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N°547 Du 1 er au 07 janvier 2021
2020
Le Maroc
résilient
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
1
sommaire
N°547 Du 1 er au 07 janvier 2021
a la une
04 2020 Le Maroc résilient mOHAMMED ZAINABI
économie
10 Les entreprises qui ont bataillé dur Mounia kabiri kettani
16 Covid-19, ces secteurs qui ont accusé le coup Mounia kabiri kettani
20 Plongée dans la guerre économique contre le covid-19 Mounia kabiri kettani
Société
24 sûreté nationale Des performances 2020 record mohammed ZAINABI
28 Top et flop de la gestion de la crise Covid-19 Hayat kamal idrissI
33 Campagne de vaccination, une note d’espoir Hayat kamal idrissI
Culture
56 Les 4 faits marquants de 2020 Kawtar Firdaous
59 ENTRETIEN Jérôme Cohen OLivar Kawtar Firdaous
« L’amour est la plus belle des religions » Kawtar Firdaous
Directeur de la publication et de la rédaction Ahmed Charai l Directeur Général Hakim Arif l Rédacteur en Chef
Mohammed Zainabi l Secrétaire de Rédaction Kawtar Firdaous l Journalistes Fatima-Zohra Jdily l Mounia Kabiri Kettani l
Hayat Kamal Idrissi l Karim Rachad l Rajae Oumalek l Noufissa Charaï (Paris) l Barbara Casado (Madrid) Chroniqueurs Mireille
Duteil, Vincent Hervouët, Naïm Kamal, Jamal Berraoui, Abdeljalil Lahjomri l Traduction The Wall Street Journal Jamila Arif
l Conception graphique Goldring Graphic l Infographistes Wissal El Hassak l Jamila Jraichat l Photographe Khalid Chouri l
Caricaturiste Khalid Gueddar l Crédits photos AFP, MAP, AICPRESS l Medi Editions SARL 55, angle Bd Zerktouni et rue Sebta, 7 e
étage N°28- Casablanca. Tél. : 05 22 46 59 50 - 05 22 46 59 60 - Fax : 05 22 26 01 47 l Régie Publicitaire Maroc Télématique Tél. :
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Les chroniques publiées ici ne reflètent que les points de vues de leurs auteurs et ne sauraient en aucune manière
représenter une position de L’Observateur du Maroc et d’Afrique.
2 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
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RETRO
2020
à la une |
2020
Le Maroc
résilient
5Créé par le Souverain, le Fonds spécial dédié à la gestion des impacts de crise pandémique a donné une nouvelle
preuve que la solidarité reste une valeur sûre dans le Royaume.
4 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
5
RETRO
2020
à la une |
Pour le monde entier, 2020 a été une année difficile. Certes le
Maroc n’a pas échappé lui non plus aux lourds impacts de la
crise économico-sanitaire, mais le pays est en passe d’en sortir
renforcé. Mohammed Zainabi
A
u début de la crise sanitaire, le Maroc
a fait parler de lui dans le monde
entier. Sa gestion proactive, inspirée
des hautes orientations royales,
a été exemplaire. Très vite, le Fonds
spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus
a été créé. Doté de ressources équivalentes
à 3% du PIB du pays, fruits d’apports de l’État, du
secteur privé et de particuliers, ce Fonds, créé par
le Souverain, a donné une nouvelle preuve que la
solidarité reste une valeur sûre dans le Royaume.
Le Maroc s’est aussi démarqué par sa capacité à
mobiliser ses propres forces créatrices pour assurer,
rapidement, son autosuffisance en masques.
Dans la foulée, des jeunes ont pu montrer leur
aptitude à innover en créant des respirateurs, des
appareils de stérilisation et d’autres outils nécessaires
pour contrer la propagation du virus.
Le secteur de la Santé, pourtant diagnostiqué
depuis longtemps malade, a fait preuve d’une
extraordinaire mobilisation pour gagner la guerre
contre le mystérieux coronavirus. Les soldats en
blouse blanche livrent encore bataille avec abnégation
en attendant que le vaccin vienne délivrer le
pays de ce mal. En attendant, c’est grâce à eux que
le scénario catastrophe a pu être évité. Ils méritent
donc tous les honneurs.
Comme les professionnels de la Santé, leurs conci-
Même si le Maroc a perdu quelques points
de croissance à cause de la crise économicosanitaire,
il a gagné en cohésion sociale et en
stature internationale.
6 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
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2020
à la une |
toyens ont montré, eux aussi, du moins pour la
plupart, leur sens de responsabilité. La majorité a
suivi, avec grande discipline, les consignes dictées
par les autorités publiques. Et si ce n’était l’erreur
d’appréciation commise lors de l’Aïd Al Adha, le
pays serait resté parmi les pays qui sont les moins
touchés par la crise pandémique.
L’une des règles sanitaires qui a été largement
respectée, malgré les dérapages, est la distanciation
sociale obligeant des entreprises à fonctionner
en télétravail. Une contrainte qui a constitué
une véritable opportunité pour les entreprises
technologiques. Il en a résulté une remarquable
accélération de la digitalisation dans le Royaume.
Les citoyens, contraints de rester chez eux, ont eu
massivement recours aux services publics et marchands
en ligne. La force d’adaptation fait qu’aujourd’hui
l’e-commerce, par exemple, est entré
dans les mœurs de nombreux Marocains.
L’accord historique tripartite signé par le
Maroc avec les Etats-Unis et Israël en faveur
de la paix et du co-développement est
venu clore cette année qui a assurément mal
commencé, mais qui s’est terminée sous le
signe de la joie et de l’espoir.
«Coronabonus»
Même si le Maroc a perdu quelques points de
croissance, il a gagné en cohésion sociale et en stature
internationale. Ainsi, aux excellentes impressions
que le pays a données par sa bonne gestion de la crise
sanitaire, se sont ajoutées la bienveillance dont son Roi
a entouré une quinzaine de pays africains à travers l’envoi
de grandes quantités de produits et d’outils médicaux
nécessaires contre Covid-19. S’y ajoutent aussi les avancées
spectaculaires qui ont été le couronnement d’une
diplomatie royale agissante et gagnante.
Une diplomatie qui permet aujourd’hui de s’assurer non
seulement l’appui des États-Unis en faveur de la cause
nationale, mais de celui de la majeure partie de la communauté
internationale.
Aux derniers jours de 2020, en plus de la proclamation
officielle de la reconnaissance américaine de la souveraineté
du Maroc sur son Sahara, l’accord historique tripartite
signé par le Maroc avec les Etats-Unis et Israël en
faveur de la paix et du co-développement est venu clore
cette année qui a assurément mal commencé, mais qui
s’est terminé sous le signe de la joie et de l’espoire ✱
8 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
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économie |
Les entreprises
qui ont bataillé dur
Avec ses effets dévastateurs sur
l’économie nationale, la crise du
coronavirus n’affecte pas tous les secteurs
de la même manière. Si certaines activités
accusent un coup dur, d’autres s’en
sortent plutôt bien. Tour
d’horizon.
Par Mounia Kabiri Kettani
10 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
La crise sanitaire a largement
impacté les entreprises. Mais
tous les secteurs ne sont pas
logés à la même enseigne. Certaines
activités sont parvenues
tout de même à tirer leur épingle du jeu,
réalisant même des performances jamais
atteintes auparavant. Selon la Direction
des études et des prévisions financières,
depuis octobre, les clignotants sont au
vert dans tous les secteurs sauf dans
le tourisme et le transport aérien, qui
broient encore du noir.
Pas de crise pour
le phosphate
Après une légère baisse de sa valeur
ajoutée au premier trimestre 2020
(-0,4%), le secteur extractif a affiché un
solide rebond de son activité au troisième
trimestre 2020, indique la DEPF
en en ligne avec la hausse de son indice
de production de 3,8%, après +7,6% au
2e trimestre et une légère baisse de 0,4%
au 1er trimestre de la même année, portant
sa croissance à 3,7% à fin septembre
2020, après +2,8% un an plus tôt. Parallèlement
à cette évolution, la production
de phosphate roche, principale composante
de ce secteur, s’est accrue au troisième
trimestre 2020 de 5%, après +2,3%
il y a une année. Au terme des neuf premiers
mois de l’année, cette production
s’est renforcée de 4,8%, après +2,3% un
an auparavant. Cette évolution a bénéficié
de la bonne tenue des exportations
du secteur, ayant enregistré, à fin octobre
2020, une performance en volume de
+6% pour le phosphate roche et de +11,5%
pour ses dérivés.
L’industrie se porte bien
L’industrie marocaine se porte bien,
malgré le contexte particulier de la crise
du Covid-19, a affirmé le Ministre de
l’Industrie, du Commerce et de l’Économie
Verte et Numérique, Moulay Hafid
Elalamy lors de la rencontre «Carrefour
Diplomatique», avec des Ambassadeurs
étrangers accrédités au Maroc. «En août
2020, tous les secteurs ont enregistré des
hausses supérieures à celles observées
durant la même période de l’année précédente,
à l’exception de l’aéronautique
qui a connu une baisse de 14%», a fait
savoir Elalamy qui ajoute qu’à partir
de juillet 2020, la majorité des secteurs
industriels a dépassé les niveaux atteints
en 2019. Intervenant le 14 décembre dernier
à la Chambre des représentants,
Moulay Hafid Elalamy, a affirmé que
94% des postes ont été récupérés dans
le secteur du textile et d’habillement. «
En octobre 2020, la création d’emplois
a atteint 104% dans le secteur automobile
par rapport à octobre 2019 », a noté
le ministre qui a précisé que ce taux est
de 99% dans les secteurs de l’offshoring,
94% dans l’électrique et l’électronique et
96% dans le secteur de la chimie et de la
parachimie.
Les télécommunications
en forme
Sur la base des comptes nationaux trimestriels
du HCP, la valeur ajoutée du
« En octobre 2020, la création
d’emplois a atteint 104%
dans le secteur automobile
par rapport à octobre 2019.
Ce taux est de 99% dans
les secteurs de l’offshoring,
94% dans l’électrique et
l’électronique et 96% dans le
secteur de la chimie et de la
parachimie
secteur de poste et télécommunications a
affiché une légère baisse de 1,7% au deuxième
trimestre 2020, après une hausse
de 1,1% au premier trimestre 2020 et un
recul de 0,4% un an plus tôt. Au terme du
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
11
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2020
économie |
premier semestre 2020, la valeur ajoutée
du secteur s’est repliée, en moyenne, de
0,3% après une augmentation de 0,6% il
y a une année. Le secteur reste porté par
la forte augmentation de la data mobile
durant la période de confinement, favorisant
le changement des habitudes de
consommation au Maroc. Concrètement,
les indicateurs de la téléphonie à elle
seule ont montré une évolution globalement
favorable à fin juin 2020. le parc
de la téléphonie mobile s’est amélioré
de 0,7%, à 45,5 millions d’abonnés, en
septembre 2020, grâce à sa stratégie de
diversification à l’international, malgré
le contexte international difficile en
rapport avec la crise covid-19. En effet,
durant cette période, le groupe a réalisé
un chiffre d’affaires consolidé de 27,5
milliards de dirhams, en hausse de 0,7%,
en lien avec une performance du chiffre
d’affaires à l’international de +4,4%,
ayant compensé la baisse des revenus
générés par l’activité au Maroc de 3,6%
à 15,7 milliards de dirhams », souligne la
DEPF dans sa note de conjoncture.
annuel, avec une progression de 1,4%
pour la branche Vie et 3,7% pour la Nonvie.
La sinistralité devrait, pour sa part,
s’inscrire en baisse en lien notamment
avec l’arrêt de l’activité économique
durant la période du confinement.
Au plan financier, les placements des
entreprises d’assurances ont augmenté
de 4,4%, pour atteindre 192,4 milliards
de dirhams et les plus-values latentes
continuent de s’améliorer avec le redressement
du marché boursier. Quant au
résultat net des sociétés d’assurances,
Le secteur du numérique
a profité de la crise et
du confinement qui
ont donné un coup
d’accélérateur à la
digitalisation.
consolidation d’une hausse de 2,7% à fin
juin 2019. Quant à la téléphonie fixe, son
parc d’abonnés s’est renforcé de 8,7%,
soit sa plus forte performance depuis
fin 2010, à 2,2 millions d’abonnés. Quant
au parc Internet, il s’est accru de 15,4%,
après +9,3% un an auparavant, bénéficiant
à plus de 27,2 millions d’abonnés.
Par ailleurs, « l’activité du groupe Maroc
Télécom a marqué une résilience à fin
Les bons points des
assurances
Malgré le contexte de la crise Covid-19,
le secteur des assurances continue, dans
l’ensemble, de faire preuve de solidité et
de croissance aussi bien en vie qu’en
non vie. Au plan technique, sur les dix
premiers mois de 2020, le chiffre d’affaires
s’est accru de 2,7% en glissement
il a enregistré à fin juin 2020 une baisse
de 25,2%, impacté essentiellement par la
contre-performance des activités financières
durant le premier semestre. Par
ailleurs, le secteur continue de dégager
une marge de solvabilité, en couverture
du risque de souscription, largement
supérieure au minimum réglementaire.
Ces excédents de marge devraient, néanmoins,
connaître une baisse importante
avec le passage à la solvabilité basée sur
les risques.
L’envolée de l’industrie
pharmaceutique
En deuxième position des hausses sectorielles
à la bourse de Casablanca vient
le secteur de l’Industrie pharmaceutique
avec une progression +16,02% depuis le
début de 2020.Le secteur doit cette performance
au titre du laboratoire pharmaceutique
Sothema (+21,65%). Notons
que le leader de la biotech marocaine,
associé aux tests cliniques du vaccin
anti-Covid, a réalisé un chiffre d’affaires
de 1,28 milliard de dirhams (MMDH), à
12 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
fin septembre 2020, en hausse de 4,4%
par rapport à la même période de 2019.
En effet, depuis le début du confinement
(soit début mars), les ventes du secteur
pharmaceutique ont augmenté d’environ
50% en raison des stocks que les Marocains
ont faits craignant une pénurie. En
est suivie une baisse de 50 à 60% entre
avril et mai pour se stabiliser à partir
du mois de mai. « La consommation à
fin septembre reste au niveau habituel
comparativement à l’année précédente.
Même les gens qui ont perdu leur emploi
et qui souffrent de maladies chroniques
se sont débrouillées pour continuer à
acheter leur médicament », précise l’un
des membres de l’AMIP
Le boom du numérique
Le secteur a profité de la crise et du
confinement qui ont donné un coup
d’accélérateur à la digitalisation. Télétravail,
vidéoconférence, commerce
électronique… le numérique s’est, en
L’Offshoring, tire son épingle
du jeu
Intervenant lors d’un webinaire organisé
le 18 décembre dernier par la Fédération
des technologies de l’information, des
télécommunications et de l’offshoring
(APEBI) autour du thème : « l’offshoring
régionalisé : meilleure réponse aux
opportunités post-Covid’ », Idriss Elasri,
directeur général d’Altran, filiale maroeffet,
imposé comme un outil indispensable
pour assurer la continuité des
services et ce, dans le respect total des
mesures sanitaires et de distanciation
sociale. Au niveau de la bourse, le secteur
des « Matériels, logiciels et Services
informatiques” a affiché une hausse
remarquable de 51,52%. HPS, Disway,
Microdata, M2M group ne connaissent
pas la crise. L’indice boursier de HPS
est en hausse de 70,67%. Depuis début
2019, l’action du groupe a enregistré un
bond de 147,68%. L’entreprise a enregistré
une hausse de 3,4% de ses produits
d’exploitation, à 361,6 millions de DH et
de 22,8% à 49,5 millions de son RNPG.
Sur son cœur d’activité «Solutions», la
firme enregistre des revenus de 240,9
millions de DH (+0,3%). L’opérateur de
la distribution en gros de matériel informatique
et télécom (Disway) s’est envolé
(+32,21%). Le chiffre d’affaires consolidé
de la firme affiche lors du premier
semestre de l’année une croissance de
3% à 826 millions de DH, qui s’explique
à la fois par la forte demande sur les
PC portables au début du confinement,
mais aussi par une reprise de la Business
value à l’international. L’action du spécialiste
dans la commercialisation et le
déploiement d’infrastructures informatiques,
Microdata, a bondi de 25,53%,
tandis que le groupe opérant dans les
domaines de la dématérialisation et de
la gestion des titres, des flux et des services
électroniques sécurisés (M2M) a
pris 13,38%.
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
13
RETRO
2020
économie |
caine de l’entreprise française spécialisée
dans le conseil en ingénierie, l’offshoring
a affirmé que la situation a été inégale
selon les métiers. Les métiers de l’IT et
des systèmes d’information ont été les
grands gagnants de cette crise parce
que la digitalisation s’est accélérée. Des
tendances de fond déjà existantes avant
la crise ont été exacerbées, et la digitalisation
en fait partie. «Après un second
trimestre très compliqué, avec un recul
de l’ordre de 30% en termes de revenus,
nous avons connu un très fort rebond
depuis cet été. Nous avons ainsi retrouvé
un rythme de croissance similaire, voire
supérieur à l’avant-Covid. Ainsi, les revenus
à l’export de 2020 devraient, selon
nos prévisions, dépasser les 13 Mds de
dirhams, soit un niveau équivalent à celui
de 2019 », a précisé le président de l’APEBI,
Amine Zarouk.
Grande distribution, grande
gagnante de la
pandémie
Avant même l’annonce
du confinement,
les différentes
enseignes de grande
distribution ont été
submergées par la
demande. Durant le
confinement, alors
que de nombreux
magasins de proximité
et petites épiceries avaient tiré le
rideau les grandes surfaces marocaines
ont connu une affluence record. L’indice
boursier sectoriel des “Distributeurs”
affiche une hausse de 11,63%, porté par
Label’Vie (+21,51%). Le seul groupe de
la grande distribution représenté à la
Bourse de Casablanca a tiré profit notamment
de la hausse de la demande durant
la période du confinement. La croissance
des volumes de son activité à fin septembre
2020 s’est établi +8% par rapport
à 2019 (8,2 MMDH). Sur les six premiers
mois de cette année, le Groupe a réalisé un
chiffre d’affaires consolidé de 5,38 MMDH,
en progression de +15% par rapport à 2019.
Le secteur
agroalimentaire n’a pas
été épargné par la crise
sanitaire, mais il a su faire
preuve d’une certaine
résilience au premier
semestre.
Les géants du secteur minier
ne connaissent pas la crise
Sur la place boursière de Casablanca, le
secteur des “Mines” s’offre la troisième
marche du podium des secteurs d’activité
qui ont tiré profit de la crise sanitaire
avec une hausse de l’ordre de 14,12%
après le secteur informatique et celui
pharmaceutique. Par valeurs, Managem
a augmenté, depuis le début de
l’année, de 34,71%, dopée par la flambée
des cours de l’or à l’international dans le
sillage de la crise sanitaire. Dans ce sens,
le chiffre d’affaires du groupe Managem
a augmenté à près de 3,59 milliards de
dirhams (MMDH) à fin septembre dernier,
contre 3,27 MMDH une année auparavant.
La société métallurgique d’imiter
(SMI), filiale de Managem, a progressé
pour sa part de 23,72% depuis fin 2019,
tirée par la hausse du cours de l’Argent.
L’Agroalimentaire résiste
Le secteur agroalimentaire n’a pas été
épargné par la crise
sanitaire, mais il a su
faire preuve d’une
certaine résilience au
premier semestre. Si
les résultats des entreprises
ont été impactés,
essentiellement au
deuxième trimestre, le
secteur s’en sort plutôt
bien, grâce à l’export
pour certaines sociétés. Dans ses propositions
de relance faites au gouvernement
début juin, la CGEM notait dans
une étude détaillée que les entreprises
du secteur avaient perdu plus de 30%
de leur chiffre d’affaires depuis le début
du confinement. L’impact sur l’emploi
a été également de la même ampleur
selon l’enquête du patronat, avec une
baisse des effectifs de 30,27% par rapport
à la période d’avant confinement.
Ce n’est pas le cas de Cosumar ou encore
Lesieur Cristal. Chez Cosumar, le chiffre
d’affaires consolidé du groupe affiche
d’ailleurs au premier semestre 2020 une
croissance de 3,8% pour atteindre 4,26
14 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
milliards de DH. Une progression que
la firme explique dans sa communication
financière par la croissance de 20%
de ses volumes à l’export et ce, malgré
les contraintes logistiques. Le résultat
net part du groupe recule de 9,9% à 366
millions de DH et le résultat net consolidé
tombe à 376,3 millions contre 407,2
millions un an plus tôt. De son côté,
Lesieur Cristal a enregistré un chiffre
d’affaires consolidé en progression de
6%, se situant à 2,067 milliards de DH,
grâce à la bonne dynamique des ventes
à fin juin 2020. Le résultat d’exploitation
signe une croissance à deux chiffres de
18,18% sur un an, passant de 121 millions
à 143 millions de DH.
Le drive et le paiement en
ligne ont le vent en poupe
Comme pour le télétravail, les différents
dispositifs qui permettent d’éviter les
contacts humains ont été pris d’assault.
C’est le cas des drives, qui croulent sous
les commandes. Fruit, légumes, poissons,
parapharmacie, hygiène, jouets pour
enfants, bricolage, équipements informatiques…en
cette période de crise sanitaire,
tout se vend sur la toile et les marocains se
sont tournés de plus en plus vers la livraison
à domicile. Grands groupes comme les
petits commerçants, se sont adaptés à cette
nouvelle donne et dans plusieurs secteurs.
A en croire les chiffres du centre monétique
interbancaire (CMI), l’activité de
e-commerce battait des records au cours
de cette année exceptionnelle. « Les sites
marchands et sites des facturiers affiliés
au CMI ont réalisé 10 millions d’opérations
de paiement en ligne via cartes bancaires,
marocaines et étrangères, pour un montant
global de 4,3 milliards de dirhams
durant la période des 9 premiers mois de
2020, en progression de 41,5% en nombre
et 24% en montant par rapport à la même
période de 2019 », précise le CMI. L’activité
reste très fortement dominée par les cartes
marocaines qui ont enregistré 9,7 millions
de transactions soit 4,1 MMDH, concentrant
96,5% du nombre de transactions,
ajoute le CMI ✱
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
15
RETRO
2020
économie |
Covid-19, ces secteurs
qui ont accusé le coup
Tourisme, hôtellerie, immobilier,
événementiel, transport…durant
cette crise sanitaire, de nombreux
secteurs ont subi des pertes
conséquentes. Mounia kabiri kettani
16 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
La crise sanitaire a impacté tous
les secteurs d’activité. Certains
plus que d’autres. Sans surprise,
le transport, le tourisme, l’hôtellerie
et l’immobilier font partie
des plus touchés.
Tourisme, une année
sans touristes
Secteur clé pour l’économie nationale,
le tourisme (7,1% du PIB national et plus
de 70 milliards de recettes en devises
est incontestablement l’un de ceux qui
paient le plus lourd tribut à la crise
sanitaire. Le choc a commencé à se faire
ressentir dès l’annonce du confinement
par les autorités marocaines au cours
du troisième mois de l’année et de la
fermeture des frontières terrestres et
aériennes. L’impact estimé pour le secteur
au niveau national est significatif
: A fin septembre 2020, le volume des
arrivées et des nuitées touristiques s’est
replié, au niveau national, de 78% et de
69% respectivement, compte-tenu d’une
baisse de près de 95% et de 84% respectivement
durant le troisième trimestre
2020, conjuguée à un recul de 63% et
de 59% au terme du premier semestre
2020, selon une note de conjoncture de
la Direction des études et des prévisions
financières (DEPF) au titre du mois de
décembre. Les nouvelles mesures d’assouplissement
des conditions d’accès au
territoire marocain, adoptées à partir du
1er octobre 2020, au profit des visiteurs
pour séjour touristique ou d’affaires, ont
engendré une atténuation significative
du recul des recettes de voyages courant
le mois d’octobre
2020, soit une baisse
de 66,9%, après un
retrait de 89,1% un
mois plus tôt et de
96,7% au mois d’août
2020. Au terme des
dix premiers mois
de 2020, ces recettes
se sont repliées de
60,3%, après +7,4%
un an auparavant.
Une évolution plus
favorable, bien
«Un début de reprise
du tourisme est prévu
pour septembre
2021 et le secteur ne
pourra atteindre le
niveau de 2019 qu’en
2023», Abdellatif
Kabbaj, président de la
confédération nationale
du tourisme.
que modeste, est
attendue durant
les prochains mois, souligne la DEPF,
dans le sillage des premiers effets du
contrat-programme couvrant la période
2020-2022, signé le 3 août dernier entre
les opérateurs touristiques et l’Etat, pour
accompagner la relance du secteur et sa
transformation. De l’avis du président de
la confédération nationale du tourisme,
Abdellatif Kabbaj, le début de reprise est
prévu pour septembre 2021 et le secteur
ne pourra atteindre le niveau de 2019
qu’en 2023.
Coup dur pour l’automobile
Le secteur de l’automobile au Maroc a
accusé un coup dur à cause de la pandémie
de coronavirus.
Selon Abdelaâziz Ait
Ali, chercheur du
Policy Center for the
new South, l’industrie
a perdu 13,9 milliards
de dirhams soit 40 %
de baisse de son chiffre
d’affaires. Orienté
essentiellement vers
l’export, le secteur a
souffert de la double
peine du confinement et
donc de l’arrêt de la production
ainsi que de la
perturbation des chaines d’approvisionnement,
mais aussi de la baisse brutale
de la demande due à la crise économique
qui a frappé le monde entier. Résultat :
entre janvier et juillet, les exportations
automobiles du Maroc ont baissé de
près de 35,3% dans la filière construc-
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
17
RETRO
2020
économie |
tion. Renault Maroc a été quelque peu
épargné par le plan de restructuration
drastique lancé par sa maison mère
dans le monde. Un plan qui prévoit une
réduction des capacités mondiales de 4
à 3,3 millions de véhicules entre 2020 et
2024 et la suppression de 15 000 emplois.
Dès juin, les professionnels évoquent une
reprise timide et un effet de rattrapage.
La note de conjoncture de la DEPF note
que le redressement de l’activité industrielle
s’est confirmée lors du troisième
absorber la forte chute observée lors des
mois de plein confinement (-44% courant
les mois de mars à mai 2020). Ainsi, au
terme des onze premiers mois de 2020,
les ventes de ciment ont reculé de 10,9%,
après -25,1% à fin mai et +3,1% un an
auparavant.
L’immobilier bât de l’aile
Le secteur immobilier est dans l’impasse
déjà depuis quelques années. Mais l’impact
de la covid-19 a été « destructeur »,
plus forte chute de cours qui s’est située
à plus de 41% depuis le début de l’année
jusqu’à la séance de ce vendredi 18
décembre. Dans le détail, Résidences Dar
Saada a enregistré la plus forte baisse de
cours en comparaison avec les autres
immobilières cotées. Elle a en effet perdu
51% au moment où Addoha et Alliances
ont baissé respectivement de 41% et 33%.
Transport pénalisé par la crise
« Le retrait de l’activité du transport
trimestre de l’année et le secteur automobile
affiche des performances positives de
l’ordre de 5%.
BTP sinistré
Le BTP est un autre secteur névralgique
de l’économie nationale particulièrement
plombé par l’arrêt des chantiers. Les
ventes de ciment, principal baromètre du
secteur du BTP, ont repris avec le déconfinement
progressif (+33% en juin, +18,6%
en août, +7,8% en septembre et +6,7% en
novembre 2020), mais sans pour autant
comme le souligne Rachid Khayatey qui
évoque une baisse drastique des transactions
immobilières de presque 70%. Le
professionnel est catégorique : « En l’absence
d’un plan de relance bien réfléchi,
ce sont 300.000 emplois qui seront menacés
de suppression lors des mois à venir,
dans un secteur qui emploie plus d’un
million de personnes dont 75% au niveau
de la promotion immobilière ». Sur l’ensemble
des secteurs représentés à la
bourse de Casablanca, l’indice Participations
et promotion immobilière affiche la
aérien a enregistré une atténuation au
troisième trimestre 2020, après un deuxième
trimestre en berne dans le contexte
de la crise pandémique internationale »,
note la DEPF. En effet, le nombre de passagers
accueillis dans les aéroports nationaux
s’est réduit de 89% au T3-20 après
un recul de 99,1% au T2-20. Pour sa part,
le trafic du fret aérien a baissé de 37,3%
après -64% et le mouvement des avions
de 81,5%, après -96,6%. Au titre du mois
d’octobre, coïncidant avec la deuxième
vague des mesures d’assouplissement
18 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
des restrictions aux voyages internationaux,
le trafic aérien des passagers s’est
replié de 82%, celui du fret de 39,5% et le
mouvement des avions de 71,9%. Pour
le transport routier, selon différentes
études réalisées en ce temps de pandémie,
le PNB de l’activité va subir une baisse
entre 12 et 20% au cours de cette année.
Lors d’un webinaire organisé en octobre
dernier, Noureddine Dib, directeur des
transports terrestres et de la logistique au
ministère de l’Equipement, du transport,
de la logistique et de l’eau, a expliqué que
le transport de personnes a subi un choc
de l’offre, puisque le transport des voyageurs
entre les villes a été interdit durant
le confinement. En revanche, le transport
du personnel a subi un choc de la
demande, puisque plusieurs entreprises
et unités industrielles, qui faisaient appel
à ce type de transport, étaient fermées
par décisions administratives, ou après la
découverte de foyer épidémique. « Quant
au transport de marchandises, il n’a subi
qu’une baisse de la demande, puisque
la circulation était autorisée malgré les
nombreuses restrictions », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, « le transport de voyageurs
internationaux a été beaucoup plus touché
par la crise. Les entreprises sont à
l’arrêt depuis plusieurs mois, et n’ont pas
bénéficié de l’aide du CVE. Ces sociétés
ont fait de grands investissements pour
l’achat d’autocars, qui coûtent relative-
ment cher. Certaines sont au bord de la
faillite », a conclut Dib.
L’événementiel agonise
Le secteur qui participe au PIB à hauteur
de 5% et qui crée, annuellement, 90.000
emplois directs et 100.000 emplois indirects
est en arrêt depuis le mois de mars
dernier. Tous les grands salons, et événements
ont été annulés. D’après Aziz
Bouslamti, président du GPPEM, le
secteur agonise aujourd’hui et les pertes
sont colossales. Neuf mois d’arrêt d’activité
ont mis l’activité à genoux. « La
situation est catastrophique pour toutes
les sociétés et leur personnel. En effet,
beaucoup de sociétés n’ont pas pu honorer
leurs engagements de payer leurs
employés puisque leur trésorerie ne le
permettait pas », note Aziz Bouslamti.
Une aide financière de l’Etat a été fixée
à 2.000 dirhams par mois en faveur des
employés du secteur de l’événementiel
et des traiteurs récemment. « Une première
reconnaissance de ce secteur qui,
jusqu’en septembre dernier, n’était pas
reconnu à sa juste valeur, malgré son
importance », souligne Bouslamti ✱
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
19
RETRO
2020
économie |
Plongée dans la guerre
économique contre
le covid-19 Mounia kabiri kettani
5Mohamed Benchaaboun, ministre de l’Economie des Finances et de la réforme de l’Administration.
20 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Dès le début de
la pandémie, la
machine des mesures
économiques et
fiscales a été mise en
branle sans tarder
pour dépasser le cap
Face au choc économique que représente
la crise sanitaire du coronavirus,
le ministre de l’Économie et des
Finances a exhorté tous les acteurs de
l’économie à « jouer le jeu de la solidarité
» en prenant part à un vaste
dispositif d’urgence d’aide aux entreprises,
afin de pallier leur besoin
urgent en financements et de trésorerie.
Dispositif dans lequel les banques
se voient confier un rôle central.
Révision du taux
directeur à la baisse
Compte tenu de l’évolution de la
conjoncture économique marquée par
des conditions climatiques défavorables
et une crise sanitaire de grande
ampleur, la banque centrale a procédé
à la réduction de 50 points de base du
taux directeur pour le fixer à 1,5% au
mois de juin 2020. Cette baisse est la
deuxième après celle de 25 points de
base décidée en mars. Il a également
été procédé à la mise en place des dispositions
spécifiques pour fournir un
appui au refinancement des banques
participatives et aux associations de
microcrédit. «Ces nouvelles décisions,
conjuguées aux différentes mesures
d’assouplissement déjà mises en
œuvre, notamment l’élargissement
du collatéral éligible à ses opérations
de refinancement, le renforcement de
ses programmes non conventionnels,
ainsi que l’allègement temporaire
des règles prudentielles, devraient
contribuer, avec celles prises par le
Comité de veille économique, à atténuer
l’impact de la pandémie et à soutenir
la relance de l’économie et de
l’emploi», a noté Bank Al-Maghrib.
L’Etat à la rescousse
des entreprises
Le Comité de veille a pris un ensemble
5 Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.
de mesures en faveur des entreprises
touchées par cette pandémie, notamment
les TPE, les PME et les professions
libérales. Il a consenti des reports
de remboursement d’échéances des
crédits bancaires. Au total, ce sont
32.248 demandes de report d’échéances
bancaires qui ont été accordées au profit
des entreprises à fin août dernier
pour un montant de 6,6 MMDH, bénéficiant
aux TPME à hauteur de 86%
et aux grandes entreprises pour 14%.
Et pour permettre aux entreprises de
préserver leurs outils de production
(paiement des salaires, règlement des
fournisseurs, entretien du matériel, …),
les banques ont mis en place de lignes
de crédit additionnelles de fonctionnement
aux entreprises bénéficiant de la
garantie de la CCG “Damane Oxygène”
à hauteur de 95% au taux directeur de
BAM majoré de 200 points de base.
D’après la Banque centrale, Damane
Oxygène a bénéficié à fin octobre
2020 à 41.142 entreprises. Le montant
engagé s’est chiffré, quant à lui, à 16,5
MMDH, alors que le montant décaissé
a avoisiné les 13,7 MMDH. Pour les
auto-entrepreneurs, il a été d’octroyer
un crédit à taux zéro couvrant l’équivalent
de trois mois de chiffre d’affaires
calculé sur la base de la dernière déclaration
fiscale avec un plafond de 15.000
DH, les intérêts y afférents étant totalement
pris en charge par le secteur des
assurances. En gros, 2.875 auto-entrepreneurs
ont bénéficié du dispositif
avec enveloppe globale de 33,7
MDH et un montant décaissé de 31,2
MDH. D’autres mesures ont participé
à alléger les contraintes financières
des entreprises notamment le report
du dépôt des déclarations fiscales, la
suspension des contrôles fiscaux, des
assouplissements des paiements de
pénalités de retard sur les marchés
publics, …Le ministère de l’Economie,
des Finances et de la Réforme de l’administration
a également appelé à la
régularisation de tous les arriérés de
paiement au bénéfice des TPE et PME.
Indemnisation des
salariés des entreprises
en difficulté
La crise a touché de plein fouet les
entreprises. Et plus d’un tiers des
salariés affiliés à la CNSS ont été
déclarés en arrêt d’activité par leurs
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
21
RETRO
2020
économie |
Quatre mois après le
déclenchement de la
pandémie au Maroc, une loi
de finances rectificative, a
été adoptée avec comme
objectifs l’accompagnement
de la reprise progressive de
l’économie.
employeurs. Face à cette situation, les
autorités ont puisé dans les ressources
du Fonds covid-19 pour indemniser
les salariés ayant perdu leur emploi
ou se trouvant en cessation d’activité.
Une indemnité mensuelle de 2.000
DH leur est octroyée jusqu’à fin juin
2020. L’opération a concerné 132.000
entreprises sur les 216.000 affiliées à
la Caisse, et près de 900 000 salariés.
Ces derniers ont bénéficié également
du report du remboursement des
échéances des crédits de consommation
et de logement. Et l’Etat a pris en
charge intercalaires générés pour les
traites dont les montants ne dépassant
pas les 3.000 DH pour les crédits
logement et 1.500 DH pour les crédits
consommation, pour la période
s’étalant entre mars à juin 2020.
Des dispositifs de
relance
La Caisse Centrale de Garantie (CCG)
a annoncé à partir du 15 juin 2020, le
déploiement de deux nouveaux mécanismes
de garantie des crédits de
financement de la relance des activités
économiques remboursables sur une
durée de 7 ans, avec 2 ans de différé :
Damane Relance, TPE Relance. Selon
la CCG, les crédits garantis sont utilisables
jusqu’au 31/12/2020 et destinés,
à au moins 50% de leur montant, au
règlement des fournisseurs, afin de
favoriser un financement interentreprises
et chaque entreprise ne peut
bénéficier de ces mécanismes qu’une
seule fois. Selon les données de la
banque centrale, ces lignes de financement
ont bénéficié à près de 25.103
entreprises avec un montant engagé
de 30,3 MMDH et un montant décaissé
de 13,5 MMDH à fin octobre dernier.
Un pacte de
redémarrage
Au début du mois d’août, un Pacte
pour la relance économique et l’emploi,
ainsi que d’un Contrat-programme
2020-2022 pour la relance du tourisme
ont été signés. Ce Pacte qui comprend
des mesures transverses tenant compte
des spécificités de chaque secteur,
promet de redynamiser la machine
économique, tout en maintenant une
grande partie des emplois, mais également
d’œuvrer de manière à en créer
d’autres. Le secteur privé lui, s’est
engagé à préserver au moins 80% de
l’emploi. Pour la relance du secteur
touristique, un contrat programme
2020-2022 post-covid a été signé pour
la relance du tourisme. Une indemnité
forfaitaire de 2000 dirhams aux
salariés du secteur déclarés à la CNSS
a été octroyée jusqu’au 31 décembre
2020 avec une suspension du paiement
des charges sociales ainsi que le
délai de remboursement des découverts
obtenus dans le cadre de Daman
Oxygène au 31 décembre 2021. Les
salariés du secteur de l’événementiel
et les traiteurs sont aussi concernés
par l’octroi d’indemnités forfaitaires.
Une loi de finances
rectificative
22 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Quatre mois après le déclenchement
de la pandémie au Maroc, une loi de
finances rectificative, a été adoptée
avec comme objectifs l’accompagnement
de la reprise progressive de
l’économie, la préservation de l’emploi
et l’accélération de la mise en
œuvre des réformes de l’administration.
15MMDH ont été ainsi mobilisés
pour favoriser la relance de l’activité
économique et des mesures de soutien
favorisant le recours aux produits
locaux ont été prévues avec des révisions
à la hausse des droits d’importation
de certains produits finis. Afin
de soutenir l’accès des entreprises
au financement, cette loi a prévu une
réforme institutionnelle du système
national de garantie porté par la
Caisse Centrale de Garantie (CCG) en
la transformant en société anonyme.
Une kyrielle de
mesures fiscales
Pour la relance des secteurs économiques,
la loi de finances rectificative
a adopté une batterie de mesures fiscales
tels que l’étalement de certaines
dépenses liées à la pandémie du Coronavirus
‘‘Le Covid-19’’ sur cinq (5)
La loi de finances rectificative
a adopté une batterie de
mesures fiscales tels que
l’étalement de certaines
dépenses liées à la pandémie
du Coronavirus ‘‘Le Covid-19’’
sur cinq (5) exercices
exercices, le report des échéances des
mesures dérogatoires relatives à la
régularisation spontanée de la situation
fiscale des contribuables, la prorogation
des délais des conventions
relatives aux programmes de construction
de logements sociaux de six mois
pour les accords dont le délai expire
durant la période allant de la date du
début de l’état d’urgence sanitaire
jusqu’au 31 décembre 2020….D’autres
mesures spécifiques à l’impôt sur le
revenu (IR) et à la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA) comme l’encouragement
du paiement mobile à travers un abattement
de 25% sur la base imposable
correspondant au chiffre d’affaires réalisé
par les personnes susvisées via ce
mode de paiement et la réduction des
droits d’enregistrement applicables
aux acquisitions de biens immeubles
à usage d’habitation. Cette réduction
est accordée lorsque le montant de
la base imposable au titre des dites
acquisitions n’excède pas un million de
dirhams. La Loi de Finances pour l’année
2020 a instauré une mesure incitant
une large frange de la population
à régulariser leurs incidents de paiement,
non encore régularisés, pour les
chèques présentés au paiement au plus
tard à la date du 31 décembre 2019 et
ce, par le paiement d’une contribution
libératoire fixé à 1,5 % du montant du ou
des chèques impayés plafonné à 10.000
DH pour les personnes physiques
et à 50.000 DH pour les personnes
morales, quel que soit le nombre des
incidents de paiement non régularisés,
à condition que le règlement de cette
contribution intervienne en un seul
versement, au cours de l’année 2020✱
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 23
RETRO
2020
société |
sûreté nationale
Des performances
2020 record
24 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Chaque année, les chiffres
annoncés par la DGSN
sont impressionnants.
Ils sont le reflet d’une
société marocaine de son
temps dont les problèmes sociétaux ne
manquent pas de complication. C’est
ce qui se traduit, dans la vie de tous les
jours, par des actes répréhensibles par
la loi, avec différents niveaux de dangerosité.
Pour anticiper le plus possible
pour que de tels actes soient évités
ou pour interpeller ceux qui sont
déjà passés à l’action, des professionnels,
femmes et hommes, en uniforme
ou en civil, veillent de jour comme de
nuit, pour que la sécurité et la sûreté
de leurs concitoyens ainsi que de leurs
biens soient bien assurées.
C’est avec ce regard qu’il faut lire
attentivement les chiffres que vient de
publier la DGSN. Quand ils relatent,
par exemple, le nombre d’interpellation
de dangereux terroristes présumés,
il faut imaginer le travail de
longue haleine que nécessitent de
telles opérations et les risques, parfois
de mort, qu’elles font peser sur ceux
qui le mènent.
A titre indicatif, en 2020, 21 suspects
ont été présentés à la justice par la
police judiciaire dans des affaires de
terrorisme ou de radicalisation religieuse,
selon les chiffres de la DGSN.
D’autres opérations réussies, présentant
elles aussi de gros dangers ont
permis l’arrestation de 779 suspects
ayant commis des vols avec violence.
Ces coups de filets à haut risque ont
permis l’arrestation de 466 passeurs
de migrants clandestins soupçonnés
d’être liés à 123 réseaux criminels.
En matière de lutte contre le trafic de
drogue, pas moins de 97.564 individus
ont été arrêtés. Ce chiffre est en
diminution de 23% par rapport à 2019.
Les trafiquants ont été apparemment
dissuadés par l’intensification des
contrôles à travers tout le pays dans
le cadre des mesures exceptionnelles
mises en place pour contrer la propagation
de la Covid-19.
Ainsi, 133 kg de cocaïne ont été saisis,
soit -75% par rapport à l’année
passée. La même forte tendance à la
baisse a été relevée dans le trafic des
psychotropes. Le nombre de compri-
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 25
RETRO
2020
société |
més saisi a été de 476.923 dont 145.848
d’ecstasy. Introduits au Maroc depuis
des pays européens, ils ont connu une
baisse de 66% par rapport à 2019. Du
reste, 8 kg d’héroïne ont été saisis,
soit une quantité presque équivalente
à celle de l’année dernière.
En revanche, les saisies de haschich
ont explosé. La quantité totale des
saisies a avoisiné 217 tonnes et demi,
soit plus de 37% par rapport à 2019.
L’intensification des interventions
au niveau national, et principalement
dans les zones atlantiques et sud du
royaume, entre autres, explique ce
bond spectaculaire.
Faits marquants
Les services de la sûreté nationale
ont été d’une efficacité inégalée.
Cette année, le taux de réussite dans
la répression des crimes a avoisiné
Le confinement et l’état
d’urgence sanitaire ont
donné lieu à beaucoup plus
de vérification d’identité,
ce qui a aidé à interpeller de
nombreuses personnes qui
faisaient l’objet d’un mandat
d’arrêt.
96%. Un record. L’appui apporté par
la police technique et scientifique y
est pour beaucoup, selon la DGSN,
qui met aussi en exergue l’intensification
du travail de terrain notamment
par les unités mobiles et les brigades
antigang. On l’a vu, le patron de la
DGSN donne lui-même l’exemple en
privilégiant le travail de terrain. Les
Marocains ont pu le voir grâce à certains
clichés où il était aux côtés d’éléments
d’intervention du BCIJ alors
qu’ils démantelaient de dangereuses
cellules terroristes.
En plus de l’action efficace de proximité,
qui est désormais la règle chez
les services de police marocains, la
crise sanitaire a aussi contribué aux
résultats record obtenus. Le confinement
et l’état d’urgence sanitaire ont
donné lieu à beaucoup plus de vérification
d’identité, ce qui a aidé à interpeller
de nombreuses personnes qui
faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt,
explique la DGSN. Le nombre d’individus
arrêtés dans ce cadre a été de
117.494 arrêtées.
Par ailleurs, de nombreuses personnes
ont été interpelées pour avoir propagé
des Fake News ou vendu des masques
de protection sanitaire contrefaits.
26 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
S’y ajoutent des auteurs de délits ou
crimes liés aux nouvelles technologies
et au non-respect du confinement.
En somme, la criminalité a sensiblement
baissé au niveau national : -30%
par rapport à l’année passée en ce qui
concerne les affaires liées à l’atteinte
à la sécurité des biens, -4,72% des
atteintes à la sécurité des personnes
et -22% des crimes et délits économiques
et financier. Par conséquent,
le nombre de victimes d’actions criminelles
a diminué de 14%.
Autres indicateurs
révélateurs
n 851.343 affaires de répression de
crimes ont été enregistrées en 2020,
dont 817.259 ont été élucidés soit 33%
de taux de réussite de plus par rapport
à l’année passée.
n 300 individus ont été interpellés
Le taux de réussite dans
la répression des crimes a
avoisiné 96%. Un record.
L’appui apporté par la police
technique et scientifique y est
pour beaucoup.
dans des affaires de «sextorsion» via
internet dont ont été victimes 458 dont
107 de nationalités étrangères
n 231 personnes ont été interpellés
pour détournement ou dilapidation de
deniers publics et 250 personnes pour
falsification de monnaie qu’elles ont mise
en circulation.
n 968.967 contraventions ont été enregistrés
pour non-respect des mesures
exceptionnelles imposées pour contrer la
propagation de la crise sanitaire. Dans ce
registre, 196.972 personnes ont fait l’objet
d’enquête judiciaire et 408.705 masques
de protection sanitaire contrefaits ou
non conformes aux règles sanitaires en
vigueur ont été saisis. 248 personnes
soupçonnées de les avoir fabriqués ou
commercialisés ont été interpellés.
n 2020 a été marquée également par la
saisie de 1.383 litres de produits antibactériens
ayant été fabriqués à base de
matières douteuses et donc nuisibles à
la santé. Les 28 personnes soupçonnées
d’avoir proposé ces produits à la vente
ont été interpellées.
n Les 113 mandats d’arrêt retransmis
par le bureau d’Interpol à Rabat, faisant
écho à des mandats émis par Interpol
au niveau international, ont permis
l’arrestation de 29 individus qui étaient
activement recherchés au niveau international
✱
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 27
RETRO
2020
société |
Top et flop
de la gestion
de la crise
Covid-19
Face à une crise
sanitaire inédite aux
lourdes répercussions
sociales, économiques
et psychologiques, le
Maroc a eu ses grands
moments comme il
a eu ses moments de
doute et d’hésitation.
L’an 2020 a été une
véritable épreuve
pour le monde
entier. Le Maroc,
pour sa part, a pu la
surmonter tout en
essayant de s’en sortir
avec les moindres
dégâts.
Hayat Kamal Idrissi
Le Maroc, un modèle de
réactivité
Le Maroc a fait l’exception au niveau
régional et continental. Dès les premiers
débuts de la crise sanitaire liée
à la pandémie du Coronavirus, il a
su y faire face, prévenir ses retombées
tout en préservant le capital
humain. Une stratégie efficace et
rapidement élaborée avec une batterie
de mesures prescrites par le Souverain
ont ainsi permis au Maroc de
bien gérer la conjoncture ; tandis que
d’autres pays peinaient à se relever.
Dès les débuts de la crise sanitaire
liée à la pandémie du Coronavirus, le
Maroc, sous l’impulsion royale, s’est
distingué sur la scène internationale
par sa gestion de la situation et la
rapidité de sa riposte. Des mesures
drastiques qui ont permis à notre pays
d’affronter cette crise multidimensionnelle.
Le virus qui ne limite pas ses
LES TOP
attaques à l’organisme humain, s’est
avéré, en effet, très redoutable pour
les économies des pays touchés, pour
leur stabilité socio-économique, leur
système de santé et leur paix sociale.
Ne sous-estimant nullement la gravité
de la situation, le Maroc a entrepris des
mesures assez précoces pour contrer
l’invasion virale. Il a réussi à limiter
les dégâts et à retarder la propagation
de l’épidémie. La fermeture des frontières,
la fermeture des écoles, l’instauration
de l’Etat d’urgence, l’imposition
du confinement et du télétravail sont
autant de mesures préventives qui ont
limité la propagation pandémique.
Préserver le capital humain
Alors que d’autres pays, plutôt animés
par des motivations économiques et
financières, ont tardé à fermer leurs
frontières, le Maroc a décidé, avec
beaucoup de courage, de couper le
28 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
chemin à la pandémie. Le Maroc a été
ainsi l’un des premiers pays à bien
évaluer la gravité de la situation. Fermeture
des frontières et mobilisation
à tous les étages, de toutes les composantes
de l’Etat et de la société…
C’était la stratégie du Maroc pour se
protéger et surtout pour préserver
la sécurité sanitaire de ses citoyens.
Des initiatives courageuses largement
félicitées par la communauté internationale.
Le Maroc est d’ailleurs cité
en exemple partout dans le monde.
Les sages décisions du Souverain,
privilégiant la sauvegarde du capital
humain, ont valu au Maroc une reconnaissance
au niveau international.
Le facteur temps
Le Maroc peut se targuer de sa réactivité
et de la rapidité de sa riposte
anti-pandémie. Alors que beaucoup
de pays ont tardé à réagir pour
gérer Covid-19, le Maroc, lui s’en est
sorti plutôt bien. La pandémie qui
faisait des ravages en Italie a alerté
les autorités marocaines. Aussitôt,
les vols en provenance de l’Italie et
des pays les plus touchés étaient
contrôlés, puis suspendus carrément
avec la fermeture des frontières
lorsque le virus a envahi l’Europe.
Aussi, le Maroc n’a pas lésiné sur les
moyens pour équiper les nouvelles unités
hospitalières. En un temps record, le
nombre de lits de réanimation fut doublé
grâce au fonds Covid-19. La production
nationale de masques, de blouses
et les appareils a permis l’autonomie
du Maroc en cette période d’enchère
et de pénurie mondiale. Mieux encore,
des unités hospitalières et des hôpitaux
de terrain ont été montés et installés
en quelques jours pour soigner
le nombre grandissant des malades.
De leur côté, les
entreprises de
textile marocaines,
appuyées
par le ministère
de l’Industrie,
ont pu fabriquer
5 millions
de masques par
jour, respectant
les normes
internationales.
Les plus créatifs,
ont conçu
des appareils
respiratoires.
D’autres industriels se sont spécialisés
dans la désinfection par portiques
pour équiper les hôpitaux et
les établissements publics. Aussi,
les cours dispensés à distance et la
numérisation de l’enseignement ont
aidé le Maroc à maintenir son système
éducatif en marche malgré la pandémie
et à éviter une année blanche.
« Alors que d’autres pays,
plutôt animés par des
motivations économiques
et financières, ont tardé
à fermer leurs frontières,
le Maroc a décidé, avec
beaucoup de courage,
de couper le chemin à la
pandémie»
Fonds d’aide et réformes
En véritable leader visionnaire, le Roi
Mohammed VI n’a pas tardé à initier
des réformes en matière d’infrastructures
et d’amélioration des services sectoriels.
Que ça soit dans le domaine de
la Santé, de la sécurité,
de l’économie ou dans
la protection sociale.
Alors que le Maroc
enregistrait à peine
quelques cas de contamination,
un plan
d’action a été établi
pour mettre à niveau
le système sanitaire,
immuniser l’économie
et protéger l’ordre
et la cohésion sociale.
La création du Fonds
Covid-19, sur hautes instructions
royales, mobilise toutes les forces
vives du pays. Un élan de solidarité
nationale à tous les niveaux alimentera
ce fonds doté d’une capacité de 3%
du PIB. Institutions publiques, entreprises
privées, société civile, syndicats,
fonctionnaires, employés, simples
citoyens… tous ont contribué à cette
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 29
RETRO
2020
Confinement à deux
vitesses
Expérience inédite pour les Marocains,
le confinement a été éprouvant à plus
d’un titre. Malgré les restrictions de
l’Etat d’urgence, les conditions du
couvre-feu nocturne, la limitation
des déplacements… la majorité des
citoyens se sont pliés volontiers aux
instructions en respectant les différentes
mesures préventives instaurées
depuis mars 2020. Pourtant, ce n’était
pas le cas pour tout le monde ! La toile
et les réseaux sociaux ont été envahis
par des vidéos et des photos de quartiers
entiers hors contrôle où les habisociété
|
caisse. Objectif ? Soutenir et offrir des
aides financières aux ménages fragilisés
par la crise et ayant perdu leurs
revenus à cause de l’état d’urgence
sanitaire. Qu’ils soient des travailleurs
du secteur formel ou informel,
issus des zones urbaines ou rurales,
ces citoyens éprouvés économiquement
par la crise ont pu bénéficier de
l’aide de l’Etat. Une enveloppe globale
de près de 4,2 milliards de dirhams
(MDH) a été dédié à cette grande
opération de solidarité nationale.
Au chevet de l’économie
nationale
Plusieurs mesures ont été instaurées,
en parallèle, pour soutenir l’économie
nationale et rassurer le tissu économique.
Profondément touchée par la
crise et ses lourdes répercussions sur
la production, l’approvisionnement, la
distribution et surtout sur le pouvoir
d’achat… l’économie nationale avec ses
différents secteurs n’a pas échappé au
marasme pandémique. Pour la soutenir
dans cette épreuve, une pile de
mesures ont été mises en place comme
le report d’échéances de crédit et de leasing,
le chômage partiel, le report des
déclarations et paiement de l’impôt,
le report de paiement des cotisations
sociales et la mise en place de lignes
de crédit avec une garantie de l’Etat.
Tests : Au top 30 mondial
Malgré un démarrage assez timide, le
Maroc s’est considérablement rattrapé
en termes de dépistage Covid-19. Avec
près de 25.000 tests par jour depuis
le début du mois de septembre 2020,
notre pays a fait son entrée au top 30
mondial des nations ayant fourni le
plus d’efforts en la matière de dépistage.
En septembre, le Maroc compte
près de 2,1 millions de diagnostics effectués
depuis le 02 mars 2020. Une belle
performance qui place le Maroc à pieds
d’égalité avec la Corée du Sud, l’un des
pays à l’avance en matière de fabrication
de tests du Covid-19. Devançant de
loin des pays européens tels l’Ukraine,
les Pays-Bas, la Roumanie, la Suède
et l’Autriche, le Maroc fait partie des
deux seules nations africaines figurant
sur ce top 30 avec l’Afrique du Sud.
LES FLOP
Solidarité Sud-Sud
En pleine crise sanitaire, le Maroc n’a
pas oublié de mener des actions humanitaires
au niveau continental. L’initiative
royale d’offrir une aide médicale à
une quinzaine de pays africains pour
lutter contre la pandémie, a été une
belle démonstration de la solidarité
Sud-Sud. Tandis que de grands pays
peinent à affronter la pandémie et que
la crise favorise les attitudes « égoïstes
», le Souverain n’a pas oublié ses voisins
africains Le 14 juin 2020, l’aéroport
Mohamed V a vu le début d’une large
opération d’envoi d’aides en Afrique.
Etalée sur quatre jours et mobilisant
huit avions de la RAM, cette action
humanitaire consiste en effet à livrer,
à une quinzaine de pays subsahariens,
plusieurs millions de masques,
d’équipements sanitaires et surtout
des traitements et des médicaments.
Au total, 90.000 boîtes de chloroquine
et d’azithromycine made in
Morocco. Une aide précieuse en ces
temps de crise sanitaire mondiale.
« En pleine crise sanitaire,
le Maroc n’a pas oublié
de mener des actions
humanitaires au niveau
continental ».
30 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
tants menaient tranquillement leur
train de vie habituel comme si de rien
n’était. Un laisser aller qui a engendré
un sentiment d’injustice, de colère et
d’inquiétude parmi les citoyens respectant
méticuleusement le confinement.
Les médias s’en sont emparés
également en dénonçant ce confinement
à deux vitesses et en le relatant
en son et en image. Malgré la réactivité
des autorités, cette situation a laissé un
arrière gout bien amer chez ceux qui
ont respecté à la lettre les consignes et
n’ont jamais quitté leurs domiciles.
Aid Al Adha,
la bourde
Beaucoup d’observateurs
considèrent que la fête
Al Adha a été un point d’inflexion
dans l’évolution de
la situation pandémique dans
notre pays. Après des semaines
de flou et d’incertitude par rapport
à la célébration ou non de cette fête,
elle a été autorisée finalement. Une
bonne nouvelle pour les éleveurs
qui croulaient sous le poids
de la sécheresse mais aussi
pour beaucoup de citoyens
désireux de surmonter
l’épreuve du Covid-19 en
fêtant cette occasion
si spéciale pour beaucoup
de marocains.
Sauf que ce n’était pas
peut être une bonne
idée ! Malgré l’interdiction
à partir du lundi
27 juillet des déplacements
de et vers huit
grandes villes dont
Casablanca, Marrakech,
Fès et Tanger, la
situation va dégénérer
quelques jours après
les fêtes. Le ministère
de la santé n’a d’ailleurs
pas exclu, et bien avant, une hausse
des cas de contamination au Coronavirus
après les célébrations de l’Aid Al
Adha, « à cause des déplacements, des
visites et des rassemblements que cela
implique ». Et pourtant on n’a pas eu
le courage d’annuler sa célébration et
d’éviter par la même occasion l’explosion
des contaminations que le Maroc
a enregistrée au lendemain de laid.
Aujourd’hui encore on paie les pots
cassés de cette « mauvaise décision ».
Les décisions
de dimanche soir
Objet de dérision sur les réseaux
sociaux mais surtout de colère… les
grandes décisions qui ne tombaient
que les dimanches soirs, à une heure
tardive alors que beaucoup de
citoyens dormaient déjà.
«Malgré l’interdiction à
partir du lundi 27 juillet des
déplacements de et vers
huit grandes villes dont
Casablanca, Marrakech,
Fès et Tanger, la situation va
dégénérer quelques jours
après les fêtes...»
Prolongation du confinement,
fermeture de
villes, interdiction
de
déplacements,
annonces d’annulation
d’examens ou de
vacances, adoption de
nouvelles mesures… tout
y passe ! Des annonces qui
ont causé parfois désarroi et
cacophonie.
L’exemple le
plus éloquent
reste l’annonce
de l’interdiction
de déplacement
de et vers huit
grandes villes
un dimanche, à
quelques jours
de la fête de
Aid Al Adha.
Une décision
communiquée
à la dernière
minute qui
a provoqué un phénoménal ras de
marrée sur les autoroutes du pays.
Une ruée dangereuse qui a causé
des bouchons, des accidents et des
décès d’innocentes personnes happées
dans la panique générale.
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
31
RETRO
2020
société |
e-Learning, l’égalité
des chances sapée
Imposé par la crise sanitaire liée à la
pandémie du Covid-19, le e-learning
affiche un bilan mi figue-mi raisin. A
peine déclenchée au Maroc, la crise
sanitaire entrainera la fermeture des
établissements scolaires et universitaires.
L’Etat prend cette tranchante
décision dès le mois de mars 2020, en
imposant l’enseignement à distance
à des milliers d’élèves et d’étudiants.
Pour compenser, des outils ont été mis
ainsi à leur disposition par le ministère
de tutelle: Classes virtuelles via
des plateformes numériques, interfaces
interactives, diffusion de cours
en ligne et sur des masses médias ( Les
chaînes TV telles Arrabiaa, Attaqafia
et Laâyoune). Tout un dispositif
qui ambitionnait de « compenser »
l’enseignement en présentiel. Mais
a-t-on pour autant atteint cet objectif ?
Si le bilan du ministère sont plutôt
satisfaisants avec plus de 725.000
classes virtuelles tous types d’enseignement
confondus, 95% du parcours
scolaire dématérialisé et un taux d’adhésion
des élèves de
70%, il n’en est pas
pour autant parfait.
La formation à distance
n’a pas réussi
à remplacer les
études en présentiel.
En effet, 61,5%
des enseignants
estiment que l’enseignement
à distance
n’a pas réussi
à remplacer le présentiel
tandis que
57% des étudiants
ne souhaitent pas renouveler l’expérience
à l’avenir. Seulement deux étudiants
sur 10 se disent satisfaits de leur
expérience en cette période de confinement.
Autre chiffre significatif : 80% des
« En effet, 61,5% des
enseignants estiment que
l’enseignement à distance
n’a pas réussi à remplacer le
présentiel tandis que 57%
des étudiants ne souhaitent
pas renouveler l’expérience
à l’avenir ».
parents ont opté pour le présentiel pour
cette année scolaire 2020/2021. Chiffre
surprenant qui a été annoncé par
Amzazi, la veille du dernier délai fixé
pour choisir le mode
d’enseignement des
élèves marocains.
Les acteurs de la
société civile, eux,
dénoncent l’égalité
des chances sapée
par le distanciel. Le
manque de moyens,
l’indisponibilité du
matériel technique,
l’absence de réseau
de télécommunication
et parfois même
de l’électricité sont
autant de facteurs qui ont privé des
milliers d’élèves issus de zones reculées
de suivre « normalement » leur cours
à distance. Le e-earning aurait ainsi
creusé davantage les écarts sociaux k
32 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Campagne de vaccination,
une note d’espoir
Au bout d’une année éprouvante placée sous le signe de la lutte
anti-Covid-19, une éclaircie se profile à l’horizon avec la plus grande
campagne de vaccination de l’histoire du Maroc. Hayat Kamal Idrissi
Fidèle à sa stratégie défensive
face au Coronavirus, le
Maroc n’a pas hésité à renforcer
son immunité en commandant,
parmi les premiers
pays au monde, le vaccin anti-Covid-19.
Au bout de neuf mois de lutte acharnée,
la campagne nationale de vaccination
est une véritable réponse à la pandémie.
Son objectif : Atteindre un taux
de couverture d’au moins 80%, nécessaire
pour assurer l’immunité collective
et progresser vers un retour à la
vie normale.
12 semaines, 2 temps
Dans l’attente de la réception des premières
doses du vaccin anti-Covid19,
les autorités redoublent d’efforts pour
préparer, sur plusieurs niveaux et plus
d’un titre, le lancement de l’opération
de vaccination la plus importante
de l’histoire de notre pays. La
campagne s’étalera ainsi
sur 12 semaines à un rythme de 6 jours
de travail sur sept et quatre périodes
de 21 jours ; soit une moyenne de 150 à
200 vaccinations par jour pour chaque
membre du personnel de santé mobilisé.
Un système de permanence sera
mis en place afin d’assurer
le fonctionnement normal
des autres services
de santé.
Donnant la
priorité aux
professionnels
de la
santé, aux
enseignants,
a u x
personnes
âgées et celles souffrant des
maladies chroniques, l’opération se
déroulera dans 2.880 stations de vaccination
équipée spécialement pour
l’occasion. Des commissions centrales
ont été d’ailleurs installées pour préparer
l’ensemble des documents
et plans ainsi que les
outils nécessaires
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 33
société |
Essais rassurants
Rappelons que la vaccination anti-Covid19
est prévue en deux temps, soit
deux doses séparées de 21 jours. Elle
concernera les citoyens de plus de 18
ans selon un calendrier vaccinal en
deux injections. Après les personnes
prioritaires, la vaccination touchera le
reste de la population pour atteindre au
final un taux de couverture vaccinale de
près de 80% de la population.
Rassurant les plus craintifs, le
ministre de la santé Khalid Ait Taleb
a affirmé auparavant, devant une
commission parlementaire, que les
Opération informatisée
A noter que pour assurer la gestion
de cette campagne nationale, un système
informatique a été adopté pour
permettre l’inscription préalable et
la prise de rendez-vous. L’inscription
sera automatique pour les porteurs de
la carte d’identité nationale ou du titre
de résidence.
Toutes les autres personnes sont appelées
à s’inscrire auprès des autorités locales
de leur lieu de résidence pour bénéficier
de la vaccination qui repose sur la gratuité,
la transparence, la solidarité et le
volontariat. Après inscription et prise
« Au bout de neuf mois
de lutte acharnée, la
campagne nationale
de vaccination est une
véritable réponse à la
pandémie»
pour la mise en œuvre de cette stratégie
nationale. D’autres commissions se
chargeront de la communication pour
une mobilisation massive, du suivi et
de l’évaluation pour préparer un plan
d’inscription des bénéficiaires et de
suivre leur état de santé durant et après
la vaccination.
34 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
essais cliniques du vaccin chinois
n’ont pas encore enregistré d’effets
secondaires graves, mais uniquement
des effets secondaires locaux, tels que
les douleurs au point d’injection,
l’éruption cutanée, les maux de tête
et la fatigue.
de rendez-vos, un SMS sera envoyé aux
personnes concernées via le numéro 1717
pour les informer de la date et du centre de
vaccination. Pour l’encadrement de cette
importante opération, un total de 25.631
personnels médicaux seront mobilisés,
dont plus de 11.000 en milieu urbain k
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 35
RETRO
2020
Culture
Les 4 faits marquants
de 2020
Kawtar Firdaous
Mode Yves Saint Laurent défile
dans le désert marocain
Après le défilé grandiose Dior Croisière au Palais Badi à
Marrakech (2019), c’est au tour d’Yves Saint Laurent de
présenter sa nouvelle collection printemps 2021 au milieu
des dunes de sable, un décor naturel aux allures d’infini.
Diffusée en première vers la mi-décembre, la vidéo du
défilé « Wish you were here » (Si seulement tu étais là) qui a
eu lieu dans le Sahara marocain se déroulait au milieu de
dunes de sable en pente qui s’étendaient à perte de vue.
Les mannequins marchaient en file indienne. Très à l’aise
sur ce tapis sablonneux, Anja Rubik, la muse éternelle du
directeur artistique Anthony Vaccarello, portait même
des talons. « J’ai eu envie de me concentrer sur l’essentiel, vu
l’époque actuelle. Par contre, je voulais rester positif, sans lourdeur.
Le décor de désert évoque pour moi ce besoin de sérénité,
d’espace, de rythme moins effréné. Les vêtements sont aussi
plus souples, il y a un état d’esprit apaisé dans cette collection »,
explique Anthony Vaccarello. C’était le deuxième spectacle
du styliste belge cette année à se dérouler dans un décor
sablonneux. Le premier, qui a eu lieu avant la pandémie,
évoquait les déserts d’Afrique du Nord.
« Kings and Queens » d’Ava Max et
RedOne. Meilleur single de 2020
Produit par RedOne, le single “Kings and Queens”
d’Ava Max, extrait de son premier album Heaven and
Hell et sorti en pleine crise du Covid-19, a figuré en
tête de liste du Box-Office dans plusieurs pays, sept
mois après sa sortie. Le vidéoclip a été visionné par
plus de 112 millions de fans.
Le producteur maroco-suédois RedOne ne s’est pas
trompé et a eu raison de miser sur la chanteuse américaine
aux origines albanaises. Plusieurs personnes
voient d’ailleurs en elle une grande ressemblance
avec Lady Gaga, qui a elle aussi collaboré avec l’artiste
prodige.
Réalisé par Isaac Rentz et écrit par Max, Brett
McLaughlin, Desmond Child, Hillary Bernstein, Jakke
Erixon, Madison Love, Mimoza Blinsson, le clip sur
l’autonomisation des femmes -et inspiré de Game of
Thrones-, a bien été accueilli par les critiques qui ont
félicité la qualité de la production, la pertinence des
paroles et le son électrique de la guitare.
La chanson a été classée première en Israël et au Top
10 en Ecosse, Suisse, Norvège, République Tchèque et
Belgique. Elle figure également sur le “Billboard Hot
100” aux Etats Unis, où elle a atteint la 32ème place.
36 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Musée Mohammed VI
Première exposition en hommage
à Jilali Gharbaoui
Le musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain
a présenté pour la première fois (23 septembre au 8 février
2021), une exposition événement en hommage à Jilali
Gharbaoui, précurseur de l’abstraction lyrique et gestuelle
et l’un des fondateurs de la modernité artistique au Maroc.
L’exposition “Gharbaoui : L’envol des racines” réunit
plus de 70 oeuvres retraçant la carrière prolifique de
l’artiste, qui puise ses racines dans l’ambiance artistique
des années 50 et 60. Elle est enrichie par une chronologie
retraçant la vie du peintre, parti très jeune à l’âge de 41
ans (1971), et d’une documentation issue de la vie artistique
et personnelle du peintre, notamment des archives
de presse, des catalogues, ses dessins d’expositions, des
projets de livre et des notes.
N é en 1930 à Jorf El Melha dans la région de Sidi Kacem,
Jilali Gharbaoui est décédé à Paris en 1971. Placé dans
un orphelinat à l’enfance puis livré à lui-même à l’adolescence,
Gharbaoui sera un homme “seul”, en quête de
lumière et de liberté.
Oscars 2021
« Le Miracle du Saint Inconnu »
représente le Maroc
Le premier long métrage de Alaa Eddine Aljem « Le Miracle
du Saint Inconnu » a été choisi pour représenter le Maroc
dans la présélection des Oscars 2021, dans la section Meilleur
film international, annonce le Centre cinématographique
marocain (CCM).
Présenté en sélection officielle à la 18ème édition du festival
du film international de Marrakech (FIFM), le film a été
primé à plusieurs reprises à l’international, notamment à la
64e Semaine internationale du cinéma de Valladolid, à l’Open
Doors Lab de Locarno en Italie, ainsi qu’au Screenwriters’ Lab
du Sundance Institute et à La Fabrique des cinémas du monde
à Cannes.
Le film raconte l’histoire d’un jeune homme, Amine, qui se
cache dans les collines pour tenter d’échapper à la police après
avoir volé une importante somme d’argent. Le jeune voleur a
réussi à enterrer son butin au beau milieu du désert, un lieu
qu’il fait passer pour une tombe avant de se faire arrêter. Libéré
de prison de nombreuses années après, il revient sur place
pour récupérer “son butin”, avant de découvrir que l’aride
colline est devenue un lieu de culte où les pèlerins se pressent
pour célébrer un saint qui y serait enterré.
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 37
RETRO
2020
Culture
Après « L’Orchestre de minuit » (2015) et « The 16th épisode » (2019), le réalisateur
franco-marocain Jérôme Cohen Olivar revient avec un nouveau projet personnel
« Autisto », fruit de la première co-production cinématographique entre le Maroc,
Israël et les Etats-Unis. Entretien réalisé par Kawtar Firdaous
Jérôme Cohen OLivar
« L’amour est la plus belle
des religions »
L’Observateur du Maroc et
d’Afrique: Votre prochain film
s’appelle « Autisto ». De quoi
s’agit-il ?
Jérôme Cohen OLivar : C’est
l’histoire d’une femme juive qui vit à
Te Aviv et qui a un enfant autiste et
épileptique. Cette maman mène une
vie effrénée pour pouvoir joindre les
deux bouts et subvenir aux besoins
de son enfant. Un jour, l’état de ce
dernier se dégrade, il tombe par terre
et se retrouve à l’hôpital après une
crise d’épilepsie… C’est un peu le
bout du rouleau, elle est confrontée
à l’inévitable et refuse de mettre son
enfant dans un centre. A l’hôpital,
elle rencontre une dame qui lui
conseille d’aller visiter un saint qui
fait des miracles au Maroc, Rabbi
Haïm Pinto, à Essaouira, puisqu’il l’a
guéri de son cancer. Bien qu’elle soit
sceptique, elle y va quand même y
aller et se retrouve sur la tombe de ce
38 L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
saint, sauf que ce n’est pas ce
dernier qui va sauver le petit !
Vous ne croyez pas aux
miracles des saints ?
Je crois en l’Homme avant de
croire au Religieux, avant de
croire en ce que l’Homme a
fabriqué. Et pour moi, l’amour
est la plus belle des religions.
C’est peut-être puéril de dire
cela mais je ne trouve pas
d’autres mots pour exprimer ce
que je ressens.
Votre enfant est autiste.
C’est un thème qui vous tient
à cœur ?
Absolument. Ça faisait très
longtemps que mes amis,
mes proches me demandaient
d’écrire une histoire sur
l’autisme ? J’e n’avais ni le
courage ni l’envie ni l’angle.
Des fois, le destin fait bien les
choses, certains événements
se sont produits petit à petit et ça
a commencé à m’envahir, jusqu’au
moment, comme pour tous mes
projets, je n’ai plus le choix que de
les accoucher sur du papier. Et à
partir de là, ça devient une véritable
urgence, une envie qui vous ronge de
l’intérieur jusqu’à ce que le projet se
concrétise.
Quelle est la part autobiographique
dans ce film ?
Je pense que c’est film personnel, tout
comme « L’orchestre de minuit ».
C’est tiré de faits qui me sont proches
; je ne parlerais pas d’autobiographie,
mais plutôt d’inspiration qui vient
de mon propre vécu, car il y a des
choses qu’on écrit et qui jaillissent de
notre subconscient et qu’on finit par
transmettre : ça peut être des peurs,
des envies, … C’est un film personnel
mais c’est aussi un film pour le
public, un film pour ces femmes qui
ont des enfants autistes ou avec un
handicap et qui se battent tous les
jours et qui crient leur détresse sur
les réseaux sociaux. Et moi, ces cris
me transpercent. Ce film, je le fais
aussi pour ces femmes.
Sur Facebook, vous avez annoncé
le projet en parlant de « rêve qui se
concrétise » ?
Oui, c’est le rêve du rapprochement
entre le Maroc et Israël, qui pour ma
part, était inévitable. J’avais peur de
ne pas être au rendez-vous, peur de
quitter cette planète avant que ça ne
se concrétise. Je suis rempli de joie et
d’espoir et je suis plus déterminé que
jamais d’aller de l’avant, pour foncer
et dire ouvertement ce que je pense.
Ces deux peuples sont là, se côtoient,
ont des unions sans qu’elles ne
soient légitimées, et cette nouvelle
ère, ce n’est finalement que donner
la permission à deux peuples qui
s’aiment de pouvoir entretenir des
relations sans avoir à se cacher.
Ça rejoint un peu mon film «
L’Orchestre de minuit », dans une
scène au début où le protagoniste
dit que « son père est arrivé la veille
d’Israël, via Istanbul », et ce stop
à Istanbul c’est la symbolique de
tout ce problème. Aujourd’hui, il
n’y aura plus besoin de stop pour
venir au Maroc, c’est énorme
! Certes, le Maroc a toujours
entretenu des relations avec
Israël et vice-versa mais le fait
de ne plus avoir à se cacher, de
pouvoir célébrer cette union et
cet amour qui existe entre les
deux peuples de façon légitime,
c’est extraordinaire !
Le tournage va se faire dans
plusieurs pays ?
Oui, les 2/3 du film se feront
au Maroc, à Essaouira. La
première partie sera tournée
à Tel Aviv et on aura une
semaine à New York. Le
tournage du film débutera dès
que la situation sanitaire le
permettra.
Et par rapport au casting ?
Je ne fais jamais de pronostic à
l’avance, parce que les choses
évoluent. En tout cas, ça sera de
grands acteurs, pour la mère j’ai des
idées, elle sera israélienne avec peutêtre
des racines marocaines, …Vous
savez, en Israël, chaque fois qu’on
prend un chemin, on se retrouve au
Maroc, c’est un melting pot mais il y
a aussi un énorme patrimoine nordafricain,
et surtout marocain. Le petit
aura l’âge de la puberté, entre 12 et 13
ans, tout comme mon fils d’ailleurs.
Peut-on avoir une idée sur
le budget ?
Vous savez, parler de budget, c’est
un peu réducteur pour le moment,
parce que ça dépend des acteurs,
de la configuration du projet…mais
généralement pour ce genre de
projet, la moyenne varie entre 4 ou
5 millions d’euros. Pour l’instant, on
n’a pas de budget fixe, j’ai toujours
des partenaires qui souhaitent se
joindre aux films.
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur 39
RETRO
2020
Culture
Sur Facebook, vous avez évoqué
également « un cinéma sans
frontière »
C’est extraordinaire parce que je
pense que les Israéliens ont beaucoup
à apprendre de nous, autant qu’on
a à apprendre d’eux. Au niveau
artistique et cinématographiques, ce
sont des échanges qui vont permettre
pour nous d’évoluer, car on a
tellement à offrir au Maroc : on a une
telle sensibilité, on sait raconter des
histoires, on a d’énormes talents, on
a une histoire, une culture, …Israël a
une grande technicité, c’est aussi un
pays tout jeune, le peuple israélien
croque la vie, les jeunes ont une réelle
envie de découvrir leurs racines au
Maroc, et c’est valable aussi pour
ceux qui ne sont pas forcément
d’origine marocaine. On dit souvent
qu’il y a 1 million d’israéliens
d’origine marocaine en Israël, je
pense qu’ils sont 3 ou 4 millions si
on inclut la 2e et la 3e génération.
Ces jeunes qui ont leurs parents ou
grands parents qui sont nés au Maroc
ont la même soif de venir et découvrir
Autisto est un film pour
ces mères d’enfants
autistes qui se battent
tous les jours et qui
crient leur détresse sur
les réseaux sociaux.
ce pays, si ce n’est plus que les
personnes de 1ère génération. C’est
une sorte de tsunami qui arrive dans
le bon sens, je pense qu’il va falloir
être intelligent pour que ça dure et ne
pas être pollué par certains mauvais
esprits.
Que signifie pour vous la signature
de cette première co-production
cinématographique maroco-israélomarocaine
?
C’est une grande réussite. Vous
savez, dans « L’Orchestre de minuit »,
le protagoniste repart en Israël à la
fin, et c’était pour moi quelque chose
de douloureux d’écrire parce que tu
es obligé d’être plausible. Et le fait de
pouvoir dire que les choses vont aller
dans l’autre sens, qu’il est possible
désormais pour les israéliens de
venir chercher des solutions et de
l’amour au Maroc, pour moi, c’est
extraordinaire, ça me remplit de
bonheur !
Pensez-vous que l’Art peut changer
les choses là où les politiques
échouent ?
Absolument, je suis persuadé que
l’Art a ce pouvoir de fédérer les gens
et ce, quel que soit leur religion ou
leur race. La politique a toujours
échoué, elle ne dure qu’un moment
donné, les présidents et premiers
ministres changent, la politique
évolue, ce qui ne change pas, c’est le
désir des gens à vivre en paix et en
harmonie.
Après « Kandisha », vous avez
réalisé un autre film d’horreur « The
16th épisode » qui est sorti en 2019
baux USA. Pourquoi cette attirance
pour ce genre cinématographique ?
J’adore l’horreur et je continuerais
toujours à en faire, c’est un genre qui
me distrait et qui est complètement
en opposition avec mes projets
personnels. C’est un besoin viscéral
chez moi de réaliser des films
d’horreur. Je trouve que ça véhicule
aussi des sentiments, comme la peur,
les phobies… J’ai toujours essayé
à travers mes films de donner de
l’amour, de la joie, de la peur…j’aime
faire peur, faire rire, c’est presque
vital pour moi, c’est comme un 2ème
exercice.
La peur me permet d’exorciser mes
démons, mes phobies…c’est presque
thérapeutique.
Le film a été une véritable réussite
commerciale aux USA. Il sortira
bientôt au Maroc quand la situation
sanitaire le permettra ✱
40L’Observateur Du 1er au 07 janvier 2021
Du 1er au 07 janvier 2021 L’Observateur
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