MOHAMMED VI : LA DIPLOMATIE GAGNANTE
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Du 18 au 24 décembre 2020
mohammed vi
la Diplomatie
gagnante
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
1
2 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
mohammed vi
la Diplomatie
gagnante
Le Maroc est en train
de vivre une phase
déterminante de son
Histoire dont les jalons
ont été patiemment
posés, l’un après l’autre,
par le Souverain. Le
tournant historique et
décisif qui en découle
ouvre de nouvelles
perspectives au
Royaume et donc à ses
citoyens ainsi qu’à tous
les partenaires du pays
dans le continent et
dans le monde.
Mohammed Zainabi
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
3
D’ordinaire, la nuit porte
conseil. Le 10 décembre,
elle a été plutôt porteuse
de bonnes nouvelles.
Coup sur coup, le Cabinet
royal avait annoncé
dans un communiqué en début de cette
longue nuit-là la reconnaissance officielle
par les États-Unis de la souveraineté
pleine et entière du Maroc sur son
Sahara en même temps que le Président
américain Donald Trump révélait via
un double tweet cette décision. En rapportant
la teneur de l’échange qui a eu
lieu à ce propos entre le Souverain et le
chef d’État américain, le Cabinet royal
rapporte que le Président américain
a informé le Roi Mohammed VI de la
décision de son pays d’ouvrir un consulat
général à Dakhla. Il y avait déjà de
quoi perdre son sommeil, de joie pour le
Marocain et pour d’autres raisons pour
les ennemis du Royaume. Mais, ce n’était
pas tout.
Dans le même communiqué annonce a
été faite de la reprise des relations entre
le Maroc et Israël dans le strict respect
de la cause palestinienne. D’ailleurs, en
début de la même longue et si palpitante
nuit, le Souverain avait appelé Mahmoud
Abbas et lui a tout dit à propos
de la décision américaine vis-à-vis de la
marocanité du Sahara et de la décision
marocaine sur la reprise des contacts
officiels avec Israël. Dans les deux cas,
c’est la paix qui est le principal et ultime
objectif.
Sans surprise, la plupart des Marocains
ont sauté de joie en apprenant ces
bonnes nouvelles. Et sans surprise aussi,
certains ultra-conservateurs nationaux
et étrangers ont ressortis leurs slogans
désuets pour verser les uns dans un
anti-américanisme dépassé, les autres
pour jouer aux défenseurs de la cause
palestinienne. Or, en parlant à la place
des Palestiniens sans que ses derniers ne
les y autorisent, ils en sont les pires ennemis.
D’autres encore, surtout des voisins
galonnés et des militarisés d’esprit, se
voyant dépassés par les évènements et
se trouvant de ce fait plus enragés que
jamais, ont noyé leur «anti-marocanisme»
primaire dans un inadmissible
antisémitisme. Une fois encore, ils n’ont
fait que se tirer de nouvelles balles dans
le pieds.
lobservateur.info invite tous ceux qui
crient sans même savoir pourquoi à lire
ces extraits du communiqué du Cabinet
royal pour bien comprendre ce qu’il
s’était passé en début de cette nuit historique
du 10 au 11 décembre 2020.
8 Au cours de l’entretien téléphonique
entre le Souverain et le président américain,
Trump a informé le Roi Mohammed
VI de la promulgation d’un décret
présidentiel, avec ce que cet acte comporte
comme force juridique et politique
indéniable et à effet immédiat, portant
sur la décision des États-Unis d’Amérique
de reconnaitre, pour la première
fois de leur histoire, la pleine souveraineté
du Royaume du Maroc sur l’ensemble
de la région du Sahara Marocain.
8 Dans ce cadre, et à titre de première
concrétisation de leur initiative souveraine
de haute importance, les États-
Unis d’Amérique ont décidé l’ouverture
d’un consulat à Dakhla, à vocation essentiellement
économique, en vue d’encourager
les investissements américains et
la contribution au développement économique
et social, au profit notamment
des habitants des provinces du Sud.
8 Au cours du même entretien, le Roi
Mohammed VI et le Président américain
ont échangé sur la situation actuelle dans
la région du Moyen-Orient. À cet égard,
le Souverain a évoqué les positions
constantes et équilibrées du Royaume
du Maroc au sujet de la question palestinienne,
soulignant que le Maroc soutient
une solution fondée sur deux États
vivant côte à côte dans la paix et la séculobservateur.info
invite
tous ceux qui crient, sans
même savoir pourquoi,
à lire ces extraits
du communiqué du
Cabinet royal pour bien
comprendre ce qu’il s’était
passé en début de cette
nuit historique du 10 au 11
décembre 2020.
rité, et que les négociations entre les
parties palestinienne et israélienne
restent le seul moyen de parvenir à un
règlement définitif, durable et global de
ce conflit.
8 En sa qualité de Président du
Comité Al-Qods, émanant de l’Organisation
de la Coopération Islamique,
Sa Majesté le Roi a souligné la nécessité
de préserver le statut spécial de cette
ville. Le Souverain a également insisté
sur le respect de la liberté de pratiquer
les rites religieux pour les adeptes des
trois religions monothéistes, ainsi que
sur le respect du cachet musulman
d’Al-Dosq Acharif et de la mosquée
Al-Aqsa, conformément à l’appel d’Al-
Qods/Jérusalem signé par Sa Majesté
le Roi, Commandeur des Croyants, et
Sa Sainteté le Pape François, lors de la
visite de Sa Sainteté à Rabat le 30 mars
2019.
8Eu égard au rôle historique que le
Maroc a toujours joué dans le rapprochement
des peuples de la région et
dans la promotion de la paix et de la
stabilité au Moyen-Orient, et compte
tenu des liens spéciaux qui unissent
la communauté juive d’origine marocaine,
y compris en Israël, à la personne
de Sa Majesté le Roi, le Souverain
a informé le Président américain
que le Maroc entend :
4Accorder les autorisations de vols
directs pour le transport des membres
de la communauté juive marocaine et
des touristes israéliens en provenance
et à destination du Maroc ;
4 Reprendre les contacts officiels avec
les vis-à-vis et les relations diplomatiques
dans les meilleures délais.
4 Promouvoir des relations innovantes
dans les domaines économique
et technologique dont, à cet effet,
œuvrer à la réouverture des bureaux
de liaison dans les deux pays, comme
cela fut le cas antérieurement et pendant
plusieurs années jusqu’en 2002.
8Le Roi a souligné que ces mesures
n’affectaient en aucune manière l’engagement
permanent et soutenu du
Maroc en faveur de la cause palestinienne
juste et sa détermination à
continuer à contribuer efficacement
et de manière constructive à une paix
juste et durable au Moyen-Orient ✱
4 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
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ENTRETIEN
Proclamation US et reprise des relations avec Israël
Nasser Bourita décortique le double
« tournant historique »
5 Nasser Bourita répondant aux questions de notre collègue Ridoaune Erramdani à Laâyoune.
Dans une interview exclusive accordée au groupe Medradio-L’Observateur du Maroc au
lendemain de la reconnaissance officielle par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur son
Sahara, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant
à l’étranger détaille les apports concrets de cette décision historique.
Répondant à toutes les questions de notre collègue Ridouane Erramdani avec l’habituelle
précision qui caractérise ses propos, Nasser Bourita a aussi apporté un éclairage exhaustif sur la
reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et sur la position du Maroc envers la
cause palestinienne. Ce faisant, il a déconstruit les attaques des « anti-normalisation ».
Cette interview s’est déroulée, lundi 14 décembre, en marge de la cérémonie officielle
d’inauguration à Laâyoune du nouveau consulat général du Bahreïn que le ministre Nasser
Bourita a présidée avec son homologue bahreïni.
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Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
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ENTRETIEN
La décision
américaine aurait pu
prendre la forme d’un
simple tweet qui se serait
fait vite oublier par le
tweet suivant. Mais S.M
le Roi a insisté pour
qu’elle ait une valeur
juridique dans son fond
comme dans sa forme.
Par Mohammed Zainabi
Medradio-lobservateur.info : La
récente reconnaissance par les
États-Unis de la Souveraineté
du Maroc sur son Sahara est un
évènement historique qui a eu un
énorme retentissement au niveau
international. Pouvez-vous nous
expliquer comment cette avancée
inattendue a pu être réalisée ?
Nasser Bourita : Si quelqu’un croît
que le Président américain s’est
réveillé un beau matin et s’est tout
d’un coup dit qu’il fallait signer
sa proclamation, c’est qu’il se
trompe. La décision américaine est
l’aboutissement d’un long processus
conduit par S.M le Roi Mohammed
VI, au moins depuis mai 2018 avec
la première rencontre tenue par
le Souverain et le conseiller du
Président américain Jared Kushner.
Depuis, Sa Majesté suit, en personne,
Les défis, sécuritaires et
économiques à relever,
imposent aujourd’hui une
nouvelle logique dans les
relations entre le Maroc et
l’Algérie.
l’évolution de ce dossier. Il a envoyé
des lettres au Président, a diligenté
des délégations et en a reçu d’autres.
Il y avait eu aussi des échanges de
messages verbaux. En somme, c’était
une construction qui a pris du temps
pour que soit obtenu le résultat dont
on parle aujourd’hui. Encore une
fois, c’est un long processus dans
lequel le Souverain s’est investi
personnellement. Il y avait aussi
une mobilisation diplomatique avec
la sérénité exigée par S.M le Roi,
laissant suffisamment de temps au
processus de progresser et de mûrir.
Comme vous l’avez souligné, la
décision américaine est un évènement
historique au vu du pays qui l’a prise
et au vu de son envergure. Cette
décision aurait pu prendre la forme
d’un simple tweet qui se serait fait
vite oublier par le tweet suivant. Mais
S.M le Roi a insisté pour qu’elle ait
une valeur juridique dans son fond
comme dans sa forme. Il a donc fallu
du temps pour passer du tweet, qui
aurait pu être interprété comme une
position personnelle du Président
américain, à la proclamation officielle
ayant force de loi.
Malgré tout, certains se posent
encore cette question : quelles
8 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
garanties a le Maroc aujourd’hui
pour que le prochain gouvernement
américain qui sera conduit par Joe
Biden ne revienne pas demain sur la
décision prise par Donald Trump ?
Nous avons toujours cette attitude
de déprécier nos réalisations. Ce
qui a été réalisé, sous la conduite de
S.M le Roi, est très important. Si on
remontait légèrement un peu le temps
à juste un mois et qu’on se mettait
à prédire ce qu’allaient décider les
États-Unis, leur récente décision et
l’ouverture de leur consulat général
à Dakhla nous auraient paru bien
lointaines. Aujourd’hui, ces faits
sont devenus réalité et nous devons
apprécier leur extrême importance
à sa juste valeur. Paradoxalement,
quand survient un incident
insignifiant, on en surdimensionne
S.M le Roi Mohammed VI
insiste sur «Attomouh wa
Al Wodouh» (l’ambition et
la transparence) qui sont
les piliers de la politique
étrangère du Royaume.
la portée, mais on s’ingénie toujours
à minimiser ce qui est réellement
porteur. Donc, je le redis encore
une fois, ce qui vient d’être réalisé
sous la conduite de S.M le Roi est
extrêmement important. Qui pouvait
prédire qu’on allait voir les Etats-Unis
effacer définitivement les petits traits
de la carte géographique comme ils
l’avaient fait samedi 12 décembre,
illustrant ainsi concrètement la
souveraineté du Royaume sur
l’ensemble de son territoire ? Qui
pouvait prédire que les États-Unis
allaient prendre l’initiative de saisir
le Conseil de sécurité de l’Onu pour
lui demander d’inclure leur dernière
proclamation dans ses documents
officiels ?
Il faut aussi savoir que la relation
maroco-américaine transcende
les administrations. Son socle est
beaucoup plus profond. Le Maroc est
notamment un allié des Américains
au sein de l’OTAN depuis 2004. Il
est aussi l’unique pays en Afrique
ayant un Accord de libre-échange
avec les États-Unis. En outre, le plus
grand exercice militaire américain
effectué en dehors des États-Unis
5Le Roi Mohammed VI avait reçu le Conseiller du Président amricain, Jared Kushner, au mois de ramadan 2019
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
9
ENTRETIEN
se déroule au Maroc. Notre pays est
également un partenaire essentiel
des États-Unis dans la lutte contre
le terrorisme. Mieux encore, depuis
l’Administration Clinton, les États-
Unis affirment que le plan marocain
d’autonomie est une solution réaliste
et crédible. Indirectement, quand
Clinton, Bush et Obama parlaient
d’autonomie, cela sous-entendait que
ce processus ne pouvait être appliqué
que dans le cadre de la souveraineté
marocaine. Ce qu’a fait l’actuel
Président, c’est qu’il a poussé cette
logique jusqu’au bout.
La décision de Trump s’inscrit
donc dans le prolongement de la
constante position américaine…
C’est certes un aboutissement qui
n’a pas été obtenu facilement, mais
il n’est pas non plus le fruit d’une
quelconque position de rupture avec
le passé.
Cet aboutissement fait-il entrer le
dossier du Sahara marocain dans
une nouvelle phase marquant
justement une rupture par rapport à
ce qu’il y avait jusque-là ?
S.M le Roi Mohammed VI disait
toujours : « Nous devons passer
du ‘tadbir’ (gestion) au ‘taghyir’
(changement)». Le dossier du Sahara
ne nécessite pas de la gestion, allant
de rapports à résolutions en passant
par des décisions du parlement
européen, etc. Ce sur quoi a toujours
veillé le Souverain c’est la Vision
basée sur un plan à suivre. Ce plan
a premièrement pour principale
assise le modèle de développement
qui a créé un lien solide entre les
provinces du sud et celles du nord
du pays. Deuxièmement, tout le
travail était axé sur la marocanité
du Sahara. On ne se réjouissait
plus tellement quand un pays
mettait fin à sa reconnaissance du
polisario, parce que ce n’est rien
d’autre que la confirmation d’une
évidence. Ce qu’il faut aujourd’hui,
ce n’est pas de verser dans les joutes
diplomatiques en affirmant que
l’on est pour une solution juste et
durable et tutti quanti, mais de
reconnaître clairement la marocanité
du Sahara. Nous assistons au niveau
international à un passage de la
logique du soutien au processus, qui
ne faisait que le perdurer, à celle
de la reconnaissance de sa finalité.
C’est ce qui permettra de parvenir
rapidement à une solution. La
décision du Président américain
s’inscrit dans ce cadre. Il part du
fait que le Sahara est marocain
pour arriver à l’autonomie sous
souveraineté marocaine.
Est-ce dans ce même cadre que
s’inscrivent les ouvertures, en
série, des consulats de différents
pas africains et arabes dans le
Sahara marocain ?
Les ouvertures des consulats sont
une reconnaissance de fait de la
marocanité du Sahara. Elles ont eu
pour préalable le changement de
discours avec l’affirmation claire
de la marocanité du Sahara et
l’appui au processus devant amener
à l’autonomie sous souveraineté
marocaine. Nous négocions avec
l’autre partie pour la convaincre
de la pertinence de cette solution,
elle qui s’est toujours opposée au
recouvrement par le Maroc de son
intégrité territoriale. Je souligne
au passage que pour le Maroc,
10 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
11
ENTRETIEN
Ce qu’il faut
aujourd’hui, ce n’est
pas de verser dans les
joutes diplomatiques en
affirmant que l’on est
pour une solution juste et
durable et tutti quanti,
mais de reconnaître
clairement la marocanité
du Sahara.
sa souveraineté sur l’ensemble de
son territoire n’est pas négociable.
Autrement dit, le Royaume ne part
jamais à l’ONU pour lui demander
de vérifier si le Sahara était sien ou
pas. Le Sahara est marocain et s’il y a
une partie qui s’oppose à cette vérité,
écoutons-la et trouvons une solution
devant préserver la dignité de toutes
les parties. C’est dans ce sens que
le Maroc a présenté la proposition
du plan d’autonomie. C’est dans ce
contexte global que s’inscrivent les
ouvertures des consulats. Et avant
cela, je rappelle qu’il y a deux ans,
l’Union européenne a formellement
reconnu que les produits issus
des provinces du sud du Royaume
obéissent aux mêmes règles du reste
du pays. La même décision a été
prise par la Grande-Bretagne, il y
a près d’une année. Aujourd’hui,
l’ouverture des consulats est un acte
diplomatique légal par le biais duquel
les pays concernés affirment que le
Sahara est territoire marocain tout en
appuyant la recherche de solution.
Le Souverain ne se contente pas du
seul soutien qu’on peut apporter
au plan d’autonomie et le tournant
réalisé est le résultat des changements
opérés par S.M le Roi Mohammed VI
dans la gestion du dossier du Sahara
marocain. C’est ce qui a d’ailleurs
poussé l’administration américaine à
prendre sa décision.
Pensez-vous que d’autres pays
pourraient ouvrir d’autres consulats
au Sahara marocain ?
Un tournant décisif vient d’être
enregistré. N’oublions pas que ce sont
les États-Unis, membre permanent du
Conseil de sécurité, qui rédigent les
résolutions sur le Sahara marocain
publiées au mois d’octobre. C’est donc
une puissance agissante qui donne
aujourd’hui un signal fort aux autres
pays en leur montrant la meilleure
manière de régler le problème.
Du reste, ceux qui veulent que le
problème persiste continueront à
user des mêmes expressions farfelues
et stériles.
La décision américaine sur le
Sahara marocain a été annoncée
concomitamment avec l’annonce
de la reprise des relations
diplomations du Maroc avec Israël.
Certains ont vite interprété cette
concomitance par une sorte de troc,
laissant entendre que le Royaume
a lâché du lest sur la cause
palestinienne au profit de sa cause
nationale. Qu’en pensez-vous ?
Il s’agit là d’un raccourci. Certes, le
travail diplomatique fonctionne avec
ce qu’on peut appeler des packages,
mais l’essentiel est de ne jamais
céder sur ses principes et sur ses
constances. S.M le Roi Mohammed
VI a veillé à ce que le contenu publié
à Rabat sur la position marocaine
envers la cause palestinienne,
soit le même que celui exprimé à
Washington et à travers le monde.
On y trouve trois constances : la
solution à deux États, le processus
de négociation israélo-palestinien et
Al-Qods comme partie intégrante de
l’identité arabo-musulmane. S.M le
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Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
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ENTRETIEN
le Roi a d’ailleurs rappelé la position
marocaine en s’entretenant avec le
Président américain. C’est dire que
le Maroc est logique avec lui-même.
Quand on accepte la solution à deux
États, c’est que l’on reconnaît de facto
ces deux États. C’est celui qui affirme
qu’il est « pour la solution à deux
États, mais…», qui doit alors clarifier
sa position.
Je rappelle aussi que les relations
maroco-israéliennes ne datent pas
d’aujourd’hui. Il y avait déjà dans
les années 1990 un bureau de liaison
situé au Boulevard Mehdi Ben Barka
à Rabat. Nous avons aussi notre
Bureau en Israël qui n’a d’ailleurs
jamais été abandonné même s’il ne
fonctionnait pas. Et qui demande
les reprises des relations ? ce sont
les Palestiniens eux-mêmes. J’ai des
collègues dans les Affaires étrangères
qui avaient travaillé dans le bureau
de liaison en Israël. Ils me rapportent
que c’étaient des Palestiniens qui
y venaient le plus souvent pour
solliciter des interventions. L’un
venait trouver de l’appui pour
récupérer sa charrette confisquée sur
laquelle il vendait des marchandises,
l’autre voulait rouvrir sa boutique
frappée d’une décision de fermeture...
Les éléments que constituent la
diaspora judéo-marocaine, le bureau
de liaison et la communication avec
Israël ont été utilisés par le Maroc
depuis les années 1970 au service de
la paix.
Le Maroc n’a pas d’intérêt particulier
au Moyen-Orient. Il n’a ni terres
colonisées ni frontières communes,
mais a cette particularité de disposer
de canaux qu’il est le seul à avoir.
Cette particularité émane de sa
constitution, votée par les Marocains,
qui consacre le judaïsme comme
partie intégrante de l’identité
marocaine. Au Moyen-Orient, quand
quelqu’un croise un juif, à 99% il croit
croiser un Israélien. En revanche,
quand un Marocain croise un juif, il
se demande d’abord s’il ne s’agit pas
d’un Marocain. L’autre particularité
de notre pays est l’institution de
Quand on accepte la
solution à deux États,
c’est que l’on reconnaît de
facto ces deux États. C’est
celui qui affirme qu’il est
« pour la solution à deux
États, mais…», qui doit
alors clarifier sa position.
la Commanderie des croyants.
Pourquoi les Israéliens accrochent
des effigies de S.M le Roi sur leurs
murs ? Pourquoi il y eu une si grande
liesse dans les rues israéliennes
après l’annonce de la reprise des
relations du Maroc avec Israël ? C’est
parce qu’il s’agit d’une relation bien
enracinée entre le Souverain et cette
diaspora.
Tout ceci ne vous empêche pas
de refuser l’usage du mot «
normalisation »…
Malheureusement, les chaînes
satellitaires ont métamorphosé notre
lexique. Ce terme est moyen-oriental.
Ailleurs, quand un Arabe salut un
Israélien, on crie à la normalisation.
Ici, on ne peut pas en dire de même
puisque cet Israélien qu’on salut peut
avoir été un voisin ou un ami qui
vivait au Maroc, son pays. D’ailleurs,
quand il rentre au bercail, c’est avec
un passeport marocain qu’il le fait.
En cela, il n’est en rien différend
du Marocain qui revient de Suède
ou d’autres pays. D’ailleurs, 70.000
Israéliens ont visité le Maroc l’année
dernière. Les Marocains d’ici les
ont côtoyés et les ont bien accueillis.
J’insiste, il y a une particularité
marocaine qu’on doit veiller à ne pas
dissoudre dans le contexte moyenoriental.
Vous le disiez, il est impossible de
couper le cordon ombilical qui relie
la diaspora judéo-marocaine au
Maroc qui est aussi leur pays…
Et tout ceci, je le rappelle, au service
de la paix et donc de la cause
palestinienne.
Le Maroc pourrait-il jouer un rôle
dans un nouveau processus de paix
israélo-palestinien ?
Le Maroc a toujours œuvré pour
la paix à travers les outils dont
je viens de parler. Ils ont été
momentanément inutilisés, mais ils
vont se mettre à refonctionner. Je le
répète, le Maroc n’a nul autre intérêt
que servir la paix. Il faut savoir que
les principales phases qu’a connues
la cause palestinienne se sont
déroulées au Maroc, justement eu
égard à la particularité que je viens
d’évoquer. Et on ne peut absolument
pas œuvrer pour la paix sans avoir
des canaux de communication et le
Maroc en dispose naturellement.
Nous avons constaté, depuis il y a
déjà un an, qu’au moins au niveau
des dirigeants palestiniens, il y a
une conviction quant à la justesse
de la position marocaine. La partie
directement concernée est donc
réceptive alors que d’autres s’agitent.
L’Autorité palestinienne accepte
donc la position marocaine, selon
vous ?
Les responsables palestiniens
comprennent bien la position
marocaine et ont confiance en
le Maroc et en son Souverain.
D’ailleurs S.M le Roi Mohammed
VI a veillé à s’entretenir avec le
Président de l’Autorité palestinienne,
Abou Mazen, directement après son
entretien avec le Président américain
pour tout lui dire. Le Souverain
a rassuré le dirigeant palestinien
que le Maroc reste fidèle à la cause
palestinienne et que sa position
n’obéit à aucune surenchère.
D’ailleurs, le Maroc n’a fait que
réactiver des canaux que l’Autorité
palestinienne avait approuvés dans
les années 1990.
Au stade actuel, le Maroc
pourrait-il se faire représenter par
14 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
un ambassadeur en Israël et
vice versa ?
L’essentiel aujourd’hui est que le
Maroc va appliquer les engagements
qu’il a pris. Si le Maroc voulait
effectuer une quelconque nouvelle
action, il l’aurait annoncé.
Tout ce qui est fait est annoncé
publiquement, il n’y a rien qui se
passe dans les coulisses ?
Il n’y a rien qui est fait en catimini.
Ce qui est annoncé, c’est ce qui
existe et c’est ce qui sera appliqué.
Il y a des milliers de Marocains qui
viennent d’Israël pour célébrer au
Maroc certains évènements religieux
ou participer à d’autres cérémonies.
Pour ce faire, ils étaient contraints
de se rendre en Italie où ils louaient
un charter. Pourquoi tout ce
louvoiement ? Nous sommes pour la
transparence. Il s’agit de Marocains
qui peuvent désormais venir visiter
leur pays quand ils veulent. Je le
redis, la solution à deux États est une
reconnaissance de fait des deux États
concernés. Il s’agit là d’un principe
sur lequel Arabes et Palestiniens
s’étaient mis d’accord et dont le point
de départ était l’initiative de Fès en
1981. C’est encore une fois à celui
qui veut interpréter cette solution
à sa façon de clarifier sa position.
Le Maroc
n’a pas d’intérêt
particulier au Moyen-
Orient. Il n’a ni terres
colonisées ni frontières
communes, mais a
cette particularité de
disposer de canaux
qu’il est le seul à
avoir…
Quant au Maroc, il affiche une
position claire à ce sujet depuis les
années 1990. S.M le Roi Mohammed
VI insiste sur «Attomouh wa
Al Wodouh» (l’ambition et la
transparence) qui sont les piliers de la
politique étrangère du Royaume.
Malgré cette clarté, même au niveau
national, il y a certains courants
politiques et quelques courants
prosélytes qui parlent de trahison
en dénonçant la normalisation.
Ils estiment que les décisions
favorables à la cause nationale
ont été obtenues au détriment
de la cause palestinienne. Votre
commentaire ?
Il ne faut pas déprécier les avancées
réalisées par le Maroc en faveur de
sa cause nationale. Il ne faut pas
non plus lier les deux causes ni
utiliser une terminologie n’ayant
rien à avoir avec ce qui a été décidé.
Au risque de me répéter, certains
termes sont des intrus au Maroc,
qui a la spécificité ont j’avais parlé
et pour laquelle il est envié. Le
Royaume est le seul pays qui a encore
une communauté juive résidente,
faisant partie de sa population, et
qui a ses propres lieux de culte et ses
propres tribunaux. « Bayt Dakira
» (La Maison de la mémoire) que le
Souverain a inaugurée il y a un an et
demi n’existe nulle part ailleurs. Si
d’autres pays ou des organisations
étrangères ne comprenant pas le
contexte marocain réagissent d’une
certaine manière, c’est une chose.
Mais c’en est une autre quand il
s’agit de Marocains qui doivent se
référer à leur constitution avant
tout.
On ne peut pas terminer cette
interview sans parler de notre
voisine, l’Algérie. Les dirigeants
algériens montrent qu’ils sont
contrariés par l’intervention des
FAR à Guergarate et par la récente
annonce américaine. Quel serait
votre message à ceux qui président
aujourd’hui aux destinées de ce
pays ?
Le message, déjà été envoyé par S.M
le Roi dans sa lettre de 2016, est celui
de la main tendue. Le Maroc veut
construire l’Union Maghrébine. Les
défis, sécuritaires et économiques à
relever, imposent aujourd’hui une
nouvelle logique dans les relations
entre le Maroc et l’Algérie. Il faut
donc qu’on change de logiciel et
qu’on s’oriente vers l’avenir.
Pensez-vous que l’Algérie pourrait
changer de logiciel à l’heure
actuelle ?
J’ai pour principe de ne jamais parler
au nom de l’Algérie. Ce que je peux dire,
c’est sur quoi le Souverain avait insisté
en 2018 dans son discours de la Marche
verte sur la disposition du Maroc à
ouvrir un dialogue franc et direct avec
l’Algérie, dans le strict respect de la
souveraineté marocaine sur la totalité
de son territoire. Rappelons-le, des
Marocains ont perdu leur vie pour
défendre l’intégrité territoriale de
leur patrie et la cause nationale reste
au-dessus de toutes les considérations.
Ne pas comprendre cette constance
reviendrait à agir de la même façon que
quelqu’un qui fixe le doigt du sage alors
que ce dernier veut plutôt lui montrer
la lune✱
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
15
Sahara marocain
Nouveau hub économique
de l’Afrique
Les provinces du sud du Royaume sont à la veille d’une transformation
radicale sur le plan économique. L’ouverture successive de consulats
généraux à la fois à Dakhla et Laâyoune et les grands chantiers en cours
d’exécution permettront à la région, selon de nombreux experts, de
devenir le hub économique de l’Afrique. Mounia Kabiri Kettani
L
e Sahara marocain se métamorphose
depuis quelques
temps déjà. «Indépendamment
des dernières annonces,
le Maroc a déjà mis en place
des investissements structurants dans
la région pour en faire une plateforme
importante de liaison économique entre
le Maroc, l’Europe et le continent africain
», assure Abdou Souleye Diop,
managing partner du cabinet Mazars
et président de la commission Afrique
à la CGEM. « Cette dynamique va être
renforcée par les dernières annonces et
décisions notamment la reconnaissance
américaine, l’ouverture des consulats…
Et le Sahara Marocain, de par a situation
géostratégique, va devenir alors le
nouveau hub économique pour tout le
contient africain et un pôle économique
complémentaire à ceux de Casablanca et
Tanger », ajoute-t-il.
Un méga chantier
Lors d’un Webinaire organisé par le
Cercle Eugène Delacroix (CED) à l’occasion
du 45ème anniversaire de la
Marche verte, le président de la région
de Laâyoune-Sakia El Hamra, Hamdi
Ould Rachid, avait mis l’accent sur
les différents projets d’envergure en
cours d’exécution à Laâyoune. «A titre
indicatif, je peux citer le parc industriel
lancé en partenariat avec la CFCIM et la
CGEM, qui est réalisé à hauteur de 80%
et qui va créer 10.000 emplois, la faculté
de médecine qui ouvrira ses portes en
septembre 2021 pour accueillir 3000 étudiants,
parmi lesquels des étudiants en
16 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
«cette reconnaissance
américaine aura
des implications
économiques de
développement
majeures dans toute
la région du Sahara
marocain»
Abdelfettah Fatihi
provenance de pays subsahariens à qui
des bourses seront octroyées, un CHU
dont l’inauguration officielle est prévue
au plus tard en octobre 2021».
De son côté, le président de la région
Dakhla-Oued Eddahab, Yanja El Khattat
affirme que « le développement des
régions du Sud est une réalité et le monde
ne peut que constater les efforts grandioses
qu’a fait le Maroc en y déployant
de grands chantiers socio-économiques ».
Parmi les grands projets lancés ou en
cours de parachèvement, Abdou Souleye
Diop note le chantier du grand
port de Dakhla et l’agrandissement de
la route reliant cette ville à Laâyoune.
Considérée comme une locomotive du
développement qui va renforcer les
échanges économiques entre le Maroc
et l’Afrique, cette route est réalisée à
99% à l’heure actuelle.
«L’ensemble de ces projets ont pour
objectifs de désenclaver la région et l’interconnecter
avec les autres régions du
Maroc », insiste Diop. On note aussi les
projets de réalisation d’usine de dessalement
de l’eau de mer, qui permettra
d’irriguer 5.000 hectares au nord
de la ville de Dakhla, ou encore l’installation
de plusieurs parcs éoliens
dans différentes provinces du sud.
Parmi les autres projets programmés
figurent aussi de grands projets
structurants, notamment la voie
express Tiznit-Dakhla sur 1.055 km,
le programme industriel « Phosboucraa
» à Laâyoune et des sites
de l’énergie éolienne et solaire dans
cette ville, mais aussi à Tarfaya et à
Boujdour, avec une capacité totale
estimée à 600 MW.
Le co-développement
accéléré
La décision américaine de reconnaitre
la marocanité du Sahara va,
selon Diop, certainement avoir un
effet d’entrainement d’investissements
industriels, agricoles, et touristiques…
Le président de la CGEM,
Chakib Alj, avait déclaré à ce propos
que l’ouverture d’un consulat des
États-Unis, à vocation essentiellement
économique à Dakhla, permettra
d’attirer les investissements américains
dans cette région qui présente
d’innombrables atouts, notamment
un positionnement géostratégique
avéré.
De l’avis du directeur du Centre
Sahara et Afrique pour les études
stratégiques, Abdelfettah Fatihi,
cette reconnaissance américaine
aura des répercussions économiques
de développement majeures pour les
régions du sud qui s’apprêtent à se
transformer en grands chantiers économiques
et d’investissement dans le
cadre de la mise en œuvre de la stratégie
marocaine de coopération Sud-
Sud, dont le socle est de transformer
ces régions comme point de rencontre
des relations euro-africaines.
Il ajoute par ailleurs, qu’après la
reconnaissance américaine, l’accord
de libre-échange Maroc/Etats-Unis
devient désormais valide pour toutes
les régions du Maroc y compris le
Sahara marocain. Concrètement,
cette nouvelle dynamique inciterait
les entreprises et investisseurs américains
à mettre en œuvre des projets
d’investissement majeurs ainsi
que la mise en œuvre de projets liés
aux énergies renouvelables, d’autant
plus que les perspectives du Maroc au
niveau de ce secteur coïncident parfaitement
avec la vision du président
John Biden », analyse Fatihi. Pour cet
expert, la situation post- reconnaissance
américaine sera déterminante
pour attiser l’appétit des entreprises
internationales et transfrontalières
à investir dans ces territoires. « Cet
élan attendu déteindra sur les positions
de leurs pays, ce qui les poussera
à accélérer la reconnaissance ou
à ouvrir des consulats dans les provinces
du sud », insiste-t-il.
Dans le même sens, Abdou Souleye
Diop affirme qu’il faut continuer
de promouvoir la zone et de rendre
effectif le hub aérien. «Il faut juste
promouvoir la région comme ce
qui été fait au niveau politique afin
de renforcer le plan économique et
industriel du Sahara marocain »,
conclut-il. ✱
« Le Sahara marocain va
devenir un nouveau hub
économique pour tout le
contient africain. »
Abdou Souleye Diop
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
17
ENTRETIEN
3Amine
Laghidi
Expert international
en diplomatie et en stratégie
et Président de la Commission
nationale du capital
immatériel d’économie
cognitive
« C’est une grande victoire
de la diplomatie Royale »
Véritable victoire de la diplomatie Royale, l’ouverture de nouveaux
consulats dans les provinces du Sud est également une reconnaissance de
la justesse de la cause nationale et des investissements marocains dans la
région depuis 1975. Une avancée aux grandes implications géopolitiques et
économiques. Le point avec l’expert Amine Laghidi.
Propos recueillis par Hayat Kamal Idrissi
lobservateur.info :
Quelle importance politique
et stratégique des multiples
ouvertures de consulats étrangers
dans les provinces du sud ?
Amine Laghidi : Mettant les choses
dans leur contexte : L’ouverture
des consulats des pays africains
est une grande victoire de la
diplomatie royale en Afrique.
C’est la concrétisation de la vision
royale, de la grande confiance en le
personnage de Sa Majesté et surtout
de sa crédibilité et de la crédibilité
des ses actes. Ces ouvertures sont
l’expression d’une solidarité totale
des pays frères et amis avec la cause
nationale du Sahara marocain. C’est
en même temps une reconnaissance
de la dimension historique des
provinces du sud en tant que pont
culturel, social et économique entre
l’Afrique et le monde. Ces provinces
ont toujours été un melting-pot
de civilisations, à l’image d’un
Maroc qui a toujours été ouvert
vers le monde. Un Maroc de paix,
18 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
de tolérance, de commerce et de
prospérité pour tous.
Ces représentations diplomatiques
au Sahara sont également une
reconnaissance de la justesse de la
solution marocaine et du plan de
l’autonomie proposé par le Maroc
; mais aussi des investissements
marocains dans la région depuis 1975.
Cet investissement s’est accru après
l’ascension au trône du Souverain
Mohammed VI en insufflant un
grand élan au développement de ces
provinces. Ceci spécialement depuis
novembre 2016, au lendemain du
lancement du nouveau programme
de développement des provinces du
Sud doté de 8 milliards de dollars.
Un programme multidimensionnel
axé sur plusieurs secteurs créateurs
d’emploi et de richesse, mais aussi
sur l’équipement du Sahara en
milliers de kilomètres de routes, de
ports, d’aéroports, d’universités, de
CHU et d’hôpitaux.
Nous parlons aussi d’investissement
dans le capital humain que ça soit
en termes d’éducation, de santé,
de logement et de culture. C’est un
investissement bien réel qui est
reconnu par tout le monde. Il suffit
de lire le rapport d’António Guterres,
Secrétaire général de l’ONU, qui était
adressé au Conseil de sécurité où il
salue les investissements du Maroc
au Sud sous les instructions royales.
Ceci avec une mention spéciale pour
le port de Dakhla, qui est un véritable
symbole d’ouverture et qui confirme
ce rôle marocain de locomotive de
toute l’Afrique.
Ces ouvertures sont en effet une
reconnaissance de cet investissement
dans le présent mais aussi dans le
futur, de la légitimité d’Histoire et
du passé. C’est aussi une volonté de
bâtir ensemble un futur meilleur avec
un Maroc Souverain, uni et véritable
locomotive de développements
africain.
Le Maroc est
aujourd’hui comme
un phénix qui est en
train de déployer ses
ailes : Son corps est en
Afrique mais ses ailes
sont à l’Est et à l’Ouest.
Qu’en est-il des pays arabes ?
La dimension arabe de la diplomatie
royale est d’une importance cruciale
dans ce processus. Notons qu’en
pleine crise du Covid-19 alors
que tous les pays du monde se
focalisaient sur leurs propres crises,
le Maroc n’a pas oublié ses voisins
et ses amis et c’est valable pour les
pays africains. Sa Majesté a donné
ses instructions d’envoyer des avions
chargés de médicaments et d’aides
vers plusieurs pays d’Afrique. Un
engagement réel et concret sur le
terrain, la même chose pour les pays
arabes. Suite à l’explosion tragique
du Port de Beyrouth, le Souverain n’a
pas hésité à envoyer immédiatement
des renforts et a donné ses
instructions pour installer un hôpital
militaire sur place pour soigner
les blessés mais aussi les autres
malades. Une initiative royale qui a
été profondément appréciée au pays
du Cèdre mais également partout
dans le monde. Le Maroc a été l’un
des premiers pays à faire montre de
solidarité inconditionnelle envers
le peuple libanais. C’était d’ailleurs
l’expression de l’engagement royal
infaillible et permanent pour les
causes nobles.
Peut-on dire que le Maroc est en
train de cueillir les fruits de graines
déjà semées ?
Absolument, le Maroc a pu cultiver
une grande crédibilité bien réelle
au niveau international, à travers
ses multiples actions et ses efforts
déployés un peu partout en Afrique,
mais aussi au niveau du monde
arabe. C’est un haut regard qui a
été porté par le personnage de Sa
Majesté et par la diplomatie royale.
Sans ceci, le Maroc n’aurait pas eu
autant de soutien et de solidarité
pour sa cause nationale.
Côté arabe, il ne faut pas oublier que
le Maroc n’a pas changé sa position.
Lorsque des conflits ont éclaté entre
les pays frères du Golfe, le Maroc
a maintenu la même position en
prônant l’esprit de famille unie et
en conservant cette capacité de
multilatéralisme. Résultats ? Ces
pays ouvrent aujourd’hui leurs
consulats à Dakhla et à Laâyoune.
Grâce à l’approche diplomatique
royale aussi efficace du côté
américain que celui arabe, le Maroc
est aujourd’hui comme un phénix
qui est en train de déployer ses ailes
: Son corps est en Afrique mais
ses ailes sont à l’Est et à l’Ouest.
Avec la reconnaissance américaine,
la première puissance mondiale,
détenteur de véto, nous rentrons
dans une dimension avec une
ampleur autre.
Quelles sont les implications
géopolitiques de l’ouverture de
ces nouvelles représentations
diplomatiques au Sahara qui
interviennent après la sécurisation
du passage de Guergarate ?
Tout d’abord, il faut savoir que les
moyens tactiques et stratégiques
très avancés et la grande
organisation des Forces Armées
Royales marocaines en ont fait une
véritable puissance. Cette dernière
a acquis d’ailleurs une grande
expérience et expertise via son
engagement sur plusieurs fronts
au niveau locale et continental.
L’innovation dans la gestion et la
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
19
« Il est certain que
les autres pays ne
vont pas sacrifier
une force majeure
comme le Maroc
connu par ses
positions claires,
ses actions nobles
et ses réalisations
remarquables
pour sympathiser
avec une bande
de désorientés
en manque de
repères. »
grande sérénité avec laquelle nos
militaires ont géré la situation au
passage de Guergarate ont encore
une fois démontré la valeur et la
maîtrise de nos Forces armées.
C’était dire d’une manière subtile:
Personne, absolument personne
ne pourra dépasser ses limites et
franchir les frontières !
Concernant les ouvertures des
consulats généraux au Sahara
marocain, ce sont en effet des
alliances qui se construisent et se
mettent en place. Toujours dans
cette approche de multilatéralisme,
il y aura d’autres pays qui auront
envie de rejoindre le Maroc dans de
nouvelles alliances. Pour la période
post-Covid 19, qui est d’ailleurs en
pleine gestation actuellement, tout le
monde veut être de la partie dans les
efforts de création de la prospérité et
de l’emploi et ça ne peut se faire que
dans un Maroc prospère, paisible
et sécurisé. Notre pays est engagé à
100% dans la lutte anti-terrorisme
tandis que tout le monde connait
les liaisons louches et rapprochées
que le Polisario entretient avec
les groupuscules terroristes de
Daech et avant avec Al Qaeda, avec
les trafiquants d’armes et ceux des
drogues… Devant ces faits, on n’a pas
à comparer l’incomparable ! Le Maroc
est souverain sur son territoire et son
Sahara et le Polisario n’est qu’une
marionnette entre les mains de l’Algérie.
Il suffit de lire leurs communiqués, pour
comprendre leur absence d’identité et
de doctrine ! Une fois c’est un discours
d’extrême gauche rappelant vaguement
la guerre froide, une autre c’est un
discours qui s’apparente bizarrement
aux communiqués de Daech. Une
flagrante incohérence tandis que
le Maroc est perçu, dans la région,
comme le grand Frère, humble, sage et
toujours présent.
Il est certain que les autres pays ne
vont pas sacrifier une force majeure
comme le Maroc connu par ses
positions claires, ses actions nobles
et ses réalisations remarquables
pour sympathiser avec une bande de
désorientés en manque de repères.
A mon avis, les historiens, lorsqu’ils
vont évoquer cette époque vont
certainement dire qu’on est entrain
d’assister au dénouement heureux de
l’affaire du Sahara marocain. Ceci dit
on se doit de rester unis, soudés autour
de notre Souverain et de notre cause
nationale, mais surtout de la servir
par foi et par amour, chacun depuis sa
place en tant que citoyen et qu’acteur
actif ✱
20 L’Observateur Du 18 au 24 décembre 2020
Liesse populaire
3Comme
l’ont éxprimé
des milliers de
Sahraouis, à
Rabat aussi, leurs
concitoyens sont
sortis exprimer
la même liesse
après l’annonce
officielle de la
proclamation
américaine sur le
Sahara marocain.
Dans un élan spontané et sincère, les populations des provinces du Sud du
Royaume notamment à Lâayoune, comme leurs concitoyens à Rabat, sont
sortis dans les rues pour exprimer leur joie après l’annonce de la décision
américaine de reconnaitre la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Hayat Kamal Idrissi
Les habitants de Laâyoune ont été
les premiers à sortir exprimer
leur joie juste après l’annonce
officielle de la proclamation
américaine concernant le Sahara
marocain. Un élan populaire empreint
de spontanéité et de patriotisme et une
liesse partagée entre citoyens, responsables
et représentants de partis politiques
et de la société civile. Mohamed
Rezma, président de la commission des
Affaires étrangères, des frontières, de la
défense nationale et des zones occupées
à la Chambre des conseillers, s’est d’ailleurs
félicité du patriotisme des populations
des provinces du Sud qui n’ont
pas hésité un instant à exprimer leur
satisfaction par rapport à cette grande
avancée diplomatique de notre pays.
« C’est une grande victoire diplomatique
pour le Maroc qui contribue au dénouement
rapide du différend autour de la
question du Sahara dans le cadre de la
souveraineté marocaine », commente
Rezma.
L’un des moments forts ayant bien
montré cette joie collective qui règne au
Sahara marocain a été le rassemblement
qui a eu lieu au lendemain de l’annonce
américaine, sur la Place El Mechouar
à Laâyoune, à l’appel du parti de l’Istiqlal.
A cette occasion, des milliers de
Sahraouis sont venus réaffirmer leur
mobilisation totale derrière le Souverain
pour la défense de l’intégrité territoriale
du Royaume. C’est ce qu’ont fait
aussi de nombreux habitants de la capitale
qui sont sortis exprimer la même
liesse avec la même détermination ✱
Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur
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Du 18 au 24 décembre 2020 L’Observateur 22