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Essentiel Prépas N°45 - Janvier 2021

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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JANVIER <strong>2021</strong> | N° 45<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Herbert Castéran (EM Strasbourg)<br />

Sylvie Jean (emlyon BS)<br />

Christopher Cripps (Sorbonne Université)<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Toutes les nouveautés<br />

et nominations du mois<br />

DÉBAT<br />

Comment accroitre la diversité<br />

dans l’enseignement supérieur<br />

Comment l’enseignement<br />

supérieur s’est organisé<br />

face au Covid


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

A QUAND UNE RENTRÉE EN<br />

PRÉSENTIEL ?<br />

Il « touchait du bois ». Emmanuel Macron avait assuré<br />

le 4 décembre lors de son entretien à Brut que le<br />

gouvernement allait « tout faire pour pouvoir commencer<br />

un peu plus tôt, en janvier à rouvrir au moins partiellement<br />

les universités françaises ». Il s’agissait de reprendre<br />

davantage de TD et de cours en demi-amphi dans l’esprit<br />

du modèle qui avait prévalu en septembre dernier, alors<br />

que jusqu’ici c’était le début du mois de février qui était<br />

envisagé. Mais cette rentrée n’a pas vraiment eu lieu…<br />

Les conditions d’une reprise progressive. Le Premier ministre avait réuni le 4<br />

décembre, en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation, la CPU, la CGE, la CDEFI, l’UDICE, l’AUREF et le CNOUS afin de faire<br />

un point d’étape sur la situation sanitaire et ses conséquences pour l’enseignement<br />

supérieur. Cette reprise va être partielle. « Ce sont d’abord les publics prioritaires,<br />

les étudiants les plus fragiles en risque de décrochage massif, les néo-bacheliers, les<br />

étudiants étrangers et les étudiants en situation de handicap qui devraient faire leur<br />

retour les campus », précise ainsi Gilles Roussel, l’ancien président de la Conférence<br />

des présidents d’université (CPU).<br />

La sonnette d’alarme. Depuis plusieurs semaines de nombreux présidents d’université<br />

tiraient la sonnette d’alarme : les étudiants souffrent d’être exclus de la vie<br />

universitaire. « Tous les indicateurs au niveau national et international sont au rouge<br />

pour la santé mentale. Je crois qu’à terme, ça tuera plus que le virus », s’inquiétait ainsi<br />

le président de l’université de Strasbourg Michel Deneken, dans un entretien à France<br />

Info. Avec neuf autres présidents d’universités de recherche du réseau Udice il avait<br />

d’ailleurs rédigé une tribune pour réclamer un déconfinement plus rapide dans leurs<br />

établissements. Depuis le Premier ministre a annoncé le renforcement des ressources<br />

dans les services de santé universitaires par le recrutement de 80 psychologues et<br />

dans les services sociaux par le recrutement de 60 assistantes sociales pour les six<br />

prochains mois. Mais il n’y a pas que la santé psychologique des étudiants qui soit en<br />

danger. Privés des petits boulots qui complétaient leurs revenus, de plus en plus sont<br />

touchés par la précarité constate FranceInfo dans un reportage.<br />

Comment organiser les examens ? « Chaque fois que c’est possible, il faut essayer<br />

de maintenir les examens traditionnels », estime la ministre de l’Enseignement<br />

supérieur, Frédérique Vidal dans Les Echos. Beaucoup d’établissements tiennent<br />

donc bon sur l’organisation des examens en présentiel. « La logique est d’essayer<br />

d’organiser des examens en présentiel coûte que coûte », assure ainsi Laurent<br />

Champaney, vice-président de la Conférence<br />

des Grandes écoles (CGE). Mais va bientôt se<br />

poser la question des concours. Si comme en<br />

2020 les écrits ne semblent pas menacés les<br />

oraux pourront-ils se tenir ? Et comment seront<br />

évaluées les spécialités du bac ? Comme en<br />

2020 encore un recours au strict contrôle<br />

continu semble bien se profiler.<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • Classement des écoles de management :<br />

l’Edhec devant emlyon<br />

5 • Le Chapitre des écoles de management<br />

fait le point<br />

6 • Le groupe Inseec U. toujours le plus avancé<br />

dans la RSE<br />

7 • Une nouvelle spécialité au lycée<br />

8 • Rennes SB fait le point sur sa stratégie<br />

9 • Audencia : les évolutions du PGE<br />

à la rentrée <strong>2021</strong><br />

• La BCE adopte une charte d’éthique<br />

et de déontologie<br />

10 • Chaque élève est différent :<br />

ESCP s’adapte avec l’IA<br />

ENTRETIENS<br />

12 • Herbert Castéran (directeur général<br />

de l’EM Strasbourg)<br />

15 • Sylvie Jean (directrice du programme<br />

Grande école de emlyon BS)<br />

23 • Christopher Cripps<br />

(directeur du développement international<br />

de Sorbonne Université)<br />

DOSSIER<br />

17 • Comment l’enseignement supérieur<br />

s’est organisé face au Covid<br />

DÉBAT<br />

26 • Comment accroitre la diversité dans<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : Grenoble EM<br />

2


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Classement des écoles<br />

de management :<br />

l’Edhec devant emlyon<br />

L’Etudiant confirme ce que disait déjà Le Figaro :<br />

l’Edhec y prend la quatrième place au détriment<br />

de emlyon dans son Classement <strong>2021</strong> des Grandes<br />

écoles de commerce.<br />

Ene emlyon sérieusement challengée par Skema<br />

ex-aequo à la cinquième place ! Au jeu des comparaisons<br />

si les deux premiers classements de l’année<br />

s’accordent dans le top 5 ils ne sont quasiment jamais<br />

d’accord ensuite si on excepte la 17 ème place d’Excelia.<br />

« France dominates FT European Business<br />

Schools 2020 ranking »<br />

Comme le titre le Financial Times HEC<br />

Paris s’impose dans son European Business<br />

School Rankings 2020 où les business<br />

schools françaises font excellente<br />

figure. Après une petite absence en 2019<br />

l’Insead y complète en effet le podium<br />

derrière la London business school. Sixième<br />

l’Essec progresse d’une place mais<br />

c’est ESCP qui fait la plus belle progression<br />

de l’année en gagnant six places pour<br />

revenir à la 8 ème . Elle complète ainsi la<br />

belle année des écoles de la chambre<br />

de commerce et d’industrie Paris-Ile de<br />

France. 14 ème l’Edhec gagne une place<br />

et devance une fois encore emlyon. Ensuite<br />

es meilleures progressions sont à<br />

mettre au compte de Neoma (39 ème avec<br />

onze places de gagnées) et surtout Excelia<br />

: 63 ème et 16 places de mieux. A contrario<br />

Rennes SB fait la plus mauvaise opération<br />

en en perdant douze et se classe<br />

68 ème . PSB fait son entrée à la 90 ème place.<br />

Ne sont pas classées cette année Skema,<br />

Paris Dauphine-PSL, ICN, ISC Paris et<br />

ESC Clermont.<br />

Nous vous proposons deux visualisations<br />

en DataViz sur le blog d’HEADway<br />

: https://blog.headway-advisory.<br />

com/?p=12632&preview=true :<br />

• la première sur le top 20 des business<br />

schools européenne du Financial Times<br />

depuis 2004 ;<br />

• la seconde sur le classement des business<br />

schools françaises dans le classement<br />

du Financial Times depuis 2004.<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Le Chapitre des écoles<br />

de management fait le point<br />

« On ne peut pas à la fois ne demander qu’il n’y ait pas de décrocheurs<br />

et repousser la rentrée en février. On ne peut pas à la fois nous demander de consacrer<br />

plus de ressources aux étudiants boursiers et nous couper nos financements.<br />

Les injonctions contradictoires, et changeantes que nous recevons<br />

sont un véritable problème. Nous avons besoin de règles claires et pérennes. »<br />

Depuis peu réélue à la présidence du Chapitre<br />

des écoles de management de la The Chronicle<br />

of Higher Education, Alice Guilhon est venue<br />

à la rencontre des journalistes en compagnie<br />

de son vice-président Christophe Germain. Alors<br />

que la crise de la Covid-19 occupe tous les esprits<br />

le Chapitre s’interroge également sur « l’ultra évaluation<br />

» à laquelle sont soumises les écoles. « Une<br />

Cefdg (Commission d’évaluation des formations et<br />

diplômes de gestion) extrêmement exigeantes sur le<br />

grade bachelor, le Hcéres, AACSB, Equis, pourquoi<br />

cette évaluation permanente de nos diplômes. Un jour<br />

il faudra faire des choix dans les accréditations ou<br />

qu’elles simplifient et harmonisent leurs procédure »,<br />

s’interroge également la présidente.<br />

Mais c’est la polémique sur un éventuel remboursement<br />

d’une partie des frais de scolarité suite au<br />

confinement qui occupe le plus les esprits. « Les fees<br />

ne couvrent pas les frais, les entreprises ne veulent<br />

plus payer, le coût contrat est souvent sous-estimé<br />

et les règles changent tout le temps. Et pendant ce<br />

temps nous sommes hyper performants sur la scène<br />

internationale », constate encore la directrice de<br />

Skema qui sait qu’elle va aussi devoir traiter cette<br />

Excelia rachète l’ESCEM<br />

année du sujet de la diversité : « Il n’y aura pas de<br />

bonus de points pour les boursiers. Ils le refusent.<br />

La solution est en amont ».<br />

L’autre grande question de <strong>2021</strong> va être l’entrée sur le<br />

marché de l’emploi de jeunes diplômés dont beaucoup<br />

ont préféré poursuivre leur cursus et leur stage que de<br />

l’affronter en pleine pandémie. « En janvier <strong>2021</strong> nous<br />

risquons de vivre une période compliquée », s’inquiète<br />

Alice Guilhon. Autre conséquence de la pandémie, les<br />

écoles constatent également un afflux d’étudiants<br />

en mastères spécialités. « En situation de crise le<br />

supérieur reçoit toujours beaucoup d’étudiants qui<br />

veulent acquérir plus d’expertise et de compétences »,<br />

conclut la présidente.<br />

Un professeur de ESCP<br />

dans le top des 1 %<br />

des chercheurs les plus cités<br />

Michael Haenlein, professeur<br />

de marketing à ESCP, a été<br />

nommé sur la liste annuelle<br />

Highly Cited Researchers<br />

2020 de Clarivate. Publiée<br />

chaque année cette liste<br />

identifie les scientifiques et<br />

les spécialistes des sciences<br />

sociales qui ont fait preuve<br />

d’une influence significative.<br />

Leurs noms sont tirés des<br />

publications qui se classent<br />

dans le premier 1 % des<br />

citations pour le domaine<br />

et l’année de publication<br />

dans l’index des citations<br />

du site Science. Surtout<br />

connu pour son travail<br />

sur les médias sociaux,<br />

Michael Haenlein y est<br />

nommé dans la catégorie<br />

« Économie et affaires ».<br />

Un accord de double<br />

diplôme entre SKEMA<br />

et HEC Montréal<br />

Pour la première fois au<br />

Québec et en France, un<br />

accord de double diplôme<br />

entre SKEMA Business<br />

School et son nouveau<br />

partenaire HEC Montréal<br />

permettra aux étudiants<br />

du Programme Grande<br />

Ecole (parcours expertise<br />

comptable-audit) de suivre<br />

un parcours international<br />

dédié. Le double diplôme<br />

permet d’obtenir en trois ans<br />

le diplôme Grande École<br />

- Master en Management<br />

de SKEMA spécialisation<br />

Expertise Comptable et<br />

Audit (ECA) et la maîtrise<br />

en gestion (M. Sc.)<br />

Comptabilité-Contrôle-<br />

Audit de HEC Montréal.<br />

La première cohorte est<br />

« pensée comme un projet<br />

pilote de 10 étudiants qui<br />

permettra à terme de créer<br />

un esprit de cohorte entre les<br />

étudiants des deux écoles ».<br />

Son avenir paraissait mal engagé depuis<br />

que ses deux repreneurs de 2017, Excelia<br />

et le groupe GES réunis dans l’association<br />

TOP Education dissoute fin ma dernier,<br />

n’étaient plus en phase. En liquidation<br />

amiable depuis juillet 2020, l’ESCEM<br />

a été repris par Excelia ce 27 novembre<br />

2020. L’ESCEM devient donc Excelia.<br />

Les 550 étudiants, de l’ex-ESCEM continueront<br />

donc de suivre les programmes<br />

bachelor et mastères sur les deux campus<br />

de Tours et d’Orléans. « Avec le rachat de<br />

l’ESCEM qui devient Excelia, le groupe<br />

compte aujourd’hui 4 550 étudiants et<br />

réunit près de 40 000 alumni. Un engagement<br />

et une évolution du groupe, qui<br />

dans un contexte économique fragilisé,<br />

témoigne de sa solidité », explique Bruno<br />

Neil, directeur général d’Excelia.<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Le groupe Inseec U.<br />

toujours le plus avancé<br />

dans la RSE<br />

En 2020, pour la 6 ème année consécutive, INSEEC U.<br />

occupe le 1er rang en France et se classe à la 121e<br />

place mondiale. dans le classement mondial UI<br />

GreenMetric des établissements d’enseignement<br />

supérieur et de recherche les plus engagés en matière<br />

de RSE, notamment sur les dimensions éducative et<br />

environnementale. Un ensemble d’indicateurs définit<br />

l’implication des campus sur cinq dimensions :<br />

• écoresponsabilité des infrastructures ;<br />

• efforts dans la lutte contre le gaspillage énergétique ;<br />

• politique de gestion des déchets et de l’eau ;<br />

• écomobilité ;<br />

• efforts liés à l’éducation et à la recherche en développement<br />

durable.<br />

Ce classement est remporté cette année par l’université<br />

de Wageningen aux Payas-Bas devant les universités<br />

britanniques d’Oxford et Nottingham. UCLA est 5 ème.<br />

ESCP crée The Choice,<br />

le nouveau média dédié aux décideurs<br />

Il s’appelle The Choice et c’est un nouveau<br />

média Internet destiné aux décideurs économiques<br />

et aux influenceurs que lance<br />

ESCP dans l’esprit du concept The Choice<br />

imaginé par TBWA et soutenu par ses<br />

alumni. Allant au-delà des messages de<br />

la campagne publicitaire, The Choice entend<br />

promouvoir toute la communauté<br />

ESCP à travers son expertise, ses valeurs,<br />

ses engagements et sa vision du monde.<br />

« Nous sommes maintenant dans une ère<br />

de choix : technologiques, économiques<br />

ou politiques. ESCP informe et inspire les<br />

chefs d’entreprise actuels et futurs à faire<br />

des choix responsables. Pas demain, mais<br />

aujourd’hui », explique Frank Bournois, le<br />

directeur général de ESCP.<br />

The Choice aborde les grands enjeux<br />

contemporains, au niveau décisionnel,<br />

en diffusant les recherches de ses professeurs,<br />

l’expertise et l’expérience de ses<br />

alumni qui travaillent en tous les secteurs<br />

et dans le monde, et l’engagement comme<br />

les réalisations des étudiants. The Choice<br />

traite des sujets liés aux affaires, au management,<br />

à l’entrepreneuriat, aux choix de<br />

carrière, mais aussi à la société, à la géopolitique,<br />

à l’environnement et à la technologie.<br />

« Le positionnement d’une marque<br />

comme la nôtre ne repose pas sur des messages<br />

égocentriques mais sur la capacité<br />

de partager librement notre vision, nos<br />

valeurs et nos contenus. Le brand content<br />

nous permet de construire une marque<br />

forte, de lui donner une vraie personnalité<br />

et de briller au-delà de nos objectifs habituels.<br />

Pour une école, le brand content<br />

est naturellement plus facile car nous<br />

sommes une usine de savoirs, et donc de<br />

contenus », confie Dimitri Champollion,<br />

directeur de la communication de ESCP.<br />

Audencia lance une chaire<br />

« Performance Globale<br />

Multi-Capitaux »<br />

Ces derniers mois, de<br />

nombreuses créations<br />

d’entreprises à missions ont<br />

vu le jour, en réponse à la<br />

nécessité de transformer les<br />

modèles existants. Audencia<br />

crée le tout premier centre<br />

de recherche mondial<br />

visant à « transformer la<br />

comptabilité de demain », en<br />

proposant une comptabilité<br />

multi-capitaux intégrée aux<br />

entreprises de toutes tailles.<br />

Soutenue notamment par<br />

L’Oréal, « Performance<br />

Globale Multi-Capitaux »<br />

vise à « renforcer les<br />

systèmes de mesure et de<br />

contrôle multi-capitaux par<br />

l’innovation, de participer<br />

à la standardisation<br />

internationale dans le<br />

domaine et d’accompagner la<br />

transformation des équipes et<br />

des professions, en France et<br />

à l’international ». La chaire<br />

entend ainsi dépasser la<br />

comptabilité 100 % financière<br />

pour renforcer les systèmes<br />

de mesure et de contrôle<br />

multi-capitaux de l’entreprise.<br />

Kedge lance un<br />

concours d’éloquence<br />

A l’initiative d’étudiantes en<br />

MSc Marketing, KEDGE<br />

et son MédiaLab lancent<br />

un nouveau concours<br />

d’éloquence : EloK. Supervisé<br />

par Virginie Martin,<br />

professeure de sciences<br />

politiques et de sociologie<br />

à Kedge et parrainé par<br />

Bruno Gaccio, humoriste et<br />

scénariste des « Guignols<br />

de l’info » sur Canal+,<br />

EloK débute le 4 décembre<br />

avec une première<br />

session de qualifications<br />

organisée entièrement<br />

en format distanciel.<br />

50 candidats de différents<br />

programmes de l’école<br />

ont été retenus suite à<br />

l’appel à candidatures<br />

lancé mi-octobre.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Une nouvelle spécialité au lycée<br />

A la rentrée scolaire <strong>2021</strong>, un nouvel<br />

enseignement de spécialité en « éducation<br />

physique, pratiques et culture sportives<br />

» pourra être offert aux lycéens<br />

de la voie générale dès la classe de première.<br />

Ce nouvel enseignement de spécialité<br />

« éducation physique, pratiques et<br />

cultures sportives » dépassera le champ<br />

strict de la pratique sportive. En plus des<br />

enseignements en éducation physique et<br />

sportive, il intégrera d’autres champs disciplinaires<br />

(sciences, humanités…) en associant<br />

des apports pratiques et des contenus<br />

théoriques.<br />

Il devra permettre aux élèves de<br />

développer :<br />

• une pratique approfondie et équilibrée<br />

d’activités physiques, sportives et<br />

artistiques ;<br />

• des compétences transversales essentielles<br />

à la réussite de leur parcours ;<br />

• un regard critique et éclairé sur leur pratique<br />

et la diversité de ses enjeux ;<br />

• une connaissance de la diversité des sec-<br />

teurs professionnels liés au sport et à la<br />

pratique physique.<br />

Ce nouvel enseignement sera mis en place<br />

progressivement, d’abord en classe de première<br />

et dans un à trois établissements par<br />

académie, ce qui représentera à la rentrée<br />

<strong>2021</strong>, à l’échelle nationale, environ une<br />

centaine d’établissements publics et privés<br />

sous contrat.<br />

Le nouvel enseignement de spécialité<br />

« éducation physique, pratiques et culture<br />

sportives » offre des perspectives de parcours<br />

d’études et d’insertion professionnelle<br />

dans de nombreux secteurs tels que<br />

les métiers de la santé et du bien-être, l’enseignement,<br />

l’entraînement, la gestion, la<br />

communication, le secteur événementiel,<br />

la recherche et la sécurité. A l’approche<br />

des Jeux olympiques de 2024, la création<br />

de ce nouvel enseignement s’inscrit<br />

dans la réflexion engagée pour répondre<br />

aux enjeux d’employabilité et de diversification<br />

des métiers dans un secteur en<br />

pleine évolution.<br />

Le conseil supérieur des programmes<br />

transmettra ses propositions et recommandations<br />

à la fin du mois de janvier<br />

<strong>2021</strong>. Les textes réglementaires relatifs<br />

au programme d’enseignement, aux<br />

grilles horaires et aux épreuves du baccalauréat<br />

seront ajustés pour prendre en<br />

compte ce nouvel enseignement de spécialité<br />

et publiés juste après.<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Rennes SB fait le point<br />

sur sa stratégie<br />

A l’aube de ses 30 ans, alors qu’elle ne sait pas encore<br />

comment elle va rouvrir son campus en janvier, Rennes SB a fait le point<br />

sur sa stratégie avec, comme stimulus principal,<br />

celui de « faire partie du top 10 français et donc du top 30 européen »<br />

selon les mots de son directeur général, Thomas Froehlicher.<br />

Établissement d’enseignement supérieur privé<br />

d’intérêt général (EESPIG), Rennes SB vient de<br />

recevoir pour la première fois la visite du Hcéres<br />

(Haut Conseil de l’évaluation de la recherche<br />

et de l’enseignement supérieur). Reconnue par l’Etat<br />

américain parmi six autres écoles françaises, elle<br />

peut recevoir des étudiants américains bénéficiant<br />

de bourses d’études fédérales. Candidate au grade de<br />

licence elle attend des décisions pour « positionner<br />

plus efficacement son bachelor à l’international ».<br />

Bien classée dans le classement de Shanghai, Rennes<br />

SB travaille à entrer dans tous les classements internationaux<br />

dont ceux de The Economist et celui<br />

de l’employabilité du Times Higher Education. Parce<br />

que rien ne peut se faire sans un corps professoral<br />

de premier plan, Rennes SB va recruter cette année<br />

cinq « professeurs d’exception ».<br />

470 étudiants étrangers ont rejoint Rennes SB cette<br />

année, soit une petite baisse de 5 % avec une large<br />

hausse dans le programme Grande école et en bachelor.<br />

Certes l’école attendait une hausse significative,<br />

© Rennes SB<br />

et l’avait inscrite dans son plan stratégique, mais le<br />

résultat est assez inespéré et confirme l’internationalisation<br />

d’une école dont le Master in management est<br />

classées au deuxième rang des plus internationales,<br />

derrière Imperial College, selon le Financial Times.<br />

D’autant que les nationalités ont évolué et vu la baisse<br />

du nombre d’étudiants originaires d’Asie au bénéfice<br />

de l’Amérique latine, de l’Europe et de l’Afrique.<br />

Et parce qu’il faut bien sûr être capable d’enseigner<br />

à distance, Rennes SB a transformé également un<br />

bâtiment entier qui fonctionne intégralement en mode<br />

« eLive » dans le cadre de son « Projet Flex ». 30<br />

salles sont équipées pour délivrer un enseignement<br />

combinant dans une même situation pédagogique<br />

les interactions entre des étudiants en présence et à<br />

distance, y compris à l’étranger. « Nous construisons<br />

un campus résilient, c’est-à-dire apprenant et agile.<br />

Nous allons encore ajouter de nouveaux équipements<br />

vidéo pour mieux visualiser les étudiants dès qu’ils<br />

interviennent en cours », commente Thomas Froehlicher<br />

qui entend maintenant équiper 80 salles avec<br />

l’environnement Teams Education.<br />

Pour 85 % des étudiants de Rennes SB la préoccupation<br />

majeure est maintenant celle de la recherche<br />

d’emploi (87 % d’un stage) selon une étude menée par<br />

Harris Interactive. Pour les conforter l’action Uman<br />

entend regrouper toutes les actions dont bénéficient<br />

les étudiants depuis leur candidature jusqu’à leur<br />

sortie de l’école.<br />

Dès janvier <strong>2021</strong> Rennes SB s’implante à Paris,<br />

notamment pour faire progresser en 2023 jusqu’à six<br />

millions d’euros et 8 % du total son chiffre d’affaires<br />

en formation continue. Aujourd’hui elle représente<br />

3 % de son budget avec un doublement cette année<br />

en dépit de la pandémie.<br />

L’économiste Andrei<br />

Shleifer rejoint SKEMA en<br />

tant que professeur invité<br />

Economiste le plus cité au<br />

monde pour ses travaux de<br />

recherche en 2018 dans le<br />

classement Repec, le Russoaméricain<br />

Andrei Shleifer<br />

prend un congé d’un an du<br />

campus de Harvard, où il<br />

enseigne depuis 1991, pour<br />

rejoindre SKEMA en tant<br />

que professeur invité. Il y<br />

retrouve Florencio Lopez de<br />

Silanes, doyen associé pour<br />

la stratégie académique à<br />

SKEMA et professeur de<br />

finance et d’économie, avec<br />

lequel il a déjà signé des<br />

articles : « Nous sommes<br />

coauteurs depuis plus de<br />

25 ans, à commencer par<br />

Harvard où nous avons<br />

passé plusieurs années<br />

ensemble et avons contribué<br />

à créer le domaine « Droit<br />

et Finance » ». Les deux<br />

économistes travailleront<br />

ensemble sur plusieurs<br />

projets de recherche,<br />

notamment l’étude des<br />

facteurs qui déterminent<br />

l’investissement et sont à<br />

l’origine du développement<br />

macro-économique et de<br />

la croissance de l’emploi.<br />

Basé sur le campus de<br />

Sophia Antipolis, les travaux<br />

de recherche d’Andrei<br />

Shleifer lui donneront<br />

accès aux ressources de<br />

SKEMA à partir de ses<br />

trois sites en France.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Audencia : les évolutions<br />

du PGE à la rentrée <strong>2021</strong><br />

Comme chaque année, le programme Grande Ecole d’Audencia<br />

évoluera à la rentrée <strong>2021</strong> pour proposer de nouveaux parcours<br />

et « améliorer encore l’expérience étudiante ».<br />

L’école va ainsi faciliter l’accès gratuit à des<br />

professionnels de santé à travers le dispositif<br />

Well-Being@Audencia (plateforme psychologique<br />

anonyme 24h / 24, même en anglais, infirmière<br />

dans les locaux, conférences et ateliers, etc). L’école<br />

allouera aussi 300 000 € de plus aux bourses internes<br />

afin de renforcer son ouverture sociale, pour un budget<br />

global d’un million d’euros. Elle crée également un<br />

« Passeport Carrière et Citoyen », qui accompagnera<br />

les étudiants tout au long de leur cursus à Audencia et<br />

au-delà dans leur vie active afin que « toutes et tous<br />

puissent et sachent pleinement valoriser l’ensemble<br />

de de leurs expériences et engagements ».<br />

L’apprentissage sera encore développé, avec 4 fois<br />

plus de places (20 % d’une promotion GE) accessibles à<br />

partir de la première année du cycle master en contrat<br />

24 mois dans les locaux parisiens ou nantais selon les<br />

voies (tracks) choisies.<br />

Côté programmes Audencia proposera 4 nouveaux<br />

parcours :<br />

• Stratégies Digitales & Data Marketing ;<br />

• Stratégie Financière & Investissement Responsable ;<br />

• Data management for finance (dont 1 semestre possible<br />

en finance de marché à Shenzhen, en Chine, place<br />

mondiale du digital et de la finance internationale) ;<br />

• Financial Analysis and Investments Management (en<br />

partenariat avec le CFA Institute).<br />

L’hybridation des compétences se déclinera désormais<br />

à l’international avec un programme Creative Arts<br />

and Design à Florence en Italie ou encore l’étude de<br />

l’ingénierie à UCLA en Californie. San Francisco, Boston,<br />

Londres, Wroclaw, ou encore Washington font aussi<br />

partie des universités concernées.<br />

© Audencia BS<br />

La BCE adopte une charte d’éthique et de déontologie<br />

Pour « mieux garantir l’égalité de traitement<br />

des candidats et davantage sécuriser<br />

le processus de conception des sujets<br />

dès le concours <strong>2021</strong> », les écoles de management<br />

membres de la BCE viennent<br />

d’adopter une Charte tout en constituant<br />

un Comité d’éthique et de déontologie.<br />

La nouvelle charte prévoit notamment que<br />

les responsables d’épreuve doivent « certifier<br />

que les sujets proposés sont inédits<br />

et qu’ils n’ont pas été, après recherche<br />

d’antériorité, déjà diffusés sous quelque<br />

forme que ce soit pour tout concours. Ils<br />

certifient en outre ne pas les avoir proposés,<br />

sous la même forme ou sous une<br />

forme qui s’en rapproche, au cours de<br />

leurs enseignements ou à des organismes<br />

de formation, y compris pour des stages<br />

de préparation aux concours, en présen-<br />

tiel comme en distanciel ».<br />

Par ailleurs les responsables d’épreuves<br />

et concepteurs de sujets seront amenés<br />

à signer une déclaration d’intervention<br />

dans les établissements d’enseignement<br />

afin de prévenir les conflits d’intérêt. Enfin<br />

ces mêmes responsables d’épreuves<br />

et concepteurs de sujets auront à signer<br />

des conventions portant engagement de<br />

respecter les dispositions de la Charte<br />

d’éthique et de déontologie.<br />

De la conception des sujets de concours<br />

à la prévention des conflits d’intérêt, les<br />

éventuels problèmes seront désormais<br />

soumis à l’arbitrage du nouveau comité<br />

d’éthique de la BCE. Présidé par Caroline<br />

Pascal, cheffe de l’Inspection générale de<br />

l’éducation, du sport et de la recherche,<br />

le Comité d’éthique et de déontologie est<br />

9<br />

composé de personnalités particulièrement<br />

reconnues dans le monde de l’enseignement<br />

supérieur de gestion :<br />

• Cécile Andre-Leruste, membre du Bureau<br />

de la CCI Paris IDF et présidente<br />

de la commission formation ;<br />

• Alice Guilhon, directrice générale de<br />

SKEMA Business School et présidente<br />

du Chapitre des écoles de management<br />

de la Conférence des grandes écoles ;<br />

• Jean-Pierre Helfer, professeur émérite,<br />

agrégé de sciences de gestion, premier<br />

président de la commission d’évaluation<br />

des formations et diplômes de gestion ;<br />

• Bernard Ramanantsoa, ancien directeur<br />

général de HEC Paris ;<br />

• Maurice Thévenet, professeur au CNAM<br />

et à l’ESSEC Business School, ancien<br />

délégué général de la Fnege


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

© ESCP<br />

Chaque élève est différent :<br />

ESCP s’adapte avec l’IA<br />

En 2019, ESCP a lancé son plan de transformation<br />

phygitale « So’SCHOOL » composé<br />

d’une quarantaine de projets visant<br />

à « transformer l’expérience d’apprentissage<br />

en proposant des services numériques<br />

nouveaux, audacieux et innovants<br />

». Un certain nombre de ces projets<br />

sont actuellement menés par l’équipe d’innovation<br />

numérique et d’apprentissage de<br />

ESCP dans une structure dédiée à l’expérimentation<br />

: la Phygital Factory. C’est<br />

dans ce cadre que Domoscio et ESCP ont<br />

lancé une collaboration sur l’apprentissage<br />

adaptatif. « Aucun élève n’est semblable.<br />

Chacun d’entre eux a ses propres caractéristiques,<br />

ses particularités, ses capacités<br />

et ses faiblesses, et des approches d’apprentissage<br />

élargies pourraient s’avérer<br />

inefficaces pour appréhender cette complexité<br />

sur le long terme. L’apprentissage<br />

adaptatif est un système éducatif basé sur<br />

la technologie et l’analyse des données,<br />

permettant aux enseignants de suivre<br />

les performances de chaque étudiant et<br />

d’adapter les méthodes/programmes à<br />

leurs besoins », explique le professeur<br />

José Ramón Cobo, récemment nommé<br />

doyen associé de l’innovation en matière<br />

d’apprentissage.<br />

Avec des activités d’enseignement mixtes<br />

(physiques et numériques) et modulaires, le<br />

défi consiste à offrir aux élèves une expérience<br />

sur mesure tout au long de leur séjour<br />

à l’école. Avec Domoscio les données<br />

d’apprentissage des étudiants sont traitées<br />

à l’aide de l’IA pour déterminer leur profil<br />

et leurs besoins pédagogiques afin de<br />

construire le parcours d’apprentissage le<br />

plus pertinent pour eux.<br />

L’intérêt de l’apprentissage adaptatif est<br />

également de mettre en œuvre une approche<br />

prédictive : en regroupant les étudiants<br />

en groupes homogènes, en mesurant<br />

et en comparant leurs progrès, et en<br />

faisant correspondre des contenus spécifiques<br />

à des profils définis.<br />

Le système mis en place permettra à<br />

ESCP et à Domoscio de valider l’expérience<br />

d’apprentissage, d’impliquer les enseignants<br />

dans ces nouvelles méthodes et<br />

de confirmer l’impact de l’apprentissage<br />

adaptatif. Rendez-vous à l’été <strong>2021</strong> pour<br />

les premiers résultats.<br />

Immobilier :<br />

l’EM Normandie et l’ESPI s’associent<br />

L’EM Normandie et le Groupe ESPI<br />

(Ecole supérieure des professions immobilières)<br />

ont signé une convention-cadre<br />

dans le but de créer des programmes de<br />

formation initiale ainsi que des formations<br />

certifiantes à destination des professionnels<br />

de l’immobiliers. Dans un premier<br />

temps, les deux école vont lancer<br />

une nouvelle spécialisation de M2 du Programme<br />

grande école EM Normandie intitulée<br />

« Management de projet immobilier<br />

». Elles souhaitent ensuite compléter<br />

l’offre de formation initiale commune avec<br />

le lancement d’un ou plusieurs MSc et MS<br />

portant notamment sur « l’Asset Mana-<br />

gement » et la « Sustainability ». Un programme<br />

BADGE en management immobilier<br />

sera présenté à la Conférence des<br />

Grandes Ecoles (CGE) en vue de sa labellisation<br />

pour d’autres professionnels.<br />

Les deux établissements souhaitent également<br />

collaborer dans le domaine de la<br />

VAE pour les acteurs de l’immobilier désireux<br />

de valider des compétences en management,<br />

leadership et gestion. Enfin, ils<br />

envisagent le déploiement, spécifiquement<br />

sur le territoire normand, d’un titre professionnel<br />

appartenant à l’organisme certificateur<br />

du Groupe ESPI.<br />

Recherche<br />

sur les ODD :<br />

Un nouvel indicateur<br />

du Financial Times<br />

Suite à la publication de son classement<br />

des business schools européennes, The Financial<br />

Times a également publié un Classement<br />

des business schools faisant de la<br />

recherche sur les ODD (objectifs de développement<br />

durables de l’ONU). Avec 91 %<br />

de ses publications consacrées aux ODD,<br />

l’Université de Glasgow, Adam Smith Business<br />

School domine ce classement devant<br />

Leeds et Saint-Gallen. Tout juste derrière<br />

elles trois business schools françaises se<br />

démarquent : ESCP 4 ème (86 % de ses publications),<br />

Grenoble EM 5 ème et l’Essca 6 ème .<br />

26 milliards pour Erasmus+<br />

Le Parlement européen et le<br />

Conseil ont conclu un accord<br />

provisoire sur le programme<br />

Erasmus+ pour <strong>2021</strong>-2027,<br />

d’une valeur de plus de<br />

26 milliards d’euros (en prix<br />

courants) soit 2,2 milliards<br />

d’euros supplémentaires que<br />

prévus sur sept ans. « Ceux<br />

qui ont traditionnellement<br />

été laissés pour compte<br />

bénéficieront d’un meilleur<br />

accès à l’apprentissage et<br />

à la mobilité, grâce aux<br />

dispositions spécifiques que<br />

nous avons introduites »,<br />

explique La présidente<br />

de la commission de la<br />

culture et de l’éducation,<br />

Sabine Verheyen. Tant la<br />

Commission que les États<br />

membres devront élaborer<br />

des plans d’action pour<br />

identifier les obstacles et<br />

accroître la participation des<br />

personnes défavorisées.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Herbert Castéran<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’EM STRASBOURG<br />

« Il faut accroitre la qualité de notre<br />

recrutement et notre ouverture »<br />

Il va postuler pour un deuxième mandat<br />

en mai prochain. Le directeur général<br />

de l’EM Strasbourg, Herbert Castéran,<br />

revient avec nous sur son premier<br />

mandat et trace des perspectives pour<br />

un éventuel second.<br />

Olivier Rollot : Il y a bientôt cinq ans que vous<br />

avez pris la direction de l’EM Strasbourg et<br />

une nouvelle élection aura lieu en mai <strong>2021</strong>.<br />

Quel bilan pouvez-vous tirer de votre action<br />

ces cinq dernières années ?<br />

Herbert Castéran : Un bilan très positif avec une<br />

équipe extrêmement motivée pour faire progresser<br />

l’école. J’avais placé mon projet sur deux axes : le<br />

premier était de rassembler en interne autour de<br />

projets fédérateurs, le second de développer les liens<br />

avec l’université de Strasbourg tout en conservant<br />

nos marges de manœuvre. Aujourd’hui nous sommes<br />

de plus en plus proches de l’université et nos équipes<br />

sont unies dans un projet. Les perspectives sont assez<br />

enthousiasmantes.<br />

Faire partie d’une grande université c’est également<br />

hybrider les compétences avec les écoles d’architecture<br />

ou d’ingénieurs de l’université mais aussi Sciences Po<br />

Strasbourg et les autres composantes de l’université.<br />

Nous avons même organisé avec l’Ena un hackathon.<br />

Enfin nous bénéficions d’une grande stabilité managériale<br />

dans un monde des business schools très<br />

concurrentiel. Il n’y a pas de risque que notre business<br />

model soit remis en question.<br />

O. R : Concrètement qu’est-ce qu’apporte<br />

à l’EM Strasbourg son appartenance à<br />

l’université de Strasbourg, une situation<br />

unique au sein des écoles de management<br />

françaises ?<br />

H. C : Notre gouvernance est double en tant que<br />

composante de l’université tout en étant administré<br />

par un conseil d’administration dans lequel l’université<br />

n’est pas présente.<br />

Au niveau international être composante de l’université<br />

nous apporte une très forte crédibilité. Quand nous<br />

travaillons à des accords d’échange avec d’autres<br />

business schools dans le monde nous sommes très<br />

bien identifiés comme une composante de l’université<br />

de Strasbourg. Ainsi nos étudiants n’ont à payer aucun<br />

supplément de frais quelle que soit l’université où ils<br />

partent étudier, même aux États-Unis.<br />

© Alexis Delon<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

O. R : L’université de Strasbourg fait partie<br />

de plusieurs regroupements d’université<br />

en Europe, cinq de votre région avec Eucor<br />

et encore plus largement avec Epicur. Cela<br />

rejaillit-il sur l’EM Strasbourg ?<br />

H. C : Nous sommes même très actifs au sein de ces<br />

regroupements avec la création d’un Institut franco-européen<br />

de management et la création en février-mars<br />

<strong>2021</strong> du premier cours de l’université au sein d’Epicur.<br />

Nous sommes pleinement alignés avec la stratégie<br />

européenne de l’université tout en prenant certaines<br />

initiatives dans ce cadre. Nous nous concevons comme<br />

une sorte de poisson-pilote au sein de l’université.<br />

O. R : Quelles relations entretient l’EM<br />

Strasbourg avec la faculté d’économie et<br />

gestion de l’université de Strasbourg ?<br />

H. C : Nous partageons les mêmes bâtiments et sommes<br />

en contact au quotidien. Nous avons su répartir au<br />

mieux notre portefeuille de master et proposons un<br />

double diplôme de bachelor et licence. Nous avons<br />

su nouer une complicité relativement inédite entre des<br />

gestionnaires et des économistes qui ont parfois du<br />

mal à communiquer à un niveau national.<br />

O. R : Avec vos alumni vous avez noué un<br />

véritable partenariat.<br />

H. C : Nous déléguons toute notre politique alumni à<br />

l’association des Alumni avec laquelle nous avons de ce<br />

fait même une collaboration très étroite. A l’international<br />

ils développent leur réseau avec le plein appui de l’Ecole<br />

qu’ils publient des ouvrages comme « Utiliser Zoom en<br />

cours ». Ce qui nous a été imposé hier peur devenir un<br />

atout pour les étudiants demain.<br />

O. R : Il faut vite rouvrir les campus ?<br />

H. C : Nous avons fait réaliser une étude auprès de<br />

nos étudiants sur leur vision du distanciel. Il en ressort<br />

que leur besoin de présentiel est le plus fort à l’entrée<br />

dans l’école. Alors oui il faut vite rouvrir les campus.<br />

On se trompe de cible en les fermant. L’enseignement<br />

supérieur n’est pas un lieu de contamination.<br />

Une double identité<br />

Seule business school<br />

française faisant partie d’un<br />

pôle universitaire, l’EM<br />

Strasbourg fait à la fois partie<br />

de la Conférence des grandes<br />

écoles et d l’Association<br />

nationale du réseau des IAE.<br />

Elle propose près d’une<br />

quarantaine de formations<br />

dans tous les grands<br />

domaines de la gestion.<br />

© EM Strasbourg<br />

et en France ils nous soutiennent dans la recherche<br />

comme dans les relations entreprise. C’est un attelage<br />

O. R : Avez-vous reçu des demandes de<br />

remboursement de certains étudiants ?<br />

assez original entre une association et son école.<br />

H. C : Nous avons eu quelques demandes mais, glo-<br />

O. R : Question d’actualité : comment l’EM<br />

Strasbourg gère-t-elle un confinement qui<br />

semble parti pour durer encore tout le mois<br />

de janvier ?<br />

H. C : C’est une situation très contrastée. D’un point<br />

de vue technique et organisationnel, les équipes et<br />

les matériels sont pleinement en place depuis cet été.<br />

balement, le message de la Conférence des Grandes<br />

écoles (CGE) sur nos coûts a été bien compris. Quand<br />

on demande à nos étudiants sur quels postes nous<br />

pourrions bien faire des économies, ils comprennent<br />

pour la très grande majorité les enjeux. D’autant qu’à<br />

l’EM Strasbourg les frais de scolarité sont déjà plus<br />

bas que dans la moyenne des écoles.<br />

D’un point de vue état d’esprit, s’adapter à ce nouveau<br />

confinement a été plus dur que pour la première édition.<br />

Même si nous y étions mieux préparés, cela a été très<br />

difficile pour nos étudiants de rester chez eux. Pour les<br />

nouveaux étudiants c’est particulièrement compliqué.<br />

Nous avons ainsi mis en place une cellule de suivi<br />

qui soutient les étudiants en difficulté dès que nous<br />

constatons une absence.<br />

Par ailleurs, cette année a également été marquée<br />

par un élan de solidarité sans précédent en faveur de<br />

nos étudiants en difficulté de la part de l’école et ses<br />

partenaires. Nous tenons plus que tout à cette tradition<br />

d’engagement et d’aide financière de l’EM Strasbourg<br />

envers ses étudiants. C’est pour cela également que<br />

nous avons tenu à maintenir ouverte la bibliothèque<br />

pendant le deuxième confinement. Nous tenions à<br />

Heureusement l’implication des équipes est très forte.<br />

Aujourd’hui nous sommes capables de basculer en<br />

24 heures du présentiel au distanciel. Nos enseignants<br />

se sont d’ailleurs tellement bien emparés du sujet<br />

proposer un lieu de travail accessible et pratique pour<br />

nos étudiants sur rendez-vous de 10 heures à 18 heures<br />

du lundi au samedi. Là aussi, notre investissement a<br />

été conséquent.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

O. R : Quelle solution technique utilisez-vous<br />

pour délivrer vos cours à distance ?<br />

H. C : D’un point de vue logiciel, Zoom essentiellement<br />

dans le cadre d’une licence globale qui donne à tout<br />

intervenant ou étudiants un accès automatique. Nous<br />

avons également équipé nos amphis et salles de cours<br />

d’une solution matérielle permettant d’assurer des<br />

cours en comodal (une partie du groupe en présentiel,<br />

l’autre en distanciel simultané).<br />

O. R : Dans ce contexte, la RSE<br />

(responsabilité sociétale des entreprises)<br />

et le développement durable restent-ils des<br />

axes prioritaires ?<br />

H. C : C’est un engagement très ancien de l’EM Strasbourg.<br />

Nous avons en motre sein la plus ancienne<br />

chaire – en 2008 – dédiée à la RSE. Cela nous amène<br />

à prendre beaucoup d’initiatives avec la mise en place<br />

de solutions pédagogiques innovantes comme « C<br />

for CSR », une plateforme d’apprentissage créée en<br />

2014 autour de la RSE, profondément remaniée ces<br />

dernières années, qui permet d’obtenir un certificat<br />

RSE. Un certificat obligatoire pour nos étudiants en<br />

PGE qui désormais s’exporte auprès d’Ecoles d’ingénieurs.<br />

Certaines entreprises nous ont même fait part<br />

de leur intérêt pour cette solution d’apprentissage et<br />

de certification. De même nous organisons toute une<br />

série d’événement comme « La Nuit des valeurs ».<br />

O. R : La question de l’égalité des chances va<br />

être prégnante en <strong>2021</strong> après la publication<br />

du rapport Hirsch sur la « diversité sociale et<br />

territoriale dans l’enseignement supérieur ».<br />

Faut-il faire évoluer les concours ?<br />

H. C : Les concours doivent accorder plus de place au<br />

travail sur la personnalité des étudiants. En revanche<br />

donner des points en plus aux boursiers serait une<br />

erreur à mes yeux. Il faut les accompagner en amont<br />

plutôt que de donner un concours au rabais. C’est un<br />

faux procès qu’on fait aux Grandes écoles. Même si des<br />

progrès peuvent être faits les classes préparatoires et<br />

les Grandes écoles jouent un rôle d’ascenseur social<br />

incomparable.<br />

Nous travaillons beaucoup là-dessus, qu’il s’agisse d’accompagner<br />

les boursiers ou de les pousser à dépasser<br />

une possible autocensure. Résultat, l’EM Strasbourg<br />

a un taux de boursiers qui est même supérieur à celui<br />

de masters sans frais d’inscription.<br />

O. R : Nous avons fait le bilan de votre action.<br />

Qu’imaginez-vous pour le futur de l’EM<br />

Strasbourg ?<br />

H. C : Il faut à la fois accroitre la qualité de notre recrutement<br />

et notre ouverture. Il faut donc continuer à<br />

mettre l’accent sur la sélectivité en nous limitant à une<br />

taille d’école de 4 000 étudiants. C’est une taille avec<br />

laquelle nous pouvons continuer à proposer un suivi<br />

individuel de chaque étudiant. De même il faut renforcer<br />

l’encadrement en recrutant des enseignants-chercheurs.<br />

L’ouverture de l’école doit se faire à trois niveaux.<br />

Socialement en continuant à diversifier le profil de<br />

nos étudiants et de nos enseignants-chercheurs.<br />

Le Financial Times nous a d’ailleurs classé première<br />

école dans le monde pour la féminisation de notre<br />

corps professoral.<br />

L’ouverture doit également être culturelle avec l’internationalisation<br />

notamment à domicile de nos étudiants<br />

que permet aujourd’hui la présence sur notre campus<br />

d’un tiers d’étudiants internationaux. Un taux qui doit<br />

encore progresser, notamment en recevant plus d’étudiants<br />

internationaux qui viennent obtenir un diplôme.<br />

Enfin l’ouverture doit être disciplinaire avec plus en plus<br />

d’hybridation des compétences pour permettre à nos<br />

étudiants d’interagir avec d’autres métiers.<br />

O. R : Vous allez être candidat à votre<br />

succession ?<br />

H. C : Oui. C’est une décision réfléchie à la fois au niveau<br />

personnel, au niveau familial avec mon épouse et mes<br />

enfants. Je veux continuer à travailler sur les deux<br />

axes de mon action depuis cinq ans : rassemblement<br />

et développement. Le tout avec un projet nouveau que<br />

je présenterai au conseil d’administration.<br />

Une enquête sur les<br />

élèves de prépas<br />

De concert avec Espace<br />

<strong>Prépas</strong> l’EM Strasbourg<br />

mène une année sur deux<br />

une enquête sur les élèves<br />

de classes préparatoires EC.<br />

En 2020 Hevert Castéran<br />

constatait ainsi chez eux de<br />

grandes évolutions avec la<br />

montée en puissance des<br />

« technophiles » : « Des<br />

élèves de prépas qui se disent<br />

très attachés à la mise en<br />

pratique d’outils techniques<br />

dans leur scolarité puis dans<br />

leur vie professionnelle.<br />

S’ils n’ont pas forcément<br />

la connaissance de toutes<br />

ces ressources, ils savent<br />

que l’aspect digital sera<br />

totalement intégré dans<br />

leur vie professionnelle ».<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Sylvie Jean<br />

DIRECTRICE DU PROGRAMME GRANDE ÉCOLE DE EMLYON BS<br />

« Je suis consciente qu’il faut reconstruire<br />

un lien avec les classes préparatoires »<br />

Très appréciée dans les classes<br />

préparatoires elle est un atout important<br />

dans la reconquête d’élèves qui se<br />

sont sentis quelque peu délaissé ces<br />

dernières années. Sylvie Jean, directrice<br />

du programme Grande école de emlyon<br />

BS, trace sa stratégie.<br />

portant d’admis sur titre (AST). Ce qui a conduit à une<br />

alerte sur la baisse de sélectivité de l’École tout en<br />

mettant à mal la diversité de recrutement en AST en<br />

intégrant une part importante d’étudiants en licences<br />

d’économie-gestion.<br />

Aujourd’hui, nous voulons diminuer par deux le nombre<br />

Olivier Rollot : Vous avez pris la direction du<br />

Programme Grande École d’emlyon cet été.<br />

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette<br />

décision ?<br />

Sylvie Jean : J’ai été directrice des admissions de<br />

l’Edhec avant de diriger le Programme Grande École<br />

de Neoma. J’avais envie de revenir dans une école du<br />

top 5. D’autant que j’avais le sentiment d’avoir fait le<br />

tour de ce que je pouvais réaliser à Neoma après avoir<br />

réformé son PGE.<br />

O. R : A emlyon vous saviez que vous alliez<br />

notamment devoir renouer un lien avec les<br />

classes préparatoires quelque peu distendu<br />

ces dernières années…<br />

S. J : Je suis bien consciente qu’il faut reconstruire<br />

un lien avec les classes préparatoires. C’est ce que je<br />

suis en train de faire – comme je l’avais d’ailleurs fait<br />

déjà pour l’Edhec à partir de 2014 - notamment en me<br />

rendant dans de nombreuses classes préparatoires<br />

pour y présenter le nouveau format d’entretien.<br />

Cela m’a toujours passionnée d’aller dans les classes<br />

préparatoires pour observer, comprendre les élèves<br />

dont j’aurai ensuite la charge en première année. De<br />

plus, j’ai noué des amitiés très fortes avec beaucoup<br />

de responsables et professeurs de ces prépas, et ce<br />

depuis 2010.<br />

O. R : Mais en quoi la stratégie de<br />

recrutement d’emlyon évolue-t-elle dans un<br />

sens plus favorable aux élèves de classes<br />

préparatoires ?<br />

S. J : La précédente direction de l’École avait construit<br />

une politique très orientée vers un recrutement im-<br />

d’AST dans les trois prochaines années. Ainsi, en 2023,<br />

nous aurons retrouvé les standards du top 5 des<br />

écoles. Nous recruterons en revanche plus largement<br />

à l’international.<br />

En France, nous souhaitons privilégier le recrutement<br />

des bi-licences type mathématiques-économie, des<br />

prépas ATS mais aussi des ingénieurs, pharmaciens,<br />

littéraires, géographes. Les AST doivent apporter une<br />

réelle diversité dans nos promotions.<br />

O. R : Comment élèves de classes<br />

préparatoires et AST se mêlent-ils dans les<br />

promotions ?<br />

S. J : emlyon a des capacités incroyables à faire coexister<br />

des profils et des compétences très diverses, et<br />

les étudiants de prépas et AST s’entendent très bien.<br />

C’est sans doute dû à l’esprit d’ouverture d’emlyon qui<br />

puise ses racines dans l’industrie lyonnaise du tissage<br />

de la soie, d’où sa capacité à tisser des liens entre des<br />

profils très divers. Dès leur arrivée,<br />

les étudiants de CPGE côtoient<br />

directement les AST dans la vie<br />

associative et dans le cadre des<br />

cours ADN de l’École.<br />

O. R : Les deux classements<br />

de la presse qui sont parus<br />

en novembre-décembre<br />

montrent que emlyon est<br />

passée derrière l’Edhec.<br />

Comment l’expliquez-vous ?<br />

S. J : C’est la conséquence directe<br />

de la perte du grade de master<br />

pour une durée de cinq ans.<br />

Une spécialiste<br />

Sylvie Jean a été nommée à<br />

la direction du PGE emlyon<br />

en juillet 2020. Alors qu’elle<br />

occupait depuis trois ans le<br />

même poste à Neoma, elle<br />

succède à Nathalie Hector,<br />

elle-même partie à Skema<br />

y exercer la fonction de<br />

directrice du développement<br />

en février 2020, et Lionel<br />

Sitz qui avait assuré la<br />

direction par intérim du<br />

programme depuis. Docteur<br />

en sciences de gestion,<br />

Sylvie Jean est professeur<br />

et chercheur en marketing.<br />

© emlyon BS<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

O. R : emlyon propose vraiment des parcours<br />

à la carte. Le campus de Sophia Antipolis de Skema<br />

© emlyon BS<br />

O. R : Que dites-vous aux élèves de classes<br />

préparatoires pour les convaincre de<br />

rejoindre emlyon ?<br />

S. J : D’abord je leur montre la robustesse d’une grande<br />

école qui a su recruter d’excellents étudiants en pleine<br />

tempête médiatique. D’un écosystème économique<br />

lyonnais très performant qui nourrit tous nos programmes.<br />

Je leur parle d’une école pionnière de l’hybridation<br />

des savoirs et des compétences qui possède<br />

un corps professoral capable de couvrir beaucoup de<br />

disciplines à partir du sujet historique de l’École qu’est<br />

l’entrepreneuriat.<br />

O. R : Comment les étudiants d’emlyon sontils<br />

mobilisés dans le recrutement associatif ?<br />

S. J : Les étudiants de 3 ème et 4 ème années de la Corpo,<br />

« l’association des associations », sont en charge de<br />

l’accueil des nouvelles promotions. La Corpo prend<br />

en charge un certain nombre d’activités et régule<br />

l’ensemble de la vie associative avec beaucoup de<br />

professionnalisme. Afin que tous les étudiants aient<br />

le temps de choisir quelle association rejoindre, le<br />

recrutement s’effectue en deux fois ; en octobre puis<br />

en février-mars.<br />

O. R : Allez-vous réformer le Programme<br />

grande école de emlyon ?<br />

S. J : Nous avons assisté à beaucoup de réformes<br />

ces dernières années dans les écoles. Aujourd’hui<br />

nous ne voulons pas tout remettre en cause avec une<br />

énième réforme. Nous allons essentiellement revisiter<br />

la première année pour mettre plus de SHS (sciences<br />

humaines et sociales) dans le programme. Nous allons<br />

également renforcer le nombre d’heures de cours avec<br />

un travail sur le processus de choix de cours à la carte.<br />

S. J : Ce que emlyon revendique, c’est de proposer un<br />

très large choix de cours à la carte. Je travaille sur ce<br />

processus qui est au cœur du « réacteur », porté par<br />

cette spécificité de laisser du temps aux étudiants de<br />

tester différents sujets afin de trouver la spécialité<br />

qui leur correspond. Nous formons ainsi des jeunes<br />

diplômés éclairés qui ont pris le temps de cheminer.<br />

Sur le marché du travail, ils sont très appréciés car ils<br />

n’ont pas choisi leur premier job par défaut ! Cela fait<br />

d’ailleurs écho à une spécificité des élèves de classes<br />

préparatoires qui ont une idée plus ou moins précise de<br />

ce qu’ils veulent faire au moment d’entrer en école. Cela<br />

a tendance à les angoisser car, ils n’ont jamais suivi de<br />

cours en marketing ou finance et ils connaissent peu<br />

le monde de l’entreprise.<br />

C’est aussi pour cela que nous leur proposons de<br />

terminer leur première année par six mois de stage à<br />

l’international – une durée suffisamment longue – pour<br />

réaliser tout de suite des missions de premier plan.<br />

O. R : Vous donnez à vos étudiants le temps<br />

de construire leur projet ?<br />

S. J : En deuxième année, ils choisissent leurs cours<br />

à la carte avec un rythme de cycles de cours de deux<br />

mois pour trouver leur voie sans précipitation. Cela fait<br />

vraiment partie des points forts d’emlyon que cette<br />

liberté de cheminer. C’est à la fois dans l’esprit de la<br />

réforme du bac et celui d’une génération en quête de<br />

sens qui apprécie la liberté de tester un certain nombre<br />

de sujets avant de choisir une voie de spécialisation. Une<br />

génération qui puise dans la posture entrepreneuriale<br />

la liberté d’apprendre en faisant. Ce qui raisonne bien<br />

avec la culture « Early Makers » de l’École.<br />

O. R : Une question très pratique : comment<br />

envisagez-vous le passage des oraux des<br />

concours post-prépas cette année ?<br />

S. J : Nous envisageons plusieurs scénarios en privilégiant<br />

les oraux en présentiel. Cependant, nous<br />

serons en capacité de les faire passer à distance si<br />

les conditions sanitaires venaient à l’exiger parce que<br />

nous tenons à ce qu’il y ait bien des oraux. Nous savons<br />

organiser des oraux à distance et nous le faisons à<br />

l’international. A la rentrée, nous avons organisé des<br />

entretiens à distance en petits groupes afin de faire<br />

connaissance avec les étudiants. Mais nous préférons<br />

bien sûr accueillir les candidats sur nos campus pendant<br />

la campagne des admissibles !<br />

Une équipe renouvelée<br />

Emlyon a profondément<br />

renouvelé ses équipes<br />

de direction cette année.<br />

Après l’arrivée d’Isabelle<br />

Huault à la direction<br />

générale, Annabel-Mauve<br />

Bonnefous a été nommée à<br />

la direction des programmes,<br />

Sylvie Jean à la direction<br />

du Programme Grande<br />

École et Nicolas Pejout<br />

directeur de la stratégie<br />

et du développement. Au<br />

sein du directoire il rejoint<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

et la doyenne de la Faculté,<br />

Tessa Melkonian. Une équipe<br />

renouvelée donc mais qui<br />

s’appuie également sur des<br />

personnes plus anciennes<br />

comme Tugrul Atamer, qui a<br />

assuré l’intérim à la direction.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Comment l’enseignement<br />

supérieur s’est organisé<br />

face au Covid<br />

Depuis le mois de mars, les écoles ont traversé<br />

une véritable épreuve. Continuer à assurer<br />

les cours, tout en passant au tout-télétravail,<br />

gérer les personnels à distance, tout en restant<br />

en lien avec les étudiants, n’a pas été facile.<br />

Il a fallu s’adapter et tenter, envers et contre tout,<br />

de tirer du positif de cette difficile année 2020.<br />

Dossier réalisé par Laura Makary<br />

© Grenoble EM<br />

Une salle « Hyflex » de Grenoble EM<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

La prépa n’est pas évidente. Mais en<br />

temps de Covid, l’affaire se complexifie.<br />

À partir de mars 2020,<br />

l’inquiétude était bien présente dans<br />

les rangs des classes. « Il a fallu rassurer<br />

les élèves, leur expliquer qu’ils étaient<br />

tous dans le même bain. Le plus difficile<br />

à gérer pour eux, et donc pour nous,<br />

était l’incertitude, d’abord sur la tenue<br />

ou non des écrits, qui n’a été confirmée<br />

qu’en mai. Ensuite, il a fallu trouver des<br />

solutions pour remplir la longue période<br />

entre début avril et fin juin, jusqu’aux<br />

concours. C’était une période inédite,<br />

mais il fallait absolument que les étudiants<br />

conservent et consolident leurs acquis.<br />

Dans ce sens, nous avons donc organisé<br />

et coordonné des séances de révisions,<br />

de questions-réponses, des visioconférences<br />

avec leurs professeurs… », détaille<br />

Alain Joyeux, le président de l’APHEC. Les<br />

CPGE sont restées en lien permanent<br />

avec les écoles, pour transmettre les<br />

informations au plus vite aux candidats<br />

quant aux concours, en particulier les<br />

oraux.<br />

Les prépas ne sont néanmoins pas les<br />

seules à avoir dû s’adapter à cette nouvelle<br />

situation, inédite pour tous. Les<br />

écoles de commerce, elles aussi, ont dû<br />

trouver des solutions, d’abord pour réagir<br />

à la crise émergente en début d’année.<br />

Les relations avec l’Asie<br />

Ce sont naturellement les business<br />

schools ayant ont des liens directs avec<br />

l’Asie qui ont commencé à avoir la puce<br />

à l’oreille, à partir du mois de janvier.<br />

Quelques signes avant-coureurs laissent<br />

présager ce qui va se passer, même si<br />

personne ne peut à l’époque l’imaginer.<br />

« Tout a commencé avec nos soixante<br />

étudiants censés partir en Chine tout<br />

début janvier. Mais à l’époque, nous ne<br />

pensions évidemment pas que la crise<br />

allait se diffuser ainsi au niveau mondial,<br />

tout le monde était persuadé qu’elle<br />

resterait en Asie. En revanche, lorsque<br />

durant la première quinzaine de février,<br />

nous avons commencé à recevoir des<br />

demandes du ministère de préparer un<br />

plan de continuité pédagogique, dans<br />

Des étudiants<br />

désemparés<br />

L’année a laissé des séquelles<br />

aux étudiants. Selon un<br />

sondage OpinionWay en<br />

juin 2020, seuls 22 %<br />

envisageant l’année avec<br />

optimiste, alors qu’ils étaient<br />

74 % dans ce cas en janvier.<br />

Plus de 50 % déclarent s’être<br />

ennuyés durant le premier<br />

confinement, 42 % ont<br />

ressenti de l’anxiété, 38 %<br />

de la solitude. L’étude ajoute<br />

néanmoins que pour huit<br />

étudiants sur dix, la réussite<br />

des examens est restée<br />

une priorité. Résultat : les<br />

jeunes ont peur de l’avenir.<br />

70 % des étudiants sondés<br />

par une étude Odoxa se<br />

déclarent inquiets quant<br />

au bon déroulement de<br />

leurs études. Et un jeune<br />

actif sur deux craint pour<br />

son emploi ou son stage.<br />

Le directeur de l’Essec, Vincenzo Esposito Vinzi, présente ses salles de cours interactives<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

l’hypothèse d’une fermeture, nous nous<br />

sommes mis à travailler sérieusement sur<br />

cette possibilité de bascule à distance »,<br />

se souvient Nicolas Arnaud, directeur<br />

des programmes d’Audencia. La plupart<br />

des établissements ayant des liens<br />

étroits avec des universités chinoises<br />

ont donc lancé des cellules de crise et<br />

réflexions stratégiques en amont, alertés<br />

par la situation asiatique. Des semaines<br />

d’échanges précieuses, pour préparer<br />

le mois de mars.<br />

Même son de cloche du côté de l’Essec,<br />

qui dispose d’un campus à Singapour. L’occasion<br />

d’observer quelques importantes<br />

différences culturelles avec la gestion en<br />

Asie et celle en France. « Nous sommes<br />

passés aux cours 100 % en ligne en<br />

seulement quelques jours à Singapour.<br />

Heureusement, le campus là-bas était tout<br />

récent, avec un équipement renforcé. La<br />

principale différence est qu’à Singapour, le<br />

gouvernement est beaucoup plus directif<br />

sur les mesures. Et qu’en Asie, les gens<br />

sont plus sensibilisés au port du masque,<br />

même avant le Covid, on le portait donc<br />

plus naturellement », souligne Bertrand<br />

Sulpice, qui a dirigé ce campus jusqu’à<br />

l’été 2020, aujourd’hui directeur identité<br />

des camps de l’Essec et référent Covid.<br />

Il ajoute d’ailleurs que les contrevenants<br />

y sont plus rares qu’en France, avec une<br />

discipline « assez remarquable ».<br />

« Un cocktail explosif »<br />

Retour en France. Nous sommes tout<br />

début mars. Excelia BS, à La Rochelle,<br />

est censée tenir sa remise de diplôme.<br />

« Je me rappelle très bien cette période<br />

pour cette raison : nous avons décidé de<br />

ne pas laisser la cérémonie avoir lieu. Ces<br />

3 000 étudiants venant de partout, de la<br />

France et du monde, y compris de zones<br />

de clusters déjà repérés, risquaient de<br />

créer un cocktail explosif. Autant dire<br />

que la décision a été très impopulaire<br />

auprès de nos étudiants, qui n’ont pas<br />

compris sur le moment pourquoi nous<br />

avions décidé d’annuler. Mais nous avons<br />

bien fait, car quinze jours après, nous<br />

étions tous confinés », se remémore<br />

Sébastien Chantelot, le directeur. Sentant<br />

que les étudiants ne pourraient bientôt<br />

plus venir sur le campus, l’équipe se<br />

lance dans une formation intensive du<br />

corps académique sur l’enseignement à<br />

distance. « Nous avons formé 180 personnes<br />

en deux semaines, idem pour les<br />

personnels, puis les étudiants, pour leur<br />

présenter les outils », précise-t-il. Il faut<br />

aussi résoudre la question épineuse du<br />

matériel, entre prêts d’ordinateurs et de<br />

clefs et forfaits 4G.<br />

La continuité pédagogique a également<br />

été la priorité de l’Edhec. « Même si personne<br />

n’y croyait, nous avons mis en<br />

place un plan, en se disant que cela ne<br />

se passerait pas. Résultat, quand il a fallu<br />

basculer en tout-télétravail, nous étions<br />

malgré tout prêts. Les infrastructures<br />

étaient bonnes, les étudiants prévenus,<br />

les outils en place », détaille Anne<br />

Zuccarelli, directrice de l’expérience<br />

Et dans les écoles d’ingénieurs ?<br />

Les élèves ingénieurs ont eux aussi souffert<br />

de la crise. Il a fallu là aussi s’adapter, tant<br />

bien que mal. Aux Mines de Nancy, par<br />

exemple, l’administration a pris soin de<br />

rester en lien avec les étudiants isolés, se<br />

retrouvant confinés loin de leurs familles.<br />

« Nous les appelions toutes les semaines<br />

pour discuter, voir comment ils allaient.<br />

Ce suivi hebdomadaire nous a permis de<br />

tracer ceux qui allaient moins bien, qui<br />

avaient besoin de davantage de lien. Nous<br />

avons aussi mis en place un questionnaire<br />

plus général, afin de recevoir une réponse<br />

globale statistique de tous les étudiants, sur<br />

comment ils allaient, quel était leur ressenti…<br />

Et cela deux fois par semaine. Les étudiants<br />

nous ont d’ailleurs remercié de ce suivi, ils<br />

ne se sont pas sentis oubliés », explique<br />

Antoine Le Solleuz, directeur des études de<br />

l’école d’ingénieurs. Une bonne pratique :<br />

avoir harmonisé là aussi l’outil numérique<br />

pour les cours. « Nous nous sommes rendu<br />

compte que chaque professeur utilisait<br />

son propre outil. Résultat, l’étudiant arrive<br />

à 9 heures, il ne sait plus où se connecter !<br />

Nous avons donc homogénéisé le point<br />

d’entrée, pour qu’il soit toujours le même,<br />

via Teams. Cela permet aussi à la direction<br />

La solution Zoom<br />

Preuve que les logiciels<br />

de réunions à distance<br />

tournent à plein régime :<br />

l’emblématique Zoom a<br />

annoncé un chiffre d’affaires<br />

de 663 millions de dollars<br />

pour 2020. L’entreprise a tout<br />

simplement quadruplé son<br />

chiffre d’affaires en un an !<br />

de planifier un emploi du temps plus clair,<br />

et de savoir à chaque moment dans quelle<br />

salle numérique se trouve les étudiants ».<br />

Du côté de l’ESPCI, l’accent a été mis<br />

sur l’inclusion des étudiants dans les<br />

instances de décision. Agathe Legendre<br />

est présidente du BDE. Dans la foulée, elle<br />

est aussi devenue référente Covid, invitée<br />

à rejoindre l’équipe de suivi du contexte<br />

sanitaire. « Les réunions avaient lieu tous les<br />

vendredis, pour faire le point sur le nombre<br />

de cas, les communications à l’école, les<br />

règles. L’administration a tout fait pour<br />

être aussi transparente que possible à ce<br />

sujet », déclare l’étudiante, satisfaite de<br />

ces échanges. C’était aussi l’occasion de<br />

faire remonter les problèmes des jeunes<br />

à la direction, qu’ils soient matériels ou<br />

plus personnels. « J’ai trouvé cela très<br />

intéressant, cela crée un lien différent avec<br />

l’administration, de parler ensemble des<br />

sujets liés au contexte sanitaire. Ces points<br />

réguliers nous ont permis de fluidifier les<br />

liens entre l’administration et les élèves ». De<br />

bonnes pratiques à garder pour la suite ?<br />

LM<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

étudiante. L’établissement met en place<br />

plusieurs dispositifs, qui se révèlent assez<br />

efficaces, comme la création d’une boîte<br />

mail dédiée aux questions sur le Covid :<br />

« Tous les professeurs ou étudiants ayant<br />

une interrogation pouvait la soumettre<br />

sur cette boîte, gérée par l’administration.<br />

Elle fonctionne encore aujourd’hui<br />

et cela a très bien marché, que ce soit<br />

sur une difficulté de blocage à l’étranger,<br />

un problème financier personnel, une<br />

souffrance psychologique… ».<br />

Déconfiner les esprits<br />

Car au-delà du pur passage à distance,<br />

il faut gérer une situation de crise, des<br />

personnels, enseignants, mais aussi<br />

étudiants, parfois dans des situations<br />

personnelles compliquées. Face à cela,<br />

les équipes se sont mobilisées, autant que<br />

possible. À Neoma, le pôle « wellness » a<br />

pris le relai, face à une demande croissante.<br />

« Nous avons proposé des ateliers<br />

et conférences sur la prévention des<br />

risques, en permettant également des<br />

rendez-vous distanciels chaque semaine<br />

avec des professionnels de santé. Nous<br />

avons aussi fait appel à des spécialistes<br />

du développement personnel pour accompagner<br />

nos étudiants », explique<br />

Matthieu Lucas, responsable de ce pôle.<br />

Pour aller plus loin, une cellule ouverte<br />

24 heures sur 24 est créée, mais aussi<br />

des services pour tenter de changer les<br />

idées de chacun et de déconfiner les<br />

esprits, en testant des outils innovants.<br />

« Via le service Library, nous avons lancé<br />

une plateforme, avec des idées d’actions<br />

d’évasion, référençant des visites virtuelles<br />

de musées, films gratuits, avec<br />

l’objectif de regrouper le plus de contenus<br />

possibles au même endroit. Nous avons<br />

aussi utilisé le logiciel Buddy System, pour<br />

faire matcher un étudiant étranger et un<br />

français, afin de recréer du lien et de la<br />

solidarité entre les élèves », ajoute-t-il.<br />

L’école a débloqué environ 75 000 euros<br />

pour soutenir toutes ces initiatives.<br />

Beaucoup d’établissements ont également<br />

lancé des cellules d’écoute, face<br />

à la détresse psychologique de certains<br />

jeunes. Grenoble Ecole de Management a<br />

par exemple créé une ligne téléphonique,<br />

destinée directement aux étudiants de<br />

l’école, français ou internationaux, avec<br />

une « cellule de soutien en 14 langues et<br />

des services de téléconsultation, gratuits<br />

et confidentiels ». S’entourer de médecin,<br />

pour rassurer, délivrer une ordonnance,<br />

Le campus virtuel de Neoma<br />

© Neoma BS<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

proposer un premier diagnostic en cas de<br />

problème, s’est révélé précieux à l’école.<br />

Contre l’isolement et la réunionnite<br />

Des dispositifs visant les étudiants, mais<br />

aussi les personnels. « Ma plus grosse<br />

inquiétude : éviter qu’il n’y ait pas de<br />

collaborateur seul, isolé. Heureusement,<br />

les managers ont joué le jeu, en assurant<br />

une grande proximité avec les équipes, et<br />

en repérant les situations personnelles<br />

particulières, pouvant être difficiles.<br />

Typiquement, face des salariés angoissés<br />

par la situation, devant jongler entre<br />

le travail et la gestion des enfants à la<br />

maison pendant le premier confinement,<br />

nous avons essayé de nous montrer les<br />

plus rassurants possibles, pour qu’ils<br />

ne culpabilisent pas de ne pas réussir à<br />

tout faire », déclare Delphine Lambert,<br />

directrice des ressources humaines d’Audencia.<br />

Elle prend le temps de rappeler à<br />

chacun qu’un dispositif de télé-consultation<br />

médicale est disponible pour les<br />

équipes, mais aussi que les managers,<br />

collègues, ou encore instances représentatives<br />

du personnel restent aux côtés des<br />

salariés : « Chaque semaine, nous avons<br />

organisé un point avec la communauté<br />

managériale, pour prendre le pouls et<br />

vérifier que les équipes allaient bien.<br />

Certains avaient même mis en place de<br />

petits points journaliers, pour s’assurer<br />

que personne ne décrochait ».<br />

Autre nécessité : limiter le nombre de<br />

réunions croissantes, proposées sur<br />

toutes sortes d’outils. « C’est rapidement<br />

devenu un enjeu. Un étudiant se retrouvait<br />

face à plusieurs solutions différentes<br />

de visio, un LMS, un autre outil pour les<br />

examens, nous commencions à disposer<br />

d’un véritable mille-feuille d’outils et<br />

les interlocuteurs se mélangeaient les<br />

pinceaux. Le fait de s’appuyer sur un<br />

nombre plus limité d’outils a permis plus<br />

d’homogénéité et de facilité sur nos campus<br />

», estime Jacques Boulay, directeur<br />

des opérations de l’Essca. Une décision<br />

bienvenue, face à l’explosion du nombre<br />

de solutions dédiées à la distance.<br />

Pour améliorer le contenu des cours,<br />

transposés à distance, ce dernier se<br />

réjouit de disposer de six ingénieurs<br />

pédagogiques dans l’équipe. « Ils sont très<br />

plébiscités aujourd’hui, ce sont eux qui<br />

accompagnent et forment vers le distanciel.<br />

Quasiment tous les établissements<br />

les recrutent, universités incluses. S’il y a<br />

une bonne pratique à partager avec mes<br />

collègues, ce serait de renforcer cette<br />

partie du service support. La technique<br />

ne suffit pas, pour donner un bon cours<br />

en ligne, les enseignants doivent aussi<br />

être formés à cette modalité », suggère<br />

Jacques Boulay.<br />

Entre international et professionnalisation<br />

Face à une crise économique imminente,<br />

les écoles doivent aussi gérer l’inquiétude<br />

des jeunes diplômés et la frilosité de certains<br />

recruteurs. « Pour les stages, nous<br />

avons poussé les étudiants à trouver une<br />

entreprise coûte que coûte. Environ 80 %<br />

d’entre eux ont finalement trouvé un stage<br />

Covid-19 : Grenoble EM fait le point<br />

A la rentrée Grenoble EM a pris la décision<br />

d’organiser une rentrée 100 % distancielle<br />

pour éviter la constitution de tout cluster.<br />

« Nous avons un devoir de responsabilité.<br />

Certes ce n’est pas sur les campus que se<br />

produisent la plupart des contaminations<br />

– nous sommes très vigilants là-dessus<br />

– mais cela conduit les étudiants à se<br />

retrouver et à se contaminer », rappelle le<br />

directeur général de l’école, Loïck Roche.<br />

L’habituel « Défi de la rentrée », que suivent<br />

les nouveaux étudiants, a donc été conçu<br />

en ligne. « Nous voulions apporter de<br />

l’émotion en mettant par exemple de l’art<br />

dans un campus virtuel. Les étudiants<br />

nous ont suivi et nous avons même de<br />

meilleures évaluations que notre défi<br />

2019 en présentiel », se félicite Sylvie<br />

Blanco, la directrice de l’innovation et<br />

de l’expérimentation de l’école, qui a<br />

même vu certains professeurs « danser<br />

en distanciel avec leurs étudiants ».<br />

Et maintenant que faire ? « Aujourd’hui nous<br />

ne savons toujours pas quand nous allons<br />

pouvoir reprendre les cours en présentiel.<br />

La détresse psychologique de nos étudiants<br />

est accentuée par l’incertitude », déplore<br />

Loïck Roche dont l’école a finalement pris<br />

la décision de rouvrir les campus le lundi<br />

8 février à 8 heures dans le respect des<br />

indications initiales du gouvernement. Avec<br />

toujours une marge de cours en distanciel.<br />

« Nous avons investi dans des sales Hyflex<br />

pour mixer physique et distanciel de façon<br />

à que les professeurs délivrent leurs cours<br />

indistinctement aux étudiants devant eux et<br />

à distance », explique le directeur général<br />

adjoint de GEM, Jean-François Fiorina.<br />

SG<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

l’été dernier. Et pour les 20 % restants,<br />

nous leur avons proposé de réaliser<br />

des études sectorielles, afin d’affiner<br />

malgré tout leur projet professionnel.<br />

Nous avons aussi permis aux élèves de<br />

dernière année d’étendre leur convention<br />

jusqu’à <strong>2021</strong>, s’ils le souhaitaient »,<br />

raconte Mathilde Brossier, directrice de<br />

la marque à l’EM Normandie. Toujours en<br />

visant la professionnalisation et le lien<br />

avec le tissu économique local, l’école<br />

a aussi lancé une nouvelle opération<br />

de bénévolat, tournée vers les petites<br />

entreprises de la région. « 180 étudiants<br />

se sont engagés à aller aider une cinquantaine<br />

de PME. Il s’agit de bénévolat,<br />

les étudiants viennent donner plusieurs<br />

heures de leur temps au service d’une<br />

entreprise, par exemple en lui créant<br />

un site web, une page Facebook, en<br />

réalisant du phoning, bref en effectuant<br />

des services que les TPE peinent à se<br />

payer aujourd’hui », détaille-t-elle. De<br />

quoi se forger en passant une expérience<br />

supplémentaire et un réseau.<br />

Heureusement, les établissements ont<br />

aussi pu compter sur leurs alumni, certains<br />

n’ayant pas hésité à donner de leur<br />

temps pour aider leur école. « Nous avons<br />

senti la communauté des alumni serrer<br />

les rangs, ils ont donné du temps pour<br />

coacher les étudiants, transmettre des<br />

offres d’emploi, proposer des master<br />

class… Nous avons fait un vrai bond sur<br />

ce sujet », se réjouit le directeur d’Excelia.<br />

Il a fallu bien sûr gérer l’envie de partir<br />

des étudiants, toujours autant attirés par<br />

l’international, malgré la crise. Et pour<br />

cela, l’école de La Rochelle a trouvé une<br />

solution, pour ses élèves de BBA. « Au<br />

printemps, nous avons dit aux étudiants :<br />

si vous voulez partir, d’accord, mais ce<br />

sera en Europe cette année. Au départ,<br />

cela a créé des frustrations, nous avons<br />

pris le temps d’échanger avec chacun,<br />

de parler de chaque projet international.<br />

Finalement, l’intégralité de ceux qui voulaient<br />

partir ont pu le faire. Cela aurait<br />

Excelia veut « réenchanter » les étudiants confinés<br />

Pendant le premier confinement, Excelia<br />

avait mis en place des mesures pour<br />

lutter contre l’isolement et le décrochage<br />

de ses étudiants. Face au prolongement<br />

de la situation, Excelia s’est appuyé sur<br />

cette expérience pour renforcer ce plan<br />

d’actions autour de trois axes : l’éducation,<br />

l’expérientiel et le bien-être étudiant.<br />

Baptisée PACTEbyexcelia, comme Plan<br />

Anti-Covid Tous Ensemble, cette initiative<br />

poursuit l’objectif de permettre aux étudiants<br />

de vivre une expérience réussie. « L’objectif<br />

est de fournir aux étudiants, les clés pour<br />

explorer les ressorts positifs de cette<br />

période, vivre de nouvelles expériences,<br />

s’inventer de nouvelles mobilités et prendre<br />

soin de leur bien-être », commente Bruno<br />

Neil, le directeur général de Excelia Groupe.<br />

L’axe éducation part d’un constat : si plus<br />

de 90 % des étudiants sont satisfaits<br />

aujourd’hui des dispositifs de travail<br />

à distance, son prolongement dans la<br />

durée conduit à « anticiper une baisse<br />

de motivation et d’enthousiasme des<br />

étudiants ». Il s’agit donc de « réenchanter<br />

cette période difficile en proposant des<br />

été impossible si l’on avait gardé l’échelle<br />

du monde entier », souligne Sébastien<br />

Chantelot. Pour les autres, des dispositifs<br />

sont vite mis en place pour conserver une<br />

certaine internationalisation, comme une<br />

classe miroir, enseignée avec un professeur<br />

d’une université partenaire. Première<br />

tentative réussie, avec une université, en<br />

direct d’Argentine.<br />

Garder le positif, envers et contre<br />

tout<br />

Finalement, malgré les difficultés, tous<br />

mettent en avant les solutions trouvées,<br />

face à des solutions difficiles. Et veulent<br />

en tirer du positif, autant que possible,<br />

comme Mathilde Brossier, de l’EM Normandie<br />

: « Je trouve que cette crise nous<br />

a aussi galvanisés, nous a fait avancer<br />

sur des projets en cours, notamment<br />

sur la digitalisation. Toute crise pousse à<br />

avancer plus vite. Et celle-ci a participé à<br />

renforcer encore les liens dans l’école ».<br />

activités originales, ménager des temps<br />

de respiration et renforcer la proximité de<br />

l’accompagnement ». Dans ce cadre sont<br />

organisées des MasterClass, des « webconférences<br />

inspirantes », des cours<br />

de Français Langues Étrangères (FLE)<br />

renforcé, en présentiel pour les étudiants<br />

étrangers. Enfin, l’équipe éducative travaille<br />

sur un réaménagement de la programmation<br />

des cours pour ménager des temps de<br />

pause plus long et faciliter l’alternance<br />

d’activités pédagogiques et récréatives.<br />

D’ores-et-déjà, les enseignants ont pour<br />

consigne d’augmenter le séquençage<br />

des cours laisser aux étudiants des<br />

temps de pause plus importants.<br />

→ Parce que l’international est bien souvent<br />

« at home » cette année ont été créées des<br />

« classes miroir » sous la forme de cours<br />

en duplex avec un partenaire académique<br />

international. La première s’est déroulée<br />

du 14 au 16 novembre, avec l’Université<br />

du centre d’études macroéconomiques<br />

d’Argentine, à Buenos Aires, sur les<br />

thématiques « Globalization and current<br />

debates » et « Covid and Internationalisation<br />

SG<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Christopher Cripps<br />

DIRECTEUR DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL DE SORBONNE UNIVERSITÉ<br />

« Les étudiants veulent vivre<br />

une expérience internationale »<br />

C’est LE grand spécialiste des relations<br />

internationales en France. Le seul<br />

connaitre aussi bien les écoles de<br />

management (Grenoble EM) que les<br />

écoles d’ingénieurs (CentraleSupélec<br />

et PSL) et maintenant les universités<br />

avec Sorbonne Université. Le directeur<br />

du développement international de<br />

Sorbonne Université, Christopher<br />

Cripps, revient sur ses expériences<br />

et sur le devenir de relations<br />

internationales bien à mal avec la<br />

pandémie.<br />

Olivier Rollot : Comment les universités fontelle<br />

aujourd’hui pour gérer leurs relations<br />

internationales alors qu’il est plus en plus<br />

difficile de voyager ?<br />

Christopher Cripps : Parce qu’assez rapidement<br />

nous avons tous compris que cela allait durer longtemps,<br />

tout le monde change de paradigme. On ne se<br />

dit plus : « ce n’est pas la peine de faire quoi que ce<br />

soit si on ne peut pas se déplacer ». Non aujourd’hui<br />

on organise des ateliers virtuels quand hier il fallait<br />

envoyer douze chercheurs au Mexique. Bien sûr c’est<br />

moins intéressant et beaucoup moins efficace pour<br />

le réseautage mais cela permet également à plus de<br />

collègues de s’investir. Hier seuls les douze qui pouvaient<br />

voyager étaient concernés, aujourd’hui d’autres peuvent<br />

également participer. La question est maintenant de<br />

savoir si l’internationalisation universitaire restera ou<br />

non une priorité pour les collègues les plus affectés<br />

financièrement par la crise sanitaire.<br />

O. R : Parce qu’on ne peut pas travailler<br />

durablement à l’international sans se<br />

déplacer ?<br />

C. C : Après trente ans de rencontres, de conférences,<br />

de visites je vois tous les bons côtés qu’il y a également<br />

à ne pas se déplacer pour ne pas subir la Covid-19. Ou<br />

même à ne pas perdre de temps pour aller d’un site<br />

à l’autre à Paris même. Mais les déplacements n’en<br />

manquent pas moins énormément. Il faut comprendre<br />

que nous, directeurs des relations internationales,<br />

travaillons avant tout dans le relationnel face à des<br />

personnes qui incarnent leur institution. Et ça, on a beau<br />

faire au mieux sur Zoom ou autres, avoir une lumière<br />

soignée, de très beaux visuels dans des webinaires,<br />

le face à face ne peut pas être le même.<br />

O. R : Vous le dites, il y a trente ans, jeune<br />

Américain venu en séjour académique à<br />

Sciences Po Grenoble, vous avez peu à peu<br />

embrassé une carrière de directeur des<br />

relations internationales. Qu’est-ce qui a le<br />

plus changé pendant ces trente ans ?<br />

C. C : Dans les années 1990, nous avons assisté en<br />

France à une véritable explosion de l’internationalisation<br />

dans les écoles de commerce françaises. Elles se<br />

sont en effet rendu compte qu’elles ne pouvaient pas<br />

lutter efficacement à l’international s’ils se contentaient<br />

de dispenser leurs cours en français. Je travaillais à<br />

l’époque à Grenoble EM aux côtés de Jean-Paul Léonardi,<br />

© Sorbonne Université<br />

IN ENGLISH<br />

PLEASE…<br />

How are universities<br />

getting on today in<br />

the management of<br />

their international<br />

relations with travel<br />

being so difficult?<br />

We are managing because we<br />

all quickly realized that the<br />

situation was going to last a<br />

long time; everyone has to<br />

change their paradigm. We<br />

have stopped saying: “it’s<br />

not worth launching this<br />

or that project because we<br />

can’t travel”. No, today we<br />

organize virtual workshops<br />

with our partners when before<br />

the pandemic we had to send<br />

a dozen faculty members<br />

to Mexico. Of course, it<br />

is much less effective in<br />

terms of networking, but it<br />

allows more colleagues to<br />

invest time in our projects<br />

and collaborations. Before<br />

Covid-19, only the 12 who<br />

could make the trip were<br />

concerned; today others can<br />

participate as well. Now<br />

the question is whether<br />

internationalization in<br />

universities will remain a<br />

priority for those colleagues<br />

most affected financially<br />

by the health crisis.<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

IN ENGLISH<br />

PLEASE…<br />

What has changed<br />

the most in these<br />

thirty years?<br />

© Grenoble EM<br />

C’est à Grenoble EM que Christopher Cripps a pris toute la mesure<br />

du développement possible de la mobilité internationale<br />

Thierry Grange et Judith Bouvard. L’école venait d’ouvrir<br />

et nous avions toute liberté pour avancer. D’abord en<br />

recevant des Américains et des Britanniques pour des<br />

voyages d’études dans le cadre d’un Executive-MBA.<br />

Et là nous nous rendons vite compte que les étudiants<br />

veulent eux aussi obtenir un diplôme international et<br />

nous créons le Master in International Business (MIB)<br />

qui reçoit 50 % d’étudiants internationaux. Suivent des<br />

MBA, des MSc et une offre de programmes d’Executive<br />

Education destinés surtout à des publics internationaux<br />

et la Grenoble Graduate School of Business voit le jour.<br />

O. R : Et là tout le monde veut faire comme<br />

vous !<br />

C. C : En 1994-1995 nous générons effectivement de<br />

l’émulation un peu partout. D’autant que nous étions<br />

reconnus. Imaginez la joie immense que nous avons<br />

ressentie quand le MIB a intégré le top 10 des masters<br />

du « Financial Times ». C’est là que nous avons compris<br />

tout le poids qu’avaient les classements pour une marque<br />

totalement inconnue dans une ville pas très connue.<br />

Notamment vers la Chine qui s’ouvrait tout juste et dans<br />

laquelle nous avons ouvert un bureau de représentation<br />

à Shanghai puis fait des présentations dans tout le pays.<br />

Vers la fin des années 1990, Grenoble EM se transforme<br />

en une véritable business school internationale. Nous<br />

recevions tellement d’internationaux que je ne parlais<br />

presque plus français dans les couloirs !<br />

O. R : La consécration c’est aussi d’obtenir<br />

l’accréditation de l’AACSB (Association to<br />

Advance Collegiate Schools of Business)<br />

alors qu’à l’époque le « A » de son sigle<br />

voulait encore dire « American » et pas<br />

encore « Advance »…<br />

C. C : Je pars à Saint-Louis pour obtenir d’en devenir<br />

membre associé et je les convaincs de venir à Grenoble<br />

pour tenir leur première conférence en dehors des<br />

États-Unis et du Canada. 200 personnes du monde<br />

entier viennent à Grenoble parler international. Nous<br />

comprenons vite les critères d’accréditation et l’obtenons<br />

peu après. Nous voilà une business school accréditée<br />

par l’AACSB et donnant des cours en anglais tout en<br />

étant trois fois moins chère que les business schools<br />

américaines ! C’est la naissance d’une école internationale<br />

dans laquelle je parle anglais à des étudiants qui<br />

le demandent quand, dix ans plus tôt, en 1989, ils se<br />

demandaient bien en quoi cela leur serait utile. C’est<br />

là aussi que nous rebaptisons le Groupe ESC Grenoble<br />

qui devient Grenoble Ecole de Management parce que<br />

partout dans le monde on nous appelait « Grenoble ».<br />

O. R : En 2007 vous quittez Grenoble EM pour<br />

une école d’ingénieurs, et pas la moindre !,<br />

CentraleSupélec. On l’imagine : un tout autre<br />

type d’ambiance ?<br />

C. C : J’avais 38 ans et l’envie d’un nouveau défi. Hervé<br />

Biausser, le directeur, voulait internationaliser l’école<br />

avec la réforme de son cursus. Je viens d’une école qui<br />

a très bien réussi mais dans laquelle on emploie des<br />

mots comme « marketing ». Je parle de « développement<br />

international » et pas de « relations internationales »<br />

In the 1990s in France,<br />

we witnessed a veritable<br />

explosion in the<br />

internationalization of<br />

French business schools.<br />

At that time, they realized<br />

they could not expand and<br />

compete internationally<br />

if their course catalogue<br />

contained only programs<br />

in French. I was working at<br />

the time at Grenoble Ecole<br />

de Management alongside<br />

Jean-Paul Léonardi, Thierry<br />

Grange, and Judith Bouvard.<br />

The school had just opened,<br />

and we had complete freedom<br />

to forge ahead. We first<br />

started hosting American<br />

and British Executive MBA<br />

students for study trips. And,<br />

very quickly, we realized<br />

that more traditional students<br />

were interested in earning<br />

an international degree,<br />

and we created the Master<br />

in International Business<br />

(MIB) in English. Fifty<br />

percent of the students in<br />

the first cohort came from<br />

abroad. From there we went<br />

on to develop MBAs, MSc<br />

degrees, and Executive<br />

Education programs aimed<br />

at international audiences.<br />

Grenoble Graduate School<br />

of Business was born.<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

parce que je vais aussi voir des entreprises, des<br />

journalistes et pas seulement des universités quand je<br />

visite un pays. Un changement culturel complet dans<br />

un univers qui avait dix ans de retard sur Grenoble EM.<br />

Que l’aspect commercial gène beaucoup. Qui n’est pas<br />

porté sur la communication quand à Grenoble EM nous<br />

savions que nous devions communiquer ou mourir.<br />

Alors que le programme européen T.I.M.E. initié par<br />

Centrale fonctionnait très bien, nous avons travaillé 1<br />

an et demi avec le Groupe des Ecoles Centrale pour<br />

formaliser un plan de développement plus large. Et<br />

très ambitieux parce que pour Centrale le partenaire<br />

ce devait être Stanford. Et nous sommes parvenus à<br />

trouver une destination internationale à tous les étudiants.<br />

380 puis 510 environ par promotion.<br />

O. R : C’est là aussi que Centrale lance son<br />

antenne en Inde à l’instar de celle de Pékin.<br />

C. C : C’était un rêve de nous implanter en Inde où le<br />

déficit d’enseignement supérieur est très important.<br />

J’y ai travaillé avec une demi-douzaine de collègues<br />

pendant six ans dans le secret total, étude de marché,<br />

recherche de partenaires indiens, rencontres avec les<br />

instances à Delhi. C’est au bout de trois ans et demi que<br />

nous avons rencontré une institution privée, Mahindra,<br />

qui est la troisième plus grande entreprise indienne, qui<br />

a montré un grand intérêt pour notre projet. Ce choix<br />

du privé n’était pas forcément simple à faire passer<br />

à Centrale mais de grandes entreprises françaises,<br />

implantées en Inde, ont défendu ce choix qui s’est<br />

finalement imposé. En 2014 nous l’avons inauguré avec<br />

230 étudiants indiens brillants, sélectionnés lors de<br />

concours indiens.<br />

Cela a été la conclusion de six ans de travail qui sont<br />

l’orgueil de ma carrière. Six années de négociations, de<br />

conflits interculturels à régler chaque jour avec toute<br />

une équipe académique franco-indienne car la « Trans<br />

National Education » requiert un suivi constant. J’allais<br />

pour ma part tous les deux mois en Inde et je crois que<br />

n’être ni français ni indien a été un atout.<br />

O. R : Après huit ans à Centrale vous passez<br />

trois années à PSL et vous voilà depuis 2019<br />

directeur du développement international<br />

de Sorbonne Université. Vous êtes donc l’un<br />

des rares professionnels de l’enseignement<br />

supérieur français qui aura connu ses trois<br />

grands types d’institutions !<br />

C. C : Entrer à Sorbonne Université c’est entrer dans<br />

une grande université de recherche qui qui fait de<br />

l’internationalisation l’un de ses axes de développement<br />

prioritaires. Et qui a tellement d’atouts. Par exemple<br />

d’être membre de la LERU (League of European Research<br />

Universities, ce qui signifie faire partie des<br />

plus grandes universités européennes qui sont très<br />

souvent sollicitées par les gouvernements pour donner<br />

leur avis. Et aussi ne pas avoir à expliquer le nom de<br />

son université où que je sois dans le monde, ce qui ne<br />

m’était jamais arrivé !<br />

O. R : Vous ne pouvez pas avoir les mêmes<br />

objectifs de mobilité avec plus de 56 000<br />

étudiants dans toutes les disciplines que<br />

ceux que vous aviez dans des écoles de bien<br />

plus petites tailles.<br />

C. C : Nous travaillons sur un autre paradigme avec<br />

ce que j’appelerai une « mobilité créative ». Partir<br />

longtemps à l’international, un semestre, une année, ne<br />

convient pas à tout le monde. Il faut pouvoir envisager<br />

des périodes courtes, 15 jours, un mois, comme deux<br />

années complètes. J’ai déjà vu des jeunes étudiants<br />

s’ouvrir et se transformer en ne passant que huit jours<br />

à l’autre bout du monde. Nous travaillons pour donner<br />

l’opportunité à tous les étudiants de partir à l’international<br />

sans que ce soit pour autant une obligation.<br />

O. R : La mobilité internationale va repartir.<br />

Vous en êtes certain ?<br />

C. C : Absolument. Les étudiants veulent vivre une<br />

expérience internationale et nous repartirons sur des<br />

meilleures bases en 2022. Entre les deux nous aurons<br />

pu constater nos lacunes et demain les étudiants du<br />

monde entier choisiront encore plus soigneusement<br />

leurs destinations. Contrairement à beaucoup d’autres<br />

pays la France a su rester ouverte à tous les étudiants et<br />

c’est à son crédit. Quant aux partenariats de recherche<br />

chacun aura pu constater lesquels sont les plus solides<br />

et prometteurs en temps de crise.<br />

Nous devons être ambitieux alors que j’avais toujours<br />

trouvé les universités françaises un peu réservées<br />

sur la scène internationale si on considère leur niveau<br />

d’excellence et leur puissance. Elles doivent encore<br />

apprendre à se vendre et ce n’est pas dans leur nature.<br />

Comme on dit souvent, la concurrence n’est pas<br />

en France !<br />

IN ENGLISH<br />

PLEASE…<br />

International mobility<br />

will get back on track.<br />

Are you quite certain?<br />

Absolutely. Students want<br />

an international experience,<br />

and mobility will start<br />

getting back on track in<br />

2022. Between now and<br />

then, universities will<br />

have had time to work on<br />

our shortcomings, and<br />

students around the world<br />

will start choosing their<br />

study abroad destinations<br />

all the more carefully. In<br />

contrast with many other<br />

countries, and to its credit,<br />

France has remained open<br />

to international students. As<br />

for research partnerships,<br />

this period of crisis will help<br />

universities recognize the<br />

most solid and promising<br />

amongst them. We have to<br />

be ambitious. I have always<br />

found French universities<br />

to be a bit reserved on<br />

the international stage, if<br />

we consider their level of<br />

excellence. They need to<br />

continue to learn how to<br />

sell themselves, and it is<br />

not in their nature. As we<br />

often say, the competition<br />

is not in France!<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

Comment accroitre la<br />

diversité sociale dans<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

Le rapport du comité « Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement<br />

supérieur, a été remis le 8 décembre à Frédérique Vidal. Qu’en retenir ?<br />

Le rapport du comité « Diversité<br />

sociale et territoriale dans l’enseignement<br />

supérieur », présidé<br />

par Martin Hirsch, directeur<br />

de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris<br />

et président de l’Institut de l’Engagement,<br />

fait suite à la remise des trois rapports<br />

sur la diversité sociale de l’Ecole<br />

Polytechnique, des ENS et des écoles de<br />

commerce (ESSEC, HEC, ESCP) en octobre<br />

2019. Maintenant des actes concrets<br />

doivent voir le jour. <strong>Essentiel</strong>lement dans<br />

les Grande écoles selon Gilles Roussel,<br />

le président de la Conférence des présidents<br />

d’université (CPU) : « Ce rapport<br />

est clairement orienté vers les problématiques<br />

des Grande écoles. Les universités<br />

font réussir et tous les étudiants<br />

ne doivent pas forcément pouvoir aller<br />

dans les Grande écoles. Leur problème<br />

est celui de la reconduction sociale et le<br />

sujet doit être traité ». Ce à quoi le comité<br />

répond que « ce serait une erreur de ne<br />

conduire qu’une politique d’égalité des<br />

chances volontariste dans les grandes<br />

écoles sans la conduire également dans<br />

les universités ». Du côté des Grandes<br />

écoles la méfiance est forte pour tout ce<br />

qui concerne l’évolution des concours. « Il<br />

n’y aura pas de bonus de points pour les<br />

boursiers. Ils le refusent. La solution est<br />

en amont », demande Alice Guilhon, la<br />

présidente du Chapitre des Grande écoles<br />

de management.<br />

être quatre fois plus nombreux que les<br />

enfants d’enseignants à quitter l’enseignement<br />

secondaire avec un diplôme de<br />

l’enseignement professionnel (40 % contre<br />

10 %). « Nous ne méconnaissons pas ces<br />

facteurs structurels profonds. Une première<br />

stratégie pourrait être de considérer<br />

que ce sont uniquement sur eux<br />

qu’il faut agir, par des transformations<br />

profondes et dans la durée, avec des objectifs<br />

de long terme », reconnaissent les<br />

experts du comité avant d’insister : « Le<br />

comité a considéré qu’il était légitime de<br />

pouvoir chercher d’autres leviers, ne posant<br />

pas comme préalable que tous les<br />

problèmes de fond soient résolus, mais<br />

permettant d’obtenir des résultats plus<br />

rapides et d’enclencher des dynamiques<br />

vertueuses ».<br />

Bonifier les boursiers ?<br />

Puisqu’on ne peut pas attendre pour augmenter<br />

la diversité à l’entrée des formations<br />

sélectives le comité avance des<br />

pistes connues depuis longtemps comme<br />

des nouvelles. La modalité la plus simple<br />

est selon eux la bonification de points<br />

pour les boursiers et/ou pour les enfants<br />

dont les parents n’ont pas de diplôme<br />

de l’enseignement supérieur (question :<br />

comment prouve-t-on qu’on n’est pas diplômé<br />

?). Mais le comité pointe deux inconvénients<br />

de principe. Le premier est<br />

que, « dans un concours, un candidat<br />

pourra être admissible avec de moins<br />

bonnes notes aux mêmes épreuves qu’un<br />

candidat refusé ». Mais cet inconvénient<br />

peut être atténué selon le comité<br />

en « augmentant, par rapport à la situation<br />

de référence, le nombre de places ».<br />

Deuxième inconvénient : la « relative<br />

fragilité du critère boursier : la manière<br />

dont sont pris en compte les revenus ne<br />

fait pas de ce critère un critère incontestable<br />

et non manipulable ». La solution<br />

serait alors de recourir au critère « enfant<br />

de parents non diplômé de l’enseignement<br />

supérieur » mais il peut aussi<br />

« présenter des faiblesses et des risques<br />

de contournement ».<br />

Toujours dans ce même concept de bonification<br />

le comité envisage également<br />

d’appliquer des bonifications « non plus<br />

Tout se décide bien<br />

avant le bac<br />

Tout se décide bien avant l’enseignement<br />

supérieur. Lorsqu’ils quittent l’enseignement<br />

secondaire diplômés, 86 % des enfants<br />

d’enseignants et de cadres détiennent<br />

un baccalauréat général ou technologique<br />

contre seulement un tiers des enfants<br />

d’ouvriers non qualifiés et moins d’un<br />

enfant d’inactifs sur quatre. À l’opposé,<br />

les enfants d’ouvriers non qualifiés vont<br />

© Essec BS<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JANVIER <strong>2021</strong> N° 45<br />

par élève mais par établissement ». Dans<br />

ce cadre tous les élèves d’une classe préparatoire<br />

ayant un niveau de diversité<br />

élevé pourraient bénéficier de cette<br />

bonification.<br />

Créer des accès<br />

différenciés<br />

La voie la plus compliquée est de diversifier<br />

les voies d’entrées pour diversifier<br />

les profils. C’est ce qu’a fait Sciences Po<br />

en signant ses conventions avec des lycées.<br />

Son premier inconvénient est d’être<br />

moins facile à mettre en œuvre : il faut<br />

modifier l’organisation des concours,<br />

pas seulement la notation au concours.<br />

Le deuxième inconvénient que pointe le<br />

comité est le risque de « stigmatisation ».<br />

Une voie d’accès est considérée comme<br />

« moins noble qu’une autre, comme un<br />

« sous-concours ». Il convient de noter<br />

que, si cet inconvénient est parfois mis en<br />

avant par certains établissements, il n’est<br />

jamais soulevé par les étudiants euxmêmes,<br />

qu’ils soient issus des voies de<br />

recrutement traditionnelles ou de voies<br />

de recrutement « différenciés » ».<br />

Mais à l’inverse, les accès différenciés ont<br />

le « grand avantage de pouvoir différencier<br />

les critères de recrutement et de sélection<br />

et de prendre en compte des qualités,<br />

des parcours ou des caractéristiques<br />

différents chez les candidats ». Dans certains<br />

cas, ils peuvent être complétés par<br />

un accompagnement permettant d’homogénéiser<br />

au plan académique une promotion<br />

et prévenir des échecs en fin de cycle.<br />

Ce que préconise<br />

le comité<br />

Après « avoir beaucoup discuté ces avantages<br />

et ces inconvénients », le comité<br />

considère que ce « serait une erreur<br />

de faire reposer la politique d’égalité<br />

des chances uniquement sur un mécanisme<br />

de bonification des boursiers (ou<br />

des premières générations) », mécanisme<br />

qui ne recueille par exemple pas l’adhésion<br />

de la conférence des écoles d’ingénieurs,<br />

sans faire également jouer le<br />

levier des accès différenciés ou diversifiés.<br />

Il « recommande fortement d’utiliser<br />

les deux leviers, qui répondent à des<br />

logiques complémentaires ». Et le comité<br />

va jusqu’à considérer la question des<br />

200 000 bacheliers professionnels (ire la<br />

note de la DEPP Le devenir des bacheliers<br />

professionnels qui poursuivent des<br />

études) arguant que, selon lui, il « serait<br />

logique d’organiser un accès vers les filières<br />

d’excellence aux grandes écoles<br />

et aux filières sélectives des universités<br />

pour les meilleurs élèves des filières professionnelles<br />

». Des classes préparatoires<br />

spécifiques existent d’ailleurs déjà pour<br />

eux, mais elles sont très rares.<br />

Mais le comité n’en oublie pas pour autant<br />

tout ce qui peut se faire en amont de<br />

l’enseignement supérieur. Il propose donc<br />

de « consolider, développer, étendre et<br />

garantir la qualité des initiatives de tutorat<br />

et de mentorat par un pacte entre<br />

la puissance publique et les opérateurs,<br />

qu’ils soient eux-mêmes privés –associations-ou<br />

publics ». Ce pacte pourrait<br />

prendre la forme de l’équivalent d’une délégation<br />

de service public.<br />

Enfin le comité a envisagé différentes<br />

pistes de financement des cursus et notamment<br />

celle du « prêt contingent » dont<br />

Jean-Philippe Ammeux, le directeur général<br />

de l’IÉSEG, s’est fait un ardent défenseur<br />

ces dernières années. Rappelons<br />

son principe : il consiste à accorder<br />

aux étudiants un prêt à taux zéro, avec<br />

des conditions encadrées de remboursement,<br />

assorties d’un mécanisme de<br />

garantie, pour que les remboursements<br />

n’excèdent pas un pourcentage du revenu<br />

futur. « Plutôt que de laisser ce sujet<br />

non traité une décennie supplémentaire,<br />

il pourrait être intéressant de l’expérimenter<br />

auprès de quelques établissements<br />

ou pour certaines catégories de<br />

parcours », estime le comité.<br />

Et maintenant que faire ? Le comité a<br />

avancé des pistes intéressantes mais on<br />

a surtout le sentiment que le MESRI lui<br />

avait passé la « patate chaude » et doit<br />

maintenant la reprendre sans que le dossier<br />

ait pour autant avancé d’un iota…<br />

Sébastien Gémon<br />

L’Essca va moduler ses frais de scolarité<br />

en fonction des revenus de la famille<br />

C’est une révolution dans l’univers des<br />

business schools françaises. Sur le modèle<br />

de Sciences Po, l’Essca va mettre en<br />

place des frais de scolarité modulés en<br />

fonction des ressources des famille à la<br />

rentrée <strong>2021</strong>-2022. Ces frais de scolarité<br />

modulés s’appliqueront à partir de la rentrée<br />

<strong>2021</strong>-2022, pour tout étudiant entrant en<br />

1 ère année du Programme Grande Ecole<br />

(PGE) ou du Programme Bachelor, dont la<br />

résidence fiscale des parents se situe dans<br />

l’espace européen (Union européenne,<br />

Lichtenstein, Norvège, Islande).<br />

Ce dispositif s’appliquera pour les 3<br />

premières années d’étude du programme<br />

Grande école. En 4 ème et 5 ème années, l’Essca<br />

propose en effet tout un panel de filières<br />

en alternance (apprentissage et contrat de<br />

professionnalisation). Pour le programme<br />

Bachelor en management international,<br />

ce dispositif concernera les 2 premières<br />

années. En 3 ème année, la spécialisation<br />

« marketing et commercialisation »<br />

sera proposée en alternance.<br />

Un simulateur permettra à tout parent<br />

ou lycéen de calculer immédiatement sur le<br />

site web de l’école ses frais de scolarité.<br />

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