennent qu’elles risquent
d’avoir un enfant trisomique avortent. On
peut essayer de condamner moralement
cette sorte d’eugénisme, mais vu la souffrance
que cela permet d’éviter, c’est probablement
peine perdue.
mort. Comme le résume Luc Ferry, beaucoup
de chercheur·euse·s estiment que « le
problème qui préoccupe l’humanité depuis
les origines, celui de la mort, n’appartient
plus à la mythologie, à la religion ou à la
philosophie, mais à la médecine et à la biologie
(…) ». En effet, il se pourrait, comme
le plaide Laurent Alexandre, que les nanotechnologies
permettent dans quelques
dizaines d’années de créer ou de recréer
tout et n’importe quoi, « aussi les tissus et
les organes vivants ». Surtout si les GAFA
s’y mettent : Google a investi des centaines
de millions dans sa firme Calico qui vise à
éradiquer rien de moins que la mort.
Là encore, on pourrait s’opposer pour plusieurs
raisons à la création d’un Humain
immortel, comme le risque d’une crise
démographique sans précèdent, la perte
éventuelle de sens à notre vie ou l’inégalité
monstrueuse que cela pourrait engendrer
entre les riches pouvant se permettre l’immortalité
et les pauvres devant rester mortel·le·s.
Mais peut-on réellement s’opposer
à quelque chose qui permettrait d’éviter ce
que tous et toutes nous craignons ?
Un dernier argument qui pèse en faveur de
ce mouvement, c’est sa capacité à réparer les
handicaps, car il permet, à l’instar du transgénisme,
de compenser les inégalités biologiques
entre les individus. Pour exemple, une
entreprise allemande a accompli l’exploit de
rendre la vue à des aveugles atteints de rétinite
pigmentaire en intégrant une puce électronique
à leur rétine. Cet exploit constitue
sans autre du transhumanisme en cela qu’il
crée des Hommes hybrides, mais nous ne renoncerons
pas à de tels miracles par simple
peur des machines. We have to give the devil
his due : le transhumanisme n’est pas mauvais
en soi.
Le revers de la médaille
Dans le cas du transgénisme, un abus de
l’utilisation de cette technologie – par exemple
uniquement dans le but de modeler ses
enfants en fonction d’un idéal superficiel –
et non plus pour protéger leur santé, pourrait
amener selon Luc Ferry à des problèmes
d’identité de soi. En effet, « la définition
même de ce que nous sommes et de ce que
nous voulons devenir va nous appartenir de
plus en plus là où nous pensions, dans les
temps anciens, que cette définition appartenait
à Dieu, à la coutume ou à la nature ».
Le philosophe Allen Buchanen va plus loin
en affirmant que « l’organisme humain est
une totalité équilibrée et réglée de manière
fine, le produit d’une évolution exigeante et
complexe » et qu’« il est donc totalement déraisonnable
de s’amuser à saccager la sagesse
de la nature, le chef-d’œuvre du Maître
Ingénieur de l’évolution, dans le but d’être
mieux que bien. » P
Un autre point où le transhumanisme fait
a priori l’unanimité, c’est l’éradication de la
Qui s’amusera à regarder des compétitions sportives quand celles-ci représenteront non plus comme
le dit le philosophe américain Michaël Sandel « les performances des joueurs » mais « celles de leurs
pharmaciens » ?
12 spectrum 02.21
DOSSIER
Text und Illustration Alyna Reading
Karten auf den Tisch
Was die Zukunft bringt, steht in den Sternen. Oder vielleicht
auch in den Karten, die Orietta Crescentini für ihre Kund*innen
legt.
ei der Suchanfrage spuckt Google eine
B Vielzahl an Ergebnissen aus: Es wimmelt
in «deiner Nähe» nur so von Hellseher*innen,
Kartenleger*innen oder sogenannten
Engelmedien. Offenbar besteht
eine grosse Nachfrage an Lebensberatung
metaphysischer Art. Meine eigenen Erfahrungen
auf dem Gebiet sind hingegen
sehr beschränkt. Als ich Orietta Crescentinis
Nummer wähle, brennen mir hundert
Fragen zum Alltag einer Hellseherin auf der
Zunge.
Doch ich muss mich mit meinen Fragen
etwas gedulden. Frau Crescentini berät
zwar seit elf Jahren Menschen zu deren
Zukunft, aber an diesem Morgen sitzt sie
in einem Sozialversicherungsbüro. Der
Kontrast zwischen ihrer Leidenschaft als
Kartenlegerin und ihrem Vollzeitjob im
Büro sorgt bei ihr für Balance und bei mir
für Verblüffung. Sie bittet mich höflich, sie
nach Feierabend wieder anzurufen.
Ein unbeschriebenes Blatt
Als sie später meinen Anruf annimmt,
folgt die zweite Überraschung: Sie hat
sich meinen Namen gemerkt. Von ihrer
Kundschaft weiss sie am liebsten nur Name
und Telefonnummer – falls sie den Termin
verschieben muss. Vor einer Beratung will
sie gar nichts über das Thema wissen, das
ihre Kund*in umtreibt. «So habe ich ein
unbeschriebenes Blatt vor mir», erklärt sie
mir auf Berndeutsch.
Die Beratungen finden auf gemieteter
Fläche und nicht bei ihr zu Hause statt. «Der
Raum soll von der Energie her – wenn man
das so sagen kann – ein neutraler Ort sein.»
Beratungen per Telefon lehnt sie ab, denn
beim Kartenlegen will sie den Menschen
in die Augen sehen können. Im Moment
bedeutet das, dass die Beratungen mit Maske
und Abstand stattfinden müssen. Der
Ablauf ist aber noch derselbe wie vor der
Pandemie: Die Leute kommen an, setzen
sich, trinken etwas und führen ein wenig
Smalltalk. Erst wenn sie sich wohlfühlen,
kommen die Karten zu Wort.
Kein Guru und kein Göttin
Frau Crescentini verwendet für ihre Legungen
Lenormandkarten. Benannt sind
diese nach einer französischen Wahrsagerin
aus dem 19. Jahrhundert und auch
die Bilder auf den Karten erinnern an den
damals üblichen Biedermeierstil. Für Frau
Crescentini ist es, als würde sie ein Buch
aufschlagen und die Lebensgeschichte der
Kund*innen nachlesen. «Ich sehe die Bilder
und beschreibe, was ich sehe. Dann fügt sich
alles zusammen wie ein Puzzle.» Je nach Reihenfolge
und Konstellation kann für sie ein
und dasselbe Bild verschiedene Bedeutungen
annehmen. Wenn sie die Karten legt,
fühlt sich Frau Crescentini inspiriert. Sie
lächelt: «Von Engeln oder vom Universum,
wenn man so will.» Auch, dass sie nicht
besonders religiös ist, überrascht mich.
Nachdem sie die Karten gelegt hat, bespricht
sie mit ihrer Kundschaft, was diese
beschäftigt. Meistens kommen Menschen
mit konkreten Fragen über die Zukunft ihrer
Beziehungen, ihres Studiums oder Berufs
zu ihr. Es sei schön zu sehen, wie treffsicher
die Karten seien. Trotzdem fordert sie alle
ihre Kund*innen auf, die Karten «spielerisch»
anzugehen und nicht allzu ernst zu
nehmen: «Kein Mensch ist ein Guru oder
eine Göttin, die über andere bestimmen
kann.» Die Kund* innen sollen aus der Beratung
mitnehmen, was sich für sie «stimmig»
anfühlt.
«Alles fügt sich zusammen
wie ein Puzzle.»
Neue Horizonte
Allzu sehr sollte man sich von den Karten
nicht abhängig machen. Um Abhängigkeiten
zu vermeiden, empfängt Crescentini selbst
ihre Stammkund*innen nicht öfter als vier
Mal pro Jahr. Ihre Beratung solle immer
nur eine Unterstützung sein. Sie lege aus
ähnlichen Gründen auch keine Karten zum
Thema Gesundheit, denn das könne Angst
machen, was wiederum zu Abhängigkeit
führe.
Mit ihren Karten will Frau Crescentini den
Menschen Mut für die Zukunft mitgeben.
Natürlich sind die Karten, die sie legt, nicht
immer positiv. Das Leben bleibe schliesslich
ein «Lehrblätz». Doch wie sie es auch auf
ihrer Webseite (in dezenten Grün- und Beigetönen
gehalten) schreibt, möchte sie den
Menschen gerne «neue Horizonte» eröffnen.
Ob Orietta Crescentini tatsächlich
in ihren Karten die Antworten auf die Fragen
ihrer Kundschaft findet, weiss ich nach
diesem Gespräch nicht. Doch sie hat mich
mit ihrer offenen und bodenständigen Art
mehr als einmal beeindruckt. Meinen Horizont
hat sie mit unserem Telefongespräch
ein wenig erweitert – ganz ohne Karten. P
02.21
spectrum
13
DOSSIER
Texte Leonardo Mariaca et Eleonora Bobbià
Illustration Phillipe Haenni
Le fantasme d’une fin d’un monde
La fin de toute civilisation revient régulièrement dans
l’agenda de l’humanité et paradoxalement, certaines personnes
semblent même l’espérer.
e la prophétie maya du 21.12.12 à la mise
D en route du CERN, combien de fois
n’a-t-il pas été question dans les différents
médias de la fin plus ou moins crédible de
l’humanité ? À cette triste éventualité l’on
constate alors d’étranges comportements
de masse. Rappelons-nous par exemple lors
du boom médiatique créé par le calendrier
maya de celles et ceux qui se sont isolé·e·s
dans des bunkers au Canada avec d’énormes
quantités de papier toilettes, déterminé·e·s à
passer l’hiver apocalyptique qui s’annonçait.
Certain·e·s survivalistes se préparent de leur
côté au Ragnarok par l’achat massif d’armes
lourdes, comme si pour finir, ils et elles n'attendaient
que cela. Mais comment expliquer
qu’une partie de l’humanité semble attendre
désespérément une fin du monde à proprement
parler ?
Le cerveau ou l’art de survivre
La réponse est avant toute chose à chercher
dans notre cerveau. Ce dernier est calibré
pour nous maintenir en vie, et dans ce but,
il s’est fait spécialiste de repérer le danger
le plus vite possible. Le cerveau s’intéresse
davantage aux mauvaises nouvelles, au
sensationnalisme et aux catastrophes, car
il essaie de prévoir les éventuels dangers
auxquels chacun et chacune doit faire face.
« C’est la raison pour laquelle l’on lit plus volontiers
des articles de presse remplis pleins
de meurtres ou de scandales. On va être attiré·e
par le négatif non pas parce que l’on est
pessimiste, mais parce que notre cerveau le
comprend comme un danger dont on doit
se prémunir », affirme Alain Bochud, psychologue
FSP indépendant.
Aussi, l’être humain, comme tout être vivant
jusqu’à preuve du contraire, est incapable
d’appréhender sa propre mortalité, ce que
démontre le psychologue au travers de l’expérience
de pensée suivante : « fermer les
yeux et et imaginez-vous dans 10 ans. Normalement,
l’image que vous avez en tête est
fondamentalement positive. Maintenant,
imaginez le monde dans 10 ans. Généralement,
la vision future de celui-ci est plutôt
négative ». On va se représenter notre futur
comme meilleur que notre présent, ce
qui va être un moteur psychologique pour
avancer : cela nous donne un but à atteindre.
Toutefois l’on va se représenter notre environnement
comme plus dangereux encore
que notre réalité actuelle : cela nous oblige à
mieux nous préparer, à rester sur nos gardes,
et donc, à survivre. Ainsi, les personnes qui
espèrent une fin du monde ou une catastrophe
n’imaginent pas réellement la possibilité
d’être dans les victimes, ils et elles se
voient irrémédiablement figurer au nombre
des survivants.
Un Reboot pour tout recommencer
Lorsque l’on vit une situation difficile ou que
l’on n’est pas satisfait·e de son quotidien, on
pense qu’une grande catastrophe aurait l’effet
d’un reset et que cela redistribuerait les
cartes. Comme l’explique Alain Bochud :
L’idée est de se dire : moi qui ai une vie
peut-être fade, peut-être que dans ce monde
d’après, j’aurais un destin
On peut aussi expliquer ce désir de fin de
civilisation par le principe de l’égalité des
chances. L’on perçoit aujourd’hui des inégalités
partout, et face à ce genre d’injustices,
une catastrophe planétaire devient un instrument
de réajustement social, comme
le confirme Alain Bochud : « Une “fin du
monde” classiquement dit nous toucherait
tous et toutes, indépendamment de notre
statut social, richesse, sexe, religion, genre
ou provenance. Voir s’effondrer le système
serait alors pris comme une forme de justice
».
Toutefois ce fantasme est à prendre avec
des pincettes : si un grand effondrement de
civilisation peut attirer pour toutes les raisons
citées plus haut, il n’empêche qu’une
catastrophe reste par définition une catastrophe.
Une vision radicale de la nécessité
d’un changement admet la mort et la destruction,
et si notre monde est plus qu’imparfait,
il reste le seul que nous possédons.
Une guerre reste une atrocité, une fin du
monde reste une fin en soi. Peu importe le
genre de civilisation que l’on espère, celle-ci
devra être construite à force d’efforts, et non
pas par l’anéantissement. P
En ces temps de pandémie, les
théories du complot pullulent.
Rencontre avec
Pascal Wagner-egger,
chercheur et
enseignant en psychologie
sociale.
14 spectrum 02.21
DOSSIER
Text Katharina Schatton
Illustration Johanna Schatton
Das Morgen erforschen
Wie unsere Welt in ein paar Jahrzehnten aussehen wird, ist und
bleibt ungewiss. Oder doch nicht? Sozialwissenschaften gehen
auf unterschiedliche Arten mit Zukunftsvorhersagen um.
etzt man sich mit Forschung auseinander,
die sich mit der Zukunft beschäftigt,
S
steht man erst einmal vor einer Irritation:
Wie ist es möglich, dass empirische Wissenschaften
sich mit einem Forschungsobjekt
beschäftigen, das es per Definition (noch)
nicht gibt?
Vorsicht bei fixen Vorhersagen
Natürlich muss nuanciert werden. Naturwissenschaften
entwerfen schliesslich dauernd
auf Grundlage von Daten Szenarien,
auf die wir uns mehr oder weniger verlassen
können. Man denke nur einmal an die
Klimaforschung, die uns derzeit keine rosige
Zukunft prophezeit.
Darüber hat Spectrum mit der Sozialanthropologin
Julia Eckert gesprochen. Ihre
Einschätzung: «Wenn Ernährungswissenschaftler*innen
aufgrund des zunehmenden
Zuckerverzehrs Prognosen zu steigenden
Diabetes-Raten machen, ist das sinnvoll.»
In sozialwissenschaftlichen Disziplinen
könne aber mit dem Blick in die Zukunft
eine falsche Kausalität impliziert werden:
«Wenn Islamwissenschaftler*innen wegen
vermehrter hoher Bildungsabschlüsse unter
Muslim*innen in Europa mehr Terror vorhersagen,
weil viele der bisherigen Täter*innen
einen hohen Bildungsabschluss hatten,
ist das problematisch.»
Aber: «Sozialwissenschaftler*innen sollen
durchaus ihre Einsichten in Zusammenhänge
und Dynamiken für politische Maßnahmen
nützlich machen», sagt Eckert. Im Stil
von «Wenn wir dies tun, wird wahrscheinlich
jenes passieren». Seriöse Forschung
weise aber immer auf die Vorläufigkeit solcher
Vermutungen hin und zeige alternative
Szenarien auf.
Zwei Grundsatzfragen
David Bozzini, Professor für Sozialanthropologie
an der Universität Freiburg, vertritt
eine ähnliche Auffassung, mahnt aber
zur Vorsicht. Möchte man als Sozialwissenschaftler*in
Aussagen über die Zukunft
einer untersuchten Bevölkerungsgruppe
treffen, würden sich zwei Fragen stellen:
Erstens, ob das Fach überhaupt in der Lage
dazu ist, Daten zu liefern, aufgrund derer
Vorhersagen getroffen werden können. Und
zweitens, was für ethische Herausforderungen
mit Aussagen über die Zukunft einhergehen.
«Wie die Menschen ihr Verhalten
aufgrund einer Vorhersage anpassen, steht
in den Sternen. Wenn ich sage, das politische
Regime in Eritrea wird in den nächsten
fünf Jahren fallen, kann ich Menschen damit
in Gefahr bringen», sagt Bozzini. Auch sei
ungewiss, was politische Autoritäten mit
solchem Wissen anstellen würden. Man
würde unter Umständen aktiv in politische
Prozesse eingreifen.
Auch der ersten Frage gegenüber ist Bozzini
kritisch eingestellt. «Wir sind nicht in der
Lage, Messinstrumente in der gesellschaftlichen
Atmosphäre aufzustellen, um gesellschaftlichen
Wandel wie das Wetter vorherzusagen.»
Dafür sei die soziale Realität
schlicht zu komplex.
Wie Bevölkerungsgruppen in der Gegenwart
mit der Zukunft umgehen, welche Sicherheitsvorkehrungen
sie beispielsweise
treffen, um sich vor politischer Repression
zu schützen, sei allerdings fester Bestandteil
der Forschung.
Nachdenken, aber nicht prophezeien
In diesem Selbstverständnis könnte man
wohl auch das Berliner Institut für Zukunftsstudien
und Technologiebewertung (IZT) verorten.
Im Sammelband «Zukunftsforschung
und Zukunftsgestaltung» distanzieren sich
die Forschenden von einem «prognostischen
Umgang mit der Zukunft» wie er noch
im positivistischen Verständnis der 1960er
Jahre gang und gäbe war. Stattdessen streben
sie unverbindliche Szenarien an. Gegenstand
der Forschung könne nie die Zukunft
selbst sein, sondern nur «die Bilder, die wir
uns heute von ihr machen», wie der Philosoph
und Technikfolgenabschätzer Armin
Grunwald in seinem Beitrag schreibt.
Hypothesen zur Zukunft zu formulieren,
scheint Denker*innen legitim und der Forschung
von heute ein Bedürfnis zu sein.
Konkrete Vorhersagen über gesellschaftliche
Entwicklungen sind aber nicht nur
heikel. Sie können sich auch selbst zum
Stolperstein werden, wie der Historiker
Yuval Noah Harari in seinem Buch «Homo
Deus» schreibt. Fangen wir an, über die Zukunft
unserer Gesellschaft zu sprechen, beeinflussen
wir damit das Verhalten von uns
Menschen. Harari nennt dieses Phänomen
das «Paradox of Knowledge»: «Marx vergass,
dass Kapitalisten lesen können.» P
Prof. Dr. Julia Eckert hat den Lehrstuhl
für Politische Anthropologie
am Institut für Sozialanthropologie
an der Universität Bern inne. Ihre
Forschungsschwerpunkte liegen
unter anderem in Fragen nach dem
Wandel politischer Institutionen wie
der Demokratie und des Rechts.
Prof. Dr. David Manuel Bozzini lehrt
an der Universität Freiburg am Departement
für Sozialwissenschaften.
In seiner Forschung hat er sich
lange mit sozialen Phänomenen
im Kontext der Militarisierung in
Eritrea beschäftigt, bevor er sich
der Sicherheit und Überwachung
im Internet widmete.
02.21
spectrum
15
DOSSIER
Texte Leonardo Mariaca
Photo Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
Le futur de l’Eglise catholique
L’Eglise catholique est la plus grande Eglise chrétienne
du monde avec plus d’un milliard de baptisé·e·s. Mais avec
une déchristianisation générale commencée dans les années
70, quel avenir pour l’institution?
n 1969, 25% des Français·aises allaient à
E la messe tous les dimanches et 94% des
jeunes Français·aises étaient baptisé·e·s. De
nos jours, la pratique dominicale tourne autour
de 2% et les baptisé·e·s avant l’âge de 7
ans ne sont plus que 30% en France. Dans
un contexte de pandémie, de crise migratoire,
économique et sociale, après la grève
des femmes du 14 juin 2019 et les grèves du
climat, se pose la question de la spiritualité.
Dans un monde aux changements de paradigmes
rapides, la rédaction de Spectrum
s’interroge sur le futur de la religion catholique.
Rencontre avec Charles Morerod, dominicain
et évêque depuis 2011 de Lausanne,
Genève et Fribourg.
Comment interprétez-vous ce phénomène
de déchristianisation générale
en Europe occidentale débuté il y a une
cinquantaine d’année ?
Tout d’abord, il est important de noter que
si les lieux de cultes de campagnes ont une
certaine tendance à se vider, les églises aux
cœurs des villes accueillent des milliers de
fidèles. Par exemple, la basilique de Notre-
Dame de Genève en accueille plus de 2000
tous les dimanches, en temps normal tout
du moins. Certes au début des années
septante, les deux grandes confessions en
Suisse recouvraient quasiment 97% de la
population. Maintenant ce n’est plus le cas,
d’autres religions sont arrivées, et c’est une
bonne chose, car cela peut nous apprendre
à vivre ensemble. Mais il est vrai que l’Eglise
catholique s’est dissociée du politique et
à bien des égards c’est un avantage mutuel.
La séparation de l’Etat et de l’Eglise
a pour effet pour le premier d’explorer de
nouveaux horizons et pour le second de lui
retirer une charge qui l’encombrait dans sa
mission avant tout spirituelle. L’Eglise est
peut-être plus humble et plus consciente de
son propre rôle.
Que pensez-vous du New-Âge et des nouvelles formes de spiritualité ?
L’idée chrétienne, c’est de se dire la chose suivante : comment moi, en tant que chrétien, en
tant que catholique, je peux, à l’aide de ma foi, aidez les autres, ma communauté, ma société ?
La foi invite donc à se donner. Le New-Âge, lui, suit le processus inverse : comment est-ce
que la foi, la spiritualité, peut me servir, moi, dans ma vie quotidienne ? Ainsi, on prend ce
qui nous convient le mieux de l’extérieur pour s’arranger notre intérieur. C’est un genre
de supermarché des religions. Le problème, c’est que c’est de mon point de vue une vision
égocentrée et superficielle d’aborder le transcendant. Votre foi change selon les modes, les
envies, les découvertes, et non selon les répercussions qu’elle a sur les autres. C’est aussi ce
que dit le philosophe bouddhiste japonais Nishitani : on ne doit pas se demander à quoi peut
nous servir la religion, mais la religion nous dit à quoi nous pouvons servir.
La séparation de l’Etat et de l’Eglise a pour effet pour le premier d’explorer de nouveaux horizons et pour
le second de lui retirer une charge qui l’encombrait dans sa mission avant tout spirituelle.
16 spectrum 02.21
Comment abordez-vous le dialogue
interreligieux ?
J’ai fait partie en Suisse du Conseil Suisse
des Religions, qui se compose de personnalités
dirigeantes des trois Églises nationales,
de la communauté juive, de l’organisation
faîtière des musulmans sunnites de
Suisse et de celle des chiites. Son but est de
contribuer au maintien et à la promotion
de la paix religieuse en Suisse, promouvoir
la compréhension et la confiance entre les
responsables des communautés religieuses.
Le Conseil a récemment remis aux autorités
fédérales un texte montrant la contribution
des religions à l’accueil des immigrants. L’on
serait étonné de se rendre compte à quel
point l’on peut s’entendre. En ces temps de
pandémie, nous avons eu l’occasion d’agir
avec des représentants juifs et musulmans
en ce qui concerne la fermeture des lieux de
cultes, puisque cela nous concerne tous.
Quelle est la place de la femme dans
l’Eglise catholique et cette dernière
doit-elle évoluer selon-vous ?
Les personnes actives dans l’Église sont
très majoritairement des femmes, mais il y a
évidemment un hiatus entre leur place dans
l’Église et celle qu’elles ont heureusement
acquise dans la société. Sur bien des points,
l’Église a su créer des synthèses entre sa
propre tradition et les cultures rencontrées,
à son rythme. On verra ce que cela va donner
avec la culture actuelle.
«Si vous êtes victimes
d'un acte pédophile de la
part d'un représentant
de l'Eglise, parlez-en
immédiatement
à la police.»
Comment interprétez-vous les scandales
pédophiles révélés depuis une
vingtaine d’années et comment la
situation doit-elle évoluer ?
L’un des grands problèmes de ces scandales,
c’est le fait que pendant longtemps, le prêtre
avait une place intouchable au sein de la
communauté. Si vous osiez en tant qu’enfant
vous confier sur ce que le prêtre avait fait,
beaucoup refusaient de vous croire. Aussi,
la relation entre l’instrument judiciaire et
l’Eglise était moins ouverte : on avait gardé
les réflexes d’une époque où le clergé ne
passait pas devant les tribunaux « laïcs ».
Toutefois, l’autorité qu’a l’Etat sur l’Eglise
est salutaire, c’est pourquoi je le dis ici : si
Il est vrai que l’Eglise catholique s’est dissociée du politique et à bien des égards c’est un avantage
mutuel.
vous êtes victimes d’un acte pédophile de
la part d’un représentant de l’Eglise, parlez-en
immédiatement à la police, avant
de faire les démarches vers un quelconque
représentant religieux. Toutefois la plupart
des cas qui nous arrivent sont prescrits et
sont confiés à des commissions internes et
externes dans un but d’écoute, de dédommagement
et de prévention.
Quelle doit être la place de l’Eglise
catholique dans la société actuelle et
future ?
S’il est vrai que tous les jours des hommes
et des femmes perdent la foi chrétienne,
d’autres la trouvent aussi : j’ai vu des personnes
très variées (pauvres ou riches)
découvrir la foi et changer radicalement
de perspective existentielle. Un athée très
militant a écrit que le partage des biens en
tant qu’athée est quand même plus difficile
dans des conditions où l’on pourrait donner
sa vie quand on pense qu’on n’a qu’une vie.
La religion tient à cœur à des gens, et personne
n’a envie de se faire enlever quelque
chose qu’il aime, et si on enlevait l’amour
du monde ce ne serait pas nécessairement
mieux même s’il peut être cause de violence.
Le fait de se faire enlever ce que l’on
aime peut aussi être cause de violence. La
religion est souvent vue comme un facteur
de cette dite violence, mais si on l’enlève,
on pourrait être tenter de le remplacer par
des idéologies qui, poussées à des extrêmes,
deviennent aussi des facteurs de violences,
au moins dans le sens où l’égoïsme nuit au
partage. Le meilleur moyen de l’éviter, c’est
d’avoir une religion qui s’efforce de ne pas
être un facteur de violence. P
En complément de ce témoignage,
l’équipe de Spectrum vous invite à
découvrir l’interview de Sœur Anne-Stéfanie,
cistercienne à l’abbaye
de la Maigrauge, premier monastère
féminin de Fribourg.
02.21
spectrum
17
DOSSIER
Text Anja Blaser und Corina Dürr
Foto ZVG
Illustration Emanuel Hänsenberger
«Im Blindflug unterwegs»
Der Blick in die Zukunft kann in uns oft ein Gefühl der
Angst auslösen – besonders in diesen aussergewöhnlichen
Zeiten. Ein Gespräch mit der psychologischen
Beratungsstelle der Universität Freiburg über Sorgen
unserer Zeit.
ie zeitlich unbestimmte Verschiebung
Ddes Präsenzstudiums auf Fernunterricht,
eine unsichere Praktikumsstelle oder
das in der Luft hängende Austauschsemester.
«Von dem Gefühl, man sei in die Bewegungslosigkeit
verbannt, berichten zurzeit
viele Studierende», so die Psychologin Rita
Raemy und Psychologiepraktikant Yves
Steiner. Spectrum hat mit der psychologischen
Studierendenberatung der Universität
Freiburg darüber gesprochen, worin
ihre Arbeit besteht, was Studierende in
diesen ausserordentlichen Zeiten beschäftigt
und wie sich Zukunftsängste angehen
lassen.
Der unipsychologische Dienst unterstützt Studierende und andere Universitätsangehörige beim Umgang
mit ihren Zukunftsängsten.
Momente der Krise
Steht der Auszug von Zuhause in eine neue
Stadt an? Nähert sich die stressige Prüfungsphase?
Oder macht dir einfach die Pandemie
zu schaffen? Wir alle kennen es, das
Gefühl des totalen Kontrollverlusts, wenn
das Handeln und Planen gar unmöglich erscheinen
und man mit seinen Träumen gegen
eine Wand rennt. Und tatsächlich: «Viele
Studierende haben Angst, die Zukunft zu
verpassen und fühlen sich, als wären sie im
Blindflug unterwegs», so Psychologin Raemy.
Obwohl die Gegenwart von so manchen
Studierenden bereits vollgepackt ist, sei der
Begriff Zukunft trotzdem für viele zentral.
«Viele verbinden damit Aufregung und
Träume, befürchten jedoch, diese nicht zu
erreichen.» Was kann bei solchen Ängsten
Abhilfe schaffen? Und kann man überhaupt
in einer derart neuen Situation wie der Pandemie
sinnvolle Ratschläge erteilen?
Eine Lösungsfindung und ein beratendes
Gespräch seien immer möglich. Genau
dafür sei das Team der psychologischen
Studierendenberatung auch sehr breit aufgestellt,
so Raemy. Da in der jetzigen Situation
aber vieles nicht beeinflussbar ist, greife
18 spectrum 02.21
man zurzeit durchaus zu anderen Ansätzen.
«Strategien, welche sich jetzt gut zu einer
Lösung der Angst eignen, sind Gedanken
der Zuversicht und die Rückbesinnung auf
die eigenen Fähigkeiten und Kompetenzen.»
Man versuche, die eigenen Stärken in den
Fokus zu setzen und die Person darin zu
bekräftigen, was sie kann – Hilfe zur Selbsthilfe
also.
Hilfe bei Orientierungslosigkeit
Die vor 25 Jahren ins Leben gerufene psychologische
Studierendenberatung der Uni
Freiburg besteht aus einem Team von fünf
Psycholog*innen mit unterschiedlichen
Spezialgebieten. Rita Raemy selbst hat eine
Ausbildung in systemischer Therapie, Hypnotherapie
und Sexologie, während ihre
Kolleg*innen weitere zahlreiche Kompetenzfelder
abdecken. Diese Diversität soll
eine individuelle Beratung begünstigen.
Gegründet wurde die Beratungsstelle mit
dem Ziel zur Krisenintervention und einem
Angebot an Kurzzeittherapien, wobei heute
oft auch vom Coaching inspirierte Ansätze
genutzt werden. Pro Jahr nehmen im
Schnitt 200 bis 250 Studierende, aber auch
Doktorand*innen oder Lehrbeauftragte
eine psychologische Beratung in Anspruch.
Erfahrungsgemäss seien meist auf das Studium
bezogene Anliegen der Grund für eine
Konsultation, doch auch bei jeglichen weiteren
psychologischen Themen bietet die
Beratungsstelle Unterstützung an.
Die eigene Angst verstehen
Viele Universitätsangehörige möchten
derzeit über das Thema Zukunft sprechen,
wenn sie die Unterstützung der psychologischen
Beratungsstelle in Anspruch
nehmen. Was also hilft, wenn eine diffuse
Zukunftsangst überhandnimmt? «Sich auf
sich selbst und die eigenen Stärken besinnen,
das ist momentan wichtig», rät
Raemy. Wenn Handeln zurzeit schwierig
oder gar unmöglich erscheint, sei es
nützlich, als erstes zur Ruhe zu kommen.
Dann könne man versuchen zu verstehen,
wie die eigene Zukunftsangst überhaupt
zustande kommt, um sich dann gegen diese
Angst abzugrenzen. Pandemiebedingt gibt
es zurzeit etwa weniger Möglichkeiten auf
ein Praktikum oder einen Nebenjob. Dies
führe dazu, dass viele ihre Kompetenzen
an zweifeln und befürchten, dass ihre Ausbildung
gefährdet ist. Deshalb sei es wichtig,
sich der eigenen Situation bewusst zu
werden: «Zukunft hat ja auch mit dem Hier
und Jetzt zu tun.» Das jetzige Handeln sei
ausschlaggebend für die Gedanken über die
Zukunft. Dabei sei es essenziell zu akzeptieren,
dass momentan nicht alles so schnell
vorwärtsgehe, wie man es sich gewohnt sei.
Aber auch in den Büros der psycholo-
gischen Studierendenberatung komme es
vor, dass den Mitarbeitenden die Decke auf
den Kopf falle. Lachend erzählen Raemy
und Steiner von ihrem Ritual, in solchen
Situationen dem Komiker Thomas Wiesel
zuzuhören und gemeinsam zu lachen. Es sei
einfach gut, gewisse Situationen mit Humor
nehmen zu können – gerade, weil derzeit die
Nachrichten vieler Medien belastend seien.
«Man muss sich auch darauf besinnen, dass
man Lebensfreude und Hoffnung haben
kann. Dass man sich selbst damit am Leben
erhält.» P
Psychologische
Studierendenberatung
Für Studierende und Mitarbeitende
der Universität Freiburg ist die erste
Beratung kostenlos, für jede weitere
Beratung wird 20.- pro Sitzung verrechnet.
Konsultationen werden in
Deutsch, Französisch, Englisch und
Italienisch angeboten.
Kontakt für Terminvereinbarungen
und weitere Informationen:
conseilpsychologique@unifr.ch;
Tel.: 026 300 70 41
02.21
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19
FRIBOURG
Texte Aline Fragnoli
Photo Cinémotion
Silence, on reste fermé
Les théâtres, cinémas et autres salles de spectacle n’ont
pas réouvert leurs portes le 19 décembre comme attendu.
N’ont pas réouvert tout court, et ce depuis le 4 novembre.
Si les salles du Rex comme celles des autres cinémas
sont pour le moment vides, Xavier Pattaroni
est prêt à rouvrir ses portes dès que possible.
a période de fêtes de fin d’année est pourtant
très lucrative pour les cinémas. Par
L
exemple, le studio de production Disney sort
un blockbuster spécialement pour l’occasion.
C’était la sortie de Soul qui était prévue
pour décembre 2020. Une comédie-fiction,
produite par les studios d'animation Pixar
et sortie chez Walt Disney Pictures. Une
magie qui n’aura pas prise sur grand écran…
mais dont nous aurions eu tant besoin !
Pour le malheur de certain·e·s, le studio a
préféré sortir l’œuvre cinématographique
directement sur sa plateforme Disney +.
2020, coupé !
L’art-thérapie et la culture sont des mesures
recommandées pour le bien-être. C’est
pourquoi beaucoup dénoncent une inégalité
de traitement entre les aides allouées
au Sport et celles allouées à la Culture en
Suisse. Xavier Pattaroni, programmateur
des salles Rex Cinemotion à Fribourg, ne
partage pas ce sentiment d’injustice. Pourtant,
des fermetures, il a dû en faire puisqu’il
s’occupe également des salles à Bulle, à Payerne,
et préside l’Association des cinémas
romands.
Ainsi, le très attendu James Bond dans Mourir
peut attendre, prévu pour mars 2020, n’a
pas été projeté du tout. Et ce n’est pas le seul,
Un triomphe de Kad Merad était par exemple
à l’affiche du Rex au moment de la fermeture.
Il a fallu suivre les mesures prises dans les
pays limitrophes pour enfin espérer la sortie
de quelques films, comme l’explique Xavier
Pattaroni : « La Suisse est un trop petit marché
pour décider de la date de sortie d’un
film ». D’où l’influence qu’a la France sur nos
projections. « Ça nous aurait permis d’avoir
des films français », concède notre interviewé.
En somme, une programmation qui n’a
pas cessé d’être annulée.
Depuis le semi-confinement et pour maintenir
une certaine forme de contact avec le
grand public, Cinemotion propose d’acheter
un film en ligne afin de soutenir le cinéma
suisse. En ce moment vous pouvez retrouver
Le Cercle des Petits Philosophes de Cécile
Deanjean, présenté pour la première fois
en 2019. Xavier Pattaroni aurait par ailleurs
souhaité reproposer le film en salle car « rien
ne vaut une belle leçon de sagesse pour faire
face à la crise que nous vivons… ».
La Culture, mal soutenue ?
Xavier Pattaroni soulève l’importance de la
culture pour l’économie : « Le domaine de
la culture représente un peu plus de 2% du
PIB » affirme-t-il. Soit une somme d’environ
15 milliards de francs. On peut alors légitimement
se demander si ce secteur ne serait
pas en droit d’attendre davantage d’aides
étatiques. Lors de la première vague, l’État
avait versé 280 millions à l’ensemble de la
culture : il ne s’agit pas de fonds perdus, mais
bien de prêts, remboursables sans intérêt
pour les entreprises culturelles à but non
lucratif, ainsi que des aides d’urgence pour
les artistes. En automne, le Parlement n’avait
alors octroyé que 130 millions à la Culture.
Du côté du sport, 50 millions ont été alloués
à fonds perdus en mars 2020, 150 en mai
et 115 en novembre. Dans une séance ordinaire,
la Conseillère fédérale Viola Amherd
s’exprimait à ce sujet : « Nous sommes con-
scients qu’il y a aussi des pertes en matière
de sponsoring, gastronomie et marketing.
Mais la Confédération ne va pas aider dans
ces domaines. »
À Fribourg, un quatrième paquet de mesures
financières avait été mis en place en novembre
: la Culture a par conséquent reçu un
soutien complémentaire de 280 000 francs,
alloué entre artistes professionnel·le·s et
indépendant·e·s. Le sport a reçu un supplément
de 200 000 francs. Heureusement,
aucune faillite n’a été déclarée en 2020 selon
Claude Ruey, président de ProCinema.
Du côté de Rex, le cinéma enregistre en décembre
une chute de 30% du chiffre d’affaire
comparé à la même période de l’année précédente.
À noter que les cinémas proposant
plutôt des Blockbusters et des films pour les
familles avoisinent une perte qui approche
les 60% du chiffre d’affaire. Si notre intervenant
n’est pas moins déçu de ne pas avoir pu
profiter des films sur grand écran durant les
fêtes, il s’admet résilient face à la prolongation
de fermeture : « Sanitairement, ce sont
les bonnes mesures. »
Xavier Pattaroni nous rassure pour la suite :
co-propriétaire de CinEmotion, la structure
possède des réserves. Il nous réouvrira
donc ses portes dès que cela sera à nou veau
possible. Le programmateur ne souhaite
plus travailler dans le vide. Il patientera
gentiment jusqu’à l’ouverture concrète des
cinémas avant de se replonger dans une
éventuelle programmation. Et vous, vous
souvenez-vous de la dernière fois que vous
êtes allé·e·s au cinéma ? P
Les plateformes de
streaming vont-elles
rempacer le cinéma?
Pour aller plus loin,
scannez le code !
20 spectrum 02.21
FREIBURG
Text und Foto Matthias Venetz
Mehr als ein Dach über dem
Kopf
Der Verein «La Tuile» stellt sich seit nunmehr dreissig Jahren
in den Dienst von hilfsbedürftigen Menschen. Seine Unterstützung
reicht viel weiter, als man annehmen könnte.
Eric Mullener will Menschen nicht nur von der Strasse, sondern zurück ins Leben holen.
m Anfang ging es darum, menschliche
A Grundbedürfnisse abzudecken», sagt
Eric Mullener, Direktor des Vereins «La
Tuile». Mit Grundbedürfnissen meint er
etwas, was in der Schweiz selbstverständlich
scheint: Ein warmes Bett und ein Dach
über dem Kopf. Weil diese Dinge aber eben
nicht selbstverständlich sind, nahm sich der
Verein vor dreissig Jahren dieser verdeckten
Problematik an. Denn: «Obdachlosigkeit ist
bei uns oft nicht sichtbar», so Mullener. Wie
viele Menschen in der Schweiz obdachlos
sind, lässt sich schwer sagen. «Es existiert
keine nationale Statistik», sagt Mullener. In
Zukunft soll sich das ändern. «Bisher mussten
wir in der Notschlafstelle jedoch noch
niemanden aus Platzgründen abweisen.»
Und das trotz guter Auslastung.
Kultur für alle
«La Tuile» ist die einzige Einrichtung ihrer
Art im ganzen Kanton. Was vor dreissig
Jahren als «Notschlafstelle» begann, ist inzwischen
zu einem vielseitigen Projekt geworden.
«Sagt Ihnen die Maslowsche Pyramide
etwas?», fragt Mullener. «Der Mensch
braucht mehr als ein Dach über dem Kopf.
Zur Lebensqualität gehört viel mehr.» Aus
diesem Grund betreibt der Verein das Café
und Restaurant «Le Tunnel», wo Bedürftige
zu angepassten Preisen Mahlzeiten und
einen belebten Treffpunkt erhalten. Im Atelier
bietet sich die Möglichkeit, Kreativität
und handwerkliche Fertigkeiten auszuleben.
An kulturellen Veranstaltungen, speziell am
jährlichen Suppenfestival auf dem Place
Python, stehen Geselligkeit und Austausch
im Vordergrund. «All diese Punkte machen
inzwischen einen Grossteil unserer Arbeit
aus», meint Mullener. «Aber das Eingangstor
zu unserer Institution bleibt die Notschlafstelle.»
Vorurteile gegenüber Betroffenen
Rund fünfzig Angestellte bemühen sich, in
Not geratenen Menschen wieder zu einer
gesicherten Existenz zu verhelfen. «Die
Hintergründe unserer Klient*innen sind
sehr unterschiedlich», sagt Mullener. In der
gesellschaftlichen Wahrnehmung dominiert
oft das Bild von obdachlosen Menschen mit
Suchterkrankungen. Doch das ist verkürzt.
«Neben Suchtkranken sind unsere Klient*innen
auch ehemalige Manager*innen
und Menschen mit Problemen im familiären
Umfeld.» Laut Mullener habe die Hälfte
weder mit Drogen- noch mit Alkoholproblemen
zu kämpfen. Oft sei es eine Kettenreaktion,
welche die Menschen auf der Strasse
enden lässt, ein «Domino-Effekt». Daher
ist es dem Verein wichtig, diese Menschen
nicht bloss von der Strasse zu holen, so dass
die Probleme aus dem Blickfeld der Gesellschaft
verschwinden. Ein umfangreiches
Betreuungsangebot soll den Klient*innen
helfen, wieder auf eigenen Füssen zu stehen.
Vergünstigte Wohnungen, Vermittlung von
Stellenangeboten und die Möglichkeit, sich
kreativ einzubringen. Es sind Sicherheits-,
Sozial- und Individualbedürfnisse, wie sie
bereits Maslow beschrieben hat.
Noch viel zu tun
Vor dem Büro Mulleners zeigen Stäbe die
Ausmasse eines geplanten Gebäudes an.
«Bis 2022 entstehen hier diverse Studios.»
Schon jetzt hat der Verein ähnliche Räumlichkeiten
angemietet, denn der Wiedereingliederungsprozess
braucht Zeit. Mit
eigenen Studios entfallen diese Mietkosten.
«La Tuile» baut sein Angebot laufend aus.
In den vergangenen Monaten verhandelte
Mullener zu diesem Zweck mit den Behörden.
«Allerdings fliessen diese Gelder nicht
in dieses Projekt», sagt Mullener. Sie werden
im laufenden Budget dringend benötigt. Im
Grunde muss der Verein ständig nach Geldern
und Spenden Ausschau halten. Mullener
stört das nicht. So verhindere man auch,
dass sich eine träge Routine breit mache. Die
staatliche Unterstützung wurde inzwischen
aber erhöht. Das war auch nötig, denn der
Verein hat im Laufe der Jahre viele neue
Tätig keitsfelder erschlossen. Das Geld kann
der Verein gebrauchen. Die Arbeit geht ihm
nicht aus. P
02.21
spectrum
21
CRITIQUES
Quand les frontières se
brouillent
vez-vous déjà observé le ciel de Fribourg en
A plein mois de novembre ? Eh bien faites-le ! Car
les nuances de gris ne sont pas choses à ignorer, et
ce, tout particulièrement dans cet ouvrage.
Un agent français en pleine Algérie des années 90’,
des agents doubles, des frères qui s’entredéchirent
et des terroristes, voilà le menu de vos prochaines
soirées. Oh, je vous sens venir : « Encore un livre sur
le djihad ! C’est du connu ça ! À tous les coups les
cruels terroristes vont être arrêtés in extremis par
le valeureux policier. »
Oui, mais non. Parce qu’ici, on parle d’Algérie, pas
de djihad. Parce qu’ici, le roman fait la part belle à
l’Histoire. Et, surtout, parce qu’ici, les frontières se
brouillent.
Car si ce roman s’attache à rester aussi fidèle que
possible aux événements, en n’hésitant pas à mêler
personnages historiques et fictifs tout en s’appuyant
sur des bases solides, une grande part de son intérêt
réside dans le soin apporté aux portraits des protagonistes
fictif·ve·s. L’auteur s’attache en effet à
en faire des êtres cohérents, humains, sans forcer
le trait pour rendre gentil·le·s les gentil·le·s et méchant·e·s
les méchant·e·s. Aussi ne vous étonnez
pas d’être soudain dégoûté·e par un personnage qui
vous semblait pourtant si prometteur ou de soudain
éprouver de la compassion pour un·e protagoniste
sans panache. Tou·te·s sans exception composent
avec leurs faiblesses propres, bien souvent sans parvenir
à les surmonter entièrement.
Certain·e·s n’hésiteront pas à parler de scènes inutiles,
n’apportant rien à l’intrigue. Ils et elles auront
tout faux. Car pour connaître la trame générale de ce
roman, il suffit d’ouvrir un livre d’Histoire. L’intrigue
ne représente que le support d’une réflexion bien
plus profonde qui s’exprime au travers de la densité
octroyée aux personnages. Toutes ces nuances de
gris chez les protagonistes ne représentent que le
reflet des nuances qui existent dans nos sociétés, à
tous les niveaux. Ces nuances mêmes qui brouillent
les limites entre compromis et compromission.
Michèle Dussex
La guerre est une ruse
Frédéric Paulin
Agullo
2018
368 p.
Les coulisses du médecin légiste
onnaissez-vous-en quoi consiste le métier
C d’un·e médecin légiste ? Vous savez, cette personne
souvent charismatique, au regard ténébreux,
dont les compétences cognitives sont souvent audelà
de la norme, arrivant ainsi à résoudre une affaire
criminelle d’un simple angle de vue. Tout ceci en 45
minutes par épisodes !
Eh bien la réalité est forcément toute autre ! La
Prof. Sile Grabherr, directrice du Centre universitaire
romand de médecine légale à tout juste 36 ans
et décortique dans ce livre plaisant l’image véhiculée
sur la médecine légale. Au fil des pages, nous découvrons,
à l’aide d’un humour efficace, les grossières
erreurs commises par les productions télévisées en
quête d’audience.
Dans un autre angle de vue, l’auteure nous apprend
en quoi consiste véritablement le métier de médecin
légiste et du système légal en vigueur en Suisse,
en Allemagne et en France. Il est assez déroutant
d’apprendre que les pays anglo-saxons, États-Unis
en tête, sont en fait à la traîne du point de vue technologique.
Même les séries hollywoodiennes ne
reflètent plus le quotidien de la médecine légale. Il
faut plutôt regarder des salles d’autopsies suisses et
allemandes pour découvrir les avant-gardes de ce
domaine, comme l’angiographie post-mortem que
la Prof. Grabherr a développé, engin désormais largement
utilisé dans cette profession.
Un·e médecin légiste est un·e expert·e qui n’ausculte
pas seulement des mort·e·s. Il se peut qu’il·elle
examine des vivant·e·s lors d’enquêtes pénales pour
confirmer/infirmer des déclarations. De plus, son
travail se révèle très utile, même pour des morts qui
semblent à tout point de vue anodine. En effet, une
pratique élaborée en Allemagne a, par exemple, permis
de révéler des homicides presque parfaits. Le
modus operandi du praticien·ne consiste à combiner
l’ensemble des résultats d’analyses pour en déduire
les causes du décès.
Ce livre nous permet d’ausculter un monde largement
méconnu, mais passionnant, à la frontière de
la médecine et du droit. Sa lecture simple aidera au
commun des mortel·le·s à comprendre un domaine
fort peu commun. Tout ceci, en bien plus que 45 minutes
bien sûr !
Maxime Corpataux
La mort n’est que le début …
Prof. Silke Grabherr
2020
Favre SA
Payot.com
22 spectrum 02.21
KRITIKEN
Leyla und die Fragen
Hinsehen, wegsehen, sich weit
wegträumen
Fragten ihre Grosseltern im Dorf, ist Leyla eine êzîdische
Kurdin. Schliesslich hat ihr Vater sie nach
Leyla Qasim benannt. Die starb, weil sie Kurdin war.
Die ihr Leben für ein freies Kurdistan opferte. So
hat es der Vater immer wieder erzählt. Wollen die
Menschen in Deutschland wissen, was Leyla denn
nun sei, ist sie eine Deutsche. Eigentlich weiss sie
selbst nicht so recht, wo sie nun hingehört. Sie lebt
eben in zwei Welten.
Jeden Sommer fährt sie in das êzîdische Dorf, in dem
ihre Verwandten väterlicherseits leben. In diese
Welt tauchen die Lesenden im Verlauf der Lektüre
immer mehr ein. Da sind die Sonnenblumenkerne,
welche die Männer ohne Unterlass kauen. Da sind
die Hühner, die gackernd in Gärten und Häusern
umherstreifen. Da ist der Rockzipfel der Grossmutter,
die Leyla von Tausî Melek erzählt und ihr über
das für Êzîdinnen ungewöhnlich helle Haar streicht.
Wie eine Klinge durchschneiden ein Paar kalte, eisblaue
Augen diese Idylle. An den Wänden öffentlicher
Gebäude hängt das Portrait Baschar Al-Assads.
Es trifft die Lesenden ebenso wie die kleine Leyla.
Sie sind ein schlechtes Omen für alles, was noch
kommt.
Fernab Kurdistans erfährt Leylas Familie von
den Gräueln des Krieges. Die Lesenden hingegen
fokussieren sich auf Leyla, die sich, durch eine tiefe
Zerrissenheit gequält, durch ihren Alltag als junge
Studentin plagt. In Deutschland führt sie die Suche
nach sich selbst zurück in die Sommer ihrer Kindheit
und schliesslich zur kurdischen Kultur.
«Die Sommer» ist eine bildreiche und fesselnde
Lektüre. Ronya Othmann gelingt es in ihrem Romandebüt,
die Geschichte der êzîdischen Kurden,
die von Verfolgung und Unterdrückung geprägt ist,
zu erzählen, ohne dabei weiteren Hass zu schüren.
Die Handlung ist geprägt von einer tiefen Sehnsucht
nach Geborgenheit, idyllischer Einfachheit und der
darin inhärenten Freiheit. Es ist die Sehnsucht nach
den Sommern einer verschwundenen Realität.
Matthias Venetz
Die Sommer
Ronya Othmann
2020
Hanser
285 Seiten
ie vielbesungene «neue Normalität» hat uns
D auch ins Jahr 2021 begleitet. Im öffentlichen
Verkehr tragen wir Masken, zu Hause die Jogginghose
und woanders gehen wir sowieso nicht mehr hin.
Das Album «12» von Annenmaykantereit beschreibt
zwar den Lockdown im letzten Frühling, wirkt aber
auch bei seinem Erscheinen im November erschreckend
aktuell. Der Begriff «neue Normalität» taucht
in den Songs nicht auf, vielmehr singt die Band: «So,
wie es war, so wird es nie wieder sein.»
Einfache Klaviermelodien, gedämpfte Beats, Summen,
teils gesprochene und teils gesungene Texte
vermischen sich. Es fühlt sich fast ein bisschen wie
ein Tagebuch an. So abwegig ist das gar nicht, denn
das Album entstand aus Fragmenten der Chatverläufe,
Emails und Video-Calls der Bandmitglieder.
Ohne sich treffen zu können, komponierten Christopher
Annen, Henning May und Severin Kantereit
neue Musik vor dem Hintergrund einer lahmgelegten
Welt. Quasi «unter Schock» – also nach dem
Verlust der gewohnten Normalität – entsteht daraus
ein ungeplantes Album.
«Die Reihenfolge der Lieder hat für uns Bedeutung,
und wer so grosszügig ist, sich das Album auch in
dieser Reihenfolge anzuhören, hat einen gepolsterten
Sitzplatz in der Mehrzweckhalle unserer
Herzen», erklären die Kölner auf der Rückseite
ihrer Schallplatte. Das Intro und die ersten Lieder
drücken die Verwirrung, die Einsamkeit und Ungläubigkeit
aus, die die Pandemie zu Beginn ausgelöst
hat. Leadsänger Henning May singt: «Ich hab’ keine
Hoffnung zu verkaufen – nur Gegenwartsbewältigung.»
Doch darauf folgen plötzlich Liebesballaden,
wie wir sie von der Band kennen; sie spiegeln den
Optimismus wider, der uns letzten Sommer ergriff.
Trotzdem bleiben die melancholischen Untertöne
bestehen. «Die letzte Ballade» heisst der letzte Song
vor dem Outro, in dem May sich fragt, worüber es
sich zu singen lohnt, bevor die Welt untergeht.
«12» ist eine bruchstückhafte Sammlung: Was
angedacht wird, bleibt oft einfach so stehen oder
wiederholt sich in den folgenden Songs ohne je zu
einer abschliessenden Antwort zu gelangen. Das Album
schwebt irgendwo zwischen Dys- und Utopie,
zwischen Gestern und Morgen, Eskapismus und Gegenwartsbewältigung.
Die Sprache ist schmerzlich
nah an dem, was ich selbst während dieser Zeit gedacht
und gefühlt habe. Einige der Sätze hallen noch
lange in mir nach. «Ich glaub’, Corona ist berühmter
als der Mauerfall und Jesus zusammen.» In fünfzig
oder sechzig Jahren könnte so eine Schallplatte auf
dem Dachboden unseren Enkelkindern als historisches
Artefakt gelten. Heute jedoch versucht sie
sich in «Gegenwartsbewältigung», was auch immer
das konkret bedeutet. Hinsehen, wegsehen, sich
weit wegträumen. Alles was nötig ist, um sich ihr
zu stellen, dieser fremden und seltsamen «neuen
Normalität».
Alyna Reading
12 (LP)
Annenmaykantereit
2020
Universal Music GmbH
02.21
spectrum
23
SOCIÉTÉ
Texte Lara Diserens et Joan Laissue
Illustration Antoine Bouraly
COVID-19 : l’appel à l’aide des
étudiant·e·s
Depuis plusieurs semaines maintenant, le quotidien des
étudiant·e·s se réduit à suivre des cours en ligne. Comment
ces dernier·ère·s abordent ce changement ? Reportage.
lors que les premières approximations
A des pertes économiques liées à la pandémie
se concrétisent, le préjudice moral et
psychologique semble dépasser toutes les
projections. En effet, le journal le Temps
titrait : « Le grand cafard des étudiants, dernières
victimes du covid. », en novembre
dernier, où les témoignages touchants décrivant
une situation incertaine anxiogène et
désolante s’entremêlent avec l’énumération
des nouvelles modalités d’études.
Un mal-être de l’ombre
La mise en lumière de ce contexte fait émerger
un foisonnement de doutes sur la réalité estudiantine.
D’après une enquête comparative
bordelaise menée auprès de 1600 jeunes
adultes, il y aurait plus de 50% de formes
de dépressions graves et de symptômes importants
de stress et d’anxiété chez les étudiants·e·s
que chez les non-étudiant·e·s en
période de crise. Encore plus alarmant, des
syndicats étudiant·e·s, après enquête, affirment
que 21% des universitaires auraient eu
des pensées suicidaires ces derniers mois.
Notre chère université ainsi que nos homologues
des universités de Suisse ne sont
pas en reste dans cet inquiétant phénomène.
C’est ce que nous a conté Sophie* :
Ce qui l’affecte au plus haut point, c’est le
manque de visibilité et l’intérêt plus que
relatif du grand public sur la condition des
étudiant·e·s. On pourrait même parler d’une
certaine banalisation générale et même,
d’accusation de victimisation comme elle
le souligne : « On entend dire : ce sont des
jeunes, ils sont chez papa-maman, c’est des
petits Tanguy, des pauvres chéris ».
Cette incompréhension latente ne peut
donc que participer davantage à cette isolation
et la désolation que ressentent les
étudiant·e·s. De plus, il faut encore souligner
que l’inquiétude est aussi économique et ce
dans un double sens. Premièrement, constatation
faite, la plupart des étudiant·e·s se
voient perdre leur « job » qui étaient pour
certain·e·s, essentiel. De l’autre, l’incertitude
quant à la conjecture économique qui remet
en cause plusieurs trajectoires professionnelles.
En somme, les étudiant·e·s des hautes écoles
et universités se voient multiplement
touché·e·s par la crise et ce parfois dans des
formes insoupçonnées.
« On vit dans une
société où aller mal est
très mal perçu. »
Oriane, 23 ans, étudiante à l’Université de Fribourg.
Dans l’optique de réduire les contacts physiques
afin de freiner la propagation du
virus Covid-2019, les cours universitaires
se déroulent maintenant en ligne. Où est le
problème ? C’est là l’activité principale au
cœur d’une formation. Mais les lectures et
les révisions ne sont que la partie officielle
du contrat. Privé·e·s d’interactions sociales,
d’un environnement de travail concret et de
divertissement nécessaires à un équilibre,
la santé mentale des étudiant·e·s est mise à
rude épreuve.
Productivité toute !
Les années universitaires sont les plus belles,
nous disait-on. Les confessions enivrées
à des inconnu·e·s jusqu’au bout de la nuit ?
Pourra-t-on encore parler d’ami·e·s de la
fac, d’échange académique, de coup de foudre
sur les bancs de l’université ? Ce ne sont
pas des étudiant·e·s qui souffrent, c’est la jeunesse
tout entière, freinée dans son développement
social et professionnel, subissant ses
plus belles années au lieu de les croquer à
pleine dents. L’avenir d’une génération est
vraisemblablement en jeu : la santé mentale
des étudiant·e·s mérite une visibilité digne
d’un enjeu sociétal.
Certain·e·s clament que la suppression des
activités extra-scolaires est l’occasion de
s’abandonner au travail. Pour Oriane*, étudiante
à l’Université de Fribourg, la productivité
et la responsabilité individuelle clamées
dans les médias n’ont pas laissé de place aux
problématiques psychologiques : « Je ne suis
qu’un numéro pour l’uni. Aucune ligne téléphonique
n’a été mise en place, et les professeur·eure·s
n’ont pas pris en compte notre
détresse. ». Seule dans son studio, face à des
nouvelles alarmantes, l’étudiante s’est renfermée,
jusqu’à en avoir des idées noires. En
parler l’a sauvée : « Il ne faut pas avoir peur
d’être incompris·e. On doit être solidaires,
et se soutenir entre nous», affirme-t-elle. Le
conseil psychologique de l’Université offre
désormais des consultations et des thérapies.
Comme le dit la rectrice de l’Université
de Fribourg Astrid Epiney : « Demander de
l'aide dans les moments difficiles n'est pas
un signe de faiblesse, mais d'intelligence ». P
Conseil pschologique
aux étudiant·e·s :
24 spectrum 02.21
GESELLSCHAFT
Text Leonora Schulthess
Foto QueerBienne
Nicht von heute auf morgen
Ob gegen Rassismus und Atomkraft oder für Gleichberechtigung
und das Klima – soziale Bewegungen sind
Teil unserer Gesellschaft. Aber können sie wirklich etwas
verändern und bewegen?
Verbindung zwischen den Aktivist*innen zu
schaffen, ist es ausserdem wichtig, dass die
Entstehungsgeschichte hinter einer sozialen
Bewegung immer wieder erzählt wird», findet
Naomi Rey, Klima- und Queer-Aktivistin
aus Biel.
Damit eine soziale Bewegung ihre Ziele erreichen kann, braucht sie einiges an Ausdauer und Kreativität.
eit dem 19. Jahrhundert prägen soziale
SBewegungen die Gesellschaft. Aufgrund
der vielfältigen Themen und Anliegen, die
sie aufgreifen und vertreten, sind sie ein
sehr heterogenes Phänomen. Eine allgemeine
Definition ist daher laut dem Professor
für Politikwissenschaften Marc Bühlmann
schwierig: «Den kleinsten gemeinsamen
Nenner könnte man vielleicht folgendermassen
beschreiben: Eine soziale Bewegung
ist ein Zusammenschluss von Menschen, die
eine spezifische Perspektive auf ein politisches
Thema teilen, ein gemeinsames Ziel
verfolgen und dieses durchsetzen möchten.»
Oft fühlen sich Bürger*innen von der Politik
nicht vertreten und sind der Meinung, dass
ein bestimmtes Thema von den politischen
Institutionen zu wenig Aufmerksamkeit
erhält. Soziale Bewegungen greifen genau
solche Inhalte auf und nehmen dadurch von
aussen Einfluss auf die Politik. «Eine Demokratie
braucht soziale Bewegungen», meint
die Klimaaktivistin Michelle Reichelt. Doch
nicht immer und vor allem nicht von heute
auf morgen erreicht eine soziale Bewegung
ihr Ziel. Damit sie erfolgreich sein und die
Gesellschaft verändern kann, muss sie einige
Hindernisse überwinden.
Die Kraft der Symbole
Grundsätzlich kann jede*r Teil einer sozialen
Bewegung sein, sich für ihre Anliegen
engagieren, bei einer Demonstration mitlaufen
oder an einem Streik teilnehmen.
Allerdings handelt es sich dabei um eine
lose Mitgliedschaft, die jederzeit von den
Teilnehmenden beendet werden kann.
Heutzutage können über soziale Medien
schnell viele Leute erreicht und für eine Sache
gewonnen werden. Doch das birgt die
Gefahr, dass diese Begeisterung genauso
schnell wieder abebbt. Auch eine möglichst
«Eine Demokratie
braucht soziale
Bewegungen.»
flache Hierarchie ist typisch für soziale Bewegungen.
Mitglieder bemühen sich, die
Strukturen kritisch zu hinterfragen und
wenn nötig aufzubrechen. Das kann jedoch
sehr zeitintensiv sein. Gemeinsame Symbole
spielen eine wichtige Rolle, wenn es
darum geht, dass trotz der unverbindlichen
Mitgliedschaft und des niedrigen Organisationsgrads
eine kollektive Identifikation
stattfinden soll. Christina Späti, Professorin
für Zeitgeschichte, betont: «Ob Personen,
Kleidung, Transparente, Lieder oder Logos
– Symbole sind für den Zusammenhalt
einer Bewegung zentral.» Ein solches Symbol
war beispielsweise die Farbe Lila beim
Frauenstreik am 14. Juni 2019. «Um eine
Gesellschaftlicher Wandel über Nacht?
Neben gemeinsamen Symbolen brauchen
soziale Bewegungen vor allem zwei Dinge:
Geduld und Ausdauer. Die Vorstellung,
dass eine soziale Bewegung entsteht, für
ihre Forderungen kämpft, innerhalb von
kurzer Zeit die Mehrheit der Bevölkerung
von ihrem Anliegen überzeugt und dadurch
ihr Ziel erreicht, ist unrealistisch. Denn
gesellschaftlicher und politischer Wandel
geschieht nicht über Nacht. Der Weg zum
Ziel einer sozialen Bewegung ist von Erfolgen
und Niederlagen geprägt. Manchmal
ebbt sie ab, bevor sie durch ein Ereignis
wieder an Aufmerksamkeit und Mitgliedern
gewinnt. Das war zum Beispiel bei der
Anti-Atomkraftbewegung der Fall, die seit
den 1970er Jahren existiert und im Jahr 2011
durch die Katastrophe in Fukushima wieder
Aufwind bekam. «Aktivist*innen und Sympathisant*innen
müssen sich vor Augen
halten, dass nur Langfristigkeit zum Erfolg
führen wird», findet der Freiburger Soziologieprofessor
Sebastian Schief, der sich in
seiner Forschung unter anderem mit Sozialpolitik
beschäftigt. Damit soziale Bewegungen
langfristig bestehen können, müssen
Bürger*innen für ihre Forderungen einstehen
und kämpfen. Nur so können soziale Bewegungen
unsere Gesellschaft verändern. P
Wie soziale Bewegungen das letzte
Jahr erlebt haben
und was in Zukunft
auf sie zukommen
könnte, erfährst du
hier:
02.21
spectrum
25
COUP DE GUEULE
Texte Velia Ferracini
Illustration Antoine Bouraly
La transidentité : apprendre à
en parler !
La transidentité est un sujet complexe qu’il est essentiel
de discuter avec les termes adéquats. Interview d'une
personne concernée.
eux questions erronées que l'on
D retrouve fréquemment dans la manière
dont la presse parle de la transidentité:
« Quel est votre ancien prénom ? » et
« Pourquoi changer de sexe ? ». Or, si l'on
prend le temps de discuter avec les personnes
transgenres, ces deux questions se
révèlent contradictoires dans la définition
même de ce qu'est la transidentité. En effet,
il ne s'agit pas d'un ancien corps ou prénom,
puisqu'une personne transgenre est née
dans un corps et genre qui ne lui correspondent
pas. Il semble donc essentiel d'apprendre
à appréhender la transidentité de
manière adéquate. Pour ce faire, nous avons
posé quelques questions à une personne se
trouvant dans cette situation.
Que ressentez-vous lorsque l'on vous
demande de révéler le prénom qui ne
correspond pas à votre identité ?
Insulté est probablement le mot le plus
exact. Cela trahit ce que la personne pense
de moi : que je suis moins un homme qu'un
homme cis car j'ai un passé « féminin » que
l'on cherche à déterrer avec cette question.
C'est une information superflue qui n'apporte
rien à la conversation, sauf nourrir
une curiosité perverse et mal placée.
Comment pensez-vous que les médias
influencent-ils le rapport de la société
sur les questions transidentitaires ?
Je pense que beaucoup de médias, qui
cherchent à bien faire en parlant de la transidentité,
font en réalité plus de mal qu'ils
ne le pensent en renforçant malgré eux les
aprioris que peuvent subir les personnes
cisgenres, comme l'idée du « avant/après ».
C'est embêtant car, aussi inoffensif que cela
puisse paraître, ces bavures laissent des
sous-entendus qui sont facilement détournés
par les gens qui veulent faire du mal à
la communauté trans.
1 Prénom d'état-civil abandonné par une personne (notamment transgenre).
2 L'action de désigner une personne par un genre qui ne lui correspond pas.
Avez-vous la sensation que les gens ont des connaissances lacunaires à ce sujet ?
Et, si oui, de quelle manière notre société peut-elle changer ce phénomène ?
Absolument, je tire de ma propre expérience que, lorsque j'aborde la question trans avec
des personnes peu versées sur les sujets LGBT+, elles me demandent systématiquement
de clarifier : « une femme trans, c'est il ou elle du coup ? ». Si le public est déjà confus à cette
simple étape, il est évident qu'il est impératif de ne pas rendre l'eau plus trouble à renfort
de « Il était une femme avant » et de changement intempestif de pronom pour parler de la
même personne à différentes étapes de sa vie. Je pense aussi qu'il faut que l'on fasse un effort
conscient pour divorcer le sexe biologique et le genre dans nos conversations de tous les
jours, que l'on parle de personnes trans ou non, afin d'aider à faire disparaître la confusion
(et l'obsession) vis-à-vis du sexe de naissance des personnes transgenres.
De quelle manière estimez-vous qu'il
faille présenter ces sujets ?
Premièrement, je pense qu'il est capital
de non seulement demander directement
aux personnes transgenres comment
elles veulent être représentées, mais aussi
d'écouter leurs réponses, car les porteparoles
de la communauté parlent de ces
sujets depuis des décennies. Personnellement,
je ne veux plus voir d'interviews
commençant par des morinoms ou des
mégenrages lorsque l'on parle du passé
des personnes trans (et ce, même si elles
ont transitionné récemment) : on s'en
tient à leurs prénoms d'usage et à leurs
pronoms, point barre.
Cette interview témoigne d'un élément essentiel,
la désinformation. Et quand on ne
connait pas un sujet, il nous inquiète. Ainsi,
je pense que la plupart des rejets, voire des
violences, viennent de ce problème qui
pourrait se résoudre relativement facilement.
Comment se fait-il qu'en 2021 ces
questions essentielles ne soient pas encore
approchées dans l'enseignement primaire et
secondaire ? Cela fait à peine six ans que je
sors de ces niveaux d'éducation et ces questions
n'y ont aucunement été abordées. On
pourrait d'ailleurs proposer la même réflexion
pour toutes les thématiques LGBT+,
la problématique sexiste ou raciste. L'école,
ce n'est pas simplement enseigner à nos enfants
les mathématiques ou l'anglais, c'est
aussi leur apprendre à réfléchir au monde
qui les entoure et les amener à l'envisager
d'une manière qui le respecte réellement.
Ainsi, si vous souhaitez vous renseigner sur
les questions de genre, un magnifique documentaire,
diffusé sur Arte, est sorti en 2020,
Petite fille de Sébastien Lifshitz, qui nous
offre la chance de comprendre dans l'intime
ce que représente le fait d'être né·e dans un
corps qui ne correspond pas à la personne
qu'on est. Il propose une réflexion sur les
violences transphobes et exprime ainsi les
raisons pour lesquelles il est donc nécessaire
d'apprivoiser ces questions et, précisément,
d'apprendre à en parler. P
26 spectrum 02.21
PERSPEKTIVEN
Text M. Yuval Hug
Über Sprache,
gesprochene Nichtsubjekte
und Verantwortung
In «JE SUIS UN MONSTRE QUI VOUS PARLE»
antwortet mir Paul B. Preciado auf meine Fragen.
Er antwortet mir auf Fragen, die in der Wiederholung
der alltäglichen Sprache keinen Platz haben.
Denn es gäbe keine Antworten auf diese Fragen.
Keine Sprache für die Antworten, die ich suche.
Preciado befinde sich in einem Käfig. Spricht. Synonymisiert
wird Kafkas Affe. Assimilisiert wird Rotpeters
Geschichte. Die Antwort auf meine Fragen:
Zitieren des gemeinsamen Nenners:
Ungeheuer.
Die Vorstellung, wir könnten durch die Gitter eurer
Käfige erkannt werden, ist fern – gibt es nicht.
Sobald du erkennst, sind die Gitter
nicht mehr da. Im Erkennen
liegt der Abbau dieser käfigartigen
Grenzen. Hoffnungslos ist der Gedanke
in diesem Käfig zu existieren.
Denn wir sind hier. Da gibt’s nichts
zu hoffen. Das Monster spricht.
Eingekerkert in Strukturen. In euren
Normen. In euren reinen Vorstellungen,
wie Mensch zu sein hat.
Denn er ist nicht so. Die Prämisse
des Ausschlusses, der Subjekt-Objekt-Beziehung,
der «Du, also ich» - oder viel eher,
der «Du, dass ich»-Devise, löst sich auf, sobald
Konzepte umgedeutet werden. Sobald du zu erkennen
beginnst. Sobald Verantwortung für nicht
gesprochene Fragen übernommen wird. Sobald du
hinterfragst, was dir erzählt wird, beginnt der leise
Vorgang des Zerfalls lauten Geschreis. Das heteronormative
Geschlechter- und Wertesystem steckt
in der Krise. Privilegien, die täglich reproduziert
werden, mögen Grund deines Wiederholens sein.
Privilegien, die sich das Subjekt durch sein Objektivieren
verspricht, indem es sich nach Ruhm und
Geld verzerrt. Objekte, die das Subjekt konzipierte,
Konzepte, die es heute noch iteriert, um seiner
Rolle gerecht zu werden. Mit Gerechtigkeit hat dies
freilich wenig zu tun. Denn nicht nur das Andere
wird vom Subjekt erdrückt. Es selbst erdrückt sich
mit den eigenen Mechanismen der Wiederholung,
des Nachplapperns und Nachahmens.
Ich schreie – und dennoch erkennst du mich nicht.
Ich tue – und dennoch erkennst du nur, was du zu
erkennen meinst. Ich habe keine Stimme. Wenn
ich «ich» sage, ist dieses «ich» leer. Da gibt es keine
Nachahmung, die mir auf meine Fragen antwortet.
An die ich mich assimilieren kann. Da gibt es keinen
Handlungsraum. So meint ihr. Eingekerkert in den
Blicken und Bedeutungen, die ihr mir anwerft, assimlierte
sich einst ein Monster. Selbst wenn ich sie
nicht fange, deine Blicke. Du wirfst
sie mir an, schmeisst mich um damit,
drängst mich in die Ecke. Die Ecke
eines Raumes, der für dich nicht
existiert. Oder in dem ich nicht für
dich existiere. Und dennoch bin ich
hier. Das Monster spricht.
Du antwortest mir nicht.
Sie sagen, es seien unsere Probleme.
Unsere Gefühle. Aber wohin mit
dem, was keinen Namen hat? Keine
Stimme hat? Es ist der Körper des
ewigen Exils. Der exilierte Körper, der schreit.
Der Körper, der mir mit der Akzeptanz des Exils
antwortet.
Für welche Sprache entscheidest du dich nun? Welches
Mittel, welche Sprache wendest du an?
Welchen Zweck verfolgst du, wenn du die Sprache
der heteronormativen Strukturen wählst? Eine
Sprache, in der du mich mit «Frau» ansprichst, mir
nicht antwortest, mich zum Monster machst. Indem
du mich in diesen Kerker deiner Vorstellungen
über «Frau» wirfst. Wir sind die Monster, die durch
euren Diskurs konstruiert werden. Die exilierten
Körper. Doch wir sind hier.
Zu lesen: Paul B. Preciado und C. Riley Snorton.
02.21
spectrum
27
SEXUALITÉ
Text Manon Savary et Aline Fragnoli
Photo Aline Fragnoli
Et si la virginité n’existait pas ?
Et si on essayait de déconstruire la conception de la virginité
? Entretien avec trois femmes et une sexologue.
dû voir une gynécologue qui m’a dit qu’elle
ne pouvait pas m’ausculter parce que j’étais
"médicalement vierge" n’ayant jamais eu de
pénétration phallique. » Cette expérience
révolte notre interviewée : « Ce n’est pas
normal et c’est une erreur professionnelle.
Le fait d’être lesbienne n’empêche pas une
consultation gynécologique ! ».
La conception de virginité, Carole* ne l’a pas :
« Je ne me suis jamais considérée comme
vierge et lors de mes premières expériences
sexuelles, je n’ai pas eu l’impression de passer
un cap. » Elle a ainsi déconstruit la sexualité
grâce à ses expériences personnelles :
« Je me suis très tôt intéressée à des causes
telles que le sida ou celles de la communauté
LGBTQIA+. Au sein des cercles que je fréquentais,
il n’y avait pas de jugements si on
n’avait rien fait de sexuel ».
Malgré des discussions de plus en plus nombreuses sur le sujet, la pénétration phallique reste encore au
centre de la fameuse « première fois » dans notre société.
u’est-ce que la virginité ? À cette question,
parfois à tort considérée comme
Q
anodine, il n’est pas si simple d’y répondre.
« Pendant longtemps j’ai considéré la virginité
féminine comme l’état avant qu’une
femme ait une relation sexuelle avec pénétration
», confie Anna*, 21 ans, hétérosexuelle.
Elle ajoute : « Je réalise maintenant que
c’est plus complexe. Je ne pourrais pas dire
avec exactitude le moment où je ne me suis
plus considérée comme vierge ». En effet des
« premières fois », il en existe de nombreuses :
premières pulsions, premiers émois charnels,
premières masturbations, etc.
Une pression sociale
Nicole Dubois, sexologue indépendante depuis
2016, affirme : « La virginité est encore
aujourd’hui souvent considérée comme encombrante
». De jeunes personnes l’ont déjà
consultée honteuses car elles n’avaient pas
encore eu de relations sexuelles avec un·e
partenaire. Sophie* a 24 ans et est vierge. Un
âge jugé dépassé, selon l’opinion générale.
« Ce n’est ni parce que je ne suis pas intéressée
par la sexualité, ni par principe,
ni par conviction religieuse. L’occasion de
« sauter le pas » ne s’est pas encore présentée
», témoigne-t-elle. Elle ressent surtout
de la pression lorsqu’une conversation tourne
autour du sexe : « Je me sens illégitime
d’en parler. » Anna* a auparavant partagé
le même sentiment : « C’était surtout lors
de soirées avec des jeux du style "je n’ai jamais"
que je réalisais que je n’avais pas eu
d’expérience sexuelle avec un partenaire ».
Elle continue : « Après celles-ci, même si je
ne me sentais pas différente, j’étais soulagée
de cette pression. »
Une sexualité centrée sur la pénétration
Apportant un autre point de vue sur la sexualité,
Carole*, 25 ans et homosexuelle,
contredit cette conception hétéronormée :
« Si on suit celle-ci, cela voudrait dire que les
lesbiennes seraient vierges toute leur vie. »
Et pourtant, cette réflexion, elle l’entend
souvent : « Lors d’une urgence médicale, j’ai
Redéfinir la virginité
« La première fois revêt toujours quelque
chose du sacré dans une société pourtant
très profane », affirme Nicole Dubois. Une
conception largement influencée par la pornographie
montrant trop de scènes hétéronomes
tournant autour de la pénétration
phalliques, alors qu’une relation sexuelle,
qu’elle soit hétéro- ou homosexuelle, n’en
comporte pas nécessairement. De plus, la
virginité dont nous parlons généralement
est celle d’une femme hétérosexuelle. Nous
manquons d’opinions masculins sur le sujet.
Il est donc de notre responsabilité de ne
pas généraliser le sexe ou la première fois.
Finalement que ce soit en solo ou avec un·e
ou plusieurs partenaires, le principal est de
se faire plaisir et non pas de répondre à des
normes. Et afin de ne pas subir ces dernières,
commençons par ne pas les véhiculer ! P
Velia Ferracini vous parle d'un sujet qui
touchera de nombreuses personnes
dans leur sexualité.
Sans plus attendre,
voici sexe et règles
en cinq points clés.
28 spectrum 02.21
SEXUALITÄT
Text Chantal Mathys
Illustration Zarina Fäh
Tabuthema Bisexualität –
«Ich falle aus dem Raster»
Schweizer Parlamente sagten 2020 «Ja» zur Ehe für alle.
Dennoch haben es viele Menschen immer noch schwer
in der Gesellschaft. Nina*, Mitte zwanzig und bisexuell,
erzählt von ihren Alltagserfahrungen.
isexualität. Die sexuelle Orien-
oder Neigung, sich
Btierung
sowohl zu Menschen des männlichen
als auch des weiblichen Geschlechts
sexuell und/oder emotional hingezogen
zu fühlen. Als Biphobie
bezeichnet man dessen Diskriminierung,
welche sich in Gefühlen von
Hass, Angst oder Ablehnung gegenüber
Bisexualität äussert. Für Nina*,
die seit kurzem zu ihrer Bisexualität
steht, ist das der Grund dafür, warum
sie im Gespräch mit Spectrum anonym
bleiben möchte.
Auf der Suche nach dem wahren Ich
Dass sie sich zu zwei Geschlechtern hingezogen
fühlt, hat sie gegen Ende der Pubertät
gemerkt. Der Gedanke, eine weib liche
Freundin – und nicht einen männlichen
Freund – vorzustellen, begann ihr zu gefallen.
«Das machte für mich keinen Unterschied»,
sagt sie. Auch Sexszenen und
-träume mit Frauen begannen grosse Erregung
in ihr auszulösen. Dennoch schob sie
solche Gedanken schnell wieder zur Seite.
«Trotz der steigenden Kenntnisse, insbesondere
in Grossstädten, ist die Angst vor
Ablehnung oft gross», informiert Vanessa
Michel von der Freiburger Fachstelle für
sexuelle Gesundheit. Deshalb reagierte
Nina auf die Frage, ob sie auch auf Frauen
stehe, lange witzelnd. Im Sinne von «Ja klar,
du nicht?» oder sie überging die Frage komplett.
Grösstenteils positive Reaktionen
Erst vor kurzem beantwortete sie die
Frage mit einem richtigen Ja – ohne Ironie
oder Unsicherheit. «Da wusste ich: Ja,
so bin ich und das ist in Ordnung», erzählt
Nina. Damals begann sie auch ihrem engen
Freundes kreis davon zu erzählen. Teils mit
* Pseudonym. Name der Redaktion bekannt.
mehr, teils mit weniger erstaunten Reaktionen.
Bis dato waren aber alle positiv oder
neutral gestimmt. Dass das nicht immer
der Fall ist, sei ihr bewusst. Deshalb weiss
auch ihre Familie noch nichts von ihrer
Sexualität. «Sie würden es nicht verstehen,
warum ich jetzt so etwas sage. Solange
ich noch nicht mit einer Freundin vor der
Tür stehe, macht es keinen Sinn, davon zu
erzählen», meint sie. Die wissenschaftliche
Mitarbeiterin Michel erklärt: «Wie man mit
der Situation umgeht, ist von vielen Faktoren
abhängig. Familienverhältnisse, Werte
und Ausbildung sind nur einige Beispiele.»
Studien geben Hinweise darauf, dass sich
die Frage des Coming-outs bei Bisexuellen
oftmals nicht-linear und eher spät stelle.
Daher würden Fachpersonen in Beratungsgesprächen
eine respektvolle und inklusive
Sprache verwenden, damit man sich frei
von Vorurteilen mitteilen könne, so Michel.
Auch Ninas langjähriger fester Freund
versteht sie noch nicht. Obwohl er seit
geraumer Zeit um ihre Gefühle Bescheid
weiss, ist er sich ihrer Liebe und Anziehung
unsicher. «Bei ihm sind viele Fragen aufgetaucht.
Das müsste aber nicht sein, denn
meine Liebe zu ihm hat sich deswegen nicht
geändert.» Und doch ist es eines der häufigsten
Vorurteile, dass bisexuelle Menschen
untreu seien und sich einfach nicht
entscheiden könnten. In zahlreichen
Gesprächen versucht Nina, ihm diese
Unsicherheit zu nehmen. Denn ihren
aktuellen Beziehungsstatus möchte
sie nicht ändern. Über die Zukunft
macht sich Nina wenig Gedanken.
Schubladendenken muss aufhören
Viel anzupacken gibt es auch in der
Gesellschaft. «Als Bisexuelle falle
ich aus dem Raster. Wenn ich einen
festen Freund habe, bin ich hetero. Wenn
ich auf eine Frau stehe, bin ich lesbisch.»
Nina wünscht sich für die Zukunft, dass man
dieses Schubladendenken auflöst.
Auch der Kanton Freiburg setzt sich vermehrt
für die Rechte der LGTB+ Community
ein. Die zuständige Freiburger
Fachstelle erarbeitet derzeit eine Strategie
zur sexuellen Gesundheit. Eine der darin
enthaltenen Massnahmen ist der Kampf gegen
sexuelle Gewalt und Diskriminierung,
beruhend auf den Menschenrechten und
den sexuellen Rechten. Das Ziel ist es,
Diskriminierungen aller Art zu eliminieren,
damit sich Menschen wie Nina weniger
verstecken müssen. P
Hast du Fragen zur
(Bi-)Sexualität?
Die Freiburger Fachstelle für sexuelle
Gesundheit (FFSG) informiert, berät,
unterstützt und begleitet die Freiburger
Bevölkerung im Bereich der
sexuellen Gesundheit. Besuche für
mehr Informationen fr.ch/de/gsd/
ffsg. Weitere Informationsangebote
sind Sarigai, Centre Empreinte,
Checkpoint oder LOS.
02.21
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29
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COMITÉ · KOMITEE
Photos Indra Crittin
Comité
De gauche à droite : Lisa Schneider, Velia Ferracini, Lara Diserens, Leonardo Mariaca, Meredith Stella, Loïs Pythoud.
Komitee
Von links nach rechts: Florence Valenne, Estelle Zahner, Alyna Reading, Céline Meisel, Katharina Schatton.
IMPRESSUM · FEB·V·RUAR·IER 2021
Rédaction-en-chef·fe · Chefredaktion
Unipolitique · Unipolitik
Culture · Kultur
Online
Couverture · Titelbild
Layout
Correction · Korrektur
Info · Abonnement
Site web · Website
Administration
Marketing
Prochaine parution · Nächste Ausgabe
Leonardo Mariaca, Katharina Schatton
Meredith Stella, Florence Valenne
Velia Ferracini, Alyna Reading
Lara Diserens, Natalie Meleri
Noëmi Amrein
Lisa Schneider
Mériem Ottet, Dana Kissling
redaction@spectrum-unifr.ch
abo@spectrum-unifr.ch
student.unifr.ch/spectrum/
Loïs Pythoud
Céline Haueter
29.03.2021
Photographes · Fotograf·innen
Illustrations · Illustrationen
Contributions · Mitautor·innen
Indra Crittin, Matthias Venetz, Aline Fragnoli
Lara Diserens, Alyna Reading, Phillipe Haenni,
Johanna Schatton, Emanuel Hänsenberger, Antoine
Bouraly, Zarina Fäh
Maxime Corpataux, Thibault Moullet, Velia
Ferracini, Luca Poli, Natalie Meleri, Lara Diserens,
Meredith Stella, Florence Valenne, Katharina
Schatton, Leonardo Mariaca, Loïs Pythoud, Alyna
Reading, Eleonora Bobbià, Anja Blaser, Corina
Dürr, Aline Fragnoli, Matthias Venetz, Michèle
Dussex, Joan Laissue, Leonora Schulthess, M. Yuval
Hug, Manon Savary, Chantal Mathys
Depuis 1958, Spectrum est le journal des étudiant·e·s de l’Université
de Fribourg. Entièrement créé par elleux, le magazine
est également bilingue. Chaque étudiant·e peut participer à sa
conception et ainsi faire ses premiers pas dans le journalisme.
Spectrum paraît six fois par an et est gratuitement à la disposition
de la communauté estudiantine dans les locaux de
l’Université, ainsi que sur Internet.
Tirage : 1.500.
Das Studierendenmagazin Spectrum gibt es seit 1958. Es wird
von Studierenden der Universität gestaltet und ist zweisprachig.
Alle Studierenden können mitmachen und dabei Erfahrungen
im Journalismus sammeln. Spectrum erscheint sechsmal
im Jahr und liegt kostenlos an der Uni und auf dem Internet auf.
Auflage: 1'500.
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