12.12.2020 Views

CG-89-BD-pages-Doubles 27-11

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sport<br />

Le Peloton de l'Amitié<br />

L’amitié, ça marche mieux… en courant<br />

On les aperçoit chaque dimanche matin à Fleurance dans leurs tenues de coureur à pied.<br />

Et ça fait 20 ans que ça dure.<br />

Régionalisme<br />

Avé ou sans l’assent<br />

La glottophobie bientôt réprimée ?<br />

Faut-il une loi pour sanctionner la discrimination qui serait liée aux accents régionaux ?<br />

L’idée, défendue par un député de l’Hérault, fait jaser.<br />

Patrick Lescos et Albert Gaulard (74 ans), à l’origine du peloton<br />

avec Serge Tartanac.<br />

Ils courent le dimanche, mais ce ne<br />

sont pas vraiment des coureurs du<br />

dimanche ! Ils, ce sont les membres du<br />

Peloton de l’Amitié, né il y a 20 ans à<br />

Fleurance. Qu’il pleuve, neige, vente,<br />

ou qu’il fasse un soleil de plomb, le<br />

rituel est immuable : rendez-vous à<br />

8 h 30 le dimanche au parking du stade,<br />

et c’est parti pour 1 h 15 ou 1 h 30 de<br />

course à pied à travers la ville et ses<br />

alentours, ou les chemins de terre selon<br />

la saison. 2 h pour les plus aguerris,<br />

mais tout le monde part ensemble. Le<br />

Peloton de l’Amitié porte bien son nom,<br />

vient qui veut, en part qui veut. « Une<br />

auberge espagnole » résume Patrick<br />

Lescos, 58 ans. L’entrepreneur de Fleurance,<br />

président de Troisel SA et cogérant<br />

du groupe éponyme avec son frère<br />

Didier, est à l’origine de ce rassemblement<br />

de coureurs qui s’est toujours refusé<br />

à être un club, avec ses contraintes<br />

d’administration, d’adhésions, de trésorerie,<br />

etc. Le peloton est « informel »,<br />

c’est peut-être une des clés de son succès<br />

20 ans après, avec quelque 50 coureurs<br />

(euses) sous sa bannière virtuelle,<br />

dont trente actifs qui se lèvent chaque<br />

dimanche, ou presque.<br />

New York avant Fleurance<br />

Au départ, en l’an 2000 donc, il y a un<br />

pari audacieux du patron de la CCI de<br />

l’époque, Dominique Bragato. Il s’est<br />

mis en tête d’embarquer 50 chefs d’entreprise<br />

au marathon de New York, pas<br />

pour regarder, mais bien pour le faire,<br />

et essayer de le finir. Parallèlement, une<br />

action caritative est mise en place pour<br />

le compte de l’association « Pas d’enfants<br />

sans vacances ». Patrick Lescos<br />

se retrouve dans l’histoire, sans trop<br />

comprendre de quoi il retourne. « C’est<br />

combien de km un marathon ? Et d’une<br />

seule traite ?! ». In fine, parce qu’il est<br />

sportif et qu’il s’est bien entrainé avec<br />

le groupe sous le coaching d’Isabelle<br />

Sacilotto, il bouclera son marathon en<br />

3 h 25 min, soit un temps remarquable<br />

pour un « débutant ». Il est aux États-<br />

Unis avec Serge Tartanac, un autre<br />

Fleurantin.<br />

Au hasard des chemins<br />

De retour en Gascogne, les deux compères,<br />

décident de ne pas en rester là.<br />

Ils veulent créer un « club » à Fleurance<br />

et passent le message dans le journal<br />

local pour une réunion le 20 décembre<br />

2000 à la maison des associations. Il y<br />

a du monde ce soir-là, dont Albert Gaulard,<br />

mais personne ne veut entendre<br />

parler d’un club, de convention. « Pas<br />

d’argent, pas de président ». Ce sera<br />

donc le Peloton de l’Amitié, formé de<br />

gens « croisés parfois au hasard des<br />

Dernière sortie avant le reconfinement de novembre,<br />

Vincent, Georges et Loïc en tête<br />

chemins » entre Fleurance et Lectoure,<br />

de noyaux durs (pas forcément durables)<br />

capables de se motiver pour viser<br />

le marathon de Rome, Paris, ou La<br />

Rochelle, voire le Marathon des Sables<br />

(MDS au Maroc) ou encore le GRP<br />

(grand raid dans nos belles Pyrénées),<br />

et de coureurs bien moins endurants,<br />

qui veulent juste s’aérer en bonne compagnie<br />

le dimanche, rire aux blagues<br />

des uns et des autres, en toute amitié.<br />

Hugues de Lestapis<br />

Contact :<br />

Venir (en tenue) le dimanche matin à 8 h 30 à<br />

l’entrée du stade de Fleurance.<br />

Le groupe en studio chez Stéphane Jouanne, photographe à Fleurance et coureur, avec Auria, Marie, Joël, Florent, Eric, etc.".<br />

Christophe Euzet, député LREM de l'Hérauklt. (Photo : Thomas Padillat)<br />

Bien sûr qu’il y a des sujets plus<br />

graves. Mais ces temps-ci, comment<br />

dire, on cherche plutôt les occasions<br />

de se distraire un peu. Et le sujet de la<br />

glottophobie est un cadeau avant Noël.<br />

Cette expression, assez récente, a été<br />

forgée par le sociolinguiste Philippe<br />

Blanchet, professeur à l’Université de<br />

Rennes. Elle désigne la discrimination<br />

linguistique, soit le traitement injuste<br />

d’une personne en raison uniquement<br />

de sa façon de parler. Avoir un accent<br />

régional, ou s’exprimer avec une<br />

« langue peu valorisée », par exemple<br />

l’accent des banlieues. Pour l’universitaire,<br />

ces discriminations linguistiques<br />

se définissent par « le mépris, la haine,<br />

l’agression, le rejet, ou l’exclusion de<br />

personnes, discrimination négative effectivement<br />

ou prétendument fondée<br />

sur le fait de considérer incorrectes,<br />

inférieures ou mauvaises, certaines<br />

formes linguistiques usitées par ces<br />

personnes ». Dans la foulée, certains<br />

assimilent aujourd’hui la glottophobie<br />

au fait de rejeter quelqu’un au nom de<br />

sa religion, de sa race ou de son orientation<br />

sexuelle, des discriminations dûment<br />

punies par la loi en France.<br />

16% des Français se disent<br />

victimes de glottophobie<br />

Christophe Euzet, un député de l’Hérault<br />

de la majorité présidentielle, a déposé<br />

une proposition de loi visant à intégrer<br />

les accents dans le Code pénal et<br />

le Code du travail au même titre que les<br />

autres discriminations. La glottophobie<br />

pourrait donc être prochainement réprimée.<br />

16 % des Français, assure un<br />

sondage Ifop de janvier 2020, disent<br />

avoir été victimes de glottophobie. Jean<br />

Castex, parfois moqué pour son phrasé<br />

rocailleux sur les réseaux sociaux, en<br />

fait peut-être partie. Dans nos régions,<br />

le sujet n’est pas anecdotique. La même<br />

enquête révélait que c’est dans l’ancienne<br />

région Midi-Pyrénées (Ariège,<br />

Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot,<br />

Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne)<br />

que l’on trouve le plus de gens<br />

qui ont le sentiment d’avoir un accent<br />

régional. 51 %, record de France, contre<br />

43 % dans le nord du pays, 36 % à l’est<br />

et seulement 25 % dans le sud-est.<br />

Le français trop monocolore<br />

Jean Lassalle, le Pagnol du Béarn, a<br />

éreinté l’initiative de son collègue député,<br />

la traitant de « préoccupation de<br />

bobos », de « contre-feu visant à détourner<br />

l’attention de la représentation<br />

nationale ». Peut-être, peut-être pas. Y<br />

réfléchir une seconde permet au moins<br />

de se remémorer que la « chasse aux accents<br />

» ne date pas d’hier. Sous la Terreur,<br />

il y a eu l’idée de créer une nation<br />

réunie autour du français, soit la langue<br />

du bassin parisien. L’Abbé Grégoire,<br />

toujours mesuré, voulait éradiquer « les<br />

dialectes et les patois ». Il y a un monde,<br />

évidemment, entre la notion d’accent et<br />

celle de langue régionale. Mais dans<br />

cette histoire de glottophobie, il s’agit<br />

bien de mettre l’accent sur… l’accent.<br />

Christophe Euzet, qui s’est fait un nom<br />

un passage, est de Perpignan, il a fait<br />

des études à Toulouse. Plusieurs fois,<br />

assure-t-il, on lui a demandé de « guérir<br />

» de son accent. Il n’a jamais voulu.<br />

Avec sa proposition de loi, il dit vouloir<br />

aussi défendre la France des accents<br />

contre un français trop monocolore,<br />

trop aseptisé. Pas dans le Gers. Et c’est<br />

très « bieng ».<br />

Hugues de Lestapis<br />

Né à Vic-Fezensac, Jean Castex a l'accent du terroir.<br />

26 <strong>27</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!